Vaste opération policière à Hongkong: une cinquantaine d’opposants pro-démocratie arrêtés pour « subversion » en application de la récente loi de « sécurité nationale »

A Hongkong le musèlement de l’opposition continue par des arrestations massives pour « subversion » en application de la récente loi de « sécurité nationale ». Le régime chinois qui marie harmonieusement capitalisme d’état et dictature totalitaire…annexe ainsi manu militari Hongkong.

Publié sur lemonde.fr le 6/01/2020 Le Monde avec AFP

Vaste opération policière à Hongkong contre l’opposition prodémocratie

Les arrestations de dizaines de personnes dans le cadre de la récente loi de sécurité nationale seraient liées aux primaires organisées par l’opposition l’été 2020.


L’ex-journaliste Gwyneth Ho, figure de l’opposition à Pékin, en juillet 2020, a annoncé sur son compte Facebook avoir été arrêtée le 6 janvier. MAY JAMES / AFP

Cinquante-trois figures de l’opposition prodémocratie ont été arrêtées, mercredi 6 janvier, à Hongkong, au nom de la récente loi sur la sécurité nationale, lors de la plus importante opération policière menée en vertu de ce texte drastique imposé par Pékin.

Les autorités chinoises ont engagé en 2020 une reprise en main musclée de l’ex-colonie britannique, un an après une mobilisation populaire sans précédent dans ce territoire semi-autonome depuis sa rétrocession, en 1997. Ces interpellations, dont beaucoup sont liées aux primaires organisées par l’opposition cet été, en sont une nouvelle illustration.

Le ministre de la sécurité hongkongais, John Lee, a qualifié ces arrestations de « nécessaires », expliquant qu’elles visaient un groupe de personnes ayant cherché à « noyer Hongkong dans les abysses ».

Le gouvernement chinois a aussi défendu l’opération. La porte-parole du ministère des affaires étrangères, Hua Chunying, a assuré que ce qui était menacé, ce n’était que « la liberté de certaines forces extérieures et individus à Hongkong, qui s’associent les uns aux autres pour tenter de saper la stabilité et la sécurité de la Chine ».

Condamnations européenne et américaine

L’opération a visé des anciens parlementaires prodémocratie, comme James To, Andrew Wan et Lam Cheuk Ting, mais aussi des militants plus jeunes. Parmi ces derniers, deux ont confirmé leur propre arrestation sur Facebook : Gwyneth Ho, une ex-journaliste de 30 ans passée dans le militantisme, et Tiffany Yuen, une conseillère de district de 27 ans.

Des proches de Joshua Wong, l’un des visages les plus connus de la mouvance prodémocratie, actuellement incarcéré, ont affirmé sur son compte Facebook que son domicile avait été perquisitionné.

Ces arrestations ont été condamnées par Antony Blinken, qui a été choisi par le président élu américain, Joe Biden, pour être le futur chef de la diplomatie des Etats-Unis. « Les arrestations massives de manifestants prodémocratie sont une attaque contre ceux qui défendent courageusement les droits universels »a écrit M. Blinken sur son compte Twitter« L’administration Biden-Harris se tiendra aux côtés du peuple de Hongkong et contre la répression de la démocratie par Pékin », a-t-il ajouté.

L’Union européenne, elle, a réclamé mercredi la « libération immédiate » des 53 figures de l’opposition prodémocratie arrêtées et étudie de nouvelles sanctions contre les autorités du territoire, a annoncé le porte-parole du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell. L’unanimité des Etats-membres est nécessaire pour l’adoption de telles mesures.

« Grave provocation » et « subversion »

Des personnalités prodémocratie ont déclaré que ces interpellations étaient liées aux primaires organisées en juillet 2020 par l’opposition avant les législatives qui étaient prévues en septembre.

Ces élections, au cours desquelles l’opposition entendait capitaliser sur la popularité de la mobilisation de 2019, ont été reportées d’un an par le gouvernement au prétexte de l’épidémie de Covid-19. Le but des primaires, auxquelles plus de 600 000 Hongkongais ont participé, était d’éviter un éparpillement des votes de l’opposition et de désigner les trente-cinq candidats qui brigueraient ceux des sièges du Conseil législatif (LegCo, le Parlement local) qui sont attribués au suffrage universel ; les autres le sont selon un système alambiqué qui garantit presque à coup sûr la majorité au bloc pro-Pékin.

