Succès total des Droits en fête 2016 sur les migrations

Une partie de l'assistance de Droits en fête 2016.

Une partie de l’assistance de Droits en fête 2016.

La grande migration a bien eu lieu au foyer municipal de Loudéac, ce samedi 23 avril ! Un après-midi de fraternité, avec ses moments d’émotion intense, pendant les témoignages vidéo des migrants installés dans la région depuis de longues années pour certains ; mais aussi des moments de franche rigolade, quand Paul a raconté l’entretien d’embauche de sa sœur, ou quand Tarik a rappelé Dieu a ses responsablités…

Vous ne verrez pas ces vidéos sur Internet. Pour des raisons de sécurité. Les régimes politiques mis en cause sont capables de tout, et notamment de représailles sur les familles restées au pays de ceux qui ont eu le courage de témoigner.

Ces témoignages ont été commentés, analysés, avec brio mais surtout avec pudeur et sensibilité par Didier Urschitz, connu aussi sous le surnom de Laké. Laké, ce Roumain pour qui tant de Costarmoricains s’étaient mobilisés en 1991 pour lui faire obtenir des papiers, ainsi qu’à ses compagnons d’infortune, Amadou, maintenant installé dans la région de Loudéac, et qui était là samedi, et à Constantin, qu’on a perdu de vue. Les retrouvailles, 25 ans après, entre ces trois-là et ceux qui avaient créé et animé leur comité de soutien étaient poignantes.

Pendant ce débat sur les migrations internationales dont Laké était médiateur avec Daniel Bessonnat, Catherine Wihtol de Wenden, professeur à Sciences po, a rebondi, après un exposé théorique passionnant, sur les huit témoignages vidéo, qui ont donné chair à son exposé.

Auparavant, Roger Toinard, agrégé de géographie, avait raconté et analysé les migrations bretonnes des XIXème et XXème siècles, et singulièrement celles des Côtes du Nord de l’époque : leur mise en perspective avec ce qu’on appelle maintenant la « crise migratoire » actuelle était riche d’enseignements.

Les photos commentées de Pascale Thoraval et Franck Perrin ont elles aussi donné chair aux drames qui se jouent à côté de chez nous : Calais n’est pas si loin. La Méditerranée non plus, et Bérangère Matta, administratrice de l’association SOS Méditerranée, qui affrète le bateau Aquarius qui sauve jour après jour des centaines de migrants de la noyade, en a fait une présentation saisissante. Le magazine « Interception » de France-Inter, dont les journalistes ont passé une semaine sur l’Aquarius, consacrera son prochain numéro, dimanche 1er mai de 9h10 à 10h, à SOS Méditerranée. C’est un bateau de ce type qui avait sauvé Hang, petite Vietnammiene de 12ans, en 1987, lorsqu’elle est arrivée en France. Sauf que son bateau avait été affrété par, ou au moins avec l’aide du gouvernement de l’époque… Autre époque, autres moeurs…

Un programme pas très joyeux pour une fête ! mais ceci s’est déroulé sans pathos, et le soir, l’humour d’un Jean Kergrist très en forme a permis de décompresser, grâce aux rires qu’il a su provoquer !

Une belle journée, qui a permis de balayer toutes les âneries propagées par l’extrême droite sur les migrations, et qui a redonné un peu d’espoir à tous ses participants !

 

« Merci patron » de François Ruffin projeté jeudi 28 avril au Rex à Pontivy (56)

merci-patron-affiche3« Merci Patron » est un film militant. Réalisé par François Ruffin, qu’on a connu chez Daniel Mermet à France-Inter, et au journal Fakir où il écrit, ce film est distribué dans quelques salles, mais il bénéficie également d’une distribution militante : chaque projection est accompagnée d’un débat avec souvent le réalisateur ou des journalistes de Fakir.

Une sacrée bonne nouvelle : « Merci Patron » sera projeté ce jeudi 28 avril à 20h30, au cinéma le Rex de Pontivy (entrée, 5€). Et la projection, organisée par Attac 56  sera suivie d’une discussion en présence de Youenn Le Flao (journaliste chez FAKIR), de membres d’ATTAC et de syndicalistes.

