Naz: une pièce passionnante, suivie d’un débat tout aussi passionnant

De gauche à droite, Ricardo Montserrat, Jeanine Pichavant, Pierre Tartakowsky et Jacqueline Houlgatte.

Ricardo Montserrat a vécu presqu’en « immersion »,  pendant plusieurs mois, à l’intérieur des milieux d’extrême droite du Nord-Pas-de-Calais. C’était à la demande de la scène nationale « Culture commune », et ce travail a débouché sur l’écriture et la mise en scène d’une pièce de théâtre, Naz. Mise en scène par Christophe Boyer, et interprétée par Henri Botte, la pièce a été présentée dimanche 28 octobre au théâtre Châteaubriant de Saint-Malo. La représentation était organisée par la section locale de la Ligue des droits de l’Homme et l’association des amis de le fondation pour la mémoire de la déportation.

Ricardo Montserrat montre dans sa pièce le cheminement de ces jeunes qui finissent par devenir militant de la droite extrême. Ils y arrivent par différents canaux : les clubs de supporters de football, certains lycées professionnels où des groupes se forment et recrutent avec une efficacité redoutable… Il y montre aussi la violence qui règne dans ces milieux, et que Henri Botte réussit à transmettre dans un véritable numéro d’acteur.

Une pièce d’une telle richesse ne pouvait déboucher que sur un débat passionnant : ce fut le cas. Henri Botte, Ricardo Montserrat, Jeanine Pichavant, présidente de la section de la Ligue des droits de l’Homme de Saint-Malo, Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’Homme, et Jacqueline Houlgatte, présidente de l’association des amis de la fondation pour la mémoire de la déportation,  ont analysé la pièce et permis aux spectateurs d’en décrypter les messages, tous très forts. Pierre Tartakowky a notamment mis en garde contre le risque de trop s’attarder sur les souffrances qui seraient à l’origine de ces dérives : « Moi j’y vois surtout de la haine », a-t-il déclaré, avant d’ajouter : « la souffrance ne débouche pas forcément sur la haine ! ». Et tout le monde s’est accordé pour souligné la gravité de cette situation où les « identitaires » n’hésitent plus à se monter au grand jour et à étaler leur idéologie nauséabonde au grand jour. La Bretagne n’est pas épargnée, même si le phénomène n’atteint pas les proportions du nord ou de la région lyonnaise.