Elie Geffray, maire d’Eréac (22) : « Nous avons été complaisants avec les thèses de l’extrême droite »

Elie Geffray (photo Le Télégramme)

Elie Geffray a été élu maire d’Ereac, une commune des Côtes d’Armor située entre Broons et Saint-Vran) en 2008. Ce prêtre, ancien militant du mouvement rural des jeunesses chrétiennes (MRJC), a été particulièrement choqué par les arguments utilisés par certains partis politiques durant la campagne pour l’élection présidentielle. Et il a aussi été choqué par le score qu’a réalisé le front national dans sa commune. Il n’a pas hésité à exprimer son indignation dans la déclaration qu’il a faite devant le monument aux morts, à l’occasion des cérémonies commémoratives du 8 mai 1945.

Voici, avec son accord, sa déclaration :

DECLARATION DE Elie Geffray, maire d’Eréac, devant le monument aux morts
lors de la cérémonie du 8 Mai.

Il y a quatorze noms de victimes de la guerre 39-45 sur notre Monuments aux Morts. Avant d’observer la minute de silence traditionnelle , je voudrais que l’on pense à eux d’une manière particulière, en raison des circonstances que je vais expliciter ici.

Il y a 79 ans, en 1933, en Allemagne, un sinistre personnage entamait son accession au pouvoir, tranquillement, par les urnes, au cours d’un scrutin démocratique. Ce personnage, c’était Adolph Hitler. Son langage était simple. Il exaltait la nation allemande bien au-delà du patriotisme. Avec fanatisme. Son nationalisme s’accompagnait de la haine des étrangers et se focalisait sur les juifs. La doctrine du nazisme a eu les résultats que l’on sait et les 14 noms gravés sur ce monument  nous la rappellent concrètement.

A l’instant, dans la déclaration de Marc Laffineur, secrétaire d’Etat auprès du Ministre de la Défense Nationale, on nous disait qu’après plus de cinq années de luttes acharnées, le nazisme avait été anéanti. Est-ce si sûr ? On vient d’apprendre qu’en Grèce, un parti néo-nazi a fait un score de 8% aux élections législatives. Profitant de la crise, l’extrême-droite remporte des succès dans de nombreux pays européens. Chez nous, pendant la campagne électorale qui vient de s’achever, on a entendu ces deux thèmes refleurir : le nationalisme et la haine des autres. Les autres désormais, ce ne sont plus les juifs, mais les immigrés, les arabes, les noirs. Nous avons été particulièrement complaisants à l’égard de ces thèses. J’ai ressenti comme une humiliation et comme un déshonneur qu’Eréac leur ait accordé 20% de ses suffrages le 22 avril. Si nos quatorze héros de la guerre pouvaient parler, ils nous auraient certainement rafraîchi la mémoire. Mais ils ne peuvent plus parler. Alors, c’est à nous de le faire et en particulier aux Anciens Combattants qui sont chargés de la vigilance et à qui je vais écrire. Mais aussi à nous tous qui sommes conscients des dangers qui nous menacent.

Et c’est en ce sens que je vous convoque à cette minute de silence qui sera à la fois celle de la mémoire et de la réparation ».

 Elie Geffray, 8 mai 2012

 


Rubelles (Seine et Marne) : 18 enfants interdits d’école

Il va avoir du boulot, François Hollande ! Ne serait-ce que pour obliger des élus à respecter la loi. Le maire de Rubelles, dans la Seine-et-Marne par exemple. Jacques Baumann, est un homme tout à fait charmant. N’a-t-il pas inauguré il y a quelque temps une fresque réalisée par les élèves d’une école en hommage aux droits de l’enfant (voir photo ci-contre) ? C’est sans doute au nom de ces droits qu’il interdit à 18 enfants d’être scolarisés, malgré la loi qui fait obligation à l’Etat de scolariser tous les enfants qui se trouvent sur son territoire.  « On n’a pas de place », se justifie le premier adjoint. « Il y a de la place : on a ouvert deux CLIN » (classes d’initiation destinées aux enfants non francophones), rétorque l’inspection académique.

