Israël : la colère des Bédouins du Néguev menace la coalition de Naftali Bennett

Les bédouins d’Israël souffrent depuis des décennies d’une discrimination d’Etat. Leurs villages, situés pour la plupart dans le désert du Néguev,  ne disposent d’aucun statut légal et manquent de toutes les infrastructures publiques. Aujourd’hui le gouvernement israélien veut expulser les familles et détruire leurs villages.

Publié sur liberation.fr le 14 janvier 2022

Un projet de boisement controversé sur des terres revendiquées par des Bédouins a déclenché cette semaine de violents affrontements. Le débat s’est invité au parlement israélien.

Lorsque les équipes du Fonds national juif (FNJ, Keren Kayemet Yisraelen hébreu) sont arrivées dans le Néguev dimanche dernier, afin d’y planter des arbres sous la protection de la police, elles s’attendaient probablement à rencontrer des protestations. Mais la situation a rapidement dégénéré.

Pour la troisième journée consécutive, jeudi, des affrontements ont opposé manifestants bédouins, dont certains jetaient des pierres, et forces de l’ordre israéliennes, qui ont fait usage de grenades assourdissantes et de gaz lacrymogènes. Plusieurs dizaines de Bédouins, qui font partie de la communauté des Arabes israéliens, ont été arrêtés, et au moins douze protestataires, et plusieurs policiers, blessés.

Mardi, des Bédouins ont tenté de déposer des pierres le long d’une voie ferrée dans la perspective de faire dérailler un train. La voiture du correspondant du quotidien Haaretz dans le sud du pays a été incendiée. Signe de leur gravité, le Shin Bet, les services de renseignement intérieur israéliens, s’est saisi de ces deux affaires.

«Cela fait partie de la vision sioniste»

Le FNJ, un organisme fondé en 1901 et qui relève de l’Organisation sioniste mondiale, possède et supervise 13 % des terres d’Israël. Au début du XXe siècle, cette institution se chargeait du rachat de terrains aux Palestiniens. Le plan de reboisement mis en œuvre dimanche dernier prend place en partie sur une zone qui n’est pas reconnue par le droit israélien, et pourrait conduire à l’expulsion des dizaines de familles qui s’y trouvent. C’est du moins l’argument des chefs des communautés bédouines.

Même si les plantations sont limitées à des zones agricoles, ils estiment qu’il s’agit d’un plan plus large destiné à dépeupler la région des Bédouins, du moins à limiter leurs revendications sur cette zone. La plupart d’entre eux ont d’ailleurs refusé les propositions de relogement du gouvernement, arguant que ces terres leur appartenaient depuis des générations.

De son côté, le président du FNJ Avraham Duvdevani a déclaré mercredi sur la chaîne Kan : «Nous avons planté des arbres dans le Néguev pendant quinze ans, de la même manière que maintenant. […] Nous continuerons à planter dans tout le Néguev. Cela fait partie de la vision sioniste.» Il a toutefois rappelé que son organisation n’était qu’un exécutant de l’Etat, sans vision politique. Pour le gouvernement, il s’agit de terres publiques.

S’il n’est pas rare que cette région soit en proie à des conflits entre les 280 000 Bédouins qui y vivent et la police, le contexte politique est cette fois quelque peu différent. Au sein de la coalition hétéroclite formée par Naftali Bennett, arrivée au pouvoir en juin dernier, siègent quatre députés du parti musulman Ra’am (Liste arabe unie), dirigé par Mansour Abbas. Lors du dernier scrutin, 46 % des voix de Ra’am venaient des Bédouins du Néguev, ce qui explique la réaction immédiate du leader.

Reconnaissance de villages bédouins

Il a promis, mardi, que sa formation politique cesserait de voter avec la coalition en signe de protestation. Sauf qu’avec une très faible majorité de 61 députés (sur les 120 qui composent la Knesset, le parlement israélien), cette coalition dépend du soutien de Ra’am et pourrait être sérieusement fragilisée par cette défection.

