Les interventions de la 25ème université d’automne de la LDH : ÉCOLOGIE, JUSTICE ET DROITS FONDAMENTAUX

En partenariat avec les organisations de l’Affaire du siècle :

Notre Affaire à tous, Oxfam, Greenpeace, Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l’Homme

La 25e université d’automne de la LDH, s’est tenue les 23 et 24 novembre 2019,
à l’Espace Reuilly, 21 rue Hénard, 75012 Paris (métro Montgallet ou Dugommier) 

Les changements climatiques, les menaces sur la biodiversité, la raréfaction et la pollution de ressources indispensables à la vie ont bien évidemment des conséquences majeures sur l’exercice des droits fondamentaux. Comme le souligne le Conseil des droits de l’Homme de l’Onu, « [L]es dégâts causés à l’environnement peuvent avoir des effets négatifs directs et indirects sur l’exercice effectif de tous les droits de l’Homme ».

Cette situation implique que les défenseurs des droits installent cette problématique comme incontournable dans leurs réflexions, leurs mandatements et leurs pratiques. Elle implique réciproquement que les défenseurs de l’environnement intègrent la question des droits fondamentaux dans leur propre réflexion et leur action. Cela nécessite de penser de façon nouvelle les rapports entre les organisations de défense des droits et celles de défense de l’environnement, de croiser les approches et les préoccupations.

C’était l’objet de cette université d’automne et c’est la raison pour laquelle la Ligue des droits de l’Homme (LDH) a choisi de l’organiser en partenariat avec les organisations de l’Affaire du siècle (Fondation Nicolas Hulot, Oxfam, Greenpeace, Notre affaire à tous) qui, il y a un an, ont engagé une procédure en justice contre l’Etat pour l’enjoindre de lutter efficacement contre le dérèglement climatique et ont lancé une pétition de soutien qui a dépassé les deux millions de signatures. Cette université d’automne inédite devait permettre à chacune et chacun d’avancer dans la réflexion sur la façon de penser l’articulation entre défense des droits et défense de l’environnement.

Samedi 23 novembre 9h30-12h

Mot d’accueil : Catherine Baratti-Elbaz, maire du 12e arrondissement de Paris

Accueil et présentation : Lionel Brun-Valicon, membre du Comité central de la LDH et coresponsable du groupe de travail LDH « Environnement, développement durable », et Anne Gaudron, coresponsable du groupe de travail LDH « Environnement, développement durable »

 

9h45-10h30 | Introduction aux débats « Droits et démocratie face aux bouleversements de l’anthropocène »

Comment la vision de la nature par l’Homme a-t-elle évolué ? De quelle façon les processus d’industrialisation, particulièrement ceux qui ont engagé une consommation de ressources disproportionnée et par suite des déstabilisations environnementales depuis la fin du XVIIIsiècle, ont-ils été rendus possibles, soit par une délibération publique mal informée ou faussée par les intérêts économiques, soit à l’inverse à travers une valorisation de l’idée d’appropriation de la nature et des éléments ? Ces phénomènes sont-ils propres au monde occidental ou existent-ils dans d’autres cultures ? Y a-t-il rupture dans la conception du rapport de l’homme à la nature avec le déploiement de « l’anthropo-capitalocène » ? Quelle capacité des sociétés démocratiques à résister dans l’avenir pour l’exercice des droits et des libertés à des atteintes majeures aux écosystèmes ?

Christophe Bonneuil, historien des sciences

Présentation-échange : Lionel Brun-Valicon, membre du Comité central de la LDH et coresponsable du groupe de travail LDH « Environnement – Développement durable »

10h30-12h | Table ronde 1 : « Faut-il donner des nouveaux droits à la nature, à la Terre – pour quelle effectivité ? Quelle articulation avec les droits de l’Homme ? »

Il s’agit de mesurer les avantages et les inconvénients de la formalisation d’une personnalité juridique pour la nature, la terre, les écosystèmes ainsi que pour des êtres vivants ou naturels pris spécifiquement. Dès lors qu’un sujet de droit non-humain est défini, quels droits lui octroie-t-on et comment sont-ils articulés avec les droits des êtres humains ? Peut-on éviter dans cette hypothèse une hiérarchisation ou une relativisation des droits de l’Homme ? À l’inverse, définir des responsabilités humaines vis-à-vis des écosystèmes suffit-il à les protéger ? Dans cette perspective, la reconnaissance d’un crime d’écocide est-elle un outil adapté ? En quoi ces instruments juridiques sont-ils efficaces sur les plans politiques et socio-économiques ?

