Josie Boucher, militante syndicale et associative, mis en examen pour « injures » par Louis Aliot, maire RN de Perpignan

La LDH et le comité de soutien à Josie Boucher regroupant de nombreuses organisations appelle a un Rassemblement de soutien vendredi 18 novembre à 11h devant la mairie de Perpignan.

Perpignan : une militante de gauche mise en examen pour « injures » envers la municipalité de Louis Aliot

Article publié sur l’Indépendant le 7 novembre 2022

Le maire Louis Aliot avait déposé plainte au nom de la commune en mars dernier contre Josie Boucher, engagée dans plusieurs mouvements politique et associatif, pour l’accueil des migrants notamment, à la suite d’une manifestation en soutien au peuple ukrainien.

Les propos incriminés ont été tenus lors d’une manifestation organisée par les associations et organisations de gauche en mars dernier devant la préfecture.

L’affaire était dans les tuyaux depuis le printemps. Elle vient de franchir une nouvelle étape avec la mise en examen de Josie Boucher, militante du NPA (nouveau parti anticapitaliste) par un juge d’instruction perpignanais pour « injures publiques envers un corps constitué », en l’occurrence à l’encontre de la commune de Perpignan.

En travers de la gorge de la majorité municipale, des propos tenus lors d’une prise de parole le 5 mars 2022 au cours d’une manifestation organisée à Perpignan en soutien à l’Ukraine. La militante aurait fustigé, avec référence à un régime totalitaire, les déplacements effectués par le maire RN jusqu’à la frontière polonaise afin d’aller chercher des réfugiés. Or, Louis Aliot et son camp avaient peu goûté ces mots qui, selon eux, portaient gravement atteinte à l’image de la commune.

En session du 24 mars, le conseil municipal avait ainsi voté et approuvé une délibération autorisant le maire à déposer plainte au nom de la Ville à l’encontre de Josie Boucher avec constitution de partie civile auprès du doyen des juges d’instruction et à engager toute action « la mieux appropriée pour obtenir la répression des propos incriminés »… 

40 conseillers s’étaient prononcés pour, 13 contre. Parmi eux Bruno Nogayrède, chef de file du groupe minoritaire. « Cette affaire relève de la liberté d’opposition », estime-t-il encore aujourd’hui. « Et puis, ce n’était pas le maire de Perpignan qui était visé, c’était le vice-président du RN qu’il est toujours d’ailleurs. À part engorger les tribunaux, faire perdre de l’argent à la commune et servir une vendetta politique nationale, je n’y vois rien d’autre ». Quoi qu’il en soit, la procédure était lancée.

« J’ai reçu un courrier du juge d’instruction en septembre m’indiquant qu’elle envisageait ma mise en examen. Et il y a deux semaines environ, j’ai été informée que c’était fait par la vice-présidente chargée de l’instruction au tribunal judiciaire de Perpignan », explique Josie Boucher, ainsi poursuivie pour « avoir injurié la commune de Perpignan, en la personne de son maire en exercice Louis Aliot ».

« Dans le cadre de la loi sur le droit de la presse, qui comprend la diffamation ou les injures publiques, le juge doit uniquement établir si les propos ont été tenus ou pas, il n’a pas pour mission de contrôler leur bien-fondé, cela se fait à l’audience, si elle a lieu », précise le procureur de la République de Perpignan.

Le comité de soutien dénonce « une tentative d’intimidation »

Aussitôt, vendredi dernier, un comité de soutien, chapeauté par Dominique Noguères, vice-présidente nationale de la Ligue des Droits de l’Homme, a été constitué afin de lancer diverses actions pour épauler Josie Boucher, militante associative, syndicale et politique bien connue pour ses engagements antiracistes et anticolonialistes, investie notamment dans l’accueil des migrants et la défense des sans-papiers. Première opération, une pétition en ligne a été lancée pour « exiger la levée immédiate de toute poursuite »« En manifestant notre soutien à Josie, nous tenons aussi à dénoncer une tentative d’intimidation – qui nous concerne toutes et tous – de la part du maire de Perpignan qui exprime là sa volonté de faire taire toute opposition », s’insurge le comité. « Nous sommes et serons à ses côtés en défense de la liberté d’expression. Nous dénonçons une grave atteinte au droit démocratique de chacune et chacun à s’exprimer et notamment à qualifier politiquement comme il/elle l’entend le courant politique dont Louis Aliot est un des principaux porte-parole ». 

