Préfecture du Rhône : trop, c’est TROP !

La section Villeurbane Est-Lyon de la Ligue des droits de l’Homme est scandalisée par l’attitude de la préfecture du Rhône, qui souffle le chaud et le froid, en assurant un jour qu’il n’y arait pas d’expulsion pour les familles Roms de Saint-Priest, et procède aux expulsions le lendemain matin, avec une violence inexplicable. Voici le communiqué qu’elle vient de publier.

Trop, c’est TROP !

Pourquoi la préfecture du Rhône, après avoir fait annoncer officiellement par l’association  Médecins du Monde aux familles roms de St-Priest :

  • qu’elles ne seraient pas expulsées
  • mandater cette association pour dresser un bilan sanitaire et des besoins en hygiène qui a été entamé le 27 août, a procédé le lendemain  matin, à 7H15, au réveil brutal des familles  pour leur expulsion du lieu ?

Pourquoi se comporter avec autant de violence, véritable outrage à leur pauvre intimité, et  leur laissant à peine le temps d’emballer leurs pauvres « biens » ?

Pourquoi interdire l’entrée du terrain, à l’association Médecins du Monde, et ne même pas lui permettre d’accompagner une personne totalement désorientée dans cette ambiance,  récupérer ses médicaments ? Ce qui crée une atmosphère extrêmement  inquiétante dans ce genre de situation !

Prendre ainsi en traître cette population : est-ce pour avoir la certitude de pouvoir délivrer un certain nombre d’obligations à quitter le territoire français (OQTF) et ainsi respecter les quotas ! et gaspiller l’argent français dans les « rapatriements » plutôt que dans des mesures d’insertion ?

Est-il tolérable d’écouter comme un mot naturel, familier dans la bouche de ces enfants, l’injonction « dégage » ?

Entendre l’un des hommes clamer : « C’est comme sous Ceaucescu ;  que l’Europe prenne des dispositions ! » ne nous remplit–il pas de honte ?

La Ligue des Droits de l’Homme, dans sa section Villeurbanne-Est-Lyon ( qui comprend St-Priest), ne peut que condamner la politique actuelle conduite par Manuel Valls, qui se situe, hélas, dans la continuation en droite ligne, de celle menée par la majorité politique précédente, pourtant rejetée sans équivoque, par une majorité de français il n’y a que quelques mois !

Manuel Valls n’a–t-il pas déclaré, le 5 juillet : «  les démantèlements doivent se faire en concertation avec les élus locaux et les associations » ? Or, lorsque le représentant de la politique de l’État dans le Rhône, la Préfecture, entreprend d’appliquer la procédure, elle se voit contrainte de la réduire à néant …

Trop, c’est TROP !

 

Pape Moussa Diarra maintenu en rétention, un Tunisien expusé avant l’audience

Le changement, ça n’est semble-t-il pas pour tout de suite…

La situation de Pape Moussa Diarra, évoquée ici, tout d’abord.

Pape Moussa a été maintenu au Centre de rétention administrative par le tribunal administratif. Il est présenté devant le JLD à partir de 14h30…
Beaucoup de monde pour le soutenir, des amis, des militants politiques, des militants du groupe Welcolme, du MRAP, les permanentes de la CIMADE au CRA et la section rennaise de la Ligue des droits de l’Homme.

Le motif du maintien en rétention est que la personne l’hébergeant actuellement n’est pas tenue d’héberger quelqu’un d’assigné à résidence, et que le juge administratif ne pourrait imposer ceci à l’hôte de Pape Moussa.

La présidente de la section LDH et son secrétaire avaient écrit au préfet et à son secrétaire. Les copies des courriers sont versées au dossier pour affirmer le soutien de la LDH. Le secrétaire de la section prépare d’autres courriers pour informer les élus locaux.

Le juge a également rejeté la requête de Me Chauvel pour Mr Abdi, Tunisien, arrêté à Nantes, déjà placé en rétention au Mesnil-Amelot. Mr Abdi a été expulsé avant l’audience !

