« Of Men and War » présenté par son réalisateur à Loudéac et Saint-Brieuc les 26 et 28 février

Des guerres, une fois terminées, on retient le nombre de morts, de blessés, de disparus ; on évalue les dégâts matériels. On se réjouit de voir revenir ceux qui ne sont ni morts ni blessés…  parce qu’on s’en tient aux blessures visibles. Les autres, on en parle peu, ou pas. Parce que ceux qui en souffrent n’en parlent eux aussi que peu, ou pas. Ceux-là, les guerres « modernes » en produisent de plus en plus, à tel point que les Etats qui les ont envoyés combattre ont fini par être obligés de s’en occuper. C’est le sujet du film de Laurent Bécue-Renard, « Of Men and War », « Des hommes et des guerres », qui a fait partie de la sélection du festival de Cannes dans la catégorie « Séances spéciales », en 2014.

« Men and wars » sera projeté au cinéma Quai des images de Loudéac, mercredi 25 février, à 20h, puis à Saint-Brieuc, vendredi 27 février, à 20h également, au cinéma Le Club. Les deux séances se dérouleront en présence de Laurent Bécue-Renard, réalisateur, qui répondra aux questions des spectateurs.  La projection de Loudéac sera suivie, le lendemain matin mercredi 26 février, de la projection de « De guerre lasses » (non, il n’y a pas de faute d’orthographe !), du même réalisateur, (premier volet du dityque dont Of Men and War est le second) et qui traitait des traces de la guerre et du difficile retour à la vie des femmes de Bosnie. Les deux films sont soutenus par la Ligue des droits de l’Homme. Voici ce qu’elle en disait dans sa revue Hommes et libertés, et sur son site :

LA LDH SOUTIENT LE FILM DOCUMENTAIRE « OF MEN AND WAR », DE LAURENT BÉCUE-RENARD

Sélectionné dans la catégorie « Séances spéciales » du Festival de Cannes 2014

En 2003, nous avions soutenu le film de Laurent-Bécue-Renard, De Guerre lasses, qui traitait des traces de la guerre et du difficile retour à la vie des femmes de Bosnie. Of Men and War est le second volet d’un dytique : cette fois, il s’agit du retour d’Irak ou d’Afghanistan de jeunes vétérans survivants. Ils souffrent de stress post-traumatique. Dévastés par leurs guerres, ils connaissent des hallucinations, des crises de violence ou de panique, la rage, des pulsions suicidaires. Ils se sentent humiliés et sont totalement incapables de revenir à leur vie antérieure, au sein de familles impuissantes à les aider.

On les retrouve dans un centre thérapeutique californien, où ils sont traités à la fois individuellement et en groupe. Le respect du thérapeute et l’effet de miroir produit par la présence d’autres qui souffrent comme eux libèrent progressivement la parole, les souvenirs terrifiants, la culpabilité d’avoir tué, surtout des innocents, les atroces « dégâts collatéraux ». Le refoulement de la mémoire diminue et, avec lui, le risque d’explosion. Peu à peu se tissent des liens entre eux, avec leurs femmes quand elles ne les ont pas quittés, avec leurs enfants quand ils en ont. Par petits morceaux, ils réapprennent à vivre, même s’il est impossible de redevenir ceux qu’ils étaient auparavant.

Leur colère n’est pas adressée. En tout cas pas à quelque George Bush, fauteur de guerre, ni à leur pays : ils participent gentiment à un défilé à l’américaine en leur hommage, avec drapeaux et majorettes, scène profondément ironique pour le spectateur. C’est de la guerre que le film fait le procès comme d’un crime contre l’humanité, la guerre qui tue des enfants et rend fous les survivants.

La caméra était présente lors des séances de groupe et intégrée à la thérapie. Cette confiance autorise les confidences stupéfiantes d’hommes qui sont précisément terrifiés par l’image qu’ils offrent d’eux-mêmes, filmés au ras des larmes et des mains qui ne peuvent s’arrêter de trembler.

Beau travail de plusieurs années, qui se termine alors qu’on commémore le début de la guerre qui devait être la « der des der ».

Of Men And War

Une généalogie de la colère, second récit

Film documentaire, France, Suisse, 2014

Durée : 2h22

Réalisation : Laurent Bécue-Renard

Production : Alice Films

Site du film : http://WWW.OFMENANDWAR.COM

Bande annonce ici

Stop le contrôle au faciès !

On s’y attendait : les attentats de janvier ont aggravé les atteintes aux droits et les discriminations dont sont victimes prioritairement les jeunes, singulièrement les jeunes de couleur. À commencer par les « contrôles au faciès », dénoncés par de nombreuses associations depuis des années, et dont le président de la République avait promis de les supprimer pendant sa campagne électorale. Résultat, le ministre de l’Intérieur du gouvernement Mauroy avait remplacé cette mesure par une prétendue « charte de déontologie » destinée aux policiers, qui, pour résumé, se contentait de faire coudre leur numéro matricule sur leur uniforme aux policiers. C’était encore trop pour eux.

Fort opportunément, le nouveau défenseur des droits, M. Toubon, revient sur cette mesure, et a publié des observations qui démontrent l’urgence de réformer ce système, et que le harcèlement qui découle de cette situation et dont sont victimes les jeunes cesse au plus vite. Ce harcèlement est naturellement contre-productif, et ne peut aboutir qu’à des situations conflictuelles qui peuvent vite dégénérer.

