Droits en fête : P. Thoraval et F. Perrin, « Bienvenue chez eux », immersion photo dans la Jungle de Calais

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Photo Pascale Thoraval et Franck Perrin

Pascale Thoraval et Franck Perrin sont un couple de photographes bretons, qui se présentent comme « indépendants » et « humanitaires ». Et le fait est que dans leur CV figurent notamment deux reportages : un sur les enfants orpailleurs au Burkina-Fasso, et un autre, très récent, sur la « Jungle » de Calais, où ils ont effectué plusieurs séjours.

Travailler en couple leur permet d’avoir deux visions complémentaires : c’est un peu leur marque de fabrique.

Ils ont intitulé leur reportage sur Calais « Bienvenue chez eux ». Cette notion de « chez soi » est importante : les migrants avaient réussi à transformer ce terrain vague en un « chez soi », avec l’intimité que cela suppose. Et le « démantèlement » (on n’ose pas dire « destruction » !) du camp a été d’autant plus douloureux.

Le but de Pascale et Franck, dans ce reportage photographique, était notamment de balayer idées reçues  et « faire tomber les préjugés ». En commençant par l’explication du mot « jungle ». Ce mot est presqu’automatiquement associé à l’expression « loi de la jungle », c’est à dire loi du plus fort, impitoyable. « En fait, ce nom a été utilisé par les premiers occupant du lieu, des Afgans. Et dans leur langue, « jungle » signifie « petit bois » : ce lieu était effectivement à l’origine un petit bois ».

Cette « jungle » était tout sauf une zone de non droit : la solidarité s’y exerçait en permanence, les plus faibles protégés par les plus forts.

Pascale et Franck ont évité le principal danger de ce type de reportage : le misérabilisme. Ils montrent de gens bien vivants, qui ont des projets, des rêves, de l’énergie. On y voit aussi naturellement le découragement, mais jamais la résignation. Les photos ne sont pas volées : on n’y voit uniquement les visages de ceux qui acceptent de se montrer, et les photographes ont travaillé en étroite relation avec « l’auberge des migrants », l’association qui fédère les soutiens à la Jungle.

Pascal Thoraval et Franck Perrin commenteront leurs photos samedi 23 avril au foyer muncipal de Loudéac, à 18h. Entrée libre.

Catherine Wihtol de Wenden : la référence concernant les migrations internationales

Catherine Wihtol de Wenden animera la deuxième partie des Droits en fête consacrée aux migrations internationales.

Catherine Wihtol de Wenden animera la deuxième partie des Droits en fête consacrée aux migrations internationales.

Directrice de recherche au CNRS, docteur en sciences politiques, professeure à Sciences po, Catherine Wihtol de Wenden est une spécialiste mondialement reconnue des migrations internationales. Ses exposés clairs, très pédagogiques, lui valent d’être sollicitée incessamment pour des conférences, des débats, devant des publics très divers.

Catherine Wihtol de Wenden traque avec efficacité tous les clichés, les mensonges et le fantasmes véhiculés par l’extrême droite (et par d’autres aussi, malheureusement…), avec des arguments difficilement contestables puisque s’appuyant toujours sur des sources vérifiées et vérifiables.

Une des idées qu’elle développe fréquemment, c’est que les migrations sont profitables à la fois pour le pays d’accueil et le pays d’origine.

Pour le pays de destination c’est plus évident : on comprend facilement que quelqu’un qui a pris tous les risques, y compris vitaux, pour entrer en Europe, n’a pu le faire que grâce à une énergie hors du commun. Et on devine que cette énergie ne peut que renforcer le pays à qui il demande un accueil digne.

En ce qui concerne le pays d’origine, la raison de cet effet positif devrait faire réfléchir les xénophobes et autres racistes : figurez-vous, messieurs, que le migrant qui a réussi à surmonter tous les pièges que notre vieille Europe a mis en œuvre du début jusqu’au terme de son voyage, n’a pas pour ambition d’abandonner les siens, restés au pays. Il les aide. Et on considère que les aides apportées par ceux qui sont partis à ceux qui sont restés contribuent largement au développement de leur pays d’origine. Celui qui l’affirme ne peut pas être suspecté de la moindre sympathie pour les migrants, puisqu’il s’agit du ministre de triste mémoire Eric Besson. Dans un rapport qu’il a réalisé pour le premier ministre de l’époque, François Fillon, Besson écrit : « Les transferts des migrants sont largement supérieurs à l’aide publique au développement (APD) et peuvent représenter plusieurs points de PIB pour leurs pays d’origine » (source).

