La justice ordonne le retrait de la crèche de la mairie de Perpignan, après celle de Béziers

Après une réaction des milieux associatifs, syndicaux et politiques de Perpignan en défense de la loi du 9 décembre 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat, la Justice, saisie par la LDH, a condamné le maire Aliot a retirer la crèche qu’il avait installée dans l’enceinte de la mairie. Ce dernier a décidé malgré tout de la maintenir jusqu’au 2 janvier 2023 bafouant ouvertement cette loi fondamentale de notre République. Le Préfet n’a toujours pas daigné recevoir les associations qui ont demander à le rencontrer. Ne serait-il pas pressé de faire respecter la loi républicaine sur les principes de la laïcité ?

Publié sur Le Monde.fr le 21/12/2022 avec agence AFP

Le tribunal administratif de Montpellier a ordonné, mercredi, à la commune dirigée par Louis Aliot de retirer la crèche de son hôtel de ville, sous peine d’une astreinte de « 100 euros par jour de retard ».

©PHOTOPQR/L’INDEPENDANT/MICHEL CLEMENTZ ; PERPIGNAN ; 19/12/2022 ; POLITIQUE / FETES ET TRADITIONS / UNE CRECHE GIGANTESQUE INSTALLEE DANS LE HALL DE LA MAIRIE DE PERPIGNAN POUR CES FETES DE NOEL / ILLUSTRATION (MaxPPP TagID:

Une semaine après celle de Béziers, la mairie de Perpignan est à son tour sommée de retirer « dans les vingt-quatre heures » la crèche installée dans son hôtel de ville. De nouveau saisi par la Ligue des droits de l’homme (LDH) en référé, une procédure d’urgence, le tribunal administratif de Montpellier a ordonné, mercredi 21 décembre, à la commune dirigée par Louis Aliot (Rassemblement national, RN) de « retirer la crèche de la Nativité, ou pessebre [en catalan] », sous peine d’une astreinte de « 100 euros par jour de retard », selon une décision rendue moins de vingt-quatre heures après avoir entendu les parties.

« C’est une crèche avec Joseph, Marie, les Rois mages qui montrent que nous sommes bien dans une crèche catholique, contraire à la loi de 1905 » de séparation des Eglises et de l’Etat, avait plaidé Sophie Mazas, avocate et présidente de la LDH de l’Hérault, mardi.

« Nous sommes véritablement dans la tradition », avait rétorqué l’avocate de la ville, Delphine Joubes, en mettant en avant que la crèche avait été érigée dans un « patio (…)[consacré] à la catalanité » et par lequel « les personnes qui souhaitent venir à la mairie pour des démarches administratives ne passent pas ». Les conclusions de la mairie « sont rejetées », a brièvement fait savoir le tribunal administratif, dont la motivation précise sera connue ultérieurement.

« Instrumentalisation de la religion »

M. Aliot, figure du RN, et le maire de Béziers, Robert Ménard, proche du parti d’extrême droite, « pensent pouvoir violer la loi et la Constitution impunément », a réagi auprès de l’Agence France-Presse Mme Mazas, en jugeant « problématique » que les préfets de l’Hérault et des Pyrénées-Orientales n’aient « pas réagi » pour « faire appliquer la loi ». La responsable de la LDH dénonce aussi « l’instrumentalisation de la religion par l’extrême droite à des fins politiques ». « La force de la laïcité, c’est la liberté de chacun de vivre sa croyance personnellement et dans les lieux de culte prévus à cet effet : la crèche à l’église, l’état civil et la gestion de la cité à la mairie », a-t-elle ajouté.

Le maire de Perpignan lui a immédiatement répondu : « Malheureusement, la Ligue des droits de l’homme et plusieurs organisations politiques ont décidé d’instrumentaliser la laïcité de la République et la justice administrative pour faire obstacle à l’expression de nos traditions, de nos héritages et plus généralement pour nous empêcher d’être ce que nous sommes », a écrit M. Aliot dans un communiqué.

Le candidat malheureux à la présidence du RN dénonce une « décision en total décalage avec l’engouement populaire et l’émerveillement suscités par le pessebre », admiré selon lui par « des milliers de personnes » depuis le 25 novembre. Dans l’attente de la notification officielle, « la ville réaffirme son attachement à tous les éléments de notre culture catalane et dont le pessebre fait partie ».

Les crèches de Beaucaire (Gard) et de Béziers sont régulièrement poursuivies en justice, mais continuent à être installées chaque année par les maires concernés. Le 16 novembre, le Conseil d’Etat avait confirmé l’interdiction de la crèche de Noël de la mairie de Beaucaire, dirigée par le maire d’extrême droite Julien Sanchez.

Le Monde avec AFP

LA DÉMOCRATIE EST MENACÉE PAR LE CLIMAT ET LES VIOLENCES D’EXTRÊME DROITE

Communiqué de la LDH

Nous apprenons avec stupeur la fusillade commise contre le centre culturel kurde du 10e arrondissement de Paris. Les premières informations font état de plusieurs personnes tuées et blessées par balles.

