L’extrême droite annule la manifestation qu’elle avait prévue à Pacé le 7 novembre

Les cris de guerre et les menaces des identitaires ne pouvaient pas le laisser supposer : le groupuscule de la droite extrême jeune ( !?) Bretagne annonce ce lundi 29 octobre qu’il renonce à la manifestation qu’il avait annoncé à Pacé pour le 7 novembre 2012, devant la maison de retraite occupée par 250 demandeurs d’asile. Initialement prévue à 18h, la manifestation avait été dans un premier temps reportée à 19h30, et elle est désormais tout bonnement annulée. Et tous les appels à manifester ont été retirés du site.

Rappelons que les associations qui soutiennent les demandeurs d’asile (lire leur communiqué ici) organisent un rassemblement le 7 novembre à 17h devant la maison de retraite de Pacé, et qu’une « marche des migrants » aura lieu place de la gare à Rennes, le samedi 10 octobre à 15h.

 

Naz: une pièce passionnante, suivie d’un débat tout aussi passionnant

De gauche à droite, Ricardo Montserrat, Jeanine Pichavant, Pierre Tartakowsky et Jacqueline Houlgatte.

Ricardo Montserrat a vécu presqu’en « immersion »,  pendant plusieurs mois, à l’intérieur des milieux d’extrême droite du Nord-Pas-de-Calais. C’était à la demande de la scène nationale « Culture commune », et ce travail a débouché sur l’écriture et la mise en scène d’une pièce de théâtre, Naz. Mise en scène par Christophe Boyer, et interprétée par Henri Botte, la pièce a été présentée dimanche 28 octobre au théâtre Châteaubriant de Saint-Malo. La représentation était organisée par la section locale de la Ligue des droits de l’Homme et l’association des amis de le fondation pour la mémoire de la déportation.

Ricardo Montserrat montre dans sa pièce le cheminement de ces jeunes qui finissent par devenir militant de la droite extrême. Ils y arrivent par différents canaux : les clubs de supporters de football, certains lycées professionnels où des groupes se forment et recrutent avec une efficacité redoutable… Il y montre aussi la violence qui règne dans ces milieux, et que Henri Botte réussit à transmettre dans un véritable numéro d’acteur.

Une pièce d’une telle richesse ne pouvait déboucher que sur un débat passionnant : ce fut le cas. Henri Botte, Ricardo Montserrat, Jeanine Pichavant, présidente de la section de la Ligue des droits de l’Homme de Saint-Malo, Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’Homme, et Jacqueline Houlgatte, présidente de l’association des amis de la fondation pour la mémoire de la déportation,  ont analysé la pièce et permis aux spectateurs d’en décrypter les messages, tous très forts. Pierre Tartakowky a notamment mis en garde contre le risque de trop s’attarder sur les souffrances qui seraient à l’origine de ces dérives : « Moi j’y vois surtout de la haine », a-t-il déclaré, avant d’ajouter : « la souffrance ne débouche pas forcément sur la haine ! ». Et tout le monde s’est accordé pour souligné la gravité de cette situation où les « identitaires » n’hésitent plus à se monter au grand jour et à étaler leur idéologie nauséabonde au grand jour. La Bretagne n’est pas épargnée, même si le phénomène n’atteint pas les proportions du nord ou de la région lyonnaise.

Les « identitaires » s’agitent

Ils sont nerveux les identitaires. À Poitiers, ils investissent le chantier de la future mosquée. À Pacé (35), ils annoncent une manifestation début novembre pour « expulser » les sans-papiers qui logent dans l’ancienne maison de retraite. Et ils menacent par courrier électronique des militants de Droit au logement de représailles. Là,  c’est « jeune Bretagne » qui s’y colle. Il s’agit pour eux de multiplier les provocations, et engranger les bénéfices des déclarations de Copé sur le « racisme anti blanc » que l’encore chef de l’UMP a dénoncé à coup de pains au chocolat.

Heureusement, les réactions sont unanimes contre les méfaits de ces excités.

