Le discours de Djemila Benhabib, prix de la laïcité 2012

Djemila Benhabib vit au Québec. Elle est née d’une mère chypriote grecque et d’un père algérien, elle a vécu son enfance à Oran. En octobre 2012, elle a reçu le Prix international de la laïcité, décerné par le Comité Laïcité République, pour ses travaux sur la laïcité et le droit des femmes.  Djemila Benhabib est notamment l’auteure de Ma vie à contre-Coran et Les soldats d’Allah à l’assaut de l’Occident.

Dans le discours qu’elle a prononcé lors de la remise du prix, Djemila Benhabib expose sa conception de la laïcité : son point de vue est passionnant. Cliquer ici pour voir la vidéo de ce discours.

Prix de la laïcité 2012. Discours de Djemila Benhabib, lauréate du Prix international

« Le dialogue n’est rien là où la dignité humaine n’est pas »

Pour une perspective laïque et féministe du monde

C’est à travers un regard de femme, celui d’une féministe laïque vivant en Amérique du Nord, fortement imprégnée des valeurs républicaines, ayant grandi en Algérie que je me propose d’aborder cette réflexion sur la laïcité qui est d’emblée, je le dis et je l’assume le fruit aussi bien d’un cheminement subjectif que d’une véritable analyse proprement factuelles marquée par mon vécu dans trois type de sociétés distinctes :

  • nord-africaine, en Algérie ;
  • européenne en France et
  • nord-américaine au Québec

où les façons d’organiser les rapports entre l’État et la religion sont de nature différente.

En Algérie, l’islam est religion de l’État. Du coup, la source du droit peut devenir l’islam. C’est en effet le cas avec le code de la famille qui puise son principal référent dans la charia islamique. En France pays laïque et républicain, l’État est régi par une stricte séparation entre la sphère politique et religieuse. Et finalement le Québec, province assujettie à la Constitution canadienne et au multiculturalisme qui connaît un parcours singulier entre une volonté, du moins populaire, de s’affranchir du multiculturalisme, et une obligation institutionnelle de se soumettre au jugement de la Cour suprême du Canada. Pari difficile compte tenu du fait que nulle-part dans notre aménagement constitutionnel, le caractère laïc, séculier ou neutre de l’État, qu’il soit canadien ou québécois d’ailleurs, n’est proclamé ; avec ceci de particulier « la suprématie de Dieu » est évoquée dans le Préambule de la Charte canadienne des droits et libertés. Ce sont les juges qui, à la pièce, comme dans tous les pays anglo-saxons d’ailleurs, ont façonné la reconnaissance de fait du principe de la séparation de l’Église et de l’État.

Ces trois expériences nous démontrent clairement, à des degrés variés, bien évidemment, et sous des formes différentes, à quel point les velléités politiques sous couvert du religieux peuvent se mettre en marche à un moment ou un autre de l’histoire dans un pays quelconque pour entrer en concurrence avec l’ordre politique établi soit pour le fragiliser, l’ébranler voire carrément le remplacer pour changer le destin d’un pays, la nature même de son État et le devenir de son peuple.

Rappelons-nous de cette offensive islamiste qui s’est mise en place en Algérie au tout début des années 1990 pour faire de ce pays un État théocratique.

Rappelons-nous de ce bras de fer orchestré en 1989, en France, entre la République et des groupes islamistes à travers quelques élèves voilées qui n’avaient qu’un seul objectif celui de liquider l’héritage de l’école républicaine laïque.

Rappelons-nous de l’agitation de quelques chauds partisans de la charia au Canada pour remplacer les lois civiles par une justice d’abattoir lorsqu’il est question du droit familial ? L’idée des tribunaux islamiques qui avait fait son chemin à partir de 2004 a été abandonnée en raison d’une forte mobilisation. Pour combien de temps ? La question demeure entière. Pour rappel, ce projet a été validé par un certain nombre de personnalités de gauche, en premier lieu, l’ancienne ministre déléguée à la Condition féminine, Marion Boyd et au Québec, par Charles Taylor, co-président de la commission Bouchard-Taylor sur les accommodements dit raisonnables.

Ce n’est pas un hasard si c’est ce même intellectuel qui chapeaute l’école de pensée de la laïcité dite ouverte avec l’objectif de légitimer la présence du religieux dans les institutions publiques. Cette imposture intellectuelle qui consiste à multiconfessionnaliser l’espace civique vise ni plus ni moins à sabrer les acquis de cette formidable Révolution tranquille qui a mené le Québec, à partir des années 1960, à se moderniser et à sortir de l’emprise de l’église catholique.

Il va sans dire que le principe des accommodements soi-disant raisonnables a souvent tourné en un arbitrage entre la liberté religieuse et le principe d’égalité entre les femmes et les hommes qui est, en passant, un droit constitutionnel, nouvellement inscrit dans le préambule de la Charte des droits et libertés depuis 2008. Les tribunaux québécois et surtout canadiens donnent presque systématiquement préséance à la liberté de religion.

Les intégrismes religieux ont trouvé là une niche confortable qui leur a permis d’étendre leurs tentacules à travers une configuration sociale qui consiste à segmenter et fragmenter les sociétés en fonction d’appartenances ethniques et religieuses pour aboutir fatalement à l’effritement du lien social. J’entends et vous l’aurez deviné : cette aberration monumentale qu’est le multiculturalisme dont l’équivalent n’est autre que le « multicommunautarisme » c’est-à-dire un « multiracisme » institutionnalisé.

Ce vecteur de l’organisation sociale qui a promu la différence en culte, a érigé la diversité en dogme et a noyé le culturel dans le cultuel, considère que le meilleur moyen de favoriser l’intégration des populations issues de l’immigration est de les encourager à maintenir et perpétuer leurs propres structures culturelles. Cette conception est devenue, par la force des choses, la mécanique la plus efficace à déconstruire le lien social, à désintégrer la société et a y a semé des pathologies incurables.

Quand les intégrismes religieux se nichent dans le multiculturalisme

Comment bâtir une société sans pour autant partager une langue commune, une culture commune, une histoire commune et un minimum de mémoire partagée ? Système pervers par définition, le multiculturalisme a ethnicisé les problèmes sociaux et politiques, a poussé les immigrants à se réfugier dans une identité exclusive préfabriquée d’appartenance d’origine.

