La double lecture d’une manifestation historique, par Michel Tubiana, président d’honneur de la Ligue de droits de l’Homme

Michel Tubiana

Michel Tubiana, président d’honneur de la Ligue des droits de l’Homme, livre sa lecture, ou plus exactement les deux lectures possibles du gigantesque rassemblement de soutien à Charlie Hebdo et aux victimes des attentats, dimanche 11 janvier. Et il en profite pour s’adresser aux chefs d’Etat qui y ont participé.

L’extraordinaire marée humaine qui a envahi les rues de Paris est un de ces moments qui s’ancrera dans notre inconscient collectif comme un de ces instants précieux d’unité. Quoi qu’en disent ceux qui désignent des boucs émissaires, c’est bien un sentiment de fraternité qui a prévalu le 11 janvier 2015. Ce que le peuple de France, ses habitants de toutes religions (ou sans…), de toutes origines, de toutes nationalités ont exprimé, c’est l’exigence de vivre ensemble, avec cette tolérance qui n’est pas une démission mais une volonté de partage, dans un pays libre qui refuse la peur. Cette première lecture a fait effectivement, l’instant d’un dimanche, de Paris la capitale du monde par le message délivré à tous les idolâtres de la mort comme à tous les peuples et à leurs gouvernements : il n’est qu’une Humanité et la liberté ne se négocie pas.

A cette lecture de cette journée, sans doute historique, s’en ajoute une autre qui, si nous n’y prenons garde,  risque d’aboutir à l’inverse de ce que nous avons souhaité.

La prééminence donnée à la présence de plusieurs dizaines de chefs d’Etat a conduit à enfermer les manifestants dans une nasse. Pour symbolique que cela soit, l’espace de quelques heures le pavé parisien a été confisqué à ses occupants naturels. La présence de dirigeants qui n’ont rien à faire de la liberté de la presse, pratiquent un racisme et un antisémitisme ouvert, embastillent d’autres peuples ou, tout simplement, se moquent totalement des principes démocratiques, montre que ce ne sont pas les principes de la République et de la démocratie que sont venus défendre ces dirigeants, c’est l’union sacré des Etats contre le terrorisme. Et si la minute de silence observée, sans doute sincère, a permis une belle exposition médiatique, elle a dû avoir aussi un goût amer pour certains.

Bien sûr, nul ne saurait s’opposer, encore moins les démocraties, à ce que l’on jugule les agissements qui, sous un nom ou un autre, n’ont aucun respect pour la vie humaine et n’ont que la haine à la bouche.

Mais ce n’est pas faire preuve d’angélisme que de dire que se donner les moyens de combattre ce mal n’est pas incompatible, d’une part, avec les règles de l’Etat de droit, et, d’autre part, avec un traitement de fond des causes d’un phénomène qui n’a rien de spontané.

Demain, la France et l’Europe devront répondre aux questions des moyens de lutte contre le terrorisme. Ce débat est légitime. Il ne saurait pourtant être enfermé par les Etats dans l’exploitation de la peur ou dans leur tendance naturelle à déposséder les citoyens de leurs libertés au prétexte d’assurer leur sécurité.

On voit bien le tribut que les Etats-Unis paient à leur déclaration de guerre à « l’empire du mal ». On sait les conséquences ravageuses du Patriot Act et autres Guantanamo pour la dignité de ce pays, sa cohésion, pour son image dans le monde et la sécurité de celui-ci. Sachons apprendre de cette expérience, ne recommençons pas les mêmes erreurs. Résistons à la facilité de croire qu’un empilement de restrictions de nos libertés nous apportera une sécurité sans faille aussi illusoire que ravageuse pour la démocratie. A défaut, c’est l’espoir d’une France apaisée, celle que le peuple a appelé de ses vœux le 11 janvier, qui reculera.

« Ce sont des enfants perdus, des FRANÇAIS, enfants de la France, orphelins »

Photo Cécilia Crobeddu

Orphelins de père, puis de mère, les frères Kouachi, auteurs du massacre de l’équipe de Charlie-hebdo et de policiers, ont vécu une grande partie de leur enfance dans un foyer de l’aide sociale à l’enfance. D’anciens amis à eux, connus dans cet établissement, se sont réunis dimanche, et ont écrit une lettre qui a été publiée par le site Temps réel du nouvel Observateur. Ce témoignage poignant apporte un éclairage particulièrement intéressant. Il apporte un début d’explication à ce qui a pu conduire ces deux jeunes hommes à devenir des « monstres » ; il ne s’agit évidemment pas d’apporter des circonstances atténuantes à cet acte de barbarie. Il s’agit d’essayer de comprendre l’incompréhensible, chose essentielle si on veut prévenir de genre de tragédie.

Sur le site de Temps réel, la lettre est précédée d’un entretien avec une amie de la famille Kouachi, également très intéressant.

[N.B. Les photographies qui illustrent cet article ont été prises par une jeune photographe, Cécilia Crobeddu, qui nous a très gentiment autorisés à les utiliser. Prises pendant la magnifique marche du dimanche 11 janvier, elles illustreront tous les articles qui se rapporteront aux drames de la semaine dernière. On peut voir d’autres images de Cécilia sur son profil Facebook.]

