Retour sur une année de luttes pour les droits de l’Homme : 4ème et dernière partie

En octobre, la mobilisation pour les demandeurs d’asile se poursuit, avec notamment des distributions de tracts et une pétition, signée à la fois sur papier et en ligne.

Une autre affaire, qui avait mobilisé la section au 2ème semestre 2010, revient à la une de l’actualité : l’affaire Natacha Aussibal. La CGT a mis en ligne une pétition pour soutenir Natacha, et annoncé une manifestation au mois de novembre. Elle mobilisera 150 personnes, le 22 novembre, devant le siège de la Cidéral à Loudéac.

Le 28 octobre, le président du conseil général s’interroge dans la presse : « Qu’est devenue la tradition d’accueil de notre pays, cette France ouverte ? » En effet, un artiste indien, invité par le conseil général dans le cadre de ses échanges intetrnationaux, a été bloqué à la frontière, et n’a donc pas pu participer au spectacle prévu dans le cadre de l’opération « Fenêtre sur l’Inde ». Quelques jours plus tard, ce sont des musiciens du groupe groupe Burkina Bé « Sama Band de Borono » qui sont interdits de séjour pour la semaine de la solidarité internationale.

Le 5 novembre, la section s’associe avec Cac Sud 22 pour organiser une soirée sur les discriminations, avec pour support le film d’Alice Diop, « la mort de Danton ». Animé par Nadia Doghramadjian, secrétaire générale adjointe de la Ligue des droits de l’Homme, et animatrice du groupe de travail national sur les discriminations.

Le 11 novembre, c’est un événément important pour la section : l’inauguration de la stèle érigée par la municipalité de Trévé, en hommage aux tirailleurs sénégalais internés dans un camp dans la commune. Une cérémonie émouvante, en présence de Joseph Collet, maire de Trévé, Ronan Kerdraon, sénateur, Armelle Mabon et Anne Cousin, historiennes, Michelle Paul, présidente de la section, et suivie par une centaine de personnes.

httpv://www.youtube.com/watch?v=WPIM5Uzj2aM

Ce même jour, la section a tenu son assemblée générale, également à Trévé.

En décembre, ce sont les nazillons de breiz atao, qui se manifestent, en se réjouissant du vandalisme perpétré contre l’arbre de la laïcité de Concarneau, avec le verbiage qu’on leur connaît.

Pour cette rétrospective de l’année, nous nous sommes contentés de parler de ce qui s’est passé localement, et ce qui a mobilisé la section : cela ne veut évidemment pas dire que nous nous sommes désintéressés des actualités nationale et internationale !

Retour sur une année de luttes pour les droits de l’homme : 3ème partie

Le demandeurs d'asile logés par le conseil général à Saint-Brieuc.

Juillet : la lutte pour soutien aux demandeurs d’asile se poursuit, avec l’occupation du centre social du Plateau, à Saint-Brieuc. 13 demandeurs d’asile, dont 7 enfants, à la rue y ont trouvé refuge, soutenus et aidés par le collectif contre le racisme et pour la solidarité, qui coordonne les actions. Le 13 juillet, enfin une bonne nouvelle, mais qui n’arrive pas de là où on l’attendait : une maison est mise à la disposition des familles, rue Jean-Jaurès à Saint-Brieuc. Ce n’est pas, et pour cause, le préfet qui l’annonce, alors que c’est sa mission : c’est Annie Le Houérou, vice présidente du conseil général.

Le 21 juillet, la plaque de la stèle que la mairie de Trévé est revenue de la fonderie. L’oeuvre d’Annie Lagadec, sculpteur et membre de la section sera fixée sur la stèle et l’inauguration aura lieu le 11 novembre 2011. On peut voir la vidéo d’Annie en train de préparer le moule ici.

Pendant l’été, pas de trêve pour les demandeurs d’asile, les sans papiers et les étrangers. Sara, une jeune Mongole, s’est suicidée début août en se jetant sous une voiture, sur la 4 voies, à la hauteur de Plérin. Lire aussi ici, ici, et là.

Quelques jours plus tard, une nouvelle famille était placée en rétention au centre de Rennes Saint-Jacques.

Le mois de septembre a été marqué par la lutte des salariés de Carrefour Market à Loudéac, pour obtenir que l’ouverture de leur magasin le dimanche matin ne puisse pas avoir lieu. Ils ont manifesté plusieurs dimanches consécutifs, mais la direction n’a pas reculé, malgré les gesticulations du député Le Fur qui ne devait plus se souvenir qu’il avait voté quelques mois plutôt une loi autorisant cette ouverture. Depuis, Ronan Kerdraon, sénateur, a déposé et fait adopter au Sénat un amendement réglementant plus sévèrement ces ouvertures. Amendement qui doit être maintenant accepté par l’assemblée nationale : nous ne doutons pas que le député soutiendra l’initiative de son collègue sénateur…

A suivre.

Retour sur une année de luttes pour les droits de l’Homme, 2ème partie

Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH, à Rennes au mois de mai.

« Oubliés d’hier, oubliés d’aujourd’hui » : c’est le titre que la section a donné à l’animation qu’elle a organisée à Trévé le 16 avril 2011. Au départ de cette « aventure », une rencontre, avec Armelle Mabon, historienne et ligueuse, qui nous a signalé l’existence, à Trévé, d’un camp où ont été internés des prisonniers de guerre africains (« tirailleurs sénégalais »). Faits prisonniers par les Allemands en 1940, ils avaient été enfermés dans un « frontstallag » en France. A la Libération, on a voulu les renvoyer chez eux. Mais ils n’avaient pas touché leurs soldes (ils étaient engagés dans l’armée française) : ils ont refusé de partir. De Morlaix, on les a transférés à Trévé, où ils ont séjourné de novembre 1944 à février 1945. Armelle Mabon s’est penchée sur cette histoire dramatique, et en a tiré un film qu’elle a écrit, et un livre : « oubliés et trahis, les prisonniers de guerre coloniaux et nord-africains ». Nous avons retrouvé à Trévé une trentaine de témoins de cet épisode de la seconde guerre mondiale, et nous avons rassemblé leurs témoignages dans un recueil intitulé « Nous n’avions jamais vu de Noirs ». Lire le dossier complet et voir les vidéos ici. Au mois de novembre, une stèle a été érigée par la municipalité de Trévé à la mémoire de ces soldats : nous y reviendrons.

C’est aussi au mois d’avril que les nazillons de Breiz Atao se sont une nouvelle fois manifestés : il était pour eux insupportable qu’une jeune femme noire soit élue conseillère générale à Brest. Et là, il ont déversé leur fiel avec une indécence et une vulgarité sans nom. La Ligue des droits de l’Homme est une des cibles privilégiée de ce groupuscule, et fait régulièrement l’objet d’articles immondes sur leur site.

Au mois de mai, la lutte pour la défense des demandeurs d’asile se poursuit, avec notamment une manifestation devant le tribunal de Saint-Brieuc.

