Roms – Gens du voyage
PASSAGE DE « GENS DU VOYAGE » A FONTENAY LE COMTE – COMMUNIQUE
Le dimanche 20 juin, une communauté de « gens du voyage » s’est installée à Fontenay-le-Comte sur la pelouse entre la piscine et le collège Tiraqueau.
Le jour même, sur sa page Facebook, monsieur le Maire Ludovic Hocbon a posté un message (1), avertissant qu’il saisissait le préfet, et indiquant que la situation était « intolérable » car la communauté de communes a aménagé l’an dernier une aire de grand passage.
Le 22 juin, un article publié par Ouest-France (2) reprenait la position du maire qui restait dans le même registre, bien que le « coordonateur des gens du voyage » ait été interrogé pour préciser les conditions de cette installation : l’aire de grand passage était impraticable le dimanche 20 juin.
Dans un courrier « aux habitants du quartier » daté du 23 juin (3), Monsieur le Maire Ludovic Hocbon use de termes violents à l’encontre de ceux qu’ils présentent comme des « délinquants » ».
En jetant publiquement l’opprobre sur une population déjà largement stigmatisée, en prétendant que les forces de l’ordre et la justice leur offrirait une totale impunité, en se présentant comme entravé par le droit que lui seul respecterait, Monsieur le Maire Ludovic Hocbon use d’une rhétorique démagogique qui aurait pu mener à des violences et/ou des affrontements envers cette communauté. Les généralités gratuites assénées, qui pourraient relever de la diffamation en raison de l’appartenance à un groupe ethnique, auraient pu pousser une population paisible à un sentiment de haine aveugle.
Pourtant, la réalité est bien plus nuancée que ce que la présentation binaire de Monsieur le Maire ne le laisse entendre. En effet, suite à la publication de l’article de Ouest France, en tant que responsable de la section locale de la Ligue des Droits de l’Homme, je suis allée à la rencontre des personnes installées sur cette pelouse. Le 23 juin, aux alentours de 18h30 j’ai été reçue de façon tout à fait correcte, et j’ai pu discuter avec le pasteur de la communauté qui m’a permis d’établir les points suivants.
1) L’aire de grand passage avait été réservée pour 2 semaines.
Il s’avère que cette communauté avait réservé le site pour s’installer 2 semaines sur l’aire de grands passages : leur pasteur m’a expliqué qu’en conséquence, l’aire leur avait été ouverte pour leur arrivée dimanche.
Contrairement à la version du maire, il s’agit donc bien d’une communauté qui cherche à utiliser les équipements prévus.
2) L’aire de grand passage était impraticable,
des élus ont refusé de s’y rendre avec les personnes du campement.
Leur pasteur m’a indiqué que lorsque les premiers véhicules sont arrivés sur l’aire, ils se sont enfoncés dans la boue. Devant ce constat, ils se sont repliés sur cette pelouse connue. Ils ont proposé aux élus d’aller voir ensemble dans quel état était l’aire, mais ceux ci auraient refusé.
Pour ma part, suite à cette rencontre, je suis allée constater l’état de l’aire de grand passage, j’ai pu y photographier des traces de roue dans la boue, profondes de plus de 20 cms.
3) Un campement bien tenu
Leur ‘intention de se conformer aux règles sanitaires est établie par le fait qu’en bout de camp se trouvait une benne. Leur pasteur m’a expliqué qu’ils avaient loué une benne pour leurs déchets, la mairie ayant refusé de leur en mettre une à disposition
4) Un article de presse rédigé et publié sans les rencontrer
Personne n’est venu les interroger sur la situation avant moi. Ils ont eu connaissance de la parution de l’article de Ouest France via leurs réseaux sociaux.
5) Pas de traces notables de leur passage sur la pelouse entre la piscine et le collège Tiraqueau
Le 30 juin, 3 jours après leur départ, je suis allée sur la pelouse entre la piscine et le collège Tiraqueau, j’ai pu constater qu’elle est en très bon état, il y a juste une zone où la terre est un petit peu à nu , mais c’est l’histoire de quelques jours pour qu’il n’y paraisse plus. Contrairement aux propos du maire dans son courrier aux habitants du quartier, rien n’est saccagé et les lieux ont été laissés en bien meilleur état que l’aire de grand passage où ils auraient dû s’installer.
Ainsi, la communication de Monsieur le maire Ludovic Hocbon sur cette affaire, loin d’amener des éléments factuels et d’éclaircir la situation pour les administrés, a, au contraire, pu contribuer à la montée de sentiments de haine et de rejet.
Entre deux tours d’élections locales, nous avons préféré attendre le départ de la communauté pour réagir, mais nous tenons à faire part par ce communiqué de notre détermination à défendre les droits des personnes de passage sur la commune de Fontenay le Comte.
Nous regrettons également que Ouest France n’ait pas pris contact avec cette communauté avant de publier son article. Même si monsieur le coordonnateur départemental des « gens du voyage » a été interrogé, il s’avère que les personnes directement concernées par cet article n’ont jamais été contactées et que leur parole, parfaitement pacifique et citoyenne, n’a pu être entendue.
Section Fontenay-Luçon Sud Vendée de la Ligue des Droits de l’Homme
avec le soutien du groupe local Amnesty Fontenay et du Comité de Résistance Sociale de Fontenay-le-Comte