L’opposition espérait rafler les trente-cinq sièges en question, et être ainsi pour la première fois majoritaire dans la législature. La Chine avait présenté ces primaires comme une « grave provocation » et affirmé que faire campagne pour prendre le contrôle du Parlement pouvait relever de la « subversion », au nom de la loi sur la sécurité nationale qui était entrée en vigueur le 30 juin 2020.

Arrestation en direct

Ng Kin-wai, un conseiller de district, a retransmis en direct sur Facebook l’arrivée de la police à son domicile. « Je vous arrête pour subversion », lui dit un policier. « Vous avez participé à une élection primaire (…) en 2020 pour élire trente-cinq personnes ou plus au Conseil législatif. » L’agent ajoute que cette primaire « visait à s’ingérer, perturber ou saper gravement » l’action de l’exécutif et relevait par conséquent de la qualification de subversion.

Robert Chung, membre d’un institut de sondage qui avait participé à l’organisation des primaires, a également été arrêté mercredi, selon son collègue Chung Kim-wah.

La loi sur la sécurité nationale a été imposée par Pékin, sans discussion au LegCo, pour répondre à la crise politique de 2019, quand Hongkong avait pendant des mois été le théâtre de manifestations quasi quotidiennes, et parfois violentes, contre les ingérences de la Chine.

Les critiques de cette loi la présentent comme le dernier clou sur le cercueil de la semi-autonomie hongkongaise, pourtant théoriquement garantie jusqu’en 2047 dans le cadre du principe « Un pays, deux systèmes » qui avait présidé à la rétrocession.

Rédigé de façon très floue, ce qui renforce selon ses détracteurs son caractère menaçant, le texte s’attaque à quatre types de crimes : la sécession, la subversion, le terrorisme et la collusion avec les forces étrangères. Il prévoit des peines de prison à perpétuité. Les autorités avaient initialement assuré que la loi ne viserait qu’une « extrême minorité ». Mais elle a très vite été invoquée pour étouffer la dissidence et criminaliser l’expression de certaines opinions politiques.

A Béziers 3 policiers municipaux mis en examen après la mort de M. Gabsi

Enfin, l’année 2020, l’année du Covid se termine par une bonne nouvelle : la mise en examen des trois policiers municipaux qui avaient arrêté Mohamed Gabsi lors du 1er confinement, avant que celui-ci ne décède au commissariat de Béziers. Un seul des trois policiers, celui qui s’était assis sur Mohamed Gabsi dans la voiture de police, n’a plus le droit d’exercer sa profession. Évidemment, leurs avocats vont faire appel car selon M° Abratkiewicz, la cause de la mort serait liée à une prise de cocaïne et à une pathologie cardiaque « On reproche à mon client une poussière de faute. Les policiers ne sont ni médecins ni des infirmiers pour gérer des cas désespérés et hors de contrôle comme Mohamed Gabsi ». L’autopsie avait pourtant bien révélé « Une fracture du cartilage thyroïde et contusion du nerf vague » suite à « un appui maintenu avec une force certaine en région cervicale, probablement avec un genou, provoquant un syndrome asphyxique ». Ces mises en examen montrent qu’on est passé à un autre stade. La famille de la victime ainsi que les militants du comité « Justice pour Mohamed » peuvent se réjouir même si le combat pour connaître toute la vérité sur cette affaire n’est qu’à son début.

VISA-34 dont la LDH-66 est solidaire

Béziers : après la mort de M. Gabsi, 3 policiers municipaux mis en examen et sous contrôle judiciaire

Publié sur France3-Occitanie le 18/12/2020

Les 3 policiers municipaux entendus la veille en garde à vue par la police judiciaire de Montpellier étaient présentés ce vendredi devant le juge d’instruction. Après plus d’une  demi-journée d’interrogatoire, ils ont été mis en examen et placés sous contrôle judiciaire.

Jeudi 17 décembre, ils avaient été placés en garde à vue pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner par personne dépositaire de l’autorité publique dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de ses fonctions ou de sa mission et non-assistance à personne en péril. »

Assistés par leurs avocats Luc Abratkiewicz et Florian Medico, les trois hommes ont été entendus successivement sur les faits. Selon le communiqué du Procureur de la République de Béziers, Raphaël Balland, publié après cette longue journée d’interrogatoire au palais de justice : 

* Le policier âgé de 33 ans qui s’était positionné sur la victime sur la banquette arrière du véhicule de police a été mis en examen du chef de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner par personne dépositaire de l’autorité publique dans l’exercice de ses fonctions. Son contrôle judiciaire lui interdit notamment d’exercer la profession de policier municipal, de se rendre sur Béziers, d’entrer en relation avec les deux autres policiers mis en examen et de porter une arme.

