En finir avec les idées fausses propagées par l’extrême droite : un livre militant indispensable !

Les mensonges assénés à longueur de discours par les dirigeants du front national sont tellement énormes qu’on est parfois désarçonnés pour prouver leur inanité à nos interlocuteurs, souvent sincèrement ébranlés par ce qu’ils ont lu ou entendu.

C’est dire si le petit livre « Pour en finir avec les idées fausses propagées par l’extrême droite » était attendu. Certes, il y a eu ici où là des tentatives pour mettre au point un outil militant permettant de réagir à la fois correctement (c’est-à-dire sans faire d’erreur) et rapidement.

Ecrit par Pierre-Yves Bulteau, un journaliste qui a su s’entourer de syndicalistes et de militants associatifs (liste ci-dessous), il recense pas moins de 73 « idées reçues », qui constituent l’essentiel de l’argumentaire des partis d’extrême droite, front national et autres. Les sujets ne sont pas très variés : immigration, pression fiscale, insécurité, islam, Europe, identité nationale, nationalisme… et les techniques non plus : on est généralement en face d’une sorte de friche intellectuelle, dans laquelle les chiffres et les statistiques ne sont qu’inventions ou déformations et interprétation stupide de données officielles. Chiffres qui, curieusement, sont souvent acceptés sans réaction par des journalistes, parfois spécialisés, qui ne prennent pas la peine de réagir pendant les interviews (on se souvient des premiers passages du père Le Pen dans les émissions télévisées du type « la marche du siècle », où les affirmations qu’il assénait étaient rarement contestées).

Le livre commence par une  introduction de Gérard Aschieri, président de l’Institut de recherches du syndicat enseignant FSU (et membre de la Ligue des droits de l’Homme), Frédéric Bodin, secrétaire national de l’Union syndicale Solidaires, Agnès Naton, directrice de la Vie ouvrière (CGT) et Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’Homme. Sa parution a été saluée par le journal Libération, et il est en vente dans les bonnes librairies, et à la boutique de la Ligue des droits de l’Homme. Il le sera également sur le stand de Leclerc culture, pendant les Droits en fête, samedi 26 avril, à la salle des fêtes de Plémet.

Un livre indispensable !

Les partenaires : des syndicats, CGT, FIDL, FSU, Solidaires, UNEF, UNL ; des associations, Ligue des droits de l’Homme, JOC, MRAP. ISBN 978-2-7082-4265-4. Les éditions de l’Atelier, www.editionsatelier.com. 5€

Second tour : faire barrage aux candidats d’extrême droite

La Ligue des droits de l’Homme, inquiète de la montée de la droite extrême au premier tour des élections municipales, appelle à faire barrages à ses candidats. Et à faire aussi barrage aux candidats qui, sans être adhérents au front national, en véhiculent les idées et en appliquent les méthodes. Et ils sont nombreux, camouflés derrière un costume « sans étiquette » ou « indépendant » : dans certaines communes, le FN n’a effectivement pas besoin de présenter de candidats : les élus en place font le travail à sa place.

Communiqué de la Ligue des droits de l’Homme

Second tour : faire barrage aux candidats d’extrême droite

Trois faits majeurs s’imposent au lendemain du premier tour des élections municipales ; d’abord la force de l’abstention ; les Françaises et Français sont de plus en plus nombreux à considérer l’exercice du vote comme vain, dans la mesure où les élus du suffrage universel semblent incapables de porter les projets mis en avant durant les campagnes électorales. De par sa portée nationale, l’abstention prend une dimension nette de désaveu du gouvernement en place, qui va au-delà du caractère local du scrutin.

Ensuite, ce désaveu passif mais dangereux accompagne et amplifie une montée généralisée et spectaculaire du Front national, qui confirme un enracinement dans le tissu local et dans les villes moyennes. Enfin, les candidats du parti au gouvernement enregistrent, au-delà de résultats diversifiés, un mouvement de reflux.