L’enjeu était important sur le caractère suspensif du recours que la Préfecture de Loire-Atlantique s’obstine à nier malgré plusieurs jurisprudences. Le juge a estimé qu’il ne pouvait pas statuer sur le placement en rétention car en l’expulsant, « la Préfecture  de Loire-Atlantique lui avait rendu sa liberté« .

Cette expulsion précipitée est d’autant plus scandaleuse que Mr Abdi est malade et privé de son traitement dont l’interruption entraîne un risque vital…

La situation était ubuesque et tragique, Mr Abdi ne pouvant ni défendre ses droits, ni consulter son conseil, ni apporter d’éventuels éléments nouveaux, L’avocat n’avait même pas eu le temps de rencontrer Mr Abdi.

La CIMADE avec le groupe d’avocats pour la défense des étrangers étudie en urgence une possibilité de parer à ce genre de situation. Il sera sans doute proposé aux retenus risquant l’application immédiate de l’OQTF, de déposer un référé de liberté, permettant de saisir un juge administratif au plus vite.

Saint-Nazaire : non à la judiciarisation du mouvement social !

Mardi 28 août, un rassemblement était organisé devant le tribunal de grande instance de Saint-Nazaire, pour protester contre les mises en examen de militants pendant les manifestations qui ont eu lieu pour protester contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Les organisateurs ont demandé à la section locale de la Ligue des droits de l’Homme de s’exprimer sur le droit de manifester, qui est progressivement menacé. Voici le texte de cette intervention.

Dans la continuité de ce qu’a pu dire la Ligue des droits de l’Homme depuis bien longtemps, les organisateurs de ce rassemblement ont souhaité notre intervention sur la question du droit  de manifester.

 

Depuis quelques années maintenant, la violence sécuritaire institutionnelle a tendance à réprimer toute pensée contestataire, en stigmatisant le mouvement social, jetant toute opposition dans l’illégalité. Les manifestations sont de plus en plus souvent présentées comme des moments d’affrontements potentiels entre « les policiers » et « les manifestants » et peuvent le devenir avec l’enchaînement pression-réaction. De la manifestation dangereuse, on passe au manifestant dangereux. Le manifestant, encore une nouvelle catégorie de l’Autre dont il faudrait avoir peur. En instrumentalisant ainsi la peur, nos gouvernants conditionnent les citoyens(nes) à ne plus s’exprimer, protester ou manifester alors qu’ils ne font que mettre en œuvre une des nombreuses formes de la citoyenneté et de la démocratie. Toute société démocratique se doit de respecter le droit de manifester.

Pourtant notre Histoire montre que les conflits sociaux et collectifs et la résistance ont permis, en plusieurs occasions, de défendre et de faire progresser les droits de toutes et tous, la Liberté et l’Egalité.

C’est pouvoir exercer une des libertés publiques fondamentales que de pouvoir contester collectivement ce qu’on estime injuste ou injustifié et de pouvoir le manifester publiquement. Pour obtenir des résultats, un conflit social et collectif peut impliquer de mettre en œuvre de véritables rapports de forces.

Le droit de manifester doit être totalement respecté. Toute limitation éventuelle doit être motivée par la protection des droits des personnes notamment et accomplie de manière proportionnée et adaptée.

Depuis l’été 2011, des présences et interventions policières lors de manifestations contre le projet d’aéroport de NotreDamedesLandes ou par ailleurs sur la zone concernée, apparaissent disproportionnées. Une personne a été grièvement blessée lors de la manifestation à l’aérogare de Nantes Atlantique en juillet 2011. Des manifestants sont poursuivis en justice à la suite de l’action pacifique d’occupations d’arbres au square Mercœur en septembre dernier.

L’action de la police et de la justice ne doit pas avoir pour effet de dissuader les citoyen(ne)s de participer à des manifestations et actions collectives.

La société se doit de gérer les conflits par un véritable dialogue constructif, respectueux de la personne humaine et les faire déboucher par la négociation.

Par delà les points de vue divers sur les revendications et les formes d’action des uns ou des autres, la Ligue des droits de l’Homme est convaincue de l’absolue nécessité, en tout temps et en tout lieu, de la vérité et de la justice et que, dans une démocratie, la répression ne peut être un mode de régulation des conflits collectifs et sociaux.