Résultat : un forte mobilisation, des parents d’élèves (bien que certains voient d’un mauvais œil l’arrivée de ces enfants qui feraient « baisser le niveau »…), d’associations, parmi lesquelles la Ligue des droits de l’Homme. Le réseau Éducation sans frontière a mis une pétition en ligne, et on peut avoir des informations plus précises dans ces articles : l’Humanité, Rue 89. Ci-dessous le communiqué de RESF.

DEPUIS PLUSIEURS MOIS LA MAIRIE REFUSE D’INSCRIRE A L’ECOLE LES ENFANTS DES FAMILLES ETRANGERES LOGEES EN HEBERGEMENT D’URGENCE DANS LES HOTELS DE LA COMMUNE.

Ils sont une vingtaine, âgés de 3 à 11 ans, à tourner en rond dans les chambres exiguës des hôtels, privés d’école. Cette situation dure depuis plusieurs mois et même, pour certains d’entre eux, depuis la rentrée de septembre 2011.

Les familles, d’origine tchétchène, sri-lankaise, ingouche…, ont pourtant multiplié les démarches pour scolariser leurs enfants. On les a renvoyées comme des balles de ping-pong de la mairie de Rubelles à l’inspection académique de Seine-et-Marne, en passant par la mairie de Melun, pour revenir à la mairie de Rubelles.

C’est que la scolarisation est un droit, inscrit dans la loi : que les enfants soient français ou étrangers il incombe au maire de la commune ou ils vivent de procéder à leur inscription à l’école. Mais ce droit-là n’est pas respecté à Rubelles.

Pourtant le Préfet de Seine-et-Marne a été alerté à plusieurs reprises sur cette situation par les syndicats d’enseignants, par les organisations de défense des Droits de l’Homme.

Pourtant l’inspection Académique de Seine-et-Marne affirme qu‘il reste de la place dans les écoles maternelle et primaire de Rubelles. Elle a en outre mis à la disposition de la commune des moyens pour prendre en charge les enfants non-francophones (intervention d’enseignants CLIN) à l’école primaire. Elle a enfin invité les directeurs d’école à remplir leur devoir d’enseignant : admettre les enfants des familles qui en faisaient la demande.

Mais le Maire de Rubelles les en a empêchés par arrêté municipal et en donnant l’ordre au gardien d’interdire l’entrée de l’école aux familles inconnues.

Comment le Préfet de Seine-et-Marne, garant du respect de la loi dans le département, peut-il laisser perdurer une telle situation de non-droit ?

Après toutes ces démarches, un huissier de justice a été diligenté, le 13 avril dernier, pour sommer Monsieur le Maire de Rubelles de réaliser les inscriptions demandées. Et pourtant, encore aujourd’hui les enfants ne sont toujours pas autorisés à faire la rentrée du lundi 30 avril, comme tous les autres enfants.

Dans la cour de l’école primaire de Rubelles, une fresque, conçue et réalisée par les élèves a été inaugurée par Monsieur le Maire de Rubelles, le 6 septembre 2010. Son thème ? Les Droits de l’Enfant.

Les habitants de la commune sont-ils bien au courant de la politique qui est menée en leur nom : célébrer officiellement les Droits de l‘Enfant mais les bafouer dans la réalité le plus tranquillement du monde ?

 

 

Et maintenant, pour la démocratie et l’égalité des droits

La Ligue des droits de l’Homme apprécie le résultat de l’élection présidentielle et appelle à agir pour la démocratie et l’effectivité des droits. Communiqué de la LDH.

La Ligue des droits de l’Homme enregistre le résultat de l’élection présidentielle. Avec la défaite de Nicolas Sarkozy, ce sont les inégalités, les stigmatisations sociales et d’origine, la xénophobie d’État qui ont été sanctionnées comme autant de valeurs étrangères à la République.

La Ligue des droits de l’Homme se félicite du taux de participation qui témoigne d’un investissement fort dans le débat civique et politique. Dans un contexte marqué par des tentatives de confiscation de la décision démocratique au bénéfice des acteurs des marchés financiers, elle y voit un gage d’avenir et de confiance.

