Dimanche 24 novembre, Le Cithéa à Plouguenast, à 14h30, la Saga des Contis avec Jérôme Palteau

La Saga des Contis, c’est une fresque, cinématographique, réalisée par Jérôme Palteau. Le film, comme son titre l’indique, retrace les années de lutte des salariés de l’usine de pneus Continental, de Clairoix, licenciés par la multinationale dont le seul souci est de faire gagner encore davantage d’argent à ses actionnaires : le motif prétendument « économique » des quelque 700 licenciements a été rejeté par les Prudhommes, qui ont condamné l’entreprise à réintégrer les salariés : elle devra donc les licencier selon la procédure normale, et les indemniser en conséquence. Quand ce jugement est tombé, en août 2013, Xavier Mathieu, le leader charismatique de cette lutte, déclarait : « c’est une victoire, mais c’est une victoire amère »… Et pour cause : on reconnaissait le caractère abusif des licenciements, sans pouvoir les empêcher. Et, ajoutait Xavier Mathieu, le pire dans l’histoire, c’est que malgré les sommes astronomiques que l’entreprise va devoir débourser, l’opération reste rentable pour elle.

À l’heure où certains récupèrent la détresse ouvrière, et réussissent le tour de force de faire défiler  patrons et ouvriers dans la même manifestation, où la peur du chômage est telle que des ouvriers licenciés se font agresser par leurs collègues qui ont conservé leur emploi, la Saga des Contis, malgré l’issue dramatique du conflit, apporte une lueur d’espoir : la capacité de révolte est encore intacte , et la solidarité existe toujours. D’autres informations ici:

Continental s’acharne contre Xavier Mathieu.

680 licenciements annulés par les Prudhommes : la belle victoire des Contis.

Emission Là-bas si j’y suis du 12 septembre 2013, « l’amère victoire des Contis ».

A noter que le film a reçu le prix du film documentaire décerné par le journal La Croix, en octobre dernier (lire ici).

La projection du film sera suivie d’un débat, avec la participation de Jérôme Palteau, réalisateur.

Pratique

Organisé par la section Loudéac centre Bretagne, en partenariat avec le cinéma Le Cithéa de Plouguenast, dans le cadre du mois du film documentaire, organisé par CAC Sud 22 Marc Le Bris, Double Vue, et le Conseil général des Côtes d’Armor.

Au cinéma Le Cithéa, à Plouguenast, à 14h30. Entrée, 4€.

La bande annonce du film.

httpv://youtu.be/btX3Z5D_eEo

Face à la déferlante raciste, une marche le 30 novembre

La résistance commence à s’organiser.

19 associations, dont la Ligue des droits de l’Homme, ont lancé, jeudi 14 novembre, un appel intitulé « Faire barrage au racisme ». Elles appellent à une marche à Paris, le 30 novembre prochain. Vincent Rébérioux, membre du comité central de la LDH précise : «Il ne s’agit pas uniquement de dénoncer ces insultes mais toute la déferlante raciste».

 Faire barrage au racisme

Les associations et organisations suivantes se sont réunies, à Paris, le 14 novembre 2013.

Elles appellent à la tenue d’une marche, à Paris, le 30 novembre 2013, pour faire barrage au racisme.

Elles invitent les citoyen(ne)s à être à l’initiative de marches semblables, ce même jour, en France, dans l’hexagone et les outre-mer.

Elles rendront public un texte d’appel, en début de semaine prochaine.

Les signataires de l’appel : 

Collectifdom – CM 98 – Ligue des droits de l’Homme – SOS Racisme – Mrap -CFDT – CGT – Unsa – FSU – Union syndicale Solidaires – Unef – UNL – FIDL – UEJF – Ufat – R=Respect – Egam – Fnasat – Banlieues du Monde

Par ailleurs, le journal Libération, qui relaye cet appel, a lancé le même jour une page « Facebook » intitulée « Injures racistes, incitations à la haine : assez ! », destinée « à accueillir vos écrits, vos témoignages, vos initiatives et tous vos «likes» de soutien ». Vendredi en fin d’après-midi, elle en totalisait près de 20.000.

