Bienvenue sur le site de la LDH-66 (Pyrénées orientales)

VENEZ REJOINDRE LE COMBAT POUR LA JUSTICE, L’EGALITE, LES LIBERTES, LA DEMOCRATIE, LA DÉFENSE DES DROITS HUMAINS

L’ Assemblée des assemblées des Gilets jaunes à St Nazaire les 5,6 et 7 avril 2019 : Appel et vidéo

publié sur Reporterre.net le 8 avril 2019

Gilets jaunes : l’Appel de Saint-Nazaire 

Réunie du 5 au 7 avril à Saint-Nazaire, l’Assemblée des assemblées des Gilets jaunes (plus de 700 personnes et 200 délégations)  a adopté dimanche 7 un appel final. En voici le texte.

Nous Gilets jaunes, constitués en assemblées locales, réunis à Saint-Nazaire, les 5, 6 et 7 avril 2019, nous adressons au peuple dans son ensemble. A la suite de la première assemblée de Commercy, environ 200 délégations présentes poursuivent leur combat contre l’extrêmisme libéral, pour la liberté, l’égalité et la fraternité.

Malgré l’escalade répressive du gouvernement, l’accumulation de lois qui aggravent pour tous les conditions de vie, qui détruisent les droits et libertés, la mobilisation s’enracine pour changer le système incarné par Macron. Pour seule réponse au mouvement incarné par les Gilets jaunes et autres mouvements de lutte, le gouvernement panique et oppose une dérive autoritaire. Depuis cinq mois partout en France, sur les ronds-points, les parkings, les places, les péages, dans les manifestations et au sein de nos assemblées, nous continuons à débattre et à nous battre, contre toutes les formes d’inégalité et d’injustice et pour la solidarité et la dignité.

Nous revendiquons l’augmentation générale des salaires, des retraites et des minima sociaux, ainsi que des services publics pour tous et toutes. Nos solidarités en lutte vont tout particulièrement aux neuf millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté. Conscients de l’urgence environnementale, nous affirmons, fin du monde, fin du mois, même logique, même combat.

Face à la mascarade des grands débats, face à un gouvernement non représentatif au service d’une minorité privilégiée, nous mettons en place les nouvelles formes d’une démocratie directe.

Concrètement, nous reconnaissons que l’assemblée des assemblées peut recevoir des propositions des assemblées locales, et émettre des orientations comme l’a fait la première assemblée des assemblées de Commercy. Ces orientations sont ensuite systématiquement soumises aux groupes locaux. L’Assemblée des assemblées réaffirme son indépendance vis-à-vis des partis politiques, des organisations syndicales et ne reconnaît aucun leader autoproclamé.

Pendant trois jours, en assemblée plénière et par groupes thématiques, nous avons tous débattu et élaboré des propositions pour nos revendications, actions, moyens de communication et de coordination. Nous nous inscrivons dans la durée et décidons d’organiser une prochaine Assemblée des assemblées en juin.

Afin de renforcer le pouvoir de forces, de mettre les citoyens en ordre de bataille contre ce système, l’Assemblée des assemblées appelle à des actions dont le calendrier sera prochainement diffusé par le biais d’une plateforme numérique.

L’Assemblée des assemblées appelle à élargir et renforcer les assemblées citoyennes souveraines et de nouvelles. Nous appelons l’ensemble des Gilets jaunes à diffuser cet appel et les conclusions des travaux de notre assemblée. Les résultats des travaux réalisés en plénière vont alimenter les actions et les réflexions des assemblées.

Nous lançons plusieurs appels, sur les européennes, les assemblées citoyennes populaires locales, contre la répression et pour l’annulation des peines des prisonniers et condamnés du mouvement. Il nous semble nécessaire de prendre un temps de trois semaines pour mobiliser l’ensemble des Gilets jaunes et convaincre celles et ceux qui ne le sont pas encore. Nous appelons à une semaine jaune d’action à partir du 1er mai.