Pour les droits en fête, nous avons demandé à Catherine Wihtol de Wenden de montrer que l’intégration des migrants est somme toute chose aisée, et que le « vivre ensemble » est possible, mais aussi qu’il est source de bonheur et d’enrichissement culturel pour ceux qui le vivent. Les témoins que nous avons filmés (8 au total, nous reviendrons sur leurs témoignages), et qui vivent maintenant parmi nous, dans la région de Loudéac, en sont les preuves vivantes.

Une autre raison de participer aux Droits en fête, samedi 23 avril au foyer municipal de Loudéac. Catherine Wihtol de Wenden y interviendra de 16h à 18h.

Droits en fête : les migrations bretonnes, par Roger Toinard

roger-toinard-a-la-bibliotheque-le-13-fevrier_2249587_528x397Quand entend le mot migration, on pense tout naturellement aux migrations internationales, et plus précisément à l’immigration, devenu depuis quelque temps une véritable obsession chez les politiques de tous bords, « contaminés » par les mensonges, les manipulations et les fantasmes de l’extrême droite. Certains esprits tordus n’hésitent pas à brandir le spectre d’un prétendu complot visant au « grand remplacement », rien que ça, de la population européenne par des émigrés venant naturellement de Maghreb, et, bien entendu, de confession musulmane.

C’est oublier que les migrations, ça marche dans les deux sens. Il y a ceux qui entrent, et ceux qui sortent.

C’est oublier également que les migrations ne se font pas qu’entre pays : elles existent aussi à l’interne, à l’intérieur d’un pays. Ce fut le cas, et ça l’est encore dans une moindre mesure, en France, et singulièrement en Bretagne. Nombre de Bretons ont quitté la France, d’autres y sont restés mais en changeant de région : ce fut la grande vague de départs de la Bretagne vers Paris.

Nous avons souhaité ouvrir cette 4ème édition de Droits en fête consacrée aux migrations sur ce sujet : les migrations bretonnes. Et pour le traiter, nous avons fait appel à un spécialiste, Roger Toinard.

Professeur agrégé de géographie, Roger Toinard a enseigné, du collège (pendant 21 ans) à l’Université (Rennes 2 – Saint-Brieuc) en passant par le lycée (pendant 16 ans) et l’IUFM en tant que formateur académique. Passionné également d’histoire, il est aujourd’hui consultant et vice-président de l’association des « Bistrots de l’histoire du pays de Saint-Brieuc » (source, 4ème de couverture du livre « Du trou noir à l’embellie »).

Il a consacré un livre particulièrement dense au phénomène migratoire breton, intitulé « Du trou noir à l’embellie », ou « l’histoire de l’émigration costarmoricaine de la Révolution à nos jours ».

De département le plus peuplé de Bretagne au milieu du 19ème siècle, les Côtes d’Armor sont reléguées, au fil du temps, à la dernière place et cumulent tous les mauvais records : il est le premier, le plus longtemps et le plus durement touché par la dépopulation et l’émigration. Malgré le retour à la croissance démographique depuis la fin des années 1960, il affiche un déficit naturel préoccupant (le plus faible taux de natalité et le plus fort taux de mortalité de Bretagne) lié à un vieillissement précoce et important (l’âge moyen le plus bas de la Bretagne).

L’auteur s’interroge alors : l’émigration ne serait-elle pas responsable de ce long déclin et de la dégradation des structures démographiques du département ? S’appuyant sur une copieuse documentation (recensements, archives et un florilège de témoignages) et sur une méthode rigoureuse, il s’attache à montrer les spécificités de la démographie du département tout en nous faisant vivre ou revivre l’histoire économique et sociale des Côtes d’Armor, de la Révolution à nos jours (source, 4ème de couverture du livre « Du trou noir à l’embellie »).

Pratique : les migrations bretonnes, de 15h à 16h, les Droits en fête, samedi 23 avril au foyer municipal de Loudéac.

 

Droits en fête 2016, migrations : 8 témoignages filmés

Dépliant 2016 verso site Les migrations : c’est le thème des Droits en fête 2016.

Un thème rabâché depuis des mois, et ça n’est sans doute pas prêt de s’arrêter.

