«Ils vont tuer mes parents»: manifestation à Paris en soutien au peuple afghan

Publié sur rfi.fr le 6 septembre 2021 – Laurence Théault, du service France de RFI 

Une manifestation de soutien au peuple afghan s’est tenue, dimanche 5 septembre à Paris, à l’initiative de plusieurs associations. Quelques centaines de manifestants étaient massés sur la place de la République pour dire qu’en France, on est touchés par ce qui se passe en Afghanistan.

Ce rassemblement visait à « concentrer énergies et attentions » sur le drame humanitaire qui se joue depuis la prise du pouvoir par les talibans en Afghanistan, selon les organisateurs, Association solidarité et culturelle des Afghans à Paris et Enfants d’Afghanistan. Les personnes présentes ont manifesté leur solidarité avec les Afghans pour un accueil inconditionnel des civils en danger.

Pas de drapeau noir, rouge et vert, pas de slogan, ni pancarte. Rahim, 38 ans, est juste venu avec la photo de ses parents restés à Kaboul : « C’est mon père, c’est ma mère. »

Chemise ouverte et veste de costume, Rahim est réfugié politique en France depuis 2012. Il s’arrête sur le visage de son père : « Il travaille pour le gouvernement d’Afghanistan. En 2012, les talibans nous ont attaqués, chez nous… »

« Si les talibans trouvent mes parents, ils vont les tuer »

Aujourd’hui, Rahim est très inquiet. Il interpelle le gouvernement français : « Depuis que les talibans sont retournés à Kaboul, mes parents sont toujours cachés. On a deux voisins qui se sont accordés avec les talibans, aujourd’hui, qui donnent toutes les coordonnées de mes parents. On les connaît déjà, les talibans, et on sait que s’ils les trouvent, ils vont tuer mes parents, bien sûr. La seule chose que je demande, c’est que la France continue son programme d’évacuation. Comme pour mes parents, il y a beaucoup de personnes qui sont bloquées. »

Rahim range la photo dans la poche de sa veste. Depuis la prise de Kaboul par les talibans, confie-t-il, il ne dort plus.

AFGHANISTAN : DÉFENSEURS DES DROITS HUMAINS, JOURNALISTES ET MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ CIVILE DOIVENT ÊTRE PROTÉGÉS

Lettre ouverte de la FIDH et de l’OMCT aux ministres des Affaires étrangères pour demander une action urgente afin de protéger les défenseurs des droits humains, les journalistes et les membres de la société civile en danger

Paris-Genève, 16 août 2021

Excellences,

L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains (un partenariat FIDH-OMCT) fait appel à votre aide urgente pour soutenir les défenseurs des droits humains, les journalistes et les membres de la société civile afghans en danger qui cherchent à quitter leur pays dans un contexte de détérioration rapide et dramatique de la situation en Afghanistan.

L’annonce, en avril 2021, du retrait total et inconditionnel des forces armées internationales du pays d’ici septembre 2021 a entraîné une intensification des attaques contre les civils, qui s’est traduite par une augmentation alarmante du nombre de victimes. Selon la Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan (UNAMA), du 1er avril 2021 au 30 juin 2021, 1 086 personnes ont été tuées et 2 314 blessées. Cela représente une augmentation de 90 % et 91 % respectivement par rapport à la période de janvier à mars 2021. En outre, depuis le début de l’année, près de 400 000 personnes ont été FORCÉES DE QUITTER LEUR FOYER – dont quelque 244 000 depuis le mois de mai. L’agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a MIS EN GARDE contre une « crise humanitaire imminente » en Afghanistan en raison de l’insécurité et des déplacements de population. Au cours des dernières semaines, la situation s’est encore aggravée, les Talibans ayant pris le contrôle de la majorité du territoire afghan. Entre le 1er juillet et le 13 août 2021, les organisations humanitaires ont enregistré L’ARRIVÉE de 13 500 personnes déplacées internes à Kaboul.

Dans ce contexte extrêmement préoccupant, les défenseurs des droits humains, les journalistes et les membres de la société civile sont particulièrement vulnérables. Les attaques systématiques et les meurtres de défenseurs des droits humains étaient monnaie courante dans tout l’Afghanistan avant même l’offensive des Talibans, ce qui a mené à une incapacité quasi-totale pour eux de mener à bien toute action en faveur des droits humains et à l’effondrement de l’espace civique en Afghanistan. Compte tenu du danger accru que représente l’offensive des Talibans et de l’impossibilité pour les membres de la société civile de se relocaliser en Afghanistan, de nombreux membres de la société civile cherchent désormais à se mettre en sécurité à l’étranger. Ils ont besoin d’une protection urgente.