Nous invitions toutes les personnes voulant mettre fin à l’accaparement du vivant à assumer une conflictualité avec le système actuel, pour créer ensemble, par tous les moyens nécessaires un nouveau mouvement social, écologique, populaire. La multiplication des luttes actuelles nous appelle à rechercher l’unité d’action.

Nous appelons à tous les échelons du territoire à combattre collectivement pour obtenir la satisfaction de nos revendications sociales, fiscales, écologiques et démocratiques. Conscients que nos avons à combattre un système global, nous considérons qu’il faudra sortir du capitalisme. Ainsi nous construirons collectivement le fameux Tous ensemble que nous scandons et qui rend tout possible. Nous construisons tous ensemble à tous les niveaux du territoire. Ne nous regardez pas, rejoignez-nous. Le pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple.

Le 7 avril L’assemblée des assemblées de St Nazaire

–> Vidéo de l’Assemblée des assemblées les 5, 6 et 7 avril 2019 à St Nazaire

Cliquer sur le lien ci-dessous:

Communiqué de presse de la LDH de Montpellier sur la toxicité du gaz lacrymogène

Communiqué de presse sur la toxicité du gaz lacrymogène

 

La Ligue des Droits de l’Homme, dont le groupe de travail Legal Team observe depuis décembre 2018 les pratiques de maintien de l’ordre durant les manifestations alerte sur l’usage intensif des lacrymogènes.

Depuis 15 jours, nous constatons que des manifestants mais aussi des passants, adultes et enfants, souffrent de problèmes respiratoires et sont pris en charge par les Street Medics.  Des cas plus graves, notamment un couple de touriste espagnol mais également une personne d’une cinquantaine d’année – porteur de médicaments liés à une pathologie cardiaque – ont du être pris en charge par les pompiers et le SAMU.

Depuis 15 jours également plusieurs personnes, dont des membres de la LDH et des Street Medics, nous ont signalé des symptômes habituellement documentés pour la « toxicité aiguë » (dans les heures qui suivent l’exposition au gaz lacrymogène) : toux, maux de tête, problèmes respiratoires, diarrhées, vomissements, mais qui se produisent plusieurs jours après les manifestations, ainsi qu’un état de fatigue généralisé.

Plusieurs cas de suspicion d’atteinte pulmonaire sont relevés – avec une difficulté de rendez-vous rapide chez les pneumologues – dont un cas avec une VEMS (volume expiratoire maximal par seconde) à 54% dans le cadre d’un « bilan fonctionnel très altéré » nécessitant un scanner et contrôle fonctionnel et clinique sous une semaine (ainsi que plusieurs traitements respiratoires, dont cortisone).

S’agissant de la toxicité chronique, les seules informations disponibles auxquelles nous ayons eu accès(fiche toxicologique de l’INRS sur le gaz CS, composant du gaz lacrymogène) indiquent pour la toxicité chronique peu d’effets connus sur l’homme à l’exception de problèmes cutanés et allergisant mais indiquent en toxicitéchronique « Le (2-chlorobenzylidène) malononitrile » peut provoquer des lésions des voies aériennes pulmonaires en cas d’exposition massive et prolongée ».

Cet élément d’analyse ressort de test sur animaux (exposition 1 heure / jours/ 120 jours). Surtout, l’INRS relève le peu de réglementation sur la « protection de la population » (les textes du code de la santé répertoriés étant essentiellement des textes de classification).

Nous interpellons donc les pouvoirs publics au regard de l’usage massif et prolongé des gaz lacrymogènes sur :

• l’atteinte de manière indifférenciée des manifestants et passants

• la toxicité chronique des gaz lacrymogènes pour laquelle nous demandons la production de la composition desdits gaz, incluant les proportions des composants, ainsi que d’études sur la toxicité chronique.