La conférence de Souhayd Benlhassen, présidente de la Fédération internationale des Ligues des droits de l’Homme, à Rennes (invitée par la section de Rennes), sur la révolution tunisienne a été intégralement filmée et mise en ligne.

Juin : le congrès de la Ligue des droits de l’Homme à Reims. Le rapport moral de Jean-Pierre Dubois, les témoignages de défenseurs des droits venus des cinq continents, et le discours d’investiture du nouveau président, Pierre Tartakowsky ont été mis en ligne.

En juin également, nouvelles manifestations pour la défense des demandeurs d’asile, notamment à la préfecture de Saint-Brieuc. Plusieurs représentants de la section ont participé à l’ensemble de ces manifestations. Par ailleurs, depuis le mois d’avril nous nous occupons d’un couple de Géorgiens : logement, dossier administratif…

A suivre…

150 personnes pour soutenir Natacha Aussibal : la vidéo

Mardi 22 novembre, 150 personnes sont venues soutenir Natacha Aussibal, dans sa lutte pour être réintégrée dans son poste à la communauté de communes de Loudéac, la Cidéral. Dès le matin, des militants CGT, venus de toute la Bretagne et au-delà,  se sont regroupés autour du barnum installé par le syndicat devant le siège de la Cidéral, et à 17h, la manifestation a débuté dans une ambiance joyeuse et déterminée. Un importante délégation de la section Loudéac centre Bretagne y a participé.

Révoquée par le président de la Cidéral, elle avait été réintégrée sur jugement du tribunal administratif, puis placée « en surplus », après la suppression de son poste. Une gabegie humaine : Natacha, dont le seul souhait est de « gagner dignement (sa) vie », touche son salaire sans travailler, et « la communauté de commune emploie une prestataire privée pour remplir sa mission », s’indigne Jean-Edmond Coatrieu, secrétaire général de l’union départementale de la CGT. Le syndicat avait demandé un rendez-vous au président de la Cidéral, Guy Le Helloco, ou, à défaut, un des vice-présidents, mais il ne l’a pas obtenu. La prochaine échéance est prévue pour le 1er décembre, date à laquelle le tribunal administratif jugera sur le fond l’affaire des indemnités qu’un autre salarié de la Cidéral réclame.

Une pétition a été lancée pour soutenir Natacha, à la fois sur papier et en ligne, et elle peut toujours être signée.

Cliquer sur l’image pour voir la vidéo.

httpv://www.youtube.com/watch?v=RhUiUGzGP5E

La LDH aux côtés de Natacha Aussibal mardi 22 novembre

Soutien à Natacha Aussibal (Archives)

Depuis le début de l’affaire, la section Loudéac centre Bretagne soutient Natacha Aussibal dans son combat pour retrouver son poste à la Cidéral, communauté de commune de Loudéac. Révoquée abusivement par le président de la collectivité (révocation condamnée par le tribunal administratif puis désavouée par le conseil de discipline), puis réintégrée, Natacha se trouve depuis un an « en surplus » : ne pouvant pas la révoquer, le président a fait supprimer son poste, et elle est donc sans travail, tout en touchant son salaire. Une situation qu’elle n’accepte pas : elle veut « gagner (son) salaire dignement ».

Une pétition sur papier (télécharger ici), et une autre en ligne (à signer ici) ont été lancées. L’Union syndicale départementale CGT Services publics a sollicité un rendez-vous avec le président ou à défaut un des vice-présidents de la communauté de communes, mardi 22 novembre à 17h. Simultanément, une manifestation de soutien à Natacha aura lieu devant le siège de la CIDERAL, place du champ de foire à Loudéac. Un courrier a également été adressé par l’USD CGT services publics aux élus de la communauté de communes.

Pour compléter votre information, quelques documents :

  • la chronologie des événements, depuis le début de l’affaire
  • le courrier aux élus

Chronologie des événements, établie par Natacha Aussibal.

«  »Les pressions de la part de mon employeur ont débuté avec les élections des délégués du personnel à la CIDERAL.

Le mercredi 29 novembre 2008, le service du personnel m’a demandé de me présenter expressément dans les locaux administratifs pour me remettre un dossier qui aurait dû être déposé, dans le courrier interne. Il s’agissait des documents (non datés) de prolongation de stage pour insuffisance professionnelle adressés à la Commission Administrative Paritaire, par le Président. Il est à noter que, préalablement à cette décision, aucune information ni entretien à ce sujet ne m’a été proposé. Cette décision allait à l’encontre de l’avis de mes responsables, satisfaits de mon travail et favorables à ma titularisation. C’est mon chef de service qui m’a remis le document relatif à cette décision après avoir dû le réclamer auprès de Monsieur le Président.

Ce dernier qui n’a jamais eu l’occasion de me rencontrer ni lors de mon recrutement, ni sur mon temps de travail a fait fi des avis favorables. Il me reprochait :

  • Un manque du sens de service public
  • Un travail en commun peu mis à profit
  • Et un sens des responsabilités parfois absent.

Dès le mercredi 29, j’ai sollicité un rendez-vous avec Monsieur le Président qui a été fixé au vendredi 1er novembre à 8h30.

Le jeudi 30, en signe de protestation, le syndicat C.G.T. appelait les collègues de la piscine à arrêter le travail le jeudi 6 novembre. Ce même jour et à réception du préavis de grève, Monsieur le Président a demandé, à ma collègue de l’accueil, de m’informer qu’il annulait le rendez-vous au motif qu’il ne discutait pas sous la pression. Or, conformément aux dispositions législatives : durant la durée du préavis, les parties concernées sont tenues de négocier. Je me suis donc quand même présentée aux jour et heure prévus, accompagnée d’un représentant du personnel, afin de tenter d’obtenir la raison des motifs invoqués. Je n’ai rencontré Monsieur le Président qu’à la porte de son bureau. Ce dernier après m’avoir annoncé qu’il refusait de me recevoir, m’a évoqué différents problèmes liés à l’organisation de la piscine et aux dysfonctionnements provoqués par certains collègues (informations absolument hors du sujet me concernant).

Le 3 novembre, j’ai déposé un courrier à la CIDERAL résumant cette rencontre et son contenu.

Pour toute réponse, j’ai reçu, comme l’ensemble du personnel de la collectivité, une lettre d’information relative à mon cas, accompagnée du préavis de grève et incitant tous les agents de la collectivité à faire un choix alors que seul le personnel des Aquatides était concerné. Malgré le courrier de mes responsables de service s’étonnant de la décision prise et sollicitant l’avis de la Commission Administrative Paritaire qui stipule :

  • « considérant l’absence d’une insuffisance avérée »
  • « considérant les contestations entre les différents responsables hiérarchiques de l’agent sur sa manière de servir »
  • « En conséquence, la commission émet un avis défavorable à la prolongation de stage demandée ».

Malgré mon recours gracieux en date du 18 janvier 2009, j’étais toujours en attente d’une rencontre me permettant d’éclaircir cette situation qui me semblait injuste.

Je suis également titulaire du concours d’adjoint administratif 1ère classe. Mes différentes demandes n’ont pas abouties et je n’ai pas été nommée à ce grade. J’ai donc perdu le bénéfice de mon concours.

