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Notre Démocratie est mal en point. Les Droits de l’Homme sont bafoués par nos gouvernants à nos frontières et sur le territoire national.

Des hommes, des femmes, des enfants sont battus, abandonnés, tués, emprisonnés, menacés, ou se noient devant nos yeux. Qu’ils soient pauvres, sans papiers, réfugiés, ou simplement qu’ils aspirent à une vie digne, ils sont poursuivis ou laissés pour compte par nos forces de l’ordre ou celles financées au nom des Français.

Cela fait plus de 120 ans que la Ligue des Droits de l’Homme se bat pour faire respecter les droits de tous, sans distinction de sexe, de genre, nationalité, d’origine, de religion.

Informez-vous en nous rejoignant sur le site national  https://www.ldh-france.org
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Toutes les compétences sont les bienvenues, dès lors que vous soutenez la défense des droits de l’Homme. Le fait d’adhérer ne signifie pas que vous vous engagiez à militer si vous ne le pouvez pas, mais tout simplement que vous nous soutenez.

Pour adhérer : https://www.ldh france.org/adherer/

 

 

 

Violences Intra Familiales

Pourquoi publier http://site.ldh-france.org/pertuis/2020/03/08/droit-dans-les-yeux/

La section LDH de Pertuis travaille sur les Violences Intra Familiales depuis plusieurs années.

L’article « Droit dans les yeux » est paru récemment dans le journal Fakir (février 2020).

https://www.fakirpresse.info/

Nous avons décidé de le publier sur notre site, avec l’autorisation de l’auteur, parce que c’est un article emblématique sur les violences conjugales. Il permet avec une lecture accessible, de situer le problème, et de comprendre qu’il y a de multiples facettes souvent complexes.

Vous y verrez la difficulté pour une femme victime de violence conjugale, de porter plainte ou même simplement être entendue par la police, alors que les autorités assurent que tout est mis en place pour les accueillir.

Vous entendrez l’angoisse de la victime ainsi que son inquiétude pour ses enfants.

Vous entreverrez la spirale complexe qui est mise en place pour que la victime se sente responsable puis coupable des agressions qu’elle subit.

Vous vous étonnerez peut-être que l’agresseur n’a pas toujours conscience de la gravité de ce qu’il fait, et que trop souvent, il répond uniquement par la violence à des problèmes conjugaux.

Cet article illustre bien la complexité de ces dossiers, la difficulté pour une victime qui en réchappe de se reconstruire, mais aussi la difficulté pour la Justice à gérer au mieux ces affaires, à défaut de les prévenir.

Il n’y a pas de solution simple et unique à ces cas toujours particuliers, même si des comportements schématiques sont souvent reconnaissables. Souvent, la prévention progresse quand localement, un acteur institutionnel majeur (Commandant de gendarmerie, Procureur de la République,…) s’empare personnellement de ce sujet. Mais également, la prévention balbutie même avec des acteurs sociaux et des associations engagées, quand le sujet des violences intra familiales est traité avec un vieux relent de machisme et un soupçon de « elle l’a un peu cherché ».

C’est pourquoi, ce sujet terrible (plus d’une centaine de femmes assassinées par an et des dizaines ou centaine de milliers de cas moins dramatiques) ne doit plus être tabou, et qu’il faut ici aussi libérer la parole des victimes, en les écoutant et en les entendant.

DROIT DANS LES YEUX

DROIT DANS LES YEUX

149 femmes mortes sous les coups de leur conjoint en 2019.

Pour Mily, ce n’est pas passé loin : le pistolet sur la tempe …

un article de Cyril Pocréaux, avec son aimable autorisation

Paru dans le journal Fakir n°92 en février 2020

https://fakirpresse.info/droit-dans-les-yeux

pour commander le n°92 : http://bit.ly/fakir-en-kiosque

ou l’acheter chez votre kiosquier : http://bit.ly/fakir-kiosques

L’impression d’être une merde

Jeudi 10 octobre 2019, Assemblée Nationale

« Vous avez affirmé, Madame la Garde des Sceaux, que les policiers d’un commissariat ne pouvaient pas refuser une plainte. C’est sans doute vrai en théorie, mais en pratique, nous le déplorons chaque jour… »

C’était  mi-octobre, à l’Assemblée. La ministre de la Justice, Nicole Belloubet, ressassait que, pour les femmes battues, dans les commissariats, tout se passait bien. Circulez, y a pas grand-chose à voir, ni à dire, ni à changer, finalement.

Le matin même, Mily, une copine fakirienne de Montélimar, avait passé un coup de fil au rédac’chef – député, en urgence. Il était sorti de l’Hémicycle pour l’écouter. Elle chialait au bout du fil. Mily, notre exploitée du n°89. Mily, notre préfète fakirienne, qui se démène, mère célibataire avec trois enfants. Mily qui a toujours un sourire d’avance. Et là, en pleurs. C’est avec ce drame qu’il tentait de secouer le « Tout va très bien, Madame la Ministre » :

« Il m’avait fait promettre de ne pas porter plainte. Ça m’a ralentie dans le processus. Les faits se sont produits fin août; je n’ai déposé plainte qu’en avril. C’est une décision tellement difficile à prendre… On a besoin de soutien mais on est isolée, physiquement isolée, dans ces cas-là. Je suis allé dans un groupe de soutien, c’est là que j’ai trouvé la force d’aller au commissariat. Quand j’arrive là-bas, la porte est fermée et la sonnette cassée. Il fallait taper à la fenêtre pour qu’on vous voie. Un policier, derrière le guichet, me demande pourquoi je viens. ‘Violences conjugales par arme’. Et là, il se moque de moi. Il se marre. ‘Vous êtes sûre qu’elle était pas en plastique, l’arme ?’ Et il me fait répéter plus fort, devant tout le monde. ‘ Et pourquoi vous ne portez plainte que maintenant ?’ Ça m’énervait tellement… Là, j‘ai compris que ça serait très dur de porter plainte, alors que ma situation était déjà insupportable. Puis j’ai été reçue par une femme policier qui m’a dit qu’il fallait des preuves, des certificats, que sinon ça ne servait à rien, et elle m’a renvoyée. Je suis sortie en pleurant. Heureusement, je suis tout de suite allée voir le médecin, la psy, des personnes qui pouvaient témoigner.

