Contre l’antisémitisme, les principes républicains doivent triompher

Si on avait encore des doutes sur la généalogie de la "quenelle"...

La Ligue des droits de l’Homme vient de publier un communiqué au sujet de l’antisémitisme de Dieudonné. Elle confirme le point de vue exprimé ici hier : pas besoin de loi, mais poursuivons le chaque fois qu’il commet un délit, et que les peines prononcées soient « effectives et décourageantes » !

Quand une démocratie est attaquée dans ses fondements, elle se montre forte quand elle applique ses principes. Elle est faible si, face aux extrémismes, elle les abdique.

Dieudonné a réussi ce tour de force : le Front national défend la liberté d’expression, alors que le ministre de l’Intérieur a déclaré vouloir interdire a priori son spectacle et lui sera en tournée dans de très nombreuses salles, notamment les Zéniths qui sont sous contrat avec l’Etat.

Or, en France, depuis le début du XXe siècle, la loi, et c’est heureux, ne permet plus l’interdiction a priori des spectacles. Dieudonné et ses zélateurs s’indignent donc de ce que l’Etat s’apprête à violer une liberté fondamentale, la liberté d’expression.

Tour de force, donc, que de se faire passer pour une victime quand on est celui qui a fait son fonds de commerce de l’agression systématique d’un groupe de personnes à raison de leur origine ethnique, de leur religion, et des horreurs qu’elles ont subies.

Dieudonné a pourtant tort de se revendiquer de la liberté de création pour justifier, dans ses spectacles, ses insultes antisémites, son apologie du révisionnisme, ce pour quoi la LDH s’honore de l’avoir fait condamner. Reste qu’il a toujours transformé ses procès en tribunes, organisant son insolvabilité de façon à échapper aux condamnations financières, qu’elles soient des amendes pour l’Etat ou des dommages et intérêts pour les associations qui, comme la LDH, l’ont poursuivi avec un succès qui reste théorique.

Le ministre de l’Intérieur, en cherchant à obtenir des préfets qu’ils interdisent ses spectacles, prend un risque d’une autre dimension, celui de fédérer autour de Dieudonné une sympathie réactionnelle de ceux qui se considèrent, pour des raisons qui peuvent par ailleurs parfaitement se comprendre, opprimés, socialement ou politiquement. Et auprès de ce public, le jeu ambigu, voire pervers, entre humour et haine, agression et victimisation, politique et show-business, peut marquer les esprits dans un sens particulièrement dangereux.

Dieudonné, dont les sympathies avec les thèses les plus extrêmes de la droite antisémite ne sont plus un mystère pour personne, met donc en défaut la démocratie, lorsqu’elle répond à la haine par une menace de restriction de la liberté d’expression.

La LDH rappelle donc que la règle qui doit prévaloir est la liberté, et que tout abus de celle-ci doit être condamné de façon ferme et efficace. La LDH et ses militants seront très vigilants et attentifs à ce que les propos de Dieudonné qui méritent une sanction pénale soient poursuivis, comme elle l’a fait par le passé, et elle engage vivement les pouvoirs publics à poursuivre les atteintes à la loi une fois qu’elles sont commises, plutôt qu’à se lancer dans des interdictions préalables au fondement juridique précaire et au résultat politique incertain, voire contreproductif.

Il est scandaleux que les associations parties civiles dans les procès qui ont été fait contre cet individu n’aient aucun moyen de le forcer à exécuter les condamnations, que les magistrats n’aient pas à ce sujet de plus amples pouvoir d’investigation, et prononcent donc des peines dont ils savent par avance qu’elle ne seront pas exécutées.

Puisque Dieudonné a fait son fonds de commerce de la haine, il faut qu’il soit condamné à chaque fois qu’il l’exprime, et que les peines prononcées soient effectives et décourageantes.

 

P. Tartakowsky évoque la mémoire de Victor et Ilona Basch

« Le Patriote résistant » est la publication mensuelle de la Fédération nationale des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes ». Dans son édition de janvier 2014, il publie une interview de Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’Homme, à propos de l’hommage qui sera rendu à Rennes (et dans d’autres villes françaises) à Victor et Ilona Basch, vendredi 10 janvier, au lyvée V. et H. Basch de Rennes. L’occasion pour le président de la LDH de rappeler brièvement la vie de Victor Basch et de son épouse, et en quoi elles méritent non seulement l’hommage qui va leur être rendu, mais aussi la proposition faite par la LDH que leurs corps soient transférés au Panthéon. Voir ici le programme de cette journée. Un programme particulièrement riche et passionnant.

