Le collectif « anti-exhibit B » tente d’empêcher les représentations

Les opposants à la pièce de théâtre « Exhibit B » ont tenté, jeudi soir d’empêcher sa représentation. Leur manifestation s’est accompagnée de violences : portes du théâtre explosées, intrusion dans le bâtiment. Deux représentations seulement ont pu avoir lieu, le directeur du théâtre a ensuite été contraint d’annuler les suivantes. Et vendredi il a pris la décision de renoncer à poursuivre les représentations. C’est évidemment une atteinte grave à la liberté d’expression et de création, du même ordre que celles menées par les intégristes catholiques contre des films ou des pièces de théâtre. C’est une caractéristique des mouvements qui s’opposent à la représentation d’une œuvre artistique : leurs actions sont systématiquement accompagnées de violences…

« Exhibit B » : contre la violence, le TGP doit être protégé

La Ligue des droits de l’Homme, le MRAP et la LICRA ont dénoncé cette action, dans un communiqué commun, et demandent aux pouvoirs publics de prendre des mesures propres à permettre au représentations prévues de se dérouler normalement. Les réactions du public prouvent, s’il en était besoin, que les jugements portés par le collectif Anti-Exhibit (dont les membres n’ont  pas vu la pièce) ne tiennent pas : le public a parfaitement compris la démarche de l’auteur.

Hier soir, au théâtre Gérard Philipe (TGP) de Saint-Denis, seules deux représentations d’« Exhibit B » de Brett Bailey ont pu avoir lieu, alors que six étaient prévues. Cette œuvre est un spectacle majeur, car elle ne fait pas que dénoncer le racisme et la violence faite aux Noirs tout au long de l’Histoire. La mise en scène permet à des comédiens noirs de représenter ces faits tragiques avec humanité et dignité, et au public de regarder sans ambigüité possible un passé et un présent qui nous regardent, nous questionnent profondément et nous bouleversent, quelle que soit la couleur de notre peau.

Hier soir, la manifestation du collectif Anti-Exhibit B et de la Brigadeanti-négrophobie, qui a rassemblé une centaine de personnes, est devenue violente, les portes du théâtre ont volé en éclats et des manifestants déterminés ont envahi le théâtre en hurlant. Malgré cela, et après une intervention tardive de la police, deux représentations ont eu lieu dont une pour des lycéens, qui ont témoigné de leur incompréhension de la polémique après avoir vu, de leurs yeux, ce qu’une centaine cherchait à interdire. Les manifestants ont réussi à empêcher le reste
du public d’accéder au théâtre et les autres représentations n’ont pu avoir lieu. Le personnel du théâtre, pourtant sous le choc de la violence, s’est comporté de façon exemplaire.

Nous demandons au préfet de Seine-Saint-Denis de protéger efficacement le TGP afin que les représentations et le débat prévus ce soir puissent avoir lieu sans incidents. Nous demandons que les spectateurs, insultés hier soir par les manifestants, soient protégés et puissent entrer dans le théâtre.

Nous demandons à madame la ministre dela Culturede donner des consignes claires et précises, dans la suite de son remarquable communiqué, pour que le TGP puisse accomplir son travail dans une sérénité retrouvée.