Une heure après, j’étais de retour au commissariat. Et là, le dépôt de plainte, ça été l’horreur : ça l’a gonflée, que je revienne déterminée. Je suis reçue dans un bureau où une autre plainte est déposée en même temps. Pour une dégradation de portail. Pour ça, on répondait au plaignant : ’ah oui, c’est pas normal, vous en faites pas, on va regarder les caméras de vidéosurveillance.’ Avec moi, la policière levait les yeux au ciel, soufflait, c’était le pire, sans qu’on fasse une pause, sans un verre d’eau.’ Mais pourquoi vous avez accepté ça ?’, elle me disait.

Vous auriez dû partir avant… Mais non, ça s’est pas vrai, c’est pas possible.’ J’avais l’impression d’être une merde. D’avoir une double peine. J’ai vécu ça très violemment, aussi violemment que tout le reste. Je suis rentrée chez moi et j’ai pleuré pendant trois jours.’

Finalement, sa plainte fut bien enregistrée. Et le procureur ne l’a pas classée. Et l’affaire est passée au tribunal, après des années d’errance.

Le droit de vivre

Mardi 29 octobre. Tribunal de Carpentras. 11h00

« Au moins, je vais avoir le droit de parler publiquement, dire ce qu’il s’est passé. Pour l’instant, ça n’a pas été possible. »  Mily est nerveuse, ça se sent, entourée de ses deux parents, de ses soutiens et amis. Je le comprends vite : une affaire comme ça, ça vous embarque toute une famille. Le gars se pointe. Une masse, 1m85 peut-être, cent kilos, facile, barbe et crâne rasé. Face à Mily, toute menue, pas grande. Les yeux se croisent. ‘J’ai tenu son regard. Il m’a regardé, j’ai pas baissé les yeux’ se redresse-t-elle. Une peur se fait jour : qu’il ne soit pas condamné. Qu’il s’en sorte sans rien, ou avec une gentille tape sur les mains. Mily, ses gosses, ses proches auraient du mal à s’en remettre, je crois.

A la barre défile le catalogue de la misère et des coups tordus, l’un qui frappe son frère avec un couteau, un autre qui essaie d’échapper à la police pour la sixième fois, un troisième, un monsieur handicapé qui dit ne rien comprendre de ce qu’il fait ici. Au plafond, sur les fresques, Hercule se bat contre les monstres.

Mily trépigne sur son banc, en attendant. Ca approche, et elle part en sanglots. ‘Je faisais encore des cauchemars, y a pas longtemps, tu sais, des crises d’angoisse. Là, je sais que le dénouement est proche, et qu’après, j’aurais le droit de vivre. Et ça fait peur.’

Son affaire est appelée.

L’ancien conjoint s’approche, décline son identité, « Remy Canuti », sa fonction, « directeur général des services à la mairie d’Orange », tendance Front National. La magistrate, lisant le dossier : « Vous aviez une relation sentimentale depuis 2013… isolée de sa famille et de ses amis… giflée sur la joue gauche … vous lui sautez dessus et l’étranglez quand elle ne veut pas changer de vêtements… Un soir, suite à un désaccord sur une mutation, le ton monte. Vous la jetez par terre, la giflez, vous lui mettez un revolver sur la tempe, vous armez le chien, le doigt sur la détente… depuis, elle a été suivie pour choc post-traumatique, dans un contexte dépressif. »

Le colosse fait profil bas. Très bas, même. « Je suis choqué par ma propre violence… J’ai rendu mon revolver. Je reconnais l’intégralité des faits, et il n’y a pas d’explication à mon geste. Ca fait quatre ans que j’attends ce jugement, car je ne pourrais pas vivre sans être jugé et sanctionné pour ce que j’ai fait. »

Il ne peut pas vivre, mais juste assez quand même, pour continuer les avances et pressions sur les femmes qui passent dans ses services, à la mairie, sous ses ordres. Les témoignages, depuis la plainte de Mily, se multiplient.

Il reprend : « J’ai obtenu des justifications, en faisant un travail psychologique ; je suis d’une famille où tout le monde est allé en prison, avec un grand-père voyou. C’est une mauvaise image de l’homme. La scène du revolver, mon père l’avait vu sur sa propre mère. Ça ne justifie rien mais c’est une sorte d’héritage… »

La magistrate : « Donc c’est bien vrai ce qu’elle dit ? »

Canuti : « Oui, enfin, non, pas la tentative de noyade de son fils. »

Car il y a ça, aussi : le petit a été jeté dans une piscine, alors qu’il ne savait pas nager.

L’avocat de Mily : « Qu’est ce qui fait qu’à un moment, on va prendre une arme dans un coffre pour lui mettre sur la tempe ? Elle a peur. Il n’y a rien qui justifie ça… C’est pour l’impressionner, la punir ? »

Canuti : « Je voulais qu’on arrête de se disputer. »

L’avocat de Mily embraye : « C’est le genre de relation qu’on retrouve systématiquement dans ces affaires : on laisse penser que tout est de sa faute, à elle, puis il y a les petites humiliations quotidiennes, les violences, pas anodines, et une jeune femme qui entre dans une relation de dominant – dominée, coupée de son environnement. En termes de violences physiques et psychologiques, c’est abominable. Elle se sent coupable : qu’est ce qui va provoquer son courroux, sa colère ? Et peu à peu, ça vous ramollit. On ne se construit plus que dans le regard de l’autre. L’estime de soi passe par lui »

Mily, juste devant moi, ne pleure plus. Parce qu’elle a trop pleuré.

