Petit point (non exhaustif) sur la montée des extrêmes-droites

Par Rémy Dufaut



L’extrême-droite progresse partout en Europe. Pour regagner la confiance des citoyens, la Commission européenne annonce avoir créé un bouclier européen de la démocratie. Mais n’est-il pas déjà un peu tard ?

Après avoir presque réussi sa « normalisation » en Allemagne, au Pays-Bas, en Italie, en Espagne, au Portugal, en Europe Centrale et de l’Est, (sans compter Israël, et les USA) avec l’appui des diasporas d’électeurs expatriés dans le monde entier, l’actualité, outre ses déboires judiciaires, pousse l’extrême-droite dans ses retranchements à l’approche des élections municipales en France.

En Bretagne, qui fait jusqu’à nouvel ordre encore partie de la République Française et qui votait encore, il y a peu, plutôt à gauche, on voit apparaître un média présentant toutes les caractéristiques de la plus grande respectabilité, se révélant n’être qu’un faux site d’info locale qui, en empruntant les codes de la presse locale, diffuse ses positions sur l’identité, l’immigration ou l’insécurité. Bien que sa visibilité reste cantonnée à certains cercles, le site est fréquemment repris par des médias de la même mouvance (aussi appelée « fachosphère  »), comme TV-Libertés, Boulevard Voltaire ou Polémia, mais aussi CauseurL’Incorrect ou Sud Radio.

C’est toujours en Bretagne que l’on voit des militants d’extrême-droite brûler des ouvrages sur l’éducation sexuelle et les questions de genre, sélectionnés par la médiathèque municipale de Lanester, prenant le député écologiste Damien Girard directement pour cible.  Cette courte vidéo est suivie d’images d’archives des autodafés nazis de l’Allemagne des années 1930, où une croix gammée est représentée.

Se déguisant à l’occasion « en vert », l’extrême-droite fait tout depuis longtemps pour s’implanter dans les campagnes pour promouvoir les idées identitaires et catholiques traditionalistes.

Pourtant, malgré ce costume vert, le Rassemblement national (RN) a mobilisé ses troupes pour pouvoir passer une série d’amendements visant à promouvoir un mix énergétique à 100% nucléaire sans éolien terrestre et offshore ni photovoltaïque en votant sur la proposition de loi Gremillet le 24 juin dernier.

C’est au Gud (Groupe union défense), organisation de jeunesse d’extrême-droite ultraviolente dont il dirigea la revue Vaincre, que Bernard Carayon, aujourd’hui fervent partisan du « secret des affaires », grand défenseur de la bétonisation et promoteur inconditionnel de l’A69, fit ses premières armes en politique. Sans surprise, il fut l’un des premiers à se féliciter de l’autorisation de la reprise des travaux sur le chantier de l’A69, décidée par la Cour administrative d’appel de Toulouse, le 28 mai dernier.

Finalement aussi à l’aise en ville qu’à la campagne, l’extrême-droite envoie ses groupuscules « parasiter » les rassemblements emblématiques de la gauche pour les décrédibiliser, en particulier les marches féministes ou LGBTQI+.

Non contente d’user de cette « stratégie de détournement de mobilisation » doublée d’« une stratégie médiatique » dans un objectif de provocation, l’extrême-droite n’hésite pas à divulguer, encore en Bretagne, une liste d’avocats, citant leur nom ainsi que leur adresse professionnelle dans une enquête intitulée « Invasion migratoire : les coupables », Le magazine d’extrême-droite Frontières a ainsi publié une liste de 60 conseils œuvrant pour le droit des étrangers. L’affaire sera jugée le 30 septembre 2025 par le tribunal correctionnel de Saint-Brieuc.