Nous rappelons que le droit de manifester selon la Cour Européenne des Droits de l’Homme s’applique aux manifestations non déclarées mais prévisibles par les pouvoirs publics. Dans l’attente et dans le respect du principe de précaution, nous demandons au Préfet de l’HÉRAULT de privilégier les techniques de désescalades de la violence, telles que pratiquées dans les autres pays européens.

Montpellier, le 4 avril 2019

LDH Montpellier

Communiqué au format PDF

En Algérie, « un moment contestataire exceptionnel et extraordinaire » (Bastamag)

PAR RACHEL KNAEBEL 5 AVRIL 2019 publié sur bastamag.net

Depuis le 22 février, les Algériens sont dans la rue tous les vendredis.
La révolte a démarré quand le président Bouteflika a annoncé, à 82 ans, son intention de briguer un cinquième mandat. Au terme de plusieurs semaines de manifestations monstres, Bouteflika, lâché par l’armée, a finalement abandonné le pouvoir. Le président de la chambre haute du Parlement, Abdelkader Bensalah (77 ans), doit assurer l’intérim en attendant des élections. Cela ne semble pas suffisant pour apaiser la contestation qui rejette l’ensemble de la classe politique. D’où vient ce mouvement populaire de masse ? Quelles perspectives pour les femmes et la jeunesse algérienne ? Réponses avec Layla Baamara, politiste et chercheuse à Science-Po.

Basta !  : Mardi 2 avril, la présidence algérienne a annoncé que Abdelaziz Bouteflika quittait le pouvoir immédiatement. Quelques jours plus tôt, il avait dit céder son mandat le 28 avril. Le dimanche précédent, un nouveau gouvernement a été mis en place. Quelle est la situation aujourd’hui ?

Layla Baamara [1] : Même en tant que spécialiste de l’Algérie, il est difficile de suivre tout ce qu’il se passe actuellement. Toutes les semaines, des informations, des communiqués officiels, sortent et sont parfois contredits ensuite. Un nouveau gouvernement a été constitué le 31 mars et il a été immédiatement très fortement critiqué dans la rue. Le président Bouteflika va a priori sortir du jeu politique. Mais les mobilisations n’ont pas cessé à cette annonce. L’incertitude demeure. On ne sait pas comment va s’organiser la transition post-Bouteflika, ni quelles sont les véritables intentions politiques de ceux qui gouvernent, que ce soit du côté du chef de l’État major de l’armée ou de la présidence. Ce qu’on peut observer c’est que les mobilisations se poursuivent, malgré les différentes annonces faites par les gouvernants.

La révolte est partie de la volonté de Bouteflika de briguer un cinquième mandat (il est président depuis vingt ans). Mais a-t-elle aussi à voir avec la situation économique et sociale du pays ?

J’essaie de ne pas déterminer de causes a posteriori. Mais il est certain que la situation sociale, économique, et politique du pays est problématique pour un grand nombre d’Algériens, et depuis longtemps. Des mobilisations contestataires, il y en a tous les jours en Algérie depuis des années. Elles prennent des formes diverses. Il y a par exemple des sit-in devant des bâtiments publics et des mairies, il y a eu des contestations contre le gaz de schiste dans le sud du pays (voir notre article). Il y a eu les mobilisations protestataires de 2001, parties de Kabylie qu’on a appelées « le Printemps noir ».

En 2011, on se demandait pourquoi l’Algérie n’était pas entrée en révolution [alors que la Tunisie, l’Égypte puis la Syrie et plusieurs États du Golfe étaient secoués par les « printemps arabes », ndlr], mais il y a eu des mobilisations, notamment du côté des étudiants. Des professions se mobilisent aussi, comme les « médecins résidents » [l’équivalent des internes] en 2018, pendant plusieurs mois. Le mouvement actuel n’émerge pas de nulle part. Il y a des traditions de contestation ancrées en Algérie. Après, ce qui est différent aujourd’hui, c’est clairement l’ampleur des mobilisations, en terme de nombre et d’étendue à l’ensemble du pays. Il s’agit d’un moment contestataire exceptionnel et extraordinaire.

