Évacuations de Roms : des niveaux intolérables, injustifiables, inutiles et coûteux !

Absurde. C’est le mot qui vient à l’esprit lorsqu’on découvre le rapport établi par l’European Roma right center, le Centre européen du droit des Rroms (ERRC). Un seul exemple. On estime (on n’a pas de chiffres précis) à 16.949 le nombre de personnes qui vivent dans des bidonvilles ou des squats, en France. La majorité d’entre elles sont des Rroms, mais il y a aussi des personnes sans-papiers, ou simplement sans logement. La population Rrom ainsi logée est donc inférieur à ce nombre.

Et, en 2013, le nombre de personnes évacuées de ces lieux par la force a atteint… 21.537. Ce qui signifie, si on estime que les 16.949 personnes citées plus haut sont toutes des Rroms, que chacun d’entre eux a été chassée de son lieu de vie plus d’une fois cette année : on atteint le taux de 1,27…

Joli record, M. le ministre de l’intérieur. C’est mieux que sous Sarkozy, jusqu’ici champion toutes catégories de romophobie. Que ce record soit battu par un gouvernement de gauche, voilà qui laisse un goût amer.

Le rapport publié par la Ligue des droits de l’Homme et l’ERRC est sans appel. Trois qualificatifs s’imposent : intolérables, injustifiables, inutiles et coûteux. « Cette politique de rejet est inefficace, coûteuse et inutile puisque rien n’a changé à la suite de ces évacuations », comme l’affirme Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’Homme. « Les Roms vivent toujours en France, dans des campements qu’ils ont reconstruits un peu plus loin, mais ils se retrouvent de plus en plus précarisés. Cette augmentation des expulsions en cours ouvre la voie à l’expression des extrémismes et du racisme anti-Roms.»

Le rapport complet peut être téléchargé ici.

Évacuations de Roms : des niveaux intolérables, injustifiables, inutiles et coûteux !

Les évacuations forcées des Roms étrangers durant l’année 2013 atteignent le chiffre de 21 537. Ceci représente plus de la totalité de la population habitant en bidonvilles ou en squats en France, évaluée à 16 949[1], en majorité des Roms étrangers.

Autrement dit, l’ensemble de la population rom vivant en bidonvilles et squats en France aurait été évacuée de force au moins une fois durant l’année 2013. En tout, il y a eu 165 évacuations perpétrées par les forces de l’ordre, concernant 19 380 personnes, et 22 évacuations suite à un incendie, affectant 2 157 personnes. Ces chiffres sont largement supérieurs à ceux recensés les années précédentes, puisque nous avions recensé 9 404 personnes évacuées de force par les autorités de leurs lieux de vie en 2012, et 8 455 en 2011.

Il y a eu 118 évacuations forcées faisant suite à une assignation par les propriétaires des terrains ou des squats devant les tribunaux de grande instance (TGI) ou les tribunaux administratifs (TA), 34 faisant suite à un arrêté d’insalubrité ou de péril pris par la mairie ou le préfet, et 13 abandons des bidonvilles par les personnes elles-mêmes, dans la très grande majorité des cas sous la menace d’une évacuation forcée imminente. Nous rappelons que près des deux tiers des sites sont situés sur des terrains publics1. Ce sont donc des entités publiques qui assignent dans les deux tiers des cas les occupants à quitter ces sites.

On observe une nette recrudescence des évacuations forcées organisées par les forces de l’ordre durant la période estivale. Elles perdurent malheureusement au quatrième trimestre à un rythme presqu’aussi élevé, malgré une météo hivernale.

Le plus grand nombre d’évacuations forcées a été observé en Ile-de-France, comptant pour 57 % de leur total, le triste record étant détenu par le département de Seine-Saint-Denis. 39 % des évacuations ont eu lieu dans les quatre régions du Nord-Pas-de-Calais, Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte-d’Azur et Aquitaine.

On a observé d’autre part un nombre croissant de bidonvilles abandonnés par les habitants avant l’intervention des forces de l’ordre, pour éviter les traumatismes et la perte de leurs biens.

Les évacuations forcées ont continué pratiquement, partout sans solution alternative crédible de relogement ni d’accompagnement social. Les ONG impliquées ainsi que différentes institutions (comme le Défenseur des droits) reconnaissent que la mise en application de la circulaire interministérielle du 26 août 2012 « relative à l’anticipation et à l’accompagnement des opérations d’évacuation des campements illicites » reste rare, disparate et généralement superficielle. Elle s’apparente souvent à un recensement des populations plutôt qu’à un réel et durable travail social d’insertion.

