Non à l’enfermement des enfants !

En 2010, 358 enfants ont été enfermés dans des centres de rétention administrative. 80% d’entre eux avaient moins de 10 ans, et en janvier 2011, un bébé de 3 mois a été enfermé au CRA de Rennes Saint-Jacques. Toujours en 2010, 518 autres enfants ont été retenus en « zones d’attente » (zone destinée à retenir les étrangers, la plupart du temps dans les aéroports, voir détail en bas de page).

Il y a quelques jours, l’observatoire de l’Enfermement des Etrangers et le Réseau Education Sans Frontières a réuni deux cents personnes à la Bourse du Travail, à Paris. Elles ont lancé un appel contre l’enfermement des enfants, et une pétition est en ligne sur le site de RESF. Lire aussi ici.

Télécharger le texte de l’appel.

Signer la pétition.

Réseau Éducation Sans Frontières (RESF)

Observatoire de l’enfermement des étrangers (OEE*)

Il faut en finir avec l’enfermement des enfants étrangers !

165 en 2004,

242 en 2007,

318 en 2009,

356 en 2010.

C’est le nombre d’enfants privés de liberté parce que leurs parents sont sans papiers. Au motif que leur situation administrative n’est pas a jour — c’est la leur seul crime — de plus en plus de familles sont aujourd`hui détenues dans des centres de rétention administrative (CRA). Ce sont parfois de très jeunes enfants : 80% de ceux qui sont enfermés en CRA ont moins de 10 ans. Et encore ces chiffres sont bien plus conséquents si l’on prend en compte l’Outre—mer: dans la seule petite ile de Mayotte, en 2010, 6400 mineurs ont été éloignés de force.

En zone d’attente1, selon les chiffres du ministère de l’intérieur, 1038 mineurs étrangers isoles (sans leurs parents) ont été bloqués à la frontière française en 2008, 698 en 2009 et 518 en 2010 (parmi lesquels 101 ont été refoulés). Les enfants de 13 a 18 ans sont généralement enfermés dans les mêmes locaux que les adultes.

Priver de liberté des dizaines de milliers d’étrangers – parfois jusqu’a 45 jours – pour des raisons administratives est l’affichage le plus visible de la politique du gouvernement en matière d’immigration et de ses objectifs chiffrés. L’ouverture, en aout 2011, de 40 places pour les familles et l’installation de structures d’accueil et aires de jeux dans le nouveau CRA du Mesnil-Amelot, envoient le signal d’une augmentation voulue et programmée de l’enfermement des enfants. Tires du lit au petit matin ou arrêtes avec leur père, leur mère, leurs frères et sœurs, séparés de leurs amis, privés d’école, ces enfants s’en remettront-ils ? Ils sont enfermés près des aéroports, gardés par des policiers, derrière des grillages, à chaque déplacement ils voient devant eux leurs parents menottés. La peur de l’expulsion ne les lâchera plus.

L’enfermement des enfants et des mineurs étrangers, seuls ou avec leurs parents, heurte les principes protégés par des textes internationaux dont la Convention Européenne des Droits de l`Homme (CEDH) et la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE). Le Comité des droits de l’enfant des Nations unies rappelle régulièrement la France a l’ordre à ce sujet. En vain : ne serait-ce que pendant l’été 2011, des dizaines d’enfants ont été arrêtés à leur domicile avec leurs parents, et placés en rétention.

Nous exigeons que cesse immédiatement et définitivement l’enfermement des enfants et mineurs étrangers.

PREMIERS SIGNATAIRES:

Dominique Attias, avocate, membre du Conseil national des Barreaux en charge du groupe de reflexion sur le Droit des Mineurs, Geneviève Brisac, éditrice pour enfants et adolescents a l‘École des Loisirs, écrivain, Claire Brisset, ancienne Défenseure des enfants, Boris Cyrulnik, neuropsychiatre, Jacques Hintzy, Président de l’Unicef France, Pierre Joxe, avocat au Barreau de Paris, membre de l’Antenne des mineurs, Premier président honoraire de la Cour des comptes, Marie-Rose Moro, Professeure de pedopsychiatrie, Paris Descartes, Georges Picherot, chef de service de pédiatrie au CHU de Nantes, Jean-Pierre Rosenczveig, magistrat, président de Défense des Enfants International – France, Didier Sicard, président d’honneur du Comite consultatif national d’éthique, Catherine Sultan, présidente de l’association française des magistrats de la jeunesse et de la famille.

*Sont membres de l‘Observatoire de l’Enfermement des Étrangers (OEE) :

ACAT-France, Avocats pour la défense des droits des étrangers (ADDE), Anafe, Comede, Emmaùs France, Fasti, Gisti. La Cimade, Ligue des droits de l’homme, MRAP, revue Pratiques, Syndical des avocats de France (SAF), Syndicat de la magistrature (SM), Syndicat de la médecine générale (SMG), le Secours Catholique.