LETTRE À TOUS

Nous pleurons ce soir comme nous avons pleuré mercredi soir ! Nous pleurons des amis, des hommes que nous avons connus, que nous avons appréciés, nous pleurons des humains, nous pleurons une sœur, un frère qui ont tout perdu ! Nous pleurons aussi des maris, des femmes, des frères, des sœurs, des amis(es), une société.

CE SOIR, NOUS SOMMES CHARLIE

Photo Cécilia Cobeddu

(Nous ne sommes pas leurs dessins nous sommes leurs liberté)

Nous condamnons les actes d’hommes que nous ne reconnaissons pas, que nous ne soutenons pas.

Nous savons qui ils ont été, et nous pensons savoir dans ce groupe, ce qui les a menés à ce qu’ils ont fait. Ils ont été nos amis, nos ex, nos confidents, nos camarades de chambre, nos rivaux, nous les avons aimés, haïs parfois.

Ce sont des enfants perdus, des FRANÇAIS, enfants de la France, orphelins ! Nourris par la France, nourris par l’amour de cette terre, nourris par la haine de fous! Nourri par ceux qui on su leur faire croire que leur salut était la folie d’un Dieu qui n’en est pas.

Parlons de ce qu’ils ont fait, parlons de ce qu’ils étaient, de ceux qu’ils sont devenus et pourquoi ils le sont devenus.

Plus encore, battons-nous ! Combattons ensemble la cause et non les effets, mobilisons-nous ! Parlons-nous ! Retrouvons-nous.

Nous devons dire à tous ceux qui pensent que l’origine, la couleur, la religion, est un danger, nous devons, nous, plus que d’autres, leur dire que le seul danger c’est l’abandon, l’oubli et la stigmatisation!

Photo Cécilia Crobeddu

Que celui qui pense qu’il ne peut rien se lève! On peut conquérir avec des mots, on peut combattre avec des idées, on peut gagner avec une conviction.

Je Professe:

JE CROIS EN DIEU CREATEUR DU CIEL ET DE LA TERRE

JE CROIS EN HALLA CREATEUR DU CIEL ET DE LA TERRE

JE CROIS EN YAVE CREATEUR DU CIEL ET DE LA TERRE

JE SUIS CHARLIE

JE CROIS EN LA LIBERTE DE CHACUN DE NOUS

JE CROIS EN LA LIBERTE D’EXPRESSION

JE CROIS EN L’ÊTRE HUMAIN

JE REFUSE L’AMALGAME

JE REFUSE L’IGNORANCE

JE REFUSE L’ABANDON

JE REFUSE L’INTOLERANCE

JE REFUSE LA HAINE

JE REFUSE LA VENGEANCE

PARDONNEZ-LEURS, ILS NE SAVENT PAS CE QU’ILS FONT !!!!

 

Photo Cécilia Cobeddu

Cargos « fantôme », refus de sépulture à un bébé Rrom : 2015 commence mal

La mairie de Champlan (source, Wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Champlan#mediaviewer/File:ChamplanMairie.JPG

Il est fréquent que le premier article de l’année dans un blog ou un site soit consacré au bilan de l’année passée.

En 2015, au bout de trois jours et demi, on peut déjà en faire un.

Et ça n’est pas brillant.

Deux événements. Le premier très médiatisé, le second commençant à l’être. Allons-y.

Le premier, évidemment, ce sont ces trois cargos dans lesquels étaient entassés dans des conditions scandaleuses des centaines de migrants, venant semble-t-il majoritairement de Syrie, cargos abandonnés par leurs équipages en fuite. Les trois ont été pris en charge par la marine italienne. Une députée européenne était interrogée sur France Inter samedi matin. Son discours était affligeant : le problème apparemment n’est pas l’accueil de ces réfugiés, mais l’étanchéité des « frontières » de l’Europe. Il a fallu attendre la fin de  l’interview pour qu’elle aborde, très rapidement, le problème de la solidarité… et dans Ouest-France dimanche ce matin, l’éditorialiste, Mme Hutin, insiste sur le fait que ces malheureux sont des « réfugiés », pas des « migrants »… On a la compassion sélective…

Second événement : le refus Christian Leclerc, le maire de Champlan, commune de l’Essonne, d’autoriser l’inhumation de la petite Rrom décédée les jours derniers dans le cimetière de la commune. On peut noter la lenteur des réactions des médias à ce sujet : ils n’ont commencé à en parler que samedi, alors que la nouvelle circulait sur les réseaux sociaux depuis au moins24h. On peut noter que le maire de Champlan vient d’être promu chevalier de la légion d’honneur. On comprend que Thomas Piketty l’ait refusé… Valls estimait que les Rroms n’ont pas vocation à s’intégrer en France. Il aurait pu ajouter qu’ils n’ont pas non plus vocation à y mourir.

Le maire de Champlan se justifierait (lire ici) par le manque de place dans le cimetière de la commune et la charge que représente son entretien. Il conclut, dans le Parisien : «  Les concessions sont accordées à un prix symbolique et l’entretien coûte cher alors priorité est donnée à ceux qui paient leurs impôts locaux ». Les pauvres, allez mourir ailleurs ?