Les accords passés entre partis de gauche et candidats de la droite républicaine seront décisifs pour mettre en avant des configurations républicaines susceptibles de limiter le nombre d’élus FN. La Ligue des droits de l’Homme presse les abstentionnistes du premier tour à prendre cet enjeu en considération et à faire barrage aux candidats d’extrême droite lors du second tour.

Au-delà, elle invite le gouvernement à entendre le message porté par les résultats de ce premier tour et à rompre avec des politiques qui, socialement et économiquement, sont loin de faire vivre le changement, confortent inégalités, injustices sociales et craintes du lendemain. Face à la montée d’une droite extrême – montée qui ira au-delà des municipales -, il est urgent d’afficher avec clarté et courage des priorités de solidarité et de fraternité répondant clairement aux demandes et inquiétudes qui s’expriment dans le pays.

LDH, MRAP, LICRA, SOS Racisme veulent rediaboliser le front national

Quatre associations de lutte contre le racisme, la Ligue des droits de l’Homme, le MRAP, la LICRA et SOS Racisme, lancent une campagne pour « rediaboliser » le front national. C’est à dire pour rappeler ce qu’est fondamentalement le front national : un parti raciste, d’extrême droite, très proche des mouvements fascistes ; et malgré les efforts déployés par ses dirigeants pour faire oublier cette véritable nature, le front national n’a absolument pas changé.

Il s’agit de dix fiches, qui rappellent des incidents récents, qui se sont produits depuis l’opération « ravalement de façade » menée par la fille Le Pen.

Ne pas hésiter à les télécharger et les diffuser !

Ligue des droits de l’Homme : Hénin-Beaumont,dix bonnes d’aller voter dès le 1er tour !

La section de la Ligue des droits de l’Homme vient de publier un argumentaire qui démonte en dix points les positions inacceptables du front national.

La question du front national revient à l’ordre du jour à chaque élection, et on peut finir par être excédés devant les appels au vote anti fn, qui aboutissent in fine a nous demander de faire un choix qui ne nous convient pas. Car enfin, voter Bourdouleix ou voter Le Pen, quelle différence ? voter Vanneste ou voter FN ? On pourrait multiplier les exemples.

Mais il arrive que les situations soient particulières. C’est sans doute le cas à Hénin-Beaumont, que le front national a transformé en symbole. Et il ne faut pas oublier que le scrutin de dimanche est un scrutin local : gagner les élections municipales pour un parti tel que le FN, c’est se donner une chance de s’implanter durablement sur un territoire, et d’y progresser. Les municipales ont servi de tremplin à de nombreux membres de ce parti. Bompart, par exemple, qui a il est vrai changé de casaque, mais qui est bien resté le même, et qui s’est fait un nom grâce à ce scrutin.

L’analyse de la section d’Hénin-Carvin est donc particulièrement intéressante, et même s’il s’agit d’un problème local, son exemple peut être utile dans toutes les communes confrontées au même problème. Et aux autres aussi : ce mal est contagieux !

Appel de la section LDH d’Hénin-Carvin

Élections municipales 2014 à Hénin-Beaumont

La LDH s’invite dans la campagne

 Rien n’est joué. Tout reste possible. Cela dépend de vous !

Oui, les vrais démocrates peuvent encore gagner ! 

La Ligue des droits de l’Homme vous donne

10 bonnes raisons d’aller voter dès le premier tour.