Cette confrontation vient mettre à nu la nature profonde entre deux visions du monde antagonistes, l’une mettant l’individu et ses préoccupations au centre de la cité, faisant de lui un acteur de changement et l’autre mettant la Cité sous la tutelle de communautés assujetties chacune à son propre dieu, faisant de lui le régisseur de nos consciences et ouvrant la porte à une surenchère entre tous les Dieux possibles et inimaginables.

Cette prolifération des religions s’illustre notamment par un exemple évocateur, où les débats à Queen’s Park, le parlement provincial de l’Ontario, sont précédés chaque jour par la récitation intégrale de 8 prières ! En effet, depuis 2008, on a décidé de conserver le Notre Père et d’y ajouter d’autres prières : autochtone, bouddhiste, hindouiste, musulmane, juive, baha’ie et sikhe. Par comparaison, au Québec, depuis 1976, les travaux à l’Assemblée nationale débute par une minute de silence c’est-à-dire un moment de recueillement.

Même la secte des mormons en Colombie britannique défie le Code Criminel en revendiquant la polygamie au nom de leur liberté de religion. En 2010, deux polygames mormons, qui avaient respectivement 19 et 3 épouses, ont soutenu que la loi violait leur liberté de religion, ont décidé de contester l’article 293 du Code criminel devant la Cour suprême de la Colombie-Britannique pour demander que la polygamie soit décriminalisée. Fait sidérant, croyez-le ou pas, les mormons prétendent que la polygamie est avantageuse pour les femmes. D’ailleurs, des universitaire femmes de l’université montréalaise de McGill sont venues appuyer leurs propos !

On devine à travers tous ces exemples, un lien évident entre les droits des femmes et la laïcité. Le féminisme ne s’inscrit pas dans le vide et ne prend pas racine dans le néant. Il se projette dans un espace-temps bien défini dans lequel s’articulent toutes ces problématiques sociétales. Ces convulsions s’enracinent également dans un contexte international marqué par le retour du religieux aussi bien à l’échelle des pays pris individuellement qu’à l’échelle des institutions onusiennes.

Je réalise, jour après jour, le degré des préoccupations communes des citoyens du monde. Ici comme ailleurs, le débat est marqué par la présence d’éléments récurrents et de questionnements déterminant pour l’avenir : quelle étendue donner à la liberté religieuse ? Quel contenu donner à la laïcité, quels gestes poser face à l’exacerbation des particularismes et à la montée des communautarismes ? Quelles balises établir pour consolider le vivre ensemble ? Doit-on insuffler davantage de religieux dans le lien social pour gérer la diversité ? Une question qui nous préoccupe de part et d’autre de l’Atlantique : que faire avec le multiculturalisme ? Une autre interrogation relative aux soulèvements dans le monde arabe qui sont porteurs d’une aspiration réelle de changement démocratique mais pas seulement malheureusement, nous interpelle grandement. Sur quelle base organiser les solidarités ?

Les jihadistes ne sont que le prolongement des Frères musulmans

Au printemps de l’année 2012, j’ai vécu au rythme de l’Égypte et de la Tunisie. Je voulais aller à la rencontre de leurs peuples, sentir leurs fluctuations intérieures et capter leurs émotions ; sortir des dépêches de journaux ; saisir à chaud des réalités complexes et contradictoires ; humer l’air ambiant ; arrêter de vivre à distance les bouleversements historiques qu’a connus la région et surtout, être portée par ce souffle de liberté. J’ai eu l’impression que tout a changé sans toutefois avoir changé. Une chose est sûre : la laïcité et la place des femmes sont au cœur des débats. Plus encore, grâce au statut des femmes, on est à même de comprendre les configurations politiques postrévolutionnaires, de cerner les « blocages » qui crispent les sociétés arabes ainsi que les espoirs qui les animent. En d’autres mots, le statut des femmes a ce pouvoir incroyable de réveiller en chacun son côté un peu obscur ! Le sexe est une affaire politique et la sexualité une fixation qui occupe tous les esprits, celle des femmes est l’affaire de tous, son contrôle relève de la pathologie collective. Dans l’esprit des islamistes, la cause profonde de la régression et du sous-développement est l’absence de morale ou encore l’éloignement de la morale islamique. Bref, « Trop de sexe » a désaxé la Oumma !

L’islam de la Confrérie des frères musulmans a brimé le processus de sécularisation de l’islam qui était bel et bien en marche avec l’arrivée au pouvoir de Mustapha Kemal Atatürk dans les années 1920. Il a totalement noyé « l’islam ordinaire » en plus de paver la voie à l’islam djihadiste. Il ne fait aucun doute que les sanguinaires « djihadistes » ne sont que les dérivés d’autres brutes : les « Frères ». En déterrant le concept du djihad armé, ces derniers l’ont remis au goût du jour. C’est peu dire qu’entre les « Frères » et les « djihadistes » il n’y a guère de rupture. Les seconds ne sont que le prolongement des premiers. Prolongement naturel qui révèle une forme d’évolution logique dans les structures ainsi que dans les méthodes et une répartition tacite des rôles et des tâches. Entre les uns et les autres, nulle ambiguïté ne subsiste, le projet de société est le même : bâtir la oumma islamiya. Le modus operandi ainsi que la distribution du travail sont orientés vers un double objectif : faire plier l’Occident en le culpabilisant et maintenir l’Orient dans les ténèbres.

La question du terrorisme, intimement liée à celle de l’islam politique, ne pourra se dénouer sans lever le voile sur certains tabous inhérents à l’islam, dont la nature du texte coranique, son impact et sa portée ainsi que la place de la charia dans le corpus législatif. Cet enjeu place autant l’Occident face à ses contradictions que les musulmans face à leurs limites. Pour dépasser ces limites, il faudra inéluctablement s’affranchir du règne de « l’intouchable », de « l’indiscutable », de « l’islamophobie » et de la « stigmatisation ».

Ceci confirme au moins une chose, la nécessité d’arrêter le naufrage politique aussi bien de l’Orient que celui l’Occident et d’ouvrir un large débat, un débat éclairé et sincère qui jettera, sans doute, des ponts entre les deux versants.

