Brésil : 100 000 femmes du monde rural manifestent contre la politique Bolsonaro

Bolsonaro est un nostalgique de la dictature militaire qui a duré plus de 20 ans au brésil entre 1964 et 1985. Son gouvernement d’extrême droite se singularise par une politique raciste, génocidaire, homophobe et destructrice de l’environnement. La LDH soutient évidemment les mouvements sociaux qui résistent à ces nombreuses agressions. Solidarité internationale avec toutes les résistances à Bolsonaro au Brésil !

 

Publié sur franceinfo.fr

  • avec AFP – Publié le 15/08/2019

Une centaine de milliers de femmes du monde rural ont participé mercredi à Brasilia, selon les organisateurs, à la traditionnelle « Marche des marguerites », qui a pris cette année la forme d’une protestation contre le président Jair Bolsonaro.

Cette « Marche des marguerites » a lieu tous les quatre ans en défense du monde paysan et des droits des femmes, dans un pays très affecté par les violences domestiques. Elle a aussi été l’occasion d’appels à la libération de l’ex-président Lula, emprisonné pour corruption.

Terres indigènes

Ces femmes ont protesté en matinée contre la politique gouvernementale d’extension de l’usage des pesticides et l’intention affirmée par Jair Bolsonaro d’autoriser l’exploration minière sur des terres indigènes ou dans des zones protégées. Des femmes membres de tribus autochtones de tout le Brésil qui avaient manifesté la veille dans la capitale pour dénoncer les « politiques génocidaires » du président d’extrême droite se sont jointes à la marche mercredi.

Haute lutte

Portant des pancartes « souveraineté du peuple », « Lula libre », ou réclamant un Brésil « débarrassé de la violence », les manifestantes ont défilé sur l’Esplanade des Ministères vers les abords du palais présidentiel du Planalto. L’ex-président de gauche Luiz Inácio Lula da Silva (2003-2010), purge depuis avril 2018 une peine de prison de huit ans et 10 mois pour corruption et blanchiment d’argent.

La majorité des manifestantes portaient des fleurs, des chapeaux de paille et des vêtements violets, couleur symbolique de cette marche de protestation. Dans des harangues, certaines ont dénoncé un Jair Bolsonaro « misogyne, raciste et homophobe ». « Nous vivons des temps difficiles avec un gouvernement qui nous attaque en permanence (…). Nous perdons des droits conquis de haute lutte », a témoigné auprès de l’AFP Juliana Joucoski, une enseignante de 43 ans de Curitiba (sud).

Les femmes au cœur des violences

« Les femmes sont au cœur de toute la violence au Brésil », a affirmé pour sa part Fabiana Nascimento, 42 ans, également enseignante, venue de l’Etat de Mananhao (nord-est), des marguerites en papier dans les mains. « Il faut dire ‘non’ à toute politique qui détruit les droits » de la population, ajoute-t-elle, « la situation dans les campagnes a empiré (…) Non n’avons jamais eu un président aussi peu respectueux de l’éducation ».

Il s’agit de la troisième manifestation à Brasilia en deux jours, un mouvement de protestation ayant également eu lieu mardi dans la capitale contre les coupes budgétaires dans l’éducation et la réforme des retraites, parallèlement à la manifestation des femmes indigènes.

«Ce n’est plus une colonisation israélienne, mais un seul État d’apartheid»

Publié sur blogs.mediapart.fr

Lundi, soixante-dix habitations palestiniennes ont été détruites à l’Est de Jérusalem pour des raisons de “sécurité”, créant un dangereux précédent. Entretien avec Jeff Halper, activiste israélien et co-fondateur d’ICAHD, qui lutte depuis 20 ans contre les exactions d’Israël et soutient la solution à un État.
Des habitants palestiniens devant leur maison pour empêcher sa destruction par les forces israëliennes. © ICAHDDes habitants palestiniens devant leur maison pour empêcher sa destruction par les forces israëliennes. © ICAHD

Selon Jeff Halper, anthropologue et activiste israélien, co-fondateur de l’organisation ICAHD, crée en 1997, l’intensification de la colonisation et de l’occupation israélienne a tué la solution à deux États. Avec de nombreux autres acteurs nationaux et internationaux, notamment des activistes et chercheurs palestiniens, ICAHD est partisan d’une solution à un État. Cela consisterait à démanteler le régime colonial d’apartheid qui a été imposé sur la Palestine historique. Il serait remplacé par un système démocratique qui repose sur une égalité civile complète, où le droit de retour des réfugiés palestiniens serait appliqué et accompagné d’aides et de compensations, dans un système qui reconnaît les crimes commis et entame la réconciliation.