Le comité assure avoir d’ores et déjà recueilli la signature de nombreux élus, comme des organisations ou associations démocratiques et politiques de gauche. 

Pour Louis Aliot, en revanche, « l’affaire suit sa logique. Rien d’extraordinaire ». À suivre.

Laure Moysset

En dix ans, plus de 1 700 activistes écolos ont été tués dans le monde

Suite à la manifestation anti-bassines à Ste Soline, le ministre de l’intérieur a osé dénoncer l’écoterrorisme d’une partie des manifestants ! Rappelons au ministre que plus de 1700 militants écologistes ont été tués entre 2012 et 2021. Voilà de quel côté se trouve le terrorisme, du côté des bandes criminelles de multinationales et des gouvernements à leur solde.

Publié sur Reporterre le 4/10/2022

Plus de 1 700 militants écologistes ont été tués entre 2012 et 2021, selon un nouveau rapport de Global Witness. Et seulement 0,9% de ces crimes ont été résolus, alerte l’ONG.

Des portraits de Berta Cáceres durant une manifestation en avril 2016. L’activiste écologiste a été tuée dans la nuit du 2 mars 2016, au Honduras. – Flickr/CC BY 2.0/Daniel Cima/CIDH/Comisión Interamericana de Derechos Humanos

Deux ou trois morts par semaine, un meurtre tous les deux jours environ pendant dix ans. Plus de 1 733 défenseurs de la terre et de l’environnement ont été tués entre 2012 et 2021, selon les chiffres du rapport 2022 de Global Witness. Assassinés par des tueurs à gages mandatés par des groupes criminels organisés ou leurs propres gouvernements. Tués par balles. Tabassés. Torturés parfois. Attaqués chez eux, devant leurs familles, ou endormis dans leur lit. Marchant sur un chemin ou conduisant leur voiture. Retrouvés abandonnés au bord d’une route, ou en morceaux dans une poubelle.

Les pays les plus meurtriers pour les militants écologistes sont le Brésil (342 meurtres), la Colombie (322), les Philippines (270), le Mexique (154) et le Honduras (117).

Comme l’écrit Vandana Shiva dans son introduction au rapport, «ces chiffres ne deviennent réels que lorsque l’on entend les noms de ceux qui sont morts. Marcelo Chaves Ferreira. Sidinei Floriano Da Silva. José Santos López. Chacun d’entre eux était une personne vivante, aimée par sa famille, ses amis, sa communauté. Jair Adán Roldán Morales. Efrén España. Eric Kibanja Bashekere sacrifié au nom du profit. Regilson Choc Cac. Ursa Bhima. Angel Rivas. Tous morts en défendant non seulement leurs propres territoires précieux, mais aussi la santé de la planète que nous partageons tous». Cette année l’ONG publie donc aussi la liste intégrale (voir ci-dessous) des noms de ces activistes à l’avant-garde de la mobilisation qui voudrait protéger et préserver la nature nourricière.

De sombres records

C’est le 25 avril 2012, jour du meurtre de Chut Wutty, écologiste cambodgien qui enquêtait sur l’exploitation forestière illégale et travaillait avec Mike Davis, actuel directeur général de Global Witness, que l’ONG s’est lancée dans la publication annuelle de son rapport sur les assassinats des défenseurs de la terre et de l’environnement dans le monde. Global Witness compte les morts, enfin ceux qu’elle a réussi à repérer, car il y en a évidemment bien d’autres, trop pauvres et trop isolés pour que leurs vies, leurs combats et leurs morts soient connus.

Ces meurtres ont atteint le chiffre record de 227 en 2020, malgré la pandémie, et 200 en 2021. Avec plus de 40% des meurtres contre les membres de peuples autochtones, qui ne représentent pourtant que 5% de la population mondiale, la disproportion des agressions continue, au Mexique, en Colombie, au Nicaragua, au Pérou et aux Philippines. L’exploitation minière reste le secteur le plus meurtrier avec vingt-sept cas, la majorité des attaques ayant eu lieu au Mexique (15), aux Philippines (6), au Venezuela (4), au Nicaragua (1) et en Équateur (1).