Si la police doit utiliser la force légitime pour maintenir l’ordre public (police administrative) et arrêter les délinquants (police judiciaire), elle doit accomplir cette mission de service public de manière proportionnée et adaptée.

A défaut, si des abus sont commis, dans l’exercice des compétences policières, ces abus deviennent des violences policières illégitimes, qui doivent être sanctionnées dans un Etat de droit.

La Ligue des droits de l’Homme souligne, une nouvelle fois, que dans une manifestation, comme dans tout conflit collectif, les comportements individuels se comprennent dans une implication collective. La justice pénale, qui sanctionne les infractions individuelles, est alors mal adaptée et ne saurait être un mode de règlement naturel des conflits sociaux et collectifs. Et, la justice doit veiller à ce qu’aucun manifestant ne soit poursuivi ou privé de liberté de façon arbitraire, disproportionnée ou injustifiée.

Je profite de ce temps de parole pour vous indiquer la création depuis le mois d’avril de cette année d’une antenne Nantes/LoireAtlantique de la commission nationale Citoyens-Justice-Police, composée du Saf, syndicat des avocats de France, du SM, syndicat de la magistrature et de la LDH. Le siège de la commission se trouve, 4 Place de la Manu, 44000 Nantes. Cette commission a pour mission d’enquêter sur les rapports entre les citoyens et les forces de sécurité, sur le contrôle et le traitement de ces rapports par l’institution judiciaire.

 

Christiane Taubira, l’honneur du gouvernement

Depuis la nomination du premier gouvernement, la droite s’est trouvée une cible : Christiane Taubira. Chacune de ses mesures est critiquée, attaquée, déformée, caricaturée.

Ça n’est certainement pas un hasard. Outre les relents racistes à peine voilés, perceptibles dans nombre de ces critiques, on voit bien que la droite ne supporte pas que Christine Taubira s’efforce de reconstruire ce qu’ils se sont appliqués, avec un soin et une persévérance impressionnants, à détruire.

Leur doctrine était : un fait divers, une loi. On a cru, au moment des faits divers impliquant des chiens, que Michèle Alliot-Marie allait faire voter une loi sur les chiens récidivistes.

La récidive… une de leurs obsessions. Et qu’ont-ils fait ? Ils ont tenté de faire disparaître toutes les mesures qui concourent à en diminuer le risque : le sursis, l’aménagement des peines, les remises de peine, la liberté conditionnelle… et ce sont les spécialistes qui le disent, notamment les avocats et les juges.

En quelques mois, Christiane Taubira a fait le tour des urgences.

La justice des mineurs, tout d’abord. Avec le détricotage de l’ordonnance de 1945, dont la philosophie était de privilégier l’éducation par rapport à la sanction. Ce qu’ils ont fait ? Des centres éducatifs fermés. Que tous les professionnels s’accordent à constater l’échec, dû notamment à l’absence de personnel qualifié, dû aux suppressions de postes dont la protection judiciaire de la jeunesse a été victime, comme toutes les autres administrations. Autre mesure ? les tribunaux correctionnels pour mineurs. Leur suppression a été une des premières mesures de Christiane Taubira.

Deuxième priorité de la ministre : les conditions de détention. Le surpeuplement des prisons est dramatiques. Et les projets de construction de nouvelles prisons, loin de résoudre ce problème, auraient en fait contribué à faire augmenter le nombre de prisonniers. Le directeur d’Ouest-France, François-Régis Hutin, qu’on ne peut pas soupçonner de gauchisme ( !), a salué, samedi 25 août, dans son éditorial, la volonté de la ministre désengorger les prisons, en utilisant les peines alternatives, propres à facilité la réinsertion sociale des prisonniers. Évidemment que nombre de courtes peines n’ont rien à faire en prison.

Christiane Taubira entend également s’attaquer au problème de l’indépendance de la justice, mis à mal pendant les dix dernières années.