Un autre procès s’est achevé à Paris ce 28 juin, celui du groupe Action des forces opérationnelles (AFO), qui a compté jusqu’à 110 membres répartis au sein de 10 sections régionales et avait « atteint un degré d’organisation inégalé jusqu’alors ». Parmi leurs projets, on a relevé ceux d’empoisonnement de la viande hallal dans les grandes surfaces, de lancer de grenades dans les véhicules de musulmans (ou perçus comme tels) en remontant en deux roues les files de voitures, les assassinats de 200 imams radicaux préalablement identifiés et localisés… Si les profils des terroristes d’extrême-droite sont hétérogènes, deux caractéristiques inquiétantes semblent néanmoins s’en dégager. D’abord, une surreprésentation d’anciens militaires ou policiers. Tout au long du procès, ils ont minimisé le sérieux de leurs projets, qu’ils ont mis sur le compte de l’ambiance anxiogène post attentats de 2015.  Le délibéré est attendu fin septembre.

Après les révélations faites par « Mediapart » concernant Caroline Parmentier, une députée proche de Marine Le Pen, le site « Les Jours », nous apprend que Laure Lavalette, élue du Var, porte-parole du groupe RN à l’Assemblée nationale et annoncée candidate à Toulon, a non seulement chanté les louanges de l’Algérie française, mais a aussi produit un texte à la gloire de Jean Bastien-Thiry, colonel tristement célèbre pour avoir organisé l’attentat du Petit-Clamart en 1962, attentat manqué qui projetait d’assassiner le général de Gaulle, président de la République. Sur son compte Facebock, elle glorifie la mémoire de l’Organisation de l’armée secrète (OAS), organisation terroriste d’extrême-droite créée pour la conservation de l’Algérie française.

27 militants d’extrême-droite ont attaqué, le 16 février 2025 à Paris, la projection d’un film de Costa-Gavras organisée par Young struggle, une organisation internationaliste. Après l’agression qui a envoyé un militant de la CGT à l’hôpital, le groupe s’est enfui aux cris de « Paris est nazi, Lyon est nazi aussi ». « Le but est de fumer l’équipe type ou des mecs isolés. » On parle ici du groupe antifasciste la Jeune garde, proche de Young struggle et cible assumée des Hussards, nom de ce groupe intimement lié au GUD. Quinze personnes sont actuellement mises en examen, l’enquête est toujours en cours.

Après l’affaire des assistants parlementaires, le RN est (de nouveau) mis en cause pour des irrégularités au Parlement européen. L’ancien groupe parlementaire Identité et Démocratie, auquel appartenait le RN, est suspecté d’avoir utilisé de façon irrégulière plus de 4,3 millions d’euros de crédits européens, entre 2019 et 2024, selon un rapport de la direction générale des finances du Parlement européen. D’après Marine Le Pen, « il peut y avoir des désaccords administratifs avec le Parlement européen » et « on va essayer, encore une fois, de les résoudre », a-t-elle ajouté, avant de qualifier l’institution d’« organe politique [qui] mène à l’égard de son opposition une guerre de tranchées » et lui « cherche des noises matin, midi et soir, en toutes circonstances ».

C’est sans doute pour ces raisons que, dans son obstination à vouloir obtenir la respectabilité qui lui fera toujours défaut, le RN fait appel à une entreprise spécialisée pour fouiller les profils numériques de ses futurs candidats aux législatives et éviter les « brebis galeuses », dans le cas d’une future dissolution de l’assemblée nationale. Chaque candidat que le parti veut investir est passé au crible, avec plusieurs filtres : les propos racistes, homophobes ou antisémites, mais aussi les commentaires sur le conflit israélo-palestinien ou encore la Russie et Vladimir Poutine. Jusqu’à présent, environ 300 dossiers ont été scrutés, et selon un cadre bien informé du parti, seuls « quelques cas problématiques » sont ressortis du lot. On peut s’attendre à de nouveaux débordements.

