Christiane Taubira, l’honneur du gouvernement

Depuis la nomination du premier gouvernement, la droite s’est trouvée une cible : Christiane Taubira. Chacune de ses mesures est critiquée, attaquée, déformée, caricaturée.

Ça n’est certainement pas un hasard. Outre les relents racistes à peine voilés, perceptibles dans nombre de ces critiques, on voit bien que la droite ne supporte pas que Christine Taubira s’efforce de reconstruire ce qu’ils se sont appliqués, avec un soin et une persévérance impressionnants, à détruire.

Leur doctrine était : un fait divers, une loi. On a cru, au moment des faits divers impliquant des chiens, que Michèle Alliot-Marie allait faire voter une loi sur les chiens récidivistes.

La récidive… une de leurs obsessions. Et qu’ont-ils fait ? Ils ont tenté de faire disparaître toutes les mesures qui concourent à en diminuer le risque : le sursis, l’aménagement des peines, les remises de peine, la liberté conditionnelle… et ce sont les spécialistes qui le disent, notamment les avocats et les juges.

En quelques mois, Christiane Taubira a fait le tour des urgences.

La justice des mineurs, tout d’abord. Avec le détricotage de l’ordonnance de 1945, dont la philosophie était de privilégier l’éducation par rapport à la sanction. Ce qu’ils ont fait ? Des centres éducatifs fermés. Que tous les professionnels s’accordent à constater l’échec, dû notamment à l’absence de personnel qualifié, dû aux suppressions de postes dont la protection judiciaire de la jeunesse a été victime, comme toutes les autres administrations. Autre mesure ? les tribunaux correctionnels pour mineurs. Leur suppression a été une des premières mesures de Christiane Taubira.

Deuxième priorité de la ministre : les conditions de détention. Le surpeuplement des prisons est dramatiques. Et les projets de construction de nouvelles prisons, loin de résoudre ce problème, auraient en fait contribué à faire augmenter le nombre de prisonniers. Le directeur d’Ouest-France, François-Régis Hutin, qu’on ne peut pas soupçonner de gauchisme ( !), a salué, samedi 25 août, dans son éditorial, la volonté de la ministre désengorger les prisons, en utilisant les peines alternatives, propres à facilité la réinsertion sociale des prisonniers. Évidemment que nombre de courtes peines n’ont rien à faire en prison.

Christiane Taubira entend également s’attaquer au problème de l’indépendance de la justice, mis à mal pendant les dix dernières années.

Dernier exemple, et qui est en fait la première loi votée par la nouvelle assemblée nationale : la loi sur le harcèlement sexuelle, qui avait été bâclée par l’ancienne majorité, et du coup annulée par le conseil constitutionnel.

Avouez qu’avec un Valls à l’intérieur, ça fait du bien d’avoir Christiane Taubira à la justice !

 

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Depuis la nomination du premier gouvernement, la droite s’est trouvée une cible : Christiane Taubira. Chacune de ses mesures est critiquée, attaquée, déformée, caricaturée.

Ça n’est certainement pas un hasard. Outre les relents racistes à peine voilés, perceptibles dans nombre de ces critiques, on voit bien que la droite ne supporte pas que Christine Taubira s’efforce de reconstruire ce qu’ils se sont appliqués, avec un soin et une persévérance impressionnants, à détruire.

Leur doctrine était : un fait divers, une loi. On a cru, au moment des faits divers impliquant des chiens, que Michèle Alliot-Marie allait faire voter une loi sur les chiens récidivistes.

La récidive… une de leurs obsessions. Et qu’ont-ils fait ? Ils ont tenté de faire disparaître toutes les mesures qui concourent à en diminuer le risque : le sursis, l’aménagement des peines, les remises de peine, la liberté conditionnelle… et ce sont les spécialistes qui le disent, notamment les avocats et les juges.

En quelques mois, Christiane Taubira a fait le tour des urgences.