Dernier exemple, et qui est en fait la première loi votée par la nouvelle assemblée nationale : la loi sur le harcèlement sexuelle, qui avait été bâclée par l’ancienne majorité, et du coup annulée par le conseil constitutionnel.

Avouez qu’avec un Valls à l’intérieur, ça fait du bien d’avoir Christiane Taubira à la justice !

 

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Depuis la nomination du premier gouvernement, la droite s’est trouvée une cible : Christiane Taubira. Chacune de ses mesures est critiquée, attaquée, déformée, caricaturée.

Ça n’est certainement pas un hasard. Outre les relents racistes à peine voilés, perceptibles dans nombre de ces critiques, on voit bien que la droite ne supporte pas que Christine Taubira s’efforce de reconstruire ce qu’ils se sont appliqués, avec un soin et une persévérance impressionnants, à détruire.

Leur doctrine était : un fait divers, une loi. On a cru, au moment des faits divers impliquant des chiens, que Michèle Alliot-Marie allait faire voter une loi sur les chiens récidivistes.

La récidive… une de leurs obsessions. Et qu’ont-ils fait ? Ils ont tenté de faire disparaître toutes les mesures qui concourent à en diminuer le risque : le sursis, l’aménagement des peines, les remises de peine, la liberté conditionnelle… et ce sont les spécialistes qui le disent, notamment les avocats et les juges.

En quelques mois, Christiane Taubira a fait le tour des urgences.

La justice des mineurs, tout d’abord. Avec le détricotage de l’ordonnance de 1945, dont la philosophie était de privilégier l’éducation par rapport à la sanction. Ce qu’ils ont fait ? Des centres éducatifs fermés. Que tous les professionnels s’accordent à constater l’échec, dû notamment à l’absence de personnel qualifié, dû aux suppressions de postes dont la protection judiciaire de la jeunesse a été victime, comme toutes les autres administrations. Autre mesure ? les tribunaux correctionnels pour mineurs. Leur suppression a été une des premières mesures de Christiane Taubira.

Deuxième priorité de la ministre : les conditions de détention. Le surpeuplement des prisons est dramatiques. Et les projets de construction de nouvelles prisons, loin de résoudre ce problème, auraient en fait contribué à faire augmenter le nombre de prisonniers. Le directeur d’Ouest-France, François-Régis Hutin, qu’on ne peut pas soupçonner de gauchisme ( !), a salué, samedi 25 août, dans son éditorial, la volonté de la ministre désengorger les prisons, en utilisant les peines alternatives, propres à facilité la réinsertion sociale des prisonniers. Évidemment que nombre de courtes peines n’ont rien à faire en prison.

Christiane Taubira entend également s’attaquer au problème de l’indépendance de la justice, mis à mal pendant les dix dernières années.

Dernier exemple, et qui est en fait la première loi votée par la nouvelle assemblée nationale : la loi sur le harcèlement sexuelle, qui avait été bâclée par l’ancienne majorité, et du coup annulée par le conseil constitutionnel.

Avouez qu’avec un Valls à l’intérieur, ça fait du bien d’avoir Christiane Taubira à la justice !

Dossier Rroms : on avance !

La conférence interministérielle sur le dossier « Rroms », qui a eu lieu mardi 22 août à l’hôtel Matignon, semble avoir grandement rassuré les associations qui avaient été invitées à s’exprimer, notamment le collectif Rromeurope (dont un des responsables est Malik Salemkour, vice-président de la Ligue des droits de l’Homme.

Première satisfaction : il s’agissait d’une conférence interministérielle. Ça n’est pas un détail : faire passer le dossier de la compétence exclusive du ministère de l’Intérieur, à une compétence partagée par plusieurs ministères signifie qu’on passe du traitement répressif au traitement social, éducatif, juridique… pas moins de 9 ministères ont participé à la conférences.

Les mesures : il y en a plusieurs. La première concerne le droit au travail, qui va être élargie. D’abord par une extension de la liste des métiers autorisés. Mais aussi et surtout par l’arrêt de cet espèce de racket d’Etat qui consistait à imposer aux employeurs une énorme taxe chaque fois qu’ils embauchaient un Rrom !

