L’OBSERVATOIRE DE LA LIBERTÉ DE CRÉATION S’OPPOSE AU BOYCOTT DES ARTISTES RUSSES

Communiqué de l’Observatoire de la liberté de création dont la LDH est membre

Communiqué de l’Observatoire de la liberté de création

L’Observatoire de la liberté de création, qui réunit une quinzaine d’organisations luttant ensemble contre la censure des œuvres, affirme son plein et entier soutien aux artistes ukrainiens et prépare une initiative en ce sens.

Nous sommes informés de demandes de limogeage d’artistes russes des institutions auxquels ils collaborent et de demandes de boycott des œuvres des artistes russes dans les concerts, festivals, théâtres, etc., certaines organisations membres de l’Observatoire étant sollicitées en ce sens.

Nous tenons à rappeler fermement les principes qui nous unissent : la liberté de création et la liberté de diffusion des œuvres. Personne ne saurait en être privé en raison de sa nationalité. Ce serait confondre des hommes et des femmes et le gouvernement de leur pays. Et ce serait méconnaître les risques que prennent bon nombre d’artistes russes, actuellement, pour affirmer leur refus de la guerre, ou leur refus du régime qui les contraint, parfois jusqu’à l’enfermement carcéral. Démissionner d’une institution en Russie, comme l’ont fait de nombreux responsables culturels, est un droit et un risque.

Evincer des artistes russes de nos institutions culturelles, boycotter leurs œuvres, au seul motif qu’ils sont russes, est une discrimination inacceptable.

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The Observatory for creative freedom, which draws together some fifteen organizations to fight against the censorship of artistic works, states its full support for Ukrainian artists and is preparing an initiative to this end.

We are aware of requests to remove Russian artists from the institutions in which they collaborate and of requests to boycott the participation of Russian artists in concerts, festivals, theatres, etc. Certain Observatory member organizations have been contacted in this respect.

We wish to restate firmly the principles that unite us: the freedom to create and diffuse artistic works. No one should be deprived of this freedom solely because of his or her nationality. This would mean a lack of distinction between the individual members and the government of their country. And it would mean a lack of recognition of the risks currently taken by a large number of Russian artists when they state their rejection of the war or their rejection of the regime that constrains them, even to the point of jailing them. Resigning from an institution in Russia, as many cultural actors have done, is a right and a risk.

To oust Russian artists from our cultural institutions and to boycott their work, simply because they are Russian, is unacceptable discrimination.

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Liste des membres de l’Observatoire de la liberté de création :
Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion (Acid) ; Association des cinéastes documentaristes (Addoc) ; Section française de l’Association internationale des critiques d’art (Aica France) ; Fédération des lieux de musiques actuelles (Fedelima) ; Fédération nationale des syndicats du spectacle, du cinéma, de l’audiovisuel et de l’action culturelle (FNSAC-CGT) ; Fédération nationale des arts de la rue ; Ligue des droits de l’Homme (LDH) ; Ligue de l’enseignement ; Les Forces musicales ; Scénaristes de Cinéma Associés (SCA) ; Syndicat français des artistes interprètes (SFA-CGT) ; Syndicat national des artistes plasticiens (Snap-CGT) ; Syndicat national des scènes publiques (SNSP) ; Société des réalisateurs de films (SRF) ; Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac).

Paris, le 8 mars 2022.

Nantes Révoltée : la liberté d’opinion menacée!(communiqué de la LDH)

 Nantes Révoltée : la liberté d’opinion menacée!
Communiqué LDH

Mardi 25 janvier 2022, le ministre de l’Intérieur a annoncé devant la représentation nationale qu’il engageait un processus de dissolution administrative du média indépendant « Nantes Révoltée ». Cette nouvelle démarche du gouvernement constitue une étape inquiétante dans l’extension d’un outil politique de sanction collective attentatoire aux libertés fondamentales.

La Ligue des droits de l’Homme (LDH) a alerté à maintes reprises sur ces dérives. Elle rappelle que la liberté de la presse et plus largement la liberté d’expression, d’opinion et de libre critique sont des piliers fondamentaux sans lesquels le débat démocratique serait profondément entravé. Elle rappelle également que le gouvernement tire justement sa légitimité de ce processus démocratique. Si la liberté d’informer connaît des limites légales, l’intervention première du juge judiciaire, seul garant constitutionnel des libertés individuelles et d’indépendance, doit rester la voie privilégiée.

La multiplication de l’usage abusif de la dissolution administrative s’inscrit actuellement dans une volonté délibérée du pouvoir exécutif d’intimider et dans certains cas de réduire au silence les voix de contestation politique, bridant la liberté d’association et la liberté d’informer. La LDH agira, aux côtés de tous les défenseurs de l’Etat de droit et de l’idéal démocratique, pour contrarier ce projet visant à déstabiliser les équilibres institutionnels au profit du seul pouvoir exécutif.

La LDH demande le retrait sans délai du processus de dissolution administrative du média « Nantes Révoltée ».

Paris, le 28 janvier 2022 

Nantes Révoltée : la liberté d’opinion menacée

Kazakhstan: « Tirez pour tuer! ». Des dizaines de personnes tuées, plus de 1000 blessés, des milliers d’arrestations.