Ensuite, le mardi 19 octobre 2009, Mme COLLET, élue en charge du personnel à la CIDERAL et de passage sur le site des Aquatides, m’a prise à partie à l’accueil de la piscine, sur mon temps de travail et aux vus des usagers, pour me signaler qu’il y avait des plaintes quant à ma façon de recevoir certaines personnes. Très étonnée, je l’ai informée que depuis 2 ans à ce poste, les utilisateurs de la structure m’ont fait savoir qu’ils m’appréciaient et appréciaient ma façon de servir. De plus, je lui ai également précisé que bien notée par mes supérieurs, ces derniers m’ont fait part de leur satisfaction. Je lui ai donc proposé de rencontrer les usagers insatisfaits pour discuter avec eux des reproches à mon encontre. Mme COLLET m’a répondu que les personnes mécontentes étaient prêtes à témoigner mais dans l’anonymat.

Lundi 4 janvier 2009, alors que j’étais encore en congé, j’ai reçu, sur mon mail personnel, un rendez-vous avec Mr le Président de la CIDERAL, pour le lendemain (jour de ma reprise du travail). Je me suis rendue à l’entrevue accompagnée de Mme Marie-Christine LE BRETON,représentante syndicale de l’USD C.G.T. des Côtes d’Armor.

Monsieur le Président souhaitait me notifier mon changement de poste effectif dès le lendemain. J’ai donc été affectée à la pépinière d’entreprises de la CIDERAL. Cette modification de services se justifierait par le passage au privé du service entretien de la piscine.

Or, il n’y avait aucun motif à ce que je fasse partie de ces changements. Toutefois, j’ai pu constater que le poste administratif que j’occupais a été confié à un agent titulaire du grade d’adjoint technique. Lors de l’entretien, Mme LE BRETON a demandé, au Président, les comptes- rendus du Comité Technique Paritaire concernant ces modifications de postes. Il n’apu les lui fournir, ces changements n’ayant pas été votés en C.T.P.

Monsieur le Président a, également, refusé de noter mon travail pour l’année 2009 au prétexte, inscrit sur la fiche de notation, de «contestation permanente des décisions de l’Autorité Territoriale ». Sur cette même fiche, Monsieur le Président répond à mon voeu de nomination au grade supérieur en évoquant l’indisponibilité de poste. Or, un agent m’a pourtant informée de sa nomination à ce grade après une récente réussite au concours. Il faut savoir que cet agent occupait le poste d’accueil à la Pépinière d’entreprises. Pourtant, lors de mon changement de poste arbitraire, début janvier 2010, Monsieur le Président m’a prôné la valorisation de ce nouveau poste. Je tiens à préciser, comme je l’ai spécifié précédemment que je suis inscrite sur la liste d’aptitude en 2008. Bien qu’il ne soit pas dans l’obligation de la collectivité d’accéder à mes demandes, sans nomination je perdrais le bénéfice de mon concours en février 2011.

Par la suite, Monsieur le Président a prononcé ma révocation à compter du 26 juillet 2010 pour, selon lui, manquement au devoir de réserve dans un tract émis par le syndicat et distribué par mes soins.

Outre le fait que j’ai rejeté le motif et par là-même la sanction, j’ai aussi constaté qu’aucune procédure légale n’avait été appliquée :

  • Manque de temps pour consultation du dossier et mise en place de ma défense ; (convocation à l’entretien par courrier recommandé en date du 5/07 récupéré le 7/07 pour un entretien le 8/07 à 11h)
  • Consultation du dossier après entretien; (dossier non conforme aux règles, pièces non numérotées, documents relatifs à la procédure complètement absents)
  • Courrier de révocation remis lors de l’entretien non nominatif et sans entête ;
  • Aucune procédure disciplinaire mise en place – pas d’information à la CAP ; (décision prise, aux dires du Président, par lui-même et ses élus)
  • Vice de forme dans l’arrêté de révocation;

Le jugement en référé a eu lieu le 4 août dernier et a annulé l’acte pris par la Cidéral et ordonné ma réintégration dans l’intégralité de mes fonctions.

Le juge administratif a également indiqué à Mr Le Helloco, en complément, que mon activité syndicale était normale et conforme au droit, pour une représentante syndicale légitimement élue par les salariés de la collectivité et que le contenu des tracts qu’il avait mis en cause était bien gentil au regard d’autres dans d’autres collectivités qui parfois peuvent être bien virulents, tout en restant conformes au Droit.

Rétablie dans mon bon droit au regard de la loi, je me suis donc présentée, accompagnée de deux témoins membres respectivement du syndicat et de la Ligue des Droits de l’Homme, pour obtenir les clés du bureau où j’exerce mes fonctions.

Le président m’a demandé de patienter jusqu’à 10 h 30, heure à laquelle j’ai été reçue par Monsieur le Directeur Général des Services qui avait consigne de me remettre :

  • un courrier dans lequel le président renouvelle son accusation pour faute grave et manquement au devoir de réserve et m’informe qu’il envisage de nouveau de me révoquer après avoir saisi la CAP réunie en Conseil de Discipline.
  • Un arrêté d’annulation de révocation
  • Un arrêté portant suspension dans l’intérêt du service, pour faute grave (malgré que le juge ait constaté l’absence de faute grave).

Le dernier rendez-vous s’est déroulé lundi 9 août à 10h30 pour m’avertir officiellement de ma suspension.

Le 14 septembre 2010, s’est tenu le Conseil de Discipline qui « à la majorité des voix , était d’avis qu’aucune sanction ne soit prononcée ».

Malgré l’avis de ce Conseil, le Président s’est fait oublier et a fait durer la suspension, sans aucun motif, jusqu’au terme des 4 mois légaux.

Le 21 décembre, dernier jour de ma suspension, à 17h10, j’ai reçu l’appel de la secrétaire du Président. Elle me notifiait que j’étais en surnombre à compter du lendemain puisque le poste  d’assistante pépinières était supprimé pour motif économique après vote en CTP et Conseil Communautaire. Il faut savoir que Monsieur Le Helloco a présenté au Conseil Communautaire une économie de 25 000 euros sur traitement en n’omettant pas de préciser que je resterai chez moi en percevant mon salaire intégral. Il est inconcevable que les élus n’aient pas relevé qu’aucune économie ne pouvait être faite si je continuais à percevoir ma rémunération.

A ce jour, je suis toujours en attente d’une décision de la HALDE. J’ai, également, deux recours auprès du T.A., l’un pour mon changement de poste arbitraire et l’autre pour la suppression du poste à la pépinière avec évocation d’une révocation déguisée. »

Natacha Aussibal

Courrier de la CGT aux élus de la Cidéral

Télécharger la lettre.

CHRONOLOGIE

Les pressions de la part de mon employeur ont débuté avec les élections des délégués du

personnel à la CIDERAL.