 

La Ligue des droits de l’Homme fait annuler l’arrêté d’Estrosi contre les SDF et les Rroms

La Ligue des droits de l’Homme vient de remporter une victoire importante (quoique prévisible)  contre un des symboles des dérives extrémistes de l’UMP : l’arrêté « antibivouac » pris par le maire de Nice, M. Estrosi, a été annulé par le tribunal administratif. L’ordonnance qu’il a rendue le 14 novembre précise : «  le tribunal a estimé que l’arrêté  » porte aux libertés individuelles une atteinte disproportionnée par rapport au but de sécurité et de tranquillité publiques qu’il vise ».

C’est la Ligue des droits de l’Homme qui est à l’origine de la saisine du tribunal, avec le Mouvement contre le racisme, l’antisémitisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP), et l’association niçoise ADN (association pour la démocratie à Nice : ils doivent avoir du boulot !).

L’arrêté signé par celui que le Canard enchaîné appelait le « motodidacte » (il a été champion de moto) visait naturellement les SDF, et, bien entendu, les Rroms.

La Ligue des droits de l’Homme de Nice (elle aussi, doit avoir du boulot !) se réjouit naturellement  de cette décision qui, précise-t-elle,  »  est une victoire contre les postures de rejet de l’autre qui tendent malheureusement à devenir l’ordinaire du débat public ».

Savourons cette victoire : ça n’est pas si fréquent !

Et ça continue…

Nouvelle attaque raciste contre Christiane Taubira, et cette fois il ne s’agit ni du front national ni d’une quelconque officine fascisante, mais d’une élue UMP : Claudine Declerckélue municipale de Combs-la-Ville et vice-présidente de la communauté d’agglomération de Sénart, a publié sur son compte facebook une publicité détournée de Banania, avec une caricature de Christiane Taubira, avec en légende : « y’a pas bon Taubira ». Et ceci, publié le 18 septembre, n’est découvert qu’aujourd’hui !

Preuve qu’au risque de se répéter, au risque de lasser, au risque de passer pour des radoteurs, nous devons inlassablement dénoncer ces ingnominies.

Libération publie aujourd’hui une rétrospective qu’il intitule : « racisme : sept ans de dérapages politiques ». Ca commence avec Georges Frêche et l’équipe de France de football, pour en arriver à la gamine d’Anger, en passant par les Sarkozy, Chirac, Hortefeu… affligeant…

Tout ceci justifie le communiqué commun que viennent de publier la Ligue des droits de l’Homme et la Ligue de l’enseignement et qui nous avons publié ici.

Conjurons la bêtise et le cynisme, refusons la haine et le racisme !

Conjurons la bêtise et le cynisme, refusons la haine et le racisme !

Communiqué commun de la Ligue de l’enseignement et de la Ligue des droits de l’Homme

Voici que les mots et les postures qui portent la haine de l’Autre et la violence tendent à devenir l’ordinaire du débat public, relayés et entretenus par une pratique médiatique qui confine à de l’aventurisme.

Qu’une ministre de la République soit traitée de singe ne semble plus émouvoir nombre de citoyens, pas plus qu’ils ne sont émus par les déclarations d’un ministre qui décrète l’incapacité à s’intégrer de telle catégorie de population. Que dire, dès lors, quand un élu local en vient à regretter que ces Roms n’aient pas été suffisamment anéantis pendant la guerre !

Des millions de personnes sont niées dans leur citoyenneté en raison de leurs origines, de leur situation sociale, de leur culture et de leur religion. Une partie des hommes et des femmes politiques de notre pays se taisent ou, pire, exploitent cette situation. De boucs émissaires extérieurs en ennemis de l’intérieur, des doigts se tendent pour les désigner coupables, à l’origine de nos maux, ce seraient eux qui détruiraient notre pays et ruineraient notre avenir.

