Pour la première fois, l’Etat est poursuivi par des personnes qui estiment avoir été contrôlées abusivement par la police sur la voie publique, en d’autres mots, avoir été victimes de « contrôles au faciès ». Treize personnes au total étaient à la barre, pour dénoncer cette pratique humiliante, qui ressemble parfois à du harcèlement.
Il faut savoir que, d’après une étude menée en 2009 par l’Open society justice initiative avec le centre national de la recherche scientifique, « un Noir a de 3 à 11 fois plus de risques d’être contrôlé qu’un Blanc, et un Maghrébin 2 à 15 fois plus ». Les plaignants ? des étudiants, des salariés, des Noirs, des Arabes, âgés de 18 à 35 ans. Autre caractéristique, qui ajoute de la forces à leur témoignages : ce ne sont pas des militants. Ils ont simplement signalé leur histoire au Collectif contre le contrôle au faciès, qui travaille en relation étroite avec la Ligue des droits de l’Homme, et qui a publié de nombreuses vidéos édifiantes de témoignages de victimes de ces contrôles.
Le ministre de l’Intérieur, ça n’est pas une surprise, est évidemment opposé à la délivrance d’un récépissé à chaque contrôle, ce qui, pour les plaignants et le collectif serait une solution efficace pour lutter contre cette pratique abusive. Ce récépissé est déjà utilisé dans certains pays, à la satisfaction des victimes comme des forces de l’ordre : il permet d’améliorer sensiblement les relations entre les forces de l’ordre et le public.
Le jugement a été mis en délibéré pour le mois de septembre.
Lire aussi :
http://www.marianne.net/Controle-au-facies-l-Etat-sur-le-banc-des-accuses_a230018.html
Enfin, voici un témoignage publié sur son site par le collectif « Stop le contrôle au faciès ».
Chaque année, nous sommes des dizaines de milliers à subir l’humiliation et la violence des contrôles d’identité abusifs. Perte de temps dans le meilleur des cas, ces contrôles mènent bien trop souvent à des accusations d’outrage et rébellion, à des coups ou à la mort. Derrière ces injustices, un déclencheur : le contrôle au faciès, moyen d’intimidation, pratique discriminatoire qui se fonde uniquement sur l’apparence physique des individus. Ces abus constituent une violation de nos droits les plus fondamentaux et du pacte républicain.
Aujourd’hui, pour la première fois, le Ministère de l’Intérieur doit répondre de ces pratiques devant les tribunaux, dans le cadre des premières actions en justice contre l’État pour contrôles au faciès. A cette audience historique, nous y serons… pour écouter le gouvernement tenter de nous expliquer pourquoi.
Pourquoi un jeune noir a six fois plus de chances d’être contrôlé qu’un jeune blanc ?
Ma dignité vaut-elle moins que celle d’un autre ?
Pourquoi mon sexe me protège-t-il des contrôles d’identité ?
Pourquoi François Hollande qui est censé être le Président de tous les français tolère-t-il que les valeurs républicaines soient bafouées alors qu’il déclarait pendant la campagne présidentielle que la voie qu’il nous proposait était celle de l’espérance en la promesse républicaine ?
Pourquoi ma couleur de peau est-elle moins suspecte qu’une autre ?
Pourquoi tant de morts lors des contrôles d’identité ?
Nos vies valent-elles moins que celle des autres ?
Pourquoi suis-je moins suspecte qu’un autre ?
Partager la publication "L’Etat poursuivi par treize victimes de contrôle au faciès"