En voici le synopsis :

Merci Patron,  réalisé par François Ruffin

Jocelyne et Serge Klur travaillaient depuis des années dans une usine qui fabriquait des costumes Kenzo (Groupe LVMH), à Poix-du-Nord, près de Valenciennes. Bernard Arnault, qui a demandé la nationalité belge, a décidé de délocaliser la production en Pologne. Pour le couple, désormais au chômage, c’est la catastrophe. Lourdement endetté, il risque de perdre sa maison. François Ruffin, fondateur du journal Fakir, se met en tête de le sauver. Entouré d’un inspecteur des impôts belge, d’une bonne sœur rouge, de la déléguée CGT, et d’ex-vendeurs à la Samaritaine, il ira défendre sa cause à l’assemblée générale de LVMH…

Les Droits en fête : des ajouts au programme du 23 avril à Loudéac

De gauche à droite au premier plan, Mamadou Baguiri, Constantin Aldea, Dezideriu Urshitz et Michel Rault, à la fête de l'intégration, le 7 décembre 1991 (Collection Michel Rault)

De gauche à droite au premier plan, Mamadou Baguiri, Constantin Aldea, Dezideriu Urshitz et Michel Rault, à la fête de l’intégration, le 7 décembre 1991 (Collection Michel Rault)

Les Droits en fête, ça approche !

D’un jour à l’autre, le programme s’enrichit : des associations, alertées par les articles de presse qui nous ont annoncés, nous contactent pour participer à la manifestation. Trop tard pour certaines, malheureusement, mais ça n’est que partie remise.

Mais on a cependant réussi à proposer un accueil à certaines autres. C’est le cas de SOS Méditerranée, dont Bérangère Tara, la représentante dans la région, viendra projeter un diaporama sur son association, qui a hélas fort à faire en ce moment avec les naufrages qui se multiplient (lire ici).

Ce sera le cas également de l’association culturelle Nurhak, qui rassemble les Kurdes de la région de Saint-Brieuc. Un de leurs musiciens viendra jouer à l’ouverture et pendant la pause repas, avec Paul Rousseau (tambour de Guadeloupe), tandis que ses camarades vendront les spécialités pâtissières du Kurdistan qu’ils auront fabriquées.

Il y a 25 ans : la fête de l’intégration à Bon-Repos

Michel Rault, un des organisateurs de la mobilisation qui avait eu lieu en 1991 pour obtenir des papiers à Dezideriou, Constantin et Amadou, viendra évoquer ce souvenir, avec Dezideriou et Amadou, présents à la fête. Une exposition d’articles et de photos de l’époque rappellera cette histoire qui a donné lieu à l’organisation d’un grand repas à Bon-Repos et d’une course relais de Bon-Repos à Saint-Brieuc. Une mobilisation qui, une fois n’est pas coutume, s’est bien terminée : ils ont tous les trois obtenu des titres de séjour. De nombreux membres du collectif sont toujours militants dans des associations de défense des droits de l’Homme comme l’ASTI, la CIMADE, la LDH…

Dans la petite salle du foyer municipal, une cabine sonore, installée par les Bistrots de l’Histoire, proposera une bande sonore sur l’histoire des réfugiés espagnols arrivés à Saint-Brieuc pendant la guerre d’Espagne, et accueillis par le Secours rouge, organisation dans laquelle l’écrivain Louis Guilloux était très engage. Un atelier proposera des jeux et des petits films aux enfants, et pendant la pose repas (apéritif, sandwiches variés, buvette sur place), le film « Paroles de migrants » sera projeté à l’intention de ceux qui n’auront pas pu le voir l’après-midi.

SOS Méditerranée à Droits en fête : « Sauver des vies, maintenant ! »

SOS Méditerranée est une organisation non gouvernementale créée pour porter secours aux migrants qui traversent la Méditerranée dans des conditions effroyables. Devant l’ampleur et l’extrême gravité du problème, une telle association ne pouvait se concevoir qu’à l’échelle européenne, ne serait-ce que pour rassembler la somme nécessaire à sa réalisation. C’est le cas.

L'Aquarius, affrété par SOS Méditerranée, a déjà sauvé des centaines de vies en Méditerranée.

L’Aquarius, affrété par SOS Méditerranée, a déjà sauvé des centaines de vies en Méditerranée.

Créée fin 2015, après une campagne de « crowfunding » très efficace, complétée par  de nombreux mécénats, elle a loué l’Aquarius, un bateau de secours en mer, auquel l’émission « 13.15 le samedi » a consacré un numéro, encore visible ici.

Cette première opération de secours, commencée en février 2016, qui doit s’achever fin avril, devrait être prolongée si le deuxième appel à dons fonctionne. Une telle campagne coûte une fortune : 11.000€ par jour, soit 330.000€ par mois.

Le volet maritime de l’opération est évident, mais le volet médical est lui aussi essentiel. C’est la raison pour laquel SOS Méditerranée travaille en partenariat avec Médecins du monde, qui envisage, à terme, de créer une flotte de secours pérenne.

Le site de l’association présente en détail le projet et le carnet de bord du bateau, qui a déjà sauvé des centaines de vies humaines sur son site.