  1. C’est un droit : ne pas l’exercer, c’est laisser les autres décider à votre place. Que pourrez-vous dire demain si vous n’êtes pas d’accord ? Vous aurez laissé faire.
  2. Et s’il n’y avait qu’un seul tour ? Le risque est réel au vu des précédents scores du FN : peut-on prendre ce risque ? L’enjeu est trop grave pour rester sur la touche.
  3. Vous êtes déçus par la politique du Gouvernement. OK, la LDH aussi. On peut comprendre mais, ici, il s’agit d’élire une équipe municipale pour gérer la ville pendant 6 ans et pas de changer de gouvernement et de politique nationale.
  4. Vous ne croyez plus en la politique, « droite-gauche, c’est pareil » et « le FN, on ne l’a pas encore essayé, pourquoi ne pas lui donner sa chance ? », disent certains. Détrompez-vous ! D’autres villes, dans le sud de la France, ont été « à l’avant-garde » et elles ont été, un temps, gérées par le FN et l’extrême droite. Elles en ont fait l’amère expérience !  Même Marine Le Pen n’ose plus les citer en exemple : leur gestion s’est vite révélée catastrophique, sans parler de l’orientation donnée à la vie culturelle ou encore le sort réservé à plusieurs associations (il ne faut pas oublier non plus que le FN est toujours hostile à l’aide apportée à celles qui défendent les droits de l’Homme !).
  5. Croyez-vous vraiment qu’Hénin-Beaumont mérite d’être estampillée « FN » ? Hénin-Beaumont n’est pas une cité extrémiste comme le prouvent ses traditions ouvrières, syndicales et associatives. Jusqu’alors, même si le FN a progressé, il est resté minoritaire en nombre de voix, ramené au nombre d’électeurs inscrits. Mais, cette fois, l’abstention pourrait bien le faire gagner.
  6. Vous en avez assez de la division entre les partis démocratiques (et parfois même en interne) : vous pouvez l’exprimer, lors de ce premier tour, en allant voter, conscients de la nécessité de tout faire pour qu’au second tour les conditions permettant de battre le FN puissent être réunies. Tout se joue dès le premier tour !
  7. « Le FN n’est pas si dangereux, après tout », pensent certains. Quelle imprudence ! Attention, il a lissé son image mais c’est pour mieux séduire les hésitants et les déçus : il met en avant des personnes « simples » mais sa doctrine inégalitaire reste inchangée sur le fond : le FN ne se prononce jamais sur les inégalités qui frappent les femmes, il dénigre les associations comme le planning familial accusé d’inciter les femmes à avorter. Le FN s’est positionné contre le mouvement social pour la défense des retraites, il dénonce les organisations syndicales et remet en cause le droit de grève…
  8. Laïque, le FN ? Il conserve des liens très étroits avec les milieux catholiques les plus intégristes. Dresser les citoyens les uns contre les autres, en instaurant la préférence nationale, c’est tourner le dos à la vraie laïcité qui garantit le « vivre ensemble », c’est en opposition totale avec la devise républicaine « Liberté, Égalité, Fraternité ».
  9. Le FN aurait-il honte de l’origine du parti, de son histoire, des propos tenus par Jean-Marie Le Pen, par exemple à propos des camps d’extermination, de la collaboration de l’extrême droite avec l’occupant nazi ? Pour avancer, ce parti est contraint de ruser mais, derrière les sourires de façade, il conserve des liens avec certains groupes encore plus radicaux, voire néonazis. Un certain nombre de mesures qu’il préconise au niveau national ne sont d’ailleurs pas réalisables car contraires aux droits de l’Homme et aux conventions internationales.
  10. Ne vous laissez pas influencer par toutes les rumeurs infondées, les mensonges, les calomnies, les attaques personnelles et les ragots qui circulent, notamment sur le Net. Vous avez une boussole infaillible : les droits de l’Homme ! Ne perdons pas de vue que la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen figure dans le Préambule de la Constitution de la République Française. Son respect est donc une obligation !

Les Héninois et les Beaumontois ont besoin pour les six années à venir qu’on puisse leur garantir le calme, la stabilité dans leur quotidien et, enfin, une bonne image à l’extérieur, une image qui ne peut que jouer favorablement pour la prospérité économique de la ville et donc pour garantir de meilleures conditions de vie.

La qualité d’une équipe municipale ne se mesure pas au nombre de sourires distribués tous azimuts, au nombre de pots partagés, aux promesses électoralistes, elle se mesure aux compétences des candidats et à la rigueur qui les caractérise.