Marine Calmet, présidente de Legal Wild

Michel Tubiana, avocat, président d’honneur de la LDH

Marta Torre-Schaub, directrice de recherche CNRS, Institut des sciences juridique et philosophique de la Sorbonne Université Paris 1, directrice du réseau Droit et changement climatique – ClimaLex

Animation : Anne Gaudron, coresponsable du groupe de travail LDH « Environnement, développement durable »

Samedi 23 novembre 13h30-18h

13h30-15h | Table ronde 2 : « Justice et environnement : quel intérêt à agir, quels débats ? »

Il s’agira de débattre autour du recours à la justice en matière de défense de l’environnement, de sa légitimité et de son efficacité. Quels sont les fondements en droit de tels recours ? Sur quelles incriminations s’appuyer ?  Quelles responsabilités peuvent être légitimement mises en cause (pouvoirs publics ? entreprises ? individus…?) Qui a intérêt à agir ? Comment articuler la justiciabilité avec les règles d’une politique définie démocratiquement ? Quels obstacles à l’accès au droit ? Quelle efficacité ?

Laura Monnier, juriste contentieux à Greenpeace

Alexandre Faro, avocat spécialiste de l’environnement

Liora Israël, directrice d’études de l’EHESS, Centre Maurice Halbwachs (CNRS, ENS, EHESS)

Animation : Jean-Pierre Le Bourhis, membre du groupe de travail LDH « Environnement, développement durable » 15h10-17h15 | Table ronde 3 : « Droit à un environnement sain : quelle effectivité ? »Le droit à un environnement sain est aujourd’hui reconnu tant par des textes internationaux que par des textes nationaux, mais son effectivité est loin d’être complète. De multiples intérêts économiques sont à l’œuvre pour contester les risques et éviter que soient mises en place des réglementations contraignantes. Quelles politiques publiques et quelles réglementations peut-on mettre en place en France, en Europe et dans le monde ? Comment se forment l’opinion et la décision publiques, comment mener le débat sur ces questions ?  Comment en particulier (re)constuire la confiance dans les sciences et les scientifiques et traiter les controverses scientifiques ?

Jean-François Corty, médecin, membre de l’association Alerte des médecins sur les pesticides

Nino Künzli, professeur de santé publique, spécialiste de la pollution atmosphérique, expert pour l’OMS sur les politiques publiques internationales

Inès Léraud, journaliste d’enquête

Catherine Bourgain, généticienne, co-animatrice de l’association Sciences citoyennes

Animation : Philippe Laville, membre du Comité central de la LDH et coresponsable du groupe de travail LDH « Santé, bioéthique »

 

17h15-18h | Contribution au débat « L’écoféminisme »

Historique des luttes écoféministes. Analyse et intérêt des rapports entre les mouvements écologiques et les mouvements de femmes, entre la destruction de la nature, les discriminations et dominations subies par elles.

Fanny Hugues, doctorante à l’EHESS, Lorraine Gehl, étudiante en Master « Ethnologie et anthropologie sociale » à l’EHESS.

Présentation-échange : Anne Gaudron, coresponsable du groupe de travail LDH « Environnement, développement durable »

Montée des eaux, fonte du pergélisol, vagues de chaleur océaniques… le nouveau rapport du Giec sur les océans et la cryosphère

Publié sur alternatives-economiques.fr

Le Giec tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme

le 01/10/2019

Montée des eaux, fonte du pergélisol, vagues de chaleur océaniques… le nouveau rapport du Giec sur les océans et la cryosphère détaille les conséquences de la fonte des glaces et du réchauffement des océans.

« Nous sommes tous, directement ou indirectement, dépendants de la situation de la haute mer, de l’Arctique, de l’Antarctique et de la haute montagne », prévient Hoesung Lee, président du Giec. « Dans les domaines du temps et du climat, de l’alimentation et de l’eau, de l’énergie, du commerce, des transports, des loisirs et du tourisme, de la santé et du bien-être, de la culture et de l’identité. » Une réalité que nous oublions parfois, tellement ces régions nous semblent éloignées de nos territoires et de nos préoccupations.

Le nouveau rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) portant sur les évolutions des océans et de la cryosphère – nom donné aux régions gelées de la planète – publié le 25 septembre rappelle à quel point ces éléments sont indispensables à la vie sur Terre. Cette synthèse de documents scientifiques alerte également sur les risques d’une poursuite des émissions de gaz à effet de serre (GES) à un niveau élevé : diminution de l’eau disponible, élévation du niveau de la mer, augmentation des phénomènes extrêmes côtiers, acidification des océans… Autant de conséquences qui devraient, faute de mesures fortes, changer considérablement la phase de notre monde.

