La mobilisation pour la grève générale du 5 décembre contre le projet de réforme des retraites

La mobilisation pour le 5 décembre contre le projet de réforme des retraites (qui met à mal le système de retraite par répartition, conquête de la Libération, basé sur la solidarité entre générations) s’élargie à d’autres secteurs : Gilets jaunes, poste, EDF, éducation, justice, transport urbain, routiers,…  Aujourd’hui plusieurs assemblées générales du mouvement étudiant contre la précarité appellent à la journée du jeudi 5 décembre. Pour la CGT et FO cette grève est reconductible.

Ci-dessous l’appel unitaire à la grève du 5 décembre 2019 (CGT, FO, FSU, Solidaires, FIDL, MNL, UNL, UNEF) et un article paru dans liberation.fr à partir de l’AFP.

Jeudi 5 décembre :

Toutes et tous en grève et dans l’action !

CGT, FO, FSU, Solidaires, FIDL, MNL, UNL, UNEF

Les organisations syndicales et de jeunesse s’engagent à construire un plan d’action contre le projet de réforme de retraites par points et pour gagner un renforcement, une amélioration du système actuel de retraites solidaire et intergénérationnel.

L’émergence et la construction de luttes dans les différents secteurs professionnels, montrent la nécessité d’apporter des réponses aux salarié-es en termes d’emploi, de salaires, d’égalité entre les femmes et les hommes, de conditions de travail… Autant de sujets qui sont étroitement liés aux questions de la retraite et que l’actuel projet de réforme gouvernemental aggravera.

Les organisations vont initier et impulser des assemblées générales sur les lieux de travail et d’études, des débats publics sur tout le territoire, des interpellations des élu-es locaux et nationaux, des initiatives de sensibilisation de toute la population pour échanger sur la réforme et sur les modalités d’actions et de riposte collective.

Les organisations syndicales et de jeunesse (CGT, FO, FSU, Solidaires, FIDL, MNL, UNL, UNEF) appellent l’ensemble des salarié-es du secteur privé comme du secteur public, des retraité-es, des privé-es d’emploi, des jeunes, a une 1ère journée de grève interprofessionnelle le jeudi 5 décembre 2019.

Appel des fédérations CGT, UNSA, SUD-Rail à la grève reconductible le 5 décembre 2019

POUR NOS RETRAITES
POUR NOS CONDITIONS DE TRAVAIL ET NOS EMPLOIS
EN GRÈVE À PARTIR DU 5 DÉCEMBRE !

Les Organisations Syndicales Représentatives, réunies en inter-fédérale le jeudi 14 novembre 2019, ont partagé la nécessité d’organiser une riposte face aux nombreuses attaques lancées contre les salariés du ferroviaire.

Elles appellent les cheminots à se mobiliser massivement à partir du 5 décembre.

Dans l’unité, exigeons du gouvernement l’abandon de son projet sur les retraites et la prise en compte de nos revendications au niveau de la branche et de la SNCF.

NOS RETRAITES SONT ATTAQUÉES !

Le projet de retraites par points du gouvernement Macron s’attaque aux retraites de l’ensemble des salariés : les régimes spéciaux comme le régime général sont ciblés. Au-delà des menaces sur le moment auquel nous pourrions partir en retraite, tout-e-s les salarié-e-s subiraient une baisse très importante du montant de leur pension ! Les différentes simulations réalisées sur la base du rapport Delevoye prévoient en effet des baisses de pensions de 200, 400, 600€ par mois selon les situations ! Ce n’est pas admissible !

C’est sans compter sur la baisse prévisible du montant du point de retraite, en imposant une « règle d’or » qui limite la part des pensions à 14% du PIB. Avec la forte progression à venir du nombre de retraités, les pensions des retraités seraient encore diminuées !

UN CADRE SOCIAL TOTALEMENT REMIS EN CAUSE !

Avec la mise en oeuvre au 1er janvier 2020 de la Loi « nouveau pacte ferroviaire », la direction SNCF souhaite remettre en cause l’essentiel de notre contrat social, aussi bien avec l’éclatement en Sociétés Anonymes que dans le cadre de la négociation de la convention collective rémunération, métiers, protection sociale, emploi, externalisation, facilités de circulation, fin du Statut, avenir des lignes et du Fret, etc., l’État a décidé de ne rien nous épargner.

C’est le moment d’imposer d’autres choix ! La colère sociale est montée d’un cran supplémentaire ces derniers mois. Le nouveau Président de la SNCF doit répondre, en urgence, aux revendications.