Le ministre des Affaires Etrangères, Yaïr Lapid, a quant à lui appelé à un compromis et à la suspension du programme de reboisement : «Les politiciens des deux côtés doivent calmer les choses au lieu d’alimenter l’incendie.» Des négociations, en cours, prévoient la reconnaissance de dix villages bédouins. Discussions durant lesquelles les plantations dans les zones les plus litigieuses sont suspendues.

Une douzaine de localités bédouines demeurent illégales au vu du droit israélien. Lors de sa prise de fonctions, Mansour Abbas affirmait qu’avec le ralliement de son parti à la coalition, le processus de reconnaissance s’accélérerait et les besoins des populations arabes d’Israël seraient mieux pris en compte. Pour l’instant, seuls trois villages ont été reconnus, Rahma, Khashm al-Zennah et Abdah, peuplés de 4 000 personnes, tandis que les démolitions de maisons bédouines se sont poursuivies, à rythme soutenu.

Ra’am vient de faire voter une loi visant à fournir de l’électricité à des habitations construites illégalement, mais celle-ci ne touche quasiment pas les logements bédouins. Fin octobre, le gouvernement israélien a approuvé un plan de développement socio-économique de 30 milliards de shekels (environ 8,4 milliards d’euros) sur cinq ans destiné uniquement aux citoyens arabes d’Israël. Un plan inédit, qualifié d’«historique» par Mansour Abbas. Mais qui ne représente qu’environ 1 % du budget total israélien.

Appel à rassemblement en solidarité au peuple Palestinien

MERCREDI 19 MAI à 18 h devant la Préfecture de Perpignan

Le 7 mai dernier, l’armée israélienne a provoqué et attaqué des milliers de fidèles palestiniens sur l’esplanade des Mosquées à la fin du mois de Ramadan.

La situation à Jérusalem, à Gaza et dans les territoires palestiniens occupés s’aggrave de jour en jour. Après avoir bouclé une grande partie de Jérusalem et empêché les Palestiniens d’accéder aux lieux de culte en période de ramadan, l’État d’Israël multiplie les violences meurtrières faisant chaque jour davantage de victimes, parmi les populations civiles.

A cela s’ajoutent les agressions des bandes racistes israéliennes contre les Palestiniens dont les crimes sont toujours impunis.

Le Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples, le Mouvement pour la paix, l’Association France Palestine solidarité,
la Ligue des Droits de l’Homme, tous leurs partenaires, associatifs, politiques et syndicaux
appellent  l’ensemble de la population à un

rassemblement MERCREDI 19 MAI à 18 h devant la Préfecture de Perpignan
pour
– exiger la fin de la politique effrénée et violente d’apartheid de l’État israélien
– la protection du peuple palestinien,
– et exiger de l’Union européenne la suspension des accords d’association avec Israël.

Dans l’immédiat, La France doit donner un signal fort en reconnaissant l’État de Palestine dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale.

ISRAËL EXPULSE DE FORCE DES PALESTINIENS ET RÉPRIME VIOLEMMENT CEUX QUI LE DÉNONCENT

Publié le 12 mai 2021 sur amnesty.fr

Les forces de sécurité israéliennes ont utilisé de manière répétée une force injustifiée et excessive contre des manifestants palestiniens à Jérusalem-Est occupée. Des actes contraires au droit international. 

Autocollant pour plancher - forme de flèche - rouge  MERCREDI 19 MAI :  À 18H RASSEMBLEMENT DEVANT LA PRÉFECTURE DE PERPIGNAN – EN SOUTIEN AU PEUPLE PALESTINIEN CONTRE LA RÉPRESSION SANGLANTE DE L’ÉTAT D’ISRAËL – À L’APPEL DU COLLECTIF 66 PAIX ET JUSTICE EN PALESTINE DONT LA LDH-66 EST MEMBRE

D’un côté, 840 Palestiniens ont été blessés en 4 jours. De l’autre, la police israélienne compte au moins 21 policiers et sept civils israéliens blessés.  