Février2012

(Les zones d’attente sont des espaces dans lesquels les étrangers arrivant en France attendent que l’on décide de les autoriser (ou non) à entrer sur le territoire national. Elles sont situées dans les aéroports, les ports, les gares qui desservent l’international. Ces espaces ne sont pas considérés comme des portions du territoire français, et du fait de cette fiction juridique les étrangers qui s’y trouvent ne sont pas considérés comme officiellement en France. Leurs droits s’en trouvent donc restreints.)

Le texte de la question de Serge Letchimy au 1er ministre

On en a beaucoup entendu parler, mais en fait, sait-on exactement ce qu’a dit Serge Letchimy, député de la Martinique, dans la question qu’il a posée au premier ministre, à l’Assemblée nationale ? On peut trouver ce texte sur le site du député.

Laurent Binet, journaliste, en fait une analyse très intéressante sur son blog. Pourquoi en effet reproche-t-on à Serge Letchimy de rappeler simplement que les propos de Guéant sur les civilisations qui ne se valeraient pas toutes, en rappellent d’autres, qui ont contribué abouti à l’apparition du nazisme ? Personne ne s’offusque qu’on le fasse quand il s’agit du front national !

Une pétitition de soutien à Serge Letchimy est en ligne : signez là !

Voici donc le texte de l’intervention de Serge Letchimy.

Monsieur le Premier ministre,

Nous savions que pour M. Guéant, la distance entre « immigration » et « invasion » est totalement inexistante, et qu’il peut savamment entretenir la confusion entre civilisation et régime politique.

Ce n’est pas un dérapage !

C’est une constante parfaitement volontaire !

En clair : c’est un état d’esprit et c’est presque une croisade!

Mr guéant, vous déclarez, du fond de votre abîme, sans remords ni regrets, que «toutes les civilisations ne se valent pas ». Que certaines seraient plus « avancées » ou « supérieures » à d’autres.

Non, monsieur Guéant, ce n est pas du bon sens» !

C’est simplement une injure faite à l’homme !

C’est une négation de la richesse des aventures humaines !

Et c’est un attentat contre le concert des peuples, des cultures et des civilisations !

Aucune civilisation ne détient l’apanage des ténèbres ou de l’auguste éclat !

Aucun peuple n’a le monopole de la beauté, de la science, du progrès, et de l’intelligence !

Montaigne disait que « Chaque homme porte la forme entière de l’humaine condition ».

J’y souscris.

Mais vous Mr Guéant, vous privilégiez l’ombre !

Vous nous ramenez, jour après jour, à ces idéologies européennes qui ont donné naissance aux camps de concentration, au bout du long chapelet esclavagiste et colonial.

Monsieur Guéant le régime nazi, si soucieux de purification, si hostile à toutes les différences, était-ce une civilisation ? La barbarie de l’esclavage et de la colonisation, était-ce une mission civilisatrice ?

Il existe, M. le Premier Ministre, une France obscure qui cultive la nostalgie de cette époque que vous tentez de récupérer sur les terrains du front national.

C’est un jeu dangereux et une démagogie inacceptable.

Mais, il en existe une autre vision : celle de Montaigne, de Montesquieu, de Condorcet, de Voltaire, de Schœlcher, de Hugo, de Césaire, de Fanon, et de bien d’autres encore !

Une France qui nous invite à la reconnaissance que chaque homme, dans son identité et dans sa différence, porte l’humaine condition, et que c’est dans la différence que nous devons chercher le grand moteur de nos alliances !

Alors monsieur le premier ministre : Quand, mais quand donc votre ministre de l’intérieur cessera t-il de porter outrageusement atteinte à l’image de votre gouvernement et à l’honneur de la France ?

Serge LETCHIMY, Député de la Martinique.

Jean-Pierre Rosenczvieg à Rennes : la vidéo

Soirée exceptionnelle hier à Rennes : la section locale de la ligue des droits de l’Homme et la Ligue de l’enseignement avaient invité Jean-Pierre Rosenczvieg, président du tribunal pour enfants de Bobigny, à une conférence sur le thème « justice pour enfants et politique sécuritaire ». Un exposé remarquable, qui a passionné le public nombreux (près de 150 personnes).

La vidéo sera publiée en trois parties d’environ 30mn chacune.

Plutôt que lire des commentaires, lisez la première vidéo en cliquant sur l’image.

httpv://www.youtube.com/watch?v=2NMStFelt3M

Accusé d’être un « Anonymous » : un nouveau « Tarnac » ?

