Iran : la suppression de la police des mœurs, une déclaration tactique ?

Les femmes et le peuple Iranien continuent ce que les manifestant.e.s appellent la Révolution pour mettre fin au régime autocrate des mollahs. La dernière manœuvre du pouvoir aux abois ne trompe personne : des lundi 5 décembre commence la grève générale avec de grandes manifestations. La LDH soutient le soulèvement du peuple iranien pour les droits, les libertés et la démocratie.

Article publié sur francetvinfo.fr le 4/12/2022

La justice iranienne a annoncé, samedi 3 décembre, l’abolition de la police des mœurs, responsable notamment de l’arrestation de Mahsa Amini. Comment interpréter la déclaration, qui n’a pas été confirmée par les autorités politiques du pays ?

Face à un mouvement de contestation qui s’étend de Téhéran (Iran) à tout le pays, le procureur général du pays a fait une déclaration surprenante, samedi 3 décembre. « La police des mœurs n’a rien à voir avec le pouvoir judiciaire, et elle a été abolie par ceux qui l’ont créée« , a-t-il déclaré. La police des mœurs a été créée en 2006, pour répandre la culture de la décence et du port du voile. C’est elle qui a interpellé, le 13 septembre dernier, Mahsa Amini pour port de vêtements inappropriés. Sa mort, trois jours plus tard, avait enflammé le pays.

Une annonce stratégique ?  

Selon plusieurs témoignages, la police des mœurs était déjà moins présente depuis plusieurs semaines, et remplacée dans les rues par les forces anti-émeutes, tout aussi violentes. « Le régime tente par des manipulations de contrôler le niveau de mécontentement« , analyse de son côté Clément Therme, chargé de cours à l’université Paul Valéry de Montpellier (Hérault). Les manifestants réclament la fin du régime de la République islamique, et appellent dès lundi 5 décembre à trois jours de grève générale et de rassemblements massifs.