Depuis le début du ramadan, le 13 avril, les tensions n’ont cessé de croître alors que des Palestiniens manifestaient contre les restrictions israéliennes qui limitent leur accès à la porte de Damas, une des entrées principales de la vieille ville de Jérusalem. Le 26 avril, face aux manifestations persistantes, les autorités israéliennes ont levé les restrictions. En parallèle, la colère est également montée car quatre familles palestiniennes de Sheikh Jarrah (un quartier palestinien de Jérusalem-Est) étaient sous la menace d’une expulsion imminente au profit de colons israéliens.

Nous appelons les autorités israéliennes à mettre fin immédiatement aux expulsions forcées dans le quartier de Sheikh Jarrah et aux déplacements forcés de Palestiniens établis à Jérusalem-Est.  

DES PREUVES ACCABLANTES DE LA VIOLENCE DES AUTORITÉS ISRAÉLIENNES

Nous avons des preuves qui révèlent que les forces israéliennes ont recours à une force disproportionnée et illégale contre des manifestants palestiniens très majoritairement pacifiques, ces derniers jours. Parmi les personnes blessées lors des violences à Jérusalem-Est figurent de simples passants, ainsi que des fidèles venus à la mosquée pour les prières du Ramadan.  

« Je couvre les événements à Jérusalem depuis 10 ans […] et je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie. Tout le monde était une cible, j’aimerais dire que c’étaient des tirs aveugles, mais ce serait un mensonge. « 

Un journaliste palestinien

Ces violences mettent en évidence la volonté d’Israël d’étendre ses colonies illégales. Depuis plusieurs jours, les autorités israéliennes intensifient les expulsions forcées de résidents palestiniens à Sheikh Jarrah, afin de permettre à des colons israéliens de s’y installer . Ces expulsions bafouent de manière flagrante le droit international et pourraient s’apparenter à des crimes de guerre.  

LA MOSQUÉE AL AQSA PRISE D’ASSAUT

Entre le 7 et le 10 mai, plus de 470 Palestiniens ont été blessés lors de raids violents des autorités israéliennes contre la mosquée al Aqsa. Selon des témoins oculaires, et les vidéos et photographies de nos chercheurs, les forces israéliennes ont dispersé violemment des manifestants et des fidèles en tirant des projectiles de 40 mm et des grenades dans l’enceinte de la mosquée.  

« Ils savaient exactement qui et où ils visaient avec leurs balles et leurs grenades. La plupart des personnes ont été visées au niveau de la partie supérieure du corps (yeux, visage et torse). » 

Un journaliste palestinien

En réponse, les manifestants d’al Aqsa ont lancé des pierres et allumer des feux pour se défendre contre des forces israéliennes à cheval et en tenue antiémeute. Sur les 300 personnes blessés le 10 mai, 250 ont dû être hospitalisées et 7 sont dans un état critique.

Selon un autre témoin, les forces israéliennes ont tiré des gaz lacrymogènes depuis les toits avant que d’autres unités ne prennent d’assaut l’esplanade des Mosquées depuis la porte des Maghrébins, dans la vieille ville.  

« Ils ont continué à avancer en repoussant les gens dans la mosquée al Aqsa, verrouillant [les portes] avec des chaînes métalliques […] puis brisant une fenêtre pour lancer des gaz lacrymogènes sur des personnes littéralement enfermées, avec peu de place pour respirer ou recevoir une aide médicale […] » 

un témoin de l’assaut de la mosquée al Aqsa

Ce témoin a également rapporté avoir vu les forces israéliennes battre des passants et arrêter des véhicules qui évacuaient des personnes blessées pour photographier celles-ci avant de les laisser partir. Il a lui-même reçu un tir au niveau du torse alors qu’il s’approchait d’un soignant blessé.  

