« Des mères indignes d’accompagner leurs enfants » ? Tribune de Michel Tubiana (LDH) publié dans Médiapart

Entre un président de la République qui tend la main aux catholiques, voire leur dicte leur attitude, et un ministre de l’Education nationale qui confond laïcité et exclusion, il est bien difficile de distinguer la logique qui guide nos autorités publiques.

Le président de la République veut « réparer » « le lien entre l’Eglise et l’Etat » et le ministre de l’Education nationale veut interdire aux femmes musulmanes portant un voile d’accompagner les sorties scolaires. Après avoir nommé le énième comité théodule sur la laïcité dont la composition partisane n’a pas manqué de produire ses premiers effets si l’on en juge par la retranscription de ses débats par Mediapart, le ministre s’en prend une nouvelle fois aux musulmans. Entre un président de la République qui tend la main aux catholiques, voire leur dicte leur attitude, et un ministre de l’Education nationale qui confond laïcité et exclusion, il est bien difficile de distinguer la logique qui guide nos autorités publiques.

Il ne faut pas s’y tromper, la nouvelle charge du ministre de l’Education nationale qui lelogo conduit à se priver du concours de parents d’élèves parce qu’elles ne dissimulent pas leur manière de vivre leur foi musulmane n’aura pas d’autres effets, au-delà de rendre plus difficile l’accompagnement des sorties scolaires, que de renforcer les préjugés contre nos concitoyennes musulmanes et de les mettre un peu plus à l’écart de la communauté nationale.

Quoi de plus radical, quoi de plus humiliant que de se voir signifier que votre foi est incompatible avec le fait d’être mise en présence d’enfants, de ses enfants ?

On pourra gloser à l’infini sur les débats juridiques qui amèneraient, selon certains, à admettre ce signe dans les établissements scolaires lorsque ces femmes siègent dans leurs instances mais à leur interdire le même signe lorsqu’elles sont dans la rue avec des enfants. Ce qui est ici en cause, ce n’est pas seulement un débat juridique, largement biaisé depuis la loi de 2004, c’est tout simplement notre capacité à admettre l’altérité et à avoir confiance en la force de nos principes.

On peut penser, et dire, tout le mal que l’on veut du voile et de son signifiant. Comme on peut dire tout le mal que l’on veut du rapport aux femmes de l’Eglise catholique, des juifs qui prient séparés, comme les musulmans, etc. Au jeu de la critique des religions et de leurs pratiques, aucune d’entre elles n’y échappe.

Mais en tirer comme conséquence qu’il faut exclure de la vie sociale ceux et celles qui acceptent les règles de leur foi sans pour autant violer les règles communes, c’est entrer dans le processus dangereux de la construction d’une fausse « foi laïque » qui s’imposerait à tous. Non comme une règle de fonctionnement mais comme une opinion obligatoire.

Demander à la mère d’une des victimes de Merah d’ôter son voile lorsqu’elle vient expliquer à des élèves pourquoi en tant que musulmane elle n’accepte pas les agissements de l’assassin de son fils est tout simplement glaçant et imbécile.

Cela revient, en effet, à nier jusqu’à l’identité de cette femme tout en lui signifiant que sa foi est incompatible avec le refus de la monstruosité qui lui a été infligée.

En adoptant cette posture, le ministre de l’Education nationale ne peut ignorer qu’il donne ainsi satisfaction à une forme de rejet des musulmans qui n’a déjà que trop d’échos en France comme en Europe.

Qu’il le fasse dans le cadre de l’école, là où un enfant se verra expliquer que sa mère n’est pas digne de lui tenir la main ou celle de ses copains en raison de sa manière de pratiquer sa religion, c’est faire de la discrimination une règle et organiser le ressentiment.

Michel Tubiana   (le 20 avril 2018)

Président d’honneur de la Ligue des droits de l’Homme (LDH)

Pas d’enfants en centres de rétention !

TRIBUNE COLLECTIVE « PAS D’ENFANTS EN CENTRES DE RÉTENTION » PUBLIÉE DANS LIBÉRATION

Tribune collective, signée Malik Salemkour, président de la LDH et Françoise Dumont, présidente d’honneur de la LDH

A l’heure du débat sur la loi asile et immigration, la France doit respecter et protéger les droits de l’enfant. En 2017, plus de 300 mineurs ont été enfermés et ce chiffre ne cesse d’augmenter.

[Extrait] Beaucoup de voix s’élèvent aujourd’hui pour demander que la France respecte les droits de l’enfant en mettant fin à la rétention des mineurs et de leur famille et en remplaçant l’enfermement des enfants par leur protection. Nous attendons qu’au moment du débat sur la loi asile et immigration, les parlementaires – tous les parlementaires – assument leurs responsabilités et s’engagent dans cette voie. C’est la crédibilité de la France en termes d’«humanité» et de défense des droits de l’enfant qui se joue là.

LIRE LA TRIBUNE

Signataires:

Boris Cyrulnik, neuro-psychiatre, directeur d’enseignement université de Toulon; Françoise Dumont, présidente d’honneur de la Ligue des droits de l’Homme; Colette Duquesne, présidente de Défense des Enfants International- France (DEI-France); Roland Gori,psychanalyste, professeur honoraire des Universités, président de l’appel des appels; Geneviève Jacques, présidente de la Cimade; Pierre Joxe, magistrat honoraire, avocat au barreau de Seine-Saint-Denis; Servane Legrand, psychologue clinicienne en protection maternelle infantile (PMI), présidente de l’A.NA.PSY.p.e; Marie Rose Moro,professeur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, Université Paris Descartes; Vanina Rochiccioli, présidente du Gisti; Malik Salemkour, président de la Ligue des droits de l’Homme; Françoise Sivignon, présidente de Médecins du Monde; Pierre Suesser,pédiatre en protection maternelle et infantile, co-président du syndicat national des médecins de PMI

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Jeudi 19 avril – manifestation à 10H30 place de Catalogne à Perpignan à l’appel de la CGT-66,  de Solidaires-66, de la FSU-66, de la CNT,…

Dans le cadre de la journée nationale de manifestations et de grève interprofessionnelle public-privé  du 19 avril 2018 à l’initiative de la CGT, les salarié(e)s avec ou sans emplois, les jeunes, les retraité(e)s sont appelés à manifester tous ensemble, à 10H30 place de Catalogne à Perpignan à l’appel de la CGT-66, Solidaires-66, FSU-66, CNT-SO,…une première étape dans le processus de convergence des luttes face à la politique anti-sociale et répressive de Macron.

Tract de la CGT-66     Appel de Solidaires-66   Appel de la FSU-66   Appel de la CNT-SO 

Pour la LDH, les droits sociaux (emploi, statut, salaire, éducation, retraite,…) font partie intégrante des Droits de l’Homme , c’est pourquoi elle soutient les mobilisations sociales de ce printemps 2018.

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