Tout le monde se souvient de l’affaire de Tarnac : de dangereux terroristes camouflés en épiciers dans un village perdu, et qui sabotaient les voies ferrées… D’autant plus suspect que, pensez-donc, ils n’avaient pas de téléphones portables… Le village avait été envahi de cars de police un beau matin, pour l’interpellation de ces dangereux individus…

Samedi 28 janvier, une affaire rappelant fortement celle-là s’est déroulée à Loudéac. La DCRI a arrêté Pierrick Goujon, un jeune homme d’une trentaine d’année. Elle le soupçonne d’être un « anonymous », c’est à dire un de ces « pirates » qui attaquent les sites Internet institutionnels (ministères, gouvernements etc) ou d’entreprise, lorsque la liberté est menacée sur le net. C’est ce qui s’est passé après la fermeture du site « megaupload » par le FBI, récemment ; le site de l’Elysée avait été attaqué, à la suite de la prise de position du président de la République, favorable à cette fermeture. Pierrick Goujon est plus précisément accusé d’avoir participé à l’attaque du site de l’EDF.

Sauf que Pierrick Goujon crie son innocence. Après 60 heures de garde à vue, il a pu rentrer chez lui, et il est maintenant assigné à résidence, avec interdiction de quitter la France.

La similitude avec Tarnac ? Un déploiement de force démesuré (trois véhicules de police, une dizaine d’hommes), et le profil de la personne interpellée : Pierrick Goujon a un parcours atypique. Il a notamment été adepte du « freeganisme » : les « freegans », en français « déchètariens », récupèrent la nourriture récupérable dans les poubelles, et s’en nourrissent. Alors, évidemment, il ne pouvait qu’être suspect.

Il raconte son interpellation et sa garde à vue dans deux articles qu’il a publiés sur son site, et ça vaut le détour : ça se trouve , et .

On peut aussi lire cet article sur le site Owni. Ici un dépêche AFP relatant l’affaire à sa manière, et là une autre dépêche AFP, de 2007, parlant des activités « déchètariennes » de Pierrick Goujon.

28 janvier : journée de la protection des données personnelles

C’est le Conseil de l’Europe qui l’a institué : la journée de la protection des données, c’est aujourd’hui, samedi 28 janvier.

Ce thème ne mobilise pas les foules, et bon nombre de personnes ne s’inquiètent pas du fait que dès qu’elles se lèvent le matin, elles sont pistés, où qu’elles aillent, quoiqu’elles fassent. Tentons un inventaire.

Je pars au travail en voiture, je me gare : parcmètre. Paiement par carte : mes coordonnées bancaires sont enregistrées, ainsi que l’heure et la durée de mon stationnement. On pourra savoir où j’étais.

Je me connecte à Internet : le pistage continue,et selon la nature des sites que je consulte, de nouvelles données me concernant seront collectées. On pourra savoir quels sites j’ai visités, d’où, à quelle heure…

Je téléphone avec mon portable : je suis géolocalisé. On pourra savoir qui j’ai appelé, quand, où, combien de temps.

Et on pourrait continuer : carte vitale, carte de transports, cartes de fidèlité…

Anodin tout ça ? à voir !

Laure Heinich-Luijer et Karine Bourdié, avocates, signent ce matin dans Libération un papier passionnant, intitulé « pour vivre peureux, vivons fichés », qui analyse ces dérives inquiétantes, et notamment le fichage ADN, qui, sous prétexte de lutter contre la criminalité, la pédophilie et autres monstruosités, était destiné au départ aux auteurs de délits et crimes sexuels, s’est élargi sournoisement, pour être appliqué aujourd’hui aux personnes simplement soupçonnées d’infraction.

Les auteures de l’article se désolent du peu de mobilisation autour de ces problèmes. Il sont pourtant au cœur des préoccupations de la Ligue des droits de l’Homme, et notamment de son groupe de travail « Libertés et technologies de l’information et de la communication ». Contrairement à ce que son intitulé pourrait laisser supposer, son champ d’investigation ne se limite pas à l’informatique et Internet : il se préoccupe également de la vidéo-surveillance (ça c’est devenu un gros mot ! en « novlangue », on dit vidéo-protection, ou, encore plus fort, vidéo-tranquilité…), et d’une façon générale du fichage.

ACTA, la nouvelle menace sur Internet

Pierre Valet, ligueur de la section Cannes Grasse, nous alerte sur les menaces que font peser sur l’Internet mondial des projets portés par les Etats-Unis. Voici, avec son accord, deux articles qu’il a consacrés à ce sujet.

Les adeptes d’un usage libre de l’Internet aux US se sont insurgés dès novembre 2011, contre deux projets de loi qui risquent de restreindre l’accès à la Toile.

