Répression au Chili : un rapport accablant d’Amnesty international

Depuis plus de 50 jours le mouvement social continue au Chili contre les hausses de prix et les inégalités, malgré une terrible répression qui a déjà fait plus des dizaines de morts et plus de 2000 blessés. L’armée occupe les villes comme lors de la sinistre dictature de Pinochet dont la constitution anti-démocratique est toujours en vigueur. Tirs tendu des forces armées sur le visage et les yeux, tortures, violences sexuelles contre les manifestants, le rapport d’Amnesty est accablant.

Violences policières: le Chili rejette des accusations d’Amnesty

  • afp, le 22/11/2019

Le gouvernement chilien a rejeté jeudi des accusations contre les forces de l’ordre de la part d’Amnesty International, qui dénonce des violations généralisées des droits de l’Homme lors des protestations antigouvernementales de ces dernières semaines.

Le président chilien Sebastian Piñera a toutefois admis le même jour qu’il était possible que «dans certains cas» les procédures régissant l’activité des forces de l’ordre n’aient pas été respectées. Il a promis que d’éventuelles infractions feraient l’objet de poursuites en justice.

Le mouvement de protestation sociale, qui a débuté le 18 octobre, se poursuit. Des manifestations accompagnées de pillages et d’incendies ont eu lieu jeudi à Santiago et dans d’autres villes.

Dans son rapport publié jeudi, Amnesty International déclare que les forces de l’ordre chiliennes ont adopté une politique de brutalité délibérée contre les manifestants.

«L’intention des forces de l’ordre chiliennes est claire: blesser ceux qui manifestent pour décourager le mouvement de protestation, y compris en arrivant à des extrêmes, en utilisant la torture et la violence sexuelle contre les manifestants», estime l’ONG dans ses conclusions préliminaires à l’issue d’une visite au Chili.

– «Punir» les contestataires –

Le gouvernement du président Piñera a soutenu cette «politique pour punir» les contestataires, a déclaré Erika Guevara, directrice pour les Amériques d’Amnesty International.

L’ONG assure qu’«il ne s’agit pas de faits isolés» et que les violations qu’elle a répertoriées «répondent à un modèle».

Amnesty critique également la décision du gouvernement de faire appel à l’armée au cours des neuf premiers jours de la crise, ce qui a eu selon elle des conséquences «catastrophiques».

Le gouvernement chilien a immédiatement rejeté les conclusions de l’ONG.

«Le gouvernement rejette catégoriquement le dernier rapport d’Amnesty International qui prétend avoir identifié une politique délibérée visant à blesser les manifestants», a déclaré lors d’une conférence de presse la sous-secrétaire chilienne aux Droits de l’Homme, Lorena Recabarren.

La police chilienne a affirmé pour sa part qu’elle n’avait pas eu «l’intention de blesser» des manifestants.

Et les forces armées se sont elles aussi inscrites en faux. «Il n’a existé et il n’existe aucune politique des forces armées pour mener des attaques généralisées ou systématiques contre la population civile», déclare un communiqué conjoint de l’armée de terre, de la marine et de l’armée de l’air.

– 22 morts, 2.000 blessés –

Au cours de ce mouvement social, le plus important au Chili en trois décennies, 22 personnes ont été tuées, dont cinq après l’intervention des forces de sécurité, et plus de 2.000 blessés, dont plus de 200 grièvement touchés aux yeux.

L’Institut national des droits humains (INDH), organisme public, a déposé 384 plaintes pour des violations commises par les forces de l’ordre contre les manifestants.

Quelque 1.100 plaintes pour torture et mauvais traitements ont été déposées au parquet, et 70 dossiers d’agressions sexuelles commises par des représentants des forces de l’ordre sont en cours d’instruction.

Les carabineros (police chilienne) ont fait état pour leur part de 1.600 agents blessés durant les protestations.

Au cours d’une rencontre jeudi avec des journalistes de médias étrangers, le président Piñera a déclaré, comme il l’avait fait pour la première fois dimanche dernier, que si des violences policières étaient avérées, elles seraient sanctionnées.

