« L’association italienne CoorDown qui milite pour l’intégration des trisomiques dans la société a réalisé une publicité émouvante en vue de la Journée mondiale de la trisomie du 21 mars prochain. Au travers de plusieurs témoignages de personnes atteintes par cette maladie génétique, l’association répond à une femme enceinte d’un futur bébé trisomique qui lui a fait part de ses inquiétudes un mois auparavant ».
Voilà comment le site zap-actu présente le clip diffusé dans les séquences publicités des chaînes de télévision dans le cadre de la « journée mondiale de la trisomie 21 », qui, précision utile, aura lieu le 24 novembre 2014 : on s’y prend tôt !
Escroquerie ! Ce clip ne milite pas pour l’intégration des personnes porteuses du syndrome de Down. Il milite contre le droit à l’avortement. L’association italienne qui en est l’auteur n’est pas connue en France. En revanche, on connaît parfaitement une des associations commanditaires du clip : la fondation Jérôme Lejeune.
Jérôme Lejeune, fondateur de l’association « laissez les vivre », créée dans les années 1970, est un des découvreurs du chromosome surnuméraire responsable de la trisomie 21. Il a ensuite été conseiller éthique du pape Jean-Paul II, qui s’est fendu d’une visite sur sa tombe lors de sa tournée papale en France en 1996.
Au début de l’année 2014 la fondation s’est faite remarquer par un autre fait, comme le relate Le Monde daté du 3 février 2014 : « C’est une injustice vieille d’un demi-siècle qui aurait dû être réparée symboliquement à Bordeaux le 31 janvier. En attribuant, à l’unanimité de son conseil scientifique, son grand prix à Marthe Gautier, 88 ans, la Fédération française de génétique humaine comptait honorer le rôle de la chercheuse dans l’identification, en 1958, du chromosome 21 surnuméraire qui a transformé le mongolisme en trisomie 21 ». La cérémonie d’hommage a dû être annulée, devant les menaces (huissiers à l’appui) de la fondation.
La fondation ne se contente pas de lutter contre le droit à l’avortement. Elle essaye également sinon d’empêcher (elle n’en a heureusement pas les moyens… pour le moment), du moins de compliquer la recherche sur les méthodes de diagnostic précoce de la trisomie 21, qui pourraient permettre aux femmes d’avorter plus tôt. Et cela, tenez-vous bien, au nom, dixit un responsable de la fondation dans l’émission « la tête au carré » de Matthieu Vidard sur France-Inter l’été dernier, au nom de la « diversité biologique »…
Parce que pour la fondation Lejeune, l’avortement est évidemment un crime. Voici ce qu’elle écrit, en appui au clip de cette campagne (à lire ici) : revenant sur la carrière de Lejeune, elle évoque son « grand désespoir » de constater qu’il « devient » à la mode » de supprimer le malade qu’on est incapable de guérir. Alors que les résultats de sa recherche auraient dû permettre l’avancée de la médecine dans la voie de la guérison, ils sont utilisés pour dépister au plus tôt les enfants porteurs de ces maladies et les supprimer le plus souvent ».
On est loin de la volonté d’améliorer l’intégration sociale des enfants porteurs de trisomie 21 !
On peut se poser la question de savoir pourquoi cette campagne intervient si tôt, la journée mondiale de la trisomie n’ayant lieu que le 24 novembre 2014. Il se trouve que cette année est également le vingtième anniversaire de la mort de Lejeune… Curieusement, sur le site de la fondation, pas de trace de ce clip. En revanche, on y trouve des articles promouvant le mouvement européen anti IVG « one of us » (un de nous) qu’on a évoqué récemment sur ce site.
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