Loudéac : une famille congolaise expulsée vers la Belgique, qui l’expulsera sans doute vers le Congo

Un couple, deux enfants. Ils sont arrivés de Kinshasa, au Congo, où ils étaient en danger, en Belgique. Ils y sont restés un an. Le temps pour les enfants d’apprendre le flamand. La Belgique a refusé leur demande d’asile. Ils sont alors venus en France, sur les conseils de la Belgique.

À Saint-Brieuc, où ils sont arrivés en avril 2013, ils ont souvent dormi dans la rue. C’est parfois la police qui leur indiquait des endroits abrité. Ils ont été logés chez des militants. Finalement, au mois de novembre, après une forte mobilisation des militants, la préfecture a été sommée, par un jugement en référé du tribunal administratif, de faire ce que la loi lui impose de faire : leur donner un toit. La presse s’était à l’époque fait l’écho de leur histoire

Ce toit, ils l’ont trouvé dans un hôtel de Loudéac. Deux chambres : une pour les parents, une pour les enfants, deux gaillards de 10 et 11 ans.

Les garçons ont repris à Loudéac la scolarité qu’ils avaient commencée à Saint-Brieuc. Ils ont été pris en charge par la section locale de la Ligue des droits de l’Homme, qui a été aidée par d’autres associations (restos du cœur, secours catholique…)

Arrivés en France en passant par la Belgique, la famille était sous le statut dit « Dublin II » : c’est le pays par lequel ils sont entrés en Europe qui est responsable d’eux. La France a donc demandé à la Belgique de les reprendre : la Belgique a accepté. Mais la France, dans un premier temps, n’a pas bougé.

Il y a une semaine, la famille a été transférée dans un autre hôtel, à Dinan cette fois : troisième école pour les enfants, la famille obligée de reconstituer ses réseaux… Avec une assignation à résidence de 45 jours. C’est ce qui remplace le centre de rétention administrative pour les familles avec enfants. Assignation qui précisait que le dossier faisait l’objet d’un rééxamen.

Et ce matin, à 6 heures, 8 gendarmes frappent à la porte de l’hôtel : on venait les chercher pour les renvoyer en Belgique. Le rééxamen du dossier n’est pas suspensif de la mesure d’éloignement…

Pour eux, le retour en Belgique signifie une chose très simple : l’expulsion, de gré ou de force, vers le Congo au bout de trois mois au maximum. Avec pour eux des risques énormes : ils y seront en danger de mort.

La Belgique le sait. La France le sait. Valls le sait. Mais quoi, la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde, voyons !

Le ministre de l’intérieur va pouvoir ajouter quatre bâtonnets à son sinistre comptage, et ainsi battre les records des Sarkozy, Besson, Hortefeux et autres Guéant. Et il pourra l’annoncer triomphalement à la fin de l’année.

Mais attention, pas d’amalgame ! ça n’a rien à voir avec ce que faisaient les prédécesseurs de Valls : la famille a été expulsée avec humanité ! c’est tout de même un progrès, non ?

La famille est arrivée en Belgique vers 15h.

Leur avocat va bien-sûr tout mettre en oeuvre pour les faire revenir, et leur permettre de déposer une demande d’asile…