La Ligue des droits de l’Homme, quant à elle, n’a jamais varié : elle combat l’extrême-droite sous toutes ses formes, aujourd’hui comme hier, à Hénin-Beaumont, dans le département, dans la région, comme partout en France. Elle s’est toujours engagée pour le rassemblement des forces démocratiques qui sont prêtes à œuvrer pour la défense des droits de l’Homme et du Citoyen. Elle dit « Non à la haine de l’Autre » !

 Les sept exigences de la LDH  dans sa campagne nationale :

Ma ville, ma vie, je la veux…

fraternelle, solidaire,  juste,  libre,  accueillante, ouverte, démocratique

 Votez le 23 mars

pour barrer la route au FN !

 

 

Élections municipales : les Roms, citoyens européens, discriminés par le ministère de l’Intérieur

Le droit de vote et d’éligibilité pour les étrangers non communautaires aux élections locales semble avoir été rangé dans le placard des promesses de campagne qui ne seront pas tenues. Mais pour le ministre de l’intérieur, ça ne suffit pas : les Rroms, selon lui, semblent ne pas avoir vocation à avoir le droit de vote. Alors qu’ils sont des citoyens européens à part entière, il s’oppose, dans une circulaire publiée le 25 juillet 2013, « relative à la révision et à la tenue des listes électorales et des listes électorales complémentaires » (téléchargeable ici), à leur inscription sur les listes électorales, en prenant prétexte de leur absence de domicile fixe, alors que les ressortissants français sans domicile peuvent le faire. Et qui sont les Européens sans domicile fixe, si ce ne sont pas les Roms ? Le ministre de l’intérieur confirme ainsi sa volonté de stigmatiser les Roms, et de tout mettre en œuvre pour compromettre, si non rendre impossible leur intégration.

Valls aurait pu autoriser les Roms à s’inscrire sur les listes électorales pour les élections municipales. Il ne l’a pas fait. Nous ne sommes pas étonnés.

Le site « Guerrier nomade » donne une analyse intéressante de ce tour de passe-passe xénophobe.

La Ligue des droits de l’Homme ne pouvait pas laisser passer cette discrimination manifeste, et c’est la raison pour laquelle elle vient de publier le communiqué suivant.

Élections municipales : les Roms, citoyens européens, discriminés par le ministère de l’Intérieur

« Tout citoyen a le droit de participer à la vie démocratique de l’Union. » A cette fin, l’exercice du droit de vote, aux élections municipales et européennes, est reconnu à tout citoyen de l’Union européenne dans l’État membre où il réside, et ce dans les mêmes conditions que les ressortissants de cet État.

Pour autant, le ministre de l’Intérieur entend, par le biais d’une circulaire publiée le 25 juillet 2013, exclure de la participation aux élections municipales les ressortissants européens sans domicile fixe, alors même que l’exercice de ce droit est reconnu aux ressortissants français dépourvus de domicile.

En agissant ainsi, le gouvernement vise à stigmatiser et à exclure les Roms, pour la plupart originaires de Roumanie et de Bulgarie, qui, faudrait-il le rappeler, sont pleinement partie à l’Union européenne.

Comme l’a soulevé la Commission européenne, les discriminations et la marginalisation dont les Roms sont victimes ne sont plus acceptables dans l’Union européenne, à l’ère du XXIe siècle.

Aussi, il est nécessaire de mettre fin à un système inextricable où des politiques discriminatoires empêchent leur intégration, alimentant ainsi les préjugés qui ne font que renforcer leur exclusion.

En ce sens, et pour que ces discriminations cessent, la LDH demande au ministre de l’Intérieur l’abrogation de la circulaire du 25 juillet 2013 afin que l’exercice du droit de vote des ressortissants européens, dont les Roms sont parties intégrantes, puisse être effectif et participe à une pleine citoyenneté européenne.

Prison ferme et lourdes amendes requises contre Le Lay, de breizh atao

Le marchand de galettes est encore victime du complot judéo-maçonnique, auquel se sont sans nul doute joints les socialo-communistes, les gauchistes, les anarchistes, les artistes, on doit certainement en oublier, il nous pardonnera.