Les noces islamo-gauchistes se célèbrent sur les cendres de l’Orient

Et nous, qu’en est-il de nous ? Sommes-nous réduits à n’être que de simples figurants ? Sommes-nous devenus les spectateurs d’une désolation abominable qui ne dit pas encore son nom ? Par nous, j’entends des citoyens d’ici et là qui voyons un monde se défaire et des valeurs s’effilocher, peu à peu, sans pour autant être en mesure d’insuffler de véritables dynamiques de changement pour arrêter la progression de ce mal planétaire qui a quitté le Levant, sans nostalgie aucune, pour enjamber le siècle et se nicher au cœur de l’Occident. Que faire contre les Tartuffe de la polygamie et du voile islamique qui n’ont jamais été aussi exubérants et volubiles sous le dôme de la « tolérance » et de « la liberté religieuse » occidentales ? Que leur dire lorsqu’ils nous chantent, sans complexe, les louanges d’un islam fantasmé alors qu’il n’est que pure désolation d’un bout à l’autre de la planète ? Comment réagir lorsque l’arsenal des partisans du relativisme culturel, dans l’indifférence totale et obstinée du sort réservé à des millions de musulmans à travers le monde qui subissent les affres de l’islamisme dans leur chair, se met au service de cette idéologie totalitaire pour traiter de raciste et de xénophobe quiconque ose encore défendre les valeurs universelles ? Comment, quand et pourquoi cette alliance liberticide s’est-elle orchestrée ? Une chose est sûre, volant au secours de la barbarie islamiste, lâchant au passage les musulmans laïques et féministes, ces nouveaux potentats pétris de culpabilité coloniale ont décerné au fascisme vert les titres de noblesses que l’Histoire lui a toujours refusés. En confondant les bourreaux avec les victimes et en déguisant les fondamentalistes en progressistes, ils ne font que participer à la mise en échec des seconds. Les premiers peuvent s’en réjouir. Les brèches ouvertes par la vigilance défaillante de leurs nouveaux « camarades » ne sont pas prêtes à se refermer. Tout compte fait, qu’importe que l’islam politique sème le chaos et la mort sur une échelle infiniment plus grande ! Tant pis si ces nouvelles noces islamo-gauchistes se célèbrent sur les décombres et les cendres de l’Orient.

Je sais bien qu’en dépit de tout cela, certains nous disent : « C’est en intégrant les islamistes dans le processus démocratique qu’ils finiront par apprendre et comprendre les règles du jeu. » Pourquoi les peuples arabes seraient-ils tenus de réussir là où les peuples européens ont totalement échoué, c’est-à-dire à transformer des fascistes en démocrates ? Si cette possibilité en était réellement une, il aurait fallu la mettre en application lorsque Hitler, Mussolini et Franco se sont lancés dans leur course folle. Il aurait fallu « contenir » leurs ambitions et à terme, les rediriger dans le processus électoral. Rien de cela n’a même été envisagé. Comment ne comprend-on pas, à la lumière de l’expérience européenne, l’impossibilité d’associer des fascistes à l’organisation et à la gestion des affaires de la Cité ? Comment ne voit-on pas dans cette reconduction des fossoyeurs d’hier une insulte aux jeunes de la place Tahrir du Caire et une offense au sacrifice suprême du jeune vendeur ambulant tunisien Mohamed Bouazizi ? Comment accepter de réinjecter du Moyen Age dans des sociétés déjà trop entravées par la chape de plomb du religieux ? Qu’y a-t-il de si difficile à conjuguer liberté et arabité ?

Les femmes portent sur leurs dos le fardeau politique des compromis et des trahisons perpétuels

Ni le refoulement, ni l’amnésie ne permettent de tirer des leçons de l’Histoire. Seule la mémoire alimente le présent et pave la voie à un avenir garant du changement. Vous l’aurez deviné, je parle ici de l’Histoire européenne. Le vrai problème pour les Occidentaux n’est pas tant de relever les défis que pose la modernité à l’islam, mais de ne pas oublier leur propre histoire.

Des épisodes historiques fondateurs semblent se perdre dans les dédales de notre temps incertain et trop frileux. Qui se souvient encore de la terrible violence du combat contre le primat du religieux et de la fabuleuse révolution des Lumières ? Qui si non vous, chers amis, pour marteler à répétition ces quelques épisodes ? Comment ne pas penser que l’islam devra subir aussi cette épreuve décisive et essentielle ? Si nul ne peut prédire l’avenir, il faut au moins se souvenir de son passé.

Après avoir énoncé tous ces arguments, certains persistent dans leur aveuglement et insistent encore : « Pourquoi ne pas réessayer, encore une fois, de dialoguer avec les islamistes et de les intégrer dans la joute démocratique ? » Les vertus « du dialogue » seront toujours mises de l’avant comme si « le dialogue » était une fin en soi, une forme de moralité dont la transgression serait rédhibitoire. Le dialogue n’est rien là où la dignité n’est pas. Le dialogue alimente l’esprit de ceux qui y adhèrent sans a priori alors que, pour les islamistes, il n’est qu’une tactique temporaire pour asseoir leur hégémonie. Fatalement, les démocrates sortiront encore plus amochés qu’ils ne l’étaient de cette confrontation inégale avec les islamistes. Car il est bien là le problème, dans la répartition du fardeau de l’effort et des concessions. Dans le monde arabe et musulman, les femmes sont toujours appelées à en faire davantage. Encore un plus. Un petit chouiya. Elles portent sur leurs dos le fardeau politique des compromis et des trahisons perpétuels.

Lorsqu’on tiendra davantage compte des aspirations des femmes, des laïcs, des minorités linguistiques, religieuses et sexuelles, le dialogue deviendra effectif. Je reste convaincue que le progrès social implique nécessairement des ruptures significatives.

À quand un aggiornamento musulman ?

S’il ne fait aucun doute que la confession musulmane, en Occident, a droit à l’égalité devant la loi quant à l’exercice du culte, elle n’est pas égale au regard de l’histoire avec le christianisme. La reconnaissance de la liberté de pensée et de conscience est le principal défi des musulmans. Le règne de la censure, des assassinats et de la lapidation doit cesser. Les fatwas qui rendent sataniques les livres et les écrivains révolues. L’interdiction de penser et de débattre doit être levée. La dénégation de l’individu et l’apologie de la tribu doivent être dépassées. Bien qu’il y ait eu, qu’il y ait, et qu’il continuera à y avoir en son sein des courants rationalistes, l’islam ne s’est jamais vraiment réformé. Encore faudrait-il que l’on ose invoquer cette nécessaire réforme au lieu d’accepter l’islam tel qu’il se présente aujourd’hui, c’est-à-dire comme une fatalité, comme l’otage des islamistes.