« Elle vit cette scène depuis cinq ans. Elle a pensé qu’elle allait mourir. Ses enfants étaient à côté. ‘Si moi j’y passe, pour mes enfants, qu’est ce qui va se passer ? Eux aussi ?’ Elle doit suivre une psychothérapie, 60, 80 euros la séance, mais elle n’a pas les moyens. Ça devrait être remboursé. Vous, vous les avez les moyens. On n’a pas à vous remercier de formuler des excuses. »

« Vous avez beaucoup de chance, monsieur »

Salle d’audience. 13h00

Le procureur Raffin (j’ai dû me faire répéter le nom) s’avance, un grand gars, droit : « C’est le dossier du jour pour moi. Malgré le poids de l’expérience, il me fait froid dans le dos. Mais une première remarque, d’abord. N’y a-t-il pas dans l’organisation de la justice un problème ? Les faits datent du 28 août 2014… On a des effectifs nettement sous-dimensionnés dans ce tribunal. Il y a eu des boulettes, par les gendarmes. Un jugement d’incompétence du tribunal de Valence ! De Valence ! »

Le procès aurait dû se tenir trois ans plus tôt à Valence, mais le dossier était sur la mauvaise pile. Mily me racontera : « Ils te font attendre deux heures, tu passes à la barre et là, ils te disent qu’ils sont incompétents, et renvoient ailleurs.» Et c’est reparti pour un tour.

Le procureur : « Vous attendiez ce moment, monsieur ? Moi aussi, je l’attendais… Maintenant, on va s’expliquer. Sachez que vous avez beaucoup de chance. Parce que sous d’autre cieux, vous ne comparaîtriez pas devant ce tribunal. Les circonstances sont aggravantes. J’ai requis aux Assises pour un monsieur, il avait commis un car-jacking, avec pistolet sur la tempe. Il a fait pareil que vous, monsieur. J’ai requis 18 ans. Il en a eu 23, 23 ans ! »

Il se tourne vers les juges, appuie bien les mots.

« Cette relation perverse, elle est ex-clu-si-ve-ment de son fait. Et ban, la gifle ! Et ban, le pistolet ! Et allez, on se rend au coffre, on sort le 357 Magnum. La pression de l’arme l’a balancée à terre, jetée sur le sol. Elle appelle au secours, deux fois. ‘Tu vas te taire !’ Il faut imaginer ses yeux exorbités, et au même moment, le bruit du chien sur le pistolet. Je comprends, qu’elle ait cru voir la mort dans une immédiateté… Une arme sur la tête ! »

Il reprend à peine son souffle.

« Il y a eu un étranglement complet ! Vous savez ce que c’est, la perte de connaissance initiale ? Parce qu’elle avait mis un short trop court ? Il humilie, avec intelligence, la met à genoux, insultes, chantage, quand vous balancez un enfant de quatre ans qui ne sait pas nager dans une piscine. Eh ! C’est cet homme-là que vous allez juger ! »

Mily se retourne vers moi, sourit doucement, souffle. Elle a compris.

« Il nous faudra encore beaucoup d’efforts pour trouver la faille en vous, poursuit le proc. Pour comprendre pourquoi vous êtes un pervers qui cherche la domination. Je demande deux ans avec un sursis simple, et cinq ans de période probatoire. Je demande une peine d’amende de 10 000 euros. Je pourrais demander la fin de l’autorité parentale, et du coup, il perdrait son emploi de fonctionnaire. Je pourrais requérir une interdiction de séjour. Il perdrait tout. Je ne vais pas requérir ça. J’espère ne pas me tromper. C’est de la justice intelligente que je demande. Pas pour les 124 meurtres de femmes et les 200 000 victimes depuis le début de l’année, mais pour la prévention de ce cas-là. »

Détourner le regard

Devant le tribunal. 14h00

« Pas de déclaration. Et vous ne parlez qu’à moi, pas à lui. »

L’avocat de Canuti fait barrage.

Il faudra se contenter des déclarations de son avocat, un peu plus tôt, dans la grande salle.

« Vous avez entendu sa voix ? Ce que vous devez juger, c’est l’homme de maintenant. Un homme sage. Quand il dit ‘je ne me reconnais pas’, c’est vrai. C’est l’histoire d’un couple passionnel, violent. Il y a eu une rencontre, et cette rencontre a été explosive ! »

Le juge a eu un regard sévère.

« 124 femmes sont mortes cette année sous les coups de leur conjoint. Il faut prévenir. Pas question que ça ne figure pas à votre casier. »

Verdict : deux ans avec sursis, quinze ans d’interdiction de port d’armes, inscription au casier judiciaire, 4000 euros d’amende.

Au-delà des attentes, finalement. Mais un étonnement tout de même : pour évoquer tout cela, Mily n’a pas pu parler, au fil de l’audience. Elle a été dite, interprétée, représentée, mais jamais elle n’aura pu s’exprimer directement, dire sa douleur et ses angoisses. D’autres l’ont fait à sa place, comme une nouvelle négation.

Mais depuis, au moins, Mily reçoit pleins de témoignages. La parole s’est libérée. Un gardien de la paix, ému : « Vous êtes une lumière pour les autres femmes. » Des femmes victimes, aussi, parfois directement concernées par l’affaire, qui se raccrochent à son cas comme à une bouée. Jacques Bompard, le maire d’Orange, a lui choisi de conserver son directeur général.

« Tu as vu… Quand il est sorti du tribunal, il a évité mon regard 

 – Tu te sens comment

Soulagée, fatiguée. D’un coup, au moment du verdict, j’avais plus peur. Je le sentais tout petit. C’est le début de ma vie à moi. La pause dans mon existence est finie. »

C’est marrant, presque : c’était son anniversaire, à Mily, ce 29 octobre.

Cyril Pocréaux

La Malédiction d’être fille

 

Les créateurs en France imaginaient être à l’abri des poursuites pour pédophilie sur les « filles » au nom de leur statut d’artiste , mais ce n’ est plus le cas, grâce au courage de leurs victimes qui désormais témoignent : Après Flavie Flament qui dénonce son viol à 13 ans par David Hamilton , dans son récit  « La consolation » ,  celui de Vanessa Springora, devenue à 13 ans égérie sexuelle de Gabriel Matzneff, ce qu’elle décrit dans « Le Consentement »,  voici qu’ Adèle Haenel vient aussi fracasser l’image de deux cinéastes accusés de viols sur mineurs : Christophe Ruggia dont elle est la victime directe et Roman Polanski que l’on vient de couronner aux César.

Les petites filles ont grandi et se rebiffent !

Mais hors du monde de l’art et des médias, ce n’est hélas pas facile de dénoncer la condition des  » filles » victimes de violence sexuelle en France comme l’enquête suivante nous le montre.