Ne nous y trompons pas : ces mécanismes sont destructeurs, d’abord pour ceux et celles qui les subissent, et aussi pour la société tout entière. La haine générée grandit, nourrie par une bêtise et une ignorance infiltrant tous les rouages de la vie sociale, avec une explosion numérique nauséeuse, générant conflits et violences, rancœurs et esprit de revanche, assignations à résidence et replis communautaires. Au plus profond de ses ressorts, c’est la démocratie elle-même, avec ses deux siècles de construction, qui est atteinte. C’est la France républicaine, porteuse d’espoir d’un monde solidaire, qui est rabaissée.

Nous assumons et reconnaissons nos différences, elles sont le fondement de notre pacte social. Nous savons aussi ce qui nous réunit par notre pacte politique. Nous ne transigerons pas sur les principes fondamentaux sur lesquels nous avons bâti la République : la liberté, l’égalité, la fraternité comme la laïcité et la solidarité qui sont, à la fois, nos guides et nos objectifs. À la veille de deux échéances électorales que sont les élections municipales et européennes, nous entendons, ici, mettre en garde avec solennité.

Il est de notre responsabilité commune, acteurs dans la société, que nous soyons militants, responsables associatifs, élus locaux et nationaux, habitants, journalistes, en un mot CITOYENS, de ne pas suivre cette route mortifère. Celle-ci est aujourd’hui trop souvent balisée par des flux ininterrompus d’informations répétées en continu par les chaînes télé d’info, relayées sur le web et les réseaux, alors bien peu « sociaux ». Cette répétition absurde est comme un matraquage qui, à la fois, obsède et sidère.

Être CITOYEN, c’est bannir du débat politique tout propos, toute attitude, de nature à engendrer le racisme, l’antisémitisme et tendant à justifier les discriminations. La France, comme bien d’autres pays, doit affronter d’énormes défis économiques et sociaux, avec le chômage et les inégalités. Face à ceux et à celles qui avivent les souffrances sociales, les peurs et les colères, nous nous dressons pour affirmer avec force : la République n’a d’avenir qu’égale, solidaire et fraternelle.

C’est dans ce cadre que le débat public, comme les politiques publiques, doivent s’affirmer.

Paris, le 15 novembre 2013

 

Nouvelle attaque contre l’aide médicale d’Etat

Crédit photo : photothèque du mouvement social.

Avec les minimaux sociaux qui font de la France un pays d’assistés et qui font l’objet de fraudes insupportables, l’aide médicale d’État (AME) est un des chevaux de bataille de la droite, qui l’accuse de tous les maux et notamment de contribuer à creuser le déficit de l’assurance maladie. Et aucun mensonge, aucune manipulation de chiffre ne sont trop grossiers pour alimenter la xénophobie ambiante.

Le sujet a donc enflammé l’Assemblée nationale mercredi soir. On a pu y voir un député UMP (Claude Goasguen) qui avait en 2011 cosigné un rapport sur le sujet avec un collègue socialiste : les deux élus arrivaient à la conclusion qu’il fallait pérenniser cette aide. On a aussi vu la charmante Mme Le Pen-Maréchal réclamer la suppression pure et simple du dispositif.

L’aide médicale d’État, c’est un dispositif qui permet de soigner les personnes en situation irrégulière. Elles sont en France, qu’on le veuille ou non. Parmi eux, il y a des enfants, des personnes âgées, des gens en bonne santé, des malades… L’immense majorité d’entre eux a fui son pays, généralement pour simplement sauver sa peau, ou pour survivre.

