Hongrie : c’est « Matin brun » ?

Le parlement hongrois vient de voter une mesure surréaliste. Il a institué une taxe sur les chiens. Pourquoi pas ? ça a du exister en France. Cette taxe se veut proportionnelle à la dangerosité du chien, et s’élèvera à une somme annuelle allant de 6000 à 20000 forints.

Mais ça n’est pas tout. En effet, tous les chiens ne seront pas taxés. Vous pensez peut-être que seront dispensés de taxe les toutous inoffensifs ? Que nenni ! Le site « Hu lala » indique : « Mais rassurons-nous, car dans sa croisade pour la protection des valeurs traditionnelles et du patrimoine historique hongrois, la Fidesz (le parti de Viktor Orban) a décidé que les races hongroises ne seront pas taxées. Ceci épargnera donc les races de chiens originaires de l’ex- « Grande Hongrie » qui trottaient peut-être déjà aux cotés des farouches guerriers nomades magyars en 896 : vizsla, puli, pumi, kuvasz, komondor… » !

Le site poursuit : « la race prime sur la dangerosité : les kuvasz – qui ne seront pas taxés – sont une des races responsable du plus grand nombre de morsures en Hongrie. Dangereux peut-être, mais hongrois avant-tout ! »

Comme le dit le journal Le Monde, le gouvernement ultra conservateur de Viktor Orban « inventa la préférence nationale canine » !

Vous souvenez-vous de ce petit livret écrit par Franck Pavloff, et qui a connu un immense succès, « Matin brun ». L’avant dernier paragraphe est saisissant : « J’aurais dû me méfier des Bruns dès qu’ils nous ont imposé leur première loi sur les animaux. Après tout, il était à moi mon chat, comme son chien pour Charlie, on aurait dû dire non. Résister davantage, mais comment ? ça va si vite, il ya le boulot, les soucis de tous les jours »…

Malouin de l’année : Jeanine Pichavant classée 4ème

Jeanine Pichavant, à droite, en compagnie de Kaïs Jendoubi et Marylène Bouvet. (Photo Ouest-France)

L’hebdomadaire « Le Pays Malouin » vient d’organiser l’élection du « Malouin de l’année ». Les lecteurs du journal avaient le choix entre dix personnalités de la région de Saint-Malo, choisies par la rédaction. Parmi elles, figurait Jeanine Pichavant, ancienne déléguée régionale de la Ligue des droits de l’Homme, et qui se bat depuis de nombreuses années pour la défense des droits de l’Homme. Des combats qu’elle mène avec un certain succès : en mai dernier, par exemple, elle avait réussi à ce qu’un couple franco marocain, Kaïs Jendoubi et Marylène Bouvet puisse se marier,  le préfet ayant fini par lever une menace de reconduite à la frontière de Kaïs. En février 2011, elle avait dénoncé le silence de la maison d’arrêt de Saint-Malo où un détenu avait été passé à tabac par des codétenus dans sa cellule.

Dans les commentaires des lecteurs postés sur le site du journal, on pouvait lire, par exemple  celui-ci : « J’appelle à voter pour Jeanine Pichavant. Son action pour défendre les valeurs de notre République et les plus démunis doit être soulignée. Les droits de l’Homme sont chaque jour malmenés, heureusement des personnes comme Mme Pichavant se battent au quotidien pour faire entendre nos valeurs républicaines ».

Jeanine n’a finalement pas été choisie par les lecteurs, mais elle figure en bonne place dans le palmarès, en se classant 4ème : « j’ai été battue par des sportifs et animateurs de club de sport, ce qui me parait tout-à-fait normal », déclare-t-elle. Et elle conclut : « Cela nous a quand même fait une bonne publicité ! »

Le décès de Françoise Chaveroche

Nous venons d’apprendre le décès brutal de Françoise Chaveroche, militante infatigable de la défense des droits de l’Homme survenu vendredi 30 décembre.

Membre du collectif briochin contre le racisme et pour la solidarité, elle s’est dépensée sans compter pour apporter son aide et son soutien aux demandeurs d’asile. A plusieurs reprises, elle a fait partie des délégations qui ont négocié avec la préfecture, le conseil général, les municipalités, pour trouver des solutions au logement des ces demandeurs d’asile ; elle les a aidés dans leurs démarches administratives, accompagnés dans leurs rendez-vous avec les administrations, ou à l’hôpital. Elle était de toutes les manifestations de solidarité avec ces personnes, et avait participé activement à l’occupation du centre social du Plateau, à Saint-Brieuc, en juin dernier.