La Ligue des droits de l’Homme, qui se soucie depuis de nombreuses années de ce problème essentiel a publié lundi, avec d’autres associations, un communiqué qui expose clairement quelles devraient être les mesures propres à apaiser les relations jeunes – police.

Contrôles d’identité abusifs et discriminatoires : les observations du Défenseur des droits doivent aboutir à une réforme en profondeur des contrôles d’identité

(Paris – 13 février 2015) Les huit organisations signataires se réjouissent des observations que le Défenseur des droits vient de rendre publiques le 9 février. Elles constituent une contribution essentielle au débat sur les contrôles d’identité en affirmant clairement que, pour respecter ses obligations en matière de droits humains, la France doit en réformer le régime.

C’est ce que réclament, depuis de nombreux mois, nos huit organisations (Graines de France, Groupe d’Information et de Soutien des Immigrés, Human Rights Watch, Ligue des droits de l’Homme, Maison communautaire pour un développement solidaire, Open Society Justice Initiative, Syndicat des avocats de France, Syndicat de la magistrature). C’est pourquoi elles invitent le gouvernement, de toute urgence, à :

  • modifier l’article 78-2 du Code de procédure pénale qui encadre les contrôles ;
  • mettre en place une traçabilité des contrôles – donc un récépissé – assurant un recours effectif en cas de dérive.

Le 9 février 2015, le Défenseur des droits a déclaré dans un communiqué avoir présenté des observations devant la cour d’Appel de Paris, dans la procédure initiée par 13 personnes qui ont intenté une action visant à engager la responsabilité de l’État pour des contrôles d’identité discriminatoires. Son intervention rappelle que l’État français doit prendre des mesures pour lutter de manière efficace contre les contrôles au faciès.

Les observations du Défenseur des droits soulignent que les autorités doivent non seulement éviter toute discrimination, mais également adopter des mesures fermes et concrètes, propres à prévenir et à réprimer de telles pratiques. L’absence de ces mesures constitue un manquement équivalent « à fermer les yeux sur la gravité de tels actes et à les considérer comme des actes ordinaires… ». Il précise qu’il est nécessaire d’encadrer suffisamment les pratiques de contrôles, de sorte que tout contrôle soit basé sur des critères objectifs, et non sur des critères subjectifs, tels que le « ressenti » ou l’ « instinct » » des agents, comme c’est actuellement le cas. En effet, ces critères subjectifs donnent régulièrement lieu à des contrôles d’identité basés sur des critères discriminatoires tels que l’origine ethnique, comme nos organisations l’ont démontré à maintes reprises.

Le Défenseur des droits souligne par ailleurs l’importance de garanties suffisantes contre le risque d’arbitraire, qui impose, en particulier, un aménagement de la charge de la preuve et la garantie d’un contrôle effectif par le juge. Il note à cet égard que : « L’absence de motivation et de procédure écrite, en particulier de toute trace du contrôle effectué (précisant a minima la date et le lieu du contrôle, le nom de l’agent contrôleur et de la personne contrôlée et les raisons ayant  justifié la mesure), […] entrave l’accès au contrôle juridictionnel et peut priver celle-ci de la possibilité de contester utilement la légalité de la mesure et de dénoncer son caractère discriminatoire. »

Au regard de ces observations, nos huit organisations demandent au gouvernement de prendre des initiatives réellement efficaces pour lutter contre ces pratiques discriminatoires, et ainsi a minima :

  • proposer au Parlement de modifier l’article 78-2 du Code de procédure pénale. Cet article définit les circonstances autorisant les contrôles d’identité et les motifs légaux justifiant de tels actes. La généralité et l’imprécision de sa rédaction actuelle favorisent les dérives qui contribuent aux violations graves et répétées des droits fondamentaux. Plusieurs alinéas de cet article devraient être abrogés ou amendés afin de limiter le champ des contrôles aux stricts impératifs de la prévention ou la répression d’actes de délinquance ;
  • instaurer une traçabilité des contrôles qui fournirait à une personne contrôlée des informations sur les raisons ayant motivé son contrôle afin qu’elle puisse, le cas échéant, contester la légalité du contrôle et dénoncer son caractère discriminatoire.

Nos organisations affirment qu’une telle réforme ne réduirait en rien l’efficacité des forces de police, bien au contraire, et rappellent, en ce sens, que les expériences réalisées dans d’autres pays ont clairement démontré la possibilité à la fois de réduire la prévalence des pratiques discriminatoires et d’améliorer l’efficacité des contrôles de police, expériences d’autant plus probantes qu’elles ont associé tous les acteurs concernés : élus locaux, magistrats et avocats, policiers, associations, citoyens, experts.

Le candidat à la Présidence de la République, François Hollande, s’était engagé en 2012 à faire une réforme pour lutter « contre le « délit de faciès » par la mise en place d’une « procédure respectueuse des citoyens ». Cependant, depuis son élection, les différents gouvernements n’ont adopté aucune mesure susceptible de mettre fin aux contrôles d’identité discriminatoires.

Avec ces observations du Défenseur des droits, le gouvernement n’a plus à décider « si » il doit respecter son engagement de reformer les contrôles d’identité, mais seulement « quand » il le fera. Compte tenu des impacts dévastateurs de ces contrôles sur les personnes contrôlées, le sentiment d’injustice et d’humiliation qu’ils alimentent chez des personnes qui se sentent discriminées, nos huit organisations réaffirment fermement que cela doit être fait désormais sans plus tarder.