La justice des mineurs, tout d’abord. Avec le détricotage de l’ordonnance de 1945, dont la philosophie était de privilégier l’éducation par rapport à la sanction. Ce qu’ils ont fait ? Des centres éducatifs fermés. Que tous les professionnels s’accordent à constater l’échec, dû notamment à l’absence de personnel qualifié, dû aux suppressions de postes dont la protection judiciaire de la jeunesse a été victime, comme toutes les autres administrations. Autre mesure ? les tribunaux correctionnels pour mineurs. Leur suppression a été une des premières mesures de Christiane Taubira.

Deuxième priorité de la ministre : les conditions de détention. Le surpeuplement des prisons est dramatiques. Et les projets de construction de nouvelles prisons, loin de résoudre ce problème, auraient en fait contribué à faire augmenter le nombre de prisonniers. Le directeur d’Ouest-France, François-Régis Hutin, qu’on ne peut pas soupçonner de gauchisme ( !), a salué, samedi 25 août, dans son éditorial, la volonté de la ministre désengorger les prisons, en utilisant les peines alternatives, propres à facilité la réinsertion sociale des prisonniers. Évidemment que nombre de courtes peines n’ont rien à faire en prison.

Christiane Taubira entend également s’attaquer au problème de l’indépendance de la justice, mis à mal pendant les dix dernières années.

Dernier exemple, et qui est en fait la première loi votée par la nouvelle assemblée nationale : la loi sur le harcèlement sexuelle, qui avait été bâclée par l’ancienne majorité, et du coup annulée par le conseil constitutionnel.

Avouez qu’avec un Valls à l’intérieur, ça fait du bien d’avoir Christiane Taubira à la justice !

Valls : toujours le même discours…

Le lendemain de la conférence interministérielle sur le dossier Rroms, le ministre de l’intérieur a fait une déclaration tonitruante : la délinquance roumaine aurait brutalement augmenté de façon spectaculaire Rien que ça. Et ce jour-là, comme par hasard.

C’est François Nadiras, responsable du site de la section LDH de Toulon, qui a lancé l’alerte : la déclaration de Valls se fonde sur des données parfaitement contestables, puisque directement issues du fameux fichier STIC (système de traitement des infractions constatées). Et François Nadiras reprend les commentaires du sociologue Laurent Muchielli sur ces fameuses statistiques, qui avaient été utilisées il y a un an presque jour pour jour par Guéant, le prédécesseur de Valls, pour arriver aux mêmes conclusions.

Tristesse !

Et tristesse encore, à l’université d’été du parti socialiste, où le ministre de l’intérieur s’est offert « une standing ovation » avec ce discours sécuritaire. Que les militants socialistes présents à La Rochelle, qui ont, on peut le supposer, une certaine culture et une certaine maturité politiques, se laissent berner par de tels discours, est pour le moins inquiétant… et on peut être inquiets sur l’avenir de promesses telles que l’obligation pour les policiers de délivrer un récipissé avprès un contrôle d’identité (pour éviter les contrôles au faciès), et le droit de vote aux immigrés aux élections locales, mesures pour lesquelles Valls n’a pas affiché d’enthousiasme débordant… Lire aussi ici, et .

Conférence interministérielle Rroms : la réaction de Romeurope

Le Collectif national droits de l’Homme Romeurope a  publié un communiqué, dans lequel il expose sa position après la réunion interministérielle sur le dossier Rroms, qui a eu lieu mardi 22 août, sous la présidence de 1er ministre. Le collectif avait été reçu par Jean-Marc Ayrault avant la conférence, et avait pu exposer ses propositions.

Collectif National Droits de l’Homme Romeurope

Paris, le 23 août 2012

Un changement d’approche à confirmer sur le terrain, une égalité des droits toujours imparfaite

Cet été s’étant inscrit dans la continuité des inefficaces politiques répressives connues ces dernières années, le Collectif Romeurope est satisfait d’avoir été reçu par le Premier Ministre comme il l’avait demandé depuis plusieurs mois. En effet, la situation des Roms migrants ne doit et ne peut être traitée par le seul Ministère de l’intérieur, elle nécessite une gestion interministérielle propre à apporter une réponse globale aux situations de grande précarité vécues par des citoyens européens.