Contribution à la réflexion sur la condition féminine

MP Tournier (LDH Pertuis Sud Luberon) présente
de larges extraits de l’essai « La Malédiction d’être fille »
de Dominique Sigaud. Édition Albin Michel, 2019.

En publiant « La Malédiction d’être une fille », éditions Albin Michel, en 2019, Dominique Sigaud, femme grand reporteur et essayiste primée pour son travail sur le Rwanda en 1996 et l’ensemble de son œuvre par la Société des Gens de Lettres en 2018, ajoute une pierre à l’édifice de la dénonciation de crimes contre l’humanité en s’intéressant au sort des « filles » dans le monde et plus particulièrement en France. En effet nous sommes conscients des violences faites aux femmes, mais n’oublions pas qu’avant de devenir femmes, de nombreuses petites filles subissent des violences parfois extrêmes et ce depuis leur conception. Les récentes dénonciations de violences exercées sur des mineures dans la société française, et plus spécifiquement dans le monde intellectuel et artistique, à travers les affaires récemment médiatisées, nous y renvoient cruellement.

Je vous présente deux volets de l’enquête de Dominique Sigaud afin qu’on ne puisse plus dire « qu’on ne savait pas ». Que ce soit un encouragement à la lire et à  lutter contre cette criminalité qui touche les plus vulnérables d’entre nous .

Dans son long préambule expliquant sa démarche Dominique Sigaud présente un terrible constat constat sous le titre :

VIOLENCES FAITES AUX FILLES DANS LE MONDE

Elle rappelle, p 24, que « la violence faite aux filles est un invariant de l’histoire humaine et une réalité terriblement contemporaine. Ce sont des faits. Des actes. Tous les continents sont touchés, toutes les civilisations, cultures, religions, classes sociales. D’autant plus terribles qu’ils s’accompagnent de discours les justifiant. Qu’ils sont le fait d’adultes ayant autorité sur ces mineures et sont l’objet de dénis puissants. » (p 25)

Dans son préambule, Dominique Sigaud fait un rappel glaçant, en vrac, de la violence mondiale exercée contre les filles qu’annonce le sous-titre programmatique (p.15) :

« Foeticide, filiacide, inceste. Mutilation sexuelle. Mariage d’enfants. Viol. Traite. Esclavage domestique. Esclavage sexuel. Prostitution. Meurtre dit « d’honneur ».

« 1 Fille sur 5 dans le monde subit des violences sexuelles avant 18 ans, en Occident comme ailleurs.

Dans certains pays la proportion est de 1 sur 3, voire 1 sur 2.

Tous les ans, 1 fille sur 10 est victime de viol ou d’autres actes sexuels forcés.

En France, 40% des viols et tentatives de viol déclarés concerneraient des mineurs de moins de 15 ans.

Au Royaume-Uni, 21% des filles de moins de 16 ans (1 sur 5) ont été victimes d’abus sexuels.

Personne ne sait combien de filles dans le monde sont soumises à l’inceste, on sait juste que jusqu’à 21% des femmes dans certains pays ont signalé avoir été victimes d’abus sexuels avant 15 ans, 1 sur 5 ; une grande partie de ces abus sont incestueux.

A force de foeticide (supprimer le fœtus) et de filiacide (tuer sa propre fille), 160 millions de filles manquent en Asie, ce qui en fait le continent le plus masculin du monde.

Pour la première fois en 2016, le Centre asiatique pour les droits de l’homme a évalué à environ 1,5 million les fœtus féminins éliminés chaque année en raison de leur genre.

Personne ne sait combien de mères sont forcées chaque année de tuer leur fille de leurs propres mains, personne n’a encore cherché à le savoir ; elles sont des centaines de milliers.

Il meurt chaque année de malnutrition et mauvais traitements plus de 1 million de bébés filles qui auraient survécu s’ils avaient été des garçons.

Plus de 200 millions de filles dans le monde sont victimes de mutilations sexuelles (clitoris et lèvres coupées), 66% des 12 millions de Soudanaises sont infibulées (vagin cousu).

60 millions de filles sont victimes de violences sexuelles à l’école et sur le chemin de l’école, 12% des filles (1 sur 9) sont mariées avant l’âge de 15 ans.

100 000 enfants sont victimes de traite sexuelle aux Etats-Unis.

Les mineures représentent plus de 20% des victimes d’exploitation sexuelle forcée. »

Dominique Sigaud commente plus loin, p.25, cet insupportable état des lieux : « Il faut parfois mettre bout à bout pour voir. Etre capable de tout regarder. Quand on met bout à bout les violences faites aux filles alors que naît le XXIe siècle et non le IIe, quand on les regarde sur tous les continents, dans les campagnes et les villes, chez les très pauvres et les riches, les noirs, jaunes, blanches, rouges, et toutes les autres, chrétiennes, musulmanes, bouddhistes, athées, on comprend qu’il se passe quelque chose. Qu’à la surface de la terre court une espèce de peste obligeant les filles à la prostitution, à l’humiliation, à la dépendance extrême, à l’impossibilité de se doter d’un corps, d’une voix, d’une existence à soi, pour soi, en son nom propre. C’est maintenant à Bombay et à Paris, au Texas et au Mexique, en Chine et en Arabie Saoudite, en Egypte et tout au long de l’Afrique. Ça empire dans certains pays, même si d’autres font leur possible pour que ça s’amenuise. Ça se compte en centaines de milliers de morts, de sexes brutalisés, de viols. C’est quotidien.

C’est tabou encore le plus souvent. Sous le manteau. Dans le secret. » (p.25)

 

Puis l’essai de Dominique Sigaud se divise en deux parties : la première est consacrée aux « violences le long de l’enfance » où elle passe en revue dans le monde les multiples manières d’exercer les violences sur les filles ; la seconde partie propose une présentation géographique : « Une géographie des violences » dans laquelle elle décrit les violences contre les filles dans certains pays : France, Etats-Unis, Inde, Egypte.