Le maire de la commune voisine de Wissoux, Richard Trinquier (UMP), médecin, qui connaît la famille du bébé, lui a proposé une sépulture dans sa commune : « Je suis surpris qu’on ait refusé l’inhumation. J’ai accepté pour ce petit enfant rom comme je l’aurai fait pour n’importe qui, car toute personne a droit à une sépulture décente, confiait hier Richard Trinquier, maire (UMP) de Wissous et médecin. Je connais la mère endeuillée car je l’ai soignée. Il ne faut pas rajouter de la peine inutile à la détresse d’une maman qui perd son bébé, car c’est terrible. »  Ce maire a bien saisi le problème, qui dépasse ceux du racisme et de la xénophobie : il s’agit simplement de reconnaître l’humanité de ces personnes. Des gens comme le maire de Champlan ont l’air d’avoir du mal à seulement imaginer que les Rroms puissent avoir des sentiments, que pour eux la perte d’un enfant n’a pas grande importance…

Elle commence mal, l’année 2015…

Bonne année quand-même !

A lire également le billet de Bembelly sur son blog.

 

Non au « mur de la honte » à Calais !

Le nombre de migrants explose à Calais, depuis quelques mois. Comme d’habitude, les politiques, incapables de trouver des solutions pérennes et respectueuses des droits de ces réfugiés, parent au plus pressé, avec des solutions qui n’en sont pas, consistant la plupart du temps à déplacer le problème. Dernière idée : la construction d’un mur, comme l’ont fait les Espagnols à Ceuta et Mellila (lire ici et ). Dans un article consacré à ce problème, le site des Inrocks précise : « Le ministre de l’Intérieur actuel, Bernard Cazeneuve, pressé de trouver une solution, a annoncé l’ouverture en janvier d’un centre de jour – ne passent-ils pas leurs nuits à courir après des camions ? Les associations y voient surtout un moyen de nettoyer le centre-ville. Parallèlement, le ministre de l’Intérieur a passé un accord avec le Royaume-Uni : les Anglais financent à hauteur de 15 millions d’euros la construction d’une palissade infranchissable autour du port de Calais, enjeu touristique et économique. Il ne faut plus voir au journal de 20 heures ces images de centaines de migrants entrant dans le port et donnant corps au fantasme d’invasion lepéniste – que les chiffres infirment »

Le Mouvement Emmaüs, et l’Organisation pouri,e Citoyenneté universelle, auxquels s’est jointe la Ligue des droits de l’Homme et de nombreuses autres associations lancent un appel pour faire échouer ce triste projet.

L’appel est téléchargeable ici, et son texte reproduit ci-dessous.

Douze ans après la fermeture du hangar de Sangatte, la France va-t-elle avoir son Ceuta et Me­lilla à Calais ? Le nombre croissant de migrants, présents depuis plusieurs mois dans le Calaisis, conduit nos gouvernants à franchir une étape dangereuse pour les libertés et le respect des droits des migrants.

Non au « mur de la honte » à Calais !

La légitimité de la présence des migrants est incontestable. Les pays dont ils proviennent – Afghanistan, Erythrée, Irak, Libye, Soudan, Syrie, notamment – en témoignent. Ils fuient la guerre, la répression, la dictature et l’arbitraire à la recherche d’une protection en Europe. Contraire­ment à ce qui est répété inlassablement, y compris au sommet de l’Etat, il ne s’agit nullement d’une « invasion ». Les conditions de survie indignes qui leur sont imposées en France sont into­lérables. Malgré la solidarité des associations locales et la générosité des calaisiens, ils su­bissent l’abandon des pouvoirs publics qui proposent, à la marge, des solutions insuffisantes et n’assument pas leur responsabilité. Des moyens puissants doivent être déployés immédiate­ment pour secourir ces réfugiés qui se sont tournés vers nous. Faut-il attendre les premiers morts de froid dans les jungles de Calais pour déclencher enfin une réelle prise de conscience ?

Une nouvelle escalade dans l’aveuglement est en marche avec la construction d’un mur et le déploiement d’un dispositif sécuritaire de grande envergure à Calais, véritable appareil de guerre contre les migrants, entre la France et le Royaume-Uni. Nous, migrants et organisations de la société civile qui travaillons côte à côte depuis des années, refusons une telle dérive et deman­dons à nos concitoyens de s’y opposer fermement et massivement.

Depuis des décennies, les contrôles renforcés aux frontières, les dispositifs de surveillance, d’in­timidation et de contention, les mesures de déportation des migrants ont totalement échoué, ont coûté très cher et ont surtout provoqué des milliers de morts. Le mur en construction à Calais n’est qu’une nouvelle et triste illustration de cette réponse sécuritaire. Est-ce cela que nous voulons poursuivre, dans une fuite en avant inacceptable et irresponsable ?