Alors, pourquoi l’avoir choisi ?

Tout d’abord, lorsqu’on l’a choisi, il y a un an, il n’était pas à ce point dans l’actualité.

Ensuite, parce que lorsqu’on en parle dans les médias, on a le choix, pour faire court, entre le misérabilisme et le rejet.

Nous avons choisi une autre entrée : nous voulons remettre les pendules à l’heure, en donnant des informations fiables, vérifiées ; et nous voulons montrer qu’il y a des migrations heureuses, qui aboutissent à des intégrations parfaitement réussies, et qu’il n’est pas besoin d’aller loin pour en trouver. Non seulement nous en avons trouvé, mais en plus nous les avons filmées. Au total, 8 témoignages filmés de personnes d’origines diverses (8 pays, 4 continents), arrivées à des périodes diverses (le plus anciens dans les années 1980, le plus récent il y a un an).

Les raisons de leurs départs sont aussi diverses : sportif de haut niveau pour l’un, réfugié politique pour l’autre…

La tendance actuelle est à la hiérarchisation des motifs de migration : il y aurait les bons et les mauvais migrants. Les bons réfugiés et les mauvais « migrats économiques ». Curieusement, quand un Français part s’installer à l’étranger, on ne le qualifie pas de migrant, et encore moins de migrant économique : c’est un « expat », un expatrié, pour bien montrer sa souffrance, sans doute.

Le sujet sera traité en trois parties (voir programme détaillé ci-contre) : les migrations bretonnes depuis la révolution jusqu’à nos jours (Roger Toinard, historien), les migrations internationales (Catherine Wihtol de Welden),  « bienvenue chez eux », diaporama présenté et commenté par Pascale Thoraval et Franck Perrin, qui ont effectué plusieurs séjours dans la « jungle » de Calais (ils nous expliqueront ce que signifie ce terme, « jungle », loin de ce qu’on entend dans la presse).

Les 8 témoignages que nous avons filmés à la fois illustreront et susciteront les propos des intervenants. Et les témoins seront là (sauf ceux qui travaillent) pour répondre aux questions. De 15h à 19h, au foyer municipal de Loudéac, samedi 23 avril.

 

 

 

St-Brieuc (22), 20 mars : Fête du printemps solidaire !

Printemps solidareINSCRIS TOI A LA FETE DU PRINTEMPS SOLIDAIRE DE ST BRIEUC LE 20 MARS.

Pourquoi ?

– Parce que c’est le printemps, et il faut bien fêter ça
– Parce que ça va être une belle fête
– Parce que l’on veut montrer que nous sommes nombreux à être solidaires ici
– Parce que c’est quand même cool de faire bouger le centre-ville un dimanche
– Parce que l’on mélange les cultures et que l’on en est fier
– Parce que c’est l’occasion d’affirmer que la Bretagne est une terre d’accueil
– Parce que, après l’esprit du 11 janvier on doit continuer à affirmer notre France fraternelle et ouverte > l’occasion de retrouver l’expo de vos dessins
– Parce que les réfugiés sont les bienvenus chez nous.

On fait quoi ?

Plein de stands
– Des concerts
– Des flashs mobs
– Des ateliers de street art
– Un concours de photo
– Des activités sportives
– Des jeux en famille
– Une expo des dessins élaborés à St-Brieuc le 11 février 2015
– Des vidéos autour de ce que vivent les migrants
– Des ateliers de réflexion, autour du travail:
– et plein d’autres activités à venir…

Qui ?

– Toi
– Tes potes > Invite les
– Tes cousins
– Ton assoc si elle veut nous rejoindre
– et puis tout un collectif d’associations: ADPEP 22, Amnesty International, Assoc. France Palestine, ASTI, Bistrots de l’histoire, CFDT 22, CGT 22, CIDFF22, CIMADE 22, EELV Baie de St-Brieuc, Emmaüs 22, Ensemble ! 22, Fédération des MJC 22, FSU 22, Ligue de l’Enseignement, Ligue des Droits de Homme, Marche Mondiale des Femmes 22, Parti de Gauche 22, Parti Socialiste 22, Planning Familial 22, Pupilles de l’Ecole Publique, RESIA, Secours Catholique 22, Sud Education…

Voici le texte des organisateurs

Nous sommes plus nombreux à vouloir aider qu’à vouloir rejeter

Les événements tragiques de janvier et novembre ont soulevé une immense vague de mobilisations citoyennes exprimant la condamnation de la violence, l’attachement aux valeurs de la République française et la volonté d’être unis et solidaires.
Elles portaient haut et fort la liberté, l’égalité, la fraternité, la laïcité comme affirmation de ne pas se laisser diviser, de garantir la liberté de conscience, de pratiquer une religion ou de ne pas en avoir, le refus des discriminations.