Le fuyard de l’Île du Soleil levant comparaissait donc en appel, ce mardi 4 février à Rennes. « Comparaissait » n’est pas le verbe qui convient puisque, comme d’habitude, il était absent. On se perd un peu dans ce marathon judiciaire : il s’agissait évidement une nouvelle fois de racisme, le fonds de commerce de l’individu, en l’occurrence contre la conseillère générale de Brest, dont l’origine africaine insupporte M. Le Lay. Le réquisitoire a une nouvelle fois été sévère, puisque le procureur a demandé une peine de prison ferme. Cela donnerait à Le Lay de se consacrer à la lecture, ce qui lui ferait sans nul doute le plus grand bien. On pourrait lui conseiller des livres d’histoire contemporaine, par exemple. Mais est-ce bien utile…

A la suite d’une précédente comparution au cours de laquelle le procureur avait également requis de la prison ferme, Le Lay appelait une telle condamnation de ses vœux, étant persuadé qu’elle l’élèverait au rang de martyre. Curieusement, cette fois-ci il fait plutôt profil bas, sa préoccupation principale étant de lever des fonds pour aller en cassation : c’est que ça lui coûte des sous, ces plaisanteries ! Et il en appelle à un lelaython, au nom de la liberté d’expression que sa condamnation mettrait en péril ! Il pourrait peut-être en parler à Dieudonné ?

 

Dieudonné : les militants pro-palestine de la campagne « boycott – désinvestissement – sanctions » réagissent

Si on avait encore des doutes sur la généalogie de la "quenelle"...

Correction: un lecteur me signale une coquille qui me fait dire l’inverse de ce que je voulais dire : j’ai écrit « Et il ne faudrait pas croire que si Dieudonné cible avant tout Israël, cela n’en fait pas un ami des palestiniens », il fallait naturellement lire « Et il ne faudrait pas croire que si Dieudonné cible avant tout Israël, cela en fait un ami des palestiniens ». Merci, E. D. !

Ajout, à 16h55 : lire aussi l’article de Denis Robert sur sa page Facebook !

Parmi les conséquences de l’affaire Dieudonné, il en est une dont on n’entend pas beaucoup parlé : celle qui concerne le problème palestinien. A tout focaliser sur l’antisémitisme, et il est naturellement légitime et indispensable de le dénoncer, on a fini par presqu’oublier le problème palestinien, qui est pourtant lui aussi essentiel. Et il ne faudrait pas croire que si Dieudonné cible avant tout Israël, cela en fait un ami des palestiniens, ce qui constitue d’ailleurs une des preuves les plus éclatantes qu’il ne combat pas l’Etat israëlien, mais bien les juifs : ce n’est pas de l’antisionisme, c’est uniquement et exclusivement de l’antisémitisme.

Une vidéo circule en ce moment sur Internet : celle d’une interview de Dieudonné par une chaîne de télévision iranienne. On le voit, interrogé par un jeune journaliste iranien très propre sur lui, délirer sur la religion juive et le danger qu’elle représente pour les religions musulmane et chrétienne, pour la civilisation…

Cet aspect du problème est important. Si en effet, quelques extrémistes israéliens taxent volontiers d’antisémitisme tous ceux qui ont le culot de porter un jugement négatif sur la politique israélienne envers la Palestine, en ce moment on ne les entend pas beaucoup : les élucubrations du clown leur seraient-elles utiles, d’une certaine façon ? On peut le penser : elles permettent d’attirer la sympathie vers eux, et en même temps de discréditer la cause palestienne.

C’est pourquoi le communiqué qu’a publié hier lundi 6 janvier la campagne BDS (boycott, désinvestissements sanctions), qui milite contre le blocus imposé par Israël à la Palestine en préconisant des sanctions économiques contre l’Etat Hébreu. Les militants de ce mouvement sont régulièrement accusés d’antisémitisme, alors que leur combat ne concerne que le problème de la Palestine. Ce communiqué permet de recadrer les choses, et de revenir à l’essentiel : Dieudonné n’est pas l’ami de la Palestine, il est simplement raciste et antisémite.