Président de la Ligue des droits de l’Homme depuis 1926, résistant en zone sud, Victor Basch est  exécuté avec sa femme le 10 janvier 1944 près de Lyon par des miliciens et des gestapistes. La Ligue des droits de l’Homme lui rendra hommage le 10 janvier à Rennes notamment, ou commença son action politique. Nous avons évoqué cette grande figure et l’universalité de ses combats avec le président de la Ligue des droits de l’Homme, Pierre Tartakowsky.

Comment l’hommage rendu à Victor Basch, 70 ans après son assassinat, s’inscrit-il dans l’histoire et l’actualité de la Ligue des droits de l’Homme ?

La Ligue a un rapport singulier à l’histoire et à la commémoration. C’est une vieille dame qui est attentive à cultiver son histoire. Comme tout un chacun elle a trébuché parfois et n`a pas toujours été exemplaire au cours de ses 120 années d’existence. Cela s’est vérifié avec les fusillés de la Première Guerre mondiale, également par rapport à la question coloniale, objet de débats importants qui ont finalement tranché en faveur de l’anticolonialisme. D’autre part, dans l’histoire de la Ligue on trouve évidemment la Résistance, parce qu`elle est un combat national et social et surtout la continuation de l’engagement du la Ligue dans le Front Populaire contre l`idéologie du nazisme et d`un régime français autoritaire et xénophobe, à la botte des nazis. On trouve aussi le programme du Conseil national de la Résistance qui est issu d’un compromis national et social au sens de démocratisation forte du champ économique et de l’intervention de l’État. Victor Basch dans cette histoire est multi-exemplaire. Il est l’image de ce que la droite autoritaire, xénophobe antirépublicaine française vomit. C’est un juif venu de l’est – il est Hongrois -, donc un pouilleux dans la représentation qu’on se fait des juifs de l’est à l’époque, qui « viennent nous envahir ». De surcroit ce juif se mêle de ce qui ne le regarde pas puisqu’il fait de la politique, et il en fait à gauche. Il est le co-fondateur avec Lucien Herr et Ludovic Trarieux, de la Ligue pour la défense des droits de l’Homme et du citoyen en 1898, dont il va prendre la présidence en 1926. La Ligue et son président joueront un rôle très important dans la naissance du Front populaire. Et c’est au siège de la Ligue qu’est signé le programme d’action du Front Populaire.

Rien d’étonnant, dans le contexte des années trente et quarante, à ce que ce personnage dérange et devienne une cible pour l’extrême droite…

Oui, Basch est un juif qui agace : études brillantes, philologue, philosophe, professeur d’université, il est a ussi germanophone, donc potentiellement un espion. Voilà, il incarne à lui tout seul toutes les caractéristiques honnies du juif malin, étranger, infiltré, républicain, et franc-maçon qui plus est. La seule chose qu’on ne puisse pas lui reprocher est d’être communiste ! En 1940 il est victime d’une violente campagne antisémite jusque sous ses fenêtres, son appartement parisien est pillé. Il se réfugie près de Lyon avec sa femme Ilona (Hélène) qui partage tous ses combat. Début 1944, la milice de Lyon les arrête – sa femme a refusé de le laisser. Au motif du grand âge de Basch – il a 81 ans, et son épouse 79 je crois -, qui rendrait leur détention difficile, les miliciens décident de les exécuter. Ils sont abattus de plusieurs coups de feu le 10 janvier à Neyron dans l’Ain. On est dans l’ignoble à l’état pur.

Si des rues ou des établissements scolaires portent son nom, on ne peut pas dire que le souvenir de Victor Basch soit ancré dans la mémoire collective?

C‘est pourquoi les commémorations prévues le 10 janvier prochain  ne seront pas du luxe.  Mise à part la génération de la Résistance, les adhérents de la Ligue voire les francs-maçons, je ne suis pas certain que Victor Basch soit très présent dans les mémoires. Il faudra rappeler que sa carriere à la fois universitaire et militante a été tournée vers la compréhension de l’autre et de l’humanité. Basch met sa science universitaire au service d`engagements civiques, moraux et politiques, à travers ses responsabilités et dans la vie quotidienne. Pour nous il est important de montrer qu’à toutes époques de tels engagements ne sont pas consensuels mais qu`ils affrontent des forces réelles, concrètes, capables dc faire preuve d`une formidable agressivité, et d’aller jusqu’au meurtre.