Elle invite les citoyennes et les citoyens à s’inscrire dans les suites électorales avec au cœur la préoccupation de l’égalité des droits et de leur effectivité

Paris, le 7 mai 2012

Noyade de 63 migrants en Méditerranée : l’armée française coupable de non assistance à personnes en danger ?

Il y a un an, 63 personnes mouraient dans le naufrage d’un bateau transportant des migrants, au large de la Libye. Aujourd’hui, des survivants de cette tragédie et des associations portent plainte contre l’armée française pour non assistance à personnes en danger. La raison de cette plainte ? De nombreux bateaux et avions de la marine française étaient présents sur la zone au moment du drame, et ils avaient forcément reçu les appels de détresse relayés par les Italiens. Un hélicoptère notamment avait survolé le bateau en détresse et lancé des bouteilles d’eau avant de repartir. «La connaissance par les militaires français du bateau en péril est avérée», indique ce projet de plainte. «L’armée française ne pouvait pas ignorer le péril pesant sur cette embarcation et le besoin d’assistance de ses passagers.»

C’est donc la justice qui va maintenant faire la lumière sur cette affaire qui témoigne du mépris porté aux personnes qui cherchent asile et protection.

Lire l’article de Libération.

Voici le communiqué de presse publié par la FIDH, le GISTI et Migreurop :

Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH)
Groupe d’information et de soutien des immigrés (GISTI)
Migreurop

Communiqué de presse conjoint

63 migrants morts en Méditerranée : l’armée française mise en cause pour non-assistance à personne en danger

http://www.fidh.org/63-migrants-morts-en-Mediterranee

 

Paris, le 11 avril 2012 – Un an après la mort de 63 migrants dans un bateau au large de la Libye, des survivants, avec le soutien d’une coalition d’ONG, ont déposé aujourd’hui en France une plainte mettant en cause l’armée française pour non assistance à personne en danger.

Mars 2011, le chaos s’installe en Libye et des milliers d’étrangers sont contraints de fuir le pays pour échapper aux violences. Parmi eux, 72 personnes d’origine éthiopienne, érythréenne, nigérienne, ghanéenne et soudanaise, embarquent dans la nuit du 27 mars à bord d’un zodiac à destination de l’Italie. Quelques heures après leur départ un avion de patrouille français survole leur bateau et le signale aux gardes-côtes italiens. Leur périple se transforme très rapidement en cauchemar. Ils manquent de carburant, de nourriture et d’eau potable et perdent le contrôle de l’embarcation. Par téléphone, ils lancent un S.O.S. reçu par les garde-côtes italiens qui adressent alors des messages de détresse aux bâtiments présents en mer Méditerranée en indiquant leur localisation. Ces appels seront renouvelés toutes les 4 heures pendant 10 jours. Les eaux au large de la Libye sont alors massivement occupées par les forces militaires qui disposent d’équipements sophistiqués. L’embarcation des migrants est survolée à deux reprises par des hélicoptères. L’un d’eux larguera même quelques bouteilles d’eau et biscuits aux passagers avant de repartir. Puis, rien!

Après 9 jours de dérive, alors que de nombreux occupants sont déjà morts, les migrants croisent un navire militaire. Ils signalent leur détresse et montrent les corps des bébés morts. Mais personne ne leur viendra en aide. Le zodiac est rejeté sur les côtes libyennes après 15 jours de dérive. A son bord, seuls 11 survivants, dont 2 meurent peu après le débarquement en Libye. 63 personnes, dont 20 femmes et 3 enfants, ont trouvé la mort faute de secours.