Cette solution n’est, pour l’instant, pas saisie par les représentants politiques palestiniens et israéliens, ni par les puissances internationales; même si elle a ré émergé ces dernières années. Face à la destruction des soixante-dix habitations à l’est de Jérusalem, l’Europe a déclaré que la politique israélienne de démolition « affaiblit la viabilité de la solution à deux États et les perspectives d’une paix durable ». Du côté israélien, la solution à un État démocratique, supprimerait la suprématie juive sur le territoire. Cela signifierait la fin de l’idée d’un foyer exclusivement juif et du droit d’autodétermination des Juifs. L’avantage démographique serait du côté palestiniens et se ressentirait lors des suffrages.

Au niveau international, malgré les discours pro palestinien en Europe et dans les pays arabes, personne ne semble vouloir se mouiller et repenser le statu quo actuel. La question politique est écartée et laisse place à l’aide humanitaire. Les intérêts économiques et géopolitiques et le droit de veto du Conseil de Sécurité des Nations-Unies bloque toutes propositions d’intervention pour faire appliquer le droit international. Le dévoilement en juin dernier du plan économique de cinquante milliards de dollars des États-Unis a été très mal reçu par les palestiniens qui estiment qu’il ne peut y avoir de prospérité économique sous l’occupation. Ils estiment qu’insister sur la prospérité économique normalise l’occupation, et qu’il faut d’abord régler le problème politique.

Le volet politique du plan des États-Unis devrait être dévoilé à l’automne. L’élection de Trump instaure un contexte particulièrement défavorable aux Palestiniens. L’Ambassade américaine a été déplacée à Jérusalem, reconnaissant de facto la ville comme capitale “éternelle et indivisible” d’Israël et justifiant l’occupation de Jérusalem-Est. Le plan économique américain arrive après le retrait de plus de 500 millions de dollars d’aides américaine à la Palestine, la fin du financement américain de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens et de nombreuses décisions en faveur d’Israël. Le président américain Trump est persuadé qu’il arrivera à une solution à deux États.

Entretient avec Jeff Halper.

Comment le gouvernement israélien justifie-t-il la destruction d’habitations ?

La sécurité. C’est le maître mot. Il y a une manipulation de la peur pour justifier les crimes commis et l’Autorité Palestinienne, l’Europe et l’ONU ont dénoncé ces destructions. Le ministre israélien de la Sécurité Intérieure, des Affaires stratégiques et de l’information, Gilad Erdan, a déclaré que les habitations trop près du mur étaient illégales et constituaient un danger pour l’exercice des forces armées. Pourtant, cette partie du territoire est en zone A, zone exclusivement sous le contrôle de l’Autorité palestinienne. Surtout, le mur est illégal au regard du droit international. Il n’y a pas de fondement juridique à une telle opération, mais un ordre militaire de 2011 qui interdit la construction d’habitations palestiniennes à moins de 250 mètres du mur. Long de plus de 700 kilomètres, si toutes les habitations palestiniennes proches du mur sont sous ordres de démolition, les conséquences seront désastreuses pour les palestiniens.

« Quand les habitations sont détruites, les palestiniens n’ont aucun recours. Ils ne sont parfois même pas prévenus, n’obtiennent aucune compensation et peuvent même recevoir une contravention. »

Il est très rare qu’ils obtiennent un permis de construire et les ordres de démolition sont souvent justifiés par une accusation de construction illégale. Concernant les anciennes habitations, les palestiniens ne possèdent parfois pas de permis de construction formel et se retrouvent aussi dans l’illégalité. Les procédures d’enquêtes pénales ne donnent rien. Une fois leur habitation détruite, les familles sans logements et ayant souvent investi tout leur argent dans la construction, doivent se débrouiller seules. Elles vont le plus souvent habiter avec leurs proches dans des logements en forte promiscuité.