Les fédérations syndicales CGT, UNSA, SUD-Rail ont déposé un préavis de grève reconductible par périodes de 24 heures, à compter du 5 décembre 2019. Elles appellent les cheminots à s’inscrire massivement dans la grève et à participer aux assemblées générales pour débattre du niveau de mobilisation, des négociations et des suites à donner.

Elles s’organisent pour donner des éléments d’appréciation nationaux.

Publié sur liberation.fr

MOBILISATION

Qui appelle à la grève le 5 décembre ?

Transport, écoles, justice… Beaucoup de secteurs seront touchés par la grève interprofessionnelle du jeudi 5 décembre. On fait le point.

La journée d’action du 5 décembre génère bien des commentaires avant même d’avoir eu lieu. «Corporatiste» pour le gouvernement, «solidaire» pour l’opposition de gauche, elle agrège les colères de bien des secteurs différents. Libération fait le point – évolutif – sur les appels à grève connus.

Transports

Au départ, il s’agit bien d’une grève dont le jour a été choisi par une intersyndicale de salariés de la RATP. Libération le rappelle, après une mobilisation réussie le 13 septembre contre la réforme des retraites, cinq syndicats de la régie (Unsa, FO, CGC, Solidaires et SUD) décident d’une nouvelle date avec trois critères en tête : laisser au gouvernement le temps de réagir à la mobilisation du 13 septembre, laisser aux autres organisations le temps de se joindre au mouvement, attendre que les salariés aient touché leur 13mois pour pouvoir tenir financièrement. La date du 5 décembre est ainsi retenue. La CFE-CGC s’est jointe au mouvement.

Cet exemple a été suivi à la SNCF, où la CGT, Unsa, SUD rail et la CFDT cheminots ont déposé un préavis de grève. Chez Air France, 11 syndicats appellent au mouvement. Ils sont imités par l’Usac-CGT à la direction générale de l’aviation civile.

Plus globalement, dans tout le secteur des transports, la CGT, FO, SUD et Solidaires appellent à cesser le travail à partir du 5 décembre.

Jeunesse et éducation

Une partie des organisations étudiantes et lycéennes ont dégainé très tôt dans le cadre d’un appel interprofessionnel autour de la confédération CGT, Solidaires, FSU et FO. On trouve notamment l’Unef, la FIDL, UNL, MNL, Solidaires… La Fage, syndicat majoritaire, laisse ouverte la possibilité de sa participation.

Les jeunes sont épaulés par leurs enseignants du primaire, du secondaire comme du supérieur par le biais de plusieurs organisations syndicales comme le SNE, le Snuipp, le Snes-FSUl’Unsa, le SNPTES, La Ferc-CGT, le SNCS, etc.

Justice et police

Le Conseil national des barreaux appelle à une journée «justice morte». Dans le même temps, le syndicat national de la magistrature au sein d’une intersyndicale (syndicat des avocats de France, CGT, Snepap-FSU, Solidaires, SNPES-PJJ) appelle aussi à la grève.

Alliance police nationale a déjà annoncé des actions symboliques le 5 décembre, comme la fermeture de commissariats hors urgences. L’Unsa police, elle, évoque la possibilité d’une mobilisation.

Gilets jaunes, Poste, EDF…

D’autres secteurs se sont greffés au mouvement des transports. Les gilets jaunes ont décidé de «se mobiliser fortement» le 5 décembre, lors de leur assemblée des assemblées de Montpellier. Des mouvements sont aussi annoncés à la PosteEDF, au syndicat du livre, dans l’agroalimentaire, le jeu vidéo ou encore la fonction publique territoriale. Bref, il s’agit d’un réel mouvement interprofessionnel.

Le bureau national de la CFDT n’appelle pas à la grève. Laurent Berger l’a confirmé à l’Obs. Mais certains syndicats de la confédération le font en leur nom propre comme la CFDT Cheminots (déjà évoquée) ou le Sgen-CFDT Auvergne.

Hôpital

L’hôpital est très mobilisé depuis plusieurs mois maintenant. Des journées d’action sont prévues les 30 novembre et 10 décembre. La convergence avec la lutte du 5, voulue par la CGT, n’est pas actée.

JEUDI 28 NOVEMBRE À 18H30 : film-débat – « Perdus entre deux rives – Les chibanis oubliés »

JUSTICE POUR LES CHIBANIS !
(SALARIÉS RETRAITÉS ÉTRANGERS)

Des conditions de vie précaires
Les retraités étrangers ont été dans leur grande majorité recrutés dans leur pays d’origine dans
les années soixante, pour satisfaire un besoin de main d’œuvre bon marché, lié à l’essor économique
de l’époque. Premières victimes des crises successives, souvent au chômage, ils sont devenus la
proie de patrons sans scrupules qui les ont exploités et ne les ont pas déclarés. À la fin de leur vie
professionnelle, ils perçoivent des retraites dérisoires et ne survivent que grâce aux aides sociales.
Des contraintes difficilement supportables.