Le mercredi 29 novembre 2008, le service du personnel m’a demandé de me présenter expressément dans les locaux administratifs pour me remettre un dossier qui aurait dû être déposé, dans le courrier interne. Il s’agissait des documents (non datés) de prolongation de stage pour insuffisance professionnelle adressés à la Commission Administrative Paritaire, par le Président. Il est à noter que, préalablement à cette décision, aucune information ni entretien à ce sujet ne m’a été proposé. Cette décision allait à l’encontre de l’avis de mes responsables, satisfaits de mon travail et favorables à ma titularisation. C’est mon chef de service qui m’a remis le document relatif à cette décision après avoir dû le réclamer auprès de Monsieur le Président.

Ce dernier qui n’a jamais eu l’occasion de me rencontrer ni lors de mon recrutement, ni sur mon temps de travail a fait fi des avis favorables. Il me reprochait :

Un manque du sens de service public

Un travail en commun peu mis à profit

Et un sens des responsabilités parfois absent.

Dès le mercredi 29, j’ai sollicité un rendez-vous avec Monsieur le Président qui a été fixé au

vendredi 1er novembre à 8h30.

Le jeudi 30, en signe de protestation, le syndicat C.G.T. appelait les collègues de la piscine à arrêter le travail le jeudi 6 novembre. Ce même jour et à réception du préavis de grève, Monsieur le Président a demandé, à ma collègue de l’accueil, de m’informer qu’il annulait le rendez-vous au motif qu’il ne discutait pas sous la pression. Or, conformément aux dispositions législatives : durant la durée du préavis, les parties concernées sont tenues de négocier. Je me suis donc quand même présentée aux jour et heure prévus, accompagnée d’un représentant du personnel, afin de tenter d’obtenir la raison des motifs invoqués. Je n’ai rencontré Monsieur le Président qu’à la porte de son bureau. Ce dernier après m’avoir annoncé qu’il refusait de me recevoir, m’a évoqué différents problèmes liés à l’organisation de la piscine et aux dysfonctionnements provoqués par certains collègues (informations absolument hors du sujet me concernant).

Le 3 novembre, j’ai déposé un courrier à la CIDERAL résumant cette rencontre et son contenu.

Pour toute réponse, j’ai reçu, comme l’ensemble du personnel de la collectivité, une lettre d’information relative à mon cas, accompagnée du préavis de grève et incitant tous les agents de la collectivité à faire un choix alors que seul le personnel des Aquatides était concerné. Malgré le courrier de mes responsables de service s’étonnant de la décision prise et sollicitant l’avis de la Commission Administrative Paritaire qui stipule :

« considérant l’absence d’une insuffisance avérée »

« considérant les contestations entre les différents responsables hiérarchiques de l’agent sur sa

manière de servir »

Natacha Aussibal


MAJ vendredi 16 septembre 2011

« En conséquence, la commission émet un avis défavorable à la prolongation de stage

demandée »,

Malgré mon recours gracieux en date du 18 janvier 2009, j’étais toujours en attente d’une

rencontre me permettant d’éclaircir cette situation qui me semblait injuste.

Je suis également titulaire du concours d’adjoint administratif 1ère classe. Mes différentes

demandes n’ont pas abouties et je n’ai pas été nommée à ce grade. J’ai donc perdu le bénéfice

de mon concours.

Ensuite, le mardi 19 octobre 2009, Mme COLLET, élue en charge du personnel à la

CIDERAL et de passage sur le site des Aquatides, m’a prise à partie à l’accueil de la piscine,

sur mon temps de travail et aux vus des usagers, pour me signaler qu’il y avait des plaintes

quant à ma façon de recevoir certaines personnes. Très étonnée, je l’ai informée que depuis 2

ans à ce poste, les utilisateurs de la structure m’ont fait savoir qu’ils m’appréciaient et

appréciaient ma façon de servir. De plus, je lui ai également précisé que bien notée par mes

supérieurs, ces derniers m’ont fait part de leur satisfaction. Je lui ai donc proposé de

rencontrer les usagers insatisfaits pour discuter avec eux des reproches à mon encontre. Mme

COLLET m’a répondu que les personnes mécontentes étaient prêtes à témoigner mais dans

l’anonymat.

Lundi 4 janvier 2009, alors que j’étais encore en congé, j’ai reçu, sur mon mail personnel, un

rendez-vous avec Mr le Président de la CIDERAL, pour le lendemain (jour de ma reprise du

travail). Je me suis rendue à l’entrevue accompagnée de Mme Marie-Christine LE BRETON,

représentante syndicale de l’USD C.G.T. des Côtes d’Armor.

Monsieur le Président souhaitait me notifier mon changement de poste effectif dès le

lendemain. J’ai donc été affectée à la pépinière d’entreprises de la CIDERAL. Cette

modification de services se justifierait par le passage au privé du service entretien de la

piscine.

Or, il n’y avait aucun motif à ce que je fasse partie de ces changements. Toutefois, j’ai pu

constater que le poste administratif que j’occupais a été confié à un agent titulaire du grade

d’adjoint technique. Lors de l’entretien, Mme LE BRETON a demandé, au Président, les

comptes- rendus du Comité Technique Paritaire concernant ces modifications de postes. Il n’a

pu les lui fournir, ces changements n’ayant pas été votés en C.T.P..

Monsieur le Président a, également, refusé de noter mon travail pour l’année 2009 au

prétexte, inscrit sur la fiche de notation, de «contestation permanente des décisions de

l’Autorité Territoriale ». Sur cette même fiche, Monsieur le Président répond à mon voeu de

nomination au grade supérieur en évoquant l’indisponibilité de poste. Or, un agent m’a

pourtant informée de sa nomination à ce grade après une récente réussite au concours. Il faut

savoir que cet agent occupait le poste d’accueil à la Pépinière d’entreprises. Pourtant, lors de

mon changement de poste arbitraire, début janvier 2010, Monsieur le Président m’a prôné la

valorisation de ce nouveau poste.

Je tiens à préciser, comme je l’ai spécifié précédemment que je suis inscrite sur la liste

d’aptitude en 2008. Bien qu’il ne soit pas dans l’obligation de la collectivité d’accéder à mes

demandes, sans nomination je perdrais le bénéfice de mon concours en février 2011.

Par la suite, Monsieur le Président a prononcé ma révocation à compter du 26 juillet 2010

pour, selon lui, manquement au devoir de réserve dans un tract émis par le syndicat et

distribué par mes soins.

Natacha Aussibal


MAJ vendredi 16 septembre 2011

Outre le fait que j’ai rejeté le motif et par là-même la sanction, j’ai aussi constaté qu’aucune

procédure légale n’avait été appliquée :

-Manque de temps pour consultation du dossier et mise en place de ma défense ;

(convocation à l’entretien par courrier recommandé en date du 5/07 récupéré le 7/07

pour un entretien le 8/07 à 11h)

-Consultation du dossier après entretien;

(dossier non conforme aux règles, pièces non numérotées, documents relatifs à la

procédure complètement absents)

-Courrier de révocation remis lors de l’entretien non nominatif et sans entête ;

-Aucune procédure disciplinaire mise en place – pas d’information à la CAP ;

(décision prise, aux dires du Président, par lui-même et ses élus)

-Vice de forme dans l’arrêté de révocation;

Le jugement en référé a eu lieu le 4 août dernier et a annulé l’acte pris par la Cidéral et

ordonné ma réintégration dans l’intégralité de mes fonctions.