Et pourtant, aujourd’hui, xénophobie et racisme continuent de progresser dangereusement partout.
Ils conduisent à exalter la force, à pratiquer la violence, à conjuguer la haine des faibles, des minorités et des étrangers. Ils sont nourris par des discours démagogiques qui se saisissent de difficultés objectives, de peurs et de colères pour justifier l’injustifiable : la désignation de boucs émissaires qui seraient responsables des problèmes qu’affronte le monde.
Des centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants, qu’ils soient syriens, irakiens, érythréens, congolais, afghans … fuient les violences, les persécutions, la misère et se tournent vers l’Europe. Ils veulent tout simplement vivre. Nous appartenons à la même humanité.

Traiter ces réfugié-e-s comme des envahisseurs, comme des marchandises illégales est inacceptable.
L’ Asile, c’est un droit ! Le destin de ces réfugié-e-s, c’est notre destin et notre avenir. Leur accueil doit être digne. En niant leur droit d’asile, c’est notre propre avenir que nous mettons en péril. La France, comme Etat, a des obligations et doit accroître considérablement les moyens mis en oeuvre.
Dans ce climat difficile, nous nous opposons à tous les discours haineux, racistes, xénophobes, sexistes et homophobes.

Nous appelons les femmes, les hommes, les citoyen-ne-s, les élu-e-s et les organisations démocratiques :
– à combattre les discours indignes qui refusent à ces hommes, ces femmes et ces enfants leurs droits élémentaires d’êtres humains
– à poursuivre et à renforcer l’aide et l’assistance nécessaires, dans la durée
– à participer le dimanche 20 mars, à une journée du « printemps solidaire », pour un sursaut citoyen, dans la grande unité et fraternité qui caractérisent Saint- Brieuc et les Côtes d’Armor.

Droits en fête 2016 : le programme

Le dessin de l'affiche nous a été offert par le dessinateur Nono.

Le dessin de l’affiche nous a été offert par le dessinateur Nono.

La 4ème édition de Droits en fête aura lieu samedi 23 avril, au foyer municipal de Loudéac . Cette année encore, le dessinateur de presse Nono, dont on peut voir les oeuvres quoditiennement dans le Télégramme, nous a offert le dessin qui illustre l’affiche et le dépliant. Qu’il en soit sincèrement remercié !

Son thème, on ne peut plus d’actualité : « migrations ». Ce qui signifie qu’on parlera de ceux qui arrivent, mais aussi de ceux qui partent. Et avant de traiter des migrations internationales, nous parlerons de ce qui a longtemps concerné notre région, la Bretagne : l’émigration bretonne.

Pour chacun de ces deux grands thèmes, nous avons fait appel à des spécialistes.

A 15h, Roger Toinard, agrégé d’histoire, parlera de l’émigration bretonne, à laquelle il s’est particulièrement intéressé, et plus précisément à l’émigration costarmoricaine, depuis la révolution  jusqu’à nos jours. Il lui a consacré un ouvrage intitulé « du trou noir à l’embellie ».

Pour les migrations internationales, nous avons fait appel à la grande spécialiste actuelle de ce sujet, Catherine Wihtol de Wenden. Directrice de recherche au CNRS, professeur à Sciences po, elle est l’auteure de nombreux ouvrages de référence. Elle réagira au 8 portraits vidéo que nous avons réalisés de migrants vivant maintenant dans la région de Loudéac : Hang, qui tient une boulangerie à Laurenan et vient du Viet-Nam, Ionut, joueur roumain de handball dans l’équipe de l’Amicale laïque de Loudéac, Nassima, Algérienne, devenue agricultrice à Mégrit, Sali, du Burkina-Fasso, qui habite La Ferrière, Tarik, Kurde irakien, installé depuis de longues années à Loudéac avec sa famille, Massab, journaliste syrien, réfugié avec sa famille à Loudéac,et  Youssef, d’origine tunisienne, pompier volontaire à Merdrignac.