Les soins que leur prodigue la République ne sont pas de la charité : en les soignant, on se préserve nous aussi de catastrophes sanitaires : il s’agit bien d’un problème de santé publique. Le plus connu de ces problèmes, c’est la résurgence de la tuberculose, qu’on croyait avoir disparu, et qui revient depuis plusieurs années, et sous des formes parfois plus résistantes. Ne pas soigner ces personnes, c’est risquer de voir s’installer de nouvelles épidémies, dont nous serions tous victimes. Seuls des esprits étriqués ne peuvent pas comprendre cela.

L’UMP voudrait par exemple, en plus de limité le budget consacré à l’AME, rétablir le « droit d’entrée » que le gouvernement Sarkozy avait instauré, et dont le montant était de 30€. Une somme dérisoire direz-vous. Sauf quand on n’a pas de revenu. Et si on n’a pas de revenu, c’est qu’on n’a pas le droit de travailler. La boucle est bouclée.

Les xénophobes s’en sont donné à cœur joie, avec des mots douteux tels que celui de ce député qui a dit en séance en réponse à un collège qui dénonçait le climat délétère qui s’est installé dans le pays : « Mme Taubira n’est pas à l’AME, donc ne mélangeons pas les sujets ». Pendant ce temps-là, ailleurs, à Rennes précisément, manifestaient leur solidarité avec une fillette géorgienne : le corps médical de l’hôpital de Pontchailloux s’est mobilisé pour que cette gamine qui souffre d’une leucémie et qui est  en France avec ses parents en situation irrégulière, puisse y rester au moins le temps d’être soignée : son retour en Pologne (pays d’entrée de la famille dans l’Union européenne) serait pour elle un arrêt de mort. La préfecture d’Ile et Vilaine semble avoir été sensible à ce mouvement de solidarité : elle a retiré son arrêté d’expulsion (article dans l’édition papier d’Ouest-France du 14 novembre).

 

Nouvelle agression contre Chr. Taubira : le harcèlement continue

Additif, 11h36 : communiqué de la Ligue des droits de l’Homme, à lire en fin d’article.

L’acharnement contre Christiane Taubira se poursuit. Cette fois, c’est un « journal », ou du moins une publication périodique qui se fait appeler « journal », qui s’y colle. Sa situation financière désastreuse, la déliquescence de son lectorat ont sans doute joué un rôle important dans le choix de la une de « minute » : l’effet a été immédiat, on n’a parlé que de cela dans les réseaux sociaux dès sa parution.

Alors, quelle attitude avoir ?

Jean-Marc Ayrault a annoncé dans la soirée qu’il saisit le procureur de la République : il a cette fois réagi rapidement. Daniel Schneidermann, dans Rue 89, parle d’un piège dans lequel se serait engouffré le premier ministre ; il conclut son papier par cette phrase : « De ce piège, Ayrault était à la fois le bénéficiaire et la victime. Plus bénéficiaire que victime ? Plus victime que bénéficiaire ? À chacun de décider. »

Évidemment, qu’il y a un piège, et les fascistes, qui maîtrisent parfaitement la communication, le savent : ne pas en parler ? impossible. En parler ? on fait la promotion du torchon.

Mais comment faire de la pédagogie sans parler ? car c’est bien de cela qu’il s’agit. Il s’agit de répéter, encore et encore, que les races n’existent pas, que le racisme est une maladie qu’il convient d’éradiquer. On croyait cette bataille gagnée, on constate avec effroi qu’il faut tout reprendre depuis le début. Et c’est d’autant plus terrible que les responsables de cette dégradation morale de la société ne sont pas uniquement les fascistes et l’extrême-droite. Tous ceux qui, depuis une dizaine d’année, ont fait preuve de complaisance à leur égard, ceux qui leur ont emprunté des idées, sont aussi responsables. Et ils ne sont pas tous à droite.

Ci-dessous, nous publions le communiqué rédigé hier soir mardi 12 novembre par la section de la Ligue des droits de l’Homme de Rennes, (elle n’avait pas encore eu connaissance de la une de minute) sur l’agression d’Anger. La section rennaise insiste sur ce devoir de pédagogie.