Cette affaire, symbole de l’indifférence de l’Europe envers les réfugiés, est aujourd’hui portée par certains survivants devant la justice pénale française. Aujourd’hui, une plainte contre X a été déposée pour omission de porter secours à personnes en péril devant le Tribunal de grande instance de Paris, dans sa formation spécialisée en matière militaire. Il appartiendra à la justice française de faire la lumière sur la responsabilité de l’armée française qui, engagée en Libye pour protéger les populations civiles, a omis de se porter au secours de ces exilés. Ayant nécessairement reçu les messages de détresse, tout porte à croire que les forces armées françaises ont manqué à leurs obligations internationales et nationales de protéger la vie, tout particulièrement la vie en mer.

Le mépris et l’indifférence réservés aux personnes qui tentent de gagner l’Europe pour sauver leur vie sont intolérables. La Cour européenne des droits de l’Homme l’a récemment affirmé avec force dans un arrêt du 23 février 2012. Nos organisations, qui soutiennent les survivants de cette tragédie, attendent de la justice pénale française qu’elle sanctionne la violation de l’obligation de porter secours à personnes en péril, et considèrent que rien ne peut justifier qu’on laisse impunément mourir en toute connaissance de cause un être humain en détresse.

La coalition regroupe les ONG suivantes : Agenzia Habeshia, Associazione Ricreativa e Culturale Italiana (ARCI), Boat4People, Coordination et initiatives pour réfugiés et immigrés (Ciré), Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), Groupe d’information et de soutien des immigrés (GISTI), Ligue des droits de l’Homme (LDH), Migreurop, Progress Lawyers Network, Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme (REMDH)


Témoignage de Dana Heile Gebre, l’un des 9 survivants de cette tragédie (en anglais)

Lire la plainte : cliquez ici

Lettre de soutien signée par plusieurs ONG et adressée au Procureur : cliquez ici

Lire le rapport d’experts indépendants sur cette affaire (en anglais) : cliquez ici

Contre la chasse à l’enfant, mobilisation samedi 31 mars

Une des affiches de RESF pour la mobilisation du 31 mars.

Le Réseau éducation sans frontière lance une grande opération de mobilisation contre la chasse à l’enfant qui continue de prospérer. Dans la plupart des départements, des actions sont prévues. On peut en consulter la liste sur le site de RESF, qui propose par ailleurs des affiches en téléchargement (un exemple ci-contre).

Deux actions sont prévues en Bretagne : à Rennes et à Vannes.

A Rennes : Resf 35 appelle à un rassemblement samedi 31 mars esplanade Charles De Gaule à 15h.

Dans plus de 20 établissements de Rennes et des environs des élèves sont menacés d’expulsion parce que leurs familles n’ont pas ou n’ont plus de titres de séjour. D’autres, jeunes majeurs isolés, se voient exclus du dispositif d’Aide sociale à l’Enfance (ASE) de prise en charge des mineurs et sont alors sans protection.

Plusieurs établissements scolaires se mobilisent déjà pour s’opposer à cette menace. Le collège Echange, les écoles de Montfort-sur-Meu, d’Iffendic, de Fougères…, des conseils d’administration de collèges et de lycées votent des résolutions affirmant prendre ces élèves sous leur protection…

Le 31 doit être une étape importante dans la résistance: la loi doit changer!

Les enfants à l’école, pas dans les centres de rétention !

Pas une chaise vide aux prochaines rentrées scolaires!

A Vannes : le 30 mars à 17h30 et le 1er avril à 10h30 : projection au Palais des Arts dans le cadre du festival du cinéma européen du film « Cimetière des vivants » d’Audrey Hoc sur les centres de rétention et l’enfermement des enfants.
Le 31 mars : projection d’un court métrage sur Ménimur (quartier de Vannes) et le parcours de quelques familles immigrées.

Montauban, Toulouse : déclaration de P. Tartakowsky, président de la LDH

La Ligue des droits de l’Homme appelle à participer aux rassemblements républicains organisés pour dénoncer la haine raciale.