Solidarité « émotionelle » : danger !

Les médias se sont régalés cette semaine avec cette histoire en forme de conte de Noël d’un ouvrier américain, James, qui, depuis une dizaine d’années, se rend à pied à son travail, à 33km de chez lui. Sa voiture l’a lâché il y a dix ans et son salaire ne lui permet pas de la remplacer. On aurait pu se scandaliser que le salaire d’un travailleur ne lui permette pas d’acheter ne serait-ce qu’une petite voiture d’occasion. Mais non. Ce qui a retenu l’attention, c’est le courage de cet homme (incontestable évidemment) qui n’a pas manqué une seule journée de travail pendant ces longues années. Et pendant ce temps-là des chômeurs se prélassent chez eux avec des indemnités supérieures au salaire de James ? Les médias n’ont tout de même pas osé. Ils se sont contentés de saluer, outre le courage de James, l’élan de solidarité qui s’est constitué autour de lui, et qui a permis de récolter l’équivalent de 60.000€ en très peu de temps. C’est assurément rassurant de constater que, malgré tout ce qu’on entend sur l’individualisme ravageur qui sévirait désormais, la solidarité existe toujours.

Ces mêmes médias font aussi leur choux gras, en France, assez régulièrement, avec ces histoires de « don de RTT » qui permettent à des parents de rester auprès de leur enfant malade (soyons cyniqes : si le gamin est mourant, c’est encore mieux). Là encore, comment pourrait-on ne pas se réjouir de cette manifestation de solidarité. On en a même fait une loi ! Désormais, ce « don » est simplifié, et codifié. Elle est pas belle la vie ?

Sauf que…

Imaginons deux ou trois situations.

Imaginons que le père de l’enfant malade se prénomme Chérif. Sommes-nous certain que le même mouvement de solidarité aurait eu lieu ?

Imaginons que le père de l’enfant malade ait un sale caractère, qu’il ait mauvaise presse parmi ses collègues. Se seraient-ils mobilisés de la même façon ?

Imaginons que le père de l’enfant malade soit au chômage : il n’a pas de collègues. Que se passe-t-il ?

C’est là toute la différence entre la solidarité spontanée, née d’un émotion, aussi sincère et aussi désintéressée soit elle, avec la solidarité collective, organisée, assurée, codifiée par l’État.

L’Etat ne fera pas la différence entre Chérif et Marcel, entre un « mauvais coucheur » et un brave type, entre quelqu’un qui a un cercle d’amis suffisamment important et quelqu’un que la société a déjà mis sur la touche.

Cette loi dite « don de RTT » ne peut avoir que des conséquences graves sur le système de solidarité nationale : la sécurité sociale est en faillite ? Organisez –vous ! et comme vous y parvenez plutôt bien, pourquoi conserver cette satanée assurance qui fait de vous des assistés et lèse ces pauvres patrons déjà harcelés par le fisc… et si ça ne marche pas, il y a peut-être une raison, non ? et de victimes, les parents de l’enfant vont devenir responsables.

Quand on voit les attaques dont fait l’objet le système de protection sociale, on ne peut qu’être inquiet devant le vote d’une telle loi.

Le Journal du Net, dans l’article qu’il a consacré à cette loi le 5 mai 2014 avait titré : « Don de RTT : une charité mal ordonnée ». On ne peut mieux dire, la critique qu’il fait de cette loi est particulièrement pertinente.

Terrorisme : savoir raison garder !

Communiqué publié par la Ligue des droits de l’Homme, ce lundi 2 février

Un gamin traîné au commissariat pour « apologie de terrorisme », un prof de philo suspendu et incriminé sur la base d’un propos indirect, et à ce jour non porté à la connaissance de l’enseignant en question, des agents municipaux inquiétés pour avoir refusé de participer à une minute de silence, des syndicalistes menacés de licenciement… Il est temps de se reprendre et de revenir à la raison ! Quoi de plus déraisonnable, en effet, que la confusion qui s’installe entre vigilance nécessaire et chasse aux sorcières ! Ni la restriction de la liberté de parole des adultes, ni les interrogatoires policiers d’enfants de 8 ans ne favoriseront notre sécurité. Ces mesures, à l’inverse, exacerbent un climat de défiance tous azimuts, incitent chacune et chacun à chercher autour de soi qui un terroriste, qui un terroriste potentiel… Un tel climat de recherche à tout va de boucs émissaires est insupportable ; pire, il est hautement contre-productif. Promouvoir les valeurs de liberté, de fraternité, expliquer au quotidien ce qu’est la laïcité, bref, vivre la République, implique de pouvoir en débattre, de façon libre, ouverte, confiante.

Privilégier la dénonciation et la mise à l’écart, c’est au contraire engendrer des situations insupportables au regard des droits élémentaires des personnes visées, alimenter amertumes et contentieux, donner finalement le sentiment d’une République essentiellement répressive.

La Ligue des droits de l’Homme avait déjà poussé un cri d’alarme après les invraisemblables décisions rendues en comparution immédiate, qui ont entraîné parfois des peines lourdes pour une divagation alcoolique.

Il est temps de calmer les esprits. Le gouvernement doit s’y employer et se rappeler que la lutte contre le terrorisme ne saurait trouver une quelconque efficacité en dehors du respect de la lettre et du principe de l’Etat de droit.