Cette fatalité des musulmans, eux-mêmes la refusent, qu’ils soient croyants, laïques, agnostiques ou encore militants du rationalisme athée. Nous sommes nombreux à partager cette même conviction avec une certitude : on ne peut continuer de se tenir à l’écart du destin universel de l’humanité. Le chemin que nous poursuivons mènera un jour, fut-ce cent ans après notre mort, à l’affranchissement du règne de l’absolu. Pour l’heure, l’islam, gangrené par l’islamisme, ankylosé par des siècles d’une pensée dogmatique, attend toujours son médecin. À quand maintenant un aggiornamento musulman ?

Un projet commun pour la défense de la laïcité et des droits des femmes

Aujourd’hui, plus que jamais, je demeure convaincue que nous pouvons encore faire beaucoup dans ce monde embrumé et injuste pour transmettre et implanter une perspective véritablement humaniste, laïque et féministe. En réalité, tout est encore possible, pour autant que l’on comprenne les véritables enjeux et les dynamiques géopolitiques qui sous-tendent l’avènement et la progression de l’islam politique. En chacun de nous loge un espoir qui ne demande qu’à grandir. Cet espoir ne pourra prendre son envol sans votre engagement. Ce qu’il faudrait désormais, c’est moins un goût de révoltes individuelles qu’une volonté collective copernicienne. Il faut avant toute chose faire converger nos aspirations dans un projet commun pour la défense de la laïcité et des droits des femmes. En sommes-nous si loin ? Pour ma part, je reste convaincue qu’il n’est pas moins urgent aujourd’hui qu’il y a trois siècles de lutter contre les tentations obscurantistes, la bigoterie, la censure et le fanatisme. Les défis de ce début de siècle nous imposent une lucidité et un engagement encore plus grands que par le passé.

Grâce à l’étendue de la sympathie que vous m’exprimez, jour à jour, je suis apaisée. Une force tranquille m’habite, je suis surtout traversée par le sentiment que résister est un honneur parce que cet acte vous renvoie non seulement à votre propre existence mais aussi à celle des autres, à une existence plus collective, celle d’une humanité en mouvement qui s’enracine et se projette dans l’universel. Je suis consciente aussi que la sympathie que vous m’exprimez est un hommage rendu à tous ceux et celles qui partagent le même combat que moi dans le monde arabe et musulman. Camus disait : « Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde, la mienne sait pourtant qu’elle ne le fera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse. » Je peux dire la même chose de la mienne. Je marche résolument vers ce but, certaine d’avance de mes défaillances, sur un si long chemin. Certaine aussi de mes limites. Consciente que je ne suis pas grand-chose dans tout cela. Consciente aussi de l’urgence d’agir avec le même engagement, coûte que coûte, avec force, conviction et passion. Il me reste à vous faire la promesse de fidélité que je me fais à moi-même dans le silence, tous les soirs après avoir couché ma fille Frida de 7 ans, celle de ne jamais abandonner.

 

Elie Geffray, prêtre et maire : un homme courageux

Photo Hervé Queillé, Le Télégramme.

Elie Geffray est maire d’Eréac (22) depuis 2008.

Il est aussi prêtre.

Le 8 mai 2012, il avait eu des paroles fortes pour exprimer l’inquiétude que lui causait le score du front national dans sa commune : «  Nous avons été particulièrement complaisants à l’égard de ces thèses. J’ai ressenti comme une humiliation et comme un déshonneur qu’Eréac leur ait accordé 20% de ses suffrages le 22 avril ».

Aujourd’hui, il reprend la parole, dans le quotidien Le Télégramme, sous la plume d’Hervé Queillé,  pour s’exprimer au sujet du projet de loi instituant le mariage pour tous. Non qu’il y soit particulièrement favorable. Mais pour deux raisons essentielles.

La première concerne la fameuse « clause de conscience » que certains élus voudraient introduire dans la loi pour ne pas être contraints de célébrer de mariages entre personnes du même sexe : «Un maire doit appliquer les lois, en vertu du principe de la laïcité, beaucoup trop négligé aujourd’hui. Il n’a pas à faire intervenir ses convictions religieuses dans l’exercice de ses fonctions. Ou alors il démissionne», déclare-t-il.

La seconde, c’est simplement le réalisme : « Imaginez ce que serait la société française si on n’avait pas réglementé le divorce, la contraception ou l’avortement… En Espagne, où le mariage gay existe, c’est plus la crise financière qui perturbe la société que cette question-là. À cet égard, je préférerais que les évêques français mettent plus leur énergie à lutter contre une société qui détruit des familles et supprime toute perspective à la jeunesse qu’à combattre le mariage homosexuel ». Et il conclut : Même si je comprends leurs réticences, il faut une hiérarchie des urgences…». 

Merci, Monsieur le Maire !

 

Une association laïque accusée de « discrimination »

Photo Union des DDEN 35.

L’affaire a été « dénoncée » par le quotidien régional Ouest-France le 20 avril dernier, et reprise par France-soir le 22.

Quelques mois plus tôt, un an exactement précise Ouest-France (eh oui, c’était en avril 2011 !), Marie-France Beaugendre, institutrice à l’école Saint-Joseph, à Chantepie (35), demande à visiter le « Conservatoire de l’école publique », au centre Alain-Savary de Rennes. Sa demande est refusée.

Le hic, c’est que ce conservatoire a été créé, et est géré par l’Union des Délégués départementaux de l’Education nationale d’Ile et Vilaine. Ces délégués, nommés par les Inspecteurs d’académie, veillent au bon fonctionnement des écoles maternelles, élémentaires et primaires, notamment en participant en tant que membres de droit aux conseils d’écoles. Ils peuvent aussi intervenir auprès des maires pour appuyer une demande ou dénoncer des manquements. Ils sont généralement très attachés à l’école publique, et militent pour la laïcité.

Ceci a permis à la polémique d’enfler rapidement : rendez-vous compte ! des laïcs veulent priver des enfants d’une visite pédagogique au seul prétexte qu’ils viennent d’une école privée ! Nous voilà revenus à la guerre des écoles, au sectarisme. Et l’enseignante de déclarer à Ouest-France : « Est-il concevable qu’en 2012 (ndlr, petit rappel : c’était en 2011) on puisse encore vivre un tel sectarisme et une telle discrimination ? »

Evidemment, vu comme ça… Et c’est bien comme ça qu’Ouest-France et France-soir ont vu la chose.