Ces évacuations forcées sont l’expression d’une politique de rejet stigmatisant les Roms comme boucs émissaires. Les autorités ne souhaitent qu’une seule chose : leur retour dans leur pays d’origine.

« Cette politique de rejet est inefficace, coûteuse et inutile puisque rien n’a changé à la suite de ces évacuations », comme l’affirme Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’Homme. « Les Roms vivent toujours en France, dans des campements qu’ils ont reconstruits un peu plus loin, mais ils se retrouvent de plus en plus précarisés. Cette augmentation des expulsions en cours ouvre la voie à l’expression des extrémismes et du racisme anti-Roms.»

« Nous demandons une nouvelle fois l’arrêt immédiat de cette politique : les évacuations forcées ne peuvent se perpétuer au mépris des traités internationaux et européens »,  indique Dezideriu Gergely, directeur du ERRC. « Nous demandons par ailleurs qu’une véritable politique d’insertion pour ces personnes en grande précarité soit mise en place. Cette politique devra clairement dépasser celle qui “anticipe et accompagne” leurs expulsions ou leurs évacuations forcées.»

Avant son élection, l’actuel Président avait dénoncé la politique d’évacuations forcées menée sous Nicolas Sarkozy. Il est extrêmement regrettable de voir que la situation a empiré.

Remarque :

Ce recensement a été établi en collaboration avec le Collectif national droits de l’Homme Romeurope et est le fruit d’un travail commun entre la Ligue des droits de l’Homme (LDH) et le European Roma Rights Centre (ERRC). Sans avoir la prétention à l’exhaustivité de la situation étant donné le manque de données officielles disponibles, ce recensement voudrait cependant en être l’expression la plus objective possible.

[1] Vade-mecum à l’usage des correspondants « points de contact départementaux » de la Mission relative à l’anticipation et l’accompagnement des opérations d’évacuation des campements illicites, version du 10 décembre 2013, Dihal.


Vidéo : journée d’hommage à V. et I. Basch, la table ronde

De gauche à droite, Emmanuel Naquet, Edmond Hervé, Gilles Manceron, Pierre Tartakowsky, Pascal Ory, et Françoise Basch.

Dernier volet de cette journée d’hommage à Victor et Ilona Basch, organisé au lycée de Rennes qui porte leur nom, une table ronde, intitulée « Victor Basch, modèle pour un engagement d’aujourd’hui ? »

Ont participé à cette table ronde, Emmanuel Naquet, historien, Edmond Hervé, sénateur et maire honoraire de Rennes, Gilles Manceron, historien, Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’Homme, Pascal Ory, historien, et Françoise Basch, petite fille du couple Victor et Ilona Basch.

httpv://youtu.be/KpmG-_gmu9U

Vidéo : des lycéens de Victor et Ilona Basch lisent des textes de Victor Basch

Cécile, Rafaël et Marie ont lu un texte de Basch intitulé "Au ban, les bourreaux".

La journée d’hommage à Victor et Ilona Basch a été ponctuée par des lectures de textes écrit par Victor Basch, par des lycéens du lycée Basch. Des textes très intéressants, et lu avec passion par ces jeunes gens, qui ont largement contribué au succès de cette journée. Qu’ils en soient remerciés !

httpv://youtu.be/h45u-i3Z1J4

Vidéo : la conclusion de Pierre Tartakowsky à la journée d’hommage à V. et I. Basch

C’est Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’Homme, qui a conclut la journée d’hommage à Victor et Ilona Basch, au lycée qui porte leur nom à Rennes. L’occasion pour lui de regretter, en voyant les lycéens qui avaient assisté pour certains, et participé pour d’autres à cette journée, de ne pas avoir eu l’occasion d’en vivre une semblable pendant sa scolarité.

httpv://youtu.be/jGu3LRaBHbg

Vidéo : Victor Basch, un engagement citoyen, par Edmond Hervé

Edmond Hervé

La section de Rennes de la Ligue des droits de l’Homme a confié à Edmond Hervé, sénateur et maire honoraire de Rennes, le soin d’analyser l’activité militante de Victor Basch, notamment pendant son séjour à Rennes, et en particulier pendant l’affaire Dreyfus. Le militantisme de Basch ne s’arrêta évidemment pas en 1906, avec la conclusion de l’affaire, puisqu’il a continué à militer à la Ligue des droits de l’Homme, dont il est devenu président en 1926. Et il l’est resté jusqu’au 10 janvier 1944, jour de son assassinat par la milice.