Les commémorations ont d`abord une fonction mémorielle, elles entretiennent le souvenir. Mais dans le contexte qui est le nôtre aujourd’hui, elles servent aussi à parler de l`actualité. En tout cas in rappeler que les problèmes que nous affrontons, tels les atteintes aux droits de l’homme, le racisme, la xénophobie, se sont déjà présentés à nous. Il ne s`agit pas de tracer un parallèle: avec les années quarante, notre pays n’est pas occupé et nous ne sommes pas dans une situation fasciste ou préfasciste. Mais nous pouvons dire qu’il y a une relative similitude avec les années trente, du fait de la crise sociale et économique. Nous constatons que la situation du débat public en France se dégrade de manière considérable sans que des réponses soient toujours apportées. Le gouvernement n’est pas porteur d`un ensemble de valeurs suffisamment cohérentes pour faire barrage aux tentations de racisme, d`antisémitisme et de xénophobie. Je pense à son temps de réaction après les insultes racistes proférées contre M » » Taubira. Ou au fait que la fréquente libération de la parole d’élus républicains, notamment sur les Roms, ne soit pas sanctionnée par la justice. Il y a une sorte de laisser faire qui s’est installé au fil des ans, Il me semble aussi que l’antijudaïsme s’accroit corrélativement à une remontée du fondamentalisme chrétien lequel a pris des forces dans notre société, A preuve il a réussi à mettre beaucoup de personnes dans la rue contre le mariage pour tous. Les forces porteuses d`antijudaïsme ont rencontré d’autres courants plus contemporains, tels le racisme anti-noirs et anti-maghrébins toujours florissants. Là où il y a un racisme, il y en a toujours d`autres.

La journée d’hommage Victor Basch de Rennes le 10 janvier est placée sous le signe  de l’engagement militant hier el aujourd’hui… Pouvez-vous précariser ?

C’est à Rennes où il enseignait que débuta l’action politique de Victor Basch, qui fut l’un des premiers défenseurs de Dreyfus lors de son procès dans cette ville en 1899. Nous y rappellerons son parcours militant acharné pour la défense du droit et de la justice, sa vie engagée et courageuse jusqu’au bout — un courage également physique puisqu’il s’est fait prendre dans une rixe contre des Camelots du roi à près de 70 ans ! Notre démarche consiste toujours à analyser les situations historiques pour ce qu’elles sont sans les projeter de manière indue sur le présent et à rappeler qu’il y a des valeurs qui traversent l’histoire. Nous réfléchirons à Rennes sur la force de l’engagement citoyen, sur la nécessité d’avoir des convictions et du courage pour les défendre. Qu’est ce qui fait qu`on est un citoyen ? Quels risques prend on à se réclamer de ce statut de citoyen?

La Ligue a proposé que Victor Basch entre au Panthéon. Il est vrai que les arguments en sa faveur ne manquent pas.

Nous avons proposé Victor Basch pour toutes les raisons que j’ai dites mais la Ligue appuie également l’entrée simultanée de plusieurs femmes au Panthéon, qui marquerait une volonté de notre pays de rompre avec le sexisme laïque et républicain qui a trop longtemps marqué son histoire. Dans la maison des «  grands hommes », on compte vraiment peu de femmes. Pour en revenir à Victor Basch, sa candidature est tout à fait légitime parce qu’il est l`une des personnalités qui font rayonner la réalité de la nation française. Dans l’esprit des républicains de l’époque, la nation française n’est pas un territoire ni un héritage, c’est un concept politique. La nation, c’est la liberté, l’égalité. la fraternité, et il n’y a pas de distinction très claire entre la nation, la République et les valeurs sous-jacentes qui sont des valeurs très humanistes, très généreuses et ouvertes. Basch incarne cet étranger qui se réalise en France et devient une figure cosmopolite. pas dans le sens nazi ni stalinien, mais dans le sens de personnage du monde. Voilà pourquoi nous pensons que le rôle de Victor Basch mérite lui aussi d’être honoré par la République et que celui-ci pourrait, avec sa femme llona, assassinée comme lui par des miliciens et des nazis, être inhumé dans le haut lieu de la République que constitue le Panthéon.

Propos recueillis par Irène Michine.

L’assassinat de Victor et Ilona Basch

Le couple Basch a fui en zone sud en 1940 et s’installe dans la banlieue lyonnaise, à Caluire-sur-Cuire. Victor Basch va participer à la rédaction du journal clandestin « Le Patriote » et fera partie du comité directeur du Front national. Il est recherché par la police de Vichy et en janvier 1944 la milice de Lyon, dirigée par Paul Touvier, le repère et l’arrête. À l’assassinat des époux Basch à Neyron (Ain), participent Lécussan, chef régional de la milice, et Moritz, de la Gestapo. Sur le corps de Victor Basch, sera retrouvé un écriteau sur lequel est inscrit : « terreur contre terreur. Le juif paye toujours. Ce juif paye de sa vie l’assassinat d’un National. À bas De Gaulle – Giraud. Vive la France. Comité national anti-terroriste, région lyonnaise ».

