APPEL DU CRID : « IL Y A UNE CRISE DES POLITIQUES PUBLIQUES ET DU DIALOGUE PUBLIC, QUI ONT ÉTÉ CONFISQUÉS PAR LES PLUS RICHES »

APPEL DU CRID PUBLIÉE DANS BASTAMAG

Tribune du Crid, dont la LDH est membre

Depuis l’élection présidentielle, ce ne sont que des consultations de façade qui sont menées par le gouvernement, préférant écouter les intérêts des lobbies privés plutôt que les organisations de la société civile et les citoyens. Résultat : les inégalités s’aggravent, la transition écologique se fait contre les classes populaires et moyennes, et les orientations économiques et sociales néolibérales se poursuivent. Face à ce constat, le Crid, collectif de 50 organisations de solidarité internationale dont la Ligue des droits de l’Homme est membre (LDH), appelle à de véritables politiques de justice sociale et climatique, et à la réhabilitation du dialogue.

Depuis l’élection présidentielle, ce ne sont que des consultations de façade qui sont menées par le gouvernement, préférant écouter les intérêts des lobbies privés plutôt que les organisations de la société civile et les citoyens. Résultat : les inégalités s’aggravent, la transition écologique se fait contre les classes populaires et moyennes, et les orientations économiques et sociales néolibérales se poursuivent. Face à ce constat, le Crid, collectif de 50 organisations de solidarité internationale appelle à de véritables politiques de justice sociale et climatique, et à la réhabilitation du dialogue.

Voici leur appel.

Chacun∙e le sent aujourd’hui, le président et le gouvernement doivent changer de méthode face aux attentes de la société française. Encore plus que leurs prédécesseur∙e∙s, les dirigeant∙e∙s élu∙e∙s en 2017 ont privilégié le passage en force, sans négocier ni même écouter celles et ceux qui défendent leurs droits, ni les associations ou les syndicats qui relaient leurs revendications.

Depuis l’élection présidentielle, les appels au dialogue de nos organisations n’ont reçu pour réponses que des consultations de façade menées au pas de charge. Dès juin 2017, lorsque plus de 350 organisations de la société civile ont réclamé une véritable concertation pour définir des conditions d’accueil des migrant∙e∙s dignes et humaines, le gouvernement a rejeté cet appel au dialogue et fait voter une loi qui prône la chasse aux migrant∙e∙s, faisant fi des conventions internationales et européennes ratifiées par la France.

Les orientations économiques néolibérales ont considérablement aggravé les inégalités

Quelques mois plus tard, lors des états généraux de l’alimentation, plusieurs acteurs majeurs du droit à l’alimentation et de la souveraineté alimentaire ont été contraints de quitter la table des négociations tant le dialogue était perverti par la présence de puissants lobbies agro-industriels, au détriment de notre santé, de notre environnement et du droit de chacun∙e à une alimentation saine.

Cette méthode de consultations de façade menées au pas de charge a permis au gouvernement de prolonger, de manière plus assumée, plus brutale et plus cynique, les orientations économiques et sociales néolibérales qui, depuis plus de trente ans, ont considérablement aggravé les inégalités, réduit l’accès aux droits pour tou∙te∙s, créé des bulles spéculatives dangereuses pour l’économie réelle et mis en péril le climat.

La colère populaire qui s’exprime depuis près d’un mois, parfois de manière violente, contre cette aggravation des inégalités doit amener le gouvernement à prendre le temps de véritables négociations avec les différentes composantes de la société. Car il n’y a pas de « crise des gilets jaunes », pas plus qu’il n’y a de « crise des migrants ». Il y a une crise des politiques publiques et du dialogue public, qui ont été confisqués par les plus riches.

Pour nos organisations qui défendent la solidarité tant nationale qu’internationale, la transition écologique ne pourra pas se faire contre les classes moyennes et populaires, mais avec et pour elles, à travers de véritables politiques de justice sociale et climatique.

Limiter le pouvoir d’influence des lobbies privés et favoriser celui des citoyens

Celles-ci passent par une fiscalité juste, qui ne fasse pas majoritairement peser le coût de timides mesures environnementales sur les classes moyennes et populaires, mais qui cible en priorité les secteurs les plus polluants comme le transport aérien et maritime. Au-delà de la fiscalité, le gouvernement doit s’engager, comme le soulignent les “revendications des gilets jaunes”, en faveur d’une transition écologique par le biais de politiques de transports qui prennent en compte le droit à la mobilité pour tou∙te∙s, et des services publics de proximité.

Cette transition devra également passer par une véritable politique de rénovations énergétiques des logements pour, comme l’expriment ces revendications, “faire de l’écologie en faisant faire des économies aux ménages”.

Pour organiser une telle transition, le gouvernement doit créer les conditions nécessaires à une véritable concertation, en limitant le pouvoir d’influence des lobbies privés et en favorisant celui des citoyen∙ne∙s et des corps intermédiaires, que sont notamment les associations et leurs regroupements collectifs.

Une fois de plus, nous tendons la main pour que s’ouvre un dialogue sincère et une véritable concertation avec les responsables politiques. Nous sommes convaincu∙e∙s que seul ce dialogue nous permettra de faire face aux crises multiples auxquelles nos démocraties font face.