Communiqué de la Campagne BDS France sur Dieudonné et Valls

Depuis une semaine, de nombreux articles de presse et diverses interventions se multiplient pour commenter l’idéologie de Dieudonné et la décision de Valls d’étudier les possibilités d’interdire ses spectacles.

La Campagne BDS France (Boycott Désinvestissements Sanctions contre le régime d’apartheid israélien), tient à faire la déclaration suivante :

1. Depuis sa naissance, le mouvement BDS condamne toute forme de racisme et notamment l’idéologie et les agissements de la « dieudosphère » (Dieudonné, Soral et leurs divers amis), qui se compose de gens ouvertement racistes, antisémites, pour qui le monde est dominé par un « complot juif » qui serait coupable de tous les maux dont sont victimes les peuples, et en particulier le peuple de France.
Ces gens font partie de l’extrême droite, notamment l’extrême droite lepéniste. Contrairement à ce qu’ils prétendent, ils n’ont jamais agi en faveur de la cause du peuple palestinien, ne faisant qu’instrumentaliser celle-ci pour servir leurs délires complotistes. Leurs positions sont incompatibles avec les valeurs de la campagne BDS.

2. Nous condamnons également l’offensive actuelle de Valls, qui vise à amalgamer dans l’opinion publique, avec la bénédiction du CRIF (Conseil Représentatif des Institutions Juives de France) les antisémites et les militants antiracistes et antisionistes qui s’opposent fermement à la politique coloniale et d’apartheid de l’État d’Israël.

3. La Campagne BDS est un mouvement antiraciste, éthique et citoyen, qui milite pour le respect du droit international et des droits humains. Lancée en 2005 à l’appel de la société civile Palestinienne, elle regroupe de nombreux citoyens et organisations civiles de pays du monde entier, parmi lesquels des citoyens palestiniens comme israéliens. Elle combat fermement l’actuelle politique raciste israélienne au nom de valeurs universelles, exemptes de tout racisme envers qui que ce soit en raison de ses origines.

4. Nous ne sommes pas dupes du contexte de l’opération politique anti-Dieudonné du gouvernement français, qui vise à ancrer un climat politique marqué à la fois par un racisme islamophobe, anti-roms, anti-immigrés, et par une complicité avouée avec la politique israélienne.

5. Face à cette situation, nous poursuivrons sans relâche notre campagne unitaire, qui a au cours de la dernière période remporté d’importants succès internationaux (dont témoigne notre site www.bdsfrance.org) et nous exigeons le retrait de la circulaire Alliot-Marie, qui encourage les parquets à poursuivre les militants qui participent à la campagne BDS.

La Campagne BDS France – www.bdsfrance.org – campagnebdsfrance@yahoo.fr

 

Contre l’antisémitisme, les principes républicains doivent triompher

Si on avait encore des doutes sur la généalogie de la "quenelle"...

La Ligue des droits de l’Homme vient de publier un communiqué au sujet de l’antisémitisme de Dieudonné. Elle confirme le point de vue exprimé ici hier : pas besoin de loi, mais poursuivons le chaque fois qu’il commet un délit, et que les peines prononcées soient « effectives et décourageantes » !

Quand une démocratie est attaquée dans ses fondements, elle se montre forte quand elle applique ses principes. Elle est faible si, face aux extrémismes, elle les abdique.

Dieudonné a réussi ce tour de force : le Front national défend la liberté d’expression, alors que le ministre de l’Intérieur a déclaré vouloir interdire a priori son spectacle et lui sera en tournée dans de très nombreuses salles, notamment les Zéniths qui sont sous contrat avec l’Etat.