94% des crimes ne sont pas signalés

C’est toujours la même histoire, dit Global Witness : une entreprise avide d’exploiter, un système politique qui aliène les biens communs planétaires situés dans le pays au profit de quelques industriels et d’un réseau de connivences. Et ceux qui résistent, mains nues contre les bulldozers, ceux qui tentent de défendre leurs arbres, leur rivière, leur lac, leur terre, contre les agresseurs venus voler, polluer et accaparer, ceux qui se dressent contre les industriels corrupteurs et les politiciens achetés, ceux qui dérangent vraiment, grains de sable enrayant la machine, à ceux-là, les exploiteurs envoient leurs tueurs à gages.

Et l’impunité reste généralisée, plus de 94% des crimes n’étant pas signalés et seulement 0,9% étant résolus. Rares sont les condamnations.

En plus des meurtres, les activistes sont la cible de harcèlements de toutes sortes, fausses accusations, disparitions forcées, emprisonnement abusif et criminalisation. Les poursuites bâillons sont une des stratégies de plus en plus utilisées par les autorités pour entraver et délégitimer le travail des défenseurs aux yeux de leurs communautés. Le but de ce type de poursuites n’est pas de gagner, mais de créer un effet dissuasif et de les faire taire en les inondant de procédures judiciaires longues et coûteuses, et aussi de les obliger à transmettre à l’entreprise qui les attaque, des communications privées y compris de documents internes sur les campagnes de résistance en cours.

Le rapport de Global Witness appelle les gouvernements à voter des lois qui protègent efficacement les défenseurs de l’environnement et à responsabiliser pénalement les entreprises, afin de garantir une tolérance zéro en matière de violence contre les activistes.

Les défenseurs et défenseuses de l’environnement assassinés en 2021

Communiqué de la Ligue des droits de l’Homme des Pyrénées-Orientales : Non à la place Pierre Sergent!

La LDH 66 vient d’apprendre la décision du Conseil municipal de Perpignan, voulue par le président adjoint du Rassemblement national, ex FN, Louis Aliot, de donner le nom de Pierre Sergent à une place. Elle dénonce avec vigueur cette décision qui ne fait que ranimer les rancœurs d’une histoire pourtant bien douloureuse.

Quel qu’ait été le parcours de Pierre Sergent il ne peut être détaché de celui de l’OAS, organisation terroriste et criminelle dont il fut le fondateur et l’acteur de premier plan.

Les méfaits de l’OAS sont hélas bien connus : 71 morts et 394 blessés en Métropole et environ 2 200 tués et plus de 5 000 blessés dans les territoires algériens. L’OAS a organisé 750 attentats sur le sol métropolitain, politique de terreur avec plus de 100 attentats perpétrés en Algérie. Pierre Sergent a participé activement aux guerres coloniales en Algérie en Tunisie et en Indochine pour s’opposer à leur indépendance. L’amnistie obtenue en juin 1968 ne peut réécrire l’Histoire.

La colonisation est un crime contre l’Humanité et Pierre Sergent en a été un agent actif en utilisant la terreur. Louis Alliot et son conseil municipal continuent à commémorer ces faits qui sont dans la droite ligne de ce qui a été commis à Perpignan début juillet lors de la commémoration des accords d’Evian. Pour les personnes d’origine algérienne, pour celles et ceux qui ont souffert en se libérant du colonialisme, vivant dans notre ville, nous dénonçons cette politique mémorielle sélective qui oublie une grande partie des acteurs de cette guerre.

La LDH 66 dénonce ces actions et sera toujours présente pour défendre la Démocratie, et les valeurs républicaines comme elle l’a fait le 3 juillet dernier au Casals. Elle s’oppose et s’opposera toujours à la surenchère mémorielle de l’extrême-droite et rappellera sans cesse que l’histoire ne se résume pas à ses positions partisanes mais qu’elle concerne l’ensemble des populations qui ont en été les acteurs. Elle appelle à s’opposer à ces commémorations, Perpignan mérite mieux que cela.