« L’impact sanitaire du changement climatique menace d’annuler les progrès du XXe siècle »

Publié sur lemonde.fr

L’élévation de la température due au réchauffement de la planète provoque une dégradation de la santé humaine qui ne fera qu’empirer, alerte le médecin Jean-David Zeitoun dans une tribune au « Monde ». Il plaide pour des mesures drastiques.

Tribune. En 1861, le physicien irlandais John Tyndall montrait que les émissions de CO2 d’origine humaine piégeraient l’énergie solaire dans l’atmosphère, ce qui élèverait la température. Il décrivait l’effet de serre. Depuis, la science climatique a largement confirmé cette prédiction. Les données récentes indiquent que le réchauffement mondial se concrétise plus vite que prévu. Les conséquences qui avaient été anticipées procèdent maintenant de l’observation quotidienne : températures plus élevées mais aussi montée des océans et phénomènes extrêmes, à savoir des sécheresses et incendies, des précipitations massives et inondations. Les effets de cette dégradation du climat sur la santé humaine relèvent de la même évidence mais sont gravement sous-médiatisés.

Les canicules créent un stress thermique qui augmente les décès cardio-vasculaires et par accident cérébral, ainsi que la morbidité respiratoire par pollution à l’ozone. L’élévation moyenne de la température – hors canicules – augmente aussi le risque d’asthme et d’allergies, dont la fréquence a plus que doublé en vingt ans.

Plusieurs maladies microbiennes, encore appelées tropicales mais peut-être pas pour longtemps, vont nous affecter. Il peut s’agir de maladies vectorielles, c’est-à-dire véhiculées par des insectes, comme la maladie de Lyme, le chikungunya ou même la dengue. Ou de pathologies liées à l’eau (choléra) ou à l’alimentation (salmonelles) car la sécurité alimentaire sera touchée. Rappelons aussi que la chaleur augmente le risque d’antibiorésistance, qui est une question déjà critique. On pourrait rajouter les retombées psychologiques, avérées à la suite d’événements extrêmes, ainsi que le risque de disruption sociale liée aux tensions, aux migrations voire aux conflits.

Ceci ne représente que ce que nous connaissons car il y a ce que nous ne savons pas, les fameuses « inconnues inconnues ». Plusieurs experts estiment que de nouveaux risques émergeront, correspondant à des maladies que nous ne saurons pas traiter. L’énormité du problème le rend littéralement existentiel. Compte tenu de l’inertie du système climatique – quoi que nous fassions, la météo et le climat vont continuer de changer pendant plusieurs décennies –, l’impact sanitaire est déjà partiellement inévitable et irréparable. Il menace d’annuler et surtout d’inverser les progrès du XXe siècle qui se traduisent notamment dans l’allongement de l’espérance de vie. Aujourd’hui la Banque mondiale quantifie à 7 millions les décès annuels prématurés dus à la pollution, laquelle est très liée aux émissions. Les estimations à 2030 y ajoutent au minimum 500 000 morts climatiques par an.

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Incendies en Amazonie : le chef indien Raoni demande le départ de Bolsonaro « le plus vite possible »

Le président d’extrême-droite Bolsonaro encourage la déforestation en Amazonie, poumon du monde, pour favoriser la culture intensive et les exploitations minières. C’est un génocide des populations indigènes de l’Amazonie et un écocide terrible. Pour la LDH-66 seule une grande mobilisation internationale peut arrêter ces crimes contre l’humanité.

Publié sur francetvinfo.fr avec AFP

Le cacique de 89 ans, figure internationale de la défense de l’Amazonie, juge le président brésilien Jair Bolsonaro responsable des incendies qui ravagent la forêt.

« Il faut qu’on le fasse partir le plus vite possible. » Le chef indien Raoni ne mâche pas ses mots contre le président brésilien, alors que l’Amazonie, la plus grande forêt tropicale de la planète, est en proie à de graves incendies, provoqués essentiellement par la déforestation qui s’accélère. « Je pense que le président français et d’autres forces internationales peuvent faire pression pour que le peuple brésilien fasse partir [Jair] Bolsonaro et que le Congrès vote sa destitution », avance, dans une interview à l’AFP, vendredi 23 août, le chef du peuple kayapo, qui se bat inlassablement pour le respect des droits des communautés indigènes.