Dernier point, détaillé par la ministre du logement, Cécile Duflot : les démantèlements n’auront lieu qu’après la mise en place de mesures de relogement. Si cela se réalise réellement, on ne peut qu’applaudir.

Affaire à suivre !

Lire ici l’article de Libération.

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La conférence interministérielle sur le dossier « Rroms », qui a eu lieu mardi 22 août à l’hôtel Matignon, semble avoir grandement rassuré les associations qui avaient été invitées à s’exprimer, notamment le collectif Rromeurope (dont un des responsables est Malik Salemkour, vice-président de la Ligue des droits de l’Homme.

Première satisfaction : il s’agissait d’une conférence interministérielle. Ça n’est pas un détail : faire passer le dossier de la compétence exclusive du ministère de l’Intérieur, à une compétence partagée par plusieurs ministères signifie qu’on passe du traitement répressif au traitement social, éducatif, juridique… pas moins de 9 ministères ont participé à la conférences.

Les mesures : il y en a plusieurs. La première concerne le droit au travail, qui va être élargie. D’abord par une extension de la liste des métiers autorisés. Mais aussi et surtout par l’arrêt de cet espèce de racket d’Etat qui consistait à imposer aux employeurs une énorme taxe chaque fois qu’ils embauchaient un Rrom !

Dernier point, détaillé par la ministre du logement, Cécile Duflot : les démantèlements n’auront lieu qu’après la mise en place de mesures de relogement. Si cela se réalise réellement, on ne peut qu’applaudir.

Affaire à suivre !

Lire ici l’article de Libération.

Rroms : le changement, c’est ce soir ?

A 15h, cet après-midi, Jean-Marc Ayrault présidera une conférence interministérielle chargée de réfléchir au dossier « Rroms ».

On le voit depuis quelque temps, il n’y a pas de consensus au gouvernement sur ce sujet. La « fermeté » (gage donné à la droite ?) de Manuel Valls, concernant le démantèlement des camps (toujours après une décision de justice : la belle affaire…) ne fait pas l’unanimité. Cécile Dufflot l’a déclaré publiquement dans une tribune publiée par le journal Libération, et le silence de Christiane Taubira, interrogée à ce sujet sur une radio, traduisait une gène certaine. On voit mal la ministre de la justice, approuver cette fermeté, alors qu’elle prépare dans son ministère des réformes vraiment progressistes.

On a hâte de voir ce qui va ressortir de cette conférence. D’ores et déjà, on ne peut que se réjouir de la mesure annoncée concernant le droit au travail : c’est évidemment la condition essentielle de l’intégration. Mais jusqu’où ira le gouvernement ?

Personne n’a jamais dit que le problème de la population Rrom est simple. Mais où est le simplisme, pour le moment, si ce n’est dans le démantèlement « sec », sans solution alternative, des camps ? Et quelqu’un peut-il m’expliquer en quoi ces démantèlements apportent une solution aux problèmes sanitaires posés par ces camps ?

Le maire d’Aubervilliers, Jacques Salvator, estime, dans une tribune publiée par le journal Le Monde, que « les collectivités ont un rôle à jouer dans l’insertion des Rroms » : c’est une évidence. Et c’est une autre évidence que les restrictions budgétaires infligées par le pouvoir sarkoziste aux collectivités, accompagné d’un transfert massif de charges de tous ordres, non compensé financièrement, ne les a pas aidées à jouer ce rôle.

 

Le Collectif national droits de l’Homme Romeurope écrit au premier ministre

A lire sur le même sujet, un article passionnant signé par Patrick Doutreligne, de la Fondation Abbé-Pierre, sur le site du journal Le Monde.

Paris, le 14 août 2012,
Monsieur Jean-Marc Ayrault
Premier Ministre
Hôtel de Matignon
57 rue de Varenne
75 700 Paris

Monsieur le Premier ministre,

Le Collectif National Droit de l’Homme Romeurope tient à vous exprimer sa grande déception et sa totale incompréhension de la politique de démantèlement de campements menée actuellement par le Ministre de l’Intérieur, qui ne semble pas marquer de rupture avec celles conduites depuis plus de 10 ans par les gouvernements précédents, ce qui amène la Commission européenne à alerter à nouveau les autorités françaises.