Rennes le 12 novembre 2013

Communiqué de la Ligue des Droits de l’Homme de Rennes

Mme Taubira a récemment été la cible d’injures racistes immondes auxquelles elle a réagi avec une grande dignité. Attachés à la défense des droits de l’homme et au respect de sa dignité, nous nous élevons non seulement contre de tels actes mais aussi contre la relative indifférence avec laquelle ils sont reçus par notre société. L’ignominie de ces insultes n’a d’égale que l’indigence intellectuelle de ceux qui les profèrent ou les propagent par la bouche de leurs enfants. C’est par incapacité à élaborer des argumentaires critiques à l’encontre de leurs cibles que les racistes en sont réduits aux insultes, apanage des faibles. Si d’aventure un semblant de raisonnement apparaît, il se fonde sur un obscurantisme  niant l’unicité de l’espèce humaine et les droits fondamentaux de chacun de ses individus. C’est  cela qu’il faut dénoncer et combattre, inlassablement.

En effet, ne rien dire, ne pas réagir, laisse entendre que ce n’est pas grave, voire – pire – que l’on cautionne de tels actes. Mais le racisme et les actes qui le manifestent ne doivent pas devenir « ordinaires ». Contrairement à l’expression en vogue, il faut que le racisme retrouve ses complexes. Il est pour cela nécessaire que des voix s’élèvent pour que ceux qui désapprouvent se sentent confortés et osent manifester – même et surtout dans la vie de tous les jours – leur désaccord. Comme l’écrivait  déjà Jaurès en 1899 à propos des calomnies et des préjugés racistes, « Il faut être prêt à une rude besogne de destruction quotidienne. Il faut n’être ralenti ni par la persévérance du mensonge, ni par les calomnies abominables, ni par les préjugés persistants ».

 Communiqué de la Ligue des droits de l’Homme, publié mercredi matin 13 novembre

Contre la spéculation sur la haine

 La LDH a pris connaissance, avec stupeur, de la dernière une de l’hebdomadaire d’extrême droite Minute, qui vient ainsi se rajouter à la triste litanie raciste de ces dernières semaines.

Alors qu’elle réutilise les expressions contre lesquelles des milliers de personnes et d’élu(e)s de tous bords se sont élevés, à l’appel de la LDH, à Angers, ce lundi 11 novembre, c’est une nouvelle insulte, ouvertement et pleinement raciste, qui s’ajoute à une liste, déjà trop longue, de propos insupportables.

Une nouvelle fois, la LDH réaffirme son rejet de ceux qui spéculent sur la haine et des démagogues qui font preuve de compréhension. Il ne peut pas y avoir d’autre comportement que le combat contre ceux qui choisissent de définir des boucs émissaires pour alimenter des propos et des actes racistes.

Il s’agit de la République et de ses valeurs qui sont à chaque fois mises à mal et il appartient à chacun, citoyen(ne)s, médias et élu(e)s, de contribuer à mettre hors-jeu ces agressions répétées. Le poison du racisme qui mène à la désagrégation de notre société est à combattre sans relâche.

La LDH affirme son plein et entier soutien à madame la garde des Sceaux, Christiane Taubira.

Manifestation de soutien à Ch. Taubira à Angers : « Mettons la haine hors jeu »

Photo Huffpost, http://www.huffingtonpost.fr/2013/11/11/propos-racistes-taubira-manifestation-soutien-angers_n_4255418.html?utm_hp_ref=france

Lundi 11 novembre, à Angers, une manifestation a été organisée pour protester contre l’agresssion raciste dont a été victime Christiane Taubira, ministre de la justice, de la part d’enfants soutenus par leurs parents, le 25 octobre dernier. La manifestation a réuni près de 3000 personnes,

Conduits par la section d’Angers de la Ligue des droits de l’Homme, les manifestants se sont réunis devant le palais de justice où a eu lieu l’agression.