« Je demande une aide extérieure. Je veux qu’il y ait une mobilisation générale pour qu’on éteigne ces feux. On ne peut pas laisser brûler ça comme ça. »

Raoni, chef indien à l’AFP

« C’est une catastrophe, ce qu’il est en train de faire avec nous », poursuit Raoni Metuktire au sujet du président d’extrême droite brésilien, qui encourage le développement de l’agriculture et de l’exploitation minière sur les terres indigènes. « Il veut en finir avec la forêt, avec nous, c’est vraiment terrible ce qu’il fait », renchérit le cacique de 89 ans, figure internationale de la défense de l’Amazonie. « Dans le temps, les présidents du Brésil ne menaient pas des actions mauvaises, n’incitaient pas à la destruction comme ça. Et maintenant ce nouveau président fait tout de travers. »

« C’est [lui] qui excite ces gens, comme les fermiers. Ils l’écoutent. Il pensent qu’ils ont tous les droits et se mettent à brûler les forêts » pour les cultures, ajoute le chef indien. « Il en va ainsi pour les coupeurs de bois, les chercheurs d’or. Ils se lâchent tous car sa parole les pousse à détruire la forêt beaucoup plus vite », accuse Raoni.

« Si on ne sauve pas le peu qui reste [de l’Amazonie] je vous garantis qu’on va avoir des feux encore plus importants et ce sera la planète qui sera en feu. Ce n’est que le début. »

Raoni, chef indien à l’AFP

« Bolsonaro va tomber mais l’Amazonie reste » : des milliers de Brésiliens ont manifesté à Sao Paulo contre leur président

Des milliers de personnes ont manifesté vendredi en Europe et en Amérique latine contre la gestion des incendies en Amazonie par le président brésilien, répondant à un appel à la mobilisation à travers le monde pour le poumon « en feu » de la planète.

« Bolsonaro va tomber mais l’Amazonie reste » ont crié en cœur des milliers de Brésiliens réunis à Sao Paulo, vendredi 24 août. Ils ont répondu à un appel à la mobilisation à travers le monde pour le poumon « en feu » de la planète contre la gestion des incendies par Jair Bolsonaro. Le président brésilien a décidé de recourir aux forces armées pour combattre les feux en Amazonie.

Rapport du GIEC : Un quart des terres sont dégradées par les humains…

Publié sur liberation.fr

Ce qu’il faut retenir du dernier rapport du Giec sur les sols de la planète

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat publie, jeudi, un rapport sans précédent sur l’état des sols de la planète et la façon dont leur exploitation par les humains les affecte et bouleverse le climat.

Du 2 au 8 août, à Genève, des délégations des 195 Etats membres du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) se sont réunies pour approuver ligne par ligne le résumé aux décideurs, concentré en 65 pages, du large état de la science réalisé par plus d’une soixantaine de scientifiques du monde entier sur le changement climatique et les sols. Leurs conclusions sont aussi inquiétantes qu’encourageantes. «C’est le premier rapport du Giec qui s’intéresse à l’ensemble de terres émergées et qui présente l’ensemble des données chiffrées sur la pression que nous exerçons sur nos terres, soit directes, via des activités comme l’exploitation forestière ou l’agriculture, soit indirectes par le biais du changement climatique», explique Nathalie de Noblet-Ducoudré, bioclimatologue au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement et co-auteure du chapitre 2. En voici un résumé en quatre points :

Un quart des terres sont dégradées par les humains

Un des premiers et plus frappant constat de cette évaluation mondiale est la proportion des terres atteintes par la main humaine. Ainsi trois quarts des sols émergés non englacés subissent notre exploitation, un quart est considéré comme dégradé (perte de productivité, touchés par l’érosion). Il ne reste donc que moins d’un quart des terres planétaires libres de l’influence directe humaine.

«Depuis 1961, l’usage des fertilisants dans le monde a été multiplié par neuf, la quantité de bois utilisée accrue de 50% et l’usage en eau doublé, ajoute Nathalie de Noblet-Ducoudré. A ma connaissance, il n’existe pas encore de sols dégradés irréversiblement. Le risque le plus important concerne les zones côtières soumises à l’érosion et à la montée du niveau des mers. Cela peut provoquer des pertes sèches de terres.»