Mais ces aides sont soumises à des conditions strictes et complexes. Les allocations logement
exigent une présence sur le territoire de huit mois au moins par an, l’allocation vieillesse de six
mois, l’allocation handicapée de neuf mois. Les vieux retraités s’y perdent. D’autant plus qu’ils sont
victimes de contrôles administratifs abusifs et tatillons, toujours à charge, et sans possibilité de
contestation. Avec pour conséquence des réclamations de remboursement d’indus qui aggravent
leurs conditions matérielles d’existence.

Un avenir sans perspective
Corsetés par une réglementation sévère, les chibanis sont ainsi condamnés à vieillir et à mourir
en France, loin de leurs familles, avec pour seule consolation des voyages limités au pays. En 2016,
l’instauration d’une allocation de réinsertion familiale et sociale a soulevé bien des espoirs. Très
avantageuse pour l’État français, elle se substitue au minimum vieillesse (quoique très inférieure) et
fait l’économie des allocations logement. En effet, elle permet le retour définitif parmi les siens.
Hélas… elle est réservée aux seuls occupants de foyers de travailleurs ! Discrimination absurde par
le logement qui frappe la grande majorité des chibanis.

La loi doit évoluer :
◘ Droit de justification et de contradiction face aux contrôles administratifs.
◘ Effacement de la dette des indus, très souvent le fruit de la complexité des règlements.
◘ Harmonisation des obligations de présence sur le territoire : six mois pour toutes les
aides sociales.
◘ Pour les volontaires, extension de l’aide à la réinsertion pour tous les chibanis.

Il y a 10 ans, grâce à la large mobilisation des chibanis et du Collectif « SOS chibanis », beaucoup
d’entre eux avaient retrouvé leurs droits. Il est urgent aujourd’hui de nous remobiliser pour soutenir
leurs revendications, pour une retraite digne et le droit à vieillir auprès de leurs familles s’ils le
souhaitent.

Pour reconstruire cette solidarité, le collectif « SOS chibanis » et ses soutiens vous invitent à la projection du film:

Perdus entre deux rives – Les chibanis oubliés, suivie d’un débat
JEUDI 28 NOVEMBRE À 18H30
Maison des syndicats – UD CGT – Rue de la Garrigole à Perpignan

Le Collectif « SOS chibanis » est soutenu par : ASTI, CIMADE, LDH, Mouvement de la paix, MRAP, CGT, USR-CGT, CNT, FSU, Solidaires, EELV, Génération·s, FI, NPA, PCF

Pour tout contact : 09 67 25 01 47. Permanence : 7, rue Émile-Zola, 66 000 Perpignan, les lundi de 14h à 16h

L’annonce du plan hôpital ne change pas le climat dans les hôpitaux

Un des enjeux du mouvement des personnels dans les hôpitaux c’est le droit à la santé pour tou(te)s. A l’annonce du plan hôpital par le 1er ministre Philippe les acteurs du mouvement (collectif inter-hôpitaux, syndicats,…) parlent d’enfumage, de saupoudrage, de mesurettes… 

Publié sur francetvinfo.fr

Après l’annonce du plan hôpital, les réactions des élus et des syndicats sont mitigées

Alors que le gouvernement a annoncé des primes et des moyens supplémentaires pour l’hôpital, les mesures peinent à convaincre et à satisfaire pleinement. 

Le Premier ministre Édouard Philippe et la ministre de la Santé Agnès Buzyn ont dévoilé mercredi 20 novembre « un plan d’urgence » pour l’hôpital public. Il comprend des primes pour les personnels, une rallonge budgétaire et une reprise partielle de la dette des établissements.

>>> Crise à l’hôpital public : reprise de la dette, hausse du budget, primes… Ce qu’il faut retenir du plan annoncé par le gouvernement

L’objectif, selon le chef du gouvernement, est de « redonner de l’oxygène à la communauté des soignants », après huit mois de crise dans les hôpitaux publics. Par exemple, une prime annuelle de 800 euros net sera attribuée de manière « pérenne » à quelque 40 000 infirmiers et aides-soignants vivant à Paris et sa proche banlieue et gagnant moins de 1 900 euros par mois.