L’exposé d’Edmond Hervé, qui a su partager sa passion et son entousiasme, a captivé son auditoire.

httpv://youtu.be/NJ7SvsHnZOM

Vidéo : dévoilement de la plaque du lycée Victor et Ilona Basch

Vendredi 10 janvier 2014, Françoise Basch, petite fille d’Ilona et Victor, a dévoilé, avec Marie-Pierre Rouger, vice présidente du Conseil régional de Bretagne, la plaque qui porte le nom de ses grands parents. Le lycée Ile de France est ainsi devenu lycée Victor et Ilona Basch, un des rares lycées à porter le nom d’un couple. Annaïg et Solène ont lu un texte de Louis Aragon, « le crime contre l’espris », qui rend hommage au couple Basch, en rappelant l’horreur du fascisme, et la vie militante de Victor Basch, qui a accompagné toutes les grandes causes de l’humanité pendant sa vie entière, de l’affaire Dreyfus à la résistance, jusqu’à son assassinat.

httpv://youtu.be/pYX5lsEZbxo

Vidéo : l’assassinat de Victor et Ilona Basch, par Pascal Ory

Pascal Ory

Nouveau volet de la journée commémorative de l’assassinat d’Ilona et Victor Basch par la milice, le 10 janvier 1944 : « l’assassinat », par Pascal Ory.

Historien, professeur à la Sorbonne, Pascal Ory est également, entre autres, l’auteur d’un « dictionnaire des étrangers qui ont fait la France ».

Dans son itervention, il analyse les circonstances et les motifs de l’assassinat, et rappelle un certain nombre de choses, telles que celle-ci : la milice était bien un service de l’état pétainiste, et non une association de militants.

Cliquer sur la miniature pour voir la vidéo.

 

httpv://youtu.be/cUV4nK6kUdU

Vidéo : Victor Basch, « Ligueur, rien que ligueur, depuis toujours et pour toujours », par Emmanuel Naquet

Emmanuel Naquet

Président de la Ligue des droits de l’Homme de 1926 jusqu’à son assassinat le 10 janvier 1944, Victor Basch a fortement marqué l’association. C’est lui qui a notamment fait entrer les droits économiques et sociaux dans le champ d’activité de la Ligue. Emmanuel Naquet, historien et professeur à Science-po, et coresponsable du groupe de travail « Mémoire, histoire, archives » de la Ligue des droits de l’Homme, revient en détail sur l’accès de Basch à la présidence de l’association, puis sur ses mandats successifs.

httpv://youtu.be/eI3tnJnNXFs

Vidéo : Colette Cosnier redonne sa place à Ilona Fürth, « Madame Victor Basch »

Ilona Fürth, Madame Victor Basch : tout est dans le titre que Colette Cosnier a donné à son intervention, pendant cette journée d’hommage à ce couple qui a été assassiné par la milice le 10 janvier 1944. Ilona Fürth a perdu à la fois son prénom, et son nom : elle est devenue Mme Victor Basch. Ilona a disparu : dans tous les documents officiels elle est devenue Hélène. « C’est comme si on parlait d’Amédée Mozart ! », se révolte Colette Cosnier.

Et pourtant cette femme ne s’est pas contentée d’être une « dame de professeur », destinée à jouer les figurantes dans toutes les cérémonies qui ponctuent la vie universitaire; et elles sont nombreuses. Elle a joué un rôle majeur aux côtés de son mari, dont elle a partagé le destin jusqu’à la mort : quand la milice (Paul Touvier n’était pas loin) est venue chercher son mari, elle a refusé de le laisser partir seul. Elle l’a accompagné, dans la mort.

Une grande histoire d’amour, doublée d’une histoire de militantisme. Un grand moment, dans cette journée d’hommage. Merci, Mme Cosnier !

httpv://youtu.be/x-bw56MvrWg

Vidéo : l’ouverture de la journée de commémoration de l’assassinat de Victor et Ilona Basch

Jean Chesnais, proviseur du lycée Victor et Ilona Basch

Vendredi 10 janvier 2014 : c’était le 70ème anniversaire de l’assassinat par la milice de Victor et Ilona Basch. La section de Rennes de la Ligue des droits de l’Homme, créée par Victor Basch en 1899, a organisé, au lycée qui porte le nom du couple, une journée commémorative, pendant laquelle plusieurs conférences se sont succédé. La journée a été officiellement ouverte par Jean Chesnais, proviseur de l’établissement, et Daniel Delaveau, maire de Rennes. Cliquer sur la miniature pour accéder à la vidéo de leurs interventions.

httpv://youtu.be/KffxRh25Y8E

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