– Promesse de sanctions –

Il a reconnu qu’il avait pu arriver que les procédures d’intervention ne soient pas observées.

«Si ces procédures n’ont pas été respectées, et je crois qu’il est possible que dans certains cas elles ne l’aient pas été, cela fera l’objet d’une enquête du parquet et cela sera sanctionné par les tribunaux», a assuré M. Piñera.

La police chilienne a annoncé mardi qu’elle suspendait l’utilisation de munitions controversées qui ont provoqué de graves lésions oculaires chez plus de 200 manifestants.

La police affirme que ces munitions sont en caoutchouc mais, selon une étude de l’Université du Chili, elles sont constituées à 20% de caoutchouc et à 80% de silice, de sulfate de baryum et de plomb, ce qui les rend très dangereuses.

Les protestations sociales se sont poursuivies jeudi à Santiago et dans d’autres villes.

– Tortures et incendies –

Plusieurs dizaines de personnes ont manifesté devant le centre commercial Arauco à Quilicura, dans le nord de Santiago, pour protester contre des tortures que des policiers auraient infligées à de jeunes manifestants. Le rassemblement a débouché sur le pillage et l’incendie de plusieurs boutiques.

Des manifestations ont aussi eu lieu sur la plaza Italia, dans le centre de la capitale. Des dizaines de manifestants encagoulés ont affronté la police, qui a utilisé gaz lacrymogène et camions lanceurs d’eau.

Des incidents et pillages ont aussi eu lieu à Antofagasta (nord), Valparaiso (centre) et Concepcion (sud).

Des manifestants affrontent la police anti-émeute lors d’une manifestation contre le gouvernement, à Santiago, le 19 novembre 2019. Le président Sebastian Pinera a condamné dimanche pour la première fois ce qu’il a qualifié d’abus commis par la police dans le cadre de quatre semaines de troubles violents qui ont secoué le Chili et qui a fait 22 morts et plus de 2 000 blessés. Les Chiliens protestent contre les inégalités sociales et économiques, et contre une élite politique bien enracinée, issue notamment d’un petit nombre des familles les plus riches du pays.

Toulouse – Un nouveau blessé parmi les membres de l’Observatoire toulousain des Pratiques Policières !

OBSERVATOIRE DES PRATIQUES POLICIERES – OPP

COMMUNIQUE DE PRESSE

 

Toulouse, le 5 décembre 2019

 

Toulouse – Un nouveau blessé parmi les membres de l’Observatoire toulousain des Pratiques Policières – OPP

Un observateur de l’OPP, membre de la Ligue des droits de l’Homme a reçu une balle de LBD (lanceur de balles de défense), il a été conduit à l’hôpital.

Alors qu’il se situait au milieu d’un carrefour avec un autre observateur, qu’ils observaient des manifestants crier contre les forces de l’Ordre (un groupe de Brigade Anti Criminalité, rue des remparts et un groupe de Gardes Mobiles sur le toit du Centre Saint Georges), Claude B. a reçu une balle de LBD dans l’abdomen. Immédiatement pris en charge par les secouristes volontaires et par des pompiers présents (en grève et manifestants), il a été conduit aux urgences pour des examens complémentaires.

A cette heure, on ne peut se prononcer sur l’évolution de son état.

Le tir de LBD a t-il volontairement ciblé l’observateur facilement repérable et bien distinct des manifestant-e-s qui interpellaient la police ? Nous ne le savons pas à cette heure.

Mais rien ne justifiait l’usage de LBD alors que la police était simplement vilipendée de manière bruyante.

