Comité régional LDH Ile-de-France – JOURNÉES D’ÉTUDE 2019 : « L’EFFECTIVITÉ DES DROITS À L’ÉPREUVE DE LA PAUVRETÉ », PARIS, 13 JANVIER 2019

Voici la remarquable table-ronde organisée par le Comité régional Ile-de-France le 19 janvier sur le thème pauvreté et droits de l’Homme, très appréciée de l’ensemble des participants, conclue par Alain Esmery, et filmée avec l’accord des intervenants.
Les enregistrements audio sont accessibles à l’adresse :
 

Se sont succédées les interventions (pouvant être écoutées séparément) de

–> Anne Brunner,

cheffe de projet à l’Observatoire des inégalités, et co-rédactrice de son rapport sur la pauvreté en France, en octobre 2018 (téléchargeable gratuitement sur www.inegalites.fr/L-Observatoire-des-inegalites-publie-son-premier-rapport-sur-la-pauvrete )

–> Geneviève de Coster,
représentante du mouvement international ATD Quart Monde (Agir Tous dans la Dignité – www.atd-/populations-dici-et-dailleurs-ensemble-pour-la-dignite ) au sein de la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH). Outre une présentation de l’approche globale, de terrain, d’ATD, comme elle a été l’une des 6 personnes ayant rédigé l’Avis CNCDH de mai 2018 sur les “maltraitances dans le système de santé”, elle a consacré un petit focus sur les difficultés d’accès aux soins.

–>  Nicolas Benies,

économiste, signataire du Manifeste des Economistes Atterrés dès 2010, membre fondateur de “Copernic” (www.fondation-copernic.org/), auteur d’ouvrages pour tout public comme son « Petit manuel de la crise financière et des autres » (http://soufflebleu.fr/author/nbenies/).

 

RECONNAISSANCE FACIALE DANS LES LYCÉES : UN RECOURS POUR FAIRE BARRAGE À LA SURVEILLANCE BIOMÉTRIQUE

Communiqué commun

Quatre organisations – La Quadrature du Net, la Ligue des droits de l’Homme, CGT Educ’Action des Alpes-Maritimes et la Fédération des Conseils de parents d’élèves des écoles publiques des Alpes-Maritimes – viennent de déposer un recours devant le tribunal administratif de Marseille pour demander l’annulation de la délibération du conseil régional autorisant la mise en œuvre d’une expérimentation de reconnaissance faciale dans deux lycées de la région.

Ce recours intervient alors que la polémique enfle après que la mairie de Nice ait annoncé expérimenter la reconnaissance faciale dans le cadre du carnaval.

Le 14 décembre 2018, le conseil régional de la région Sud (ex-Paca) a voté une délibération visant à faire installer à l’entrée de deux lycées de la région — le lycée des Eucalyptus à Nice et le lycée Ampère à Marseille — un dispositif de reconnaissance faciale. Ce dispositif expérimental, installé et financé par la société états-unienne Cisco, a vocation, comme l’a précisé M. Christian Estrosi lors du vote au Conseil régional, à être étendu à l’ensemble des établissements scolaires de la région.

Devant l’inaction de la Cnil et alors que cette expérimentation prépare la banalisation de la surveillance par reconnaissance faciale, les quatre organisations requérantes ont décidé de saisir le tribunal administratif de Marseille pour demander l’annulation de cette délibération.

Les arguments juridiques soulevés s’appuient essentiellement sur le règlement général sur la protection des données (RGPD) : la délibération, votée alors qu’aucune analyse d’impact n’avait été réalisée, permet en effet la mise en œuvre d’un traitement de données biométriques qui est notamment manifestement disproportionné par rapport à l’objectif poursuivi (apporter « une assistance aux agents en charge du contrôle d’accès au lycée et de l’accueil ») et qui n’est fondée sur aucune règle juridique adaptée, claire et intelligible, contrairement à ce qu’impose la Convention européenne des droits de l’Homme en matière de droit à la vie privée. La délibération autorisant cette expérimentation est donc illégale et doit être annulée.

Pour Martin Drago, juriste à La Quadrature du Net :

« Cette expérimentation vise à accoutumer les élèves à une surveillance biométrique. Cela participe à la banalisation de ce type de technologies, alors que des projets sécuritaires de vidéosurveillance dopées à la reconnaissance faciale pullulent désormais sur le territoire français. On trouve malheureusement bien peu de monde pour y faire barrage, que ce soit à la Cnil ou au niveau des élus locaux et à ce stade, les juges apparaissent comme l’ultime rempart institutionnel. »

Pour Maryse Artiguelong, vice-présidente de la Ligue des droits de l’Homme :

« Pour la Ligue des droits de l’Homme (LDH) cette expérimentation de reconnaissance faciale, qui permet l’identification à l’aide de données biométriques particulièrement sensibles – elles permettent notamment de déterminer l’origine ethnique, qui plus est sur des élèves en majorité mineurs – est particulièrement inquiétante. »

