RAS, à risque, à haut risque…

Une nouvelle fois, les enseignants vont râler. Et les parents d’élèves avec eux. Ils ont d’ailleurs commencé. Et il y a de quoi…

Après avoir voulu, il y a quelques années, détecter les futurs délinquants à partir de la petite section de maternelle, voilà que le ministère enjoint les enseignants d’évaluer les élèves de grande section de maternelle, dont les élèves de 5 ans, sur leur comportement et leur maîtrise de la langue. Et ils disposeront de trois cases pour les ranger : RAS, à risque, à haut risque…

La réaction ne s’est pas faite attendre : quelques heures après l’annonce de cette ineptie par le ministre au corps des inspecteurs, les enseignants se sont scandalisé, et les parents d’élèves de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) on demander aux enseignants d’organiser le boycott de cette mesure inqualifiable.

Quelle mouche a donc piqué les crânes d’œuf du ministère ? N’ont-ils pas lu le récent rapport qui fait état de la pression parfois insupportable qu’exerce la notation sur les enfants ? N’ont-ils pas été capable de sentir qu’une telle mesure allait provoquer un tel tollé qu’ils allaient être obligés d’y renoncer aussi rapidement qu’ils l’avait conçue ? Et c’est bien ce qui s’est passé : dans l’après-midi de ce triste mercredi 12 octobre, le ministère a piteusement expliqué, comme chaque fois qu’un tel problème se pose (c’est à dire très souvent), que le projet avait été mal interprété, qu’il n’était pas question de ficher les élèves… Sauf que les écrits sont là, et que le journal Le Monde s’est procuré un livret intitulé « Aide à l’évaluation des acquis en fin d’école maternelle », « et que ce livret détaille précisément, en vingt-deux fiches, un protocole très normé » (lire l’article ici). Curieusement, ce matin jeudi 13 octobre, on ne trouve aucune trace de ce projet (qui doit pourtant entrer en application dans les jours ou semaines qui viennent) sur le site de l’Éducation nationale : encore un « ballon d’essai » qui se dégonfle ?

Lire aussi l’article paru ce matin dans Libération.

Le syndicat d’enseignants SE-UNSA vient de mettre en ligne une pétition pour exiger le retrait de ce projet.