Or, en France, depuis le début du XXe siècle, la loi, et c’est heureux, ne permet plus l’interdiction a priori des spectacles. Dieudonné et ses zélateurs s’indignent donc de ce que l’Etat s’apprête à violer une liberté fondamentale, la liberté d’expression.

Tour de force, donc, que de se faire passer pour une victime quand on est celui qui a fait son fonds de commerce de l’agression systématique d’un groupe de personnes à raison de leur origine ethnique, de leur religion, et des horreurs qu’elles ont subies.

Dieudonné a pourtant tort de se revendiquer de la liberté de création pour justifier, dans ses spectacles, ses insultes antisémites, son apologie du révisionnisme, ce pour quoi la LDH s’honore de l’avoir fait condamner. Reste qu’il a toujours transformé ses procès en tribunes, organisant son insolvabilité de façon à échapper aux condamnations financières, qu’elles soient des amendes pour l’Etat ou des dommages et intérêts pour les associations qui, comme la LDH, l’ont poursuivi avec un succès qui reste théorique.

Le ministre de l’Intérieur, en cherchant à obtenir des préfets qu’ils interdisent ses spectacles, prend un risque d’une autre dimension, celui de fédérer autour de Dieudonné une sympathie réactionnelle de ceux qui se considèrent, pour des raisons qui peuvent par ailleurs parfaitement se comprendre, opprimés, socialement ou politiquement. Et auprès de ce public, le jeu ambigu, voire pervers, entre humour et haine, agression et victimisation, politique et show-business, peut marquer les esprits dans un sens particulièrement dangereux.

Dieudonné, dont les sympathies avec les thèses les plus extrêmes de la droite antisémite ne sont plus un mystère pour personne, met donc en défaut la démocratie, lorsqu’elle répond à la haine par une menace de restriction de la liberté d’expression.

La LDH rappelle donc que la règle qui doit prévaloir est la liberté, et que tout abus de celle-ci doit être condamné de façon ferme et efficace. La LDH et ses militants seront très vigilants et attentifs à ce que les propos de Dieudonné qui méritent une sanction pénale soient poursuivis, comme elle l’a fait par le passé, et elle engage vivement les pouvoirs publics à poursuivre les atteintes à la loi une fois qu’elles sont commises, plutôt qu’à se lancer dans des interdictions préalables au fondement juridique précaire et au résultat politique incertain, voire contreproductif.

Il est scandaleux que les associations parties civiles dans les procès qui ont été fait contre cet individu n’aient aucun moyen de le forcer à exécuter les condamnations, que les magistrats n’aient pas à ce sujet de plus amples pouvoir d’investigation, et prononcent donc des peines dont ils savent par avance qu’elle ne seront pas exécutées.

Puisque Dieudonné a fait son fonds de commerce de la haine, il faut qu’il soit condamné à chaque fois qu’il l’exprime, et que les peines prononcées soient effectives et décourageantes.

 

Dieudonné: interdire ou pas ?

Si on avait encore des doutes sur la généalogie de la "quenelle"...

Le cas Dieudonné occupe les médias depuis plusieurs semaines, et les déclarations du ministre de l’intérieur y ont évidemment beaucoup contribué.

Valls a, dans un premier temps, indiqué qu’il souhaitait une loi qui permettrait d’interdire des spectacles tels que ceux de Dieudonné, dont on sait par avance qu’y seront tenus des propos antisémites, constituant autant de délits. Sauf qu’en droit français, on ne peut pas jugé a priori : pour condamné un délit il faut qu’il ait été commis.