Après ces deux tables-rondes, Pascale Thoraval et Franck Perrin, photographes, présenteront les reportages qu’ils ont réalisés lors de leurs séjours dans la « jungle de Calais », intitulé « Jungle, bienvenue chez eux ».

Et puisque dans Droits en fête il y a fête, à 19h, les tambours de Guadeloupe animeront l’apéritif et le casse-croûte, en attendant un événement exceptionnel : le nouveau spectacle de Jean Kergrist, dont ce sera la seconde présentation dans le département !

Enfin, nous commémoreront le 25ème anniversaire de la fête de l’intégration qui avait réuni 400 personnes à Bon-Repos, en 1981, autour de Constantin, Dezideriou, alias Laké (Roumanie) et Amadou (Bénin), menacés d’expulsion, et qui avaient finalement pu rester en France. C’est d’ailleurs Laké qui sera le modérateur des tables rondes.

 

St-Brieuc : l’interdiction de la manifestation raciste et xénophobe confirmée par le tribunal

20160124_114549[1]L’interdiction de manifestation annoncée de « résistance républicaine » à Saint-Brieuc vient d’être maintenue par le tribunal administratif (source, Ouest-France). L’association avait déposé un « référé liberté », espérant faire annuler l’interdiction prononcée par le préfet.

Un peu d’histoire, puisqu’on a le temps : pour cette manifestation le 6 février ? Ce n’est peut-être pas un hasard, ou une simple coïncidence.

En effet, le 6 avril 1934, les ligues fascistes avaient organisé une manifestation, qui se transforma rapidement en émeute, se solda par la mort de 15 personnes, 14 manifestants et un policier. Le but était évidemment de renverser le gouvernement. Certains historiens voient dans cette manifestation « un mythe fondateur de l’extrême droite« . En illustration de ce billet, l’édition de mars 1934 du journal « Le Populaire », organe du parti socialiste (SFIO).

 

Saint-Brieuc, dimanche 20 mars : « Nous sommes plus nombreux à vouloir aider qu’à vouloir rejeter ! « 

arton256L’interdiction de la manifestation prévue par l’extrême droite contre l’immigration et les réfugiés par le préfet est parfaitement justifiée : le discours de ces gens ne relève pas de la liberté d’expression, mais du droit pénal, puisqu’il s’agit de racisme, d’incitation à la haine raciale, qui constituent des délits prévus dans le code pénal. Il est bon également de rappeler que l’organisateur de cette manifestation, un certain Mickaël Bussard, qui prétend sans rire que cette manifestation était « apolitique », était candidat du front national aux élections municipales de Saint-Brieuc, et aux élections départementales dans le canton de Plaintel. Et que cette manifestation, organisée au niveau européen par le mouvement néonazi allemand pegida, est relayée par l’association « résistance républicaine », sorte de filiale de « riposte laïque ».

La contre manifestation prévue ce même jour par de nombreux syndicats et associations de défense des droits de l’Homme ne se justifiait donc plus. La section briochine de la Ligue des droits de l’omme, qui était partie prenante de cette manifestation, a donc pris la décision d’organiser, le 20 mars, une journée du « printemps solidaire », « pour un sursaut citoyen, dans la grande unité et fraternité qui caractérisent Saint- Brieuc et les Côtes d’Armor ».

De nombreuses organisation syndicales et associations ont déjà annoncé leur participation à cette grande manifestation, dont nous vous

Voici le communiqué de la section LDH de Saint-Brieuc.

Nous sommes plus nombreux à vouloir aider qu’à vouloir rejeter

Les événements tragiques de janvier et novembre ont soulevé une immense vague de mobilisations citoyennes exprimant la condamnation de la violence, l’attachement aux valeurs de la République française et la volonté d’être unis et solidaires.

Elles portaient haut et fort la liberté, l’égalité, la fraternité, la laïcité comme affirmation de ne pas se laisser diviser, de garantir la liberté de conscience, de pratiquer une religion ou de ne pas en avoir, le refus des discriminations. Et pourtant, aujourd’hui, xénophobie et racisme continuent de progresser dangereusement partout.

Ils conduisent à exalter la force, à pratiquer la violence, à conjuguer la haine des faibles, des minorités et des étrangers. Ils sont nourris par des discours démagogiques qui se  saisissent de difficultés objectives, de peurs et de colères pour justifier l’injustifiable : la désignation de boucs émissaires qui seraient responsables des problèmes qu’affronte le monde.