Les demandeurs d’asile de la région ont perdu, avec le décès de Françoise, une de leurs défenseures les plus ardentes et les plus efficaces.

Tous ceux qui ont côtoyé Françoise conserveront d’elle le souvenir d’une femme lumineuse, d’une énergie et d’une volonté à toute épreuve.

Nous adressons à sa famille et ses amis l’assurance de toute notre affection.

Françoise repose au funérarium de Saint-Brieuc, où les visites sont possibles ce dimanche 1er janvier jusqu’à 19h30, et lundi 2 janvier, de 9h à 12h30, et de 13h30 à 19h30. Ses obsèques de Françoise auront lieu mardi 3 janvier à 10h30, en l’église de Plérin – centre, à 10h30. Sa famille précise que des dons à la recherche médicale seront préférés aux fleurs naturelles.

Une taxe sur les étudiants étrangers

Dans une tribune publiée dans « Les Echos« , reprise par Rue 89, Vincent Chauvet, président du Modem Science po révèle une mesure dont personne n’avait jusqu’ici parlé, et qui a été incluse dans la loi de finance 2012, qui a été promulguée hier.
Il s’agit rien moins que d’instituer une taxe sur les étudiants étrangers. Explications.

Jusqu’en 2008, la demande et l’obtention d’un titre de séjour pour un étudiant étranger était gratuits. Depuis janvier 2009, le renouvellement du titre de séjour est taxé entre 55 et 70€. A partir du 1er janvier 2012, cette taxe coûtera entre 200 et 385€, à quoi s’ajoutera une « contribution » de 110€, payable au moment du dépôt de la demande, et non remboursable en cas de refus…Voir tous les détails dans les articles des Echos et de Rue 89, en lien en début de cet article.

Guéant avait essayé de calmer le jeu, devant le tollé provoqué par sa circulaire du 31 août sur les étudiants étrangers, et avait déclaré être prêt à revoir sa copie. Il l’a revue.

Prison de Saint-Brieuc : la LDH écartée du conseil de surveillance

La fédération départementale des Côtes d’Armor de la Ligue des droits de l’Homme était, jusqu’à cette année, représentée par Auguste Robin, membre de la section de Dinan. Elle ne le sera plus : la préfecture a publié la liste des membres du nouveau « conseil d’évaluation », et la Ligue n’y figure pas.

La raison ? La commission de surveillance de la prison de Saint-Brieuc, où siégeait Auguste, a été remplacée, dans la nouvelle loi pénitentiaire, par « un conseil d’évaluation ». Et le décret qui précise le fonctionnement et la composition de ce conseil indique qu’y siègent « un représentant de chaque association intervenant dans la prison« . La ligue n’y intervenant pas, en est donc écartée.

On ne peut que regretter cette mesure. Nous ne sommes pas naïfs, et nous savons que l’administration pénitentiaire ne nous informait que de ce qu’elle voulait bien nous informer. On se souvient d’ailleurs du courrier que Jeanine Pichavant, de la section de Saint-Malo, avait adressé au directeur de la prison de Saint-Malo au sujet d’un incident grave qui s’y était déroulé et dont la commission de surveillance n’avait pas été informée. Mais notre présence était importante, et les détenus savaient qu’ils pouvaient s’adresser à nous.

On peut aussi regretter le changement de terminologie : la commission de surveillance devient conseil d’évaluation… Un changement qui va le sens de ce mouvement qui consiste à gérer les services publics comme des entreprises, avec en tête uniquement les chiffres et les résultats.

Tarbes : 4 officiers de police judiciaire portent plainte pour harcèlement

Sihem Souïd le signale sur sa page Facebook : quatre policiers, qui plus est officiers de police judiciaire, du commissariat de Tarbes, ont porté plainte contre la directrice départementale de la sécurité publique et son adjoint. Les quatre fonctionnaires appartiennent au « Groupe d’appui judiciaire » (GAJ), une unité chargée de traiter les affaires « légères ». Que reprochent-ils à la directrice et son adjoint ? Essentiellement d’utiliser, et de leur demander d’utiliser des procédés parfois à la limite de la légalité pour satisfaire aux exigences de la politique du chiffre, devenue une véritable obsession dans les administrations (et pas seulement la police). L’article de la Dépêche du Midi raconte l’affaire dans le détail, on ne va pas le réécrire ici. Mais un point retient l’attention : ces policiers affirment qu’on leur demande d’établir des « comptes-rendus d’enquête » (CRE) avant même que l’auteur des faits soit clairement identifié. Résultat : une personne impliquée dans une affaire va se retrouver dans le « système de traitement des infractions constatées », le fameux STIC, alors qu’il n’y a aucune preuve contre eux. Ce qui montre bien le danger de la multiplication des fichiers, si chère au ministre de l’intérieur.