Cette réunion a été l’occasion de réaffirmer les positions du Collectif :

  • la stabilisation de ces populations pour permettre un accompagnement social individualisé,
  • la levée totale des mesures transitoires qui restreignent de manière discriminatoire l’accès à l’emploi et à la formation professionnel l e des ressortissants européens roumains et bulgares
  • à l’approche de la rentrée, la scolarisation de tous les enfants qui en sont aujourd’hui encore privés.

Si Romeurope relève positivement le changement de discours et la volonté d’un traitement individuel et territorialisé des solutions, il réaffirme avec force la nécessité d’a1·reter les évacuations sans solution de relogement car elles ne font qu’aggraver ces situations de précarité.

Comme la Commission européenne, il regrette vivement la levée seulement partielle des mesures transitoires qui soumettent toujours les citoyens roumains et bulgares bénéficiant d’une promesse d’embauche à un contrôle et à des délais administratifs inacceptables et préjudiciables à leur insertion.

Le Collectif Romeurope jugera les mesures précises qui seront engagées et leur traduction concrète sur le terrain.

Le Premier Ministre s’est engagé à poursuivre un dialogue avec les associations. Romeurope y tiendra toute sa place en vigilance et en force de propositions pour l’égalité des droits.

Contact presse : Lola Schulmann, CNDH Romeurope : 06 35 52 85 46

 

Pour mémoire, le collectif Romeurope est composé des assocations suivantes :

ABCR (Association Biterroisa Contra le Racisma) — ALPIL (Action pour l’insertion sociale par le logement) — AMPIL (Action Méditerranéenne Pour l’Insertion sociale par le Logement) – ASAV (Association pour l’accueil des voyageurs) – ASEFRR (Association de Solidarité en Essonne avec les familles roumaines et rroms) – Association Solidarité Roms de Saint-Etienne – CCFD-Terre Solidaire (Comité Catholique Contre la Faim et pour le Développement) — LA CIMADE (Comité intermouvements auprès des évacués) -CLASSES (Collectif Lyonnais pour l’accès à la Scolarisation et le Soutien des Enfants des Squat) – FNASAT-Gens du voyage – Habitat-Cité – Hors la Rue — LDH (Ligue des Droits de l’Homme) —MDM (Médecins du Monde) – Mouvement catholique des gens du voyage – MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples) – ROMAQUITAINE – Rencontres tsiganes – R¤mActi0ns – Romeurope 94 – Secours catholique (Caritas France) — SICHEM (Service de Coopération Humanitaire pour les Étrangers et les Migrants) – Une famille un toit 44 – URAVIF (Union régionale des associations pour la promotion et la reconnaissance des droits des Tsiganes et des Gens du voyage d’Île-de-France)

Et le Comité de soutien de Montreuil, le Comité de soutien 92 Sud, le Collectif nantais Romeurope, le Collectif de soutien aux familles rroms de Roumanie, le Collectif Rroms des associations de l’agglomération lyonnaise, le Collectif Romyvelines, le Collectif de soutien aux familles roms de l’agglomération orléanaise, le Collectif des sans-papiers de Melun, le Collectif solidarité Roms et gens du voyage du Nord.

 

Dossier Rroms : on avance !

La conférence interministérielle sur le dossier « Rroms », qui a eu lieu mardi 22 août à l’hôtel Matignon, semble avoir grandement rassuré les associations qui avaient été invitées à s’exprimer, notamment le collectif Rromeurope (dont un des responsables est Malik Salemkour, vice-président de la Ligue des droits de l’Homme.

Première satisfaction : il s’agissait d’une conférence interministérielle. Ça n’est pas un détail : faire passer le dossier de la compétence exclusive du ministère de l’Intérieur, à une compétence partagée par plusieurs ministères signifie qu’on passe du traitement répressif au traitement social, éducatif, juridique… pas moins de 9 ministères ont participé à la conférences.

Les mesures : il y en a plusieurs. La première concerne le droit au travail, qui va être élargie. D’abord par une extension de la liste des métiers autorisés. Mais aussi et surtout par l’arrêt de cet espèce de racket d’Etat qui consistait à imposer aux employeurs une énorme taxe chaque fois qu’ils embauchaient un Rrom !