Elles viennent à la fois du milieu associatif (MRAP, LICRA), et de partis politiques (parti communiste, parti socialiste, parti de gauche, jusqu’à l’UDI de Jean-Louis Borloo et… l’UMP, par la bouche de Copé. PS et PC réclament la dissolution du mouvement « génération identitaire ». Le MRAP a pour sa part bien cerné le problème, en réclamant «la dissolution immédiate de toutes les poupées gigognes de la mouvance identitaire d’extrême droite qui a occupé le chantier». (source : Libération).

Le parquet de son côté a ouvert une enquête pour « manifestation non autorisée, provocation à la haine raciale, participation à un groupement en vue de la préparation de dégradation de biens en réunion », et placé quatre personnes en garde à vue.

 

Législatives : il n’y a pas que le front national, il y a aussi les identitaires bretons !

Au total, ce sont dix candidats qui se présentent en Bretagne sous l’étiquette « Bretagne, nous avons foi en toi ».

Alerte brune ! Ce groupuscule avance masqué, il s’agit en fait d’un groupe d’identitaires bretons, regroupés sous le label « Jeune Bretagne ». L’étiquette « Bretagne, nous avons foi en toi » n’est là que pour masquer leur appartenance à Jeune Bretagne.

Le site d’extrême droite « Novopress » fait d’ailleurs la promotion de ces candidats, sous le titre « Législatives : des candidats qui ont foi en la Bretagne ».

Il faut savoir que l’essentiel du discours de ces extrémistes tourne autour de l’ethisme (c’est la novlangue) et de la xénophobie. Le dernier article publié par le site identitaire « Breiz-Atao » est titré : « provocation : un allogène défile en tête avec les reliques de Saint-Yves ». L’ « allogène », c’est un prêtre noir… On se souvient de leurs attaques contre un jeune musicien noir qui avait remporter un concours de bombarde, ou contre la conseillère générale de Brest fraîchement élue, elle aussi à la peau noire…

Fait remarquable, et inquiétant : ces candidats sont jeunes, puisque 7 d’entre eux sur un total de 10 ont moins de trente ans.

Leur programme ? D’après Novopress, « L’insécurité étant – comme partout – un problème récurrent dans la péninsule armoricaine, les candidats bretons entendent donner la priorité à la lutte contre le trafic de stupéfiants, les agressions, les vols et l’immigration illégale, estimant par contre qu’il convient de mettre un terme à la politique de criminalisation des automobilistes » (on ne voit pas très bien ce que viennent faire les automobilistes dans cette affaire… !)

Il ne faut donc pas s’y tromper : les candidats de « Bretagne nous avons foi en toi » sont des « ethnistes » (consulter un dictionnaire novlangue-français pour la traduction), des militants d’une droite extrême qui n’a rien à envier au front national. Il convient donc de les dénoncer avec autant de vigueur que l’extrême droite nationale.

Concarneau : planté samedi, l’arbre de la laïcité vandalisé dimanche

Depuis trois ans, le mouvement laïc commémore l’anniversaire de la séparation de l’église et de l’Etat en plantant des arbres de la laïcité le 9 décembre. Un tradition naissante, inspirée des arbres de la liberté qui datent de la révolution française.

C’est ce qu’a fait l’amicale laïque de Concarneau, samedi 10 décembre, en plantant un arbre, square des Filets-bleus. Sur les branches de l’arbre, les participants avaient accroché des textes sur la laïcité.  Et lundi matin, l’arbre a été retrouvé vandalisé, les textes ayant été arrachés. Ce qui réjouit bien entendu les nazillons de Breiz atao, qui titrent sur le site : « Divine surprise à Concarneau » et conclut : « En terre chouanne, il y a encore de l’honneur chez les Concarnois pour ne pas se laisser embrigader d’une façon aussi grossière par des nostalgiques de 1793 ».

Pierre Bleuzen, président de l’Amicale laïque de Concarneau, ne comprend pas ce geste.

Ce vandalisme ridicule apporte une nouvelle preuve de l’actualité de la défense de la laïcité, attaquée de toute part, y compris au sommet de l’Etat. Les gesticulations des catholiques intégristes contre des pièces de théâtre participent de cet acharnement contre ce pilier de la République qu’est la laïcité.