En refusant l’asile et l’accueil, c’est la liberté dont nous jouissons nous-même qui est menacée : nous construisons les murs de notre propre prison. De cela nous ne voulons pas ! L’érection de fortifications à Calais doit cesser, et des discussions s’ouvrir sans attendre avec les autorités britanniques pour recevoir les demandes d’asile qui s’adressent à elles (comme cela a été pra­tiqué en 2002, à l’occasion de la fermeture du camp de Sangatte). Avec tous les Etats européens, ou avant eux, la France doit revoir la totalité de sa législation et de sa réglementation en matière d’asile et de migration (dénonciation du règlement Dublin et suppression de Frontex). Elle doit le faire dans le strict respect de l’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, comme de la Convention de Genève. La France doit enfin réviser sa dangereuse et illusoire conception « nationale » de la migration, totalement inadaptée à la mondialisation des échanges humains et aux drames vécus aux portes de l’Europe. La France doit contribuer, au sein de l’ONU, à promouvoir une nouvelle gouvernance en matière de migration, respectueuse de la li­berté de circulation, des droits enfin reconnus et appliqués pour tous les migrants.

Non au « mur de la honte » à Calais !

Le 18 décembre prochain, Journée Internationale des Migrants, nous, migrants et organisations de la société civile engagées aux cotés des migrants, appelons à une mobilisation d’ampleur, à Calais et partout en France,

► pour dénoncer l’indignité de l’accueil des migrants et exiger, conformément aux propositions des acteurs associatifs, la mise en place d’un dispositif d’accueil réaliste dans le Calaisis ;

► pour refuser la réponse sécuritaire et la construction, en notre nom, du mur de la honte à Calais ;

► pour obtenir de nouvelles politiques migratoires au niveau national, européen et mondial, respectueuses des droits et de la dignité des migrants.

Marseille : le triangle jaune pour les SDF abandonné, la carte serait modifiée

Le projet de badge destiné aux SDF serait abandonné et la carte modifiée.

Le projet de triangle jaune distribué aux personnes sans domicile fixe à Marseille a été abandonné, alors que sa distribution avait commencé.
Rappelons les faits : le Réseau éducation sans frontière (RESF) s’était ému (lire ici) de la distribution, à l’initiative de la mairie et du Samu social, d’une « carte de secours » aux SDF, pour faciliter la tâche des services de secours et pour faciliter l’accès de ces personnes aux soins. Le problème, c’est que cette carte, qui était en fait un badge, était ornée sur son recto, d’un logo, un triangle jaune, rappelant forcément l’étoile jaune que devaient porter les Juifs pendant la première guerre mondiale

D’autres associations s’étaient émues, notamment le collectif « Le Jugement dernier », qui regroupe des personnes à la rue. Une manifestation était prévu ce jour, mercredi 3 décembre. La Croix-rouge et le Secours populaire ont eux aussi émis de sérieuses réserves (lire ici).

Xavier Méry, adjoint au maire délégué à la solidarité, et René Giancarli ont aussitôt plaidé leur bonne foi, expliquant que cette initiative n’avait qu’un seul but : venir en aide aux personnes sans abri (lire ici), allant jusqu’à affirmer que la population concernée appréciait largement cette opération. « Je suis scandalisé par les polémiques absurdes autour de la carte de secours distribuée par le Samu Social, qui remettent en cause non seulement la nécessité absolue de ce dispositif pour les personnes sans domicile fixe mais également les engagements de la Ville de Marseille, du Samu Social et de ses bénévoles pour venir en aide aux plus démunis », réagit dans un communiqué Xavier Mery, adjoint au maire de Marseille délégué à l’intégration et à la lutte contre l’exclusion. (Source)

Dont acte: il ne s’agit pas de faire de procès d’intention, et on préfère qu’il s’agisse simplement d’une grosse maladresse. Qui méritait d’être signalée.

Et, d’après le journal Le Monde, la distribution du badge a été interrompue. Le projet ne seraut pas abandonné, mais amendé, de telle sorte qu’il n’y ait plus de risque qu’il soit vécu ou interprété comme une discrimination, une stigmatisation.

 

Marseille : des triangles jaunes pour les SDF !

Le triangle jaune que devront arborer les SDF à Marseille

Mise à jour mercredi 3 décembre 2014, lire ici.

Le Samu social et la municipalité de Marseille sont très fiers de leur dernière trouvaille.

L’intention est louable : il s’agit de faciliter l’accès aux soins des personnes sans domicile, les « SDF ». On a donc imaginé une carte, qui comporte, outre l’identité de la personne, des renseignements médicaux qui peuvent permettre aux services de secours d’intervenir plus rapidement et plus efficacement, en ayant rapidement des renseignements sur la santé de l’individu, a fortiori s’il est inconscient ou incapable de s’exprimer.

Jusque-là rien à dire. Et lorsque les premières informations ont circulé sur ce projet, personne n’a rien dit. Évidemment.

Mais on a ensuite appris qu’au verso de cette carte, il y avait le logo de l’opération. Et ce logo, c’est un triangle jaune. En outre, cette carte, présentée initialement comme telle, est en fait un badge, que les personnes doivent arborer à l’extérieur… Les associations en ont été abasourdies.

D’accord, ça n’est pas une étoile !…

Ça se passe à Marseille. Marseille, où il y a désormais un maire front national. Marseille, dans une région où il y a plusieurs maires front national. Ceci expliquerait-il cela ?

