Couvre-feu à Béziers : un mort! Communiqué de l’Association des travailleurs Maghrébins en France

La police municipale de Béziers a arraché la vie à Mohamed GABSI

Ce mercredi 8 avril, Mohamed Helmi Gabsi, 33 ans, a été arraché à ses trois enfants et à sa famille. Il nous a quittés malgré lui, avec comme dernières images, des violences de policiers municipaux et ses appels de détresse.

Après un transport musclé, le poids d’un policier assis sur lui, face à terre, tout au long du trajet menant au commissariat, il expirera son dernier souffle. Pour qui allaient ses dernières pensées, alors qu’il sentait la vie l’abandonner ? Sans conteste à ses enfants. Ceux-là même qui auront pour unique lègue, l’histoire d’un père à qui une autorité publique a ôté la vie. Nous partageons profondément la douleur de sa famille.

Mohamed n’a pas mérité de mourir si jeune.

Mohamed n’a pas mérité de mourir de cette façon.

Mohamed n’a pas mérité de mourir pour cette raison, ne pas avoir respecté le confinement.

Mohamed n’a pas mérité de mourir, parce qu’il est pauvre, parce qu’il est SDF, parce qu’il a des antécédents.

Mohamed est un humain. Mohamed est un citoyen. A ce titre, le respect de sa vie lui était dû. 

« La sécurité, c’est la première preuve d’amour qu’on doit au peuple », a déclaré Robert Ménard, allié du Rassemblement National, Maire de Béziers, une des villes les plus pauvres de France. Il doit assumer la responsabilité d’avoir triplé et armé la police municipale.

Nous demandons justice, pour Mohamed, pour ses enfants et pour sa famille et amis. Nous les assurons de notre soutien inconditionnel.

Nous demandons justice, pour tous ceux qui sont stigmatisés, mal traités, réprimés et jetés à la vindicte de la haine raciale, pendant cette pandémie.                                                                                                                                                                                                                                                Paris 12 avril 2020

Contrôlé par les policiers municipaux après le couvre-feu à Béziers, un homme meurt au commissariat- LA LDH réagit

Les exactions policières s’aggravent avec le couvre feu: contrôlé par les policiers municipaux après le couvre-feu à Béziers, un homme meurt au commissariat. La LDH réagit et dénonce des modalités d’interpellation « disproportionnées ».

Publié sur le monde.fr  Le Monde avec AFP Publié le 09 avril 2020 

Le trentenaire aurait « refusé le contrôle » puis « résisté » à son interpellation. Selon la Ligue des droits de l’homme, la victime était une « personne sans domicile fixe ».

Un homme d’une trentaine d’années est mort au commissariat de police de Béziers (Hérault), mercredi 8 avril au soir, peu après son interpellation. Le parquet a ouvert une enquête pour « homicide involontaire » après la mort de cet homme de 33 ans qui aurait, selon les policiers municipaux, « refusé leur contrôle ».

« Il est inadmissible qu’en France une personne décède du fait de sa pauvreté et de sa grande vulnérabilité sociale et de la mise en place de mesures d’exception comme le couvre-feu », a réagi la Ligue des droits de l’homme (LDH) de l’Hérault dans un communiqué, en affirmant qu’il s’agissait d’une « personne sans domicile fixe ».

L’homme est mort après avoir été transporté au commissariat par trois policiers municipaux. Ces derniers avaient procédé à son contrôle vers 22 h 20 mercredi dans les rues de Béziers, où un couvre-feu est en vigueur à compter de 21 heures, a précisé le procureur, Raphaël Balland.

Assis sur l’homme contrôlé pendant le transport

Le décès du trentenaire a été constaté vers 23 h 30 par un médecin du service d’urgence mobile et de réanimation (SMUR), « après plus de trois quarts d’heure de tentative de réanimation dans les locaux du commissariat de police de Béziers », ajoute M. Balland dans un communiqué.

Selon les déclarations des policiers municipaux, la victime aurait « refusé le contrôle, aurait adopté à leur encontre un comportement très agressif, justifiant selon eux de procéder à son interpellation ». Toujours selon les policiers municipaux, l’homme aurait alors « résisté fortement et longuement à l’interpellation » et il aurait été difficile de le menotter et « de le faire entrer à l’arrière du véhicule en le maintenant sur le ventre ».

« Un policier municipal se serait alors assis sur les fesses de l’individu encore très excité dans le but de le maintenir jusqu’à sa conduite » au commissariat, selon le récit du procureur. « Il se serait calmé au cours du bref transport, les trois policiers affirmant l’avoir entendu ronfler, leur laissant penser qu’il s’était endormi », a-t-il relaté. Mais, à leur arrivée dans la cour du commissariat, « l’individu interpellé était inconscient » et les gestes de secours prodigués par des policiers puis par les secours l’ont été « en vain ».

Autopsie prévue vendredi

La LDH héraultaise, dont un des membres était présent dans un logement adjacent, « a constaté une présence très importante de véhicules de police, au nombre de quatre (au moins) » qui bloquaient deux rues au moment de l’interpellation. Elle dénonce des modalités d’interpellation « disproportionnées »« Il devient urgent que les personnes sans domicile fixe soient prises en charge de façon humaine et adaptée », estime-t-elle.

Né à Béziers, une des villes les plus pauvres de France, la victime était sans emploi et père de trois jeunes enfants à la garde de leur mère, dont il était séparé. Selon le parquet, il était domicilié chez sa sœur. Il avait été condamné à huit reprises depuis 2005 pour des violences et des vols.

Dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, la loi du 23 mars 2020 permet aux agents de la police municipale, aux côtés des forces nationales, d’assurer le respect des mesures de confinement dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire.

Un policier municipal de Béziers (Hérault), en janvier 2015.

Lettre de la LDH-66 à Mr Chopin, Préfet des Pyrénées Orientales

Monsieur Chopin, Préfet des Pyrénées Orientales,

Nous avons appris par notre réseau de solidarité avec les personnes « sans papiers » du département, que les étrangers retenus dans le Centre de Rétention Administrative de Perpignan n’avaient pas tous été libérés – pour des raisons évidentes de sécurité sanitaire – , comme dans les autres CRA.

Nous vous demandons instamment d’en aviser l’autorité judiciaire locale, afin qu’elle pèse les graves conséquences que ce fait signifie pour ces personnes comme pour celles qui les ont approchées, et qu’elle juge en toute humanité pour une libération et un suivi médical.

Dans cette attente, nous vous prions d’agréer l’assurance de notre considération distinguée,

Les co-président.e.s de la LDH 66