Nous vous demandons instamment de prendre des mesures immédiates pour délivrer des visas d’urgence aux défenseurs des droits humains et aux membres de la société civile dont la vie est en danger, conformément aux Orientations de l’UE concernant les Défenseurs des droits de l’Homme et aux orientations similaires en vigueur dans d’autres pays. Nous vous demandons également d’arrêter immédiatement les rapatriements de membres de la société civile afghane qui risquent d’être expulsés, conformément au droit international des droits humains.

Nous espérons que vous serez sensibles à l’urgence et à la gravité de la situation et que vous répondrez positivement à notre appel.

Nous vous remercions de l’attention que vous porterez à cette importante question.

Sincèrement,

Alice Mogwe
Présidente
FIDH – Fédération internationale pour les droits humains

Gerald Staberock
Secrétaire Général
OMCT – Organisation mondiale contre la torture

En Thaïlande des milliers de manifestants exigent plus de vaccins, les libertés démocratiques et la fin de la dictature

La troisième vague de la pandémie qui a fait depuis avril 5 569 morts contre 94 les treize mois précédents met clairement à jour l’incurie et l’irresponsabilité de la dictature en matière de stratégie vaccinale. La répression devient la seule réponse face l’exigence des vaccins pour tous et des droits et libertés démocratiques.

A Bangkok, plusieurs milliers de manifestants défilent en voiture contre le gouvernement

Publié sur courrierinternational.com avec AFP

Des manifestants défilent à Bangkok pour demander la démission du Premier ministre Prayuth Chan-O-Cha, le 15 août 2021 en Thaïlande – AFP

Plusieurs milliers de manifestants défilent dimanche en voiture à Bangkok pour demander la démission du Premier ministre Prayuth Chan-O-Cha, de plus en plus critiqué pour sa gestion de la crise du coronavirus et ses impacts sur l’économie.

Des centaines de voitures et de deux roues engorgeaient certains axes du centre de la capitale thaïlandaise dans un concert de klaxons, de nombreux piétons faisant, sur leur passage, le salut à trois doigts en signe de résistance aux autorités.

« Nous demandons la démission immédiate de Prayut Chan-O-Cha. Il n’a aucune capacité à administrer ce pays », a lancé Nattawut Saikua, un homme politique qui fût proche de l’ex-Premier ministre Thaksin Shinawatra, bête noire du gouvernement actuel.

Les organisateurs ont appelé à d’autres rassemblements en voiture dans la station balnéaire de Pattaya et à Chiang Mai, dans le nord du pays.

Le mouvement pro-démocratie porté par la jeunesse thaïlandaise a poussé des dizaines de milliers de personnes dans les rues en 2020 pour demander le départ de Prayut Chan-O-Cha, au pouvoir depuis le coup d’Etat de 2014, et une réforme de la monarchie, un sujet tabou auparavant dans le pays.

La contestation avait faibli ces derniers mois à cause des restrictions liées au Covid-19 et des poursuites judiciaires engagées contre des dizaines de protestataires.

Mais le mouvement a repris de la vigueur depuis une semaine avec des manifestations quasi-quotidiennes à Bangkok.

En cause, la flambée de Covid-19, avec plus de 20.000 nouveaux cas quotidiens, la lenteur de la campagne vaccinale et l’impact économique des restrictions.

« Le gouvernement a montré clairement qu’il ne voulait pas être tenu pour responsable pour toutes les pertes engendrées (…) il doit démissionner », a lancé Nattawut Saikua.

Les derniers rassemblements ont donné lieu à des affrontements, la police faisant usage de canons à eau, de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc pour les disperser.

Au moins trois manifestants ont été blessés vendredi, dont un grièvement à l’oeil.

AFPDes manifestants défilent à Bangkok pour demander la démission du Premier ministre Prayuth Chan-O-Cha, le 15 août 2021 en Thaïlande

Accusée de faire preuve d’une trop grande fermeté, la police a déclaré que le recours à la force était nécessaire pour maintenir l’ordre public.

« J’insiste sur le fait que nous nous appuyons sur les normes internationales », a déclaré dimanche Suwat Jangyodsuk le chef de la police nationale.

« Les rassemblements sont interdits à Bangkok car ils pourraient propager la pandémie ».