À l’origine, le lobbying des puissantes industries du cinéma et du disque qui entendent lutter contre le piratage et le téléchargement illégal de contenus protégés par la loi américaine sur les droits d’auteurs. Les « sites voyous », tels The Pirate Bay mais aussi tout site coupable de la moindre infraction à la propriété intellectuelle, même sous la forme d’un renvoi hyperlien deviendraient ainsi la cible du législateur qui pour ce faire envisage tout un arsenal technique, dont le blocage DSN empêchant un navigateur de référencer une page Web, qu’elle soit domiciliée aux Etats-Unis ou à l’étranger.

Le Stop Online Piracy Act (SOPA), présenté à la Chambre des représentants en octobre dernier par l’élu républicain du Texas, Lamar Smith, permet par exemple au procureur d’ordonner à une entreprise de rompre tout lien avec un site ne respectant pas les droits d’auteurs. Tollé du côté des adeptes du surf libre mais aussi des industriels du Web américain : imaginez que eBay ou Pay Pal soient visés!!

Du coup cet élu a annoncé le 13 janvier le retrait de la disposition la plus discutée relative au blocage des sites aux fournisseurs d’accès. Un report du vote de la loi a  été obtenu, il présenterait un nouveau texte à la Chambre des représentants courant février 2012…

Le Protect Intellectual Proprety Act (PIPA) a été déposé auprès du Sénat américain au cours du mois de mai par le démocrate Patrick Leahy. Il reprend globalement les mêmes dispositions que le SOPA et doit normalement être discuté et voté ce 24 janvier (d’où la pétition et l’urgence). Car la reculade du SOPA, et les protestations officielles d’un grand nombre de sénateurs républicains relayant les craintes de leurs électeurs, pourraient entraîner sa révision et l’abrogation des mesures les plus « liberticides (ce que nous voulons).

Que dit Barak Obama ?

Même si ces deux projets venaient à être adoptés par le Congrès,  passeraient-ils  au travers du veto présidentiel ? On peut en douter puisqu’un communiqué de la Maison Blanche dit « (…) le piratage sur Internet est un grave problème qui nécessite une réponse législative sérieuse, mais nous ne soutiendrons pas une législation qui réduit la liberté d’expression, augmente les risques pour la sécurité cybernétique et sape le dynamisme et le caractère innovant de l’Internet mondial ». Mais qui va succéder à B. Obama ?

Même Microsoft soutient la Maison Blanche !

La Business Software Alliance (BSA), d’abord favorable aux deux projets, a fini par faire machine arrière et  demande la révision des textes.

Facebook, Twitter et Ebay ont signé en novembre 2011 une lettre ouverte très critique dans le New York Times,

Sony et Nintendo ont annoncé ne plus soutenir SOPA.

Google USA a affiché un bandeau noir sur son logo toute la journée du 18 janvier,

Le même jour l’encyclopédie libre participative Wikipédia a carrément mis en blackout ses pages anglaises et américaines, relayée en France par des sites professionnels…

Pierre Vallet, dans un autre article, poursuit :

La mobilisation des internautes pour la neutralité du net a déjà porté ses fruits. Ainsi alors que le Congrès américain allait adopter une loi permettant aux États-Unis de censurer l’accès à n’importe quel site internet dans le monde entier, une pétition de plus d’1,2 millions de signatures adressée à la Maison Blanche, a conduit le Congrès à s’opposer au texte. Mieux plusieurs partisans du projet de loi ont changé leur position. Et le mouvement de blackout mené par Wikipédia a propulsé la campagne citoyenne à la une des médias.

Hélas les partisans de la censure essaient de remettre le projet de loi sur la table. C’est pourquoi une nouvelle pétition déjà signée par plus de 2,8 millions d’internautes dans le monde est de nouveau accessible :

http://www.avaaz.org/fr/save_the_internet_action_center_fr/?cl=1522640242&v=12114

Si vous avez déjà signé, envoyez des emails, téléphonez et postez des messages sur les pages Facebook et Twitter des membres du Congrès et des entreprises clés.

Le projet de loi d’anti-piratage sur Internet (SOPA) et le projet de loi de protection des adresses IP (PIPA) autoriseraient le gouvernement américain à bloquer pour chacun d’entre nous l’accès à des sites tels que YouTube, Google, ou Facebook. Et plus tard, pourquoi pas, qui peut le plus peut le moins, à Mediapart, a@i, ldh-france.org etc… Ce projet de loi ferait des États-Unis une nation pratiquant la censure dans le monde comme la Chine ou l’Iran le font déjà chez eux et comme la France y va lentement mais sûrement depuis 5 ans.

C’est à l’ensemble de nos libertés que cette législation américaine s’attaque. Montrons que lorsque les citoyens du monde s’unissent, ils peuvent empêcher les abus de pouvoir. Mettons un terme à la plus grande menace de censure d’Internet que le monde ait connu.

Où en est-on aujourd’hui ?