DES EXPULSIONS MASSIVES ET ILLÉGALES DANS LE QUARTIER DE SHEIKH JARRAH

Nahalat Shimon International, une organisation de colons israéliens, a engagé des poursuites pour saisir les habitations de dizaines de familles à Sheikh Jarrah et les transférer à des groupes de colons. Depuis, quatre de ces familles sont sous la menace imminente d’une expulsion forcée. Pour rappel, le transfert forcé d’une population dans un contexte d’occupation est interdit par le droit international humanitaire et constitue un crime de guerre selon le Statut de Rome de la Cour pénale internationale. 

Pour protester contre ces expulsions illégales, les Palestiniens de Sheikh Jarrah ont organisé des manifestations nocturnes. En réponse, les autorités israéliennes ont là aussi utilisé la force de manière excessive contre les manifestants pacifiques et les habitants du quartier : utilisation infondée de grenades assourdissantes et incapacitantes, recours injustifié à des canons à eau putride, arrestations arbitraires. 

« Sheikh Jarrah envoie un message au monde entier, y compris au Congrès américain, au Parlement britannique, au Parlement français, au Parlement européen et à la Cour pénale internationale : ce qui nous arrive est un crime de guerre. »

Nabil el Kurd, un des habitants menacés d’expulsion forcée à Sheikh Jarrah

Le 9 mai, des chercheurs d’Amnesty International ont été témoins d’une attaque perpétrée par les forces israéliennes, en l’absence de toute provocation, contre un groupe de manifestants pacifiques à Sheikh Jarrah. Ce groupe d’une dizaine de manifestants pacifiques scandait des slogans contre les projets imminents d’expulsion de familles palestiniennes. Ils étaient simplement là pour défendre leurs droits et pour appeler au respect du droit international. Les manifestants se trouvaient à au moins 10 mètres des forces israéliennes quand celles-ci se sont approchées à cheval, et ont frappé les membres du groupe pour les disperser. Un de nos chercheurs qui observait la manifestation a également été frappé. Les résidents ont été contraints à rentrer chez eux et cinq hommes ont été arbitrairement arrêtés. 

Au lieu de continuer à bafouer les droits des habitants et habitantes de Sheikh Jarrah et des personnes qui leur témoignent leur solidarité, les autorités israéliennes doivent immédiatement renoncer aux expulsions forcées prévues.  

FACE À CES CRIMES DE GUERRE, QUELLE SERA LA RÉPONSE DE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE ?

Il ne faut pas laisser Israël continuer à se livrer à des actes de violence aveugle contre des Palestiniens et Palestiniennes qui ne font que défendre leur droit d’exister et protestent contre leur déplacement forcé. Se contenter d’exprimer des préoccupations face au mépris total d’Israël pour ses obligations en vertu du droit international ne suffit pas. Il faut que ces violations flagrantes soient clairement et fermement dénoncées, y compris les déplacements forcés, l’expansion des colonies illégales et la répression brutale des personnes qui manifestent contre ces graves violations. 

Dans l’immédiat, nous appelons les membres du Conseil de sécurité des Nations unies à se réunir en séance publique et le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient à informer les États membres. Nous appelons également toutes les parties à respecter le droit international humanitaire et à prendre toutes les précautions possibles pour éviter de blesser des membres de la population civile. Enfin la communauté internationale doit amener Israël à rendre des comptes pour les violations systématiques des droits humains qu’elle commet au regard du droit international.  

Autocollant pour plancher - forme de flèche - rouge  MERCREDI 19 MAI :  À 18H RASSEMBLEMENT DEVANT LA PRÉFECTURE DE PERPIGNAN – EN SOUTIEN AU PEUPLE PALESTINIEN CONTRE LA RÉPRESSION SANGLANTE DE L’ÉTAT D’ISRAËL – À L’APPEL DU COLLECTIF 66 PAIX ET JUSTICE EN PALESTINE DONT LA LDH-66 EST MEMBRE