CRID, collectif de 50 organisations de solidarité internationale

Bilan de la répression après la journée de Gilets Jaunes du 8 décembre 2018

Publié sur le figaro.fr

Extrait de l’article

«Gilets jaunes» : il y avait encore 136.000 manifestants samedi, le récap’ complet

● 136.000 manifestants à travers la France

Quelque 136.000 personnes ont participé samedi en France aux manifestations liées au mouvement des «gilets jaunes». En nombre de manifestants, c’est l’équivalent des manifestations du 1er décembre, précise le ministère de l’Intérieur. À Paris, les manifestations ont réuni environ 10.000 personnes.

Toujours selon le ministère, 120.000 policiers, gendarmes et sapeurs-pompiers ont été mobilisés pour faire face à cette journée.

● 264 blessés

Le ministère de l’Intérieur fait état, sur Twitter, de 264 personnes blessées, dont 39 policiers et gendarmes. La préfecture de police faisait pour sa part état samedi soir de 71 blessés, dont sept pour les forces de l’ordre, dans la capitale.

Un homme a été grièvement blessé à la main à Bordeaux, note le journal Sud Ouest . Selon le procureur de la République adjoint à Bordeaux, il aurait tenté de récupérer une grenade. À Paris, une étudiante de 20 ans a, elle, perdu son œil gauche. Elle manifestait près de l’Arc de triomphe, détaille le manifestant-soignant Adrien Lemay interrogé par Libération . Il lui a apporté les premiers soins. Selon un autre manifestant, présent lors de l’impact, «d’un coup, sur le trottoir d’en face, les CRS et policiers civils se sont mis à tirer. J’ai entendu un bruit juste à côté de moi et j’ai vu cette fille tomber juste à côté de moi.»

Les journalistes n’ont pas non plus été épargnés.

Deux photo reporters du Parisien ont été blessés, dont Yann Foreix, qui raconte sur Twitter s’être pris «un tir de flash-ball dans la nuque» «à bout portant». Un de ses collègues a lui été touché au genou, sans que sa blessure ne nécessite une évacuation. Une journaliste de l’agence radio A2PRL a également décrit avoir été touchée par une arme similaire.

Un photographe du Journal du dimanche a quant à lui été «frappé à plusieurs reprises par un CRS», indique l’hebdomadaire. «Éric Dessons a pris un coup de matraque à la main droite, celle qui tenait son appareil photo. Puis, lors d’une seconde charge, il a de nouveau été frappé au même endroit, explique son confrère de Paris Match au JDD. Nous l’avons ramassé à terre, la main en sang.» Nos reporters de Figaro Live ont également été bousculés lors d’une charge, sans grande conséquence physique.

Sur une vidéo très largement partagée sur les réseaux sociaux, on voit également un homme bras en l’air recevoir un tir de flash-ball en plein ventre, et une grenade envoyée sur la presse, pourtant identifiée.

Un manifestant portant un « gilet jaune » (gilets jaunes) avec des taches de sang sur le visage est traité par un collègue en raison d’une blessure à la tête à Nantes, dans l’est de la France, lors d’une manifestation contre la hausse du coût de la vie qu’ils imputent aux taxes élevées à Nantes. (est de la France le 8 décembre 2018)  (Photo by SEBASTIEN SALOM GOMIS / AFP)

Marches climat, mobilisons-nous le 8 décembre

Appel de la LDH aux Marches du 8 décembre « pour le climat »

La Ligue des droits de l’Homme (LDH) appelle à participer aux manifestations qui auront lieu partout en France ce 8 décembre, dans le cadre des Marches pour le climat. La LDH réitère à cette occasion qu’elle est et sera vigilante et active pour que soit prise en compte la triple justice économique, sociale et environnementale. Elle appelle les gouvernements à faire de l’urgence climatique un point de renouvellement des pratiques démocratiques, économiques et sociales.

Le mot d’ordre de cette Marche climatique est « il est encore temps » mais, le temps étant compté, il faut de l’ambition, du courage et des actes.

Les COP, aujourd’hui la COP24 (24e Conférence des parties à la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques) se suivent et se ressemblent. Les intentions et ambitions ne sont pas à la hauteur des enjeux climatiques, pire, a minima elles ne sont pas même respectées par les Etats signataires : l’augmentation de la production des gaz à effet de serre est repartie ces dernières années, après la sortie de la crise de 2008.

La mise en place d’une société décarbonée est urgente, vitale, même, au sens fort, et elle doit être faite avec et pour les populations.

L’urgence est là et nécessite non pas un aménagement des constructions économiques actuelles mais une véritable rupture, un changement de paradigme, une radicalité à penser, collectivement, qui émergent notamment de la société civile : réorientation des politiques fiscales au profit de la transition énergétique, construction des lieux de vie et d’activités autour des mobilités douces et collectives, accompagnement des populations à cette transition et volonté politique à l’égard des acteurs.

Mobilisons-nous massivement, le temps n’est plus à l’inaction.

Paris, le 4 décembre 2018