Des centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants, qu’ils soient syriens, irakiens, érythréens, congolais, afghans … fuient les violences, les persécutions, la misère et se tournent vers l’Europe. Ils veulent tout simplement vivre. Nous appartenons à la même humanité.Traiter ces réfugié-e-s comme des envahisseurs, comme des marchandises illégales est inacceptable.

L’ Asile, c’est un droit ! Le destin de ces réfugié-e-s, c’est notre destin et notre avenir.

Leur accueil doit être digne. En niant leur droit d’asile, c’est notre propre avenir que nous mettons en péril. La France, comme Etat, a des obligations et doit accroître considérablement les moyens mis en œuvre.

Dans ce climat difficile, nous nous opposons à tous les discours haineux, racistes, xénophobes, sexistes et homophobes.

Nous appelons les femmes, les hommes, les citoyen-ne-s, les élu-e-s et les organisations démocratiques :

  • à combattre les discours indignes qui refusent à ces hommes, ces femmes et ces enfants leurs droits élémentaires d’êtres humains
  • à poursuivre et à renforcer l’aide et l’assistance nécessaires, dans la durée
  • à participer le dimanche 20 mars, à une journée du « printemps solidaire », pour un sursaut citoyen, dans la grande unité et fraternité qui caractérisent Saint- Brieuc et les Côtes d’Armor.

Les premières organisations signataires : Amnesty International, Asti, Bistrots de l’histoire, CIDFF, Ligue de l’enseignement, Ligue des droits de Homme, Marche mondiale des femmes, Planning familial, Resia.

Saint-Brieuc : le 6 février, rassemblement contre l’extrême droite

L’extrême droite s’en donne à cœur joie en ce moment, et n’hésitent plus à se montrer, en allant brailler leur haine dans les rues. Après Pontivy, Quimper, et d’autres villes bretonnes, ce sera le tour de Saint-Brieuc, samedi 6 février. Alors que la plupart des manifestations qui ont eu lieu jusqu’alors étaient organisées par le groupuscule adsav, cette fois-ci c’est « résistance républicain » qui s’y collent. Une fois de plus l’extrême droite emprunte le vocabulaire de la gauche et ses mots emblématiques : résistance et république. Ils avaient déjà fait le coup avec « riposte laïque », dont la première officine est, comme par hasard, une filiale. Organisation « non politique » évidemment, ce groupuscule répond en fait au mot d’ordre européen lancé par pegida, l’extrême droite allemande qui veut stopper l’accueil des réfugiés et n’hésite pas, tout comme adsav, à recourir à la violence.

Plusieurs organisations, syndicats, partis politiques, associations, se sont associer pour appeler à une contre manifestation, le même jour et à la même heure : samedi 6 janvier, à Saint-Brieuc. Le rendez-vous est fixé place Allende. A noter qu’un des organisateurs de la parade xénophobe n’est autre qu’un candidat aux dernières élections municipales à Saint-Brieuc et élections aux départementales.

Le temps est révolu où on pouvait croire que manifester contre ces individus ne servaient qu’à en faire la publicité : il s’agit maintenant de les faire taire.

 

Les tests d’âge osseux pour les mineurs étrangers légalisés

Dès 2005, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) préconisait leur suppression, en souligant leur « inadaptation ». Cet avis succédait à celui de la défenseur des droits de l’époque, allant dans le même sens. Plus récemment, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), dans un avis du 24 juin 2014 préconisait de « mettre fin aux pratiques actuelles d’évaluation de l’âge » (source : Le Monde).

Les tests osseux, (lire également ici) qui consistent en une radiographie du poignet et de la main, sont utilisés pour déterminer l’âge d’une personne, singulièrement d’un étranger qui demande l’asile et prétend être mineur. Le résultat du test, basé sur les statistiques, est reconnu par l’ensemble du corps médical comme peu fiable, la marge d’erreur se situant entre 1 et 2 ans. Et comme généralement ces tests concluent à la majorité de l’étranger, cela représente autant d’économies, puisque, s’il était mineur, le jeune entrerait de droit dans les dispositifs de l’aide sociale à l’enfance (ASE). Les conséquences sont donc particulièrement lourdes pour les « mineurs étrangers isolés », arrivés seuls en France après un parcours la plupart du temps dramatique.