Le comité de soutien de SOS Méditerranée rassemble dans chaque pays européens des noms illustres, et parmi ses soutiens français on trouve, à côté de Philippe Toreton, Eric Orsenna ou Thomas Piketti, Catherine Wihtol de Wenden, qui interviendra à droits en fête sur le volet des migrations internationales (lire le dossier de presse de l’association ici). Ce qui, entre parenthèses, privera l’extrême droite de son argument préféré : « et vous, vous faites quelque chose pour les aider ? »

Bérangère, membre de SOS Méditerranée, viendra présenter l’association à Droits en fête, après le diaporama sur la Jungle de Calais de Pascale Thoraval et Franck Perrin (soit vers 18h45). Et l’argent recueilli dans l’urne qui sera installée au foyer municipal pendant la totalité de la fête sera partagé entre SOS Méditerranée et le comité de soutien à une famille de demandeurs d’asile dont la demande a été refusée et qui va se trouver dans une situation dramatique, sans logement, dès le mois de juillet à Saint-Brieuc.

Pratique : http://www.sosmediterranee.fr/#

Saint-Brieuc : le 6 février, rassemblement contre l’extrême droite

L’extrême droite s’en donne à cœur joie en ce moment, et n’hésitent plus à se montrer, en allant brailler leur haine dans les rues. Après Pontivy, Quimper, et d’autres villes bretonnes, ce sera le tour de Saint-Brieuc, samedi 6 février. Alors que la plupart des manifestations qui ont eu lieu jusqu’alors étaient organisées par le groupuscule adsav, cette fois-ci c’est « résistance républicain » qui s’y collent. Une fois de plus l’extrême droite emprunte le vocabulaire de la gauche et ses mots emblématiques : résistance et république. Ils avaient déjà fait le coup avec « riposte laïque », dont la première officine est, comme par hasard, une filiale. Organisation « non politique » évidemment, ce groupuscule répond en fait au mot d’ordre européen lancé par pegida, l’extrême droite allemande qui veut stopper l’accueil des réfugiés et n’hésite pas, tout comme adsav, à recourir à la violence.

Plusieurs organisations, syndicats, partis politiques, associations, se sont associer pour appeler à une contre manifestation, le même jour et à la même heure : samedi 6 janvier, à Saint-Brieuc. Le rendez-vous est fixé place Allende. A noter qu’un des organisateurs de la parade xénophobe n’est autre qu’un candidat aux dernières élections municipales à Saint-Brieuc et élections aux départementales.

Le temps est révolu où on pouvait croire que manifester contre ces individus ne servaient qu’à en faire la publicité : il s’agit maintenant de les faire taire.

 

Tribune : « François Hollande, ne créez pas des sous-catégories de citoyens ! »

Ce n’est pas parce que la famille Le Pen émet une idée qu’il s’agit forcément d’une bonne idée. Le président de la République et le gouvernement ont l’air de découvrir cette évidence : décidés à faire entre la « déchéance de nationalité » pour les double-nationaux dans l’arsenal législatif anti-terroriste, il semblerait qu’ils sont en train de faire machine arrière. Peut-être cette tribune, co-signée par plusieurs responsables d’associations et syndicats y est-elle pour quelque chose ?

Dominique Sopo, président de SOS Racisme, Françoise Dumont, Pierre Tartakowsky, respectivement présidente et président d’honneur de la Ligue des droits de l’Homme, Alain Le Cléach  et Pierre Henry, France Terre d’asile, William Martinet, président de l’UNEF, Sacha Reingewirtz, président de l’union des étudiants juifs de France (UEJF) et Frédérique Rolet (secrétaire générale du SNES – FSU) on publié cette tribune dans le journal le Monde, le 17 décembre dernier.

Comme chacun d’entre nous, Monsieur le président vous avez été touché au plus profond de votre chair par les événements tragiques du 13 novembre dernier. En tant que garant de nos institutions, vous êtes maintenant en quête de solutions pour réduire, autant qu’il est possible, le risque d’attentat dans notre pays. Pour ce faire, vous seriez manifestement prêt à proposer une loi permettant de déchoir de la nationalité française, les binationaux convaincus de terrorisme, y compris ceux nés Français.

Cette proposition, formulée de longue date par le Front national, nous parait dangereuse et nous attendons de vous que vous y renonciez. Car au-delà du fait que la déchéance de nationalité pour faits de terrorisme est déjà prévue dans le droit français pour les personnes binationales naturalisées depuis moins de 15 ans, de nombreux arguments nous poussent à nous élever contre cette annonce.

Tout d’abord, d’un point de vue pragmatique, permettez-nous de vous dire qu’une telle mesure ne dissuadera en aucun cas les terroristes de tenter de commettre des attentats sur notre sol. En effet, ceux-ci sont dans une logique nihiliste et ont parfaitement acquis que leurs projets, en cas de succès, se termineront dans le carnage et la mort. Risquer la déchéance de la nationalité n’est donc guère susceptible de les impressionner. De plus, comme le révèlent les investigations antiterroristes, les factieux peuvent aussi bien être français depuis plusieurs générations, que français de parents étrangers ou simplement étrangers. Le terrorisme n’est pas le monopole des Français binationaux nés sur notre sol.

