« La nouvelle génération de Palestiniens doit explorer de nouveaux horizons pour la lutte »

Publié sur france.attac.org le 15/10/2020

Entretien avec Majd Kayyal, chercheur et écrivain palestinien de Haïfa.

Propos recueillis par Imen Habib, coordinatrice de lAgence Média Palestine, source d’informations alternatives et de défense des droits du peuple palestinien.

Le plan d’annexion de secteurs de la Cisjordanie a été suspendu à la mi-août après l’accord entre Israël et les Émirats arabes unis. Quel est l’objectif de Nétanyahou ?

Nétanyahou s’inscrit dans la vision coloniale sioniste : maintenir le contrôle total sur le peuple et la terre de la Palestine historique. L’objectif premier est de priver le peuple palestinien de l’autodétermination, comme exprimé dans la loi « État-nation du peuple juif ». Cet objectif exige une fragmentation systématique de notre société, de notre géographie, de notre économie et, par conséquent, l’écrasement de l’organisation politique palestinienne. Cela se produit sur le terrain avec un isolement total de Gaza, l’imposition d’un contrôle israélien absolu sur Jérusalem et l’annexion de facto de la zone C de la Cisjordanie, sans parler de la ségrégation historique des citoyens palestiniens d’Israël et de l’expulsion des réfugié·e·s.

Netanyahou profite du moment historique des contre-révolutions qui affaiblissent la région arabe. Israël célèbre son alliance avec les puissances qui empêchent la démocratisation, mènent des attaques brutales contre les droits humains et politiques. Depuis le début du printemps arabe, nous assistons à une coordination sans précédent entre Israël et les régimes oppressifs comme les Émirats arabes unis, le régime saoudien et l’Égypte de Sisi. Cette coordination signifie l’établissement de l’axe de l’oppression, sous le drapeau de la prospérité capitaliste néo-libérale, et un intérêt commun d’écraser l’aspiration du peuple arabe à la liberté et à la dignité, aux droits sociaux et politiques.

Trump a montré au cours des quatre dernières années combien il est un ardent défenseur du projet colonial israélien. L’histoire politique montre que le parti démocrate n’est pas non plus un allié du peuple palestinien. L’émergence de nouvelles figures à la gauche du parti, peut-elle changer la situation ?

À mes yeux, aucune transformation effective n’est attendue du parti démocrate. Sous leur administration, les crimes de guerre d’Israël ont reçu un soutien total. Chaque processus politique mené par leur administration était basé sur les principes coloniaux de partition, niant aux réfugiés un droit substantiel au retour et prenant le paradigme raciste de l’« État juif » pour une évidence.

Cependant, de nouveaux discours et mouvements émergent aux États-Unis ; Black Lives Matter, qui a adopté le BDS, est l’un d’entre eux. Ces mouvements sont capables d’inspirer et de coordonner un changement radical. Les Palestiniens aux États-Unis font partie de ce changement, et ils placent notre cause au cœur des luttes américaines, en la faisant revivre comme un argument central pour comprendre les politiques impériales… La lutte palestinienne pour la liberté s’épanouira sur le sol de ces mouvements, et non sur le terrain de jeu de la colline du Capitole.

Le peuple palestinien semble n’avoir jamais été aussi isolé sur la scène internationale. Quelle stratégie peut-il suivre pour sortir de cet isolement ?

Malheureusement, après la défaite de la deuxième Intifada, l’Autorité palestinienne a fini par être le produit de l’occupation israélienne. Pendant des décennies, Israël a façonné notre organisation politique en assassinant tout dirigeant engagé dans la lutte, ou du moins en le mettant en prison – Marwan Barghouthi en est un exemple – ne laissant que « les élus » à bord. La nouvelle génération de Palestiniens doit reconnaître ce fait et explorer de nouveaux horizons pour la lutte. Nous devons réaliser comment nos institutions ont été conçues par la puissance coloniale, dans son intérêt.

L’exclusivité de paradigme de la souveraineté dans le cadre du partage doit également disparaître ; la focalisation sur la revendication d’un État sur le territoire de 1967 s’est avérée être un moyen d’éliminer deux éléments fondamentaux de la cause palestinienne : le droit au retour des réfugiés et l’opposition à la suprématie raciste de l’« État juif ».

La gestion de la crise sanitaire en France a fait basculer un million de personnes dans la pauvreté

Nous atteignons aujourd’hui (octobre 2020) le chiffre énorme de 10 millions de pauvres en France. C’est l’application d’une politique néolibérale en France et d’une gestion calamiteuse de la pandémie. La LDH doit défendre plus que jamais les droits sociaux qu’il faut opposer à cette politique délétère.