L’affaire est entre les mains de la procureure de la République, et les quatre policiers ont reçu le soutien du syndicat UNSA police.

Les fouilles corporelles systématiques interdites à la prison pour femmes de Rennes

C’est une dépêche de l’AFP qui l’annonce : le tribunal administratif de Rennes a ordonné la suspension de fouilles corporelles systématiques au centre de détention de Rennes. Ci-dessous, la dépêche AFP :

Le tribunal administratif de Rennes a ordonné la suspension des fouilles corporelles intégrales systématiques pratiquées au centre de détention pour femmes de Rennes sur décision du directeur de l’établissement, a-t-on appris mardi auprès de l’Observatoire international des prisons (OIP).

Dans une ordonnance rendue le 21 décembre et dont l’AFP a obtenu une copie, le juge des référés invoque la loi pénitentiaire du 24 novembre 2009 prévoyant que les fouilles doivent « être justifiées par la présomption d’une infraction ou par les risques que le comportement des personnes détenues fait courir à la sécurité des personnes et au maintien du bon ordre dans l’établissement ».

« Leur nature et leur fréquence sont strictement adaptées à ces nécessités et à la personnalité des personnes détenues », selon la même loi rappelée par le juge qui avait été saisi par l’OIP.Le juge, qui a évoqué « une atteinte grave à l’intimité des détenus », a ainsi suspendu la décision du directeur de l’établissement rennais au nom du « doute sérieux » sur sa légalité. Celui-ci avait institué, par note du 14 octobre 2011, des « fouilles corporelles intégrales systématiques à l’égard de l’ensemble des personnes détenues ayant accès aux parloirs, aux unités de vie familiales, entrant dans l’établissement ou y revenant, de même qu’à l’égard des personnes dont la cellule est fouillée ».

L’Etat est condamné à verser à l’OIP la somme de 1.000 euros.Dans une ordonnance rendue le 3 novembre, le tribunal administratif de Marseille avait ordonné la suspension des fouilles corporelles intégrales imposées à l’issue de chaque parloir aux détenus du centre de détention de Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône).

Le juge des référés avait estimé que la fouille imposée depuis novembre 2010 à l’ensemble des prisonniers, en moyenne tous les quinze jours, était « de nature à leur occasionner un préjudice caractérisé » en les contraignant « à se mettre nus devant le personnel pénitentiaire », portant ainsi « atteinte à leur dignité ».

Le crachat et le rêve français

Amine El Khatmi est un étudiant en master de droit. Il a 23 ans, et milite au parti socialiste. Chose qui lui est régulièrement reprochée, comme si cela enlevait une quelconque légitimité à la lettre qu’il a adressée au ministre de la chasse aux étrangers, Guéant. Sa légitimité à écrire cette lettre, (qui a été publiée le 2 décembre dernier par le quotidien Libération, et reprise depuis par de nombreux sites), il la tire du fait qu’il sait de quoi il parle, puisque c’est la situation de sa mère dont il évoque dans ce courrier. Et c’est édifiant.

En quelques années, la politique xénophobe et raciste mise en place par le pouvoir a rabaissé sérieusement l’image de la France : le pays des droits de l’Homme ne sera plus bientôt qu’un lointain souvenir…

Voici donc la lettre d’Amine El Katmi.

Lettre à monsieur le ministre de l’Intérieur, de l’Outre-Mer, des Collectivités territoriales et de l’Immigration

Monsieur le ministre,

La sous-direction de l’accès à la nationalité française du ministère que vous dirigez vient de signifier à madame S. Boujrada, ma mère, le classement de son dossier et un refus d’attribution de nationalité. «Vous ne répondez pas aux critères», est-il écrit dans un courrier sans âme que l’on croirait tout droit sorti de l’étude d’un huissier ou d’un notaire.

Ma mère est arrivée en France en 1984. Il y a donc vingt-huit ans, monsieur le ministre, vingt-huit ans ! Arrivée de Casablanca, elle maîtrisait parfaitement le français depuis son plus jeune âge, son père ayant fait le choix de scolariser ses enfants dans des établissements français de la capitale économique marocaine.

Elle connaissait la France et son histoire, avait lu Sartre et Molière, fredonnait Piaf et Jacques Brel, situait Verdun, Valmy et les plages de Normandie, et faisait, elle, la différence entre Zadig et Voltaire ! Son attachement à notre pays n’a cessé de croître. Elle criait aux buts de Zidane le 12 juillet 1998, pleurait la mort de l’abbé Pierre.

