Tchad : la répression des manifestations doit immédiatement cesser

Communiqué  d’Amnesty International du 20/10/2022

Réagissant à la répression des manifestations d’aujourd’hui et à la mort de manifestants, Samira Daoud, Directrice régionale de Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre a déclaré :

« De violents heurts ont opposé ce matin les forces de sécurité et des manifestants à N’Djamena et ailleurs dans le pays. Selon les premiers témoignages recueillis par Amnesty International, les forces de sécurité ont tiré à balles réelles contre les manifestants, comme en avril 2021 ou à Abéché en janvier 2022, tuant plusieurs dizaines de personnes dont un enfant. Nous appelons les autorités tchadiennes à cesser immédiatement l’usage excessif de la force contre les manifestants.

 Le droit à la liberté de réunion pacifique est consacrée par les textes nationaux et internationaux, dont les lignes directrices de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples. Ces dispositions doivent être respectées pour permettre à chaque personne de s’exprimer librement et sans craindre pour sa vie.

Les autorités doivent prendre des mesures immédiates pour enquêter et traduire en justice les auteurs d’homicides illégaux. »

Complément d’informations

Ce 20 octobre 2022 des manifestations ont été organisées à N’Djamena et ailleurs dans le pays pour dénoncer la prolongation de la transition pour deux années supplémentaires et réclamer le transfert du pouvoir aux civils. Des centaines de personnes se sont réunies à l’appel de plusieurs partis d’opposition et des associations de la société civile.

Le premier Ministre a annoncé que le bilan provisoire était de 50 morts et 300 blessés. Il a annoncé la mise en place d’une Commission judiciaire pour situer les responsabilités.

Suède : La droite en quête d’un gouvernement avec l’appui de l’extrême droite

Un scénario se dessine proche de celui qui se déroule en Italie… Sans oublier ce qui se passe en Grande Bretagne avec l’arrivée de Liz Truss, une thatchérienne de choc, au poste de 1er ministre prête à s’attaquer aux syndicat anglais. L’extrême droite accède au pouvoir dans un nombre grandissant d’états en Europe…(Pologne, Hongrie, Roumanie, Grande Bretagne, …)

Le scrutin a été marqué par la nouvelle percée du parti anti-immigration des Démocrates de Suède.

20 Minutes avec AFP   Publié le 15/09/22

Droite et extrême droite se frottent les mains au lendemain de leur victoire inédite aux élections législatives en Suède. Le chef de file des conservateurs suédois entame pour de bon ce jeudi la tâche délicate de former un gouvernement avec l’appui de l’extrême droite. Le scrutin a été marqué par la nouvelle percée du parti anti-immigration des Démocrates de Suède (SD) dirigés par Jimmie Åkesson, devenu deuxième parti du pays nordique et première formation du bloc de droite avec 20,5 % des suffrages.

Défaite au terme d’élections ultra-serrées et malgré un bon score de son parti social-démocrate, la Première ministre de centre gauche Magdalena Andersson a remis jeudi matin sa démission au président de la Chambre, après avoir reconnu sa défaite mercredi soir. Le poste de Premier ministre revient traditionnellement en Suède au principal parti de la majorité, mais seul le chef du parti conservateur des Modérés, Ulf Kristersson, est en position d’avoir le soutien de tous les partis du nouveau bloc de droite et d’extrême droite.

« Nous allons remettre de l’ordre en Suède »

A 58 ans, ce tenant du rapprochement inédit de la droite avec les SD, doit se voir confier officiellement la semaine prochaine la tâche de trouver une majorité par le président de la Chambre. « Je commence maintenant le travail pour former un nouveau gouvernement efficace », avait annoncé dès mercredi soir le dirigeant en réaction à ce succès inédit, qui évince du pouvoir la gauche aux commandes depuis huit ans.