Le réseau éducation sans frontière dénonce naturellement cette opération de discrimination scandaleuse des SDF. Un collectif, baptisé « le jugement dernier », a été constitué par les SDF.

Pour le moment rien n’est prévu pour les chômeurs. On ne désespère pas.

Le communiqué de RESF

Il fallait oser y penser !

On pourrait croire à un canular digne du 1er avril, mais non, les vidéos ci-dessous le prouvent.
La Ville de Marseille a mis en circulation les triangles jaunes : la carte de secours pour les SDF de Marseille : un triangle jaune à porter sur soi, pour indiquer ses pathologies, allergies, etc. 150 cartes ont déjà été distribuées. La présentation en a été faite publiquement, devant les médias locaux dont les TV, par l’élu en charge du dossier, en présence du conseil municipal et du maire, Mr. Gaudin qui a également pris la parole. S’il s’agissait d’une démarche uniquement technique, elle serait resté dans l’ombre, mais cette mise en avant, tout comme le triangle que les personnes dites SDF doivent arborer, en fait une opération de communication politique. Est-elle également politicienne dans un contexte où le FN a déjà un maire de quartier à Marseille et de nombreux autres dans la région ? S’agit-il de faire la course dans ce sens-là, de prendre des mesures que cette opposition serait censée prendre, dans le but de lui barrer la route ? Nous ne pouvons l’affirmer, mais la question mérite d’être posée.
Des personnes concernées ont décidé de se mobiliser dans un collectif nommé « jugement dernier » dont le communiqué suit. Nous vous tiendrons au courant. Si de telles initiatives fleurissaient dans d’autres villes, merci de nous en informer.
Cordialement  Jean-Pierre Cavalié, délégué de la Cimade pour le sud-est

2 vidéos à regarder absolument – elles sont courtes – :

Présentation de la carte de secours par le responsable du 115 :

http://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes/2014/10/23/marseille-le-samu-lance-une-carte-de-secours-pour-les-sdf-577064.html

Interview de l’élu en charge de la question M. Méry, l’élu en charge de la question :

http://www.marseilletv.fr/sitevideo/jsp/site/Portal.jsp?document_id=2179&page=viewdocument&viewdocumenttype_id=2


Le collectif « le jugement dernier »
, créé pour dénoncer cette action de la mairie, appelle à mobilisation le mercredi 3 décembre à 11h devant la mairie.

Faisons-nous un appel à mobilisation, pour soutenir ce mouvement ?

Communiqué du collectif :   LE JUGEMENT DERNIER

L’élu précarité de la  Mairie de Marseille, le SAMU social et la compagnie d’assurance privée AG2R la mondiale veulent faire porter aux personnes sdf de la ville des badges.

Sur ce badge qui doit être attaché à l’extérieur et être visible sera écrit le nom, le prénom et le prénom de la personne et le numéro de sécurité sociale.

Il y a aura aussi les maladies chronique que la personne a comme le diabète, l’insuffisance cardiaque, mais aussi le VIH et la Schizophrénie.

QUELLE EST VOTRE EXCUSE ?

Quand arrêtera-ton de les stigmatiser ?

Quelle est la logique de ce dispositif? Qui donc pilote cette expérience, quel est le texte de loi qui l’encadre? Et de de quel constat naît cette expérience?

Nous ne pouvons accepter cette discrimination et nous appelons à un rassemblement pour que ce dispositif soit supprimé.

mercredi 3 décembre 2014 à 11h

devant la mairie de Marseille sur le vieux port

contact : Arnaud 06 46 35 74 17

Qui sommes-nous ?

Le collectif « le jugement dernier » a été créé par des personnes sans abri pour dénoncer ce dispositif qui nous rappelle les heures les plus sombres de notre histoire… !!!

Pierre Tartakowsky : « ‘Zemmoureries’ et invitation à occuper le terrain »

Pierre Tartakowsky

Le dernier livre d’Eric Zemmour a fait grand bruit, et serait en passe de battre des records d’édition. Si c’est vrai, ça n’est pas la meilleure nouvelle de l’année.

Invité à un nombre incalculable d’émissions de télévision pour en faire la promotion, Zemmour a la plupart du temps déclenché colère et indignation chez les autres invités, sauf bien sûr ceux qui ont de la sympathie pour l’extrême droite.

La méthode généralement utilisée pour le contredire se résumait en une contestation des chiffres qu’il avance dans son livre, des faits historiques qu’il utilise en les déformant… Méthode qui n’a prouvé que son inefficacité, Zemmour réussissant à s’en sortir par des pirouettes rhétoriques.

Juqu’à ce qu’il soit confronté à Mazarine Pingeot, dans l’émission « Les grandes questions » de Franz-Olivier Giesbert, sur France 5.

Mazarine Pingeot s’est placée sur un tout autre point de vue : la psychanalyse.

Dans l’article qu’il consacre à cette « confrontation », le chroniqueur Bruno Roger-Petit écrit : « avec un culot incroyable, l’écrivaine a défié l’apôtre de la défense du mâle dominant émasculé par la société féminisée héritée de Mai 68 et juillet 1789 et le lobby LGBT sur son propre terreau : la virilité. » (la totalité de l’article est à lire ici, avec la séquence vidéo). Un régal.