Début août, à Lyon, à Paris, à Lille, à Marseille, des évacuations de lieux de vie se sont encore déroulées sans proposition d’accompagnement des personnes expulsées, en termes d’hébergement ou de relogement, et de prise en charge des familles avec enfants, les abandonnant à la rue dans une précarité encore plus grande. Des renvois par charters vers la Roumanie ont été organisés sous couvert de « retours humanitaires » alors qu’ils sont de fait encore effectués sous la contrainte, en l’absence de possibilité immédiate de relogement. En affirmant par voie de presse la nécessité de fermeté dans l’application de décisions de justice, le Ministre de l’Intérieur stigmatise à nouveau les populations roms. Et malgré l’annonce d’une concertation avec les associations pour trouver des solutions, il n’en a rien été sur le terrain lors de ces dernières opérations.

Comme il l’a déjà fait par son courrier du 28 juin dernier, le CNDH Romeurope vous demande l’arrêt immédiat de ces pratiques dont l’inefficacité est reconnue et qui contribuent à rendre plus difficile la recherche de solutions durables.

Ces initiatives ne sont pas conformes aux engagements du Président de la République qui s’est exprimé sur le sujet en faveur d’une politique plus respectueuse des droits de l’Homme et de la dignité. Devant ces situations complexes qui combinent des questions d’habitat insalubre, de précarité, de scolarité, d’accès aux soins, d’emploi,… nous renouvelons notre proposition que se tiennent au plus vite, à l’initiative des préfets, des réunions de travail avec tous les acteurs concernés, Communes, Conseils généraux, Conseils régionaux et associations impliquées auprès de ces familles afin d’examiner chaque situation individuelle et de trouver des solutions pérennes, s’inscrivant dans le droit commun.

Des solutions sont possibles, elles n’attendent que le soutien de l’Etat. C’est particulièrement le cas avec la levée des mesures transitoires qui limitent l’accès au marché du travail français des ressortissants roumains et bulgares et qui sont un véritable frein à l’insertion de ces citoyens européens.

La problématique de ces familles roms dépasse le cadre du seul ministère de l’Intérieur, elle relève d’abord de la question du logement des personnes précaires et sans ressources, mais aussi de celles des affaires sociales, de l’Éducation nationale et de l’emploi, c’est pourquoi le CNDH Romeurope réaffirme le besoin d’une concertation interministérielle, sous votre autorité, permettant un pilotage et une plus grande cohérence des politiques publiques respectueuses à l’égard de ces ressortissants européens.

Afin de vous présenter plus en détail nos propositions, nous sollicitons un entretien dans les meilleurs délais.

Face à cette actualité préoccupante, vous comprendrez que nous rendions publique notre démarche auprès de vous.

Dans l’attente, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Premier ministre, l’expression de notre très haute considération.

Pour le CNDH Romeurope,

Malik Salemkour, vice-président de la Ligue des Droits de l’Homme.

 

La Ligue des droits de l’Homme inquiète au sujet des Roms

La Ligue des droits de l’Homme vient de publier un communiqué à la suite de la multiplication des démantèlements des campements « illicites » de Roms, dont le dernier dans la communauté urbaine de Lille.

Communiqué LDH
La Ligue des droits de l’Homme proteste contre les expulsions des camps de Roms qui ont eu lieu en France. Elle s’inquiète face à une continuité de l’action des pouvoirs publics qui s’inscrit en faux avec les engagements du candidat François Hollande.