Le juge administratif a également indiqué à Mr Le Helloco, en complément, que mon activité

syndicale était normale et conforme au droit, pour une représentante syndicale légitimement

élue par les salariés de la collectivité et que le contenu des tracts qu’il avait mis en cause était

bien gentil au regard d’autres dans d’autres collectivités qui parfois peuvent être bien

virulents, tout en restant conformes au Droit.

Rétablie dans mon bon droit au regard de la loi, je me suis donc présentée, accompagnée de

deux témoins membres respectivement du syndicat et de la Ligue des Droits de l’Homme,

pour obtenir les clés du bureau où j’exerce mes fonctions.

Le président m’a demandé de patienter jusqu’à 10 h 30, heure à laquelle j’ai été reçue par

Monsieur le Directeur Général des Services qui avait consigne de me remettre :

-un courrier dans lequel le président renouvelle son accusation pour faute grave et

manquement au devoir de réserve et m’informe qu’il envisage de nouveau de me

révoquer après avoir saisi la CAP réunie en Conseil de Discipline.

-Un arrêté d’annulation de révocation

-Un arrêté portant suspension dans l’intérêt du service, pour faute grave (malgré que le

juge ait constaté l’absence de faute grave).

Le dernier rendez-vous s’est déroulé lundi 9 août à 10h30 pour m’avertir officiellement de ma

suspension.

Le 14 septembre 2010, s’est tenu le Conseil de Discipline qui « à la majorité des voix , était

d’avis qu’aucune sanction ne soit prononcée ».

Malgré l’avis de ce Conseil, le Président s’est fait oublier et a fait durer la suspension, sans

aucun motif, jusqu’au terme des 4 mois légaux.

Le 21 décembre, dernier jour de ma suspension, à 17h10, j’ai reçu l’appel de la secrétaire du

Président. Elle me notifiait que j’étais en surnombre à compter du lendemain puisque le poste

Natacha Aussibal


MAJ vendredi 16 septembre 2011

d’assistante pépinières était supprimé pour motif économique après vote en CTP et Conseil

Communautaire. Il faut savoir que Monsieur Le Helloco a présenté au Conseil

Communautaire une économie de 25 000 euros sur traitement en n’omettant pas de préciser

que je resterai chez moi en percevant mon salaire intégral. Il est inconcevable que les élus

n’aient pas relevé qu’aucune économie ne pouvait être faite si je continuais à percevoir ma

rémunération.

A ce jour, je suis toujour s en attente d’une décision de la HALDE. J’ai, également, deux

recours auprès du T.A., l’un pour mon changement de poste arbitraire et l’autre pour la

suppression du poste à la pépinière avec évocation d’une révocation déguisée.

Natacha Aussibal


Projets 2012 : Lebrac, 3 mois de prison

« Si on écrivait la Guerre des boutons aujourd’hui, (…) ils finiraient tous en prison ».
(Extrait de la postface de Laurent Bonnelli au livre de Bertrand Rothé).

Parmi les projets de la section pour l’année 2012, une soirée exceptionnelle. Nous allons, en partenariat avec le cinéma le Cythéa de Plouguenast, projeter le film d’Yves Robert, la Guerre des boutons, tiré du roman de Louis Pergaud. Et nous avons invité Bertrand Rothé, auteur du livre « Lebrac, 3 mois de prisons », à venir expliquer son travail.

Le livre de Bretrand Rothé reprend le roman de Pergaud, mais en le transposant dans les années 2000 : on se rend compte que ce qui nous avait tous fait rire dans le roman et dans le film prendrait aujourd’hui une toute autre tournure, et que l’histoire se terminerait devant le juge, avec la condamnation de Lebrac, un des héros du roman, à une peine de trois mois de prison.

Bertrand Rothé a repris la trame du roman de Pergaud, en la transposant à notre époque, et dans un quartier urbain sensible. Pour écrire son livre, qui est lui aussi un vrai roman, il s’est entourée de professionnels : éducateurs, juges, policiers, enseignants… Et il a appliqué l’arsenal législatif mis en place depuis quelques années pour détricoter une des fiertés du conseil national de la résistance : l’ordonnance de 1945, qui est le socle de la justice pour enfants en France.

Le thème du débat sera donc celui-là : quelle est la situation de la justice pour enfant aujourd’hui après les assauts répétés de la droite pour en supprimer le côté éducatif en lui substituant le volet répressif.

La postface de Bertrand Rothé à son livre

En 1968, M. Balot, mon instituteur, n’avait pas conscience de nous lire une histoire de voyous, de sauvageons[1], de racailles[2], de délinquants. Il avait l’impression de lire un hymne à l’enfance, à la liberté, à la vie. Il avait l’impression de nous faire découvrir l’amitié à travers le regard de Lebrac, de La Crique et des autres. Il avait l’impression de jouer son rôle d’éducateur, d’enseignant, d’instituteur, d’homme de bonne volonté. Il n’avait pas conscience que, quarante ans plus tard, aucun de ses collègues ne lirait plus à haute voix La Guerre des boutons.

En trente ans, nos héros sont devenus des délinquants.

D’aucuns pensent que la société est devenue plus libérale depuis cette époque, voire trop laxiste. La lecture de ce livre leur fera réviser leur jugement.

Rien n’a été inventé.

Merci à Pergaud. Merci aux juges, à l’avocate, au médecin, aux éducateurs et aussi au policier qui m’ont permis d’écrire ce livre. Merci surtout à M. Balot qui m’a appris à lire et à écrire.

Bertand Rothé, in « Lebrac, trois mois de prison », Conclusion, p.269, éd. Seuil, mai 2009.


[1] Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de l’intérieur de Lionel Jospin, utilisa ce terme.

[2] Nicolas Sarkozy préféra celui-là.

Assemblée générale de la section : un bilan positif

L'assemblée générale 2011, à Trévé

L’assemblée générale de la section Loudéac centre Bretagne s’est tenue vendredi 11 novembre, à la salle polyvalente de Trévé, après l’inauguration de la stèle.

C’était la troisième assemblée générale de la section, qui a été créée en décembre 2009. Nous avons toujours une trentaine d’adhérents.

L’année 2011 a été marquée par deux temps forts : la journée « oubliés d’hier, oubliés d’aujourd’hui », le 16 avril à Trévé, avec la projection du film d’Armelle Mabon « Oubliés et trahis », et les témoignages des Trévéens qui avaient connu le camp des tirailleurs sénégalais. C’est à cette occasion que Joseph Collet, maire de Trévé, avait lancé l’idée d’ériger une stèle à la mémoire de ces hommes : c’est elle qui a été inaugurée le 11 novembre, à l’emplacement du camp. Ce travail s’est concrétisé également par la publication du livre « Nous n’avions jamais vu de Noirs », aux éditions Récits, dont la vente approche les 300 exemplaires.