Pierre Tartakowsky, président de la Ligue de droits de l’Homme, se place également sur ce plan, dans l’éditorial qu’il consacre à cet ouvrage dans le numéro d’octobre 2014 de l’organe mensuel de la LDH, « LDH Info ». A lire ci-dessous.

« Zemmoureries » et invitation à occuper le terrain

Éditorial de Pierre TARTAKDWSKY, président de la LDH

Pour utiliser avec mesure une litote de pure convenance, on dira que le dernier ouvrage d’Éric Zemmour n’a pas grand intérêt en soi. Plutôt qu’une étude, Le Suicide français fonctionne plutôt comme une incitation a soi-même se suicider, devant l’avalanche combinée de catastrophes et de complots aussi irrémédiables qu’effroyables. Inutile d‘y chercher une élaboration raisonnée, voire même une cohérence : l’auteur va de bar en bar et y délivre des harangues de comptoir, dont les termes, le propos, l’orientation peuvent varier d’un bar à l’autre. Quelques constantes se dégagent pourtant, quasi obsessionnelles, et qui, elles, nous intéressent. Car l’intérêt que cristallise sa démarche, les bulles médiatiques qu‘elle gonfle et qui la gonflent en retour, avec une absence quasi générale de distance critique sont, eux, tout a fait indicatifs d’une période, et de ce qu`elle charrie de peurs et d’impuissance, de périls et d’exigences éthiques.

Dans le monde d’Éric Zemmour, la France se porte mal depuis qu’on a porté atteinte à la figure du père, du mâle, de l’homme. Il ne s‘attarde pas sur la décapitation royale mais c’est pour mieux se focaliser sur le libéralisme ravageur de mai 1968, a qui il impute tout à la fois la chute de De Gaulle, l’émasculation des hommes des générations qui suivent, contraints a singer les femmes qu’ils ne sont pas, le trouble des identités — sexué-es et autres — charrie par un individu triomphant, un féminisme ravageur et des affirmations identitaires dissolvantes.

Dans le monde d’Éric Zemmour, l’histoire n’est qu’une somme de bien-pensances politiquement correctes auxquelles il faut le plus vite possible substituer des masses de bon sens, de préférence bien de chez nous. C’est ainsi que l‘on apprend entre autres que Pétain aurait sauvé des juifs — français – , au prix du sacrifice des autres ; que l‘on renoue avec les assignations à résidence les plus racistes, celles-là mêmes qui l’avaient fait condamner par la justice et applaudir, par le groupe UMP de l’Assemblée nationale, au lendemain de cette condamnation…

Comment expliquer, dans ces conditions, le frémissement incessant qui accompagne son ubiquité médiatique ? Comment expliquer que chaque magazine, chaque chaîne, chaque plateau se fassent un devoir de lui permettre d‘occuper l‘espace de la parole publique ? On peut évidemment y voir la trace d’un fonctionnement très marqué par l’émergence hégémonique des chaines d’info, de complicités incestueuses entre ego et réseaux, d’une attirance trouble pour le scandale et le sulfureux. Mais force est bien de constater que le discours plait, ravit même une partie non négligeable de l’opinion publique, avide de vérités aussi éternelles qu’élémentaires, sans pour autant être organisée dans une structure de l’extrême droite.

En fait, Éric Zemmour surfe sur de grandes et vieilles peurs anthropologiques, qui naissent d’ébranlements d’archaïsmes. Sexualité, famille, filiation et transmission n’ont certes jamais été des catégories historiquement stables ; mais la modernité industrielle, les révolutions bioéthiques, les mouvements de libération des individus, et singulièrement des individus femmes. des collectifs contraints dont ils étaient sujets et non acteurs, tout cela a modifié à grande vitesse et en profondeur les modes a penser et à vivre de centaines de millions de femmes et d’hommes.

Cette révolution des mœurs — dont la rapidité n’a guère de précèdent a l’échelle de l’histoire — s’est combinée à d‘autres révolutions, sociales, productives, économiques, démographiques, chacune avec son potentiel, ses lots de promesses, ses désillusions et ses avenirs désenchantés. Le tour de passe-passe matois auquel s’adonne Le Suicide français est d’attribuer au libéralisme des premières les angoisses nées des dernières. Mais ignorer ces inquiétudes serait évidemment en laisser le monopole de gestion aux artisans locaux de haine globalisée.

C’est d’ailleurs la seule raison pour laquelle on pourrait être tenté de remercier Éric Zemmour. À sa manière, il nous invite, de façon pressante, a « occuper le terrain » face à des résurgences idéologiquement maurassiennes, à une morale et des mœurs directement issues du troisième Empire, a une vision des droits toujours plus exclusive des ayants droit eux-mêmes.