Dernier point, détaillé par la ministre du logement, Cécile Duflot : les démantèlements n’auront lieu qu’après la mise en place de mesures de relogement. Si cela se réalise réellement, on ne peut qu’applaudir.

Affaire à suivre !

Lire ici l’article de Libération.

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La conférence interministérielle sur le dossier « Rroms », qui a eu lieu mardi 22 août à l’hôtel Matignon, semble avoir grandement rassuré les associations qui avaient été invitées à s’exprimer, notamment le collectif Rromeurope (dont un des responsables est Malik Salemkour, vice-président de la Ligue des droits de l’Homme.

Première satisfaction : il s’agissait d’une conférence interministérielle. Ça n’est pas un détail : faire passer le dossier de la compétence exclusive du ministère de l’Intérieur, à une compétence partagée par plusieurs ministères signifie qu’on passe du traitement répressif au traitement social, éducatif, juridique… pas moins de 9 ministères ont participé à la conférences.

Les mesures : il y en a plusieurs. La première concerne le droit au travail, qui va être élargie. D’abord par une extension de la liste des métiers autorisés. Mais aussi et surtout par l’arrêt de cet espèce de racket d’Etat qui consistait à imposer aux employeurs une énorme taxe chaque fois qu’ils embauchaient un Rrom !

Dernier point, détaillé par la ministre du logement, Cécile Duflot : les démantèlements n’auront lieu qu’après la mise en place de mesures de relogement. Si cela se réalise réellement, on ne peut qu’applaudir.

Affaire à suivre !

Lire ici l’article de Libération.

Rroms : le changement, c’est ce soir ?

A 15h, cet après-midi, Jean-Marc Ayrault présidera une conférence interministérielle chargée de réfléchir au dossier « Rroms ».

On le voit depuis quelque temps, il n’y a pas de consensus au gouvernement sur ce sujet. La « fermeté » (gage donné à la droite ?) de Manuel Valls, concernant le démantèlement des camps (toujours après une décision de justice : la belle affaire…) ne fait pas l’unanimité. Cécile Dufflot l’a déclaré publiquement dans une tribune publiée par le journal Libération, et le silence de Christiane Taubira, interrogée à ce sujet sur une radio, traduisait une gène certaine. On voit mal la ministre de la justice, approuver cette fermeté, alors qu’elle prépare dans son ministère des réformes vraiment progressistes.

On a hâte de voir ce qui va ressortir de cette conférence. D’ores et déjà, on ne peut que se réjouir de la mesure annoncée concernant le droit au travail : c’est évidemment la condition essentielle de l’intégration. Mais jusqu’où ira le gouvernement ?

Personne n’a jamais dit que le problème de la population Rrom est simple. Mais où est le simplisme, pour le moment, si ce n’est dans le démantèlement « sec », sans solution alternative, des camps ? Et quelqu’un peut-il m’expliquer en quoi ces démantèlements apportent une solution aux problèmes sanitaires posés par ces camps ?

Le maire d’Aubervilliers, Jacques Salvator, estime, dans une tribune publiée par le journal Le Monde, que « les collectivités ont un rôle à jouer dans l’insertion des Rroms » : c’est une évidence. Et c’est une autre évidence que les restrictions budgétaires infligées par le pouvoir sarkoziste aux collectivités, accompagné d’un transfert massif de charges de tous ordres, non compensé financièrement, ne les a pas aidées à jouer ce rôle.

 

Le Collectif national droits de l’Homme Romeurope écrit au premier ministre

A lire sur le même sujet, un article passionnant signé par Patrick Doutreligne, de la Fondation Abbé-Pierre, sur le site du journal Le Monde.

Paris, le 14 août 2012,
Monsieur Jean-Marc Ayrault
Premier Ministre
Hôtel de Matignon
57 rue de Varenne
75 700 Paris

Monsieur le Premier ministre,

Le Collectif National Droit de l’Homme Romeurope tient à vous exprimer sa grande déception et sa totale incompréhension de la politique de démantèlement de campements menée actuellement par le Ministre de l’Intérieur, qui ne semble pas marquer de rupture avec celles conduites depuis plus de 10 ans par les gouvernements précédents, ce qui amène la Commission européenne à alerter à nouveau les autorités françaises.