Le collectif Avaaz lance une nouvelle pétition, auprès cette fois de l’Union européenne, qui doit prendre position en ce moment pour ou contre l’ACTA. En voici le texte :

La semaine dernière, 3 millions d’entre nous ont repoussé l’attaque des États-Unis sur notre Internet! Mais un danger encore plus grand nous menace, et notre mouvement mondial pour la liberté en ligne est prêt à tout pour le neutraliser pour de bon.

L’ACTA, un traité mondial, pourrait permettre à de grandes entreprises de censurer Internet. Négocié en secret par un petit nombre de pays riches et de puissantes entreprises, ce traité mettrait en place un organisme de l’ombre anti-contrefaçon permettant à des intérêts privés de surveiller tout ce que nous faisons en ligne. Il leur donnerait aussi la possibilité d’imposer des sanctions très sévères – allant jusqu’à des peines de prison – contre les personnes coupables selon eux de nuire à leur activité.

L’Union Européenne est en train de décider de ratifier ou non l’ACTA — et son refus mettrait en échec cette attaque mondiale sur l’Internet libre. Nous savons qu’elle s’est opposée à l’ACTA auparavant, mais certains députés européens hésitent — donnons-leur le soutien dont ils ont besoin pour rejeter le traité. Signez la pétition dès maintenant — nous la remettrons de manière spectaculaire à Bruxelles lorsque nous aurons atteint 500 000 signatures!

Cliquer ici pour signer la pétition.

C’est scandaleux — les gouvernements des quatre cinquièmes de la population mondiale ont été exclus des négociations sur l’Accord Commercial Anti-Contrefaçon (ACTA) et des bureaucrates non-élus ont travaillé en étroite collaboration avec les lobbyistes des grandes entreprises pour élaborer de nouvelles règles et un régime d’application dangereusement contraignant et puissant. L’ACTA serait appliqué dans un premier temps aux États-Unis, dans l’UE et neuf autres pays, puis son application s’étendrait au monde entier. Mais si nous persuadons l’UE de ne pas le ratifier aujourd’hui, le traité perdrait son élan et pourrait être stoppé pour de bon.

Cette réglementation serait extrêmement sévère: elle pourrait punir les citoyens partout dans le monde pour des activités banales telles que partager un article de journal ou mettre en ligne la vidéo d’une fête où on entendrait de la musique dont les droits sont protégés. Vendu comme un accord commercial protégeant les droits d’auteur, l’ACTA pourrait aussi conduire à l’interdiction de médicaments génériques de premier secours et menacer l’accès des agriculteurs aux semences dont ils ont besoin. Et plus incroyable encore, le comité ACTA aurait carte blanche pour modifier ses propres règles et sanctions, sans aucun contrôle démocratique.

De grandes entreprises font tout leur possible pour que cela devienne réalité, mais le Parlement de l’UE se trouve sur leur chemin. Appelons fermement les députés européens à tenir tête aux lobbies et à adopter une position ferme pour un Internet libre. Signez la pétition et partagez-la avec tous vos contacts:

Cliquez pour signer la pétition!

La semaine dernière, nous avons vu la force de notre pouvoir collectif lorsque des millions d’entre nous ont uni leurs forces pour empêcher les États-Unis d’adopter une loi sur la censure qui aurait frappé Internet en plein cœur. Nous avons aussi montré au monde combien nos voix peuvent avoir de force. Faisons-les résonner à nouveau pour contrer cette nouvelle menace.

La société des inégaux, ou la déstructuration sociale, par Dominique Guibert

Dominique Guibert à la tribune du congrès de Reims en juin 2011

Dans une tribune intitulée « La société des inégaux, ou la déstructuration sociale », publiée dans l’Humanité dimanche du 22 décembre, Dominique Guibert, secrétaire général de la Ligue des droits de l’Homme, revient sur quelques décisions ou propositions gouvernementales récentes.

Dans un pays où les crédits destinés au logement d’urgence n’ont pas été entièrement consommé, il est proposé par un membre du gouvernement, Valérie Pécresse, d’affecter le solde à l’achat de gilets pare-balles… Une preuve, s’il en fallait, que ce pays va mal. Cela montre à quel point le fossé entre ceux qui gouvernent la France et le peuple est abyssal.
Par Dominique Guibert, secrétaire général de la Ligue des droits de l’Homme.

Dans ce pays, un ministre propose l’illégalité de détourner la finalité de certains fichiers électroniques pour gérer la fraude aux allocations sociales censée attirer les immigrés…
Dans ce même pays, on généralise la délation et la création de véritables patrouilles miliciennes. Le nom de l’une est « participation citoyenne », le nom de l’autre « voisins vigilants »…
Enfin, un autre ministre a dénoncé la société d’assistanat et ses nombreux profiteurs, ces personnes qui, avec 500 euros de RSA par mois, grèvent le budget et nourrissent sans doute la dette.