Maintenant, essayons d’aller un peu plus loin.

Le conservatoire de l’école publique – qui n’est pas un musée – a été créé par l’Union des DDEN 35, qui « a mis en place un projet autour de 2 classes anciennes réalisées dans ses locaux au Centre Alain Savary à Rennes. Ce projet destiné à promouvoir les idées de laïcité et l’école publique laïque reçoit les enfants des écoles publiques d’Ille et Vilaine. Ils sont accueillis en structure classe depuis une quinzaine d’années sans aucun problème et c’est à eux qu’est destiné le projet. Cette année près d’une vingtaine de classes ont été refusées du fait de l’impossibilité pour les bénévoles de répondre à la demande », indique un de ses membres, qui précise : « Depuis plus d’un an la structure est l’objet d’une attaque régulière d’une enseignante de l’enseignement catholique qui a reçu toutes les explications nécessaires sur le caractère associatif et bénévole de la structure et à qui cela s’adressait. Elle vient de trouver un relais auprès du journal Ouest France qui y a vu une occasion de dénigrer une association laïque et le travail qu’elle réalise. »

L’Union des DDEN 35 n’est pas une association fantôme, elle a pignon sur rue, et son site informe le public de ses activités. Sur son site, elle explique et justifie sa position :

« Les écoles privées peuvent, si elles le désirent, organiser leur propre conservatoire. Pourquoi notre association est –elle accusée de « ségrégation » dans cette manchette de Ouest-France ?

DDEN35 est une association de bénévoles qui ne parvient pas à répondre à toutes les demandes des écoles publiques voulant visiter notre conservatoire. Nous ne sommes pas payés pour faire ce travail.

Cette accusation de ségrégation en première page du journal Ouest-France, 700 000 exemplaires le plus fort tirage de notre pays, est disproportionnée et totalement injuste pour les adhérents de DDEN35 qui s’investissent bénévolement dans ce conservatoire de l’école publique. Nos valeurs de laïcité et de défense de l’école publique sont aux antipodes du sectarisme et de la ségrégation dont nous sommes accusés.

Mettre en cause notre association à ce point, ne peut s’expliquer que par la volonté de discréditer les défenseurs du service public et leurs valeurs. La proximité de l’élection présidentielle, dans trois jours, n’est probablement pas anodine. »

L’association, devant le tollé qu’a provoqué d’article d’Ouest-France, a préféré fermer provisoirement le conservatoire, ainsi qu’elle l’explique sur son site :

« Suite aux nombreuses réactions liées à la polémique suscitée par l’article Ouest-France en date du 19 Avril 2012 et devant des demandes de visite parfois très provocatrices, les quelques personnes bénévoles chargées de l’activité du conservatoire sont dans l’incapacité de faire face à cette situation inédite.

En conséquence, le conservatoire de l’école publique est provisoirement fermé.

Nous nous en excusons auprès du public et en particulier auprès des classes que nous devions recevoir prochainement. »

Par ailleurs, L’article paru dans le journal Ouest-France a conduit Rodolphe Bourlett, membre de la section rennaise de la Ligue des droits de l’Homme, et Gérard Hamon et son épouse Martine Hebbrecht, vice-présidente de l’Union des DDEN 35, à réagir : ils ont écrit deux courriers, adressés au journal Ouest-France. Nous les publions ci-dessous avec leur accord.

Courrier de Rodolphe Bourlett :

Liberté. Premier principe du tryptique républicain, elle est le fruit de combats ayant égrenés l’Histoire de notre Nation, des Lumières à la Résistance, en passant par les soldats de l’AnII et les barricades de 1848. Aujourd’hui, nul ne songerait sérieusement à la remettre en cause.

La notion de liberté peut se décliner au pluriel. Nous parlerons alors de libertés. Et voilà qui nous amène au débat lancé par votre journal, dans son édition du jeudi 19 avril. Liberté de presse, liberté de circulation, liberté de conscience, liberté syndicale et associative -œuvres de la IIIème République – et même liberté de l’enseignement. C’est bien de la convergence sur ces notions et leur rencontre que vous avez fait le choix de vous faire l’écho, partisan.

En effet, de quoi est-il question ? D’un côté, un système d’éducation revendiquant sa liberté – son droit le plus naturel, dans un cadre fixé par la loi puisque largement rétribué par les fonds publics – et de l’autre une association loi 1901, en l’espèce la DDEN 35. Son but est d’œuvrer pour l’école publique, l’école de la République. Une visite sur le site Internet de l’association permet de comprendre cela aisément.

Au nom de quelle sacro-sainte idée, une association ne pourrait-elle limiter son accès à une personne ou un groupe ne répondant pas à ses critères fixés dans ses statuts ? Eriger un tel principe remettrait en cause la liberté d’association et la notion même d’association. Sauf à dicter aux dicter aux associations leurs lignes directrices, ceci en violation flagrante de la liberté d’association.

Votre article est outrageusement orienté. C’est votre droit, je respecte la liberté de la presse. Même lorsqu’elle fait état de malhonnêteté intellectuelle. Dans un premier temps, l’enseignante parle de « discrimination ». Il ne peut y avoir discrimination lorsqu’une association refuse une activité en s’appuyant sur l’objet même de sa constitution. Association n’est pas Administration. Et dans un second temps, le « magistrat rennais interrogé » y va de son jugement n’hésitant pas à parler de « sectarisme ». Un petit voyage dans une Histoire de France pas nécessairement si éloignée de nous tempérerait sans difficulté cette erreur de langage, insultant lorsque l’on se prononce sur une association défendant l’héritage de 1789 et sa transmission aux jeunes générations.

Enfin, à la veille de l’élection présidentielle, voilà que ressort, comme par miracle, une histoire remontant à avril 2011. Faut-il y voir une manipulation politique ?

A l’heure où la laïcité et l’école publique – piliers de la République – sont remises en cause, cette attaque portent les habits de la bassesse couvrant des desseins partisans.

Militant républicain, héritier des Ferdinand Buisson et Jean Zay, je ne peux me résigner à voir les valeurs fondant notre modèle social, et les hommes et femmes qui les portent, ainsi traînés dans la boue.

L’image que j’ai de Rennes, c’est celle de la ville où le procès du capitaine Dreyfus fut révisé. Pas celle où des personnes manifestent contre les œuvres de l’esprit.