Début août, à Lyon, à Paris, à Lille, à Marseille, des évacuations de lieux de vie se sont encore déroulées sans proposition d’accompagnement des personnes expulsées, en termes d’hébergement ou de relogement, et de prise en charge des familles avec enfants, les abandonnant à la rue dans une précarité encore plus grande. Des renvois par charters vers la Roumanie ont été organisés sous couvert de « retours humanitaires » alors qu’ils sont de fait encore effectués sous la contrainte, en l’absence de possibilité immédiate de relogement. En affirmant par voie de presse la nécessité de fermeté dans l’application de décisions de justice, le Ministre de l’Intérieur stigmatise à nouveau les populations roms. Et malgré l’annonce d’une concertation avec les associations pour trouver des solutions, il n’en a rien été sur le terrain lors de ces dernières opérations.

Comme il l’a déjà fait par son courrier du 28 juin dernier, le CNDH Romeurope vous demande l’arrêt immédiat de ces pratiques dont l’inefficacité est reconnue et qui contribuent à rendre plus difficile la recherche de solutions durables.

Ces initiatives ne sont pas conformes aux engagements du Président de la République qui s’est exprimé sur le sujet en faveur d’une politique plus respectueuse des droits de l’Homme et de la dignité. Devant ces situations complexes qui combinent des questions d’habitat insalubre, de précarité, de scolarité, d’accès aux soins, d’emploi,… nous renouvelons notre proposition que se tiennent au plus vite, à l’initiative des préfets, des réunions de travail avec tous les acteurs concernés, Communes, Conseils généraux, Conseils régionaux et associations impliquées auprès de ces familles afin d’examiner chaque situation individuelle et de trouver des solutions pérennes, s’inscrivant dans le droit commun.

Des solutions sont possibles, elles n’attendent que le soutien de l’Etat. C’est particulièrement le cas avec la levée des mesures transitoires qui limitent l’accès au marché du travail français des ressortissants roumains et bulgares et qui sont un véritable frein à l’insertion de ces citoyens européens.

La problématique de ces familles roms dépasse le cadre du seul ministère de l’Intérieur, elle relève d’abord de la question du logement des personnes précaires et sans ressources, mais aussi de celles des affaires sociales, de l’Éducation nationale et de l’emploi, c’est pourquoi le CNDH Romeurope réaffirme le besoin d’une concertation interministérielle, sous votre autorité, permettant un pilotage et une plus grande cohérence des politiques publiques respectueuses à l’égard de ces ressortissants européens.

Afin de vous présenter plus en détail nos propositions, nous sollicitons un entretien dans les meilleurs délais.

Face à cette actualité préoccupante, vous comprendrez que nous rendions publique notre démarche auprès de vous.

Dans l’attente, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Premier ministre, l’expression de notre très haute considération.

Pour le CNDH Romeurope,

Malik Salemkour, vice-président de la Ligue des Droits de l’Homme.

 

La Ligue des droits de l’Homme inquiète au sujet des Roms

La Ligue des droits de l’Homme vient de publier un communiqué à la suite de la multiplication des démantèlements des campements « illicites » de Roms, dont le dernier dans la communauté urbaine de Lille.

Communiqué LDH
La Ligue des droits de l’Homme proteste contre les expulsions des camps de Roms qui ont eu lieu en France. Elle s’inquiète face à une continuité de l’action des pouvoirs publics qui s’inscrit en faux avec les engagements du candidat François Hollande.