Deuxième temps fort, à La Chèze, la projection du film « La Mort de Danton », d’Alice Diop, dans le cadre du « mois du film documentaire », en partenariat avec CAC Sud 22. La projection a été suivie d’un débat particulièrement riche, avec Nadia Doghramadjian, secrétaire générale adjointe de la LDH et coordinatrice du groupe de travail sur les discriminations.

Parallèlement à ces actions publiques, la section mène un travail plus discret, mais continue, qui consiste à accompagner des personnes dont les droits sont bafoués. Neuf dossiers (personnes seules ou familles) ont été suivis cette année, avec une immense satisfaction lorsque Esther, jeune femme congolaise mère d’un enfant français, a obtenu un titre de séjour au titre de « vie privée et familiale », grâce à l’intervention du service juridique de la Ligue, qui avait fait un courrier au préfet des Côtes d’Armor. L’accompagnement des personnes consiste en général à leur apporter une aide matérielle, financière, une aide dans leurs démarches auprès de la préfecture, des avocats, la constitution de dossiers, etc… Ce volet de notre action n’est possible que grâce à la mobilisation de l’ensemble des adhérents.

La section participe depuis le mois d’avril aux activités du Collectif briochin contre le racisme et pour la solidarité, qui s’occupe essentiellement des demandeurs d’asile. Nous avons participé à plusieurs manifestations organisées par le collectif, notamment l’occupation du centre social du Plateau à Saint-Brieuc, et l’occupation du service de la cohésion sociale à la préfecture. Nous avons participé également à l’hommage rendu à Sara, jeune Mongole sans papiers qui s’est suicidée cet été.

La section participe aussi activement à la vie de la Ligue des droits de l’Homme : Michelle Paul la représente à la délégation régionale, et nous participons régulièrement aux réunions de travail et de formation organisées par la délégation régionale et la fédération départemental. Deux délégués de la section ont participé au congrès national à Reims.

La gestion du site de la section représente une part importante de notre travail, il nous permet d’avoir une visibilité publique. Il commence à avoir une fréquentation très honorable, et à être connu dans le réseau national.

Dans un prochain article, nous présenterons les projets de la section pour l’année 2012.

Vidéo : Armelle Mabon explique sa démarche

Armelle Mabon, historienne, explique dans une vidéo la démarche qui l’a conduite à effectuer des recherches sur les prisonniers de guerre coloniaux de la seconde guerre mondiale, et le traitement dont ils ont été victimes à la libération. C’était le 16 avril à Trévé, en introduction à la projection du film qu’elle a écrit, « Oubliés et trahis, les prisonniers de guerre coloniaux et nord-africains ».

httpv://www.youtube.com/watch?v=ZHz9te54Jnw

Inauguration de la stèle à Trévé : l’intégralité de la cérémonie

Voici l’intégralité des interventions lors de l’inauguration de la stèle érigée vendredi 11 novembre à Trévé, à la mémoire des tirailleurs sénégalais. Cette cérémonie a été présidée par Joseph Collet, maire de la commune, qui a introduit chacune des différentes interventions, et détaillé l’historique des événements qui ont conduit à l’érection de la stèle.

Joseph Collet, maire de Trévé.

Joseph Collet, maire de Trévé (photo Anne Cousin)

La date du 11 novembre pour cette inauguration n’a pas été choisie au hasard. C’est le jour où les 300 tirailleurs sénégalais en provenance de Morlaix sont arrivés à Trévé en 1944. Je laisserais à Armelle MABON, Maitre de Conférences à l’Université de Bretagne Sud, le soin de préciser les raisons de leur venue à Trévé et de vous expliquer le texte que vous pourrez lire tout à l’heure sur la plaque. Sans elle, nous ne serions pas là. Elle est à l’origine de toutes les démarches, de toutes les recherches, de tous les entretiens que nos bénévoles locaux et de la Ligue des Droits de l’Homme ont pu entreprendre depuis un an.

Discours d’Armelle Mabon, historienne

Armelle Mabon (photo Anne Cousin)

Monsieur le Maire, Mesdames, Messieurs, Amis ligueurs,

Avant toute chose, je tiens à vous remercier pour ce bel hommage rendu à ces tirailleurs dits « sénégalais » faits prisonniers par les Allemands alors qu’ils sont venus de leur lointain pays combattre pour la liberté de la France. Internés dans des Fronststalags en France pendant 4 ans, libérés  durant l’été 1944, ils devaient rejoindre leur terre natale en novembre 1944. Les 300 tirailleurs ont été internés ici à Trévé après avoir refusé de monter à bord du  Circassia à Morlaix parce que l’administration, malgré les promesses, ne leur versait pas l’intégralité des soldes auxquelles ils avaient droit. Ceux qui ont quitté la France à bord du Circassia et qui ont réclamé à nouveau leur solde avant de rejoindre leur village ont été victimes, à la caserne de Thiaroye, près de Dakar, d’une démonstration de force de l’Armée française faisant 35 tués, 35 blessés et plusieurs condamnations pour faits de mutinerie ont été prononcées. Trévé et Thiaroye sont liés par un déni d’égalité des droits et une injustice dictée par la volonté de la France coloniale de maintenir ces hommes en sujets de l’Empire avec des droits moindres alors qu’ils avaient subi les mêmes souffrances que les Français de Métropole.

Mon travail d’historienne a contribué à faire surgir une mémoire collective. Cet acte mémoriel relayé par la Ligue des Droits de l’Homme section de Loudéac puis retranscrit  dans l’ouvrage « Nous n’avions jamais vu de Noirs » et gravé avec une force esthétique grâce au talent d’Annie Lagadec me conduit à reprendre ma posture d’historienne. Je voudrais retrouver la liste de ces 300 ex-prisonniers de guerre avec leur village d’origine et peut-être que les enfants de Trévé écriront à chaque village pour que là-bas ils sachent qu’en Bretagne, à Trévé, un bel hommage a été rendu à l’un des leurs. En combattant l’oubli, l’historienne que je suis s’associe à la commémoration et je vous suis redevable de vous être inscrit dans ce « devoir de mémoire » dans sa conception la plus noble. Un jour, les descendants de ces tirailleurs vous diront aussi Merci.