Ces événements sont assez éclairants de l’écart avec le réel. Reprenons-les.

L’urgence sociale. L’un des derniers rapports de la Cour des comptes souligne sévèrement la faiblesse des moyens pour faire face à l’urgence en matière de logement. Toutes les associations qui agissent sur ce terrain savent que la majorité des arrivants dans le sans-logement ou le mal-logement sont des familles de « travailleurs pauvres » qui vivent dans l’attente angoissée d’un lendemain sans visibilité. La crise est sans doute pour  tout le monde, mais à tout le moins la vulnérabilité est différentielle.

L’accueil des étrangers. Les rapports des experts soulignent que l’immense majorité des migrations sont intrazones et que les immigrés, réfugiés, demandeurs d’asile, dont on dénonce le nombre, ne sont qu’une minorité qui ne deviennent des « sans papiers » que devant la contraction des conditions d’accueil qui leur sont fates, alors même qu’ils ne prennent ni le travail, ni la place de personne. À moins de dire que le partage se fait à due concurrence entre les pauvres et les très pauvres, les « sans papiers » sont une construction politique, pas le résultat d’une invasion sauvage.

Le contrôle généralisé. Alors que les services publics subissent les coupes claires de la révision générale des politiques publiques (RGPP), y compris même les services de sécurité, quel meilleur moyen de faire d’une pierre deux coups que celui de faire de la population les acteurs de la surveillance de proximité puisque l’on a supprimé l’idée que la police du même nom servait à quelque chose ? Se dessine alors un triptyque : le développement des fichiers électroniques débarrassés des contraintes voulues pourtant par le législateur ; l’organisation d’une surveillance de premier niveau par l’enrôlement de la population dans le contrôle mutuel ; enfin l’utilisation maîtrisée de la police et de la gendarmerie.

L’assistanat social. Haro sur la fraude ! Les chiffres des organismes sociaux démontrent pourtant qu’elle est faible par rapport aux fraudes organisées par les vrais délinquants et celles perpétrées par les employeurs indélicats. Et tout dernièrement, le rapport de la commission d’évaluation du RSA a souligné que la majorité des bénéficiaires potentiels du RSA activité ne font pas la demande et qu’une forte proportion de celles et ceux qui pourraient prétendre au RSA socle l’ignore… Et le ministre menteur peut parler des droits et des devoirs de la conditionnalité des uns par rapport aux autres, alors que les faits n’en démontrent pas la matérialité.

Dans cette France du nouveau mensonge déconcertant, on peut craindre que s’installe une société des inégaux, où les 10% des ménages les plus riches possèderont 50% des richesses alors que 50% des ménages les plus pauvres ne possèderont que de 10% des richesses. Sans parler de l’infime minorité des 0,1% de prédateurs qui concentrent une telle masse de revenus et de patrimoine que le sens commun n’arrive pas à percevoir l’utilité sociale d’une telle accumulation. Or, pour protéger les uns de la rage des autres, il faut faire croire que les uns et les autres ont une identité commune à défendre. Et pourtant comment faire société si les comportements des uns sont si éloignés de la survie des autres ? Comment oser parler de cohésion sociale à retrouver quand la crise fait le bonheur de quelques-uns et le malheur de tous les autres ? Quand la concentration des richesses est telle qu’il ne peut plus y avoir de valeurs communes ? Quand la dérisoire équation des revenus est que les uns gagnent en quelques heures ce que certains mettent une année à gagner ?

Il y faudra de la solidarité pour que l’on retrouve des égaux dans la société. C’est du charabia de « bonnes âmes », me dira-t-on ? Être  une bonne âme qui s’occupe des pauvres diables, ça me plaît bien. Pas vous ?

Dominique Guibert

Les cadeaux de Noël de Monsieur Guéant

On savait bien qu’on pourrait compter sur Guéant pour qu’il s’occupe du Noël des demandeurs d’asile et des sans-papiers. Et puis on savait bien également que c’est un homme consciencieux : il a des objectifs à tenir. On avait raison d’avoir confiance : le ministre de l’intérieur termine l’année en beauté. Le dernier communiqué du Réseau éducation sans frontière est édifiant. N’hésitez pas à signer les pétitions, et à écrire aux adresses indiquées.

Il ne reste plus que quelques jours au ministre de l’intérieur pour remplir ses objectifs, et aux préfets pour afficher leurs chiffres. Une prime de fin d’année, ça ne tombe pas tout seul, (même si officiellement cela n’a rien à voir avec le rendement en matière d’expulsion), il faut se retrousser les manches, enfermer et expulser, enfants, parents, Roms, malades, et tout étranger qui comme chacun le voit bien, menace l’ordre public et le rétablissement de l’équilibre financier de notre pays.