Steeve Briois honoré par le Trombinoscope : la LDH entend rafraîchir les mémoires !

La distinction attribuée au maire d’Hénin-Beaumont (front national) qui a été nommé « élu local de l’année » par « le Trombinoscope » continue de faire des vagues. Si certains hommes politiques et commentateurs s’en réjouissent, la grande majorité s’en offusque.

Il est utile de rappeler que cette « distinction » doit récompenser notamment « l’action accomplie » par l’élu distingué. En l’occurrence, en seulement quelques mois, M. Briois a certes été actif, mais d’une manière, disons, plutôt négative : expulsion, dès son  élection, de la Ligue de droits de l’Homme du local dont elle disposait depuis des dizaines d’année, arrêté « anti mendicité agressive » (qui a été annulé par le tribunal administrif qui également condamné Briois à 1000€ de dommages et intérêts à verser à la Ligue des droits de l’Homme), organisation en conseil municipal d’une pétition contre une enseignante, interdiction à un élu de l’opposition de participer à une commémoration patriotique…

L’attitude pitoyable des membres du jury de cette mascarade était pathétique : incapable d’assumer leur décision, ils ont fait appel à une salariée de l’entreprise (Le Trombinoscope est une entreprise qui édite chaque année l’annuaire des élus) pour remettre son prix à Briois, qui, de son côté, bien entendu, jubilait, tandis que la petite fille Le Pen proférait des menaces contre un journaliste…

La section de la Ligue des droits de l’Homme d’Hénin-Beaumont a bien entendu réagi à cette mascarade, par la publication d’un communiqué dont voici le texte :

Steeve Briois honoré par le Trombinoscope :

la LDH entend rafraîchir les mémoires !

Ainsi donc le jury du Trombinoscope a décerné à Steeve Briois, maire d’Hénin-Beaumont, Vice-président du FN, le prix de « l’élu local de l’année », destiné en principe à saluer « l’action et le professionnalisme de personnalités politiques qui se sont particulièrement illustrées durant l’année écoulée dans le cadre de leur mandat ou de leur fonction ».

Décision pour le moins surprenante, pour ne pas dire ahurissante, pour nombre d’observateurs. Car il ne s’agit hélas pas d’un canular et même si Arlette Chabot, présidente du jury, a pris la peine de rappeler qu’il s’agit « non pas de récompenser un bilan mais de mettre en évidence la percée du FN et son implantation locale », on ne peut ignorer la portée d’une telle décision.

C’est d’ailleurs bien ainsi que l’a compris le maire d’Hénin-Beaumont.

À cet égard, la section LDH d’Hénin-Carvin tient à saluer la décision de Claude Bartolone, Président de l’Assemblée nationale, de ne pas assister à la cérémonie de remise des prix.

Que Monsieur Briois ait, des années durant, « labouré le terrain », qu’il ait fait en 2014 une campagne « lisse » et banalisée en jouant à fond la carte rassurante de « l’enfant du pays », n’est certes pas niable.

De là à estimer que cela suffise à expliquer son élection est tout de même un peu court.

C’est faire bon ménage du terreau économique et social de la ville mais surtout de l’impensable division des forces démocratiques, des coups bas, des trahisons, des réactions à contre temps, des maladresses impardonnables qui ont permis au FN de conquérir la mairie d’Hénin-Beaumont.

Qui a-t-on ainsi voulu mettre à l’honneur ?

Le maire FN qui, à peine élu, a pris la décision inouïe de chasser de son local la LDH, provoquant une immense onde de choc, jusqu’au-delà de nos frontières ?

Celui qui, après avoir déclaré à la presse qu’il serait respectueux de ses adversaires, dénigre et brocarde systématiquement ses opposants, allant jusqu’à interdire à l’un d’eux d’être physiquement présent lors des manifestations patriotiques ?

Celui qui permet qu’une enseignante fasse l’objet d’une motion en conseil municipal réclamant pour elle des sanctions de l’administration ?

Celui qui prend un arrêté « anti-mendicité agressive, arrêté qui a depuis lors été suspendu par décision de justice, la ville se voyant condamnée à verser 1000 euros à la Ligue des droits de l’Homme ?

Celui qui est Vice-président d’un parti dont le président d’honneur avait osé qualifier les chambres à gaz de « point de détail de l’Histoire » ?

Résultat de l’opération dont Monsieur Briois doit se réjouir : il fait désormais partie de « l’establishment », aux côtés de personnalités du Nord comme Pierre Mauroy ou Jean-Louis Borloo ! Comment le FN pourra-t-il dès lors continuer à dénoncer le système politico-médiatique comme il le fait depuis des années ?

Le 29 janvier 2015

La double lecture d’une manifestation historique, par Michel Tubiana, président d’honneur de la Ligue de droits de l’Homme

Michel Tubiana

Michel Tubiana, président d’honneur de la Ligue des droits de l’Homme, livre sa lecture, ou plus exactement les deux lectures possibles du gigantesque rassemblement de soutien à Charlie Hebdo et aux victimes des attentats, dimanche 11 janvier. Et il en profite pour s’adresser aux chefs d’Etat qui y ont participé.