« Maintenant nous allons remettre de l’ordre en Suède ! », a-t-il promis, au terme d’une campagne dominée par les prix de l’énergie et les meurtriers règlements de comptes entre gangs qui noircissent sans interruption l’actualité suédoise. Le défi d’Ulf Kristersson consiste à trouver un accord réunissant quatre partis allant du centre droit à la droite nationaliste, où des lignes divergentes existent sur de nombreux dossiers.

Des semaines de négociations

Les SD affichent leur ambition d’entrer au gouvernement, mais les trois autres partis de droite traditionnelle (Modérés, Chrétiens-démocrates, Libéraux) y sont opposés, tout particulièrement le parti Libéral. Les négociations pour le retour de la droite au pouvoir après huit ans de gauche devraient durer plusieurs jours voire semaines, selon les analystes.

Le scénario le plus probable est que les Modérés et les chrétiens-démocrates, voire les Libéraux, forment un gouvernement, et que SD se contente de faire partie directement ou indirectement de la majorité au Parlement. En échange de quoi ? Avec une voix sur cinq, la formation peut faire valoir ses muscles pour peser dans la balance

Une majorité fragile

« Le processus prendra le temps qu’il faudra », a dit Jimmie Åkesson mercredi dans une déclaration sur Facebook, promettant d’être une « force constructive et d’initiative ». Mais la majorité reste fragile, d’autant que des députés libéraux pourraient être tentés de se rapprocher de la gauche en cas d’influence trop forte des SD.

Avec 176 sièges, dont 73 pour les Démocrates de Suède, le bloc de droite formé de quatre partis devance de très peu celui de gauche (173 sièges). La Première ministre Magdalena Andersson, qui va rester cheffe du parti sociale-démocrate, a réaffirmé jeudi en présentant sa démission que sa porte était ouverte à une collaboration avec la droite si la formation d’une majorité avec SD échouait.

Un groupe néonazi

Héritier d’un groupe néonazi à sa création en 1988, le parti d’extrême droite s’est peu à peu banalisé dans le paysage politique suédois, entrant au parlement en 2010 avec 5,7 %, puis grimpant à chaque élection, sur fond de forte immigration et de problèmes de gangs criminels en Suède. Mais il reste un repoussoir pour de nombreux Suédois.

« L’alternance, ça me va. Je suis juste inquiète que les partis de droite soient plus ouverts à collaborer avec SD, et comment cela va peser sur la politique menée », explique Ninnie Tägtström, une étudiante à Stockholm. Pour Axel Lundström, un psychologue de la capitale, « il y a beaucoup de grandes questions dans notre société qui n’ont pas été prises en compte correctement et je pense que beaucoup de gens attendaient un changement ».

Montée des partis nationalistes en Europe

« Même si ce changement implique une bascule vers la droite et l’extrême droite des Démocrates de Suède ». Les élections de dimanche étaient si serrées qu’il a fallu attendre le comptage d’environ 200.000 voix manquantes mercredi.

L’arrivée de l’extrême droite dans une majorité en Suède est le dernier chapitre de la montée des partis nationalistes dans de nombreux pays européens. Une coalition de droite et d’extrême droite est également grande favorite des élections italiennes du 25 septembre.

Grèves et thatchérisme de retour en Grande-Bretagne

Depuis plusieurs mois se développe en Grande Bretagne un vaste mouvement social touchant tous les secteurs pour défendre les salaires contre une hausse vertigineuse du coût de la vie. En face un gouvernement aux accents thatchériens menace les grévistes. Pendant ce temps la City augmente les salaires des patrons des cent plus gosses entreprisses de près de 40%! C’est le retour du néolibéralisme brutal, destructeur des services publics et des droits des salariés. La LDH 66 affirme sa solidarité avec les mouvements sociaux en France comme ailleurs en défense de leurs droits, les droits sociaux faisant partie intégrante des droits humains.