Tout en elle vibrait la France. Tout en elle sentait la France, sans que jamais la flamme de son pays d’origine ne s’éteigne vraiment. Vous ne trouverez trace d’elle dans aucun commissariat, pas plus que dans un tribunal. La seule administration qui pourra vous parler d’elle est le Trésor public qui vous confirmera qu’elle s’acquitte de ses impôts chaque année. Je sais, nous savons, qu’il n’en est pas de même pour les nombreux fraudeurs et autres exilés fiscaux qui, effrayés à l’idée de participer à la solidarité nationale, ont contribué à installer en 2007 le pouvoir que vous incarnez.

La France de ma mère est une France tolérante, quand la vôtre se construit jour après jour sur le rejet de l’autre. Sa France à elle est celle de ces banlieues, dont je suis issu et que votre héros sans allure ni carrure, promettait de passer au Kärcher, puis de redresser grâce à un plan Marshall qui n’aura vu le jour que dans vos intentions. Sa France à elle est celle de l’article 4 de la Constitution du 24 juin 1793 qui précise que «tout homme – j’y ajoute toute femme – né(e) et domicilié(e) en France, âgé(e) de 21 ans accomplis,tout(e) étranger(e) âgé(e) de 21 ans accomplis, qui, domicilié(e) en France depuis une année, y vit de son travail, ou acquiert une propriété, ou épouse un(e) Français(e), ou adopte un enfant, ou nourrit un vieillard, tout(e) étranger(e) enfin, qui sera jugé(e) par le corps législatif avoir bien mérité de l’humanité, est admis(e) à l’exercice des droits de citoyen français». La vôtre est celle de ces étudiants étrangers et de ces femmes et hommes que l’on balance dans des avions à destination de pays parfois en guerre.

Vous comprendrez, monsieur le ministre, que nous ayons du mal à accepter cette décision. Sa brutalité est insupportable. Sa légitimité évidemment contestable. Son fondement, de fait, introuvable. Elle n’est pas seulement un crachat envoyé à la figure de ma mère. Elle est une insulte pour des millions d’individus qui, guidés par un sentiment que vous ne pouvez comprendre, ont traversé mers et océans, parfois au péril de leur vie, pour rejoindre notre pays. Ce sentiment se nomme le rêve français. Vous l’avez transformé en cauchemar.

Malgré tout, monsieur le ministre, nous ne formulerons aucun recours contre la décision de votre administration. Nous vous laissons la responsabilité de l’assumer. Nous vous laissons à vos critères, à votre haine et au déshonneur dans lequel vous plongez toute une nation depuis cinq ans. Nous vous laissons face à votre conscience.

Quand le souffle de la gifle électorale qui se prépare aura balayé vos certitudes, votre arrogance et le système que vous dirigez, ma mère déposera un nouveau dossier.

Je ne vous salue pas, monsieur le ministre.

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« Il est dans la nature de l’homme d’opprimer ceux qui cèdent

et de respecter ceux qui résistent. »

Thucydide

Pas de logement ? un gilet pare-balle fera l’affaire, non ?

Valérie Pécresse…

Voilà un nom qui restera certainement dans l’histoire.

Il se trouve que le fonds d’aide au relogement d’urgence (le FARU) n’a pas dépensé la totalité de son budget : il reste 5 millions d’euros. On peut d’ailleurs se demander pourquoi…

Qu’à cela ne tienne, on ne va pas s’arrêter à de telles broutilles, et plutôt que d’abonder de cette somme le budget 2012, Mme Pécresse, ministre du budget, a trouvé une autre destination à ces fonds : achetons des gilets pare-balles ! C’est vrai, quoi, des fois que les mal logés ou les sans abris se révoltent et prennent les armes, il faudra bien que la police se protège ?

On ne sait pas comment réagir devant de telles inepties : révolte, rire, mépris…

Comme nous sommes en période de fêtes, ne nous privons pas d’un extrait du débat qui a eu lieu à l’assemblée nationale :

Mme Valérie Pécresse, ministre. Le fait est que les 5 millions d’euros prélevés sur le FARU ne seront pas dépensés d’ici la fin du mois. Nous pensons qu’ils seraient mieux utilisés dans le cadre de l’acquisition des gilets pare-balles. Ces crédits nous ont été demandés par les communes. Vous savez combien il est difficile…

M. Gilles Carrez, rapporteur général. Qu’ils les trouvent sur les crédits ad hoc.

Mme Valérie Pécresse, ministre. Monsieur le rapporteur général, pour moi, en tant que ministre du budget, chaque euro doit être dépensé. Voilà, c’est tout.