 

 

Intégration des Rroms : des villes trouvent des solutions

Le maire de Loudéac avait mis la ville d’Aubervilliers au-devant de la scène de sinistre façon, lors du conseil municipal du 14 novembre dernier, en comparant les sépultures des Gens du voyage au « cimetière pour chiens » de cette ville.

Première chose, et renseignements pris ce matin auprès de la mairie, il n’y a pas de cimetière pour chiens à Aubervilliers.

En revanche, et c’est une information beaucoup plus intéressante, il y  a à Aubervilliers un « village d’intégration » destiné aux Rroms. Le journal Ouest-France lui consacre un article très intéressant dans son édition du 2 janvier.

Ce village a été créé en 2006. Il est vrai que la ville avait une vieille tradition d’accueil des populations migrantes : dans les années 1960, avec notamment des Italiens et des Portugais, qui, à l’époque, vivaient dans des bidonvilles comparables aux camps où s’installent aujourd’hui les Rroms. Le maire d’Aubervilliers, Pierre Salvator, n’a pas accepté cette situation : le passé de la ville « nous rend intransigeants sur l’éradication de ces bidonvilles », explique-t-il. Mais contrairement aux « démantèlements de camps » que pratique le ministre de l’Intérieur, l’éradication des bidonvilles s’accompagne, à Aubervilliers, de la mise en place de solutions alternatives pérennes. C’est ainsi qu’est né « le village d’intégration », en 2007. Il accueille, nous indique Ouest-France, une vingtaine de familles, soit une centaine de personnes, dans des logements préfabriqués. Et le logement s’accompagne d’un accompagnement social et éducatif. Résultat : « 33 adultes et 34 enfants on bénéficié du dispositif, trouvé un travail dans l’hôtellerie, le bâtiment… un logement, passé un BEP, un bac… ». Et le maire projette de doubler la capacité d’accueil du village, en l’ouvrant à d’autres populations.
La ville d’Aubervilliers n’est pas, heureusement, la seule à mettre en place de telles solutions ; la ville d’Indre, par exemple, a mené une action remarquable, détaillée dans le film de Sophie Averty, « cause commune ».

Une bonne nouvelle en ce début d’année !

Vendredi 10 janvier 2014, journée d’hommage à Ilona et Victor Basch à Rennes (35)

(Communiqué du groupe de travail « Mémoire, histoire, archives » de la Ligue des droits de l’Homme)

Ancien président de la Ligue des droits de l’Homme, Victor Basch est assassiné avec son épouse Ilona, le 10 janvier 1944 près de Lyon par la milice française et la Gestapo. Des commémorations sont d’ores et déjà programmées à Rennes (35), à Villeurbanne (69) et à Montrouge (92) en l’honneur de cet homme d’action, fervent dreyfusard, militant acharné de la défense du droit et de la justice.

La Ligue des droits de l’Homme et du citoyen, tout en appuyant récemment l’entrée simultanée de plusieurs femmes au Panthéon, estimait également « que le rôle de Victor Basch mérite lui aussi d’être honoré par la République et que celui-ci pourrait, avec sa femme Ilona, être inhumé dans le haut lieu de la République que constitue le Panthéon ».

C’est à Rennes, à l’occasion de l’affaire Dreyfus, que débute l’engagement politique de Victor Basch. Ce combat l’amène à faire partie dès juin 1898 des premiers adhérents de la Ligue française pour la défense des droits de l’homme et du citoyen dont il assurera la présidence de 1926 jusqu’à sa mort, et à jouer un rôle essentiel dans la fondation de la section de Rennes, une des premières à voir le jour. En sa mémoire, la section de la Ligue des droits de l’Homme de Rennes organisera le vendredi 10 janvier 2014 une journée d’hommage sur le thème « Militer hier et aujourd’hui » avec la participation d’historiens et de responsables associatifs et politiques.

L’engagement militant de Victor Basch l’amène à être également un acteur important du Front populaire. C’est ainsi qu’il préside à Montrouge, le 14 juillet 1935, au vélodrome Buffalo, les

« Assises de la paix et de la liberté », évènement fondateur du Front populaire et de ses avancées sociales. La section de la Ligue des droits de l’Homme de Montrouge dévoilera une plaque rappelant cet événement, le mercredi 16 avril 2014, rue Victor Basch à Montrouge.