Courrier de Gérard Hamon et Martine Hebbrecht

La laïcité est action

Ainsi la promotion de la laïcité serait répréhensible ? D’après ce que j’en sais, les Délégués Départementaux de l’Éducation Nationale d’Ille et Vilaine ont créé un conservatoire de l’école publique et laïque afin de valoriser auprès des enfants de ces écoles les valeurs qui la sous-tendent. Qui sont ces enfants ? Tous les enfants que l’école de notre République laïque accueille indifféremment des options linguistiques, philosophiques ou religieuses de leurs parents. En effet c’est bien là un des projets de cette école laïque : apprendre à faire vivre ensemble des futurs citoyens quelles que soient leurs opinions pour autant qu’elles soient respectueuses de la loi. Puisqu’il faut mettre les points sur les « i », mettons les ! La laïcité c’est la volonté de s’organiser en respectant les autres en y associant une règle de moindre contrainte. Prenons un exemple : quand il est question d’avortement, le rôle de notre état laïque est de permettre à toutes les femmes concernées d’en faire le choix ou non en leur donnant la possibilité d’y réfléchir sans contrainte et, si elles le décident, de pouvoir exercer le choix de l’avortement dans les meilleures conditions morales et de santé. En quelque sorte c’est la mise en action d’un droit d’exercice libre et non faussé. Quand monsieur Radzinger rappelle à ceux qui adhèrent à son association que ses règlements ne les autorisent pas à avorter, la République laïque n’a rien à y redire car ce rappel n’est pas contraignant pour ceux qui n’adhèrent pas à ses vues, pas plus d’ailleurs qu’il ne l’est pour ses adhérents. Cependant, quand il incite les adhérents de son association à faire des lois contraignantes pour toute la société, la République laïque ne peut accepter un tel projet. Monsieur Radzinger devrait être poursuivi pour incitation à la dictature morale et physique.

Revenons maintenant à ce qui à provoqué l’ire de quelques uns. Il est certain qu’un tel projet émancipateur et d’organisation d’un vivre ensemble toujours plus fort ne soit pas du goût de ceux qui ont pour projet de partager les futurs citoyens dans des isolats linguistiques, philosophiques ou religieux. Le fait de bénéficier d’une attention bienveillante, quoique surprenante, de notre République laïque, ne leur suffit pas. Tout l’espace occupé par l’École laïque au fonctionnement indifférent aux opinions partisanes les dérange, ils en voudraient plus. Il semble d’ailleurs que nombre parmi eux se soient mépris sur le sens du mot « indifférence » tel qu’il en est usé dans le cadre laïc. Il ne s’agit pas d’une indifférence au devenir de la société, il ne s’agit pas d’une indifférence aux valeurs qu’elle promeut et qui jusqu’à preuve du contraire sont officiellement celles de notre état laïque. La laïcité n’est pas un paillasson sur lequel toutes les opinions partisanes peuvent s’essuyer les pieds, ni un punching-ball dans lequel se défouler. La laïcité n’est pas une clause de style, mais un projet d’action.

Ainsi donc le conservatoire de l’École publique reçoit par ses bénévoles des enfants sans un regard sur l’opinion de leurs parents. Il accueille, quand il en a la capacité, tout citoyen ou groupe de citoyens dans l’indifférence de leurs opinions personnelles pour leur exposer et leur faire revivre de manière critique l’histoire passée et actuelle de l’École publique laïque. Par quels arguments non partisans y aurait-il à y redire ?

Je sais que depuis plus d’un an les responsables du conservatoire sont l’objet de provocations de personnes qui n’admettent pas les principes de laïcité. Ce fait, certes très minoritaire, qui reçoit curieusement l’écoute bienveillante d’un journal dont personne n’ignore les options partisanes à quelques jours d’une échéance électorale importante, ne mérite pas qu’on s’y attarde.

 

L’école laïque remise en cause ? Appel à soutien

A l’initiative du Planning familial, la LDH est signataire de l’appel « L’école laïque remise en cause ? » dénonçant les ingérences récurrentes au sein de l’école de certains courants mettant en cause l’approche de genre, l’homoparentalité, l’éducation à la sexualité…., ce dernier point étant d’ailleurs un domaine où l’Education nationale ne respecte pas ses propres engagements. Des contacts sont pris pour que d’autres organisations se joignent à cet appel.

Le texte de cet appel qui peut être signé en envoyant un mail à l’adresse suivante ecolelaiqueencause@gmail.com. Télécharger l’appel.

Merci de diffuser cet appel largement autour de vous.

Depuis quelques années, mais avec une intensification ces derniers mois, l’Éducation Nationale fait l’objet d’une offensive sans précédent de la part des courants qui tout à la fois remettent en cause l’approche de genre, nient la réalité et la légitimité des familles homoparentales et veulent nous imposer leur vision de la famille traditionnelle comme la seule et unique référence.

Ces mêmes courants de pensée s’opposent à une éducation à la sexualité qui propose, à partir des questions des jeunes, d’aborder sans tabou, les représentations de la sexualité, l’orientation sexuelle et anime des espaces de parole sans juge ment permettant de dépasser les seuls points de vue médicaux, hygiénistes et préventifs, pour privilégier une approche relationnelle de la sexualité.

Aider à construire une identité sexuée débarrassée des stéréotypes par une réflexion sur les rapports sociaux de sexes est une dimension fondamentale de l’accompagnement éducatif. C’est aussi une étape nécessaire pour lutter contre les violences de genre, et dans la marche vers l’égalité entre les femmes et les hommes dans la société.

Dans cette perspective, c’est bien l’ensemble des acteurs de l’Éducation qui est concerné, bien au-delà des seules séances prévues – mais non réalisées d’éducation à la sexualité par la circulaire du 17 février 2003 de l’Éducation Nationale (3 séances par an pour chaque niveau scolaire du CP à la terminale).

Ainsi, les débats qui émergent autour des contenus des programmes témoignent de la volonté d’empêcher les jeunes en milieu scolaire de s’approprier les réflexions et les débats qui se posent dans la société.

La perspective que proposent ces courants de pensée fortement liés aux églises et à leurs valeurs sur les questions de contraception, sexualité, déniant l’apport des connaissances scientifiques, n’a pas de légitimité dans l’école publique.