Mme la présidente. La parole est à M. Jean-Pierre Brard.

M. Jean-Pierre Brard. Cette proposition est invraisemblable. Je ne sais pas lequel de vos conseillers a eu cette idée, madame la ministre, mais si nous décernions comme le Canard enchaîné des « Noix d’honneur », il y aurait droit ! Vis-à-vis de l’opinion, vis-à-vis des associations, troquer des crédits destinés au relogement d’urgence contre des gilets pare-balles…
Si encore, madame la ministre, vous aviez proposé, compte tenu de la situation dramatique des SDF, de troquer une partie des crédits pour le relogement d’urgence contre des couvertures chauffantes, j’aurais compris. Mais contre des gilets pare-balles, non ! Le ridicule a ses limites, même si je sais comme vous tous que, depuis Mme de Sévigné, il ne tue plus, hélas !

Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre.

Mme Valérie Pécresse, ministre. Comme l’heure est tardive et que les députés ont le droit de rentrer chez eux pour le week-end – même si les ministres, dont la ministre du budget, devront être présents au Sénat, puisqu’il siègera demain et dimanche –,…

M. Jean-Pierre Brard. Vous avez toute notre compassion, madame la ministre.

Le collectif Alerte, soutenu par la Ligue des droits de l’Homme a publié un communiqué pour répondre à cette bienfaitrice de l’humanité :

Des gilets pare- balles ou un toit pour les mal logés ?

L’Assemblée nationale a été le théâtre, le 2 décembre dernier, d’un débat surréaliste. Valérie Pécresse, ministre du Budget, constatant que le fonds d »aide au relogement d »urgence (Faru ) comptait encore, en fin d’année 2011, 5 millions d’euros non dépensés, a proposé aux députés de prélever 2 millions d’euros sur ce fonds pour « soutenir les communes pour l’acquisition de gilets pare-balles destinés à équiper les polices municipales » !! Si l’équipement des policiers est un sujet tout à fait important et légitime, il ne doit toutefois pas se régler au détriment du relogement des personnes se trouvant dans un habitat indigne.

Heureusement, des députés de la majorité et de l’opposition sont intervenus vigoureusement pour barrer la route à cette idée franchement inacceptable et la ministre a renoncé.

Dans cette affaire, le premier scandale, c’est que la France compte environ 150 000 sans domicile fixe, que le nombre d’expulsions a augmenté de 10 % cette année, que plus de 27 000 demandeurs DALO reconnus prioritaires n’ont toujours pas reçu de proposition adaptée, et que, malgré cela, un fonds d’Etat dédié au relogement d’urgence soit sous-utilisé par les communes et les CCAS ! C’est à désespérer, d’autant plus que le mot d’ordre de la politique du gouvernement est « le logement d’abord » !

Le deuxième scandale est qu’une ministre de la République puisse vouloir troquer du logement d’urgence contre des gilets pare-balles !

ALERTE exige que les crédits du FARU soient entièrement dépensés et effectivement consacrés au relogement d’urgence.

Tirs près du centre de rétention de Rennes Saint-Jacques : 2 versions

D’après le très droitier syndicat « Alliance« , deux policiers auraient été visés par des tirs, dans la nuit du vendredi 23 au samedi 24 décembre. Huit détonations auraient été entendues, provenant, toujours d’après Alliance, d’un camp de gens du voyage proche du centre de rétention. Alliance précise que les deux hommes auraient été visés pendant qu’ils effectuaient leur ronde à pied autour du bâtiment. Alliance souligne en conclusion : « Au total ce sont huit détonations provenant du camp des gens du voyage qui ont été constatées. Heureusement, le sang-froid, le professionnalisme des collègues ont conduit à ce que personne ne soit blessé et ils n’ont pas riposté. »

Le problème, c’est qu’un autre syndicat, Unité SGP police FO livre une toute autre version de l’incident, qui n’a fait aucun blessé : Stéphane Chabot, délégué départemental du syndicat, a indiqué à l’agence France-presse que les tirs « n’étaient pas du tout en direction du centre de rétention. Aucun impact et aucune cartouche n’ont été retrouvés ». Stéphane Chabot indique encore : « Les collègues ont bien entendu des détonations provenant peut-être d’armes, mais sans aucune certitude. Peut-être étaient-ce de gros pétards ou des tirs en l’air ».

L’incident est relaté dans de nombreux quotidiens régionaux : Ouest-FranceLe Télégramme, pour la Bretagne. Si Le Télégramme donne bien le point de vue du syndicat SGP (majoritaire sur le site), en revanche Ouest-France se contente de celle d’Alliance.

Manipulation ?