Une soirée intitulée « Sommet des libertés » a été organisée par le milliardaire breton Vincent Bolloré, à travers son nouvel hebdo le JDNews, et le milliardaire catho-réac Pierre-Édouard Stérin, via son projet Périclès. Au Casino de Paris, mardi 24 juin 2025, les milliardaires d’extrême-droite réunissaient sur scène Jordan Bardella, Sarah Knafo, Marion Maréchal ou encore Éric Ciotti. Que du beau monde. Au programme : éloge de CNews, apologie de Javier Milei et haine des étrangers…

Et c’est là que l’on retrouve, en plus du transfuge Ciotti, un allié « de taille », si l’on peut dire, en la personne de Nicolas Sarkozy. Celui-ci a tenu à faire savoir qu’il a reçu Jordan Bardella pendant une heure dans son bureau parisien, mardi, rue de Miromesnil, à Paris. L’ancien président de la République, pas le dernier pour chasser sur les terres électorales de l’extrême-droite et affaiblir le cordon sanitaire entre la droite dite républicaine et les héritiers de Pétain, s’est donc longuement entretenu avec le président du RN, comme si de rien n’était. “Le cordon sanitaire”, concept de Jacques Chirac, c’était l’interdiction pour la droite de s’allier avec l’extrême-droite. Lorsque Jacques Chirac est devenu premier ministre, il avait même interdit à sa majorité de parler à des membres du Front national. Ben… la France semble avoir coupé le cordon…


De tous ces sujets et de beaucoup d’autres, il sera question demain à Sainte-Savine où l’association Aux Adelphes, tiers-lieu associatif, tiendra son forum-événement contre la montée du fascisme et des extrêmes-droites.

Le collectif aubois de lutte contre les extrêmes-droites, auquel participe la LDH de l’Aube, prendra part à la table ronde avec d’autres associations, collectifs et organisations partenaires à partir de 15h45.


La semaine prochaine dans l’Aube



2 juin





5 juin



Cinéma avec Cinéligue


16h30 : La colline aux cailloux

A partir de 3 ans

Programme de 3 courts métrages

Animation – 52 min

Va-t’en, Alfred de Célia Tisserant et Arnaud Demuynck (France, Belgique, 2023, 11′) : Alfred a dû fuir son pays à cause de la guerre. Sans logement, il erre, de refus en refus. Un jour, il rencontre Sonia, qui lui propose un café… Librement adapté de l’ouvrage Va-t’en, Alfred ! de Catherine Pineur © Pastel / l’école des loisirs

Tête en l’air de Rémi Durin (France, Belgique, 2023, 10′) : Alphonse, un petit écureuil, a toujours la tête dans les nuages. Il adore les contempler et parfois même les prendre en photo. Ni ses parents, ni ses amis, ne comprennent vraiment cette passion. Pourtant, contempler des nuages, ce n’est pas de tout repos. Alphonse doit même parfois faire preuve d’un certain courage digne des plus grands explorateurs…

La Colline aux cailloux de Marjolaine Perreten (Suisse, France, Belgique, 2022, 29′) :

Une petite famille de musaraignes composée d’une grand-mère, d’une maman et de ses trois enfants, vit au bord d’un ruisseau. Mais un jour, de fortes pluies s’abattent, apportant des crues qui emportent le village. Par chance, la famille échappe au pire, mais leur maison est totalement détruite. Forcée à l’exil, la petite famille se met alors en route afin de trouver un nouvel endroit pour passer l’hiver.


20h30 : Invasion Los Angeles

Un film de John Carpenter en VOST

Avec Roddy Piper, Keith David, Meg Foster

Science-fiction, épouvante – 1h33min

Un ouvrier au chômage découvre un groupe discret qui fabrique des lunettes noires. Intrigué, il en essaie une paire et découvre un monde effrayant : de nombreux humains sont en réalité des extraterrestres aux visages hideux et écorchés ; les panneaux publicitaires ordonnent la soumission dans des termes dignes de Big Brother. Avec un autre ouvrier, il affronte les envahisseurs. Mais quel jeu joue Holly, la séduisante responsable des programmes du canal 54 ?

http://www.cineliguechampagne.org/

– Tarif plein: 7€

– Tarif réduit: 4€

– Carte de fidélité 25€ les 5 places

Renseignements : contact@laiguillage.org ou 03 51 63 71 52

Ouverture du café associatif

L’Aiguillage 3 place de la gare 10110 Polisot

L’Aiguillage à Polisot
Place de la Gare – Polisot




7 juin



Que vous soyez étudiant, professionnel, association, particulier ou simplement curieux, nous vous invitons tous à notre journée découverte de notre tiers-lieu.