L’extraordinaire marée humaine qui a envahi les rues de Paris est un de ces moments qui s’ancrera dans notre inconscient collectif comme un de ces instants précieux d’unité. Quoi qu’en disent ceux qui désignent des boucs émissaires, c’est bien un sentiment de fraternité qui a prévalu le 11 janvier 2015. Ce que le peuple de France, ses habitants de toutes religions (ou sans…), de toutes origines, de toutes nationalités ont exprimé, c’est l’exigence de vivre ensemble, avec cette tolérance qui n’est pas une démission mais une volonté de partage, dans un pays libre qui refuse la peur. Cette première lecture a fait effectivement, l’instant d’un dimanche, de Paris la capitale du monde par le message délivré à tous les idolâtres de la mort comme à tous les peuples et à leurs gouvernements : il n’est qu’une Humanité et la liberté ne se négocie pas.

A cette lecture de cette journée, sans doute historique, s’en ajoute une autre qui, si nous n’y prenons garde,  risque d’aboutir à l’inverse de ce que nous avons souhaité.

La prééminence donnée à la présence de plusieurs dizaines de chefs d’Etat a conduit à enfermer les manifestants dans une nasse. Pour symbolique que cela soit, l’espace de quelques heures le pavé parisien a été confisqué à ses occupants naturels. La présence de dirigeants qui n’ont rien à faire de la liberté de la presse, pratiquent un racisme et un antisémitisme ouvert, embastillent d’autres peuples ou, tout simplement, se moquent totalement des principes démocratiques, montre que ce ne sont pas les principes de la République et de la démocratie que sont venus défendre ces dirigeants, c’est l’union sacré des Etats contre le terrorisme. Et si la minute de silence observée, sans doute sincère, a permis une belle exposition médiatique, elle a dû avoir aussi un goût amer pour certains.

Bien sûr, nul ne saurait s’opposer, encore moins les démocraties, à ce que l’on jugule les agissements qui, sous un nom ou un autre, n’ont aucun respect pour la vie humaine et n’ont que la haine à la bouche.

Mais ce n’est pas faire preuve d’angélisme que de dire que se donner les moyens de combattre ce mal n’est pas incompatible, d’une part, avec les règles de l’Etat de droit, et, d’autre part, avec un traitement de fond des causes d’un phénomène qui n’a rien de spontané.

Demain, la France et l’Europe devront répondre aux questions des moyens de lutte contre le terrorisme. Ce débat est légitime. Il ne saurait pourtant être enfermé par les Etats dans l’exploitation de la peur ou dans leur tendance naturelle à déposséder les citoyens de leurs libertés au prétexte d’assurer leur sécurité.

On voit bien le tribut que les Etats-Unis paient à leur déclaration de guerre à « l’empire du mal ». On sait les conséquences ravageuses du Patriot Act et autres Guantanamo pour la dignité de ce pays, sa cohésion, pour son image dans le monde et la sécurité de celui-ci. Sachons apprendre de cette expérience, ne recommençons pas les mêmes erreurs. Résistons à la facilité de croire qu’un empilement de restrictions de nos libertés nous apportera une sécurité sans faille aussi illusoire que ravageuse pour la démocratie. A défaut, c’est l’espoir d’une France apaisée, celle que le peuple a appelé de ses vœux le 11 janvier, qui reculera.

Apologie du terrorisme : « fermeté de signifie pas prison ferme ! »

L’application du nouveau délit « d’apologie du terrorisme » aboutit, depuis la semaine dernière, à des sentences démesurées, qui visent aussi bien des individus vraiment dangereux, que des pauvres types, et même des enfants.

À propos d’enfant, le témoignage d’une éducatrice, qui s’est occupée d’un garçon de 14 ans placé en garde à vue pendant 24h pour avoir dit « ils ont eu raison » (les terroristes ) pendant la minute de silence au collège. Ce qui ne l’a pas empêché de faire cette minute de silence quelque temps plus tard avec son équipe de foot : « c’était bien, on était tous en rond, on se tenait tous par le cou », raconte-t-il. Tout s’emballe : le principal reçoit l’ordre de l’académie de porter plainte : « J’ai porté plainte sur consigne de l’académie mais je croyais que les policiers allaient faire un rappel à la loi, que ça s’arrêterait là. »

Ça ne s’est pas arrêté là : conseil de discipline (le principal demandera une exclusion avec sursis, garde à vue de 24h, menottes… Tout s’emballe. L’éducatrice conclut : «  J’ai peur pour ce petit poisson, pour ses parents. Je suis effrayée par la réaction Vigipirate des institutions de la République, sans plus de raison, de discernement, chacun suivant les directives de sa hiérarchie, démultipliant la rigueur pour mieux exposer aux médias la réaction des institutions. Parce qu’un des arguments pour ces réactions en chaîne, le premier souvent avancé, c’est celui-là : « On est sous le regard des médias, de l’opinion publique. »

Boris Manenti  recense, dans un article publié sur le site Temps réel Le Nouvel observateur, 17 condamnations déjà prononcées. Que constate-t-on ?

  • Que le délit d’apologie du terrorisme accompagne généralement un autre délit : vol, agression, conduite en état d’ébriété…
  • Que les individus sont généralement déjà connus et ont été déjà condamnés (pas forcément pour cela).
  • Qu’il s’agit pratiquement uniquement d’hommes (une jeune fille est en attente de jugement), jeunes (entre 19 et 38 ans, le plus âgé ayant 51 ans).
  • La plupart du temps cela se produit dans des situations de grande tension et d’énervement.