Publié sur radiofrance.fr/franceinter le 23 août 2022

Jamais depuis plus de 30 ans la Grande-Bretagne n’avait connu de tels mouvements sociaux. Dans le même temps, la campagne conservatrice semble rejouer les années Tchatcher.

Les grèves se multiplient en Grande-Bretagne…

C’est du jamais vu depuis 30, voire 40 ans pour certains secteurs comme le train ou le métro. Londres était paralysée le week-end dernier et devrait encore l’être jeudi et samedi. Les postiers sont aussi partants pour un large mouvement social. Et c’est loin d’être fini !

Si British Airways a conclu un accord salarial de dernière minute qui permet d’éviter le pire à l’heure où les Britanniques reviennent de vacances, ce n’est pas le cas des enseignants et des personnels de santé, qui menacent eux-aussi d’arrêter le travail massivement.

D’abord, permettez-moi un rien de shadenfreude : j’ai tellement lu de commentaires ironiques de la presse britannique sur la moindre grève en France, qu’un mouvement social massif dans le cœur battant du thatcherisme est une sorte de plaisir coupable.

Margaret Tchatcher a quitté le pouvoir il y a plus de 30 ans !!!

En est-on bien certain ? Parce que la campagne qui vise à départager les deux leaders conservateurs Liz Truss et Rishi Sunak s’achève dans quelques jours et, de l’aveu même des commentateurs, s’est faite sur des thèmes et des solutions typiquement thatchériens.

Elle verra probablement dans moins de deux semaines maintenant, le 5 septembre, l’élection de l’actuelle ministre des Affaires étrangères, Liz Truss, entrer à Downing Street. Or Liz Truss se présente elle-même comme une réincarnation de Maggie.

On lui doit des déclarations particulièrement dures contre les ouvriers britanniques qui, selon elles, ne « travailleraient pas assez ». On lui doit aussi une volonté dogmatique d’aller au clash avec l’Union européenne sur le Brexit et l’Irlande du Nord.

On lui doit même des propositions plus vengeresses les unes que les autres contre les mouvements de grève et les syndicats, promettant de durcir encore les conditions d’exercice de ce qui reste dans le monde un droit social fondamental.

Les conservateurs seraient en partie responsables de ces grèves ?

Disons que les conservateurs n’ont pas donné d’eux-mêmes une image de bienveillance vis-à-vis d’un corps social brutalisé par une inflation stratosphérique qui devrait, selon la banque Citigroup, atteindre 18% d’ici la fin de l’année.

Prenez Boris Johnson, par exemple. Le Premier ministre sortant n’a rien de trouvé de mieux – alors que les mouvements de grève s’accumulent – de partir en vacances à grand frais et en famille en Grèce, laissant l’administration gérer les affaires courantes.

Dans le même temps, les Britanniques apprenaient que leur facture énergétique annuelle pourrait grimper de 80% pour atteindre 4 200 €, voire 6 300 € dans la seconde moitié de l’année prochaine. Les 500 € d’aide gouvernementales semblent dérisoires.

Par ailleurs, la City n’a pas trouvé mieux dans ce contexte que d’augmenter les salaires des patrons ! Les 100 plus grosses entreprises britanniques ont augmenté la rémunération de leurs PDG de… 39%, soit un salaire ce 4 millions d’euros annuels, en moyenne.

La Grande-Bretagne n’est pas seule à subir cette inflation en Europe

Certes, mais elle est seule à subir deux chocs économiques simultané : l’inflation qui est bien sûr mondiale et qui est due à la hausse des coûts de l’énergie, mais aussi au Brexit qui crée partout en Grande-Bretagne des difficultés à l’exportation et à l’importation.

Un Brexit que Liz Truss promet de gérer à la hussarde, faisant de la Grande-Bretagne une sorte de nation-pirate du commerce mondial. Mais on sera loin des Caraïbes et c’est le pire des scénarios pour « little England », les Britanniques d’en-bas dirait-on en France.