C’est bien dans cet esprit que la LDH se mobilise et mobilise autour d’elle contre les idées d’extrême droite, quelles que soient leurs formes, les terrains qu’elles entendent se soumettre. C’est tout le sens de son investissement et de celui de ses sections dans l’initiative qui se tiendra les 21 et 22 novembre, à l’université Paris 8 et avec le concours de Mediapart. pour rassembler celles et ceux qui, dans les municipalités, a l’école, autour de la formation, dans les entreprises, face au sexisme, au racisme et a l’antisémitisme, entendent défendre résolument — dans le débat d’idées et en pratique — la notion s’égalité et de fraternité. Car, n’en doutons pas, la liberté — qui n’est rien sans liberté  intellectuelle digne de ce nom — est à la clé.

Dérapage de l’entraîneur des Girondins de Bordeaux à propos des joueurs africains

Additif 17h00 : Willy Sagnol est bien revenu sur « l’affaire » pendant la conférence de presse qu’il a organisée. Et il a clairement exposé ses regrets :

«Si par mon manque de clarté et ma sémantique imparfaite, j’ai pu faire que des personnes se soient senties choquées, humiliées ou blessées, j’en suis désolé», a assuré jeudi Willy Sagnol. «L’interprétation que ces personnes ont pu faire ne reflète en rien la pensée qui était mienne, et surtout mes convictions humanistes», a-t-il insisté, soulignant avoir tenu ses propos dans un cadre «uniquement sportif, et nullement politique, ou sociétal » (source Libération, article compet ici).

Décidément, le monde du football français est éloigné des valeurs humanistes de la République : la déclaration récente, à l’occasion d’une interview, de Willy Sagnol, entraîneur du club « Les Girondins de Bordeaux » en est une nouvelle preuve. Qui arrive avec l’affaire de « quotas » de joueurs noirs que d’aucuns avaient voulu imposer aux clubs ; après cette clause illégale inscrite sur les demandes de licence destinés aux mineurs, et qui leur demandait de justifier la nationalité de leurs parents (lire ici). On pourrait aussi parler des jeunes (souvent très jeunes) footballeurs africains qu’on fait venir en France en leur promettant monts et merveilles, et qu’on abandonne sans scrupules lorsqu’ils sont jugés trop faibles pour la carrière qu’on leur avait promise…

Dans son interview, Willy Sagnol dit exactement ceci : «L’avantage du joueur, je dirai typique africain : il n’est pas cher, généralement prêt au combat, on peut le qualifier de puissant sur un terrain. Mais le foot, ce n’est pas que ça, c’est aussi de la technique, de l’intelligence, de la discipline. Il faut de tout. Il faut des Nordiques aussi. C’est bien les Nordiques, ils ont une bonne mentalité. Une équipe de foot, c’est un mélange. C’est comme la vie, c’est comme la France. Sur un terrain, on a des défenseurs, des attaquants, des milieux, des grands, des rapides, des petits, des techniques. Voilà

L’entraîneur considère que ces joueurs sont de mauvais techniciens, et qu’en outre, ils sont moins intelligents et moins disciplinés que les autres.

On aurait pu penser que le rôle d’un entraîneur d’équipe sportive est aussi de faire régner une bonne ambiance, un bon esprit dans l’équipe dont il a la charge : curieuse méthode.

Il n’y a pas que cela qui est consternant dans cette affaire : il y a aussi l’indulgence incroyable du club et de son président à l’égard de l’entraîneur : quand Thomas Sotto, journaliste d’Europe 1 demande à Jean-Louis Triaud s’il compte demander à l’entraîneur de présenter des excuses, la réponse du président est claire : « mais vous plaisantez ? Ce ne sont que quelques personnes qui demandent cela » (lire ici).

D’après le journal Le Parisien, Signol aurait présenté ses excuses à ses joueurs. Le confirmera-t-il au cours de la conférence de presse qu’il doit donner dans l’après-midi ?

La section bordelaise de la Ligue des droits de l’Homme n’a pas tardé à réagir : elle publié une lettre ouverte qu’elle a adressé à Willy Sagnol, que nous reproduisons ci-dessous.

Carton rouge, M. Sagnol 

Preuve hélas que l’intelligence peut rester aux vestiaires, vous êtes un personnage public apprécié dont on aurait pu attendre que ses propos ne prêtent ainsi le flanc à des clichés à connotation raciste aussi stupides que dangereux, et pour ce fait condamnables,

Que chaque joueur, à l’image de chaque citoyen, ait ses qualités propres, cela ne fait aucun doute et c’est aussi la richesse d’un collectif, d’une société telle que la société française.

Que cela vous conduise à une caricature aussi simpliste sur les présupposées qualités physiques des Africains recrutés à coût réduit et intellectuelles des « nordiques » ne peut qu’alimenter une forme d’idéologie aux relents plus que douteux.

La France n’a pas besoin de cela M. Sagnol. Le sport n’a pas besoin de cela.

Vous êtes suffisamment au fait des actes ou injures commis sur certains stades lors de rencontres pour ne pas avoir à en rajouter, qui plus est sur la place publique.

Vos propos n’honorent ni le sport que vous représentez ni le rôle d’entraineur d’une équipe professionnelle que vous occupez.

Nous refusons quant à nous de rentrer dans une autre forme de caricature. C’est pourquoi M.Sagnol, nous vous demandons solennellement de faire entendre une autre voix, de promouvoir et véhiculer de manière plus positive les enjeux de la diversité et des valeurs collectives dans le monde sportif.