On est quand-même loin du profil des frères Kouachi ! L’apologie du terrorisme n’est en fait qu’une manière d’insulter les forces de l’ordre, exceptées peut-être lorsque les propos sont tenus sur Facebook, cas dans lequel on peut imaginer que la personne est dans son état « normal ».

Le Syndicat de la magistrature a appelé, mardi 20 janvier, « la justice » à faire preuve de « sérénité » et « à résister à l’injonction de la répression immédiate ». Et il ajoute : « Il y a un défaut d’individualisation. Réponse ferme ne veut pas dire prison ferme ».

Le célèbre blogueur Maître Eolas, avocat, dont les avis éclairés sont toujours passionnants, s’élève avec ironie contre cette escalade : « Heureusement, face à la menace terroriste, la justice sait frapper promptement et sévèrement à côté de la cible » ! Et il apporte une explication à cette frénésie judiciaire : « Une enquête terroriste prend beaucoup de temps. L’instruction de l’affaire Merah est, par exemple, toujours en cours. Ici, après les événements tragiques qui se sont produits, pour de pures raisons de communication, il faut donner l’impression de réagir vite. » (Source, Temps réel le Nouvel observateur). Et c’est la raison pour laquelle il conseille à ses collègues avocats de refuser la comparution immédiate, pour reculer le procès dans le temps, en espérant que la sérénité soit revenue.

Pendant ce temps-là, Boris Le Lay, ce fasciste autonomiste breton qui répand son vomi sur son blog « breizato »  à longueur de journées coule des jours heureux chez sa maman. Que fait-il, sinon l’apologie du terrorisme, et ce depuis des années ? Menaces de mort accompagnées de photos de tombe et de poteaux d’éxécution, menaces de viols, toutes adressées nominativement à des militants des droits de l’Homme, propos antisémites et racistes d’une rare violence, projet « politique » ( ?) dont le préalable consiste à « liquider » physiquement les opposants (sa liste est prête)… Le Lay, dont le blog est naturellement hébergé hors de France, ce qui rend sa fermeture difficile, a été condamné à plusieurs reprises, à plusieurs milliers d’euros d’amendes et de dommages et intérêt, à de la prison avec sursis, et tout récemment à de la prison ferme, continue de sévir. Les nouvelles lois vont-elles permettre de mettre cet individu dangereux et ses quelques fidèles hors d’état de nuire ? Il ne faut pas oublier que certains des mouvements qui gravitent autour de Le Lay organisent des stages dans lesquels les sports de combat ont une large place (Le Télégramme).

Alors, les 24h de garde à vue de ce garçon de 14 ans laissent un peu rêveur…

 

 

Combattre le terrorisme, ce n’est pas restreindre les libertés

Photo Cécilia Crobeddu

Les souvenirs des impressionnantes marches du week-end sont encore intacts dans nos têtes, les victimes des attentats ne sont encore tous inhumés que déjà, les excités du code pénal gonflent leurs petits muscles pour appeler à davantage de répression, à l’invention de nouveaux délits, à l’aggravation des peines, à la restriction des libertés publiques… Il va falloir être vigilants, les jours et les semaines qui viennent !

Les premières condamnations sont déjà tombées : des mois de prison ferme, voire des années pour certains. Tout cela en comparution immédiate, évidemment, avec tous les effets pervers de cette procédure. Mais pour qui ? parfois de pauvres types, des ivrognes, qui profèrent leurs « apologies du terrorisme » comme ils profèreraient des insultes ou des insanités…

Heureusement, des voix se lèvent, qui rappellent simplement quelques évidences.

De nouvelles lois ? on en a assez comme ça, commençons par appliquer celles qui existent. Mais cela occupe l’espace médiatique, et permet d’éviter de parler de la première nécessité absolue : les moyens.

Hier soir, Joaquim Pueyo, l’ancien directeur de la prison de Fleury-Mérogis parlait, à Canal+ (émission le Grand journal du 14 janvier, dont on peut voir des extraits ici), de ce qu’il a vécu là : la promiscuité, l’insuffisance de personnel… Karim Mokhrari, un ancien détenu venu avec lui a déclaré : « tout ce qui est interdit à l’extérieur est obligatoire en prison », et il témoignait du rôle que jouent les dirigeants islamistes dans la prison : c’est pour eux du pain béni puisque les jeunes détenus n’ont qu’eux à qui se confier, et n’ont qu’eux pour les « protéger ». Abdelali Mamoum, imam du Val-de-Marne, y a expliqué le discours qu’il tient aux jeunes tentés par le djihad. Fadela Amara, ancienne secrétaire d’Etat à la ville a dénoncé le saupoudrage des moyens destinés à aider les « quartiers », les zones sensibles à ne plus être de guettos. Farid Benettiou ancien émir de la filière des Buttes-Chaumont, pas un enfant de chœur, celui-là, a témoigné de l’aide que lui a apportée la République à sa sortie de prison. La preuve de l’efficacité de mesures éducatives sérieuses.

Bref, tous ces témoignages tournaient autour de deux thèmes : manque de moyen, importance de la prévention et de l’éducation.

Photo Cécilia Crobeddu

Dans Ouest-France ce matin, Franck Leroy, essayiste, met en garde : « surveiller davantage Internet ? Attention ! », et il conseille de « ne pas défendre la liberté en la restreignant ». Rappelons-nous le scandale provoqué par les révélation d’Edouard Snowden sur les écoutes téléphoniques de la CIA : ça n’est pas si vieux ! Russel Banks, auteur américain et ancien président du Parlement des écrivains créé par Salmann Rushdie met lui aussi en garde : « ne tombez pas dans la paranoïa ». Il en sait quelque chose : il a vécu le « patriot act » mis en place par Busch après le 11 septembre : on a vu le résultat. C’est pourtant ce dont rêvent quelques députés, prêts une nouvelle fois à laisser une loi être dictée par l’émotion.