Rappelons que nous demandions dans notre rapport publié en avril 2019 :

« …  l’interdiction définitive dans la dotation des policiers destinés à assurer le maintien de l’ordre des grenades GMD et GLI- F4, ainsi que des LBD simples ou multi-coups. Nous sommes, en plus, littéralement, scandalisé-e-s (le mot n’est pas trop fort) par l’utilisation offensive qui est, quasi systématiquement, faite de ces armes dites de défense comme leur dénomination l’indique d’ailleurs (lanceurs de balles de défense, grenades manuelles de désencerclement). Celles-ci sont conçues pour aider les policiers et gendarmes à se sortir de situations délicates (encerclement par des manifestant-e-s hostiles, danger d’atteinte avéré, et non supposé, à leur intégrité physique). Elles ne devraient jamais être utilisées comme armes d’attaque ».

Pour tout contact

opp.toulouse @gmail.com

Violences policière lors d’un blocage au lycée Colbert à Paris : une étudiante blessée à la jambe (vidéo)

Publié sur huffingtonpost.fr

Une lycéenne blessée en marge d’un blocage à Paris

Mercredi 4 décembre, des dizaines d’étudiants ont bloqué plusieurs établissements parisiens. Au lycée Colbert, des témoins affirment que le départ précipité d’une voiture de police aurait provoqué une entorse au pied d’une jeune fille de 15 ans.

ÉTUDIANTS –  À la veille de la grève contre la réforme des retraites et en pleine mobilisation contre la précarité étudiante, plusieurs lycées parisiens ont été bloqués par des étudiants mercredi 4 décembre.

Les établissements Hélène Boucher (20e arrondissement), Maurice Ravel (20e) et Bergson (19e), entre autres, ont répondu à un appel de mobilisation lancé par trois syndicats – la FIDL, le MNL et l’UNL – pour protester contre « les réformes Blanquer, la sélection, la précarité et la réforme des retraite”.

Au lycée Colbert, dans le 10e arrondissement de la capitale, des dizaines de lycéens ont aussi été délogés par des gaz lacrymogènes et les charges des forces de l’ordre, comme vous pouvez sur les images ci-dessus filmées par Le HuffPost.

Selon nos informations, une jeune étudiante blessée au pied, surnommée Noa, a été évacuée par les pompiers en marge de ce blocage, avant d’être hospitalisée. Plusieurs témoignages recueillis sur place laissent croire que cette blessure serait liée au départ précipité d’une voiture de police.

Un passage en force

“Au début, c’était un blocus normal. Ça commencé à dégénérer quand quelqu’un a lancé des œufs sur les policiers”, raconte d’abord Pablo, lycéen. “C’est parti en plaquage contre le mur. Ça a agité tout le monde. Les policiers ont mis un étudiant dans une voiture. Ils ont dû partir en précipitation et une fille s’est fait rouler dessus”, ajoute le jeune homme à notre micro.

Tous relatent le même scénario d’une voiture de police bloquée en raison d’un “camarade” interpellé qui se trouvait à l’intérieur. “Des jeunes se sont mis devant la voiture de police parce qu’on trouvait ça injuste. Et après la police a foncé”, explique Chaïma, 17 ans.

Un autre lycéen renchérit à notre micro: “Des amis se sont allongés pour bloquer la rue. La voiture a traversé et a complètement écrasé la jambe de la jeune fille”. Une membre du personnel du lycée venue en aide à la jeune fille affirme toutefois que celle-ci “pouvait se tenir debout” et que son pied “n’a pas été écrasé”.

Comme vous pouvez le voir aussi en tête d’article, une vidéo fournie au HuffPost par une étudiante montre effectivement une voiture de police d’abord bloquée par quelques personnes, puis partir précipitamment, moteur vombrissant.

Si ces images ne permettent pas de distinguer clairement l’adolescente blessée, un petit groupe de jeunes manifestants semble effectivement avoir été surpris et heurté par le passage en force de la voiture.

Entorse et foulure

Par l’entremise du conseil local de la Fédération des Conseils de Parents d’Elèves (FCPE), nous avons pu joindre la jeune lycéenne par téléphone. Noa, 15 ans, raconte : “J’étais sur la première ligne. La voiture a commencé à démarrer et d’un coup elle a accéléré et mon pied a pris en dessous”.