Montée des eaux

Première constatation : le niveau des mers augmente. Même si nous réussissons à respecter les objectifs fixés par l’accord de Paris, qui visent à limiter le réchauffement global de la planète à 2°C par rapport à l’ère préindustrielle, cette hausse devrait atteindre 30 à 60 cm environ d’ici 2100 et entre 60 et 110 cm si les GES continuent de croître fortement. C’est le résultat de la dilatation thermique de l’océan – qui gonfle au fur et à mesure qu’il se réchauffe – le dégel des glaciers et des calottes glaciaires des régions montagneuses – qui modifie aussi la disponibilité et la qualité de l’eau –  mais surtout, depuis quelques années, la perte de masse des glaciers dans les régions polaires. « Au cours des dernières décennies, l’élévation du niveau de la mer s’est accélérée en raison de l’augmentation des apports d’eau provenant des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique », détaille Valérie Masson-Delmotte, co-présidente du groupe de travail numéro 1 du Giec.

Un phénomène à prendre très au sérieux au vu des conséquences multiples auxquelles certains territoires ne pourront pas échapper. Les zones côtières à faible élévation ainsi que les petits Etats insulaires, où vivent environ 745 millions de personnes, seront lourdement touchés. Selon l’étude, quel que soit le réchauffement supplémentaire, ils subiront chaque année d’ici 2050 des événements climatiques extrêmes. Pour le groupe d’experts, seules des mesures d’adaptation limiteront les dégâts.

Arctique et fonte du pergélisol

Mais ce ne sont pas les seuls effets de la fonte des glaces. « Les valeurs mensuelles de l’étendue de la banquise arctique diminuent et celle-ci perd en épaisseur », indique le rapport. Une mauvaise nouvelle pour les 4 millions d’individus vivant au milieu de l’Arctique qui ont déjà commencé à modifier leurs habitudes et leurs déplacements.

Le réchauffement climatique pourrait en outre accroître considérablement la concentration de GES à cause de la fonte du pergélisol. Des zones en permanence gelées qui renferment de grandes quantités de carbone organique. Ces couches se réchauffent d’année en année et libéreront d’ici quelques années des tonnes de métaux lourds. « Même si le réchauffement planétaire est limité à des valeurs bien inférieures à 2°C, environ 25 % du pergélisol (3 à 4 mètres de profondeur) dégèlera d’ici 2100 », estime les chercheurs. Si rien ne change, le GIEC avance que ce pourcentage atteindra 70 %. La solution serait alors encore une fois de limiter nos émissions et d’accroître la couverture végétale pour augmenter le stockage de carbone.

Vagues de chaleur océanique

Enfin, les océans se réchauffent et s’acidifient. Jusqu’à présent, l’océan a absorbé plus de 90 % de la chaleur excédentaire du système climatique. D’ici à 2100, sa couche supérieure devrait se réchauffer deux à quatre fois plus vite que le rythme observé depuis les années 1970, et cinq à sept fois plus vite avec un scénario à fortes émissions. Des émissions de dioxyde de carbone parfois absorbées par les mers qui ont également pour effet de la rendre de plus en plus acide.

Ces deux phénomènes ont un impact néfaste sur la faune et la flore maritime. Ils en réduisent l’abondance et changent la répartition des populations de végétaux et d’animaux diminuant ainsi le potentiel de capture des émissions. Une répercussion importante pour la santé nutritionnelle et la sécurité alimentaire d’une grande partie de la population mondiale.

« Dans le monde entier, la cryosphère et les océans subissent les ‘’ardeurs’’ du changement climatique depuis des décennies, ce qui a des conséquences radicales et profondes sur la nature et l’humanité », a déclaré Ko Barett, vice-président du Giec. Des bouleversements auxquels nous devrons répondre au plus vite.

Le Village des alternatives à Perpignan : samedi 21 septembre de 10h à 19h sur le parvis du Castillet

Le Village ouvrira officiellement au public à 10h

50 stands d’associations/entreprises reparties dans 10 espaces thématiques pour inviter les citoyens à s’engager de façon éclairée pour un monde plus juste, plus écolo, plus humain.

la LDH sera présente avec son stand.

A 14h30 place de la République : début de la Marche pour le climat