Par ailleurs, Pierre Tartakowsky a publié, dans le journal l’Humanité, la déclaration suivante :

« La folie homicide, quel que soit le cadre de référence dans lequel elle s’inscrit, raciste, nationaliste, xénophobe, constitue toujours un événement singulier qu’il est vain de vouloir ramener à une cause. Les revendications alléguées par le tueur présumé impliquent sa vision du monde et rien de plus. Ce type de drame frappe rarement par hasard. S’il est vrai que ce ne sont pas des propos sur la viande halal ou la supériorité des races qui ont armé le meurtrier, ils ont chargé notre pays de tensions, de haine et de craintes fragilisant le vivre ensemble. C’est la somme de ces peurs qui expliquent, au-delà de la solidarité et de la colère, l’ampleur du trouble qui sévit. Au-delà des corps qu’elles ont martyrisés, les balles tirées visaient l’école, l’armée, la République et ses valeurs d’égalité et de fraternité. D’où l’importance d’une réaction ancrée sur la défense de ces valeurs, loin de tous les amalgames et polémiques qui viseraient à faire endosser à une cause politique les dérèglements meurtriers d’un psychopathe. La LDH appelle à la vigilance pour que soit réaffirmée l’égalité entre tous ceux qui vivent et travaillent en France. »

Interpellation des candidats : la Ligue des droits de l’Homme sur les étrangers

Nous poursuivons la publication des lettres ouvertes adressées par la Ligue des droits de l’Homme aux candidats à la présidentielle et aux législatives. Aujourd’hui : « les étrangers comme bouc émissaire ? »

Parce que la France demeure l’une des premières destinations des demandeurs d’asile au sein des pays industrialisés, depuis 2003 les successives réformes législatives ont privilégié des procédures accélérées pour l’examen de leur dossier et l’octroi de la protection subsidiaire au détriment d’une pleine application de la convention de Genève.

Les réformes du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et demandeurs d’asile (Ceseda) de 2003, 2006, 2007 et 2011 ont chaque fois réduit un peu plus les perspectives d’obtention d’un titre de séjour pour des étrangers résidant et travaillant dans notre pays, depuis de longues années parfois. Ce faisant, ces étrangers sont livrés sans défense, lorsqu’ils ont un emploi, à la surexploitation de leurs employeurs et aux trafics des marchands de sommeil, puisqu’ils ne peuvent bénéficier de l’attribution d’un logement social.

Les conditions très restrictives d’octroi des visas entraînent des drames familiaux et personnels en empêchant la réunion des familles, et poussent souvent les migrants à prendre de grands risques pour pouvoir quand même venir dans notre pays.

L’enfermement des étrangers, en zone d’attente à l’entrée du territoire (touristes, demandeurs d’asile, mineurs isolés…) et en centres de rétention (familles avec enfants, malades…) est devenu la règle.

Dans la majorité des pays européens, les résidents étrangers votent aux élections locales. Ainsi le vote est-il en accord avec les réalités vivantes du pays. Aujourd’hui, l’exercice de la démocratie doit s’élargir et le droit de vote ne peut plus être strictement conditionné à la nationalité.

Pour rompre avec cette situation, la Ligue des droits de l’Homme soutient un certain nombre de propositions qu’elle entend mettre en débat publiquement ; elle souhaite que les candidates et candidats se déterminent sur ces propositions et rendent publics leurs remarques, critiques ou accords.

Neuf propositions pour l’accueil des étrangers dans la dignité et le respect des droits :

  1. Des conditions d’accueil et des procédures équitables pour que chaque demandeur d’asile puisse défendre sa situation et l’autorisation de travailler pour subvenir à ses propres besoins ;
  2. La suppression de la liste Ofpra des pays d’origine sûrs, puisqu’elle sert de filtre aux demandes d’asile, et l’abolition du règlement Dublin II ;
  3. Le caractère suspensif du recours sur toute décision de l’Ofpra ;
  4. La régularisation de tous les sans-papiers, par la réforme du Ceseda, avec l’attribution de plein droit de la carte de résident de dix ans ;
  5. La suppression des visas de court séjour et la justification explicite et écrite par les services consulaires de tout refus de visa ;
  6. La fin de la politique d’enfermement, la fermeture des centres de rétention et la garantie de procédures suspensives, respectueuses des droits des demandeurs et de leur défense, notamment par l’existence de permanences d’avocats dans les zones d’attente ;
  7. Le rétablissement de procédures contentieuses en faveur des droits de la défense par l’abrogation des dispositions contraires votées depuis 2003 ;
  8. La ratification, par la France, de la Convention des Nations unies sur les droits des travailleurs migrants et des membres de leur famille ;
  9. L’instauration immédiate du droit de vote de tous les résidents étrangers aux élections locales.