La laïcité, une des valeurs fortes de l’école, doit garantir à toutes et tous, l’accès aux informations et aux connaissances, la possibilité de débattre pour se construire en citoyen libre et responsable

Nous signataires, qui militons pour une société ouverte et plurielle, ne pouvons accepter ce projet de société et serons vigilantes sur ces enjeux.

On diffuse,

On signe,

On fait signer !

ecolelaiqueencause@gmail.com

L’appel et ses signataires seront remis aux candidat(e)s à la Présidentielle début mars 2012

La Laïcité au cœur du pacte républicain.

Pourquoi  ils soutiennent cet appel

CEMEA

La laïcité est un des principes fondamentaux de notre société, un facteur essentiel d’unité. Elle est auj0urd’hui remise en cause directement par ceux mêmes qui ont mission de la garantir.

Les CEMEA exigent de l’État et de l’ensemble des pouvoirs publics de respecter et de faire appliquer pleinement les principes qui fondent la Laïcité Les CEMEA, pour leur part, continueront d’agir au travers de leurs actions pour une éducation à la mixité, au vivre-ensemble de lutter contre les comportements et les attitudes qui vexent, humilient, stigmatisent les individus repérés comme les plus vulnérables. Pas de mutisme, de l’engagement et du positionnement !

C’est pourquoi les CEMEA signent et appellent à signer.

Ligue de l’enseignement

La Ligue de l’enseignement est un mouvement d’éducation populaire laïque. Engagée au travers de multiples activités culturelles, sportives, sociales… elle considère que la question du genre, de l’égalité entre femmes et hommes, est une question majeure dans la société actuelle. De façon quotidienne, nous travaillons à mettre en œuvre de façon effective ce principe fondamental d’égalité. Pourtant, au sein même de l’École, nous avons à faire face à des remises en cause sournoises et même directes. Même si elles émanent de milieux aussi minoritaires que sectaires, nous les prenons au sérieux. Aujourd’hui ou le désarroi oral et philosophique accompagne les difficultés économiques et sociales, toutes les dérives sont possibles. Nous tenons donc à réaffirmer avec fermeté, avec tous les mouvements progressistes et républicains nos valeurs, en particulier grâce au texte « L’École laïque remise en cause ? »

Fédération Léo-Lagrange

En tant que mouvement d’éducation populaire, la Fédération Léo Lagrange a l’ambition, à travers chacune de ses actions, de développer l’esprit critique et les capacités ai penser le monde. L’éducation à la sexualité est une composante de la construction de la personne et de l’éducation du citoyen. Aussi, elle doit être abordée sans tabou et sans stéréotypes. Dès 1962, la Fédération Léo Lagrange s’est montrée sensible à la question du planning familial. Influencée par Maurice Deixonne, son président de 1950 a 1972, la Fédération prend ainsi position sur le contrôle des naissances et « appuie et encourage ses militants à aider toute initiative sérieuse et désintéressée, tendant à développer le planning familial en France (motion « contrôle des naissances » votée lors du 60 congres de la FLL le 15 avril 1963). Encore aujourd’hui, le programme de lutte contre les discriminations « Démocratie & Courage ! », mis en place depuis 2002, combat les stéréotypes et les préjugés sexistes et homophobes avec sa journée d’intervention « Respect mutuel(le) ». C’est donc tout naturellement que la Fédération s’est portée signataire du texte « L’école laïque remise en cause ? ».

Ligue des droits de l’Homme

Sans parler des réductions drastiques de postes et du recul de la formation des enseignants, la LDH constate que l’Eco1e est confrontée à des offensives récurrentes du gouvernement pour supprimer ou diminuer tel enseignement (en particulier l’Histoire), ou pour orienter le contenu de tel autre. Récemment, on a assisté à des offensives répressives contre l’approche de genre, qualifiée a tort d’idéologie alors qu’il s’agit d’outils d’analyse utilisés désormais par beaucoup de disciplines scientifiques, et que les parlementaires ne sont pas habilités à se mêler des programmes scolaires. En outre, la LDH regrette qu’en matière d’éducation à la sexualité, l’Éducation nationale ne respecte pas les textes qu’elle a elle-même édictés et n’assure pas les heures de cours officiellement obligatoires. L’école est par essence un lieu ou les jeunes doivent pouvoir acquérir des savoirs à partir desquels ils pourront construire leur autonomie, leur individualité, leur liberté et leur esprit critique. Il revient à tout gouvernement d’une République laïque de veiller a ce que ces acquisitions se fassent en dehors de toute pression, notamment a caractère religieux. L’initiative lancée par Le Planning Familial nous semble contribuer a affirmer ces principes ; il est important qu’un maximum de forces se rassemble pour lui donner une large audience et la LDH entend y prendre toute sa place.

Planning familial

Mouvement féministe et d’éducation populaire, Le Planning Familial milite depuis longtemps pour que filles et garcons, femmes et hommes aient acces a une réelle information sur l’ensemble des questions touchant aux sexualites et a l’égalité entre les femmes et les hommes. L’École de la République ne peut être neutre, elle n’est pas « hors » la société mais familial participe de sa construction. C’est un lieu de vie qui vise acquisition des savoirs, développement des savoir être et apprentissage de la vie collective contribuant ainsi a la construction des adultes de demain, de la société de demain. C’est pour cela que nous avons lancé ce texte « École laïque remise en cause ? » et que nous vous invitons à le signer.

Arbre de la laïcité : un communiqué de la LDH Concarneau

La section LDH Françoise-Bosser de Concarneau réagit, dans un communiqué, au saccage de l’arbre de la Laïcité planté square de Filets-bleus :

Arbre de la laïcité dépouillé de ses symboles républicains  à Concarneau : signature  ou récupération d’autonomistes en quête d’existence ?

Le saccage de l’Arbre de la laïcité aurait créé une « divine surprise » chez les courageux anonymes du site Breiz Atao dont les continuelles incitations à la haine raciale et à la violence ont déjà fait l’objet de nombreuses plaintes auprès du Procureur de la République…Ce sont , en tout cas, les mots que  l’on peut  lire sur ce site où l’on se réjouit de la destruction d’un « totem républicain »…et où l’on fait  la promotion d’un code de l’honneur plus proche des systèmes terroristes ou mafieux que des valeurs… républicaines !