Un effort salué (seulement) par la fédération hospitalière

Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France, consent que le gouvernement apporte « une réponse très concrète, presque sonnante et trébuchante ». Selon lui, « il y a surtout l’engagement de l’Etat sur trois ans à sortir d’un système de financement totalement délétère. On sort de ces logiques d’économies pour les économies pour essayer de relancer l’attractivité et redonner de l’oxygène aux hôpitaux. » Frédéric Valletoux estime que « le gouvernement a pris la mesure de l’interpellation des hospitaliers ».

De son côté, Nicolas Daragon, maire Les Républicains de Valence et président du conseil de surveillance de l’hôpital de Valence, juge qu’un effort est bien consenti mais « ce n’est pas vraiment à la hauteur des attentes ». « Les annonces sont déconnectées de la réalité. La reprise d’un tiers de la dette c’est mieux que rien, mais est-ce vraiment le sujet ? a regretté Nicolas Daragon. Cela veut dire qu’on va dégager des marges de manœuvre extrêmement faibles dans les centres hospitaliers. »

Michel Tsimaratos, professeur à l’hôpital de La Timone à Marseille considère, lui, que « c’est une sorte d’enfumage » proposé par le gouvernement. Une réponse qui soigne l’administratif au lieu du personnel, juge Michel Tsimaratos. « L’attractivité n’est pas qu’une question d’argent, estime-t-il. C’est les conditions dans lesquelles on travaille, et rien dans ces propositions ne permet d’imaginer qu’on va changer les conditions dans lesquelles on travaille pour pouvoir restaurer l’attractivité, retrouver la vocation et redonner envies aux jeunes de s’installer à l’hôpital et aux plus vieux d’y rester. »

« Du saupoudrage » selon le collectif inter-hôpitaux

Le porte-parole du collectif inter-hôpitaux, Antoine Pelissolo, insiste : « les revalorisations doivent concerner tous les personnels. » Cette prime de 800 euros nets aux infirmiers et aides-soignants vivant à Paris est « du saupoudrage sur des catégories distinctes ». Antoine Pelissolo rappelle que « les primes, ce n’est pas pérenne et cela ne compte pas dans la retraite. »

Il attire l’attention sur la situation d’autres personnels comme les assistantes sociales ou les psychologues qui ont « des très bas salaires et dont les postes ne sont pas attractifs ». Selon lui, « c’est vraiment l’urgence et c’est comme cela qu’on pourra sauver l’hôpital. Ce qui est proposé c’est de sauver les finances, un aspect un peu comptable via la dette, mais cela n’a pas d’effet direct sur le statut des personnels. »

Des syndicats dénoncent des « mesurettes »

« On est sur des mesurettes ! », réagit sur franceinfo Renaud Péquignot, chef du service de médecine et réadaptation des Hôpitaux de Saint-Maurice (Val-de-Marne) et président du syndicat Action Praticiens Hôpital. Il rappelle que « le budget hospitalier, c’est un peu plus de 80 milliards par an. Alors quand on nous annonce des 300 millions d’euros, on va sauver la vie de personne », selon lui. Il pointe que les tarifs des actes n’augmentent pas suffisamment par rapport à l’inflation. « Concernant la reprise de la dette, c’est presque rien », juge Renaud Péquignot. « C’est une goutte d’eau qui ne répond absolument pas au problème réel des soignants aujourd’hui, qui ont une paie bloquée depuis 10 ans, qui fait que les gens ne viennent plus. »

Pour le syndicat SUD-Santé à l’AP-HP, « le compte n’y est définitivement pas ». Selon le secrétaire général Olivier Youinou, il s’agit plutôt d’« un plan de communication, à une stratégie de division dans la crainte sûrement que la convergence des colères et des luttes se fasse en cette fin d’année ». Un sentiment partagé par Thierry Amouroux, porte-parole du syndicat national des professionnels infirmiers. « On se moque complétement de nous ! », a-t-il lancé sur franceinfo. « Nous ce que l’on demande c’est être revalorisé à hauteur de nos compétence et nos responsabilités. On ne demande pas une prime d’accès aux logements pour les gens de banlieue parisienne », conclut-il.

« C’est un plan de soins palliatifs »

« Ce plan est un plan de soins palliatifs, estime quant à lui Olivier Falorni, député divers gauche de la 1re circonscription de Charente-Maritime. L’idée de proposer des primes plutôt qu’une revalorisation des carrières et donc des salaires est une mauvaise idée. On sait bien qu’il y a l’effet d’aubaine : on prend la prime et après on s’en va au bout de deux ou trois ans. Il y a deux impératifs pour résoudre la souffrance profonde de l’hôpital public : la revalorisation des salaires, indispensable. Et puis la fin de la facturation à l’acte : un système particulièrement pervers et dont on a vu les effets depuis plusieurs années. »