    Attaque contre des Roms dans le Rhône : la LDH dénonce leur stigmatisation et accuse Sarkozy

    Source : article paru sur le site de Lyon Mag.

    Ce week-end à Vaulx-en-Velin, une soixantaine de Roms ont été victimes de violences. D’après l’association de la Ligue des Droits de l’Homme, elles sont les conséquences d’une diabolisation de cette communauté.

    Les Roms ne semblent plus être les bienvenus dans l’agglomération. Leur lieu d’implantation est toujours sujet aux plaintes des riverains, voyant d’un mauvais œil la proximité de cette population à la réputation sulfureuse. Après l’incendie d’un entrepôt servant de refuge rue de Catupolan à Vaulx-en-Velin, ils avaient été hébergés dans un gymnase avant de s’en faire expulser. Depuis quinze jours, soixante-cinq s’étaient installés avec femmes et enfants dans un garage désaffecté, avenue Grandclément. Les habitants du quartier ont fait savoir leur désapprobation auprès des services de police et municipaux. Pourtant aucun vol n’a été signalé, jusqu’à ce qu’un riverain les accuse samedi d’un cambriolage. Ce dernier va s’expliquer avec les Roms, le ton monte, mais on en reste là. A 23 heures, des jeunes, en provenance d’un autre quartier, viennent lancer des pierres sur le local et pénètrent dans le squat pour menacer les Roms : « On reviendra vous brûler demain », auraient-ils lancé, dans un propos rapporté par Lyon Capitale. Quand ils reviennent le dimanche soir, ils sont attendus de pied ferme par les Roms. Dans l’affrontement à distance, un cocktail molotov touche un véhicule appartenant aux squatteurs, qui explose.

    Pour la Ligue des Droits de l’Homme, cet évènement est symptomatique du contexte de peur qu’a provoqué Nicolas Sarkozy avec « une politique démagogique et discriminante, qui force à traiter ostensiblement les Roms comme une population à part ». Le discours de Grenoble et les différents ministres de l’Intérieur « inventant des statistiques ethniques » ont « abouti à légitimer pour les esprits faibles leurs phantasmes et le fait qu’il s’agit d’une population indéfendable, non-défendue donc attaquable ». « Les Roms sont devenus le défouloir de tous les refoulements accumulés, les victimes idéales pour tous les abrutis en manque de haine », diagnostiquent les représentants de la fédération du Rhône. La Ligue appelle les responsables politiques à prendre leurs responsabilités en terme de protection des Roms comme des citoyens et à la poursuite en justice des agresseurs. Elle demande aussi de prendre des mesures « d’intégration par l’emploi, le logement et la scolarité ».

    Depuis que les Belges ont le droit de vote en France, à la cantine, c’est frites et bières !

    Il est épatant, Monsieur Guéant : « Accepter le vote des étrangers, c’est la porte ouverte au communautarisme. Nous ne voulons pas que des conseillers municipaux étrangers rendent obligatoire la nourriture halal dans les repas des cantines, ou réglementent les piscines à l’encontre des principes de mixité, a-t-il déclaré vendredi 2 mars dans un meeting près de Nancy.

    Il aurait pu argumenter davantage. Comme le dit avec beaucoup d’humour un Internaute dans son commentaire de l’article d’Orange sur le sujet, chacun a en effet pu constater que depuis que les ressortissants de la Communauté européenne ont le droit de vote aux élections locales, les menus des cantines ont été profondément modifiés. Un conseiller municipal allemand dans le village ? C’est choucroute tous les jours. Avec la bière qui va avec. Un élu belge ? On vous sert des frites le lundi, le mardi, le jeudi et le vendredi ; et dire qu’ils veulent rétablir la semaine de 5 jours en primaire : il y en aura aussi le samedi, au mépris de l’équilibre alimentaire le plus élémentaire. Et si par malheur vous avez un maçon portugais qui rôde dans le coin, vous aurez droit à la morue. Et peut-être même au porto.