Dans un courrier adressé à la Ligue des droits de l’Homme, celui- ci s’engageait dans les termes suivants : « Je souhaite que lorsque des campements insalubres sont démantelés, des solutions alternatives soient proposées. On ne peut pas continuer à accepter que des familles soient chassées d’un endroit sans solution. Cela les conduit à aller s’installer ailleurs dans des conditions qui ne sont pas meilleures. » De fait, aujourd’hui comme hier, les expulsions sèches, loin de régler les problèmes posés, ne font que les exacerber et leur exploitation médiatique renforce une stigmatisation nauséabonde. En inscrivant ses pas dans les traces du funeste discours de Grenoble, le ministre de l’Intérieur alimente une dangereuse mécanique des propos et des actes. Non, il n’y a pas de « problème Roms » en France, mais quelques dizaines de milliers de personnes qui sont visibles parce que victimes de stigmatisation par la précédente majorité. La Ligue de droits de l’Homme s’inquiète du peu d’empressement du ministre Manuel Valls à recevoir les associations qui œuvrent sur le terrain aux cotés des populations résidentes et Roms ; elle réaffirme qu’il y a urgence à réunir les préfets, les collectivités locales (région, département, commune) avec les associations pour trouver des solutions sur chaque terrain, pour envisager des réponses qui s’inscrivent certes dans les décisions de justice mais respectent le droit au logement, à l’accompagnement social, notamment des mineurs, et protègent les personnes en précarité.

Paris, le 10 août 2012.

 

Fermeté et concertation : Valls persiste et signe

Autant les déclarations et les actes de Christiane Taubira, ministre de la justice, sont encourageantes (prochainement un article traitera de ce sujet), autant ce que dit et fait le ministre de l’intérieur, Manuel Valls, est à la fois décevant (euphémisme) et inquiétant.

La situation des demandeurs d’asile n’a pas évolué d’un yota depuis le départ de Sarkozy et de Guéant. A Saint-Brieuc (22), les militants sont sur la brèche depuis le début du mois de juillet, et les solutions apportées, lorsqu’elles le sont, ne sont la plupart du temps que du bricolage : chambres à l’hôtel qui coûtent extrêmement chères, et ne peuvent être que des solutions provisoires, par exemple. L’Etat, comme par le passé, ne remplit pas son rôle, qui est de loger les demandeurs d’asile. Et des familles sont encore dans la rue à Saint-Brieuc, malgré l’aide du conseil général, dont ce n’est pas le rôle.

Le Réseau éducation sans frontière fait état quotidiennement de situations identiques, partout dans le pays, et le centre de rétention de Rennes Saint-Jacques (35) ne désemplit pas.

En ce qui concerne les Roms, c’est encore pire. Alors que François Hollande avait conditionné les démantèlements de camps illégaux à la mise en place de solutions alternatives, le ministre de l’Intérieur démantèle sans se soucier de ce que vont devenir les personnes expulsées, hommes, femmes, enfants. Malik Salemkour le soulignait récemment : « il y a des décisions de justice mais il faut aussi respecter le droit ». Et le droit, c’est le droit au logement.

Dernier démantèlement programmé : un camp dans la communauté urbaine de Lille, à Villeneuve Hellemmes. Voici ce qu’en dit la délégation régionale Nord – Pas-de-Calais de la Ligue des droits de l’Homme :

Des menaces d’expulsions de terrains roms se précisent sur Villeneuve – Hellemmes, en dépit  d’une organisation remarquable de l’Atelier Solidaire pour animer et sécuriser l’espace de vie.

Ces menaces formalisées par huissier s’inscrivent dans le cadre d’une politique générale définie et mise en œuvre par le Ministre de l’Intérieur, Manuel Valls dans des conditions contradictoires aux engagements écrits du Président de la République.

Si à la demande de la Communauté Urbaine de Lille, les forces préfectorales se livrent au démantèlement de terrains sans reloger dignement les Roms, Si les forces de police se contentent d’accompagner les expulsés vers des sorties du département du Nord pour les entraîner dans une nouvelle errance, Si des expulsions, plus ou moins voilées sous couvert d’ »aide au retour » ont lieu dans les jours qui viennent,… On en reviendrait à la politique Sarkozy dénoncée par la LDH et par toutes les forces de Gauche après les mises en application en Août 2010 du discours de Grenoble.