Par ailleurs, la déchéance de nationalité étendue viserait donc à renvoyer davantage de monde de notre territoire. Concrètement, il s’agirait de renvoyer des gens vers le Maghreb ou le Mali, des zones qui ont déjà fort à faire avec les attaques menées par des organisations terroristes qui rêvent, de Tunis à Bamako, de ces renforts que nous leur apporterions.

Enfin, et il s’agit là de la conséquence la plus grave, vous valideriez, depuis le plus haut sommet de l’Etat, l’idée qu’il y aurait deux catégories de Français. Les binationaux nés Français, qui sont « un peu moins français » et les Français qui n’ont qu’une nationalité et qui seraient « un peu plus français ». Il s’agit là d’une idée contraire à notre pacte républicain et aux valeurs les plus nobles constitutives depuis 1789 de notre identité commune. Ce sont précisément ces valeurs que Daech cherche à détruire et que nous devons plus que jamais préserver. A l’heure où de trop nombreux jeunes doutent de leur pleine appartenance à la société française, cette mesure, quand bien même elle ne les concerne pas, serait un signal vécu comme une défiance supplémentaire à leur endroit, là où il faudrait au contraire que la France montre pleinement qu’elle embrasse l’ensemble de ses enfants. La déstabilisation serait d’autant plus grave que chacun sait que vous ouvririez là un dangereux précédent. Car, une fois cette brèche ouverte, qui sait quels seront les critères qui pourront, demain ou après-demain, provoquer la déchéance de la nationalité ?

Installer l’idée que les Français ne sont pas tous égaux face à la loi, c’est donner du grain à moudre aux discours haineux des djihadistes ou de l’extrême droite « traditionnelle » qui prétendent que la coexistence entre Français de différentes origines est impossible, c’est imprimer une marque indélébile sur nos concitoyens, nés en France, ayant vécu toute leur vie dans notre pays, mais ayant pour seul tort d’avoir un parent étranger. C’est en définitive tourner le dos à « l’âme de la France [qui] est l’égalité » comme vous l’affirmiez au Bourget, le 22 janvier 2012.

« Le terrorisme ne détruira pas la République, car c’est la République qui le détruira » avez-vous proclamé avec force lors de votre adresse aux parlementaires à Versailles.

Monsieur le président, mettez vos actes en adéquation avec vos propos en renonçant à cette mesure qui n’a pas sa place dans la patrie qui offrit la Grande Révolution à ses citoyens et au monde.

Dominique Sopo est président de SOS Racisme ; Françoise Dumont et Pierre Tartakowsky sont respectivement présidente et président d’honneur de la Ligue des Droits de l’Homme ; Alain Le Cléach et Pierre Henry sont respectivement président et directeur général de France Terre d’Asile ; William Martinet est président de l’Union nationale des étudiants de France ; Sacha Reingewirtz est président de l’Union des étudiants juifs de France et Frédérique Rolet est secrétaire générale du syndicat national des enseignements de second degré – FSU

La liste intégrale des signataires se trouve ici :

http://sos-racisme.org/non-la-decheance-de-nationalite/

Les tests d’âge osseux pour les mineurs étrangers légalisés

Dès 2005, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) préconisait leur suppression, en souligant leur « inadaptation ». Cet avis succédait à celui de la défenseur des droits de l’époque, allant dans le même sens. Plus récemment, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), dans un avis du 24 juin 2014 préconisait de « mettre fin aux pratiques actuelles d’évaluation de l’âge » (source : Le Monde).

Les tests osseux, (lire également ici) qui consistent en une radiographie du poignet et de la main, sont utilisés pour déterminer l’âge d’une personne, singulièrement d’un étranger qui demande l’asile et prétend être mineur. Le résultat du test, basé sur les statistiques, est reconnu par l’ensemble du corps médical comme peu fiable, la marge d’erreur se situant entre 1 et 2 ans. Et comme généralement ces tests concluent à la majorité de l’étranger, cela représente autant d’économies, puisque, s’il était mineur, le jeune entrerait de droit dans les dispositifs de l’aide sociale à l’enfance (ASE). Les conséquences sont donc particulièrement lourdes pour les « mineurs étrangers isolés », arrivés seuls en France après un parcours la plupart du temps dramatique.

Un amendement présenté par les députés Coronado, Molac, Duflot et Mamère, demandait l’interdiction de recourir à ces tests pour déterminer l’âge de ces jeunes : « Art 388-4. – L’évaluation selon la méthode des tests osseux ne peut déterminer la minorité d’un individu. » (source ici).