Publié sur https france24.com

Les dommages collatéraux du Covid-19 : le plongeon de millions de personnes dans la pauvreté, notamment en France

Le Monde relaie, quant à lui, les inquiétudes des associations caritatives, qui estiment que la crise sanitaire a fait basculer près d’un million de Français dans la pauvreté. Etudiants, intérimaires, artisans : selon ces associations, une nouvelle population a basculé dans la précarité depuis le début de la pandémie, venant s’ajouter aux quelque 9 million de personnes vivant déjà au-dessous du seuil de pauvreté. Signe les plus spectaculaire de cette crise : l’explosion du nombre de bénéficiaires de l’aide alimentaire, près de 30% de plus, pour beaucoup des jeunes et des étudiants. Leurs aînés, eux, se retrouvent touchés de plein fouet par la hausse spectaculaire des licenciements : «Ce chiffre d’un million supplémentaire de pauvres est malheureusement une estimation basse, compte tenu des 800 000 pertes d’emploi attendues fin 2020», redoute la Fédération des acteurs de la solidarité – dont les craintes sont confirmées par la Banque de France, qui anticipe un taux de chômage au-dessus des 10 % en 2020.

Qui sont ces centaines de milliers de Français dont les postes ont été supprimés depuis le début de l’épidémie? La Croix s’est penché sur le sort des «chômeurs de l’ombre» – des chômeurs invisibles – intérimaires, salariés en contrat court, et indépendants, qui paient le plus lourd tribut à la crise sanitaire, alors que les médias et les pouvoirs publics concentrent plutôt leur attention sur les fermetures d’usines et les plans sociaux. Ces «intermittents du travail», cuisiniers, maîtres d’hôtel, femmes de chambre ou encore guides conférenciers épuisent leurs droits, faute de pouvoir travailler : «Les jours passent, les dettes s’accumulent, leurs indemnités journalières fondent comme neige au soleil et d’autres glissent vers le RSA», déplore un collectif qui les représente et réclame aujourd’hui l’abandon de la réforme de l’assurance-chômage, qui prévoit un allongement de la durée pour ouvrir des droits et dont la mise en œuvre a été reportée au 1er janvier.

Les salariés dont l’emploi est encore préservé vont quant à eux devoir se remettre au télétravail. Cette «deuxième vague» du travail à distance vide à nouveau les bureaux et les quartiers d’affaire, d’après Le Parisien/Aujourd’hui en France – qui voit dans la généralisation du télétravail «une révolution» dont «l’onde de choc n’a pas fini de se propager», notamment pour la transition écologique – une «révolution» qui ne va pas sans difficultés pour beaucoup de salariés, confrontés au manque de place à leur domicile, à la solitude et à la difficulté de  séparer le vie privée de la vie professionnelle.

7 èmes Rencontres de la LDH-66 Décoloniser nos imaginaires – LES 25 ET 26 SEPTEMBRE 2020 HALL GUY MALÉ, 24 QUAI NICOLAS SADI CARNOT – PERPIGNAN

LES 25 ET 26 SEPTEMBRE 2020

HALL GUY MALÉ, 24 QUAI NICOLAS SADI CARNOT PERPIGNAN

Du néolibéralisme au Commun, en présence de Pierre Dardot

Des paillotes du Bourdigou aux cabanes des  Gilets Jaunes

Vendredi 25 septembre à 15 h

  • Présentation générale des deux journées par Françoise Attiba
  • Table ronde, la commune libre du Bourdigou introduite par Patricia Bachkine
  • Projection du film «Bordigo, « el paradis perdut»
  • Lecture de « Imagine un instant » de Maurice Durozier, bourdiguero des premiers moments, artiste au Théâtre du Soleil, « S’il y a eu un esprit bourdiguero, c’est bien la résurgence du rêve perdu des exilés de la guerre d’Espagne, c’était eux, à l’époque qui ont construit le Bourdigou, avec tout ce qu’ils trouvaient sur les chantiers, décharges, terrains vagues. »
  • Chorale, des chants du Bourdigou
  • 17H45 : Table ronde : les gilets jaunes ou  l’expérience commune de la lutte , introduite par Paul Luc

Samedi 26 septembre à 15 h

  • 15h : des expériences du « commun », la psychothérapie institutionnelle,    Francesc Tosquelles psychiatre lui-même, Catalan et réfugié républicain, pratique  clairement issue d’un fond de culture anarchisante catalane des années vingt et trente.  
  • 15h30 : Introduction au sujet du néolibéralisme par Jacques Pérez. Lors du colloque Lippmann, dès 1938, se réunissaient des économistes pour s’entendre sur les principes du néolibéralisme…
  • 16h30  : Intervention de Pierre Dardot, philosophe. Il écrit avec son complice Christian Laval : « Nous avons posé le commun comme un principe politique (…) il traduit les aspirations des mouvements hostiles au capitalisme et les formes de leurs actions, il nourrit des pratiques relatives à la création et au gouvernement des communs. »

     La ligue des Droit de l’Homme 66