Venez visiter notre espace et découvrir ce qu’il s’y passe à l’intérieur.

C’est l’occasion idéale pour poser toutes vos questions autour d’un café et en apprendre davantage sur nous.

Nous serons ravis de vous accueillir pour cette journée de partage et de convivialité.

N’hésitez pas à inviter vos amis et votre famille !


Le Rucher Créatif
10000 Troyes




8 juin



Gymnase Lycée Saint-Joseph
10000 Troyes




8 juin







8 juin


La ville convie tous les habitants à la Maison de l’Animation et de la Culture pour une journée festive, familiale et conviviale, le samedi 08 juin !

Depuis trois ans, la Fête du quartier revient avec une formule originale pour un événement incontournable destiné aux Maripontains et Aubois. Cette édition 2024 promet d’être riche en animations et forte en émotions.

Au programme de cette journée : des animations accessibles gratuitement pour tous, spectacles variés, activités sportives, et jeux pour petits et grands.

De nombreux artistes se produiront sur scène pour inviter le public à danser, chanter, rire, et participer à des animations sportives.

Les associations locales s’investissent pour offrir une journée spectaculaire, ponctuée de spectacles de danse et de démonstrations sportives. De quoi faire (re)découvrir au public toute la vitalité du tissu associatif maripontain.

Venez passer une journée de plaisir et de partage. Ce programme éclectique fera le bonheur des nouvelles générations comme des anciennes, à l’image de cette fête du quartier qui se veut avant tout rassembleuse.




La semaine prochaine dans l’Aube



20-21 avril

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21 avril

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21 avril



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23 avril

Arcis-sur-Aube


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24 avril

La Chapelle-Saint-Luc


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24 avril 2024


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25 avril


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Et toujours


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Idées de sorties


Qu’est-ce qu’une conférence gesticulée ?

Une conférence gesticulée est une forme de spectacle qui mêle le théâtre et la conférence. Elle se caractérise par l’association d’expériences vécues par le « conférencier-gesticulant » (savoir chaud) et des connaissances théoriques, universitaires (savoir froid), le tout présenté avec humour et autodérision.

La première conférence gesticulée est apparue en 2006 dans le cadre de la SCOP Le Pavé, avec un spectacle, Inculture(s), du militant de l’éducation populaire, Franck Lepage, qui y développe une analyse critique de la culture institutionnelle. Depuis, les conférences gesticulées se sont multipliées sur des thèmes très variés.

Dans une démarche d’éducation populaire, la conférence gesticulée cherche à apporter des éléments de compréhension de la politique ou de la société tout en développant l’esprit critique des spectateurs. Rarement écrites pour rester en phase avec le présent (actualité, auditoire, etc.), elles sont souvent accompagnées d’ateliers permettant de débattre du thème de la conférence.

Source : toupie.org

Autrement dit, c’est une conférence où on ne s’emmerde pas.

« L’idée de la conférence gesticulée est celle d’une transmission, qui n’est JAMAIS autorisée, jamais organisée : la transmission de l’expérience collective, (c’est-à-dire politique) que nous emmagasinons au fil de notre expérience. La conférence gesticulée est une arme que le peuple se donne à lui-même. C’est une forme volontairement pauvre, pour ne pas être parasitée par des considérations « culturelles » où l’esthétique prendrait le pas sur le politique. Permettre à autrui d’entrer dans notre subjectivité et d’y atteindre l’universel et donc le politique. Dévoiler les systèmes de domination à l’œuvre tels que nous les avons vécus et rassembler des savoirs utiles pour l’action collective. »
Source : scoplepave.org – Formation de conférencier-gesticulant


Voir le programme ICI