    Plus sérieusement, on peut s’interroger : lorsque Mlle Le Pen a lancé cette polémique sur la viande Halal, le président de la République a aussitôt rétorqué que c’était faux. Et là, son porte-voix (porte-flingue) fait machine arrière, en en rajoutant. Et il en a rajouté aussi sur les statistiques concernant la délinquance, qu’il manipule avec délectation, ne reculant devant aucun mensonge : « Les étrangers doivent accepter nos règles, c’est à eux de s’adapter. Chacun comprend que si on reçoit moins d’immigrés, les choses se passeront mieux », a ajouté M. Guéant lors de cette réunion à laquelle assistaient environ 300 personnes. « Il y a 5,8 % d’étrangers en France alors que 13 % des condamnations concernent les étrangers : il y a du bon sens à remettre dans la gestion des affaires publiques« , a-t-il encore déclaré (Le Monde).

    Il faut dire que, dans cette réunion de préau, les conditions étaient réunies pour une bonne surenchère. Guéant était accompagné de la twitteuse Nadine Morano. Amis de la délicatesse, bonjour !

    Marseille : des élus obligés de respecter la loi !

    Curieux, ce qui se passe à Marseille. On savait que la municipalité n’aimait pas spécialement les Roms, mais là, les élus de droite se surpassent.

    L’archevêque de Marseille a décidé de loger dix familles Roms qui, depuis deux mois, campaient  dans les jardins de l’église Saint-Martin, dans un bâtiment, propriété de l’Eglise, à Saint-Pierre. Aussitôt, le « Comité d’intérêt de quartier » (CIC) s’est ému de cette invasion barbare, et a lancé une pétition. Le comité a rapidement reçu l’appui du sénateur maire de l’arrondissement, Bruno Gilles, qui a cossigné avec deux conseillers municipaux, dont Renaud Muselier, ancien secrétaire d’Etat et actuellement député. Ces trois élus se sont fendus d’une lettre appelant les habitants du quartier à signer cette pétition. Une lettre qui accuse l’archevêché d’agir avec légèreté : « La Ville de Marseille, ses élus et sa population ont été mis devant le fait accompli ».

    Pire : cette décision provoque « un légitime émoi dans la population » et suscite « l’inquiétude et l’incompréhension de nos concitoyens ».

    Mais surtout : « L’église accueillant ces familles dans son domaine privé, il est légalement impossible de s’opposer à cette décision, d’autant plus que toutes ces familles sont en situation régulière ».

    Nous y voilà ! La loi nous empêche d’agir !

    Ceci nous rappelle le courrier d’un ami de Renaud Muselier, le Motodidacte Christian Estrosi, qui se désolait de ne pas pouvoir interdire un colloque organisé par la Ligue des droits de l’Homme sur la guerre d’Algérie à Nice : lire ici.

    Eh oui, Messieurs, la France est toujours un État de droit ! Et il est inquiétant que des parlementaires, chargés d’écrire la loi, se désolent d’être contraints de la respecter !

    Lire ci-dessous l’intégralité de la lettre des trois élus, suivie du communiqué de la Fédération des Bouches du Rhône de la Ligue des droits de l’Homme.

    Lettre des élus marseillais

    Marseille, le 25 février

    Madame, Mademoiselle, Monsieur,

    La décision prise par l’Archevêché de Marseille d’accueillir dix familles de Roms (47 adultes et 19 enfants) au sein de bâtiments lui appartenant sur la place Pol Lapeyre crée un légitime émoi dans la population.

    Cette décision prise unilatéralement, sans concertation, suscite inquiétude et incompréhension de nos concitoyens.

    La Ville de Marseille, ses élus et sa population ont été mis devant le fait accompli.

