Oubliés d’hier, oubliés d’aujourd’hui : le livre

« Nous n’avions jamais vu de noirs » : c’est le titre du livre qui rassemble les témoignages d’une trentaine Trévéens qui ont connu le camp des Tirailleurs sénégalais, de novembre 1944 à 1945.

Les témoignages ont été recueillis par Annie et Noël Lagadec, et Jérôme Lucas. Ils les ont ensuite transcrits, et Jérôme a réécrit les textes, dans un livre d’environ 70 pages, qui sortira le 25 mai, aux éditions « Récits ».

Merci à Cac Sud 22 de l’aide matérielle qu’il nous a apportée (notamment le prêt de matériel d’enregistrement) pour la réalisation de ce livre et l’organisation de la manifestation du 16 avril.

Merci aussi à Jérôme, qui a réalisé ce travail bénévolement.

Merci enfin à la mairie de Trévé, qui nous a participé activement à l’organisation de la manifestation et à l’édition du livre.

Vous pouvez commander le livre dès à présent par souscription(télécharger le bon de souscription : BON DE SOUSCRIPTION).

Oubliés d’aujourd’hui : la liste des associations qui témoigneront

Restos du cœur, Secours catholique, Secours populaire, Conférence Saint-Vincent-de-Paul, l’Arbre de vie, Familles rurales, Vacances et familles : ces sept associations viennent en aide ceux que la société oublie si facilement. Qu’il s’agisse de solidarité financière, matérielle, d’aide alimentaire, d’aide psychologique, elles sont à leur côté. C’est à ce titre qu’elles viendront témoigner, samedi 16 avril, au cours du débat qui débutera à 17h30.

Vous pourrez également les rencontrer à 14h, à l’ouverture de la manifestation : elles seront là et pourront vous apporter les renseignements que vous souhaitez.

Roger Brajeul, 8 ans en 1942, Garanton

Ce témoignage ne se rapporte pas aux soldats noirs qui étaient au camp de novembre 1944 à février 1945, mais de soldats noirs prisonniers, qui étaient gardés par les Allemands dans le même camp, jusqu’à la Libération.

J’ai vu les noirs travailler tout au long de la route. Ils creusaient une tranchée avec des pelles et des pioches pour installer la ligne téléphonique entre Saint-Brieuc et Lorient. Je ne sais pas à quelle profondeur ils creusaient.  Je me suis souvent demandé si la ligne était bien allée jusqu’à Lorient et ce qu’elle était devenue depuis.

Marguerite Le Quintrec, 13 ans en 1944, La Gersaye

En ce temps-là on mangeait, on remangeait à 10h à midi et à 4h, c’était une collation, on disait que c’était la croûte. Ma mère a dit : « venez casser la croûte ! »

Elle mettait une grande cuvette d’eau dehors et les hommes s’étaient lavé les mains puis ils s’étaient installés à la table. Le noir était toujours dehors à se laver les mains. Et il lavait, il lavait .Un des hommes a dit « purée ! il va les rendre toutes blanches à force de les frotter ! »

Un autre a dit qu’il ne rentrera pas dans la maison parce qu’ils étaient à manger du lard .Il devait être musulman sans doute, et je me souviens que ma mère lui a donné du café ou du chocolat.

J’ai entendu dire que certains jetaient leur couteau s’il avait servi à couper du lard …

19 mai à Saint-Brieuc : notre droit à la santé est en danger

NOTRE DROIT A LA SANTE EST EN DANGER : QUELS CONSTATS ?  QUELS REMEDES ?

Conférence à la salle du temps libre, à Saint-Brieuc, jeudi 19 mai à 20h.

Participation de professionnels de la santé, de délégués syndicaux…

Renseignements complémentaires prochainement.

Marie Créhan, 7 ans en 1944, Le Hinlée

Une employée de chez Madame Martin avait fait la connaissance d’un noir. Quand on allait à l’école, elle nous attendait aux Fontaines du Hinlée. Elle donnait du courrier à Eugène, qui avait la responsabilité de poster la lettre pour Monsieur Baril. C’était Maria, elle devait avoir 20 ans. Je ne sais pas comment elle avait fait sa connaissance. Elle a correspondu longtemps avec lui. Mais je ne sais pas si les lettres arrivaient. Nous, on rigolait avec ça. On était contents de porter les lettres et on avait du plaisir à lire l’adresse.

Nous avons su qu’elle mettait sur l’enveloppe : «  si la lettre n’arrive pas à mon Sénégalais vous allez entendre parler de moi ! »

Jeanine Le Roux, Foeil-Marreuc

Je me rappelle, nous sommes venus de Foeil- Marreuc avec la maîtresse, madame Marie Allain, voir les noirs. Nous étions une quarantaine d’enfants. On était venus à pied, en chantant et en marchant au pas « Sur la route de Louvier » et « Dans la troupe, y’a pas jambes de bois ».

En arrivant, on a vu plein de noirs. Nous ne sommes pas restés longtemps : 10 minutes ou un quart d’heure. On n’a pas dû discuter avec eux parce qu’on ne s’est pas bien approchés !

Breiz Atao récidive

Ce site qui s’est fait remarquer il y a quelques semaines pour des propos racistes, a récidivé, pendant la campagne électorale pour les cantonales, à Brest.

Marie Gueye, nouvelle conseillège générale à Brest.

Le titre de l’article publié le 21 mars se suffit à lui-même :

« Souilleurs de notre peuple: les socialistes présentaient une africaine à Brest ».

Le parti socialiste et la candidate (qui a été élue, et devient ainsi la première femme noire conseillère générale) ont porté plainte contre ces nazillons.

Pour mémoire, le service juridique de la Ligue des droits de l’Homme a été saisi par les ligueurs finistériens, dès la première affaire.

Davantage d’informations ici.

Souilleurs de notre peuple: les socialistes présentaient une africaine à Brest

Pacifique Boscher, 9 ans en 1944, La Touche

Je les voyais arriver à la ferme. C’était la première fois que je voyais des africains. Ils étaient trois.

Je pense, si ma mémoire est bonne, qu’il y en avait un natif de Yaoundé. Les deux autres étaient de la région de Dakar. Ils parlaient beaucoup avec mon père.

Mon père demandait s’ils avaient des enfants, et le Camerounais disait : « oui beaucoup enfants, beaucoup femmes, beaucoup plaisir paradis sur terre ! »

Mon père lui demandait : « combien, tu as de femmes ?

–         trois ou quatre.

–         et avec laquelle tu dors ?

–         avec la plus jeune bien sûr ! »

C’était Robert son prénom. Mon père en parlait encore des années après.

Lucien Henry, 22 ans en 1944, Saint Just

Je suis allé voir le camp. Il y avait des noirs. Je pense qu’il y avait 7 ou 8 baraques.

Il y avait un noir qui avait foutu le camp et qui avait bu deux verres d’alcool dans deux fermes à Saint-Just. Il était « asphyxié ». Les patriotes étaient venus, mais ils ne pouvaient pas le ramener. Ils ont été chercher un chef noir. Il lui a dit « j’étais ton chef, et je suis encore ton chef, alors tu vas venir ! » et il est rentré. C’est tout ce dont je me souviens.

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