Réfugié pendant la guerre, avec son épouse Ilona, à Caluire-et-Cuire (69), Victor Basch devient membre du comité directeur du mouvement de résistance Front national pour la zone sud. Arrêtés tous les deux le 10 janvier 1944 par la milice française et la Gestapo, ils sont assassinés à Neyron (01) et sont inhumés à la Nécropole nationale de la Doua, à Villeurbanne (69). La Fédération de la Ligue des droits de l’Homme du Rhône invitera à se recueillir sur leur tombe le vendredi 10 janvier 2014 et proposera une projection-débat autour du film documentaire « Victor Basch, dreyfusard de combat ».

 

Le 10 janvier 2014, cela fera 70 ans que Victor Basch fut tué, avec son épouse Ilona, pour ses engagements et du fait de ses origines. Les assassins déposèrent sur leurs corps l’inscription

« Terreur contre terreur : le juif paye toujours ». Alors qu’en France les propos racistes se multiplient, les diverses commémorations qui se dérouleront autour de l’action militante et de l’assassinat de Victor Basch appuieront la volonté de la Ligue des droits de l’Homme de dénoncer sans relâche et sans complaisance les incitations actuelles à la haine et de refuser que la brutalité verbale toujours annonciatrice de passages à l’acte dramatiques envahisse l’espace démocratique.

Vendredi 10 janvier 2014 à Rennes (35),  journée d’hommage à Victor et Ilona Basch

Le vendredi 10 janvier 2014, cela fera exactement 70 ans que Victor Basch et son épouse Ilona furent assassinés par un commando de la Milice de Vichy, flanqué de Gestapistes. À cette occasion, la section de Rennes de la Ligue des droits de l’Homme organise une journée d’hommage qui aura lieu au lycée Victor et Hélène Basch à Rennes. Placée sous le signe de l’engagement citoyen et du militantisme hier et aujourd’hui, cette journée de conférences et de débats se déroulera en deux temps.

La matinée sera consacrée au parcours militant de Victor Basch, depuis son engagement à Rennes pour la défense du capitaine Dreyfus, (André Hélard : « à Rennes au temps de l’affaire Dreyfus »), jusqu’à ses années à la tête de la Ligue des droits de l’Homme (Emmanuel Naquet : « Ligueur, rien que ligueur, depuis toujours et pour toujours : Victor Basch, président de la Ligue des Droits de l’Homme, 1926‐1944 »), et à sa fin tragique (Pascal Ory : « L’assassinat »), sans oublier le rôle d’Ilona, à ses côtés tout au long de ces années d’engagement (Colette Cosnier : « Ilona Fürth, Madame Victor Basch »).

L’après‐midi, après le dévoilement d’une plaque commémorative dans l’enceinte du lycée, le film de Vincent Löwy « Victor Basch, dreyfusard de combat » sera projeté en présence de son réalisateur. Puis le sénateur Edmond Hervé évoquera ce que représenta la figure de Victor Basch pour le maire de Rennes qu’il fut de 1977 à 2008 (« Victor Basch ‐ un engagement citoyen »).

Après le parcours du militant Victor Basch, c’est de l’engagement et du militantisme au temps présent dont il sera ensuite question au cours d’une la table ronde animée par Gilles Manceron : « Victor Basch, modèle pour un engagement d’aujourd’hui ? » avec la participation d’Edmond Hervé, Pierre Tartakowsky, Pascal Ory, Emmanuel Naquet et Vincent Lowy.

Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’Homme, conclura cette journée « Militer hier et aujourd’hui » pour rappeler la nécessité de continuer à assurer la défense des droits pour tous et partout. En effet, de Victor Basch, « en proie à une justicite aiguë », qui ne peut « supporter que, quelque part dans le monde, il y eût des hommes, à quelque nation, à quelque race, à quelque religion qu’ils appartinssent, qui étaient victimes d’actes illégaux et arbitraires », qui prit courageusement la défense du capitaine Dreyfus dès le début de 1898, et dut essuyer une violente campagne antisémite jusque sous ses fenêtres, à Léon Blum, victime d’une attaque violente des « Camelots du roi », qui suscitera une manifestation de protestation au premier rang de laquelle figurera Victor Basch, aux attaques racistes dont sont victimes aujourd’hui Madame Christiane Taubira, Garde des Sceaux, ou Madame Cecile Kyenge, ministre de l’Intégration du gouvernement italien, les leçons du passé doivent nous inciter à ne pas relâcher notre vigilance citoyenne.

