« Nous sommes prêts à manifester indéfiniment » : en Irak, la mobilisation contre le gouvernement reprend dans le sang

En Irak, dans des conditions de répression terribles (déjà 150 morts depuis début octobre), un mouvement populaire de contestation, dont beaucoup de jeunes au chômage, dénonce la corruption de la classe politique,… comme au Liban.

Publié sur lemonde.fr

« Nous sommes prêts à manifester indéfiniment » : en Irak, la mobilisation contre le gouvernement reprend dans le sang

Au moins quarante personnes ont été tuées lors de rassemblements à Bagdad et dans le sud chiite du pays, vendredi, pour dénoncer le gouvernement, les milices chiites et, à travers elles, l’Iran.

Par   Publié hier à 03h15, mis à jour à 10h38

C’est dans une violence sans commune mesure qu’a repris, vendredi 25 octobre, le mouvement de contestation contre le pouvoir en Irak. Après une semaine de manifestations au début du mois, qui avaient fait 157 morts et plus de 6 000 blessés, et trois semaines d’une trêve implicite ­durant le pèlerinage chiite de l’Arbaïn, des milliers d’Irakiens, des jeunes hommes pour la ­plupart, se sont à nouveau réunis à Bagdad et dans les villes chiites du sud du pays pour dénoncer la corruption et l’incurie de la classe politique. Plus de 40 personnes ont été tuées et 2 300 autres blessées, selon des sources de sécurité et la Com­mission irakienne des droits de l’homme.

Les manifestations avaient débuté dans une atmosphère bon enfant, jeudi soir. Aux cris de « tous des voleurs », les manifestants avaient commencé à affluer place Tahrir, à Bagdad, pour réclamer « la chute du régime ». Dans la nuit et toute la journée de vendredi, les forces de sécurité leur ont opposé des barrages de gaz lacrymogènes, de balles assourdissantes et des tirs de sommation pour les empêcher d’accéder à la zone verte, le quartier ultrasécurisé qui réunit les institutions du pays et les représentations étrangères. Au moins huit personnes ont été tuées, dont plusieurs touchées à la tête par des cartouches de gaz lacrymogènes.

Le ministre de l’intérieur, Yassin Al-Yasseri, était pourtant venu sur l’emblématique place du centre de Bagdad, dire aux manifestants que les policiers les protégeraient. Dans une allocution télévisée après minuit, le premier ministre, Adel Abdel Mahdi, avait assuré que la liberté de manifester serait garantie, mais qu’aucune violence ne serait tolérée. « Où sont les snipers, oh Adel ? Dans ma poche ? », l’interpellaient, moqueurs, de jeunes hommes, en dénonçant les écueils du rapport d’enquête gouvernemental sur les violences de début octobre.

Publié sur huffingtonpost.fr

En Irak, les manifestations anti-gouvernement font 40 nouveaux morts

Le mouvement social qui a commencé au début du mois en Irak ne faiblit pas. Alors que le parlement tente de trouver une sortie de crise ce samedi, des manifestations la veille ont fait 40 morts.

AFP
Le parlement irakien se penche ce samedi sur les revendications des manifestants, dont plus de 150 sont morts depuis début octobre. 

MANIFESTATION – La contestation se poursuit en Irak. Des centaines de personnes ont à nouveau manifesté ce samedi 26 octobre sur la place Tahrir à Bagdad, où les forces de l’ordre ont tiré des grenades lacrymogènes pour les disperser, avant une réunion du Parlement consacrée à leurs revendications.

Vendredi, les violences ont fait plus de 40 morts, majoritairement dans le sud de l’Irak. Nombre d’entre eux étaient des manifestants asphyxiés dans des incendies ou touchés par des balles alors qu’ils attaquaient des sièges de la puissante coalition des paramilitaires du Hachd al-Chaabi, premier allié du gouvernement du Premier ministre Adel Abdel Mahdi. Dans la nuit de vendredi à samedi, des incendies et des attaques ont été rapportés dans plusieurs provinces du sud du pays et des couvre-feux ont été déclarés.

La veille, le Premier ministre avait indiqué qu’aucune violence ne serait tolérée.

Samedi, les forces de sécurité ont à nouveau tenté de repousser les manifestants, majoritairement des jeunes et sans emploi, massés aux abords de la place Tahrir et du pont al-Joumhouriya qui mène à la Zone verte où siège le Parlement, en tirant des grenades lacrymogènes ou assourdissantes, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Les manifestants réclament des changements radicaux: une nouvelle Constitution et une classe politique renouvelée dans le 12e le plus corrompu au monde.

Le grand ayatollah, qui passe pour faire et défaire les Premiers ministres, a lui aussi appelé à des réformes et à la fin de la corruption, l’une des revendications premières des manifestants.

Le gouvernement promet des changements

Ce matin, les députés doivent “discuter les revendications des manifestants, les décisions du Conseil des ministres et la mise en oeuvre des réformes”, selon l’ordre du jour de la séance fixée à 10H00 GMT au siège du Parlement dans la Zone verte.

Les autorités ont promis d’engager des réformes quand le premier épisode de la contestation sociale s’est soldé par plus de 150 morts, quasiment tous des manifestants, entre le 1er et le 6 octobre.

Jusqu’ici, le Parlement a été paralysé par les divisions, et les séances précédentes, qui devaient mener à un remaniement ministériel maintenant annoncé pour la semaine prochaine, ont dû être annulées ou levées avant leur fin faute de quorum.

Juste après la reprise jeudi soir de la contestation, le Premier ministre Adel Abdel Mahdi s’est adressé dans la nuit à la nation plaidant pour des réformes, notamment du système d’attribution des postes de fonctionnaires.

Dans un pays où 60% de la population a moins de 25 ans, il a aussi appelé à abaisser l’âge légal des candidats aux élections pour favoriser le renouvellement d’une classe politique conspuée dans la rue et accusée de corruption.

Le président du Parlement Mohammed al-Halboussi a annoncé samedi avoir rendu visite aux manifestants de la place Tahrir dans la nuit.