Un bulldozer israélien détruit une habitation palestinienne. © ICAHDUn bulldozer israélien détruit une habitation palestinienne. © ICAHD

Dès 1967, Israël a “zoné” Jérusalem-Est, en consacrant des “zones vertes” bloquants de facto la construction d’habitations palestiniennes. Cette interdiction est contournée quand il y a une volonté de construire une colonie israélienne. Au conseil de planification urbaine, les israéliens sont les seuls à décider. Aujourd’hui, 40 % de la population de Jérusalem est palestinienne, mais seulement 8 % des territoires urbains leur sont accordés.

Pourquoi la solution à deux États est-elle obsolète ?

Factuellement aujourd’hui il n’y a pas deux États. Il n’y a plus qu’un État qui impose son pouvoir arbitraire sur tout le territoire. À la colonisation intense et l’occupation militaire, s’ajoutent la construction d’autoroutes ségréguées, les centaines de checkpoints, le mur d’apartheid, les bases militaires et les clôtures.

« À ce titre, Jérusalem-Est, la Cisjordanie et Gaza, sont réduits à de minuscules cantons isolés, qui ne peuvent pas être considérés comme un État palestinien. »

L’autorité palestinienne n’a pas de réel pouvoir, il n’y a aucune continuité territoriale palestinienne et la Cisjordanie est complètement morcelée. Israël contrôle les dépenses publiques, et l’armée exerce une occupation militaire illégale et arbitraire sur le territoire palestinien.

En France, il arrive d’entendre dans les médias ou ailleurs, qu’il est normal qu’Israël détruise et tue parce que c’est une guerre et que si elle ne le fait pas, c’est elle qui sera anéantie. Que répondez-vous à cela ?

Ce n’est pas une guerre, ni un conflit. Pour qu’il y ait conflit, il faut qu’il y ait deux côtés et qu’il y ait négociation. Or là, il y a une colonisation unilatérale de peuplement, comme les Français en Algérie. Il n’y a pas eu de demande préalable. Des colons sionistes ont conquis le territoire, les palestiniens ont été déplacés et leurs droits bafoués. Aujourd’hui y a une asymétrie de pouvoir, qui empêche de construire des négociations sur un rapport de force équilibré.

“Le pouvoir est du côté israélien et la volonté du gouvernement est de « judéiser » le pays et de le « désarabiser ».”

Le mot “terroriste” n’est pas juste, car il est seulement appliqué aux acteurs non-étatiques et pas à l’État d’Israël. Concernant la violence entre les deux peuples, de fait, dans plusieurs territoires en Israël, juifs et arabes cohabitent. Même si dans l’État israélien actuel, les arabes israéliens sont oppressés, dans un État de droit, il n’y a pas de contradiction à une telle cohabitation.

Pourquoi avoir quitté les États-Unis et fondé une association israélienne non violente ?

J’ai quitté les États-Unis, car j’étais opposé à l’élection de Nixon et à la Guerre du Vietnam. J’ai immigré en Israël, qui était pour moi un autre “front de la révolution”.

“Je ne suis pas un sioniste désillusionné et je ne me vois pas comme un colon non plus. J’estime qu’il y a un lien entre les Juifs et cette terre, mais je m’oppose fermement au sionisme et à un État d’apartheid exclusivement juif.”

Je condamne le processus de colonisation de peuplement mené par Israël depuis 1948 au détriment des palestiniens. Je suis persuadé que les Arabes palestiniens et les Juifs peuvent cohabiter sur ce territoire dans un État de droit.

J’ai co-fondé ICAHD (The Israeli Committee Against House Demolitions). C’est une organisation israélienne et pas palestinienne, car en tant qu’Israéliens nous nous devions de prendre la responsabilité de ce qu’il se passait dans notre pays. Nous travaillons spécifiquement contre la démolition des habitations. En partant de ce problème, cela nous permet de porter une réflexion plus large sur la stratégie israélienne de colonisation.

“Ce n’est pas aux Palestiniens de venir reconstruire leurs maisons mais c’est à nous, Israéliens, de nous y opposer et de tenir notre gouvernement responsable.”