Nadia Doghramadjian, secrétaire générale adjointe de la Ligue des droits de l’Homme, et co-responsable du groupe de travail sur les discriminations, représentait Pierre Tartakowsky, président de la LDH, dont elle a lu l’allocution qu’il avait écrite. A lire ci-dessous.

Allocution de M. Pierre Tartakowsky, Président de la Ligue et des droits de l’Homme, lue par Madame Nadia Doghramadjian, secrétaire générale adjointe, lors du rassemblement qui s’est tenu à Angers le 11 novembre 2013 en présence de plus de 1.500 participants et de nombreux élus.

 

Mettons la haine hors jeu !

Les agressions répétées, ouvertement et pleinement racistes dont la ministre de la Justice Christiane Taubira a été la cible indiquent clairement que nous avons affaire à une offensive assumée, concertée, froidement haineuse. Elles s’inscrivent en effet dans une trop longue liste de « dérapages » détestables.

Il y a eu cette déclaration hallucinante du député-maire de Cholet, à ce jour toujours membre de l’UDI, à propos des Roms : « Hitler n’en a peut-être pas tué assez ». Il y a eu le maire de Croix, dans le Nord, affirmant qu’il serait aux côtés de l’un de ses administrés s’il « commettait l’irréparable » à l’encontre d’un Rom… Il y a eu ce sénateur confiant à la cantonade qu’il avait « vraiment envie » de tirer sur François Hollande et la répartie du maire de Marseille, lui proposant obligeamment une Kalachnikov…

Ces saillies pseudo humoristiques ou soi-disant « maladroites » alimentent une foule de propos et d’actes de violence et toutes, contribuent à la fragmentation de notre société, tout en nous inscrivant collectivement dans une logique de désignation de boucs émissaires.

Cette remontée sidérante de pratiques et de discours qu’on pensait exorcisés n’est pas sans lien avec les consultations à venir. Mais les ramener à une simple poussée de fièvre préélectorale serait s’aveugler à bon compte et sous-estimer le danger.

Au-delà des femmes, des hommes et des populations prises pour cibles, c’est le débat démocratique qu’on vise, et en plaçant ses valeurs hors-jeu c’est la République qu’on veut atteindre.

Cette tentative d’OPA sur le débat public n’est donc pas que malsaine, elle est criminelle ; le racisme est certes odieux, mais c’est surtout un délit. La panacée de l’exclusion est évidemment un mensonge, mais c’est aussi et surtout, une invitation à la violence.

C’est pourquoi nous affirmons notre solidarité militante et civique avec toutes celles et ceux qui en sont la cible. C’est pourquoi nous en appelons à une réaction ferme de la puissance publique mais aussi de la société civile. Il s’agit de mettre hors jeu tous ceux, toutes celles qui propagent la haine tout en se réclamant de la démocratie. Il revient aux citoyens, aux médias et aux élus de la République d’y contribuer, chacun à sa place, en veillant à la qualité des débats publics, en dénonçant sans complaisance ce qui relève de l’infraction à la loi, de l’incitation à la haine, en rejetant ceux qui investissent et spéculent sur le marché de la peur et de la haine.

Face aux démagogues et à ceux qui font preuve de compréhension à leur égard, la Ligue des droits de l’Homme le réaffirme solennellement : la République n’a d’avenir qu’égale, solidaire et fraternelle.

 

Refusons le choix de Leonarda pour celui de la fraternité !

L’affaire Leonarda ne fait plus la une de l’actualité, et c’est sans doute heureux. N’empêche qu’il y a une analyse à côté de laquelle les médias semblent être passés sans la relever, et c’est Pierre Tartakowsky qui la livre dans son éditorial de l’édition d’octobre de LDH info, le bulletin mensuel de la Ligue des droits de l’Homme.