Lors d’un débat sur France Inter le 30 décembre, un auditeur s’interrogeait : Dieudonné est un récidiviste, pourquoi ne pas lui appliquer les peines plancher inventées par Sarkozy ? Ou procéder comme en matière de sécurité routière : on retire le permis après une infraction, mais bien pour en empêcher d’autres…

Le ministre a fait ensuite machine arrière, indiquant qu’une circulaire serait adressée aux préfets. Comme le dit très justement l’avocat blogueur Maître Eolas dans le long article qu’il consacre à cette affaire : « (cette circulaire) rappellera aux préfets ce qu’ils savent déjà et leur dira de faire ce qu’ils font déjà. À savoir qu’ils peuvent interdire un spectacle dudit comique s’il y a un risque avéré de trouble à l’ordre public, à condition que le maire de la commune où aura lieu le spectacle ait été mis en demeure de le faire lui-même et n’en ait rien fait (c’est le pouvoir de substitution du préfet, article L.2215-1 du Code général des Collectivités territoriales, CGCT) et les invitera à envisager cette éventualité avec un œil un peu plus sévère que d’habitude ».

A-t-il adressé ou pas une circulaire aux préfets, cela importe finalement peu…

Dernière « décision » en date du ministre : contraindre « l’humoriste » à payer les dizaines de milliers d’euros d’amende auxquels il a été condamné, toujours pour les mêmes raisons (incitation à la haine raciale, antisémitisme…). Ce serait effectivement une bonne idée, de frapper cet individu là où ça lui ferait mal : le porte-feuille, auquel il semble, avec sa compagne, accorder une grande importance, notamment en « protégeant » certains mots, comme la quenelle. Ce qui lui vaut d’ailleurs quelques accrochages avec son pote Soral.

Sauf qu’il semblerait que Dieudonné ait « organisé son insolvabilité ». Sans doute par des sociétés écrans, des prêtes noms et autres astuces qu’il ne devrait cependant pas être très difficiles à déjouer, d’autant plus que ceci constitue aussi un délit et donc faire l’objet d’une enquête policière.

Mais, même si on peut interdire ces spectacles, faut-il le faire ? C’est finalement ça la seule question qui vaille.

Et là, la plupart des juristes sont d’accord, la réponse est non, l’argument essentiel étant « ne fabriquons pas un martyre ». Là encore, l’article de Maître Eolas nous apporte un éclairage à la fois juridique et politique passionnant.

En revanche, et ceci a été vérifié après les insultes dont a été victime Christiane Taubira : il faut évidemment ne rien laisser passer, poursuivre systématiquement le délinquant, dénoncer systématiquement ses délits. Les attaques contre la ministre de la justice n’ont cessé que lorsque les réactions en sa faveur ont été suffisamment fortes. Laisser dire sans réagir est la pire réaction possible : ces gens-là en rajouteront dans l’ignoble si on ne les dénonce pas.

 

Injures publiques envers les Rroms : 5.000€ d’amende pour Le Pen

« Ils volent naturellement, comme les oiseaux ». Les juges n’ont pas été sensibles à l’humour de Le Pen, et l’ont condamné, pour cette phrase prononcée le 22 septembre 2012 à « l’université » (?!) d’été du front national à La Baule, à 5.000€ d’amende. « Le tribunal correctionnel de Paris l’a déclaré coupable d’injure publique envers un groupe de personnes en raison de son appartenance à une ethnie » indique le journal Libération.

L’excuse de l’humour est un classique chez les racistes : « vous n’avez pas compris ce que j’ai dit », « vous le sortez du contexte »… « c’était de l’humour »… ce à quoi le tribunal a répondu : «La droit à l’humour comporte (…) des limites et doit cesser là où commencent les atteintes au respect de la dignité de la personne humaine et les attaques personnelles» (toujours dans Libération).

Et ces mêmes personnes font également appel à la « liberté d’expression », antidote selon eux à la « bien-pensance » des « droits-de-l’hommistes ». Sauf que, rappelons-le, le racisme n’est pas une opinion, c’est un délit, réprimé par le code pénal.

Rappelons également que la provocation « à la discrimination, à la haine ou à la violence » est elle aussi prévue par le code pénal, dans l’article 24 de la loi du 29 juillet 1881, dont voici le texte :

« Seront punis de cinq ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende (…) ceux qui, par l’un des moyens énoncés à l’article 23, auront provoqué à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée, seront punis d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende ou de l’une de ces deux peines seulement  (…) ».