Réformer la politique de la Ville – 11 mars 2015

POUR UNE REFORME RADICALE DE LA POLITIQUE DE LA VILLE

La section LDH Paris 5-13 vous invite à un Café citoyen, le mardi 17 mars 2015, Chez Trassoudaine, Place Nationale, Paris 13e

En présence de Marie-Hélène Bacqué et Mohamed Mechmache

(auteurs d’un rapport de juillet 2013 au ministre de la ville François Lamy, intitulé « Pour une réforme radicale de la politique de la ville. Cela ne se fera pas sans nous. Citoyenneté et pouvoir d’agir dans les quartiers populaires »).

RESUME DU RAPPORT BACQUE-MECHMACHE

Fruit des travaux de la mission pilotée par Hélène Bacqué et Mohamed Mechmache, le rapport se penche sur la question de la participation des habitants des quartiers populaires dans la politique de la ville. La mission s’est appuyée sur des visites de terrain, des auditions réalisées auprès d’acteurs associatifs et de membres de collectifs, et a également organisé une conférence de citoyens les 29 et 30 juin 2013.

[source : la documentation française]

Celui-ci identifie 5 objectifs principaux : appuyer le développement du pouvoir d’agir (démarche  d’empowerment) ; mettre les citoyens au coeur des services publics ; démocratiser la politique de la ville ;  changer l’image des quartiers ; accompagner un renversement de démarche par la formation et la coformation.

Pour atteindre ces buts, la démarche préconisée s’appuie sur six groupes de propositions qui permettraient de faire un pas significatif vers  la participation des citoyens dans les quartiers populaires.

Donner les moyens de l’interpellation citoyenne

Les discours sur la démocratie participative ont fleuri en France au cours des vingt dernières années,appelant au développement de nouvelles formes de participation des citoyens. Pour autant, seule la démocratie représentative reste financée, que ce soit sous forme du financement des partis politiques ou des représentants élus. La participation n’est financée que  quand elle est initiée par les institutions. Nous proposons d’inscrire véritablement un droit d’interpellation citoyenne comme une dimension à part entière du fonctionnement démocratique de la République, et pour cela de dégager les moyens humains et financiers favorisant sa mise en oeuvre.

Soutenir la création d’espaces citoyens et les reconnaître : tables de quartier et plateforme nationale

Pour que les citoyens, leurs collectifs et associations puissent contribuer à la vie de la cité, il convient de favoriser la création de lieux de débats, d’échange, de coordination, de propositions, d’évaluation. Nous proposons que la puissance publique soutienne la création de tables locales de concertation au niveau local et d’une plateforme nationale en accordant des moyens en locaux, en fonctionnement et surtout en personnel.

Créer une fondation cogérée par les citoyens pour la solidarité sociale et créer les conditions du développement associatif

Les associations demeurent fortement dépendantes des financements des collectivités territoriales et de l’État et elles sont parfois prises dans des logiques clientélistes ou partisanes. Dans les territoires politique de la ville, les financements de l’ACSé, quand il s’agit de financements de projets locaux, nécessitent l’accord des élus locaux et du préfet (sous-préfet en charge de la politique de la ville ou préfet délégué à l’égalité des chances), selon des critères qui ne sont pas toujours explicites ni transparents. Cette situation conduit à créer de nombreuses incompréhensions et à exaspérer les tensions entre différents segments du tissu associatif. Surtout, elle nuit à la capacité d’initiative citoyenne.

Faire des instances de la politique de la ville des structures de co-élaboration et de codécision

Changer le regard sur les quartiers populaires

La focalisation sur les difficultés que rencontrent les quartiers populaires et  leur population a conduit à construire ces quartiers comme des quartiers et des populations à problèmes. Les médias participent pour une grande part à façonner ces représentations et à alimenter les peurs sociales et raciales qui sont à la source d’incompréhensions, de tensions et fermetures. Le traitement médiatique des quartiers en est ressenti douloureusement par les habitants et les acteurs concernés… Les médias ne sont pas de simples témoins : ils agissent sur les  représentations de la banlieue et deviennent par conséquent non seulement des auteurs mais également des acteurs, en renforçant ou en déconstruisant ces images.

Il faut agir ans trois directions : (1) favoriser et aider au développement et à la diffusion de médias locaux et d’expressions culturelles issues des quartiers populaire et reconnaître ces médias comme de vrais médias, (2) faire évoluer la culture des médias nationaux et y  favoriser l’accès de « paroles des quartiers populaires »38 et (3) travailler sur les expressions culturelles et sur les mémoires sociales des quartiers populaires. »

Une méthode : co-élaborer, codécider, co-former

Les freins à la participation des citoyens, de façon générale et dans les quartiers populaires en particulier, sont liés à des cultures politiques et professionnelles et à fonctionnements hiérarchiques au sein des institutions. La formation des professionnels et des élus, l’ouverture d’espaces de dialogue et de co-formation aux échelles locale, régionale et nationale constituent autant de leviers indispensables pour transformer en profondeur les pratiques.