Joseph Collet, maire de Trévé

Lorsqu’Armelle MABON nous avait contactés en 2002 pour recueillir des témoignages auprès des témoins de l’époque, ce sujet n’avait réveillé aucun souvenir. En 2003, Violaine DEJOIE-ROBIN et Armelle MABON réalisent un documentaire « Oubliés et trahis, les prisonniers de guerre coloniaux et nord-africains ». En 2006, « Indigènes », le film de Rachid Bouchareb qui traite du même thème est honoré au Festival de Cannes. En 2010, c’est la sortie du livre d’Armelle MABON : « Prisonniers de guerre indigènes. Visages oubliés de la France occupée ». En fin d’année dernière, la Ligue des Droits de l’Homme veut travailler sur le thème des « Oubliés d’hier et Oubliés d’aujourd’hui ». Noël LAGADEC qui vient de lire le livre, propose de relancer la recherche de témoins en faisant publier un article dans le Courrier Indépendant sur le passage du livre qui concerne Trévé en l’illustrant avec une photo tirée du livre : André Bokar, un soldat africain posant devant un mur à Trévé. La lecture de cet article et encore plus, la photo éveillent des souvenirs et de témoin en témoin, ce sont près de 35 personnes qui vont livrer leurs souvenirs à Annie et Noël Lagadec, Jérôme LUCAS et à la caméra de Jacques PAUL. Si certains parlent bien du camp de Trévé, d’autres ont été en contact avec ceux qui ont été réquisitionnés par les allemands pour creuser les tranchées d’un futur réseau téléphonique souterrain reliant Saint Brieuc à Lorient.

Le 16 avril pour la sortie du livre « Nous n’avions jamais vu de noirs » qui rassemble tous les témoignages, la Ligue des Droits de L’Homme organise une réunion au cours de laquelle est projeté le film « Oubliés et trahis » et les témoins évoquent leurs souvenirs. Je propose alors d’ériger une stèle à l’emplacement des baraquements ayant servi à héberger les tirailleurs sénégalais en mémoire de cette période bien particulière de notre histoire locale.

Noël LAGADEC me parle également de la sortie d’un autre livre écrit sur le même sujet et qui décrit des évènements qui se sont déroulés à Morlaix, le port d’où devaient partir les 2000 tirailleurs sénégalais pour rejoindre le camp de Thiaroye près de Dakar. L’auteur de ce livre «Retour tragique des troupes coloniales : Morlaix – Dakar 1944 », c’est Anne COUSIN qui nous a fait le plaisir de venir jusqu’ici et nous l’en remercions. Avec celui d’Armelle MABON et le recueil de souvenirs de Trévé « Nous n’avions jamais vu de noirs », il n’y a pas d’autres livres qui traitent de ce sujet et qui parlent du séjour de ces soldats africains à Trévé.

Discours de Michelle Paul, présidente de la section Loudéac centre Bretagne de la Ligue des droits de l’Homme

Michelle Paul (photo Anne Cousin)

« L’ignorance, l’oubli ou le mépris des droits de l’Homme sont les seules causes des malheurs publics ». Cette phrase, qui date de 1789, figure dans le préambule de la déclaration des droits de l’Homme. Elle figure également dans le préambule de la déclaration Universelle des droits de l’Homme de 1948. Par cette cérémonie, la commune de Trévé et la Ligue des droits de l’Homme, jouent le rôle de passeurs de mémoire.

La Ligue des droits de l’Homme tient à rendre hommage à ces prisonniers coloniaux qui, après avoir servi la France pour défendre notre liberté, ont refusé l’injustice en défendant leurs droits et en réclamant l’égalité.

La Ligue des droits de l’Homme tient également à rendre hommage à la population de Trévé qui a su soutenir et aider les prisonniers du camp : les témoignages recueillis sont poignants. A Trévé, la fraternité n’était pas un vain mot.

Ce que Trévé a fait en 1944-1945, c’est une leçon pour les jeunes générations.

N’oublions pas l’article 1er de la déclaration des droits de l’Homme : « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits ».

Pour la Ligue des droits de l’Homme, un étranger, aujourd’hui comme hier, n’est pas un homme qu’on utilise et qu’on rejette quand on n’en a plus besoin. Nous sommes tous l’étranger de quelqu’un.

Rien n’est acquis, et surtout pas les droits de l’Homme : protester quand ils sont bafoués, c’est faire vivre la démocratie. Résister, s’indigner, témoigner, parler, sont des outils pour les préserver.

Ayons toujours en mémoire ce poème du pasteur Martin Niemoller, écrit en camp de concentration :

« Quand ils sont venus chercher les juifs,
je n’ai rien dit,
je n’étais pas juif.
Quand ils sont venus chercher les catholiques,
je n’ai rien dit,
je n’étais pas catholique.
Quand ils sont venus chercher les communistes,
je n’ai rien dit,
je n’étais pas communiste.
Et puis ils sont venus me chercher :
et il ne restait plus personne pour protester ».

Je profite de la présence de Ronan Kerdraon, sénateur, pour rappeler que le Sénat a mis à son ordre du jour du 8 décembre prochain, une proposition de loi visant à donner le droit de vote aux étrangers hors communauté européenne pour les élections locales.

Merci à Annie Lagadec, membre de la section, qui a réalisé la plaque commémorative, pour son travail remarquable ;

Merci à Armelle Mabon, historienne, et membre de la Ligue des droits de l’Homme, qui, par son travail, a sorti de l’oubli l’histoire de ces hommes;

Merci à la population de Trévé, à sa municipalité et à son maire, pour ce travail de mémoire ;

Merci à ces Africains pour tout ce qu’ils ont fait pour nous.

N’oublions jamais.

Joseph Collet, maire de Trévé

La stèle qui a été dressée sur cet espace est une pierre d’ardoise qui nous vient de Maël-Carhaix. C’est Dominique MADORE, conseiller municipal qui nous a déniché cette pierre dans une carrière désaffectée propriété de Monsieur Yvon BARAZER, lui aussi présent ce matin. L’ardoise de Maël Carhaix, Mr BARAZER l’affirme en toute modestie, c’est la Rolls de l’ardoise ; elle n’a aucun défaut : pas de pyrite de fer, pas de chaux. La preuve : un grand groupe espagnol va en reprendre l’exploitation très prochainement. C’est Gilles CARRÉE de Loudéac qui a fait le transport et la mise en place.

Nous sollicitons Annie LAGADEC pour une plaque en bronze rappelant la présence sur notre sol des tirailleurs sénégalais. Elle a fait un moulage en terre de têtes d’africains et Armelle MABON nous a proposé un texte explicatif et une invitation à nous et aux générations futures à nous souvenir de ce qui s’est passé ici mais plus généralement de la place des soldats d’Afrique dans le conflit de 1939-1945 et du triste sort qui leur a été réservé à la fin de la guerre. Cette plaque en bronze a été coulée à la fonderie NIVET de Plérin

J’ai souhaité qu’une autre plaque soit fixée au dos de cette stèle relatant les constructions des baraquements, écuries, puits, routes… le séjour des réfugiés, l’occupation par les soldats allemands. Yann LAGADEC, auteur d’un livre sur la guerre 39-45 dans la région de Loudéac « Un canton dans la tourmente » m’a fourni la matière et aidé à rédiger le texte.

L’installation de la stèle, l’aménagement autour, la fixation des plaques commémoratives sont l’œuvre de Pascal DORE, notre employé communal, aidé d’Yvon et Frédéric. Nous le remercions pour son travail mais surtout pour ses propositions d’aménagement.

