Hommage à Jean Zay, le 20 juin 2023 à Luçon

Avec la Libre Pensée, le CDHMOT, la Ligue de l’Enseignement, les Francas, Familles laïques, l’Observatoire Vendéen de la Laïcité nous avons rendu hommage à Jean Zay devant l’école primaire supérieure pour filles dont il avait posé symboliquement la première pierre en 1937 (et qui est devenu le Collège Beaussire)

Si après le texte prononcé au nom de la LDH :

Ce qu’est commémorer la mémoire de Jean Zay pour des militants LDH 

A l’évocation du souvenir de Jean Zay, nous sommes saisis d’émotion.

Les souffrances et humiliations endurées 4 ans durant,  jusqu’il y a 79 ans  aujourd’hui cet assassinat lâche commis par des miliciens suivant les ordres de Darnand, sur un homme dont la probité, le courage, l’engagement républicain, humaniste, antifasciste étaient sans faille, ne peut que nous attrister.

Les sources de cet engagement et la fin funeste de cet homme république forment en quelque sorte une boucle, depuis l’engagement Dreyfusard de son père Léon Zay qui participe à la fondation de la section d’Orléans de la Ligue des Droits de l’Homme, à la condamnation du fils, le 4 octobre 1940 à la même peine que celle d’Alfred Dreyfus : déportation simple à vie et dégradation militaire.  

Le soir de ce verdict, Jean Zay écrit à sa femme et à son père. Il les rassure, il ne subira pas l’humiliation subie par Alfred Dreyfus le 5 janvier 1895 dans la cour de l’école militaire. La dégradation militaire n’est plus une cérémonie publique. Cette condamnation le convainc de son innocence et jusqu’au bout, il restera confiant sur le verdict de l’histoire qui le réhabilitera comme elle a réhabilité le Capitaine Dreyfus.

Pourtant, pendant ses 4 années d’emprisonnement, c’est à une autre figure de prisonnier politique à laquelle il s’identifie. Il dispose, quand ses conditions de détention lui permettent, du portrait d’Auguste Blanqui, L’enfermé. Sa condition d’enfermé politique ne le désespère pas car comme Blanqui, il continue de penser la république, celle qu’il a défini pour les cérémonies des 150 ans de la Révolutions française comme « l’égalité dans la liberté ». Et c’est cet idéal d’une république Forte et Juste qu’il projette de reconstruire à la fin de la guerre. Loin de se limiter à la question scolaire pour laquelle son œuvre en 3 ans est déjà formidable, ou à la question des Beaux arts pour lesquels il a jeté les bases d’une véritable politique culturelle, sa pensée républicaine embrasse bien d’autres domaines : la justice sociale et son refus de ce qu’il dénonce comme « l’orthodoxie financière » qui limite l’action publique, la justice avec une réflexion profonde sur le sens des peines, les conditions d’exercice de la justice, l’inégalité des citoyens face à elle , la presse et son rôle etc …

Plus tôt dans sa vie, avant ses mandats politiques, il était déjà connu comme un conférencier, pacifiste, il avait fait une tournée en Allemagne pour la Ligue des Droits de l’Homme. Les questions internationales n’étaient pas hors de son champ d’étude, et même député il continue à donner des causeries au sein de sa section LDH sur ses questions. C’est à l’aune des connaissances que lui ont apporté ses différents voyages qu’il dénonce avec vigueur le refus de soutenir les républicains espagnols ou la signature des accords de Munich.

Pendant sa captivité, véritable jacobin, il rappelait que la république s’était toujours méfiée de la dictature des généraux vainqueurs, ce que nous appelons le césarisme, mais n’avait jamais entrevu le danger de la dictature des généraux vaincus. Comme Pierre Mendes France, il dénonçait cet état major militaire qui s’était si bien occupé à bien perdre la « drôle de guerre »,  pour mieux mettre cette faillite sur le dos du pouvoir civil dont il s’agissait de se débarrasser les parlementaires en travestissant leur embarquement à bord du Massilia pour continuer la guerre depuis l’Afrique du Nord en une désertion.