Des enfants arrachés à leur école et placés derrière des grillages, un enfant séparé de son père et qui ne sait pas s’il le reverra demain, voilà quelques-unes des violences que ce gouvernement revendique dans son bilan.

1/ 4 enfants Roms toujours en rétention à Oissel, 4 enfants expulsés

8 enfants de 4 familles Roms de Roumanie (7 adultes), ont été cueillis le 15 décembre à 6 heures du matin par la Police de l’Air et des Frontières, arrachés à leurs camarades d’école et à leurs enseignants et internés au Centre de Rétention Administrative d’Oissel (76), loin de leur foyer du Centre d’hébergement le Forum de Besançon. L’un d’eux est parti sans son père, seule sa mère faisait partie du voyage. Oissel, il connaît, puisqu’en septembre il y avait déjà suivi sa mère lors d’une précédente tentative d’éloignement. Les 7 autres accompagnent maman et papa – on ne sépare pas les familles, on est humain ! -dans cette galère de l’éloignement que nous préférons appeler EXPULSION, ce mot cinglant parlant mieux à nos oreilles.

Ces 4 familles faisaient partie des Roms de Roumanie pris en charge depuis un an par les services sociaux de Besançon, enfants scolarisés, parents suivis dans le cadre d’une politique d’insertion menée par les travailleurs sociaux, pour trouver du travail et, pour certains d’entre eux, se soigner des maux de l’errance et de la galère. Mais le préfet en a décidé autrement. Il fait fi de tout ce travail, de la santé de ces familles, de la scolarité de leurs enfants ! Le référé déposé pour obtenir la libération des enfants a été refusé. Et le 20 décembre, deux des 4 familles (4 adultes et 4 enfants) ont été expulsées vers la Roumanie, là où ils ne retrouveront ni école, ni logement décent.

Quatre enfants et leurs parents ont vu leur rétention prolongée de 20 jours. Ils pleurent, ils ont faim, ils ont froid. Ils ont peur de rester encore 20 jours de plus dans cette galère. C’est ce que disent les enfants à celles et ceux qui leur téléphonent. Et aussi qu’ils sont isolés dans les bâtiments du CRA, pas mêlés aux autres retenus. Larissa (11 ans), Mirabella (9 ans) et Franco (6 ans) étaient scolarisés depuis septembre 2010 à l’école Champagne, et Adrian (13 ans) au collège Diderot. Ils étaient heureux d’aller à l’école, eux qui, pour les plus grands, n’avaient pas eu accès à une scolarité normale en Roumanie. Il faut les libérer de leur prison, qu’Adrian puisse retrouver son père, et que, début janvier, ils puissent retourner dans leurs classes.

2/ Tu pars avec ton père ou ta mère ? Aujourd’hui la préfecture cherche une solution d’expulsion familiale pour Élisée, Ronaldo et Adam, 9, 11 et 13 ans, et leurs parents.

Depuis le 6 décembre, la famille Ajredinovski / Todorova et leurs enfants Élisée, Ronaldo et Adam, enfermés au Centre de Rétention Administrative de Lyon, a subi deux tentatives de dislocation. Le 19 décembre, les policiers sont venus chercher le père et les trois enfants pour les expulser vers le Danemark, bien qu’ils soient macédoniens. Dublin II vous dit-on. L’avion n’est pas parti, problèmes techniques ou grève à l’aéroport. Le 22 décembre, la police est venue chercher la compagne du père, Madame Todorova, déboutée de sa demande d’asile faite en rétention, pour l’expulser vers la Bulgarie. Tentative arrêtée en plein cours. Il semble que la préfecture, saisie d’humanité soudaine, cherche maintenant une solution d’expulsion familiale. Ceux qui visitent la famille constatent de jour en jour les effets de l’angoisse que créent l’enfermement et les deux tentatives d’expulsion sur chacun d’eux. Aujourd’hui, le père n’a n’a pu que difficilement parler un peu  avec l’interprète et les enfants, heureux d’avoir reçu quelques livres, réclament leur école.

La famille Ajredinovski / Todorova doit être libérée au plus vite.

Elle doit être régularisée pour que cesse enfin son errance, et que les enfants puissent retrouver leur école à la rentrée dans un cadre apaisé auquel ils ont droit.

la pétition : http://resf.info/P2077

3/ M. ZHANG, en rétention à Toulouse depuis plus de 26 jours

Xiwu travaille en France dans le bâtiment depuis 5 ans comme carreleur, peintre et plombier; sa femme est couturière et leur fils ZHANG Zhouhao est élève au collège Marx Dormoy en classe de 6e dans le 18e arrondissement de Paris. Zhouhao est arrivé en France en décembre 2005 à l’âge de 8 ans, quelques mois après ses parents, arrivés eux à la fin de 2004. Sa mère suit intensivement des cours de français; elle a obtenu le DILF (diplôme d’initiation à la langue française) et prépare le DELF qu’elle passera en août 2012. Leur fils a reçu le plein soutien de ses professeurs et des parents du collège Marx Dormoy. La famille ZHANG habite le 19ème arrondissement depuis quelques semaines.