On ne s’étonne donc pas que la Ligue des droits de l’Homme participe à ce combat. Ci-dessous, vous pouvez lire le discours de Michelle Dalloz, présidente de la section LDH « Françoise-Bosser » de Concarneau lu qu’a lu Jean-Paul Guyader pendant la cérémonie. Le site « Laïcité aujourd’hui » vous fait découvrir les textes qui avaient été accrochés à l’arbre.

Fête de la laïcité, samedi 10 décembre 2011, Concarneau

Un temps oubliée, ringardisée, la laïcité se retrouve aujourd’hui propulsée sur le devant de la scène.

Toilettée, relookée, affublée d’adjectifs ( ouverte, plurielle, positive…) qui, loin  d’en rehausser l’éclat  en affaiblissent la portée, elle effectue un « come back » des plus décevants,  devient, en quelque sorte  la valeur à la mode non pour  le meilleur, sinon   rarement, mais si l’on n’y prend pas garde, pour le pire…

De tout côté, y compris  et surtout du côté des plus extrêmes, Front National et Droite dite Populaire, on la revendique, on  la brandit tels le pieu et la gousse d’ail,  à l’encontre de Musulmans systématiquement  identifiés à la forme la plus intégriste de leur religion,  devenus,  en quelque sorte, les vampires des temps modernes.

Respectueuse de la laïcité pour ce qu’elle est, c’est à dire  valeur d’intégration et non de division ou d’exclusion, valeur fondatrice des conditions du vivre ensemble, la Ligue des Droits de l’Homme refuse de se laisser enfermer dans le pseudo débat d’une lutte d’influence entre République et Islam.

Ce qui la préoccupe, c’est,  accompagnant la  montée de la crise,  la poussée de l’intolérance, qui n’est pas le fait de l’Islam exclusivement, on a pu s’en rendre compte récemment :

  • avec la destruction du siège de Charlie Hebdo dont les auteurs ne sont pas ,à ce jour,  identifiés,
  • les obstructions violentes apportées par des intégristes catholiques aux représentations de la pièce de Castellucci dans un Etat où le blasphème n’est , cependant, heureusement pas un délit,
  • les déclarations de Christine Boutin pour que l’enseignement du genre soit retiré des programmes de l’enseignement secondaire, « posant à la fois le problème du statut et de la scientificité des savoirs à l’école et celui de  leur indépendance par rapport à l’appareil d’État » ( Alain Bondeelle).

Atteintes successives à la liberté d’expression et de conscience, replis identitaires, promotion démagogique , à des fins électoralistes, d’une laïcité de combat,… Pour la LDH, ce qui est en cause dans les débats actuels, ce n’est pas la religion- qu’on la prône ou qu’on la rejette, dans un paysage social aujourd’hui fortement sécularisé-, mais la démocratie et en particulier, les tentatives d’empiétement du religieux sur l’espace politique, en réaction à l’abandon progressif par l’Etat, de ses missions sociales.

« L’Etat  n’aurait plus autant  d’argent dans  ce qui pourtant concerne  tous les citoyens : santé publique, école publique, culture de haut niveau pour chacun, logements décents pour tous,énergie et communication accessibles à tous, humanisation des espaces urbains, s’étonnait déjà H. Pena-Ruiz en 2006, avant de conclure :   «  c’est en solidarisant l’affirmation de l’idéal laïque et celle d’un Etat promoteur de la justice sociale qu’on rendra crédible la dimension émancipatrice de la République ».

La question de la laïcité est pour la LDH inséparable de la question de la fragmentation sociale.

C’est pourquoi nous emprunterons aujourd’hui notre conclusion à Jean Jaurès en rappelant que le principe laïque n’ayant pas à être un dogme, mais une dynamique conduisant vers la liberté, il doit être prolongé par l’émancipation sociale.

La question reste de savoir si nous sommes tous prêts, dans un pacte social renouvelé,  à réaffirmer le lien entre République laïque et République sociale.