Avortement en Espagne : et en France ?

http://www.avortementivg.com/

http://www.sos-tout-petits.org/questions_frequentes/SequellesPsychiques.html

http://www.avortementivg.com/

http://www.avortement.net/

Si vous tapez « avortement » sur Google, vous arrivez sur une page qui vous propose 13 sites : des sites d’organes de presse (Libération, le Figaro…) , le site du ministère de la santé (en 11ème position), et les quatre sites dont les adresses sont en début d’article.

Ces quatre sites sont crapuleux. Ils ont l’apparence de sites susceptibles de donner des informations pratiques aux femmes qui en ont besoin, alors qu’en fait il s’agit de sites qui, dès la première page, culpabilisent les femmes qui seraient tentées d’avoir recours à l’IVG, présentent l’avortement comme un crime, comme un geste extrêmement dangereux pour la santé, aussi bien physique que mentale, avec des séquelles redoutables, irréversibles et inévitables. Et comme si tout cela ne suffisaient pas, ils nous proposent des témoignages, évidemment poignants, de femmes désespérées après un avortement. Avec en prime un numéro vert, dont on se doute de la nature des réponses qu’il doit donner aux femmes…

On parle beaucoup de l’Espagne et de sa nouvelle loi criminelle qui limite l’avortement aux cas de viols et de menace grave pour la santé de la mère. Un ministre espagnol affirme que cette loi sera bientôt copiée dans la plupart des pays européens. Ne rions pas trop vite : les adversaires de l’avortement sont actifs, et multiplient les actions pour arriver  leurs fins. Si nous n’y prenons pas garde, nous pourrions bien nous retrouver un jour, et pas forcément très lointain, dans la situation de l’Espagne. Déjà des hommes politiques français vantent les mérites de cette loi : Le Pen, évidemment, et avec lui le front national, Vaneste et ses amis. En ces temps où la droite parlementaire s’efforce de multiplier les messages à l’adresse de l’extrême droite et de flatter cet électorat, on est en droit de s’inquiéter.

Que Google affiche en première page les adresses de ces sites qui, sous un vernis pseudo scientifique ou médical, déversent des torrents de mensonges et d’ânerie, doit nous alerter et nous inciter à la vigilance. Et à faire passer l’information à toutes celles qui seraient tentées de se laisser berner par ces sites.

Graves menaces sur les Prud’hommes : la LDH réagit

La fédération de Seine-Saint-Denis de la Ligue des droits de l’Homme s’est associée avec les fédérations CGT 93, FO93, UNSA 93, Solidaires 93 et la section Seine-Saint-Denis du Syndicat de la magistrature pour dénoncer le projet de réforme des conseils de Prud’hommes, clés de voûte de la justice du travail. Le projet remplacerait ni plus ni moins l’élection au suffrage universel par une désignation proportionnelle à la représentativité des syndicats. Un peu comme si, explique le communiqué commun, on laissait le soin aux députés de désigner les maires. Ce projet de réforme, véritable révolution dans la législation du travail, ne fait pas, c’est le moins qu’on puisse dire, la une de journaux, écrits, radiophoniques ou télévisés. Et pourtant, il s’agit d’une réforme majeure, qui représente un recul sans précédent de la démocratie dans les entreprises.

à noter que le renouvellement des conseillers prud’hommaux doit intervenir au plus tard le 31 décembre 2015

Voici le communiqué publié par les organisations syndicales et la fédération 93 de la Ligue des droits de l’Homme.

La justice prud’homale, un enjeu majeur de la démocratie sociale !

Le ministre du travail Michel Sapin a rendu public son projet de mettre un terme à l’élection des conseillers de la justice du travail par les salariés pour lui substituer une désignation des conseillers prud’hommes, basée sur la nouvelle représentativité issue de la loi du 20 août 2008.

Il n’avait jamais été question d’utiliser cette représentativité pour le renouvèlement des conseillers prud’homaux, et les salariés qui se sont exprimés lors des différents scrutins professionnels n’ont jamais été informés de cette éventualité. Que dirait-on si, sans informations préalables, on désignait les maires, les conseillers généraux, en fonction des résultats du scrutin législatif ? La loi sur la représentativité est détournée par le gouvernement de son but initial qui était la légitimité dans les négociations de chaque organisation aux niveaux des entreprises, des branches professionnelles et au plan national.