Cette attitude n’est évidemment pas une surprise pour les défenseurs des Droits de l’ Homme et de la République indivisible, laïque et sociale, mis en cause sur ce site. Elle relève d’une triste et affligeante  banalité et, si elle nous inquiète, aujourd’hui comme hier, c’est parce qu’elle est une nouvelle fois révélatrice de cette poussée de l’intolérance qui accompagne la montée de la crise, réveillant et redonnant de la vigueur  aux intégrismes de tout bord, utilisant la démocratie qu’instaure la République pour mieux la détruire…

Ces courageux anonymes qui revendiquent leur droit à la différence et leur liberté d’expression ont certainement  pleinement conscience qu’ils refusent à autrui ce qu’ils exigent pour eux-mêmes.

Face à l’expression de la  haine, ne serait-ce que verbale, nous continuons, leur en déplaise , à affirmer que la laïcité qui crée les meilleures conditions de notre « vivre ensemble » dans le strict respect de la liberté de conscience, doit rester la clef de voûte de notre système républicain. Les déchaînements de violence à l’échelle de la planète, encouragent même à penser que , tel  le bonheur dans les propos de Saint-Just,  « c’est une idée neuve … ». La laïcité n’a, après tout , encore  que 106 années d’existence !

Concarneau : planté samedi, l’arbre de la laïcité vandalisé dimanche

Depuis trois ans, le mouvement laïc commémore l’anniversaire de la séparation de l’église et de l’Etat en plantant des arbres de la laïcité le 9 décembre. Un tradition naissante, inspirée des arbres de la liberté qui datent de la révolution française.

C’est ce qu’a fait l’amicale laïque de Concarneau, samedi 10 décembre, en plantant un arbre, square des Filets-bleus. Sur les branches de l’arbre, les participants avaient accroché des textes sur la laïcité.  Et lundi matin, l’arbre a été retrouvé vandalisé, les textes ayant été arrachés. Ce qui réjouit bien entendu les nazillons de Breiz atao, qui titrent sur le site : « Divine surprise à Concarneau » et conclut : « En terre chouanne, il y a encore de l’honneur chez les Concarnois pour ne pas se laisser embrigader d’une façon aussi grossière par des nostalgiques de 1793 ».

Pierre Bleuzen, président de l’Amicale laïque de Concarneau, ne comprend pas ce geste.

Ce vandalisme ridicule apporte une nouvelle preuve de l’actualité de la défense de la laïcité, attaquée de toute part, y compris au sommet de l’Etat. Les gesticulations des catholiques intégristes contre des pièces de théâtre participent de cet acharnement contre ce pilier de la République qu’est la laïcité.

On ne s’étonne donc pas que la Ligue des droits de l’Homme participe à ce combat. Ci-dessous, vous pouvez lire le discours de Michelle Dalloz, présidente de la section LDH « Françoise-Bosser » de Concarneau lu qu’a lu Jean-Paul Guyader pendant la cérémonie. Le site « Laïcité aujourd’hui » vous fait découvrir les textes qui avaient été accrochés à l’arbre.

Fête de la laïcité, samedi 10 décembre 2011, Concarneau

Un temps oubliée, ringardisée, la laïcité se retrouve aujourd’hui propulsée sur le devant de la scène.

Toilettée, relookée, affublée d’adjectifs ( ouverte, plurielle, positive…) qui, loin  d’en rehausser l’éclat  en affaiblissent la portée, elle effectue un « come back » des plus décevants,  devient, en quelque sorte  la valeur à la mode non pour  le meilleur, sinon   rarement, mais si l’on n’y prend pas garde, pour le pire…

De tout côté, y compris  et surtout du côté des plus extrêmes, Front National et Droite dite Populaire, on la revendique, on  la brandit tels le pieu et la gousse d’ail,  à l’encontre de Musulmans systématiquement  identifiés à la forme la plus intégriste de leur religion,  devenus,  en quelque sorte, les vampires des temps modernes.

Respectueuse de la laïcité pour ce qu’elle est, c’est à dire  valeur d’intégration et non de division ou d’exclusion, valeur fondatrice des conditions du vivre ensemble, la Ligue des Droits de l’Homme refuse de se laisser enfermer dans le pseudo débat d’une lutte d’influence entre République et Islam.

Ce qui la préoccupe, c’est,  accompagnant la  montée de la crise,  la poussée de l’intolérance, qui n’est pas le fait de l’Islam exclusivement, on a pu s’en rendre compte récemment :

  • avec la destruction du siège de Charlie Hebdo dont les auteurs ne sont pas ,à ce jour,  identifiés,
  • les obstructions violentes apportées par des intégristes catholiques aux représentations de la pièce de Castellucci dans un Etat où le blasphème n’est , cependant, heureusement pas un délit,
  • les déclarations de Christine Boutin pour que l’enseignement du genre soit retiré des programmes de l’enseignement secondaire, « posant à la fois le problème du statut et de la scientificité des savoirs à l’école et celui de  leur indépendance par rapport à l’appareil d’État » ( Alain Bondeelle).

Atteintes successives à la liberté d’expression et de conscience, replis identitaires, promotion démagogique , à des fins électoralistes, d’une laïcité de combat,… Pour la LDH, ce qui est en cause dans les débats actuels, ce n’est pas la religion- qu’on la prône ou qu’on la rejette, dans un paysage social aujourd’hui fortement sécularisé-, mais la démocratie et en particulier, les tentatives d’empiétement du religieux sur l’espace politique, en réaction à l’abandon progressif par l’Etat, de ses missions sociales.

« L’Etat  n’aurait plus autant  d’argent dans  ce qui pourtant concerne  tous les citoyens : santé publique, école publique, culture de haut niveau pour chacun, logements décents pour tous,énergie et communication accessibles à tous, humanisation des espaces urbains, s’étonnait déjà H. Pena-Ruiz en 2006, avant de conclure :   «  c’est en solidarisant l’affirmation de l’idéal laïque et celle d’un Etat promoteur de la justice sociale qu’on rendra crédible la dimension émancipatrice de la République ».

La question de la laïcité est pour la LDH inséparable de la question de la fragmentation sociale.

C’est pourquoi nous emprunterons aujourd’hui notre conclusion à Jean Jaurès en rappelant que le principe laïque n’ayant pas à être un dogme, mais une dynamique conduisant vers la liberté, il doit être prolongé par l’émancipation sociale.

La question reste de savoir si nous sommes tous prêts, dans un pacte social renouvelé,  à réaffirmer le lien entre République laïque et République sociale.