La délégation régionale de la LDH ne peut accepter une telle orientation et demande :

  • Pas de dislocation de terrain sans relogement dans des conditions dignes
  • Mise en application immédiate des engagements de création de terrains pris par la Communauté Urbaine de Lille
  • Action ferme de LMCU (Lille Métropole) et des partis de Gauche (et notamment des partis de Gouvernement) pour  exiger l’ouverture systématique de places d’accueil dans toutes les communautés d’agglomération de la Région Nord-Pas de Calais. Cette politique devant s’élargir à l’ensemble du territoire national

Le changement ne peut résider uniquement dans un adoucissement et un meilleur contrôle du vocabulaire. S’il ne se traduit pas par des actes de réelle solidarité et d’innovations politiques, le mot changement ne constitue que de la poudre aux yeux en vue de cacher une violation des idéaux humanistes et sociaux que doit incarner la Gauche.

La LDH  du Nord – PdC demande l’arrêt de la répression, la mise en place d’une réflexion globale par la concertation, la construction d’une politique d’accueil innovante, volontariste et réellement solidaire.   

Alors M. Valls indique ce que sera sa politique en ce qui concerne les Roms : « fermeté et concertation » : « les préfets ont reçu pour instruction de Manuel Valls de mener systématiquement un travail de concertation préalable avec les élus locaux et les associations, afin de procéder à un examen approfondi des situations individuelles et de proposer des solutions d’hébergement, prioritairement pour les familles et les personnes les plus vulnérables », indique le ministère, cité dans un article du Nouvel Observateur (lire aussi ici, et là).

Si la concertation consiste à constater qu’il n’y a pas de solution alternative, et à procéder au démantèlement, il y a fort à parier que les associations refuseront d’être complices.

Les associations ne demandent pas l’impossible, et elles sont conscientes de la complexité des problèmes posés par ces campements. Mais il serait temps de se souvenir qu’on a là affaire à des hommes, des femmes, des enfants, et que le changement attendu avec l’arrivée de la gauche, c’était aussi de les traiter dignement. Pour le moment, Monsieur Valls n’a donné que des signaux négatifs.

 

Lettre ouverte au Président de la République au sujet de la visite du roi du Barheïn

Nabel Rajab, condamné à trois mois de prison au Bahreïn.

Six association : Human Rights Watch France, la Fédération internationale des Ligues des droits de l’Homme (FIDH), Amnesty International France, Reporters sans Frontières, Action des Chrétiens contre la torture et la Ligue des droits de l’Homme ont co-signé une lettre ouverte au président de la République, François Hollande. Son objet ? La récente visite à l’Elysée du roi du Bahreïn. En effet, dans ce pays, les droits de l’Homme sont continuellement bafoués.

La publication de cette lettre intervient trois jours avant que la Haute cour d’appel de Manama examine l’appel introduit par le défenseur des droits de l’Homme Nabeel Rajab suite à sa condamnation à trois mois de prison le 9 juillet dernier. De nombreuses organisations de défense des droits de l’Homme considèrent que Nabeel Rajab a été condamné uniquement pour avoir exercé son droit à la liberté d’expression. Lire ici l’article que France 24 a consacré à son arrestation.

Voici la lettre signée par les associations, téléchargeable ici..

 

M. François HOLLANDE
Président de la Républiqu
Palais de l’Élysée
55 rue du Fg Saint Honoré
75008 Paris

 

Paris, le 26 juillet 2012

 

Objet : Préoccupations suite à la visite non annoncée du Roi Hamad bin Issa Al Khalifa du Bahreïn le 23 juillet dernier.

 

Monsieur le Président,

Nous vous écrivons suite à votre rencontre, ce lundi 23 juillet, avec le Roi Hamad bin Issa Al Khalifa du Bahreïn. Cette visite n’a pas été annoncée sur le site internet de l’Élysée et aucune déclaration officielle n’a été diffusée par votre cabinet a l’issue de cette réunion. Il semble par ailleurs que les médias n’aient pas davantage été informés de cette rencontre.

Nous sommes préoccupés par le caractère quasi-secret de cette rencontre et nous nous demandons si cela traduit une intention de ne pas commenter la dégradation et la gravité de la situation actuelle des droits de l’Homme au Bahreïn. Nous étions informés de la possible venue en France du roi Al Khalifa et de la réflexion menée au sein de votre cabinet sur la réponse à donner à cette demande de rencontre.