La Ligue des droits de l’Homme, pour qui la liberté d’expression fait partie des droits fondamentaux a publié dès hier un communique qui rappelle très clairement le danger qu’il y aurait à « s’enfermer dans le cercle de la peur », et « regrette qu’après l’élan du 11 janvier, ces réponses sécuritaires restent la seule voie empruntée par les pouvoirs publics ».

Voici ce communiqué :

Combattre le terrorisme, ce n’est pas restreindre les libertés

Le peuple de France est descendu dans la rue pour dire non au terrorisme et défendre les libertés. L’un et l’autre. Dans ce qui est devenu une sorte de réflexe pavlovien, la classe politique française souhaite ajouter encore à l’arsenal législatif de nouvelles mesures contre le terrorisme. Alors même que quinze lois ont été adoptées depuis 1986 et que les décrets d’application de la dernière ne sont pas publiés, notre sécurité serait, en effet, mieux assurée par de nouveaux pouvoirs confiés aux forces de l’ordre. Il n’en est rien. C’est un mensonge de prétendre que les dramatiques événements que nous venons de vivre seraient la conséquence d’une insuffisance législative. Il est exact en revanche que la déficience de moyens, les erreurs d’analyse, même si le travail des forces de sécurité française reste remarquable, méritent débat ; mais rien ne justifie les nouvelles dispositions envisagées.

La LDH regrette qu’après l’élan du 11 janvier, ces réponses sécuritaires restent la seule voie empruntée par les pouvoirs publics.

C’est d’une autre ambition dont nous avons besoin : de réponses de fond qui permettent de comprendre comment notre société a pu faire que de tels actes soient commis ; pas pour excuser, encore moins pour absoudre, mais pour éviter réellement qu’ils ne se reproduisent. Nous avons besoin surtout de réponses préventives. Toutes doivent renforcer l’esprit et la lettre de notre démocratie.

La LDH appelle les citoyens à ne pas se laisser enfermer dans le cercle de la peur. Elle les invite à rappeler aux pouvoirs publics, à la représentation politique française qu’à chaque fois que nous avons concédé de nos libertés, il s’en est suivi moins de démocratie, sans pour autant nous assurer plus de sécurité.

La fraternité qui s’est exprimée le 11 janvier exige un autre horizon que celui que l’on nous propose.

 

Photo Cécilia Crobeddu

« Ce sont des enfants perdus, des FRANÇAIS, enfants de la France, orphelins »

Photo Cécilia Crobeddu

Orphelins de père, puis de mère, les frères Kouachi, auteurs du massacre de l’équipe de Charlie-hebdo et de policiers, ont vécu une grande partie de leur enfance dans un foyer de l’aide sociale à l’enfance. D’anciens amis à eux, connus dans cet établissement, se sont réunis dimanche, et ont écrit une lettre qui a été publiée par le site Temps réel du nouvel Observateur. Ce témoignage poignant apporte un éclairage particulièrement intéressant. Il apporte un début d’explication à ce qui a pu conduire ces deux jeunes hommes à devenir des « monstres » ; il ne s’agit évidemment pas d’apporter des circonstances atténuantes à cet acte de barbarie. Il s’agit d’essayer de comprendre l’incompréhensible, chose essentielle si on veut prévenir de genre de tragédie.

Sur le site de Temps réel, la lettre est précédée d’un entretien avec une amie de la famille Kouachi, également très intéressant.

[N.B. Les photographies qui illustrent cet article ont été prises par une jeune photographe, Cécilia Crobeddu, qui nous a très gentiment autorisés à les utiliser. Prises pendant la magnifique marche du dimanche 11 janvier, elles illustreront tous les articles qui se rapporteront aux drames de la semaine dernière. On peut voir d’autres images de Cécilia sur son profil Facebook.]

LETTRE À TOUS

Nous pleurons ce soir comme nous avons pleuré mercredi soir ! Nous pleurons des amis, des hommes que nous avons connus, que nous avons appréciés, nous pleurons des humains, nous pleurons une sœur, un frère qui ont tout perdu ! Nous pleurons aussi des maris, des femmes, des frères, des sœurs, des amis(es), une société.

CE SOIR, NOUS SOMMES CHARLIE

Photo Cécilia Cobeddu

(Nous ne sommes pas leurs dessins nous sommes leurs liberté)

Nous condamnons les actes d’hommes que nous ne reconnaissons pas, que nous ne soutenons pas.

Nous savons qui ils ont été, et nous pensons savoir dans ce groupe, ce qui les a menés à ce qu’ils ont fait. Ils ont été nos amis, nos ex, nos confidents, nos camarades de chambre, nos rivaux, nous les avons aimés, haïs parfois.

Ce sont des enfants perdus, des FRANÇAIS, enfants de la France, orphelins ! Nourris par la France, nourris par l’amour de cette terre, nourris par la haine de fous! Nourri par ceux qui on su leur faire croire que leur salut était la folie d’un Dieu qui n’en est pas.