Les terres se réchauffent deux fois plus vite que la moyenne mondiale

La lutte contre le réchauffement climatique se concentre souvent sur deux objectifs : limiter la hausse des températures à 1,5°C ou à 2°C, des limites qui, selon le Giec, permettrait d’éviter des conséquences catastrophiques pour une partie de l’humanité. Où en est-on de cette ambition ? En moyenne, la planète s’est réchauffée de 0,87°C. Donnée obtenue en comparant la période 1850-1900 à 2006-2015. On pourrait même avoir dépassé les +1°C, avec le dernier mois de juillet qui a été 1,2°C plus chaud que la moyenne historique. Mais, ce que souligne surtout ce dernier rapport du Giec est que les terres se réchauffent deux fois plus vite que le globe. Sur la période de référence, les continents ont vu leur température de surface croître de 1,53°C en moyenne. Les 1,5°C stipulés dans l’accord de Paris sont donc déjà dépassés dans ce que ressentent les humains et les écosystèmes terrestres.

Les villes sont encore plus touchées. «Le réchauffement mondial et l’urbanisation peuvent exacerber l’augmentation des températures dans les villes et alentour, par l’effet des îlots de chaleur, notamment durant les canicules, précise le rapport. Les températures nocturnes sont plus affectées par cet effet que celle du jour.» L’agrandissement continu des villes peut aussi renforcer les pluies extrêmes localement ou dans le sens des vents.

La reforestation durable serait une solution miracle

Actuellement, les terres rendent un grand service à l’humanité en pompant environ 29% des émissions à gaz à effet de serre anthropiques. Les forêts jouent un rôle essentiel dans ce phénomène. D’après le rapport, la reforestation et la gestion durable des forêts seraient donc des solutions aux multiples bénéfices pour la planète.

«Le reboisement permet d’absorber plus de dioxyde de carbone, restaure les sols, favorise le développement de la biodiversité, réduit localement les températures grâce au phénomène d’évapotranspiration et diminue l’amplitude des événements extrêmes, énumère Nathalie de Noblet-Ducoudré. Si on va plus loin en misant sur l’agroforesterie[mode d’exploitation associant des arbres et des cultures ou de l’élevage, ndlr], cela bénéficie aussi à la sécurité alimentaire.»

Beaucoup d’émissions peuvent aussi être évitées en arrêtant la destruction des forêts, des tourbières et des mangroves, ce qui représente actuellement 10 à 15 % des émissions totales. Plus les sols seront dégradés, plus leur capacité à stocker du carbone sera affaiblie.

Le réchauffement climatique réduit la productivité agricole

Une des notions présentes tout au long du rapport est que l’agriculture est à la fois une des principales causes du dérèglement du climat et en subit durement les conséquences. Pour ne prendre qu’un exemple : d’ici 2030, une hausse de 20% de la production de riz sera nécessaire pour nourrir la demande croissante en Chine, poussée par l’accroissement de la population et l’amélioration du niveau de vie. Or, chaque degré de réchauffement réduit les rendements de blé de 6%, de riz de 3,2%, de maïs de 7,4% et de soja de 3,1%. Ces cultures fournissent actuellement deux tiers des apports en calories de l’humanité et les revenus de millions d’individus.

L’augmentation de la concentration en dioxyde de carbone dans l’atmosphère provoque aussi une baisse de la concentration en zinc et en fer des céréales et des légumes. Les carences en oligo-éléments sont déjà un problème sanitaire majeur, affectant la vie de près de 2 milliards d’êtres humains. Près de 63 millions en meurent chaque année.

Face à cela, le Giec présente un changement d’alimentation et de modèle agricole comme une solution très efficace, tout en ne soutenant ouvertement aucun régime alimentaire spécifique. «Des régimes équilibrés, comprenant des aliments d’origine végétale, comme les céréales sèches, les légumineuses, les fruits et légumes, les noix et graines, des aliments d’origine animale produits dans des systèmes résilients, durables et à faibles émissions de gaz à effet de serre, représentent des opportunités majeures pour l’adaptation et l’atténuation [du réchauffement] tout en générant des cobénéfices considérables pour la santé humaine.»