Cette visite aurait pu être l’occasion d’exprimer publiquement, ainsi que directement au Roi Al Khalifa, les préoccupations de la France à propos de la situation des droits humains au Bahreïn. Le gouvernement de Bahreïn assure pour sa part, comme vous le savez, n’avoir reçu que des éloges pour les réformes politiques qu’il prétend avoir entreprises.

Nous nous demandons si le silence autour de cette visite témoigne d’un embarras politique de votre part – gêne qui pourrait être justifiée compte tenu de la poursuite de la répression menée par la

famille régnante au Bahreïn, dont les forces de sécurité ont bénéficié par le passé de formations et d’assistance de la part de la France. À cet égard, l’annonce, telle que relayée par l’Agence de presse du Bahreïn, selon laquelle la coopération militaire bilatérale serait consolidée, nous préoccupe grandement.

Les organisations signataires vous sollicitent afin qu’une déclaration soit publiée précisant la position exprimée par la France lors de la rencontre avec le Roi Al Khalifa. Nos organisations vous appellent également à indiquer clairement que la France déplore l’échec du Bahreïn dans la mise en œuvre de recommandations les plus importantes de la Commission d’enquête indépendante du Bahreïn, à savoir la libération des personnes emprisonnées pour l’unique exercice de leurs droits à la liberté d’expression et de rassemblement pacifique, et la traduction en justice des hauts responsables impliqués dans des cas de torture et autres graves violations des droits humains.

Nous espérons que ce message sera pris en considération,

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de notre très haute considération.

 

Jean-Marie Fardeau, Directeur France Human Rights Watch

Souhayr Belhassen, Présidente FIDH (Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme)

Geneviève Garrigos, Présidente Amnesty international France

Olivier Basille, Directeur Général Reporters Sans Frontières

Pierre Tartakowsky, Président Ligue des droits de l’Homme

Frangois Walter, Président ACAT, Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture

 

 

Le ministère de l’intérieur va recevoir une délégation d’associations pour évoquer le problème du démantèlement des campements Roms

Malik Salemkour, vice-président de la Ligue des droits de l’Homme, et animateur du collectif « Romeurope », avait réagi dans plusieurs organes de presse (le JDD, le Nouvel Observateur…) à propos des déclarations de Manuel Valls sur Europe 1 : le ministre avait confirmé qu’il avait l’intention de « démanteler » les campements de Roms, dès lors qu’une décision de justice avait été prise. Dans  ces interviews, Malik Salemkour indiquait que la demande d’audience déposée au ministère de l’intérieur (LDH, Romeurope) était restée sans réponse.

La réponse est arrivée hier après midi, mardi 31 juillet : les associations seront reçues au ministère vendredi 3 août. Dommage simplement, comme le fait remarquer Malik Salemkour, qu’il ait fallu ce tapage médiatique.

Concernant la déclaration du ministre : démantèlement dès lors qu’il y a décision de justice. Un blogueur de gauche, Juan, s’insurge contre le fait que la Ligue des droits de l’Homme ne s’incline pas devant la décision de justice. Nous sommes bien d’accord. Et voici la réponse de Malik Salemkour : « Les décisions de justice doivent être respectées, personne ne dit le contraire. Mais le droit ne doit pas moins l’être : le droit à l’hébergement, à la dignité, à la protection des mineurs, à l’accompagnement, et le droit de tout ressortissant européen à être traité de manière non discriminatoire. »

La Ligue des droits de l’Homme a clairement souhaité la victoire de Hollande, et la défaite de l’obscurantisme le plus terrifiant que la France ait connu pendant cette triste parenthèse du quinquennat Sarkozy. Mais la Ligue des droits de l’Homme sera attentive à ce que les valeurs qui ont été bafouées pendant cette période, soient rétablies rapidement avec le changement qu’a promis le nouveau président. Et ça tombe bien : ça ne coûte pas cher !

La Ligue des droits de l’Homme espère vivement que la rencontre de vendredi sera productive, en terme d’avancée des droits les plus élémentaires.