Dans la nuit du mardi 17 au mercredi 18 novembre, la secrétaire d’Etat chargée de la Famille, de l’Enfance, des Personnes âgées, et de l’Autonomie, auprès de la ministre des Affaires sociales, défendait son projet de loi sur la protection de l’enfance : les tests osseux y sont maintenus. Certes, on s’entoure de précautions. Malheureusement, il ne s’agit pas de précautions scientifiques, mais uniquement de précautions de forme : ils ne pourront être réalisés qu’avec un magistrat, et avec le consentement du jeune (le refus vaudra sans doute aveu de « culpabilité »), l’expert qui lira la radiographie se verra demander de « préciser la marge d’erreur qu’il estime » et « le doute sur un résultat devra profiter au jeune en valorisant une présomption de minorité ». « Protection de l’enfance »…

Le réseau Education sans frontière, qui s’occupe des mineurs étrangers isolés, et qui connaît parfaitement le sujet, a publié un communiqué qui dénonce cette pratique. Le voici :

TESTS D’ÂGE OSSEUX : LA PROCEDURE ROSSIGNOL LEGALISEE

Les événements dramatiques du 13 novembre et leurs suites nous ont dissuadés de commenter immédiatement la décision de l’assemblée nationale d’autoriser l’utilisation des tests d’âge osseux sur les mineurs isolés étrangers. Le gouvernement n’avait pas eu cette décence. L’émotion soulevée par les attentats de Paris et St-Denis ne l’a pas empêché de faire adopter par l’assemblée nationale ce qui s’appelle désormais la procédure Rossignol : le détournement d’un examen médical pour réaliser des économies en jetant des enfants à la rue.

Des amendements présentés par des députés de tous les groupes de gauche, communistes, écologistes, radicaux et socialistes demandaient que soit interdit le recours aux tests d’âge osseux pour attribuer un âge civil aux mineurs isolés étrangers. Ces tests comportent en effet, selon toutes les autorités médicales, scientifiques et éthiques, une marge d’erreur de 18 mois à deux ans qui les rend incapables de déterminer avec un minimum de fiabilité l’âge d’un individu entre 16 et 20 ans. Chacun le sait, Madame Rossignol compris. Mais la volonté de faire des économies au détriment d’une population sans défense (de très jeunes gens puisque mineurs, sans famille et sans relations puisqu’isolés et étrangers de surcroit) et une façon sournoise de s’opposer aux immigrés font qu’on ne s’embarrasse pas de ces détails. Au prétexte d’encadrer ces tests, on les inscrit dans la loi.  Les prétendues garanties introduites dans le texte n’en sont évidemment pas. Le fait que le mineur doive donner son accord pour que ces examens soient pratiqués est une amère plaisanterie : les refuser est systématiquement interprété comme un aveu de mensonge et entraîne la mise à la rue immédiate. La ministre le sait, la ministre s’en fout. Les tests osseux ne peuvent être ordonnés que par un magistrat… ce qui était déjà le cas !

Ils ne peuvent être utilisés qu’en dernier recours, soutient Madame Rossignol. C’est faux, chacun le sait, elle la première. Dans les faits, en dehors de la production de documents d’identité, les tests d’âge osseux sont souvent la première et la seule « preuve » de la majorité d’un jeune. Pour la ministre, quand on n’a pas de réponse adaptée à un problème, il suffit d’avoir recours à une solution qu’on sait fausse et malfaisante !

La solution existe pourtant : que les jeunes soient pris en charge quelques mois avec les moyens d’entrer en relation avec leur pays d’origine pour en faire venir les documents établissant leur identité.

La procédure Rossignol est donc pour le moment entrée dans la loi. Des centaines de gamins vont la subir et en payer très cher les effets : mis à la rue avec leur sac du jour au lendemain puisque déclarés majeurs sans aucun secours. L’Aide sociale à l’enfance les chasse comme majeurs mais le 115 et le SAMU social ne les prennent pas plus en charge car leurs documents d’identité les disent mineurs !

Pour autant, la bataille n’est pas finie. De nouvelles actions destinées à dénoncer la procédure Rossignol seront lancées dans les prochains jours

 

 

Nous ne céderons pas : l’appel de 68 associations

Nous ne céderons pas : l’appel est lancé, pour le moment (la liste n’est pas close), par 68 associations. Un appel qui met le doigt sur le danger que court la démocratie dans cette période où la peur (souvent provoquée par les politiques, de tous bords, qui espèrent en tirer bénéfice) sert d’alibi pour saper les fondements de la démocratie, en s’attaquant aux libertés fondamentales. Provisoirement, disent-ils. On connaît bien des mesures provisoires qui durent encore…

Cet appel prouve que, si elle est menacée, la démocratie est bien vivante, et que ses partisans ne sont pas prêts à la brader. Il est finalement une preuve de sa bonne santé.