Pourquoi un tel intérêt depuis quelques années pour toutes ces questions liées à la place des africains dans les conflits, à leur combat pour être reconnus comme soldats français à part entière ? Livres et films se succèdent depuis 5-6 ans et montrent au grand jour les injustices dont ils ont été et sont encore victimes. Les épisodes dont nous ne sommes pas trop fiers finissent toujours par arriver en pleine lumière même si à Trévé, les témoins nous l’ont dit, les tirailleurs sénégalais ont toujours été bien considérés et se sont bien comportés. Ils constituaient une attraction : « des noirs, pensez donc » et les institutrices emmenaient les enfants des écoles en visite au camp. Quelques jeunes filles ont sans doute couru un peu plus vite que d’habitude pour échapper aux sollicitations de soldats un peu trop pressants. Mais, à part quelques petits incidents liés à la consommation un peu excessive de nos boissons locales, tout s’est bien passé. Trois semaines après le départ des tirailleurs sénégalais naissait à la maternité de Loudéac, Jean-Gilbert Béavogui fils de Martin Zézé, adjudant chef au Centre de transition des troupes indigènes, originaire de Guinée Française  et d’Eugénie LE BIHAN domiciliée à Vannes. C’est le premier noir à avoir fréquenté l’école de Trévé. Vers 1955, il est parti avec ses parents adoptifs dans la région parisienne. Il est revenu à Trévé, il y a quelques années, rendre visite aux personnes qu’il avait connues. Plusieurs s’en souviennent encore. Il est décédé le 4 novembre 2009 à Lorient.

Dévoilement de la stèle (photo Anne Cousin)

Nous vous remercions tous, historiens, écrivains, témoins, éditeurs, fournisseurs, financeurs pour nous avoir rafraichis la mémoire et aidés à ce que les générations futures s’en souviennent.

Nous regrettons l’absence de réponse à notre invitation de l’ambassade du Sénégal que nous avions sollicitée au moins pour un petit message de solidarité avec tous ceux qui se sont mobilisés pour que cette commémoration ait lieu. J’espère bien qu’Armelle MABON réussira à retrouver des descendants d’africains ayant séjourné à Trévé et qu’il sera possible avec leurs enfants ou petits enfants de créer des liens d’amitié avec les enfants de nos écoles.

Quelques administrés s’interrogent sur l’utilité d’une telle stèle et surtout de dépenser un peu plus de 4000 € pour honorer la mémoire de ces 300 tirailleurs sénégalais détenus pendant un peu plus de deux mois là où nous sommes. Je pense que tout ce qui vient d’être dit, doit les rassurer et leur démontrer que ces soldats venus d’ailleurs défendre notre pays méritent une reconnaissance de la France en général et de notre commune en particulier. Enfin, ce ne sont pas uniquement les contribuables de Trévé qui vont financer cette stèle puisque notre sénateur Ronan Kerdraon nous a aidés avec la réserve parlementaire pour la moitié de la somme et nous l’en remercions vivement.

Discours de Ronan Kerdraon, sénateur des Côtes d’Armor

Ronan Kerdraon (photo Anne Cousin)

Monsieur le Maire, Mesdames, messieurs les élus, Mesdames, Messieurs les représentants de la Ligue des Droits de l’Homme, Mesdames, Messieurs,

C’est un honneur pour moi que d’être présent aujourd’hui, en ce jour de commémoration de l’armistice de la guerre 14-18, pour l’inauguration de cette stèle en hommage aux tirailleurs sénégalais qui séjournèrent à Trévé durant la deuxième Guerre Mondiale.

En tant qu’ancien professeur d’histoire, je mesure l’importance que revêt le devoir de mémoire, cette impérieuse nécessité de nous souvenir de l’histoire de France et, particulièrement, de ses périodes les plus sombres.

Aussi, permettez-moi de commencer mon propos en formulant le vœu que notre mémoire collective nous permette d’éviter les travers et les errements dans lesquels nous avons pu tomber par le passé.

Les tentations sont pourtant nombreuses et de plus en plus pressantes, en cette période de crise et de mal-être social, de nous retrancher derrière des théories réductrices, populistes et de courte vue.

Des théories qui, en d’autres temps, ont conduit l’humanité sur des voies que j’espère, nous n’aurons plus à connaître.

Il est de notre responsabilité d’élus de tout faire pour repousser ces tentations, pour éviter que nos concitoyens ne succombent à la démagogie en faisant œuvre incessante d’explication et de pédagogie.

C’est la raison pour laquelle je souhaite vous féliciter, Monsieur le Maire ainsi que tous les élus municipaux, d’avoir donné jour à cette belle initiative.

La pose de cette stèle va permettre aux habitants de Trévé et des environs de se rappeler que la commune accueillit, durant quelques mois, des hommes issus d’un autre continent, d’une autre culture, d’autres horizons.

« Nous n’avions jamais vu de Noirs », écrit Jérôme Lucas, à propos de la réaction des Trévéens qui découvraient, il y a plus de 60 ans, ces tirailleurs africains dans leur petite commune du centre Bretagne.

Et pourtant, à en croire les témoignages collectés dans son ouvrage, les frontières sont rapidement tombées et la solidarité a pris le dessus quand il s’est agi de leur venir en aide en fournissant vêtements et nourriture.

Car ces hommes, si différents en apparence, étaient des compatriotes et venaient de se battre en premières lignes pour défendre la France.

Ils en payèrent le prix lourd : la plupart des rescapés durent regagner leur pays sans un sou, souvent blessés ou frappés par la maladie, non sans avoir été exploités par les allemands dans des camps de travail et malmenés par l’Etat français qui refusait de leur verser leur solde.

Face à cette injustice, leurs revendications visant à être mieux reconnus se sont trop souvent confrontées au mépris et au mutisme du gouvernement français.

Pire : l’histoire des tirailleurs sénégalais a longtemps été passée sous silence.

Marginalisés dans les manuels scolaires, écartés des grandes commémorations nationales, invisibles dans le répertoire des monuments de la capitale française, leur rôle et leur mérite dans la défense et la libération de la France sont très insuffisamment mis en valeur…

Rendez-vous compte : la décristallisation totale des pensions militaires des anciens tirailleurs n’a été opérée qu’en janvier 2011, 66 ans après la fin de la guerre !

Il faut dire que cela ne coûtait plus très cher à l’Etat, le nombre de personnes concernées ayant fondu comme neige au soleil…

Enfin, comble de l’hypocrisie, nous voulons désormais cadenasser nos frontières aux enfants de ceux qui, un jour, nous ont aidés à les défendre.

Aujourd’hui, à Trévé, nous contribuons donc à réparer ces injustices répétées en inaugurant cette stèle à l’honneur des tirailleurs sénégalais mais aussi, en hommage à la population locale qui a su accueillir en toute fraternité ces hommes si différents en apparence.

C’est une initiative hautement symbolique et d’autant plus importante qu’elle est menée main dans la main avec la Ligue des Droits de l’Homme qui se bat, au quotidien, pour la défense des droits des personnes opprimées.

Je vous avoue donc ma fierté de participer à cette inauguration et espère que cette stèle permettra de faire vivre longtemps la mémoire des tirailleurs sénégalais.