Il faut dire que depuis son entrée en politique les milieux militaires d’extrême droite ne lui pardonnaient pas son poème pacifiste : le drapeau. Ce texte de jeunesse a excité la haine antisémite et antirépublicaine contre lui. Qu’il se soit engagé volontairement en démissionnant de son poste de ministre n’y change rien pour le tribunal militaire. Qu’il ait été assassiné par les miliciens après 4 années de détention parce que les miliciens, sûrs de leur défaite, voulaient tuer la république JUSTE et FORTE que Jean Zay portait en lui n’y changea rien pour une part des successeurs de ce tribunal indigne. En 2015, alors que son entrée au Panthéon s’organisait, ils ont osé reprendre la rhétorique exacte de l’entre deux guerres. Ils, c’est par exemple l’UNC qui est conviée par les autorités civiles à toutes les cérémonies patriotiques était en tête de liste. UNC qui n’est pas stigmatisée par les ministres, et qui ne voit pas remettre en cause ses subventions.

Et c’est donc avec gravité que je rappelle que nous ne nous contenterons pas d’honorer Jean Zay dans les mots, mais en mettant constamment en cause une forme de gouvernement qui a tant à faire pour devenir la République plus juste et plus forte qu’il appelait de ses vœux et qu’il construisait.

1794 – Fontenay célèbre l’abolition de l’esclavage

4 février 1794 - La Convention abolit l'esclavage - Herodote.net
https://histoire-image.org/etudes/fete-abolition-esclavage-paris

Un peu d’histoire méconnue de la ville de Fontenay le Comte…

Le 16 pluviôse an II – 4 février 1794  la Convention nationale décrète l’abolition de l’esclavage. On le sait, cette abolition arrachée par la révolte des Haïtiens est de courte durée, Napoléon annule cette abolition en 1802.

A Fontenay-le-Peuple, comme dans d’autres communes sur tout le territoire, une célébration de ce décret d’abolition est organisée. Nous en trouvons trace dans les archives des Registres de délibération de la commune, à la date du 30 ventôse an II : lien.

Voici une copie de l’acte :

Extrait des registres de délibérations de la commune, tome XII page 192
Transcription : Extrait des registres de délibérations de la commune, tome XII, p. 192                 
Célébration de la fête commémorative de l’abolition de l’esclavage  
Séance du 30 Ventôse an 2 de la République française 
  
 Ce jour a été consacré à la célébration d’une fête civique en mémoire et
 à l’occasion du Décret de la Convention Nationale qui abolit l’esclavage 
des hommes de couleurs et ordonne que dans toutes les colonies, ils 
jouiront des Droits de citoyen français.
 Le cortège composé de la totalité des citoyens et citoyennes de la
 Commune et des Commissaires des Sociétés populaires du canton du 
district est parti de la place de la Révolution* en chantant des couplets patriotiques.
 Il a été prononcé par le maire et quelques autres citoyens 
des discours analogues à la fête. La joie et l’amour de la patrie brillaient 
dans les yeux de tous les citoyens. La fête a été terminée par un bal 
civique, où l’on a reçue l’offrande des citoyens pour les veuves des 
hommes morts en combattant pour la patrie.  

  
 *actuelle place Viète 

Quelques jours plus tard, la commune entérine le changement des noms de rue. Source

Benjamin Fillon en fait plus tard un tableau récapitulatif. Source

Foussais – Payré, l’arbre de la Liberté à l’honneur

Dans le bourg de Foussais-Payré, l’arbre de la Liberté planté pendant la période de la Révolution a traversé les siècles. Aujourd’hui il devient un « arbre remarquable » labellisé par l’association ARBRES , même s’il était déjà répertorié par les amateurs d’arbres ( ici ) .

Pour notre part, nous connaissons l’existence de cet arbre depuis des années et c’est avec plaisir que nous apprenons dans Ouest France qu’un rassemblement a eu lieu ses frondaisons et que les acquis de la Révolution y ont été célébrés !

L’arbre de la Liberté de Payré en 2015

Rien ne nous dit que cet arbre ait été menacé un jour, mais évoquons cette gravure/montage de Lesueur :

Au recto du montage ancien, en haut à gauche, étiquette avec légende manuscrite à l’encre : ‘Dans la Vendée des brigands veulent abatre [sic] L’Arbre de la Liberté, des jeunes / Filles à force de prieres [sic], et de Larmes les en empêchent.’
https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/joconde/50350037972
Capture d’écran de l’article Ouest France