Certes, il faut faire preuve de courage politique pour ne pas céder aux sirènes des extrémistes de droite qui distillent le venin contagieux. On est en droit de l’exiger des responsables politiques.

Une dernière chose. Il faut lire attentivement la liste des signataires de cet appel. Elle est réconfortante.

Nous ne céderons pas

Ceux qui, au nom de Daech, ont fait subir à Paris et à Saint-Denis un moment d’inhumanité absolue ne nous feront pas céder. Rien ne peut justifier ces assassinats, ici ou ailleurs. Chacune des victimes vit en nous parce que nous appartenons à la même humanité. Notre solidarité à leur égard et à l’égard de leurs familles est totale. Ce crime est immense mais c’est en continuant à vivre librement et fraternellement que notre réponse sera à la hauteur.

Nous ne sommes pas naïfs : nous savons que ces actes de terrorisme appellent des réponses à la mesure du danger qu’ils représentent. Comme nous savons que le rôle des forces de l’ordre et de la justice est essentiel pour protéger nos libertés. Mais cela ne doit pas nous empêcher de réfléchir aux réponses que notre société doit apporter à ces actes et à celles déjà mises en œuvre.

C’est la démocratie qui est mise à mal quand le Parlement est appelé à délibérer d’un jour à l’autre, sous la pression de l’émotion et les assauts de démagogie de responsables politiques qui cultivent la peur.

Après la prorogation de l’état d’urgence et l’extension des pouvoirs de police, d’autres mesures sont encore annoncées par le président de la République.

Il nous paraît essentiel de rappeler que rien ne doit nous faire sortir de l’Etat de droit et nous priver de nos libertés. L’état d’urgence ne peut devenir un état permanent et les conditions de sa mise en œuvre ne sauraient entraver la démocratie sociale, l’exercice de la citoyenneté et le débat public.

Depuis 1986, les lois accordant plus de pouvoirs aux forces de l’ordre, organisant une justice d’exception et restreignant nos libertés, au prétexte de lutter contre le terrorisme, s’empilent. L’adoption d’autres dispositifs législatifs, y compris d’ordre constitutionnel, exige de poser la question de leur efficacité et de l’atteinte supplémentaire aux libertés qu’ils constituent. Avant de modifier la loi et de conférer à l’Etat des pouvoirs accrus, il faut que celui-ci s’interroge sur ce qui n’a pas permis d’éviter une telle abomination. La réponse des autorités se veut martiale, elle n’est pas une assurance de sécurité et ne garantit en rien le respect de nos libertés.

Vouloir priver de leur nationalité jusqu’aux personnes nées françaises, c’est délivrer une nouvelle fois le message d’une France divisée. Le silence du président de la République, lors de la réunion du Parlement, sur l’indispensable engagement de l’Etat en faveur de l’égalité des droits, de la justice sociale, sur le développement des services publics, contre toutes les discriminations et contre toutes les manifestations de racisme accroît dramatiquement le sentiment d’exclusion que vit toute une partie de notre peuple. Il donne ainsi un peu plus corps à la stigmatisation croissante qui s’exerce mettant en péril notre volonté de vivre ensemble.

Nous voulons que ces dramatiques événements soient, au contraire, l’occasion de construire un autre chemin que celui qui nous est proposé. Un chemin qui refuse de désigner des boucs émissaires et qui refuse que la France soit en guerre contre elle-même. Un chemin qui donne à la paix et à l’égalité des droits toute leur place et qui s’engage en faveur d’une France solidaire, ouverte à l’autre, accueillante, libre et fraternelle.

Pour nos libertés, pour une société où la fraternité a toute sa place, nous ne céderons pas à la peur dans laquelle veulent nous faire vivre ceux et celles qui font de la mort leur raison de vivre.

Nous appelons les femmes et les hommes de ce pays à rester solidaires et à lutter contre toute forme de racisme. Nous appelons aussi à la défense des libertés car nous ferons prévaloir en toutes circonstances notre liberté d’information, d’expression, de manifestation et de réunion. Nos organisations construiront, partout en France, ces lieux qui nous permettront de débattre et nous exercerons une vigilance permanente afin que nos droits et libertés soient préservés et que nul ne soit victime de discriminations.