Cette affaire a bousculé l’emploi du temps du ministre de l’intérieur, et provoqué les interventions du premier ministre et du président de la République lui-même. On peut par conséquent légitimement supposer que l’affaire les a préoccupés, et c’est un euphémisme.

Le premier ministre et le président ont donc décidé de vérifier, par une enquête, si la loi avait bien été respectée, et si les services de police ne l’avaient pas outrepassée.

Résultat de l’enquête : la loi a été respectée, mais, peut-être les policiers ont-ils manqué de tact…

Donc, la loi ayant été respectée, rideau.

Et tout ce beau monde de passer à autre chose (il est vrai qu’ils n’avaient que l’embarras du choix…).

Mais alors, pourquoi un tel malaise ? Uniquement parce que les policiers auraient peut-être été malpolis ?

Il n’est venu à l’esprit de personne, apparemment, que l’origine du malaise pouvait venir de la loi elle-même ? et qu’il est tout autant scandaleux d’arrêter et d’expulser un mineur qui est scolarisé pendant le temps scolaire qu’au supermarché ? et qu’il serait sans doute opportun de la changer, cette foutue loi. Car enfin, si Hollande a été élu, c’est aussi un peu pour que cesse cette politique de chasse à l’enfant…

Avec Pierre Tartakowsky, la ligue des droits de l’Homme, quant à elle, a fait le choix de la fraternité, plutôt que d’accepter celui qu’on  avoulu donner à Leonarda

Refusons le « choix de Leonarda » pour celui de la fraternité

L’éditorial de Pierre TARTAKOWSKY, président de la LDH

Le Choix de Sophie est un émouvant roman qu’Alan J. Pakula a fort bien su porter à l’écran, avec talent et émotion. On aurait préféré s’en tenir à cela et s’épargner  « Le choix de Leonarda », mauvais remake bâcle de mauvaise grâce et sans amour, par un François Hollande qu’on a connu mieux inspiré.

Le talent n’est pas en cause ; c’est au contraire la cause qui s’avère sans talent. Comment le président de la République — liberté, égalité, fraternité — a-t-il pu penser un seul instant que proposer d’éclater une famille, encourager au reniement familial, à la lâcheté filiale, allait satisfaire l’opinion publique ? Comment a-t-il pu opposer le droit à la vie de famille et le droit à l’éducation ? Substituer un choix de mutilation à un droit d’enrichissement ? On en reste pantois pour lui, désolés pour nous, inquiets pour Leonarda et tous les autres.

Car il y en a d’autres, dont la liste serait tout à la fois fastidieuse et émouvante. Faut-il, à eux aussi, proposer ce pacte de sang qui consiste à se couper des siens pour se construire soi-même ? C’est impensable. Cela devrait être impensable. Le fait que cela ait été pensé et dit, avec sans doute la bonne conscience des inconscients, devrait faire réfléchir : comment le gouvernement en est-il arrivé là ?

La réponse est simple : en suivant la mauvaise voie tracée par le gouvernement précédent, celui-là même qu’il a critiqué, battu, remplace. La loi sur l’immigration participe d’un paradigme qui vient de loin, et qui est celui d’une méfiance globale vis-à-vis de « ces gens-là ». Le sarkozysme l’a mis en forme et, bizarrement, le gouvernement Ayrault en a accepté l’héritage. Quitte lorsque l’opinion s’émeut à offrir en pâture l’hypothèse d’une erreur possible des services de police…

Une erreur ? L’erreur fatale serait de croire qu’il y en a une. La loi a bien été appliquée. ll se trouve que cette loi bien appliquée est une mauvaise loi. Car pour qu’un fait divers réussisse, en moins de cinq jours, à émouvoir la France, à faire s’exprimer son Premier ministre, à précipiter une enquête administrative, à bousculer l’agenda du ministre de l’intérieur, à diviser la majorité gouvernementale, à déclencher un mouvement de manifestations de lycéens et d’étudiants, à faire sortir la compagne du président de la République du bois de l’humanitaire et, finalement, à contraindre le Président lui-même à prendre la parole… C’est sans doute qu’il y a un problème.