La Ligue des droits de l’Homme de Bordeaux

La chasse à l’enfant continue : deux ados en rétention à Rennes Saint-Jacques

En mai 2012, lorsque Sarkozy a été renvoyé, on ne pensait pas avoir à s’occuper de mineurs isolés placés en centre de rétention administrative par un gouvernement socialiste.

Eh bien si…

Et les ministres de l’intérieur de ce gouvernement n’ont pas grand-chose à envier à leurs sinistres prédécesseurs…

Ainsi, aujourd’hui, deux mineurs sont enfermés au CRA de Rennes. Les jours derniers, c’est un bambin de 15 mois qui était enfermé dans un autre centre.

Le Cimade, qui assiste ces adolescents, a envoyé un communiqué à la presse pour dénoncer ces pratiques odieuses.

Deux mineurs en rétention au Centre de Rétention Administrative (CRA) de Rennes

 

Ces derniers jours, ce sont deux jeunes qui ont été placés en rétention par la préfecture de Loire Atlantique, au mépris de leur situation de mineurs isolés arrivés en France quelques jours auparavant.

Il s’agit d’un jeune homme âgé de 16 ans et demi en provenance du Mali et d’une jeune fille âgée de 14 ans et demi en provenance d’Angola. Ils ont tous deux présenté des documents d’état civil attestant de leur âge, mais ont malgré tout été assimilés à des majeurs par les autorités françaises. Une prise d’empreintes a en effet révélé une fausse identité de personnes majeures, identité utilisée par des tiers pour obtenir de faux passeports.

Si les conditions de leur arrivée en France ne peuvent être élucidées, les autorités françaises font délibérément le choix de traiter ces jeunes sans tenir compte de leur jeune âge, ni des documents qu’ils présentent pour en attester. Aucune procédure d’authentification n’a été diligentée avant leur placement en rétention en vue de leur expulsion. Ce, au mépris de leur situation de grande vulnérabilité.

Le jeune homme a été remis en liberté par le Juge des libertés et de la détention mardi 28 octobre. La jeune fille va être présentée aux juges administratif et judiciaire ce jeudi 30 octobre.

Tous ces éléments démontrent l’acharnement dont sont victimes ces deux jeunes. La toute jeune fille est privée de sa liberté depuis cinq jours, dans un lieu d’enfermement où elle n’a pas sa place en tant que mineure, en attente de son expulsion vers un pays où elle a été victime de traitements inhumains et dégradants.

La Cimade dénonce l’acharnement de la préfecture de Loire Atlantique à l’égard de ces deux jeunes. C’est la marque d’une politique aveugle menée contre les personnes étrangères, notamment les plus vulnérables.

La Cimade demande la régularisation de leur situation, c’est-à-dire leur protection, à laquelle ils ont droit en tant que mineurs.

Rennes, le 30 octobre 2014

 

Le Planning familial attaqué par une pétition d’une association anti-avortement

L’association « droit de naître », qui rassemble des catholiques intégristes opposés à l’avortement, a lancé une pétition destinée à la ministre de l’Education nationale, lui demandant d’interdire au Planning familial d’intervenir dans les écoles. Le Planning familial est en effet habilité à intervenir dans les collèges et les lycées, dans le cadre des séances d’éducation sexuelle « à raison de trois séances par an et par groupes d’âge homogènes ». Cette habilitation repose sur l’expertise de l’association dans le domaine de la contraception.

Cette association, créée en 1995, peu connue, semble être particulièrement opaque. Elle diffuse notamment une brochure intitulée « 50 questions et réponses contre l’avortement ». Ce document de 56 pages, imprimé en Pologne, est un tissu de mensonges, de calomnies, d’affirmations gratuites, de déformation de la vérité. Il vise naturellement à effrayer et à culpabiliser les femmes : « les réponses vont du carrément faux au mélange du vrai et du faux en passant par des raisonnements spécieux », indique Annie Bureau, gynécologue et militante au planning familiale (elle est décédée en septembre dernier) dans un article publié en 1998 par la revue « Prochoix » (il s’agit d’une «  revue d’investigation, de réflexion et d’analyse au service de la défense des libertés individuelles menacées par l’essentialisme, le racisme, l’intégrisme et toute idéologie totalitaire ou anti-choix »).

« Droit de naître » prétend avoir rassemblé plus de 6.000 signatures. C’est tout à fait possible. Un détail frappe quand on parcourt la liste des signatures : la plupart sont « anonymées », ne conservant que l’initiale du patronyme… courageux mais pas téméraires !

Cette pétition ne dénote pas dans le paysage politique actuel, avec les actions contre le mariage ouvert aux couples de même sexe, les campagnes contre les ABCD de l’égalité à l’école, la manif pour tous, les « journées de retrait de l’école », et autres « jours de colère » : on assiste à une forte mobilisation qui vise singulièrement l’éducation nationale. Ces mouvements tentent en ce moment de rentrer dans les conseils d’administration des collèges et lycées et dans les conseils d’école.

Il est temps que les militants de l’égalité et les mouvements laïcs se mobilisent. C’est le sens de l’appel que lance le planning familial à l’occasion de la publication de cette pétition.