La situation en France est catastrophique :

« En France 40% des viols et tentatives de viols déclarés concerneraient des filles de moins de 15 ans. En France, il y aurait chaque année presque 150 000 viols et tentatives de viol sur mineures soit 300 à 400 par jour. Plus que sur des majeurs. En fait, on ne sait pas. » (p.169)

« La France est, après les Etats-Unis, et avec le Royaume- Uni, selon le dernier classement de l’UNICEF sur « les violences sexuelles subies avant 15 ans », le pays occidental le plus touché par les violences sexuelles sur mineures. La France, et non pas l’Italie ou la Grèce méridionales. Mais le pays des grands idéaux, trop idéal peut-être pour lancer des études qui permettraient d’en avoir le cœur net, n’a toujours pas mis en place , sur les questions de l’inceste, des viols, de la prostitution et des mutilations, les outils  des outils qui permettraient de savoir, d’établir des statistiques, et de là de former les réponses publiques utiles.(…)

En novembre 2018 la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH), organisme indépendant, finit par s’en inquiéter publiquement : « Lutte contre les violences sexuelles : une urgence sociale et de santé publique, un enjeu pour les droits fondamentaux » ; «  il est à noter que les différentes enquêtes sous-estiment le nombre total de viols par an (…). La plupart des victimes de violences sexuelles déclarent ne pas avoir été protégée et ne pas non plus avoir  bénéficié d’une prise en charge adaptée, malgré le devoir de l’Etat d’agir avec la diligence nécessaire. »

Dominique Sigaud rappelle que la seule étude nationale fût lancée en 2011 suite à une préconisation insistante de l’Europe, or elle est incomplète. « Pourtant cette enquête « Violences et rapport de genre : contextes et conséquences des violences subies par les femmes et les hommes« , établit pourtant que 40% des viols et tentatives de viol subis par des femmes l’ont été avant leurs 15 ans et 16% d’entre eux entre 15 et 18 ans. Pire encore, le taux de viols et tentatives de viols est de 27% avant leurs 10 ans et 23,3% pour les autres agressions sexuelles. » (p170)

 

Plus loin elle souligne que « l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales » (ONDRP) estime que moins de 4% des viols sur mineurs font l’objet de plaintes ; 96% n’en font donc pas l’objet. Or en 2017, 8788 plaintes ou signalements pour viols sur mineures ont été enregistrés. S’ils représentent 4% des faits, cela signifie qu’il en reste 90 000 non enregistrés, soit environ 240 par jour ! (p 171)

Dominique Sigaud produit des statistiques plus qu’alarmantes :

« Selon l’étude menée en 2015 par l’association « Mémoire traumatique et victimologie » avec l’appui de L’UNICEF France, « Si l’on croise les données de l’enquête CSF (Contexte de la sexualité et France) avec celles de l’Observatoire national des violences faites aux femmes, on obtient les chiffres suivants : environ 123 756 filles de moins de 18 ans seraient victimes d’un viol ou d’une tentative de viol chaque année. »  Soit 340 par jour. Ces chiffres coïncident à peu près aussi avec d’autres, repris dans le rapport sur le viol remis à l’Assemblée Nationale en février 2018 : les forces de l’ordre ont enregistré en 2016, 19 700 plaintes de victimes mineures suite à des violences sexuelles, dont 7050 pour viol (et 12 650 pour harcèlement et agression sexuels). Or moins de 10% des faits font l’objet d’une plainte. Le chiffre noir, c’est-à-dire la part de faits criminels jamais passés par le crible de la justice, est de 90%, confirmé le CNCDH.

On retombe donc bien en effet sur un chiffre d’environ 120 000 viols et tentatives de viol sur mineures chaque année, soit, si je calcule bien, 328 par jour. Pas de quoi lancer de vraies enquêtes en effet. Sachant cela, qui plus est, le gouvernement continue à ne publier que des chiffres sur les viols après 18 ans, comme c’est le cas de la MIPROF. C’est-à-dire qu’il laisse de côté 56% des viols et tentatives de viol. C’est-à-dire qu’il laisse de côté les abus sexuels sur les enfants. » (p 171- 172).

En sachant qu’en France, contrairement à la législation de nombreux pays et des préconisations européennes l’inceste n’est pas réprimé en tant que tel…

Je vous laisse découvrir ce document extrêmement important de Dominique Sigaud qui doit contribuer à une prise de conscience du statut de la fille dans le monde et dans notre pays. Le manque de considération, de respect et surtout d’humanité à l’égard des jeunes victimes est tel qu’on doit admettre une démission collective, une lâcheté devant notre acceptation et, pire, notre collaboration avec le système patriarcal qui impose cette cruauté à l’égard de la femme.

La Ligue des Droits de l’Homme engagée dans la lutte contre les violences faites aux femmes, n’oublie pas que cela doit aussi impliquer les « filles victimes de violences », encore plus fragiles et « invisibles »   dont le statut n’est pas reconnu dans notre pays comme dans le monde.

Merci au livre de Dominique Sigaud !

 

 

Merci au livre de Dominique Sigaud !

Un Oscar scandaleux et malsain

Vendredi 28 février 2020, lors de la cérémonie des Césars, l’industrie cinématographique française décernait à Roman Polanski l’ Oscar du meilleur réalisateur.

Ce réalisateur, est ou a été accusé de viol par plusieurs femmes, dont au moins une mineure au moment des faits.

Nous tenons d’abord à exprimer notre compassion à l’égard de toutes les victimes de viols, ou agressions sexuelles, pour qui cette information est douloureuse voire intolérable.

Au moment où les droits des femmes sont partout remis en cause, où la parole commence à se libérer un peu dans nos sociétés pour dénoncer les viols, crimes sexuels ou abus d’enfants, il est particulièrement choquant de voir l’industrie du cinéma français prendre publiquement position en faveur de Roman Polanski. Aucune oeuvre, fut-elle « géniale » ne saurait faire oublier des comportements machistes, agressifs, abusifs au détriment de victimes en situation de faiblesse.

La Ligue des Droits de l’Homme combat pour toutes les libertés fondamentales et parmi celles-ci le droit des femmes et des enfants. Notre section s’implique depuis plusieurs années dans la lutte contre les Violences Faites aux Femmes.

Nous déplorons cette action en faveur de Mr Polanski au moment même où sont révélés ces derniers mois dans l’industrie cinématographique plusieurs accusions d’« attouchements » et de « harcèlement sexuel » voire de « relations sexuelles imposées » par des réalisateurs envers des actrices.