Premiers signataires :

  1. AFD International,
  2. Agir pour le changement démocratique en Algérie (Acda),
  3. Assemblée citoyenne des originaires de Turquie (Acort),
  4. Association des Marocains en France (AMF),
  5. Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF),
  6. Association des Tunisiens en France (ATF),
  7. Association des universitaires pour le respect du droit international en Palestine (Aurdip),
  8. Association française des juristes démocrates (AFJD),
  9. Association France Palestine solidarité (AFPS),
  10. Association Grèce France Résistance,
  11. Association interculturelle de production, de documentation et de diffusion audiovisuelles (AIDDA),
  12. Association pour la reconnaissance des droits et libertés aux femmes musulmanes (ARDLFM),
  13. Associations démocratiques des Tunisiens en France (ADTF),
  14. Attac,
  15. Cadac,
  16. Cedetim,
  17. Confédération générale du travail (CGT),
  18. Conseil national des associations familiales laïques (Cnafal),
  19. Collectif national pour les droits des femmes (CNDF),
  20. Collectif 3C,
  21. Collectif des 39,
  22. Collectif des féministes pour l’égalité (CFPE),
  23. Comité pour le développement et le patrimoine (CDP),
  24. Comité pour le respect des libertés et des droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT),
  25. Commission islam et laïcité,
  26. Confédération syndicale des familles (CSF),
  27. Collectif des musulmans de France (CMF),
  28. Coordination des collectifs AC !,
  29. Droit au logement (Dal),
  30. Droit solidarité,
  31. Droits devant !!,
  32. Emmaüs France,
  33. Emmaüs International,
  34. Fédération des Tunisiens citoyens des deux rives (FTCR),
  35. Fédération nationale de la Libre pensée,
  36. Fédération internationale des Ligues des droits de l’Homme (FIDH),
  37. Filles et fils de la République (FFR),
  38. Fondation Copernic,
  39. Fédération syndicale unitaire (FSU),
  40. Genepi,
  41. Ipam,
  42. La Cimade,
  43. La Quadrature du Net,
  44. Le Mouvement de la paix,
  45. Ligue des droits de l’Homme (LDH),
  46. Le Gisti,
  47. Les Amoureux au ban public,
  48. Les Céméa,
  49. Maison des potes,
  50. Mamans toutes égales (MTE),
  51. Médecins du monde,
  52. Mrap,
  53. OIP – section française,
  54. Organisation de femmes égalité,
  55. Planning familial,
  56. Réseau éducation sans frontières (RESF),
  57. Réseau euromaghrébin culture et citoyenneté (REMCC),
  58. Réseau Euromed France (REF),
  59. SNPES-PJJ/FSU, Snuclias-FSU,
  60. Syndicat des avocats de France (Saf),
  61. Syndicat national des journalistes (SNJ),
  62. SNJ-CGT,
  63. Unef,
  64. Union des travailleurs immigrés tunisiens (Utit),
  65. Union juive française pour la paix (UJFP),
  66. Union nationale lycéenne (UNL),
  67. Union syndicale de la psychiatrie (USP),
  68. Union syndicale Solidaires

Spartacus et Cassandra le 28 novembre au Cithéa de Plouguenast (22) : vidéos et critiques

Ioanis Nuguet, réalisateur, entouré de Spartacus et Cassandra.

« Spartacus et Cassandra » sera projeté samedi 28 novembre au Cithéa, le cinéma associatif de Plouguenast (22), avec qui la section Loudéac centre Bretagne  de la Ligue des droits de l’Homme a déjà travaillé en partenariat (« La Guerre des boutons » pour le roman de Bertrand Rothé, « Lebrac, 3 mois de prison », en 2011, et « La saga des Contis », de Jérôme Plateau qui avait participé au débat par visio conférence, en 2013). Ioanis Nuguet, réalisateur, sera là pour le débat après le film.

Ce film, qui raconte la vie difficile de deux enfants Rroms, tiraillés entre l’amour pour leurs parents et la difficulté de vivre avec eux, et qui sont sauvés par leur rencontre avec Camille, une jeune artiste trapéziste qui se transforme en éducatrice, a été, à sa sortie, début 2015, salué de façon unanime par la critique. Et il a obtenu de nombreux prix (voir photo plus bas).

Voici un extrait du film (le début), puis l’article de la critique de cinéma Guillemette Odocino (Télérama), et, en fin d’article, une interview de Ianis Nuguet.

httpv://youtu.be/0D8BR4cuWgk

Critique de la journaliste Guillemette Odicino, publiée par l’hebdomadaire Télérama :

« A 1 an, je marchais… A 3 ans, mon père était en prison… A 4 ans, je faisais la manche avec ma soeur… A 7 ans, je suis arrivé en France… » La voix de Spartacus ouvre ce documentaire comme le « il était une fois » d’un conte. Aujourd’hui, ce gamin rom a 14 ans. Avec sa soeur cadette, Cassandra, il a trouvé refuge dans un cirque de la banlieue de Paris, sous la protection de Camille qui s’est improvisée éducatrice parce qu’elle refuse qu’il n’y ait pas d’avenir pour ces deux gosses-là. Marcher sur un fil n’est pas qu’un numéro d’équilibriste sous un chapiteau : pour certains enfants, c’est l’histoire d’une vie.