Pour Laure Guérard-Boushor à la CGT Educ’Action des Alpes-Maritimes :

« Répression contre les lycéen-ne-s, mise en place de mesures pour restreindre le droit de manifester et maintenant mise en place d’un système de reconnaissance faciale à l’entrée de l’établissement les EK à Nice et Ampère à Marseille; l’escalade est toujours plus importante. Nous condamnons ces projets qui remettent en cause tous les principes de la liberté qu’elle soit individuelle ou collective ; qui laissent la porte ouverte à toutes les dérives, toutes les discriminations. Nous demandons à ce que l’argent dont notre école publique a besoin ne soit pas gaspillé dans des mesures dont on connaît l’inutilité et la nocivité. »

Pour Laëtitia Siccardi, Présidente de la Fédération des Conseils de Parents d’Élèves des écoles publiques des Alpes-Maritimes :

« Cette expérimentation est une dérive sécuritaire de plus, et nous sommes extrêmement attentifs à ce que les droits fondamentaux des lycéens soient respectés. De plus, il s’agit une fois encore d’un investissement financier considérable au service d’une mesure à l’efficacité douteuse. »

Paris, le 19 février 2019

AIDES SOCIALES : DES DEVOIRS INCOMBANT À L’ETAT ET NON AUX ALLOCATAIRES !

Communiqué du Collectif Alerte, dont la LDH est membre

A la suite des propos réitérés par le Premier ministre le 19 février à l’Assemblée nationale, et de la réponse de Christelle Dubos à une question au Premier ministre en séance publique le 20 février, les associations réunies au sein du collectif Alerte s’inquiètent de voir la question des « contreparties » aux aides sociales revenir sur le devant de la scène politique, instaurant une défiance à l’égard des allocataires.

Les récentes affirmations d’Edouard Philippe sur la nécessité de conditionner le versement des prestations sociales à des contreparties d’activités ou d’activités d’intérêt général, ont fortement interpellé les associations de solidarité réunies au sein du Collectif Alerte. Quelques mois seulement après la présentation de la stratégie pauvreté par le président de la République, ces déclarations viennent confirmer un risque de stigmatisation des plus précaires, déjà évoqué par nos associations.

Les associations du Collectif Alerte demandent au gouvernement de ne pas conditionner le versement des aides sociales à une activité mais de lutter activement contre le non recours à ces prestations. Il appartient de plus à l’Etat de proposer aux allocataires un accompagnement de qualité afin de favoriser leur insertion durable dans la société, en facilitant le retour à l’emploi comme le souhaite la majorité des bénéficiaires des minima sociaux.

Le collectif Alerte sera particulièrement attentif au respect de ces principes, y compris lors des futures remontées du Grand débat national et de la concertation annoncée sur le revenu
universel d’activité.

Paris, le 20 février 2019

Liste des associations membres du collectif ALERTE national
Amicale du Nid
Association des Collectifs Enfants Parents Professionnels (ACEPP)
Association des Paralysés de France (APF)
Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie (ANPAA)
Association Service Social Familial Migrants (ASSFAM)
Cimade
Citoyens et Justice
Comité Chrétien de Solidarité avec les Chômeurs et précaires (CCSC)
Coorace
Croix Rouge française
Droits d’Urgence
Emmaüs France
Familles Rurales Fédération Nationale
Fédération des acteurs de la solidarité
Fédération des Associations et des Acteurs pour la Promotion et l’Insertion par le Logement (FAPIL)
Fédération Entraide Protestante
Fédération Française des Banques Alimentaires
Fédération Habitat et Humanisme
Fédération nationale des associations solidaires d’action avec les Tsiganes et Gens du voyage
(FNASAT-Gens du voyage)
Fédération SOLIHA
Fédération Vacances et Familles
Fondation Abbé Pierre pour le logement des défavorisés
Fondation Armée du Salut
Fonds Social Juif Unifié (FSJU)
France Terre d’Asile
Les petits frères des Pauvres
Ligue des Droits de l’Homme
Médecins du Monde
Mouvement ATD Quart Monde
Secours Catholique
Société de Saint-Vincent-de-Paul
Solidarités Nouvelles face au Chômage (SNC)
Union nationale ADMR
Union nationale des associations familiales (UNAF)
Union nationale des familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques (UNAFAM)
Union nationale pour l’habitat des jeunes (UNHAJ)
Union professionnelle du logement accompagné (UNAFO)
Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux
(UNIOPSS)
Coordination et animation du collectif Alerte national
Uniopss – 15 Rue Albert – CS 21306 – 75214 Paris cedex 13
Bruno Grouès : 01 53 36 35 09 / 06 73 05 47 83 – bgroues@uniopss.asso.fr