Un amendement présenté par les députés Coronado, Molac, Duflot et Mamère, demandait l’interdiction de recourir à ces tests pour déterminer l’âge de ces jeunes : « Art 388-4. – L’évaluation selon la méthode des tests osseux ne peut déterminer la minorité d’un individu. » (source ici).

Dans la nuit du mardi 17 au mercredi 18 novembre, la secrétaire d’Etat chargée de la Famille, de l’Enfance, des Personnes âgées, et de l’Autonomie, auprès de la ministre des Affaires sociales, défendait son projet de loi sur la protection de l’enfance : les tests osseux y sont maintenus. Certes, on s’entoure de précautions. Malheureusement, il ne s’agit pas de précautions scientifiques, mais uniquement de précautions de forme : ils ne pourront être réalisés qu’avec un magistrat, et avec le consentement du jeune (le refus vaudra sans doute aveu de « culpabilité »), l’expert qui lira la radiographie se verra demander de « préciser la marge d’erreur qu’il estime » et « le doute sur un résultat devra profiter au jeune en valorisant une présomption de minorité ». « Protection de l’enfance »…

Le réseau Education sans frontière, qui s’occupe des mineurs étrangers isolés, et qui connaît parfaitement le sujet, a publié un communiqué qui dénonce cette pratique. Le voici :

TESTS D’ÂGE OSSEUX : LA PROCEDURE ROSSIGNOL LEGALISEE

Les événements dramatiques du 13 novembre et leurs suites nous ont dissuadés de commenter immédiatement la décision de l’assemblée nationale d’autoriser l’utilisation des tests d’âge osseux sur les mineurs isolés étrangers. Le gouvernement n’avait pas eu cette décence. L’émotion soulevée par les attentats de Paris et St-Denis ne l’a pas empêché de faire adopter par l’assemblée nationale ce qui s’appelle désormais la procédure Rossignol : le détournement d’un examen médical pour réaliser des économies en jetant des enfants à la rue.

Des amendements présentés par des députés de tous les groupes de gauche, communistes, écologistes, radicaux et socialistes demandaient que soit interdit le recours aux tests d’âge osseux pour attribuer un âge civil aux mineurs isolés étrangers. Ces tests comportent en effet, selon toutes les autorités médicales, scientifiques et éthiques, une marge d’erreur de 18 mois à deux ans qui les rend incapables de déterminer avec un minimum de fiabilité l’âge d’un individu entre 16 et 20 ans. Chacun le sait, Madame Rossignol compris. Mais la volonté de faire des économies au détriment d’une population sans défense (de très jeunes gens puisque mineurs, sans famille et sans relations puisqu’isolés et étrangers de surcroit) et une façon sournoise de s’opposer aux immigrés font qu’on ne s’embarrasse pas de ces détails. Au prétexte d’encadrer ces tests, on les inscrit dans la loi.  Les prétendues garanties introduites dans le texte n’en sont évidemment pas. Le fait que le mineur doive donner son accord pour que ces examens soient pratiqués est une amère plaisanterie : les refuser est systématiquement interprété comme un aveu de mensonge et entraîne la mise à la rue immédiate. La ministre le sait, la ministre s’en fout. Les tests osseux ne peuvent être ordonnés que par un magistrat… ce qui était déjà le cas !

Ils ne peuvent être utilisés qu’en dernier recours, soutient Madame Rossignol. C’est faux, chacun le sait, elle la première. Dans les faits, en dehors de la production de documents d’identité, les tests d’âge osseux sont souvent la première et la seule « preuve » de la majorité d’un jeune. Pour la ministre, quand on n’a pas de réponse adaptée à un problème, il suffit d’avoir recours à une solution qu’on sait fausse et malfaisante !

La solution existe pourtant : que les jeunes soient pris en charge quelques mois avec les moyens d’entrer en relation avec leur pays d’origine pour en faire venir les documents établissant leur identité.

La procédure Rossignol est donc pour le moment entrée dans la loi. Des centaines de gamins vont la subir et en payer très cher les effets : mis à la rue avec leur sac du jour au lendemain puisque déclarés majeurs sans aucun secours. L’Aide sociale à l’enfance les chasse comme majeurs mais le 115 et le SAMU social ne les prennent pas plus en charge car leurs documents d’identité les disent mineurs !

Pour autant, la bataille n’est pas finie. De nouvelles actions destinées à dénoncer la procédure Rossignol seront lancées dans les prochains jours