Par ailleurs, si la réforme de la représentativité donne une mesure fiable du poids de chaque organisation dans les entreprises dotées d’une présence syndicale et dans les TPE, plus de 5 millions de salariés sur les 18 millions que compte le secteur privé n’ont participé à aucune consultation concernant l’audience des syndicats alors que les élections prud’homales sont ouvertes à tous les salariés! C’est donc 5 millions de salariés qui sont exclus de la possibilité d’élire les juges prud’homaux de leur choix ! Par ailleurs, les privés d’emploi qui sont les premiers utilisateurs des Prud’hommes ne pourraient plus participer à la désignation des conseillers !

Pour eux, c’est une véritable double peine !

De plus, compte tenu de ce qui est envisagé pour la représentativité patronale, on aboutirait à ce que des conseillers salariés désignés sur la base d’un suffrage électoral d’IRP siègent aux côtés des conseillers employeurs désignés, eux, sur une représentativité… sans élection ! C’est un déni de démocratie sociale qui permettrait qu’un employeur, tout en privant les salariés de son entreprise de représentativité syndicale, puisse être désigné conseiller prud’homme par le MEDEF !

Les arguments à l’appui de ce projet de réforme de la prud’homie sont inacceptables.

Ainsi, le ministre évoque le faible taux de participation aux élections prud’homales. Mais au lieu de prendre des dispositions pour améliorer la participation, il envisage de supprimer un rendez-vous majeur de la démocratie sociale ! Il est bon de rappeler que quand des élections sont bien organisées comme dans les entreprises la participation dépasse les 70%. De ce point de vue, nos organisations syndicales sont porteuses de propositions pour améliorer l’organisation des élections prud’homales.

Enfin, le gouvernement avance le coût insupportable de ces élections. On remarquera au passage que dès lors que l’on parle de favoriser l’expression démocratique des salariés, on nous oppose des questions d’argent. Pour les organisations syndicales de la Seine-Saint-Denis, une démocratie sociale vivante ne peut être considérée comme un coût.

Dans un pays démocratique, c’est l’élection qui conditionne la légitimité. Cela vaut autant pour la représentativité patronale que pour l’élection des conseillers prud’homaux au suffrage universel direct.

Les organisations syndicales de la Seine-Saint-Denis CGT, FO, UNSA, Solidaires, affirment leur opposition à ce projet Sapin. On ne change pas les règles du jeu en cours de route. Elles en appellent au Président de la République et réaffirment l’exigence de l’organisation d’élections prud’homales comme prévu en 2015.

Elles exigent de véritables discussions pour faire valoir les intérêts des salariés dans un contexte social et économique fortement dégradé qui frappe de plein fouet le monde du travail.

Les voeux de Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’Homme

2013, autant de montagnes, autant de souris…

Nous approchons jour après jour de ce moment où la tradition nous amène à dresser une sorte de bilan du passé tout en se souhaitant le meilleur pour l’avenir. Concernant le passage de l’année 2013 à 2014, ce vœu procède à la fois de l’urgence et de la nécessité.

Invité par une formation politique à formuler un vœu pour l’année qui se termine, j’avais été pris de vertige : un vœu, un seul, pour tant de chantiers, tant d’injustices ? Un vœu ? J’avais finalement formulé le souhait que 2013 soit l’année du courage. Les applaudissements qui avaient suivi étaient de mauvais augure ; ils confirmaient que ce rendez-vous était loin d’être assuré. De fait, l’an passé aura été celui des hésitations, des inachèvements : fiscalité, justice, police… Autant de montagnes, autant de souris.

Ainsi, au prétexte de ne pas « cliver », les réformes attendues pour plus de justice sociale, pour une réelle égalité face aux services publics, face à la relégation territoriale, pour une réelle protection de la vie privée ont été mises sous le boisseau, ou éludées, ou renvoyées à des jours meilleurs…

L’impatience n’est certes pas une vertu, particulièrement lorsqu’il s’agit de gérer les affaires publiques. Mais la navigation n’est pas plus vertueuse et, à l’expérience, elle s’avère bien plus dangereuse.

D’abord parce qu’elle s’inscrit dans l’ordre établi des choses et des injustices qu’il incarne et protège. Soit on combat les inégalités soit, s’en accommodant, on les renforce, désespérant ainsi ceux qui avaient placé leurs espoirs dans une inversion des logiques dominantes.

Ensuite, parce qu’en vidant de substance les changements promis et attendus, c’est sa propre substance que l’on délégitime.

Enfin, parce que des forces agitent d’autres promesses, cultivent d’autres perspectives, d’autres valeurs, d’autant plus dangereuses qu’elles n’avancent même plus maquées. Ou si peu…

Ces trois constats, trois défis majeurs vont largement conditionner l’actualité de 2014. La Ligue des droits de l’Homme aura à cœur de contribuer à les relever. Il s’agit, durant les campagnes municipale et européenne, d’affirmer l’idée de justice et d’intérêt général face aux inégalités et au chômage ; de réhabiliter le principe démocratique de la fidélité du « faire » au « dire » face à la démagogie et au renoncement ; enfin, de mettre hors-jeu les discours de haine et d’exclusion.

