Non à tout hommage officiel à Marcel Bigeard !

Après Valls au Vatican pour la canonisation d’un colon jésuite, c’est au tour de Le Drian, ministre de la défense, de se compromettre en inaugurant à Fréjus, le 20 novembre prochain, la stèle qui accueillera les cendres de Bigeard. Et ceci quelques semaines seulement après que le président de la République ait reconnu les massacres du 17 octobre 1961. Le collectif « non à tout hommage officiel au général Bigeard » reprend donc du service, et vient de mettre en ligne une pétition pour protester contre ce projet. En voici l’argumentaire, suivi de l’adresse de la pétition, et le texte de la pétition. Lire aussi l’article du site de la section de Toulon.

Le gouvernement précédent avait prévu de transférer les cendres du général Bigeard aux Invalides. Cette décision avait provoqué une vague d’indignation qui s’est traduite, entre autres, par le lancement d’une pétition qui a été signée par près de 10.000 citoyens. L’ampleur de la protestation avait contraint le ministre de la Défense d’alors, Gérard Longuet, à annuler le projet. La page semblait tournée et il y avait bon espoir qu’une logique de lucidité et de courage pourrait gouverner la manière d’appréhender le passé colonial.

Le Président de la République, François Hollande, a donné du corps à cet espoir en reconnaissant la réalité du massacre du 17 octobre 1961. Le Sénat lui a emboîté le pas en adoptant une résolution dans le même sens. Voilà que l’actuel ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, redonne en quelque sorte vie à Bigeard. Il prévoit en effet l’inauguration, le 20 novembre prochain, d’une stèle à Fréjus, stèle qui accueillera les cendres de Bigeard au sein du Mémorial des guerres d’Indochine. Voici un extrait de la prose du ministre : Bien plus qu’un chef, le général Bigeard, était un meneur d’hommes. Celui vers qui les regards se tournent naturellement dans les moments les plus difficiles ; celui qui cultive le goût de l’exigence et de la « belle gueule », celui qui enseigne que pour « être et durer » il faut être souple comme le cuir et trempé comme l’acier.

Il s’agit d’une rupture totale avec l’esprit du communiqué du Président de la République et de la résolution du Sénat. Si la politique repose souvent sur un jeu d’équilibriste, l’Histoire et la mémoire ne sauraient s’accommoder de ce genre d’ambiguïté. Si l’initiative de Jean-Yves Le Drian devait se concrétiser, on pourrait à bon droit douter de la volonté réelle du Président de la République et de son gouvernement de rompre avec l’aveuglement qui a prévalu jusqu’à aujourd’hui dans la manière de traiter le passé colonial. Tout hommage à Bigeard doit être proscrit.

C’est pourquoi nous avons écrit ce nouvel appel que nous soumettons à signature.

La pétition est à signer ici.

Il y a deux ans, le ministre de la défense du précédent gouvernement, Gérard Longuet, venu des rangs de l’extrême droite, avait conçu l’idée de transférer les cendres du général Bigeard aux Invalides. Une pétition, signée par 10.000 citoyennes et citoyens, fut pour beaucoup dans l’échec de cette provocation. Or, voici que le nouveau ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, remet sur pied un hommage de même nature, ce 20 novembre, avec une variante : le transfert de ces cendres au Mémorial de Fréjus, dédié aux combattants d’Indochine. Notre pétition était intitulée « Non à un hommage officiel au général Bigeard » : il fallait entendre : « Non à TOUT hommage ».

Aucun de nos arguments, en effet, n’est obsolète.

On nous présente encore et toujours cet officier comme un héros des temps modernes, un modèle d’abnégation et de courage, au mépris de tous les témoignages, de toutes les études historiques sérieuses. En fait, Bigeard a été un acteur de premier plan des guerres coloniales, un « baroudeur » sans principes, utilisant des méthodes souvent ignobles. En Indochine et en Algérie, il a laissé aux peuples, aux patriotes qu’il a combattus, aux prisonniers qu’il a « interrogés », de douloureux souvenirs. Aujourd’hui encore, dans bien des familles vietnamiennes et algériennes, qui pleurent toujours leurs morts, ou dont certains membres portent encore dans leur chair les plaies du passé, le nom de Bigeard sonne comme synonyme des pratiques les plus détestables de l’armée française.

Qu’un gouvernement élu par le « peuple de gauche » persiste dans ce projet laisse à penser que l’intervention citoyenne est plus que jamais nécessaire. Nous n’abandonnerons pas, en ce qui nous concerne, ce combat.

Non, décidément, NON, cent fois NON, à TOUT hommage au général Bigeard.