* Le policier de 39 ans qui conduisait le véhicule et celui de 29 ans qui en était le passager avant, ont été mis en examen du chef de non-assistance à personne en péril. Dans le cadre de leur contrôle judiciaire, ils ont l’interdiction d’entrer en relation avec les autres personnes mises en examen et la famille de la victime.

Les trois hommes ont maintenu l’essentiel dans leurs déclarations initiales effectuées le soir même des faits. Notamment que l’homme interpellé était toujours très virulent physiquement au cours de son transport jusqu’au commissariat et il ne s’était calmé qu’à leur arrivée sur place, se mettant à émettre un ronflement leur faisant penser qu’il s’était endormi. Ils ne se seraient aperçus de son état alarmant qu’en le sortant du véhicule, ce qui déclenchait les premiers soins et l’appel du SAMU.

Dans ce même communiqué, le Procureur de la République de Béziers précise les témoignages contradictoires apportés par deux frères résidant dans le quartier et  affirmant avoir assisté à l’interpellation depuis leur balcon situé juste au-dessus du véhicule des policiers municipaux. Selon eux, Mohamed Gabsi était inconscient sur la banquette arrière avant même que le véhicule ne redémarre. Ces deux témoins ont également affirmé que le policier resté seul quelques minutes avec Mohamed Gabsi dans le véhicule, portières fermées, était ressorti du véhicule en laissant ce dernier inconscient à l’intérieur. Selon eux, ce policier aurait alors manifesté sa satisfaction de cette situation et d’autres policiers auraient constaté que Mohamed Gabsi était inconscient et avait vomi.

L’information judiciaire va se poursuivre pour tenter aussi de définir l’impact du positionnement policier sur Mohamed Gabsi pour l’immobiliser dans la voiture, tel que l’ont expliqué les policiers. Car selon le rapport d’expertise médico-légale, « le décès est donc la conséquence de troubles du rythme cardiaque d’origine toxique par prise massive de cocaïne chez un sujet présentant un état antérieur cardiaque, aggravés par l’écrasement du nerf vague lors de la compression cervicale gauche. Une part d’asphyxie mixte, bien que secondaire, est également à retenir, venant elle aussi aggraver le dysfonctionnement cardiaque. »

Un décès déploré et évitable si les individus acceptaient les contrôles

Sans se prononcer sur l’affaire elle-même en cours d’instruction, du côté des forces de l’ordre on souligne cependant la fâcheuse tendance à résister même parfois de manière violente aux contrôles et interpellations. Poussant parfois les fonctionnaires à l’usage de la force.

Rassemblement à Perpignan le samedi 19 décembre à 14h Allée Maillol, contre la loi « Sécurité globale »

La coordination #StopLoiSécuritéGlobale 66 appelle à une nouvelle mobilisation samedi 19 décembre 2020 contre la proposition de loi « Sécurité globale ». Elle prendra la forme d’un rassemblement à Perpignan, à 14 heures, allées Maillol.

Depuis un mois, la coordination #StopLoiSécuritéGlobale exige le retrait de la proposition de loi « Sécurité globale » et du Schéma national de maintien de l’ordre. Ce sont encore une fois les citoyen.ne.s qui protègent les libertés publiques fondamentales et essaient d’écarter toute tentative de surveillance de masse.

C’est pourquoi la coordination #StopLoiSecuriteGlobale 66 appelle à poursuivre la mobilisation jusqu’à son retrait définitif. Les dispositions de cette loi scélérate sont liberticides. La situation sera en outre aggravée avec les 3 décrets de fichage de masse qui vont bientôt rentrer en application, intitulés « Prévention des atteintes à la sécurité publique ». C’est bien une politique d’ensemble qui porte atteinte aux libertés et aux droits des citoyenne.s qu’il faut stopper.

Vendredi 27 novembre, samedi 28 novembre, jeudi 3 décembre, samedis 5 et 12 décembre, les manifestantes et manifestants ont exercé leurs droits les plus fondamentaux, en France et dans les Pyrénées-Orientales.

Rendez-vous samedi 19 décembre à Perpignan, à 14h dans le bas des allées Maillol, face au cinéma Castillet.

Pour dire non à l’amplification de la mise en place d’un système liberticide ! Non à la réduction des libertés de s’exprimer et de revendiquer !

la Coordination #STOP LOI SECURITE GLOBALE 66 (16-12-20)