26 novembre 2011. M. ZHANG Xiwu revenait d’un chantier, lorsqu’il a été arrêté dans la gare de Narbonne et placé en rétention au centre de Toulouse Cornebarrieu. « Contrôle au faciès »?  M. ZHANG n’ayant commis aucun délit ni suscité aucun « trouble à l’ordre public » et étant muni d’un billet de train en règle. M. Zhang est le seul chinois du CRA. Ses soutiens lancent une campagne de signature de la pétition et de campagne de cartes postales : « Envoyons des centaines de cartes postales et de lettres à M. ZHANG Xiwu »!!

http://www.educationsansfrontieres.org/article40248.html

M. Zhang doit être libéré et rendu à sa famille

Le mal est fait : l’image de la France est ternie à l’étranger

18 décembre : journée mondiale des migrants. L’occasion pour toutes ces personnes qui ont dû, pour des raisons multiples, quitter leur pays, leur famille, leurs amis, de manifester, avec toutes celles qui les soutiennent, à manifester. A Paris, elles étaient entre 3000 et 5000. Et toutes ont constaté l’incurie de la politique française de chasse à l’étranger menée par le chef de l’Etat et ses sbires, le ministre de l’intérieur en tête. Cette année, la manifestation a stigmatisé la politique de chasse aux étudiants étrangers.Le bilan est grave : Hajer Godji, porte parole du « collectif du 31 mai« , créé pour s’occuper des étudiants étrangers menacés d’expulsion après l’obtention de leur diplôme, explique : « Le mal est fait : l’image de la France est ternie dans de nombreux pays ». Un constat déjà fait par de nombreuses ambassades, qui s’époumonent à signaler au Quay d’Orsay l’image désastreuse que la France commence à avoir dans ces pays. Il se trouve que tous ces étudiants étrangers ne prennent pas la place de chômeurs français : leurs expériences, leurs connaissances, leur expertise est irremplaçable, et le chasser comme le fait le gouvernement consiste à nous priver de talents que nous ne trouvons pas chez nous. Avec bien sûr un alibi imparable : on ne veut pas priver ces pays de ces talents. Quand il s’agit d’employer à bas prix des médecins pour pallier la désertification médical du pays, on ne s’embarrasse pas de cet argument… Quand la mauvaise foi le dispute au cynisme…

Centres de rétention : le rapport 2010

Les cinq associations (ASSFAM, Forum des réfugiés, France Terre d’asile, Cimade, et l’Ordre de Malte France) habilitées à intervenir dans les centres de rétention administratives où sont parqués les étrangers en attente d’expulsion viennent de livrer l’édition 2010 de leur rapport annuel. Un rapport fouillé, qui passe en revue tous les centres de rétention de France (métropole et Outremer).

Le principal constat, ce sont les conséquences de la fameuse « politique du chiffre », érigée en dogme. Un chiffre, justement : seuls 42% des personnes placées en rétention sont ensuite expulsées. Cela veut dire, en clair, que 58% de personnes enfermées n’auraient pas dû l’être : elles ont été libérées soit par le juge de libertés et de la détention, soit par décision du tribunal administratif qui n’a pu que constater l’irrégularité de la rétention, soit par l’administration qui ne parvient pas à exécuter l’éloignement. Qu’importe : ils apparaîtront dans les statistiques. Le rapport précise, dans son introduction : « Ces pratiques administratives et policières, ces conditions d’interpellation et de privation de liberté, de réadmission aux frontières, nous les constatons et ne pouvons en tirer
qu’un bilan accablant : celui de l’obsession statistique au détriment du droit. En d’autres termes, il s’agit d’une politique qui pousse trop souvent les autorités à éloigner à tout prix plus d’étrangers en bafouant les procédures et les droits les plus fondamentaux, en mettant en oeuvre une politique d’éloignement qui démontre son inefficacité et son injustice ».

L’alongement de la durée de rétention (45 jours) inscrit dans la nouvelle loi « confirme la banalisation de l’enfermement comme mode de gestion de l’éloignement des étrangers en situation irrégulière, et réduit considérablement le contrôle des pratiques policières et administratives par le pouvoir
judiciaire ».
En conclusion, les associations notent que « C’est finalement cette banalisation de l’enfermement administratif, contraire à l’esprit du droit européen, que nous dénonçons ensemble, autant que les situations absurdes et les atteintes aux droits et à la dignité des personnes générées par une politique marquée par l’obsession de l’atteinte des objectifs chiffrés ».

Le rapport est téléchargeable sur les sites des associations citée en introduction de l’article.