Nous ne comprenons pas que le cinéma français, pourtant capable d’oeuvre intelligente et sensible comme par exemple le film Les Chatouilles réalisé par Andréa Bescond et Eric Métayer, puisse en 2020, ignorer le passé de Mr Polanski et lui décerner une telle récompense sans comprendre ou anticiper tous les effets pervers d’une telle reconnaissance publique.

Réforme des retraites : Ne cassons pas la solidarité au profit du capitalisme

Non à la réforme des retraites ! Oui à plus de justice sociale !
Ne cassons pas la solidarité au profit du capitalisme

Le gouvernement a proposé puis imposé un projet de réforme des retraites dénommé « système universel de retraite ». Initialement basé sur le rapport Delevoye, ce projet a évolué au fil des contestations par quelques mesures en trompe l’œil mais reste majoritairement rejeté par les citoyens.

Sur la forme, le conseil d’Etat a émis un avis très critique sur ce projet relevant en particulier des projections financières insuffisantes et lacunaires et une absence généralisée de consultation d’organismes impactés. Il note également que pour ce projet de grande ampleur, une large consultation devrait être pratiquée avec de longs délais pour permettre un projet abouti et consensuel.

Or, le gouvernement a annoncé vouloir « passer en force » et recourir aux ordonnances.
A la contestation qui se répand dans la société, le gouvernement répond par quelques aménagements catégoriels, et surtout, par une répression souvent violente et disproportionnée

L’actuel système français de retraite est un système solidaire, fondé depuis 1945 sur la répartition, c’est-à-dire que les cotisations et les taxes versées une année donnée finançent les prestations de cette même année.
Le Conseil d’Etat souligne que le niveau de vie moyen des « seniors » comparé au reste de la population est, en France, parmi les plus élevés au sein de l’OCDE. Il est, en outre, caractérisé par l’existence en son sein de mécanismes de solidarité, en faveur notamment des personnes ayant élevé des enfants et des personnes âgées aux ressources les plus faibles. Il précise qu’avec ce système, le taux de pauvreté des retraités a été pratiquement divisé par 5 entre 1970 et 2017.

Le nouveau système proposé par le gouvernement n’offre aucune garantie aux futurs retraités, les différents modes de calculs présentés étant flous, divergents, et basés sur des indices volatiles ou non reconnus.
Ce n’est plus un système basé sur la solidarité mais tout au contraire sur le capitalisme. C’est-à-dire que les cotisations serviraient à générer de l’argent dont profiteraient en premier les gestionnaires, les organismes financiers ou les grandes sociétés.

Nous considérons que ce projet provoquerait une régression de la justice sociale et contribuerait de manière importante à détruire la solidarité au profit de l’individualisme.

En faisant dépendre la possibilité du versement des retraites du rendement du capital constitué par les organismes financiers, ce projet pourrait très bien conduire à la suppression des retraites en cas de crise voire de krach financier. Ce cas est loin de n’être que théorique si on pense aux affaires Madoff, Clearstream, et si on écoute le cabinet McKinsey qui alertait en octobre dernier sur la situation de 354 banques…

Le projet présenté engendrerait probablement une augmentation des écarts du niveau de vie des futurs retraités, au détriment de ceux qui auront eu les parcours les plus précaires, et au profit de ceux qui déjà se seront enrichis au cours de leur carrière professionnelle.
Nous pensons également qu’il créerait un appauvrissement général, puisqu’une partie des cotisations profiteraient forcément à des organismes financiers.

Ce projet semble convenir parfaitement à des organismes capitalistes dont les objectifs sont uniquement financiers et qui n’ont aucune éthique ni politique sociale. Il recueille une opposition massive et constante dans la population française.

Nous partageons cette opposition à cette réforme car nous considérons :

  •  Qu’il n’est pas justifié de détruire un système solidaire au profit d’un système individualiste.
  • Que la solidarité intergénérationnelle créée par la contribution des actifs au profit des anciens, est une composante essentielle du « vivre ensemble ».
  • Qu’offrir au capitalisme d’accéder à sa guise aux importantes sommes cotisées par la population ne va pas favoriser la justice sociale, et conduire probablement à encore nuire à l’environnement.
  • Que dans un régime démocratique, une réforme de cette ampleur nécessite des débats approfondis, des données claires et incontestées. Une telle réforme ne pourrait être acceptable que si une consultation populaire s’exprimait de manière très majoritairement favorable.

C’est pourquoi la section Ligue des Droits de l’Homme de Pertuis demande au gouvernement d’abandonner ce projet de réforme des retraites et de mettre en œuvre une politique de justice sociale, au profit des plus faibles et des plus démunis, et en respectant les droits fondamentaux de chacun.

Festival 2020  » au cinéma pour les Droits Humains « 

La Ligue des Droits de l’Homme – section PERTUIS est partenaire de Amnesty International pour le festival 2020 « Au cinéma pour les droits humains »

Le festival en salle est annulé en raison de la situation sanitaire
MAIS

Le festival « Au cinéma pour les droits humains » continue…
On ne lâche rien – le festival continue sur le net

Toujours plus fort pour les droits humains ! on lance les projections en ligne sur :
Premier Film : ASSIA – visionnage du 19 au 20 Mars 2020
Merci à la réalisatrice Malika Zairi
Comme pour les projections en salle, le public a la possibilité de voter :
Envoyez vos notes de 1 la plus basse à 5 la plus élevé pour les prix du publics et vos commentaires :
– soit sur l’événement Facebook  projections en ligne  de la page Facebook du festival https://www.facebook.com/acdhamnesty/
– soit à l’adresse mail votes@au-cinema-pour-les-droits-humains.frIl y
Il y aura d’autres films… toujours en ligne pendant 2 jours seulement ! Donc, si cela vous intéresse, vous allez  tous les jours sur le site et vous aurez les nouvelles projections.

PARTAGEZ AVEC TOUS VOS CONTACTS !!

LA LUTTE POUR LES DROITS HUMAINS CONTINUENT MÊME CONFINES !!

 

Discours du Défenseur des Droits – Janvier 2020

Discours du Défenseur des Droits  Janvier 2020

 

Le Défenseur des Droits, Jacques Toubon, est  un énarque. Proche de Jacques Chirac, il a participé à la formation du RPR. Il ne peut être catalogué comme gauchiste, subversif ou assimilé.