Nous travaillons main dans la main avec les Palestiniens. Notre action est non violente, parce qu’au bout du compte, nous devons vivre ici ensemble et la violence nous transforme en ennemis. Utiliser la violence rendrait notre objectif plus difficile à atteindre, cela augmenterait le niveau de haine. Notre approche non-violente est moins philosophique, que tactique. Pour autant, nous nous opposons physiquement aux bulldozers israéliens en occupant les lieux de destruction et en reconstruisant les habitations. Nous documentons les exactions d’Israël et exerçons un plaidoyer international. La situation ne viendra pas de l’intérieur. Il n’y a que très peu d’Israéliens, quelques milliers, qui s’opposent fermement aux exactions d’Israël. C’est pour ça qu’il faut exercer une pression internationale. L’Europe ne finance plus nos projets, car nous sommes politiques. Elle joue contre nous.

 « Avec nos partenaires palestiniens, nous avons choisi de ne pas basculer dans l’humanitaire ou le développement, car nous ne voulons pas normaliser la situation d’Apartheid. Nous ne recevons plus de subventions de l’Europe »

Comme beaucoup d’organisations politiques, nous avons fermé nos bureaux. Nous n’avons plus de salariés, nous sommes juste des activistes.

Quelles sont vos relations avec vos partenaires palestiniens ?

Nous avons créé une vraie relation de confiance avec eux. En 1997, quand nous avons commencé comme activistes, nous ne connaissions pas bien les Palestiniens.

“Parce que nous sommes les oppresseurs c’est une relation complexe.”

Cela pourrait être facile pour nous qui avons le pouvoir, l’argent et dont l’habitation n’est pas menacée; d’imposer nos solutions. Nous pourrions hausser le ton et laisser nos partenaires palestiniens nous dire oui, parce qu’ils n’oseraient peut-être pas nous dire non.

“Nous avons appris à les écouter, à leur donner du pouvoir et à perdre du nôtre. Nous ne voulons pas les déposséder de leur combat et y nuire.”

Par exemple, il arrive qu’ils nous disent que nous ne devrions pas mener d’actions cette semaine là. Même s’ils ne nous expliquent pas pourquoi. Nous savons que c’est un signal et qu’il faut les écouter. Nous ne savons pas ce qu’il se passe dans leur environnement, s’il y a de la peur, ou si quelqu’un dans leur communauté est hostile à notre intervention. Nous ne les obligeons pas à tout partager avec nous. Il s’agit de faire preuve d’une grande sensibilité.

Petite fille dans les gravas d'une habitation palestinienne détruite. © ICAHDPetite fille dans les gravas d’une habitation palestinienne détruite. © ICAHD

Pas de fachos dans nos quartiers ! (Par la CGT)

PUBLIÉ LE 29 MAR 2019 sur le site de la CGT

Pas de fachos dans nos quartiers !
PUBLIÉ LE 29 MARS 2019
Des militants « Génération identitaire » ont occupé ce matin, 29 mars, le toit de la CAF de Bobigny (Seine-Saint-Denis), banderole haineuse et slogans xénophobes à l’appui.

Cette organisation d’extrême droite, dont les thèses sont proches de celles revendiquées par le tueur islamophobe de Nouvelle Zélande tente d’instrumentaliser les difficultés sociales pour asseoir un projet politique clairement raciste et fasciste.

Les organisations syndicales de la Seine-Saint-Denis, qui sont intervenues sur les lieux, affirment, dans un communiqué, que « l’extrême droite sous toutes ses formes n’a pas sa place dans notre république, qu’elle s’attaque aux plus faibles tout en étant l’amie des puissants et l’ennemi de ceux qui se battent pour la justice sociale ! ».

Elles vont envoyer un courrier demandant la dissolution du groupuscule au Procureur et au Préfet de Seine-Saint-Denis et organisent un rassemblement de tous ceux « qui se reconnaissent dans les valeurs anti racistes, dans l’engagement pour le progrès la justice sociale et le vivre ensemble » ce mercredi 3 avril 2019, à 12h30, sur le parvis de la Préfecture, Esplanade Jean Moulin à Bobigny.