Dans un courrier adressé à la Ligue des droits de l’Homme, celui- ci s’engageait dans les termes suivants : « Je souhaite que lorsque des campements insalubres sont démantelés, des solutions alternatives soient proposées. On ne peut pas continuer à accepter que des familles soient chassées d’un endroit sans solution. Cela les conduit à aller s’installer ailleurs dans des conditions qui ne sont pas meilleures. » De fait, aujourd’hui comme hier, les expulsions sèches, loin de régler les problèmes posés, ne font que les exacerber et leur exploitation médiatique renforce une stigmatisation nauséabonde. En inscrivant ses pas dans les traces du funeste discours de Grenoble, le ministre de l’Intérieur alimente une dangereuse mécanique des propos et des actes. Non, il n’y a pas de « problème Roms » en France, mais quelques dizaines de milliers de personnes qui sont visibles parce que victimes de stigmatisation par la précédente majorité. La Ligue de droits de l’Homme s’inquiète du peu d’empressement du ministre Manuel Valls à recevoir les associations qui œuvrent sur le terrain aux cotés des populations résidentes et Roms ; elle réaffirme qu’il y a urgence à réunir les préfets, les collectivités locales (région, département, commune) avec les associations pour trouver des solutions sur chaque terrain, pour envisager des réponses qui s’inscrivent certes dans les décisions de justice mais respectent le droit au logement, à l’accompagnement social, notamment des mineurs, et protègent les personnes en précarité.

Paris, le 10 août 2012.

 

Fermeté et concertation : Valls persiste et signe

Autant les déclarations et les actes de Christiane Taubira, ministre de la justice, sont encourageantes (prochainement un article traitera de ce sujet), autant ce que dit et fait le ministre de l’intérieur, Manuel Valls, est à la fois décevant (euphémisme) et inquiétant.

La situation des demandeurs d’asile n’a pas évolué d’un yota depuis le départ de Sarkozy et de Guéant. A Saint-Brieuc (22), les militants sont sur la brèche depuis le début du mois de juillet, et les solutions apportées, lorsqu’elles le sont, ne sont la plupart du temps que du bricolage : chambres à l’hôtel qui coûtent extrêmement chères, et ne peuvent être que des solutions provisoires, par exemple. L’Etat, comme par le passé, ne remplit pas son rôle, qui est de loger les demandeurs d’asile. Et des familles sont encore dans la rue à Saint-Brieuc, malgré l’aide du conseil général, dont ce n’est pas le rôle.

Le Réseau éducation sans frontière fait état quotidiennement de situations identiques, partout dans le pays, et le centre de rétention de Rennes Saint-Jacques (35) ne désemplit pas.

En ce qui concerne les Roms, c’est encore pire. Alors que François Hollande avait conditionné les démantèlements de camps illégaux à la mise en place de solutions alternatives, le ministre de l’Intérieur démantèle sans se soucier de ce que vont devenir les personnes expulsées, hommes, femmes, enfants. Malik Salemkour le soulignait récemment : « il y a des décisions de justice mais il faut aussi respecter le droit ». Et le droit, c’est le droit au logement.

Dernier démantèlement programmé : un camp dans la communauté urbaine de Lille, à Villeneuve Hellemmes. Voici ce qu’en dit la délégation régionale Nord – Pas-de-Calais de la Ligue des droits de l’Homme :

Des menaces d’expulsions de terrains roms se précisent sur Villeneuve – Hellemmes, en dépit  d’une organisation remarquable de l’Atelier Solidaire pour animer et sécuriser l’espace de vie.

Ces menaces formalisées par huissier s’inscrivent dans le cadre d’une politique générale définie et mise en œuvre par le Ministre de l’Intérieur, Manuel Valls dans des conditions contradictoires aux engagements écrits du Président de la République.

Si à la demande de la Communauté Urbaine de Lille, les forces préfectorales se livrent au démantèlement de terrains sans reloger dignement les Roms, Si les forces de police se contentent d’accompagner les expulsés vers des sorties du département du Nord pour les entraîner dans une nouvelle errance, Si des expulsions, plus ou moins voilées sous couvert d’ »aide au retour » ont lieu dans les jours qui viennent,… On en reviendrait à la politique Sarkozy dénoncée par la LDH et par toutes les forces de Gauche après les mises en application en Août 2010 du discours de Grenoble.