Très vite, Spartacus et Cassandra se retrouvent face à un choix. Rester avec leurs parents : un père alcoolique qui ne rêve que de partir en caravane ailleurs, toujours ailleurs, et une mère un peu folle qui vend du muguet fané sur le trottoir. Ou accepter, comme le juge les y engage, leur placement dans une famille d’accueil. La loi du sang, même toxique, ou l’intégration et ses contraintes : aller à l’école, devenir sédentaires et sages…

De ce dilemme, le réalisateur fait un film de mouvements : caméra à l’épaule, il suit ses merveilleux petits héros dans leurs doutes, leurs colères et ces moments radieux où, en pleine nature, ils abandonnent leur incroyable maturité pour des gestes de l’enfance. Cassandra, petite princesse gitane aux ongles roses, veut voir la France comme un eldorado : dans le poème qu’elle a écrit et qu’elle récite (moment suspendu, bouleversant), une maison, soudain, devient l’inverse d’une cage. Spartacus, petit guerrier insoumis et jeune auteur de rap, hésite encore : a-t-il le droit d’être heureux quand ses parents, eux, restent condamnés à l’errance et usent du chantage affectif ? Le film, douloureux, lumineux, refuse la fatalité de ceux qui sont nés pour n’être chez eux nulle part. Et défend le droit de chaque enfant, même « du voyage », à planter un arbre qu’il pourra voir grandir. — Guillemette Odicino

Pratique. Entrée 4€. Projection organisée dans  le cadre du mois du film documentaire. Partenaires, CAC Sud 22, le Cithéa, la section Loudéac centre Bretagne de la Ligue des droits de l’Homme.

Interview de Ioanis Nuguet

httpv://youtu.be/apyU14q3c0c

 

Ils ne gagneront pas, parce que #NousSommesTousUnis

Les attentats qui ont frappé Paris et Saint-Denis vendredi 13 novembre sont évidemment pain bénit pour les extrémistes de tous poils, qui n’ont pas tardé à distiller leur venin. Le front « national » en tête, évidemment, bien dans son rôle, accompagné par quelques excités tels que Wauquiez  (pardon à René Vautier d’avoir confondu son nom avec celui de cet individu !… Erreur corrigée !), Morano et Ciotti, rejoint par leur chef de meute, l’ancien président de la République pour réclamer davantage de mesures sécuritaires. #NousSommesTousUnis, oui, mais pas avec n’importe qui.

La Ligue des droits de l’Homme, et la Fédération internationale des Ligues des droits de l’Homme ont publié, ce samedi 14 novembre en début d’après midi, des communiqués qui mettent en garde contre d’éventuelles dérives prétendues sécuritaires, qui ont largement et depuis longtemps prouvé leur totale inefficacité. Nous les reproduisons ci-dessous.

Communiqué de la Ligue de droits de l’Homme

Ils ne gagneront pas

L’assassinat de plus de 120 personnes à Paris dans la nuit du 13 au 14 novembre 2015 restera comme un des pires outrages infligé aux habitants de ce pays. Ces actes provoquent horreur et révolte.

C’est d’abord aux victimes et à leurs familles que la LDH pense en toute solidarité et avec émotion.

Parce que notre démocratie a le droit et le devoir de se défendre, l’adoption de mesures exceptionnelles peut répondre à l’urgence du moment.

Ces mesures qui s’ajoutent aux possibilités déjà très larges ouvertes par la législation antiterroriste ne peuvent être appliquées que pour une période limitée et doivent l’être sans aucune stigmatisation.

C’est ensemble, tous ensemble, que nous devons répondre à l’immense défi qui nous est lancé. C’est par une réaction citoyenne que nous devons réaffirmer notre volonté de vivre ensemble et de protéger notre démocratie et nos libertés parce que nous refusons la peur et parce que les assassins

ne gagneront pas.

Communiqué commun de la Ligue des droits de l’Homme et de la Fédération internationale des Ligues des droits de l’Homme (FIDH)

#NousSommesTousUnis

La FIDH et son affiliée française la LDH (Ligue des droits de l’Homme et du citoyen) condamnent avec la plus grande fermeté les actes terroristes intervenus dans la nuit du 13 au 14 novembre 2015 à Paris et à Saint-Denis.

Nous exprimons nos sincères condoléances aux familles des victimes décédées ainsi que notre solidarité et nos vœux de rétablissement aux nombreux blessés. Nous témoignons de la solidarité exprimée ces dernières heures par de nombreuses organisations membres et défenseurs des droits de l’Homme à travers le monde. C’est l’humanité qui est visée par ces attaques ignobles.

Nous soulignons que les mesures exceptionnelles adoptées, si elles peuvent répondre à l’urgence du moment, ne doivent être appliquées que pour une période limitée et sans aucune stigmatisation.

Nous nous joignons aux appels à l’union citoyenne contre la peur, pour protéger les libertés, la démocratie et notre volonté de vivre ensemble.