Parlons de ce qu’ils ont fait, parlons de ce qu’ils étaient, de ceux qu’ils sont devenus et pourquoi ils le sont devenus.

Plus encore, battons-nous ! Combattons ensemble la cause et non les effets, mobilisons-nous ! Parlons-nous ! Retrouvons-nous.

Nous devons dire à tous ceux qui pensent que l’origine, la couleur, la religion, est un danger, nous devons, nous, plus que d’autres, leur dire que le seul danger c’est l’abandon, l’oubli et la stigmatisation!

Photo Cécilia Crobeddu

Que celui qui pense qu’il ne peut rien se lève! On peut conquérir avec des mots, on peut combattre avec des idées, on peut gagner avec une conviction.

Je Professe:

JE CROIS EN DIEU CREATEUR DU CIEL ET DE LA TERRE

JE CROIS EN HALLA CREATEUR DU CIEL ET DE LA TERRE

JE CROIS EN YAVE CREATEUR DU CIEL ET DE LA TERRE

JE SUIS CHARLIE

JE CROIS EN LA LIBERTE DE CHACUN DE NOUS

JE CROIS EN LA LIBERTE D’EXPRESSION

JE CROIS EN L’ÊTRE HUMAIN

JE REFUSE L’AMALGAME

JE REFUSE L’IGNORANCE

JE REFUSE L’ABANDON

JE REFUSE L’INTOLERANCE

JE REFUSE LA HAINE

JE REFUSE LA VENGEANCE

PARDONNEZ-LEURS, ILS NE SAVENT PAS CE QU’ILS FONT !!!!

 

Photo Cécilia Cobeddu

Combattre le terrorisme, ça n’est pas restreindre les libertés

On pouvait facilement imaginer que l’attentat contre Charlie Hebdo, l’assassinat d’une jeune policière et la prise d’otage dans l’hyper Kacher de la porte de Vincennes allaient susciter une sorte de surenchère sécuritaire, chacun voulant gonfler les biceps un peu plus que l’autre, dans les milieux politiques. On espérait, sans trop y croire, que les formidables marches du week-end, qui ont rassemblé des millions de personnes, allait inciter les hommes politiques à un peu de retenue… perdu ! Le vieux réflexe sécuritaire revient en courant. Toutes ces lois qui se sont entassées les unes par-dessus les autres depuis des années ont pourtant fait la preuve de leur inefficacité… Mais non, on continue.

Pendant ce temps-là, les médias passent beaucoup de temps à parler des minutes de silence perturbées par des élèves dans quelques dizaines de lycées. C’est grave, on est d’accord. Mais les incendies volontaires, les dégradations contre les mosquées, les agressions racistes contre des adolescents arabes, on en parle beaucoup moins… Les discours de haine proférés par les identitaires, encore et toujours, émeuvent eux aussi beaucoup moins que ces incidents dans les lycées. Boris Le Lay continue de déverser son vomi sur son « site ». Les appels à la haine, les menaces de mort, constituent le fonds de commerce de ce pauvre garçon. A-t-il seulement payé les quelques milliers d’euros d’amendes auxquels il a été condamné ?

Jean-Pierre Dubois, président d’honneur de la Ligue des droits de l’Homme, dans le journal l’Humanité, répondait à un journaliste, avant la conclusion dramatique de l’affaire Charlie Hebdo. On peut résumer son discours, comme le fait le journal, en disant : « L’alternative est simple, c’est soit le politique, soit la guerre. Nous choisissons le politique ». C’est aussi le sens du communiqué que vient de publier la Ligue des droits de l’Homme :

Combattre le terrorisme, ce n’est pas restreindre les libertés

Le peuple de France est descendu dans la rue pour dire non au terrorisme et défendre les libertés. L’un et l’autre. Dans ce qui est devenu une sorte de réflexe pavlovien, la classe politique française souhaite ajouter encore à l’arsenal législatif de nouvelles mesures contre le terrorisme. Alors même que quinze lois ont été adoptées depuis 1986 et que les décrets d’application de la dernière ne sont pas publiés, notre sécurité serait, en effet, mieux assurée par de nouveaux pouvoirs confiés aux forces de l’ordre. Il n’en est rien. C’est un mensonge de prétendre que les dramatiques événements que nous venons de vivre seraient la conséquence d’une insuffisance législative. Il est exact en revanche que la déficience de moyens, les erreurs d’analyse, même si le travail des forces de sécurité française reste remarquable, méritent débat ; mais rien ne justifie les nouvelles dispositions envisagées.

La LDH regrette qu’après l’élan du 11 janvier, ces réponses sécuritaires restent la seule voie empruntée par les pouvoirs publics.

C’est d’une autre ambition dont nous avons besoin : de réponses de fond qui permettent de comprendre comment notre société a pu faire que de tels actes soient commis ; pas pour excuser, encore moins pour absoudre, mais pour éviter réellement qu’ils ne se reproduisent. Nous avons besoin surtout de réponses préventives. Toutes doivent renforcer l’esprit et la lettre de notre démocratie.

La LDH appelle les citoyens à ne pas se laisser enfermer dans le cercle de la peur. Elle les invite à rappeler aux pouvoirs publics, à la représentation politique française qu’à chaque fois que nous avons concédé de nos libertés, il s’en est suivi moins de démocratie, sans pour autant nous assurer plus de sécurité.

La fraternité qui s’est exprimée le 11 janvier exige un autre horizon que celui que l’on nous propose.