Voici quelques extraits commentés de son discours, que vous pouvez retrouver en intégralité sur https://www.defenseurdesdroits.fr/fr/discours-et-interventions/2020/01/discours-de-la-ceremonie-des-voeux-2020-du-defenseur-des-droits

 

Le Défenseur des Droits dénonce clairement l’abandon du service public qui détruit la cohésion sociale :

« … je souhaite que nos services publics regagnent la confiance de celles et ceux qui vivent, travaillent, voyagent, vieillissent sur notre territoire. « L’évanescence » des services publics compromet l’accès aux droits car, en France, c’est par le service public qu’est assurée l’effectivité des droits, en particulier des droits sociaux. Elle entraine des inégalités, des sentiments d’abandon, d’injustice, de solitude qui minent la cohésion sociale.

La dématérialisation à marche forcée, la déshumanisation des fonctions d’accueil, d’orientation, d’information engendrent les plus grandes difficultés pour les personnes vulnérables, éloignées, handicapées. »

 

Il dénonce la remise en cause de l’état de droit et les atteintes à la Liberté :

« L’égalité se nourrit aussi de nos libertés individuelles et publiques.

Vous savez les positions que j’ai prises … décrivant la rupture de l’équilibre entre les exigences légitimes de la sécurité et le respect des garanties des libertés, les accrocs à l’état de droit, l’instauration d’un « droit pénal administratif », les restrictions sur les droits des demandeurs d’asile. … on voit bien, si l’on se place dans la longue période, que nous sommes au bas d’un cycle de mise en cause des droits de l’homme, inauguré le 11 septembre 2001, sous la pression des peurs, des replis nationalistes, des simplismes populistes

Et malheureusement, à part les vœux de Jacques Toubon, rien n’indique aujourd’hui que la remise en cause des droits de l’homme ne va pas continuer ou empirer….

 

Il souhaite que « … s’ouvrent de nouveaux espaces de liberté tels que l’amélioration du statut légal des lanceurs d’alerte par la transposition de la nouvelle directive de l’Union Européenne. » alors même que Rui Pinto, le lanceur d’alerte qui a permis de découvrir une grande partie de la face criminelle du Football mondial, est traduit en justice au Portugal.

 

Alors que les violences policières se multiplient en France, il rappelle que « … la force légalement attribuée aux forces de sécurité doit respecter trois principes fondamentaux :
–    Légitimité : la force ne peut être utilisée que dans un but légitime, ainsi, réprimer une infraction ou mettre fin à des violences.
–    Nécessité : l’usage doit en être nécessaire pour atteindre l’objectif légitime.
–    Proportionnalité : la mise en œuvre de la force ne doit pas causer des dommages excédant le bénéfice qu’on peut attendre de son usage. »

Il mentionne notamment que « … de nombreuses instructions et règles d’emploi encadrent depuis longtemps le comportement des forces de sécurité. Elles doivent être respectées dans le cadre de ce que l’on appelle la doctrine, ou le schéma, du maintien de l’ordre. Notamment l’identification des agents par le RIO et l’interdiction de l’anonymat sauf cas particuliers. L’emploi des AFI (Armes de Force Intermédiaire c’est-à-dire LBD et grenades) est aussi précisément réglementé. »

Or de nombreux gendarmes et policiers refusent de porter leur matricule d’identification et utilisent grenade et LBD de manière illégale :  dangereuse et inappropriée.

Il ajoute « Deux éléments du maintien de l’ordre font sensiblement défaut en France, la communication à tout moment et l’insuffisance de la formation et de la spécialisation. » Ce qui était  déjà pointé comme une insuffisance et un axe à améliorer impérativement dans le rapport de l’Assemblée nationale datant de … 2007 !

 

Il souhaite, comme nous,  que « … que le discours de l’identité, aujourd’hui, prépondérant, fasse de nouveau place à celui de l’égalité ! »

ACTIVISTE EXTREMISTE

Etre traité d’activiste extrémiste, est-ce péjoratif ?

Le cas de la défense des Droits de l’Homme

On entend de plus en plus fréquemment dans les communiqués de différents hommes politiques ou groupes de pression, les termes activistes ou extrémistes, quelquefois associés, pour désigner des personnes. Ces termes tendent à marginaliser ces personnes, voire à justifier contre elle des actions illégales.

Qu’en est-il des personnes qui « s’activent » pour la défense des Droits de l’Homme?

Un activiste des Droits de l’Homme, qui est-ce ?
C’est quelqu’un qui se mobilise pour défendre les Droits de l’Homme, pas ses droits à lui, mais les droits de chacun, de tous. Par définition, on pourrait dire qu’en apparence « il se mêle de ce qui ne le regarde pas ». Et pourtant les Droits de l’Homme, c’est la base de notre démocratie, le fondement de notre République et le socle de notre constitution.

C’est donc le droit, (et même le devoir !) de chaque citoyen de défendre les Droits de l’Homme.
Et c’est une action qui est favorable à la démocratie. Car le contraire, abandonner les Droits de l’Homme, ou les laisser se faire bafouer, serait une atteinte grave à la démocratie.

Donc, en aucun cas, ce terme activiste appliqué à quelqu’un qui se mobilise ou se bat pour des droits fondamentaux ne peut être péjoratif.

Un activiste des Droits de l’Homme, c’est quelqu’un qui s’intéresse aux droits fondamentaux, qui s’informe, alerte, relaie, combat ou manifeste. Ce sont des actions nobles et non violentes, légitimes, et en parfait accord avec les préambules de notre Constitution.

Parmi les droits fondamentaux émergents, il peut y avoir des droits non encore inscrits dans la Constitution ou en cours de rédaction, comme par exemple le droit des générations actuelles et à venir à vivre dans un environnement sain et préservé.
Il faut être fier d’être un activiste qui combat pour l’émergence de ce droit nouveau qu’est la défense de l’environnement.

Extrémiste, un terme péjoratif ?

On entend dans la bouche de certains que les extrémistes seraient forcement des inconscients et que seuls les « modérés » ou ceux qui recherchent ou acceptent une solution médiane seraient raisonnables.

Ce qui reviendrait à mettre hors du jeu politique toute personne taxée d’ « extrémisme ».

