Tchad : la répression des manifestations doit immédiatement cesser

Communiqué  d’Amnesty International du 20/10/2022

Réagissant à la répression des manifestations d’aujourd’hui et à la mort de manifestants, Samira Daoud, Directrice régionale de Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre a déclaré :

« De violents heurts ont opposé ce matin les forces de sécurité et des manifestants à N’Djamena et ailleurs dans le pays. Selon les premiers témoignages recueillis par Amnesty International, les forces de sécurité ont tiré à balles réelles contre les manifestants, comme en avril 2021 ou à Abéché en janvier 2022, tuant plusieurs dizaines de personnes dont un enfant. Nous appelons les autorités tchadiennes à cesser immédiatement l’usage excessif de la force contre les manifestants.

 Le droit à la liberté de réunion pacifique est consacrée par les textes nationaux et internationaux, dont les lignes directrices de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples. Ces dispositions doivent être respectées pour permettre à chaque personne de s’exprimer librement et sans craindre pour sa vie.

Les autorités doivent prendre des mesures immédiates pour enquêter et traduire en justice les auteurs d’homicides illégaux. »

Complément d’informations

Ce 20 octobre 2022 des manifestations ont été organisées à N’Djamena et ailleurs dans le pays pour dénoncer la prolongation de la transition pour deux années supplémentaires et réclamer le transfert du pouvoir aux civils. Des centaines de personnes se sont réunies à l’appel de plusieurs partis d’opposition et des associations de la société civile.

Le premier Ministre a annoncé que le bilan provisoire était de 50 morts et 300 blessés. Il a annoncé la mise en place d’une Commission judiciaire pour situer les responsabilités.

ALERTE SUR LA SITUATION DE GEORGES IBRAHIM ABDALLAH : MOURIR EN PRISON N’EST PAS UNE SOLUTION

19.10.2022 Lettre ouverte de Patrick Baudouin, président de la LDH, à l’attention d’Elisabeth Borne, Première ministre

Madame Elisabeth Borne
Première Ministre
Hôtel Matignon
57 rue de Varenne
75007 Paris

Madame la Première Ministre,

Nous souhaitons attirer votre attention sur la situation de Georges Ibrahim Abdallah, détenu depuis 1984, condamné en 1987, et libérable en droit français depuis 1999. Alors que la justice s’est à deux reprises prononcée pour sa libération, il est pourtant toujours maintenu en détention.

Cette situation choquante résulte du seul fait d’un refus du ministère de l’Intérieur de prendre un arrêté d’expulsion vers le Liban, condition exigée pour que sa mise en liberté soit effective.

Or, Monsieur Abdallah a bien émis le souhait de rejoindre sa famille au Liban et les autorités libanaises ont donné leur aval à ce retour, si bien que rien ne s’oppose à sa mise en liberté hormis le refus aussi injustifié qu’inhabituel dans une telle affaire de prise d’un arrêté d’expulsion.

Nous n’ignorons pas que ce refus doit beaucoup aux pressions des autorités américaines et israéliennes qui n’ont pas caché leur souhait de voir Monsieur Abdallah mourir en prison.

Il n’est pas acceptable que les autorités françaises continuent à se plier aux pressions de deux gouvernements étrangers en bafouant les droits d’un homme qui peut légitimement bénéficier d’une mise en liberté.

C’est pourquoi dans la mesure où une nouvelle décision de justice en faveur de la libération de Monsieur Abdallah ne pourra être effective que si son arrêté d’expulsion vers le Liban est signé par le gouvernement français, nous demandons à votre gouvernement de prendre l’arrêté requis pour permettre la mise en liberté de Monsieur Abdallah et son expulsion vers le Liban.                                                           

Nous vous remercions par avance de l’attention que vous voudrez bien porter à la présente correspondance, dont sont destinataires en copie Monsieur le Ministre de l’Intérieur et Monsieur le Ministre de la justice, et que nous nous réservons de rendre publique.

Je vous prie d’agréer, Madame la Première Ministre, l’expression de ma haute considération.

Paris, le 18 octobre 2022

Attentat de Nice : faire émerger la vérité

Communiqué de presse commun : Ligue des Droits de l’Homme section Nice – Syndicat des Avocats de France – Collectif citoyen 06 – Tous citoyens

Les auditions de François Hollande et Bernard Cazeneuve par la Cour d’Assises spéciale de Paris lundi 10 octobre n’ont pas permis de faire émerger la vérité sur le dispositif de sécurité mis en place à Nice le 14 juillet 2016.
François Hollande a renvoyé, pour les détails du dispositif, sur Bernard Cazeneuve. Ce dernier a, à son tour, renvoyé à la responsabilité du maire de Nice et du Préfet alors en fonction. Or, et alors que c’est lui qui a validé le dispositif de sécurité, le Préfet Adolphe Colrat n’est pas cité comme témoin dans ce procès.

Jeudi 20 octobre ce sera au tour de Christian Estrosi, alors en charge de la sécurité, et de Philippe Pradal, alors maire de Nice, d’être entendus mais sans qu’aucune suite ne puisse être donnée à ces témoignages dans le présent procès, puisque son objet est uniquement la responsabilité des personnes de l’entourage de l’auteur de l’attentat.

Or les auditions de François Hollande et de Bernard Cazeneuve le 10 octobre laissent en suspens nombre d’interrogations sur la sécurité du 14 juillet :
– Avions-nous le niveau de sécurisation suffisant compte tenu que « le niveau d’alerte terroriste était à son paroxysme et que la menace terroriste était extrêmement élevée à l’été 2016, et notamment à Nice » ? « A-t-on raté quelque chose en termes de prévention des risques ? » a demandé d’emblée Laurent Raviot, le Président de la Cour d’Assises.

– Quel a été le dispositif de sécurisation réel coordonné par l’Etat et par la Ville : nombre et répartition des forces de l’ordre présentes, absence de plots en béton, barrage trop léger à l’angle Gambetta – Promenade, etc. ? « Beaucoup de Niçois disent qu’il y avait un déficit de policiers le 14 juillet, en comparaison de la fête de la musique le 21 juin », a indiqué le Président de la cour d’Assises.

– Comment l’auteur de l’attentat a-t-il pu faire ses repérages en camion à 10 reprises sur la Promenade des anglais, dans la ville la plus vidéosurveillée de France ? « Qui s’occupe de visionner ? Quelle articulation entre la police nationale et la police municipale ? » demande le Président Laurent Raviot.

– Quel a été le niveau d’implication des représentants de l’Etat et de la Ville de Nice dans les réunions de préparation de la sécurisation de Nice ?
En l’état des questionnements posés, nous réitérons notre demande d’un procès spécifique sur la sécurisation de Nice le 14 juillet 2016, pour que toute la lumière soit faite, pour savoir ce qui a été réellement fait et ce qui n’a pas été fait pour nous protéger ce soir là et pour ne plus jamais connaître les mêmes failles de sécurité.

Enfin, le Président de la Cour d’Assises spéciale a déclaré en audience « Il y a bien une instruction en cours sur la sécurité du 14 juillet à Nice, mais nous n’avons aucune info ». Xavier Bonhomme, Procureur de Nice, a confirmé à la presse que « cette enquête est dans les mains de deux magistrats instructeurs ». Afin d’éviter toute pression locale nous demandons le dépaysement de l’information judiciaire en cours pouvant aboutir à la tenue de ce second procès et que ce dossier ne soit plus instruit à Nice.

Nice, le 19 octobre 2022

Ligue des Droits de l’Homme section Nice – Syndicat des Avocats de France – Collectif citoyen 06 – Tous citoyens