La délégation régionale de la LDH ne peut accepter une telle orientation et demande :

  • Pas de dislocation de terrain sans relogement dans des conditions dignes
  • Mise en application immédiate des engagements de création de terrains pris par la Communauté Urbaine de Lille
  • Action ferme de LMCU (Lille Métropole) et des partis de Gauche (et notamment des partis de Gouvernement) pour  exiger l’ouverture systématique de places d’accueil dans toutes les communautés d’agglomération de la Région Nord-Pas de Calais. Cette politique devant s’élargir à l’ensemble du territoire national

Le changement ne peut résider uniquement dans un adoucissement et un meilleur contrôle du vocabulaire. S’il ne se traduit pas par des actes de réelle solidarité et d’innovations politiques, le mot changement ne constitue que de la poudre aux yeux en vue de cacher une violation des idéaux humanistes et sociaux que doit incarner la Gauche.

La LDH  du Nord – PdC demande l’arrêt de la répression, la mise en place d’une réflexion globale par la concertation, la construction d’une politique d’accueil innovante, volontariste et réellement solidaire.   

Alors M. Valls indique ce que sera sa politique en ce qui concerne les Roms : « fermeté et concertation » : « les préfets ont reçu pour instruction de Manuel Valls de mener systématiquement un travail de concertation préalable avec les élus locaux et les associations, afin de procéder à un examen approfondi des situations individuelles et de proposer des solutions d’hébergement, prioritairement pour les familles et les personnes les plus vulnérables », indique le ministère, cité dans un article du Nouvel Observateur (lire aussi ici, et là).

Si la concertation consiste à constater qu’il n’y a pas de solution alternative, et à procéder au démantèlement, il y a fort à parier que les associations refuseront d’être complices.

Les associations ne demandent pas l’impossible, et elles sont conscientes de la complexité des problèmes posés par ces campements. Mais il serait temps de se souvenir qu’on a là affaire à des hommes, des femmes, des enfants, et que le changement attendu avec l’arrivée de la gauche, c’était aussi de les traiter dignement. Pour le moment, Monsieur Valls n’a donné que des signaux négatifs.

 

Le ministère de l’intérieur va recevoir une délégation d’associations pour évoquer le problème du démantèlement des campements Roms

Malik Salemkour, vice-président de la Ligue des droits de l’Homme, et animateur du collectif « Romeurope », avait réagi dans plusieurs organes de presse (le JDD, le Nouvel Observateur…) à propos des déclarations de Manuel Valls sur Europe 1 : le ministre avait confirmé qu’il avait l’intention de « démanteler » les campements de Roms, dès lors qu’une décision de justice avait été prise. Dans  ces interviews, Malik Salemkour indiquait que la demande d’audience déposée au ministère de l’intérieur (LDH, Romeurope) était restée sans réponse.

La réponse est arrivée hier après midi, mardi 31 juillet : les associations seront reçues au ministère vendredi 3 août. Dommage simplement, comme le fait remarquer Malik Salemkour, qu’il ait fallu ce tapage médiatique.

Concernant la déclaration du ministre : démantèlement dès lors qu’il y a décision de justice. Un blogueur de gauche, Juan, s’insurge contre le fait que la Ligue des droits de l’Homme ne s’incline pas devant la décision de justice. Nous sommes bien d’accord. Et voici la réponse de Malik Salemkour : « Les décisions de justice doivent être respectées, personne ne dit le contraire. Mais le droit ne doit pas moins l’être : le droit à l’hébergement, à la dignité, à la protection des mineurs, à l’accompagnement, et le droit de tout ressortissant européen à être traité de manière non discriminatoire. »

La Ligue des droits de l’Homme a clairement souhaité la victoire de Hollande, et la défaite de l’obscurantisme le plus terrifiant que la France ait connu pendant cette triste parenthèse du quinquennat Sarkozy. Mais la Ligue des droits de l’Homme sera attentive à ce que les valeurs qui ont été bafouées pendant cette période, soient rétablies rapidement avec le changement qu’a promis le nouveau président. Et ça tombe bien : ça ne coûte pas cher !

La Ligue des droits de l’Homme espère vivement que la rencontre de vendredi sera productive, en terme d’avancée des droits les plus élémentaires.