Bonne année, donc, à toutes et tous. Et bon courage.

Pierre Tartakowsky, président de la Ligue de droits de l’Homme

La Ligue des droits de l’Homme porte plainte contre le maire de Loudéac pour ses propos à l’encontre des Gens du voyage

Le bureau national de la Ligue des droits de l’Homme a saisi le procureur de la République de Saint-Brieuc d’une plainte contre M. Huet, maire de Loudéac, suite aux propos qu’il a tenus lors de la séance du conseil municipal du 14 novembre 2013 au sujet des Gens du voyage.

Ces propos ne sont pas dignes d’un élu de la République. Ils jettent le discrédit sur la communauté des Gens du voyage, sont discriminants et diffamatoires, et peuvent susciter des réactions d’hostilité à leur égard.

Les propos incriminés peuvent être écoutés sur la vidéo filmée par la mairie et mise en ligne sur son site à l’adresse http://www.ville-loudeac.fr/index.php/conseil-municipal-du-14-novembre-2013.html, séquence 5, à 6’50 du début, puis séquence 6.

La Ligue des droits de l’Homme rappelle qu’elle défend les droits de tous.

Lire aussi ici.

Gens du voyage à Loudéac : la Ligue condamne les propos du maire

Dans le communiqué qu’il a adressé aux quotidiens Ouest-France et le Télégramme, le comité régional de la Ligue des droits de l’Homme a effectivement dénoncé l’état indigne du bloc sanitaire de l’aire d’accueil des gens du voyage à Loudéac.

Mais il a aussi, et surtout, dénoncé les propos proférés par le maire à l’encontre de la communauté des gens du voyage, lors de la réunion du conseil municipal du 14 novembre dernier. Quand, par exemple, le maire compare les sépultures des gens du voyage avec le cimetière des chiens d’Aubervilliers. Nous n’inventons rien, tout le monde peut le vérifier, ça se trouve dans la séquence n°5 de la captation vidéo de la réunion réalisée par la mairie et postée sur son site Internet, très exactement à 13’10 du début (le passage sur les gens du voyage commence à 6’50 du début de la vidéo n°5, et se poursuit au début de la vidéo n°6).

La Ligue des droits de l’Homme dénonce de la même façon toutes les autres insultes et calomnies proférées par l’élu ce soir-là à l’encontre des gens du voyage qui, faut-il le rappeler, sont des citoyens français à part entière.

La Ligue des droits de l’Homme condamne évidemment les dégradations commises sur l’aire, qui sont réelles et constatées. Elle demande simplement que les accusations ne soient portées que si elles sont étayées par des preuves, ce qui n’est manifestement pas le cas. En outre,  cela ne justifie pas de traiter par le mépris, la dérision et la calomnie l’ensemble de la communauté des gens du voyage. La plupart des municipalités, toutes tendances politiques confondues, entretiennent des relations apaisées et même amicales avec les gens du voyage. Pourquoi cela ne serait-il pas possible à Loudéac ?

Et la Ligue des droits de l’Homme n’est pas la seule à s’émouvoir : http://www.rue89.com/2013/12/17/maire-loudeac-les-gens-voyage-cimetiere-chiens-248398

 

 

Week-end chargé pour la section : deux assemblées générales

 

Assemblée générale de la section vendredi soir à Trévé.

Week-end chargé pour la section Loudéac centre Bretagne de la Ligue des droits de l’Homme : vendredi soir, assemblée générale de la section, samedi matin, assemblée générale du comité régional. Deux réunions bien suivies, qui ont permis de faire le bilan de nos actions localement et sur le plan régional, et d’affiner nos projets. Le temps fort en 2014 sera la deuxième édition des Droits en fête, les 25 et 26 février, avec une exposition de posters de l’association Poster4tomorrow, prêtés par Hervé Matines, et le samedi, une conférence gesticulée avec Frank Lepage.

Le thème de la fête sera, cette année, un sujet bien d’actualité: la démocratie…

Le comité régional s’est saisi samedi matin de l’affaire des gens du voyage insultés par le maire de Loudéac. Une délégation s’est rendue sur l’aire d’accueil de Loudéac, et un communiqué transmis à la presse (à lire ici).

 

 

 

 

 

Assemblée générale du comité régionale : les sections sont venues avec leurs Roll'up.