Certains intellectuels médiatiques — à vrai dire plus médiatiques qu’intellectuels — s’émeuvent  d’ailleurs de ce remue-ménage et gourmandent le peuple, dénonçant ici la « dictature » de l’émotion, là l’« hystérie » qui aurait saisi l‘opinion. Diable ! Moins délicats sous le précédent quinquennat, voudraient-ils aujourd’hui une République de glace, peuplée d’icebergs et d’aphorismes froidement calibrés du style « il faut bien qu’à un moment la loi s’applique » ?

L’émotion serait-elle à proscrire ? Nous ne l’avons jamais pensé. Ce qu’elle nous dit ici, c’est que cette loi bien ou mal appliquée — constitue un authentique facteur de désordre civique ; qu’elle heurte  la conscience et la raison, le cœur et l’intelligence, qu’elle piétine ce que nous appelons la fraternité ; et que, ce faisant, elle met en péril bien plus que Leonarda et sa famille, bien plus que le jeune Knatonik et tous leurs semblables : les valeurs républicaines de l’égalité et de la solidarité. C’est très exactement ce qu’ont voulu signifier les lycéens et étudiants qui sont descendus dans la rue après avoir, pour beaucoup d’entre eux, tracé le symbole mathématique « égal » sur leurs joues. C’est le message qu’ils ont envoyé en signifiant que si Leonarda n’était pas en cours, ils n’y étaient pas non plus. Tel est l’enjeu. Voilà pourquoi la LDH s’est immédiatement solidarisée avec leurs manifestations, en défilant à leurs côtés. Voilà pourquoi elle accompagne les efforts de toutes celles et tous ceux qui exigent le retour de Leonarda et de sa famille, pour le droit à l’éducation, pour le droit à une vie familiale, pour le droit à la dignité dans l’égalité. Voilà pourquoi elle, ils, doivent revenir chez eux. Car tant qu’ils n’y seront pas, nous ne serons pas non plus tout à fait chez nous. En République.

Le lipdub d’Adalea 1er exæquo du concours vidéo de la section LDH de Quimper

Le Lipdub (clip promotionnel chantant) réalisé par l’association costarmoricaine Adalea, et intitulé « pour changer le regard sur l’exclusion », et « le poids des maux », un film de Sébastien Bélier sur l’homophobie n’ont pu être départagés à la deuxième édition du concours de la vidéo engagée, organisé par la section de Quimper de la Ligue des droits de l’Homme : ils ont tous deux obtenu le premier prix, ex-æquo.  Deux films remarquables par leurs scénarios, leurs qualités techniques, et les sujets traités.

La section Loudéac centre Bretagne de la LDH avait remarqué le lipdub d’Adalea dès sa sortie, au mois de janvier 2013, et l’avait diffusé lors la première édition des Droits en fête, à La Motte, fin mars, où il avait remporté un beau succès. Réalisé à partir de la version rappée du chant des partisan, le clip met en scène tous les acteurs d’ADALEA : bénéficiaires  de l’association, salariés, administrateurs, bénévoles, et il est le résultat d’un travail collectif, notamment pour la réécriture des paroles. Vous trouverez à ces trois adresses davantage d’informations sur cette réalisation remarquable.

Ce site : http://www.ldh-france.org/section/loudeac/2013/03/23/adalea-un-lip-dub-pour-modifier-le-regard-sur-lexclusion/

Le blog d’Adalea 22 : http://adalea.fr/Lipdub-pour-modifier-le-regard-sur.html

Le blog de la section LDH de Quimper avec les adresses des vidéos: http://ldh-quimper.hautetfort.com/

Et le lipdub :

 httpv://youtu.be/asrJCdXz0Kc

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