La LDH (Ligue des droits de l’Homme) s’associe aux victimes et à leurs proches dans ces terribles moments. Ces mêmes informations attribueraient cette fusillade à une personne ayant déjà commis des actes contre un camp de migrants. Il appartient à la justice de faire toute la lumière sur ces actes terribles.

Même si la personnalité du suspect n’est pas encore établie avec certitude, la LDH constate l’accroissement sans précédent des violences politiques xénophobes sur l’ensemble du territoire. Des personnes sont visées en raison de leur origine, de leur confession ou de leur appartenance politique.

Il ne fait pas de doute que les idéologies racistes, antisémites, xénophobes, anti-immigrés et réactionnaires, largement portées par l’extrême droite, sont désormais diffusées sans entraves tant par les médias que par nombre de personnalités politiques, y compris au sein de l’hémicycle de l’Assemblée nationale.

 Si la menace pour la République et l’Etat de droit a été de longue date identifiée par les services de renseignement, aucune mesure véritable n’a été prise pour l’endiguer. Comme aux Etats-Unis ou en Allemagne, le péril pour la démocratie est désormais connu. La LDH demande aux pouvoirs publics d’intervenir sans attendre avec la plus grande fermeté. Elle appellera également à un sursaut de la société civile dans les prochaines semaines.

Elle souhaite envoyer tout particulièrement un message de solidarité à la communauté kurde de France déjà frappée en plein cœur de Paris, il y a presque dix ans.

Paris, le 23 décembre 2022

TÉLÉCHARGER LE COMMUNIQUÉ DE LA LDH EN PDF.

18 décembre : Journée internationale des migrants, pour l’égalité des droits Communiqué LDH

Personnes migrantes, exilées, demandeuses d’asile, étrangères, sans-papiers sont représentées à longueur d’année comme des problèmes, voire des délinquantes. Ce parti pris, sans aucun rapport avec la réalité, a permis en trente ans de voter vingt lois répressives. On les menace aujourd’hui d’une vingt troisième conçue pour précariser davantage leur situation, quel que soit leur statut, au mépris des droits les plus fondamentaux : les leurs, les nôtres.

Quel que soit notre pays d’origine, nous sommes de plus en plus nombreux à nous déplacer pour aller travailler, vivre ailleurs. Ces migrations, les cultures dont elles participent aujourd’hui comme hier, s’enrichissent les unes les autres. Cela fait partie de l’histoire de notre pays comme de celle de beaucoup d’autres.

Malheureusement, les discours racistes, les fantasmes tels celui du « grand remplacement », font aussi partie de l’histoire de l’humanité, ils en sont une des pires tares et l’une des plus mensongères.

Toutes les études scientifiques le montrent : les migrations ne sont non pas un coût mais une source de richesses lorsque les conditions d’accueil sont à la hauteur.

La place des personnes étrangères, y compris les plus précaires, parmi les « premiers de corvée » pendant la crise sanitaire a démontré, qu’en outre, elles occupent des emplois indispensables. C’est exactement ce que reconnait le gouvernement en reprenant l’idée de régulariser celles et ceux qui occupent des « métiers en tension ».

A l’occasion de la Journée internationale des migrants, le 18 décembre, la LDH (Ligue des droits de l’Homme) réaffirme les mesures prioritaires qui devraient figurer dans les projets gouvernementaux sans même qu’une énième loi sur l’asile et l’immigration soit le plus souvent nécessaire :

– ouverture de voies légales et sûres pour désarmer les trafiquants, faire en sorte que les routes maritimes et terrestres ne soient plus de grands cimetières ;
– régularisation de toutes celles et tous ceux qui vivent et travaillent dans nos territoires ;
– respect des droits les plus fondamentaux (mise à l’abri, santé, accès à l’eau et aux distributions de repas) et fin du harcèlement dont sont victimes les personnes exilées, notamment à Calais ;
– respect du droit d’asile et particulièrement fin des refoulements systématiques aux frontières françaises et des procédures accélérés contraires à la convention de Genève ;
– remise en cause du règlement de Dublin qui condamne des dizaines de milliers de personnes à l’errance en les forçant à demander l’asile dans le premier pays européen où elles ont posé les pieds ;
– respect de l’intérêt supérieur de l’enfant (refus de l’enfermement, non-séparation de leurs parents, droit au séjour des parents étrangers d’enfants français, accès à l’éducation…) ;
– présomption de minorité et mise sous protection pour toute personne mineure dont l’âge est remis en cause, au moins jusqu’à ce que leur âge soit établi via une juste évaluation ;
– arrêt des obligations de quitter le territoire français (OQTF) délivrées de façon de plus en plus systématique par les préfectures, notamment aux jeunes majeurs ;
– fin de la dématérialisation comme seul moyen d’accéder aux droits, notamment au séjour, dans le respect de la décision du Conseil d’Etat en ce domaine ;
– signature de la convention internationale par la France sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille qui est à l’origine de cette journée internationale.

Partout en France, le 18 décembre mobilisons-nous autour de ces propositions.

Paris, le 14 décembre 2022