    L’église accueillant ces familles dans son domaine privé, il est légalement impossible de s’opposer à cette décision, d’autant plus que toutes ces familles sont en situation régulière.

    Cette manière d’agir est regrettable car elle provoque du rejet et de l’exaspération.

    Pourtant, en septembre 2010, les responsables des différentes églises de Marseille avaient signé une lettre ouverte commune sur la question des Roms disant que les solutions à la déshérence de ces hommes et de ces femmes devaient être individuelles, généreuses et raisonnables.

    Nous sommes aujourd’hui face à une décision qui n’est ni individuelle, ni raisonnable.

    Ces problématiques doivent se travailler, doivent se coordonner si elles veulent être traitées efficacement et humainement.

    Il n’est pas dans notre intention de stigmatiser une population, mais de dire notre opposition à une décision irréfléchie et unilatérale qui, si elle paraît généreuse, est dangereuse pour tout le monde.

    Depuis 1995, nous développons des programmes immobiliers incluant une dose de mixité sociale.

    Depuis 1995, nous travaillons avec les Comités d’Intérêt de Quartier pour que cette mixité soit raisonnable et acceptée par tous. Jamais, en 17 ans de mandat, nous n’avons été confrontés à de problèmes, car cette politique a toujours été réfléchie et travaillée.

    Aujourd’hui, c’est le lien social de notre quartier qui est menacé.

    Plus de 500 personnes se sont déjà mobilisées en deux jours pour signer une pétition lancée à l’initiative du CIQ Saint-Pierre-Saint-Jean-du-Désert contre cette décision de l’Archevêché.

    Elles souhaitent, comme nous, que cette décision soit révisée et qu’un dialogue constructif s’engage entre l’église et la population.

    Nous restons mobilisés à vos côtés pour faire évoluer le plus rapidement cette situation.

    Nous vous prions, Madame, Mademoiselle, Monsieur, en l’assurance de notre entier dévouement.

    Renaud Muselier, Conseiller Municipal, Marine Pustorino, Conseillère Municipale, Bruno Gilles, Maire.

    Communiqué de la Fédération L.D.H. des Bouches du Rhône

    Ce matin 23 février, 10 place Paul Lapeyre à Marseille à l’initiative de la L.D.H. 13, de Rencontres Tsiganes, de Médecins du Monde, de la CIMADE, du Secours Populaire et du Secours Catholique, en présence de paroissiens de l’Eglise St Pierre toute proche, plusieurs dizaines de personnes ont accueilli dix familles de ROMS (47 adultes et 19 enfants).

    Ces familles intègrent un immeuble mis à disposition par l’archevêché de Marseille en dépit de l’opposition du Sénateur-Maire UMP de Secteur Bruno Gilles. Cet immeuble sera géré par une association l’AMPIL œuvrant inlassablement pour les sans logis.

    Depuis des mois ces familles sont pourchassées, harcelées à l’initiative du Préfet et du maire J-C Gaudin qui se soucie assez peu à ce niveau de la crise catastrophique du logement social dans sa ville.

    Par ailleurs des centaines de ROMS expulsées de Marseille se sont réfugiées sur le plateau de l’Arbois, près d’Aix dans des conditions misérables et qui vont recevoir sans doute pour toute réponse une nouvelle intervention policière.

    Parallèlement, J-C Gaudin multiplie les procédures au Tribunal Administratif, par des arrêtés de péril pour insalubrité, par la saisine des commissions de sécurité. Ces procédures n’ont qu’un seul but : persécuter les familles ROMS.

    Le discours de Grenoble de Sarkozy continue de faire des dégâts avec des protagonistes qui ne craignent pas d’afficher leur inhumanité et parfois leur xénophobie.

    Plus que jamais la LDH 13 demande à la Préfecture et à la Mairie de Marseille d’organiser une réunion en vue de mettre en œuvre d’autres solutions que la répression et la négation de la dignité humaine.

    Marseille le 23 février 2012

    La Ville de Marseille, ses élus et sa population ont été mis devant le fait accompli.