L’étudiante affirme souffrir d’une entorse à la cheville gauche et d’une foulure à la cheville droite. Elle devra porter une attelle au cours des prochaines semaines.

“J’étais pas sensé m’en sortir avec une entorse”, se console tout de même la lycéenne. Selon elle, ses chaussures de type “Rangers” lui ont évité une blessure plus grave.

Affectée par la tournure du blocage, Noa y voyait un moyen de faire entendre la voix des étudiants avant celle des syndicats, jeudi 5 décembre. “On veut montrer qu’on est pas seulement là pour regarder mais qu’on est aussi dans la lutte”, affirme-t-elle, espérant pour son avenir “ne pas subir les mêmes conséquences (de la précarité) que le camarade qui s’est immolé à Lyon”.

Contactée par nos soins, la préfecture de police n’a pas donné suite.

AJOUT : Dans un communiqué publié sur Twitter, le bureau FCPE du lycée Colbert dénonce la “réponse disproportionnée et violente qui a été mise en oeuvre à l’encontre de nos enfants déniant ainsi leur droit légitime de manifester”.

Un passage en force

“Au début, c’était un blocus normal. Ça commencé à dégénérer quand quelqu’un a lancé des œufs sur les policiers”, raconte d’abord Pablo, lycéen. “C’est parti en plaquage contre le mur. Ça a agité tout le monde. Les policiers ont mis un étudiant dans une voiture. Ils ont dû partir en précipitation et une fille s’est fait rouler dessus”, ajoute le jeune homme à notre micro.

Tous relatent le même scénario d’une voiture de police bloquée en raison d’un “camarade” interpellé qui se trouvait à l’intérieur. “Des jeunes se sont mis devant la voiture de police parce qu’on trouvait ça injuste. Et après la police a foncé”, explique Chaïma, 17 ans.

Un autre lycéen renchérit à notre micro: “Des amis se sont allongés pour bloquer la rue. La voiture a traversé et a complètement écrasé la jambe de la jeune fille”. Une membre du personnel du lycée venue en aide à la jeune fille affirme toutefois que celle-ci “pouvait se tenir debout” et que son pied “n’a pas été écrasé”.

Comme vous pouvez le voir aussi en tête d’article, une vidéo fournie au HuffPost par une étudiante montre effectivement une voiture de police d’abord bloquée par quelques personnes, puis partir précipitamment, moteur vombrissant.

Si ces images ne permettent pas de distinguer clairement l’adolescente blessée, un petit groupe de jeunes manifestants semble effectivement avoir été surpris et heurté par le passage en force de la voiture.

Entorse et foulure

Par l’entremise du conseil local de la Fédération des Conseils de Parents d’Elèves (FCPE), nous avons pu joindre la jeune lycéenne par téléphone. Noa, 15 ans, raconte : “J’étais sur la première ligne. La voiture a commencé à démarrer et d’un coup elle a accéléré et mon pied a pris en dessous”.

L’étudiante affirme souffrir d’une entorse à la cheville gauche et d’une foulure à la cheville droite. Elle devra porter une attelle au cours des prochaines semaines.

“J’étais pas sensé m’en sortir avec une entorse”, se console tout de même la lycéenne. Selon elle, ses chaussures de type “Rangers” lui ont évité une blessure plus grave.

Affectée par la tournure du blocage, Noa y voyait un moyen de faire entendre la voix des étudiants avant celle des syndicats, jeudi 5 décembre. “On veut montrer qu’on est pas seulement là pour regarder mais qu’on est aussi dans la lutte”, affirme-t-elle, espérant pour son avenir “ne pas subir les mêmes conséquences (de la précarité) que le camarade qui s’est immolé à Lyon”.

Contactée par nos soins, la préfecture de police n’a pas donné suite.

AJOUT : Dans un communiqué publié sur Twitter, le bureau FCPE du lycée Colbert dénonce la “réponse disproportionnée et violente qui a été mise en oeuvre à l’encontre de nos enfants déniant ainsi leur droit légitime de manifester”.