Des dizaines de personnes tuées, plus de 1000 blessés, des milliers d’arrestations: au Kazakhstan, le régime autoritaire voire dictatorial, depuis plus de 30 ans, a décidé de réprimer dans le sang une vaste révolte populaire contre les hausses des prix insupportables dont celle du carburant. Le régime ne peut se maintenir sans l’aide des forces armées du grand voisin autoritaire, la Russie de Poutine. Le président chinois Xi Jinping a apporté son soutien à la répression sanglante du régime aux abois. L’opposant kazakh Moukhtar Abliazov, réfugié politique en France, a assuré vendredi à l’AFP qu’une « révolution » était en marche dans son pays et a dénoncé l' »occupation » du Kazakhstan par des forces de Moscou.

LDH66

Kazakhstan: le président refuse de négocier et ordonne de « tirer pour tuer »

Publié sur information.tv5monde le 7 janvier 2022

Par Christopher RICKLETON AFP © 2022 AFP

Le président du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokaïev, a rejeté vendredi toute possibilité de négociation avec les manifestants et autorisé les forces de l’ordre à « tirer pour tuer » afin d’étouffer les émeutes qui secouent le pays.

Il a également remercié, lors d’une allocution télévisée, son allié Vladimir Poutine pour son aide après l’arrivée sur place d’un contingent de troupes russes et d’autres pays alliés de Moscou pour appuyer le pouvoir.

« J’ai donné l’ordre aux forces de l’ordre et à l’armée de tirer pour tuer sans sommations », a déclaré M. Tokaïev, qualifiant d' »absurdes » les appels, notamment à l’étranger, à négocier avec les protestataires.

« Quel genre de négociations peut-on avoir avec des criminels, avec des meurtriers? Nous avons eu affaire à des bandits armés et entraînés (…) Il faut les détruire et cela sera fait d’ici peu », a-t-il lancé.

Le Kazakhstan, plus grand pays d’Asie centrale, est ébranlé par une contestation qui a éclaté dimanche en province après une hausse des prix du gaz avant de s’étendre à de grandes villes, surtout Almaty, la capitale économique, où les manifestations ont viré aux émeutes.

Pour M. Tokaïev, Almaty a été attaquée par « 20.000 bandits » avec un « plan clair, des actions bien coordonnées et un haut degré de préparation au combat ». Il a estimé que « ce sont les médias libres et certaines personnes à l’étranger qui jouent le rôle d’instigateur » de cette crise.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président français Emmanuel Macron ont pour leur part appelé à la « fin de la violence » et à la « retenue ».

Mais le président chinois Xi Jinping a salué les « mesures fortes » prises par le pouvoir kazakh contre les manifestants.

– Ordre « largement rétabli » –

Des carcasses de véhicules calcinés et flaques de sang étaient encore visibles à Almaty vendredi après-midi, mais la circulation reprenait timidement, tandis que des camions blindés de la police patrouillaient les rues, selon des journalistes de l’AFP.

La façade de la mairie, incendiée mercredi avec la résidence présidentielle, apparaissait largement noircie et de la fumée s’échappait encore des fenêtres.

Moscou a indiqué que ses militaires avaient déjà commencé « à s’acquitter des tâches qui leur étaient assignées » au Kazakhstan et que l’aéroport d’Almaty avait été « entièrement repris sous contrôle ».

Plus tôt vendredi, M. Tokaïev avait assuré que « l’ordre constitutionnel a été largement rétabli dans toutes les régions » après des jours de violences, notamment des échanges de tirs qui ont fait des dizaines de morts et plus d’un millier de blessés, selon les autorités.

Le ministère de l’Intérieur a annoncé que 26 « criminels armés » avaient été tués et affirmé que tous les bâtiments administratifs avaient été « libérés et placés sous protection accrue », avec 70 points de contrôle établis dans le pays.

Les forces de l’ordre ont rapporté avoir 18 tués et 748 blessés dans leurs rangs. Plus de 3.800 personnes ont été arrêtées.

Ces chiffres n’ont toutefois pas pu être vérifiés de manière indépendante et le gouvernement n’a fourni aucun bilan pour les civils hors manifestants.

« L’opération antiterroriste se poursuit, les militants n’ont pas déposé les armes. Ceux qui ne se rendent pas seront éliminés », a ajouté M. Tokaïev vendredi.

– Colère contre l’ex-président –

Les autorités avaient dans un premier temps tenté de calmer les manifestations, sans succès, en concédant une baisse du prix du gaz, en limogeant le gouvernement et en instaurant un état d’urgence et un couvre-feu nocturne dans tout le pays.

Au-delà de la hausse des prix, la colère des manifestants est notamment dirigée contre l’ex-président autoritaire Noursoultan Nazarbaïev, qui n’a fait aucune apparition publique depuis le début des troubles.

Âgé de 81 ans, celui-ci a régné sur le pays de 1989 à 2019 et conserve une grande influence. Il est considéré comme le mentor du président actuel.

L’opposant kazakh Moukhtar Abliazov, réfugié politique en France, a assuré vendredi à l’AFP qu’une « révolution » était en marche dans son pays et a dénoncé l' »occupation » du Kazakhstan par des forces de Moscou.

« Je considère que c’est la fin du régime, la question, c’est seulement combien de temps cela va prendre », a-t-il dit.

Certains médias kazakhs ont affirmé que M. Nazarbaïev et sa famille avaient quitté le Kazakhstan, mais ces informations n’ont pas pu être vérifiées de source indépendante.

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