Or dans la défense des Droits de l’Homme, c’est exactement le contraire !
Dans la défense des Droits de l’Homme, ne pas être extrémiste, accepter une position mitigée est inacceptable et conduit inévitablement à une régression des Droits de l’Homme.

Prenons quelques exemples actuels dans la lutte pour les Droits de l’Homme.

Le droit de grève : une position « modérée » ou « consensuelle » pourrait être d’accepter le droit de grève, mais uniquement quand ça ne fait pas perdre d’argent aux employeurs ou que ça ne perturbent pas les clients ou usagers. Bien évidemment le droit de grève est un droit fondamental,
acquis pour tous, qui permet à chacun d’exprimer en cas de besoin un malaise très profond au point de renoncer à son salaire. Ce droit fondamental est inscrit dans notre constitution et seules les modalités pratiques comme les préavis ou les réquisitions sont règlementés. Prendre position pour un droit de grève limité serait aller à l’encontre des droits fondamentaux de chacun.

Le droit de manifester : ne pas être extrémiste serait de limiter le droit de manifester à certaines personnes et pas à d’autres, ou de le limiter à des causes « acceptables » (par qui ??). Ou de décider qu’il ne faut pas manifester « trop souvent » ou d’instaurer des limitations dans le temps ou l’espace. Cette position « médiane » ou « modérée » serait une attaque directe au droit fondamental de chacun, homme, femme ou enfant de manifester.

Le droit des étrangers : il pourrait n’être accordé qu’à un nombre limité d’étrangers entrainant une notion de quota. Il pourrait être accordé de manière distincte suivant la nationalité de l’étranger. Cette position « raisonnable », « non extrémiste » est totalement à l’encontre des droits individuels des étrangers, des réfugiés ou des demandeurs d’asile, tels qu’ils sont définis dans la déclaration de Droits de l’Homme et la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Tous les hommes ont des droits fondamentaux, quelques soient leur origine, leur passeport, les pays où ils vivent ou d’où ils viennent.
Ne pas être extrémiste, instaurer des restrictions dans le droit des étrangers revient à promouvoir un recul par rapport à des textes unanimement reconnus il y a plusieurs décennies.

Les Violences Faites aux Femmes : Nous devons condamner tous les agresseurs et accueillir et protéger toutes les victimes ou futures victimes.

Une position « non extrémiste » ou « modérée » seraient d’excuser certains agresseurs ou de comprendre que certaines victimes « l’ont bien cherché ». Ou d’accorder une protection que dans « certains cas » . Ou, par extension, tolérer les viols dans certaines circonstances !
Là encore, la seule position acceptable est bien entendue l’extrémisme dans la Défense des Droits de l’Homme, avec une tolérance et une acceptabilité zéro.

Les droits à la santé et à la dignité : ces droits fondamentaux sont, comme les précédents, inscrits dans les préambules de notre constitution, les textes qui nous permettent de vivre tous ensemble. Une solution « médiane » « raisonnable » serait d’instaurer quelques limites comme :
« oui mais il ne faut pas que ça coute trop cher »
« oui mas pas pour ceux qui sont trop pauvres pour participer au soin, ou pour ceux qui n’ont pas eu un emploi stable suffisamment longtemps »
« impossible, construire des logements décents pour tous est une utopie »
Ces atermoiements ou ces compromis sont déjà en eux-mêmes une attaque aux droits fondamentaux de chacun.

Qui peut décider que certains seraient exclus des droits fondamentaux ? ou que ces droits pourraient ne pas être appliqués in extenso dans certaines circonstances ?

En matière des combats pour les Droits de l’Homme, il faut être fier de revendiquer le statut d’activiste des Droits de l’Homme ou d’extrémiste des Droits de l’Homme.

Quant au terme « droit-de-l’hommiste », il n’est péjoratif que pour celui qui ne reconnait pas les Droits de l’Homme comme des droits fondamentaux pour chacun.

Sachons être fier d’être traité d’activiste des Droits de l’Homme, d’extrémiste des Droits de l’Homme, ou même de « droit-de-l’hommiste ».

N’oublions pas de rappeler inlassablement en toute circonstance que :
Les Droits de l’Homme, c’est fondamental

Demain est si loin

La section Pertuis – Sud Luberon de la LDH soutient le film documentaire de Muriel Cravatte

DEMAIN EST SI LOIN

Demain est si loin a été tourné dans un contexte et un cadre particuliers par Muriel Cravatte.

Elle voulait témoigner et prendre acte d’une situation qui la sidérait : A la frontière franco-italienne, près de Briançon, en dépit des lois sur l’asile et des droits humains, les réfugiés qui tentent d’entrer en France se font refouler par les autorités. La vallée où se déroulent les traques policières, véritables chasses à l’homme à l’encontre des réfugiés, est d’une beauté majestueuse, immuable.

C’est un endroit que Muriel connait depuis son enfance. Citoyenne et en montagnarde de cœur : elle réalise que ce coin de paradis pouvait être vécu comme un enfer par les exilés qui tentaient de traverser la frontière.

Après un premier séjour comme bénévole au Refuge Solidaire de Briançon, Muriel Cravatte décide de filmer. Elle reste dans le briançonnais plusieurs mois avec sa caméra, alternant bénévolat et tournage.

Elle montre comment l’arrivée en France des exilés s’inscrit dans la continuité d’un parcours tout au long duquel leur dignité et leur humanité sont bafouées.  Elle leur donne la parole, affirmant la singularité de chacun, dans un film à caractère collectif. Elle raconte la défaillance de l’Etat, et la mise en place d’une organisation parallèle par des « solidaires ».

Elle vit les événements dans la vallée : arrivées très nombreuses des exilés, plusieurs décès dans les montagnes, et procès de solidaires.

La section Pertuis – Sud Luberon LDH s’associe à ce documentaire, parce cette arrivée de réfugiés est le reflet de notre société actuelle où les droits de l’homme sont bafoués, les plus démunis poursuivis, abandonnés ou repoussés.

Avec un Etat et ses forces de l’ordre qui intimident les réfugiés et ceux qui les aident, les pourchassent et les poursuivent en justice. Quelquefois dans illégalité, trop souvent sans humanité.

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