C’est une mobilisation protéiforme, avec des slogans changeant selon les réponses du pouvoir. Mais quelles sont les revendications principales des manifestants ?

Les revendications sont en effet ciblées, au fil des semaines, selon les réactions qui émanent des gouvernants. Après, il y a des centaines de milliers de personnes dans les rues. Les slogans et les mots d’ordre sont donc très hétéroclites. Le trait commun est qu’ils se concentrent sur un rejet, en bloc, de l’ensemble de la classe gouvernante actuelle. « Qu’ils dégagent tous » est le dénominateur commun à l’ensemble des revendications des manifestations du vendredi. Mais durant le reste de la semaine, il y a aussi des mobilisations des enseignants, des étudiants, des avocats, des magistrats, avec des revendications plus spécifiques. Par exemple, les étudiants et les professeurs demandent une « Université véritablement démocratique » et une amélioration des conditions d’enseignement et de vie des étudiants à l’université. Les avocats et magistrats demandent de leur côté une justice libre et indépendante. Mais ces revendications sont associées à celles que l’on retrouve les vendredis qui visent l’ensemble de la classe gouvernante actuelle.

Existe-t-il une alternative politique possible dans les partis politiques d’opposition ? Quelle est la situation de la gauche algérienne ?

Il est difficile de parler d’alternative concrète et réelle en l’état. Parce que les partis d’opposition ont été largement affectés par des années de système politique autoritaire. Ce qu’il reste de la gauche algérienne, ce sont notamment des groupes issus des différentes scissions du parti communiste, et le parti socialiste des travailleurs, fondé par des étudiants et syndicalistes trotskistes. Mais il s’agit maintenant de groupes qui ont peu d’ancrage social et de militants. D’autres partis d’opposition qui se revendiquent de la social-démocratie, comme le Front des forces socialistes, sont dépendants du calendrier électoral et ont aussi un ancrage limité dans la société.

Comme l’ensemble des partis politiques, les partis d’opposition sont plutôt discrédités aux yeux de la population. Il ne sont pas perçus comme une alternative crédible. Néanmoins, la plupart des acteurs de cette opposition partisane participent aux mobilisations actuelles. Ils proposent des solutions, des « plateformes de sortie de crise ». Mais eux-mêmes prennent les premiers la précaution de dire qu’ils ne veulent pas récupérer le mouvement, qu’ils ne veulent pas mettre en avant des personnalités issues de leurs rangs.

Des collectifs s’étaient créés lors des mobilisations de 2011. Que sont-ils devenus ? Sont-ils encore présents dans les manifestations aujourd’hui ?

Les collectifs nés en 2011 n’existent plus, en tous cas pour ceux que j’avais rencontrés, qui réunissaient surtout des étudiants. Il y avait eu aussi la Coordination nationale pour le changement et la démocratie, la CNCD, qui rassemblait des partis d’opposition, des syndicats et des associations. Ces collectifs se sont désagrégés ensuite. Mais leurs membres ont continué à militer activement.

Il y a des associations locales, de quartier, qui proposent par exemple de l’aide aux devoirs pour les enfants, ou des associations engagées dans la préservation de l’environnement, qui organisent des campagnes de nettoyage, par exemple. Il y a aussi des associations qui portent des revendications ouvertement politiques, des associations féministes, pour les libertés et les droits humains. Et depuis quelques années, des associations et des collectifs sont créés par des jeunes étudiants ou diplômés de grandes écoles qui se réclament de l’économie sociale et solidaire ou de l’entrepreneuriat social. Il existe aussi de nombreux collectifs artistiques.

Les clubs de supporters de foot sont aussi porteurs d’engagement politique ?

Je n’ai pas enquêté auprès des supporters. Mais c’est certain que les stades sont depuis longtemps des lieux d’expression de la contestation, du rejet de la politique telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui par les gouvernants du pays. Les clubs de supporters sont à l’origine de slogans et de chants repris aujourd’hui dans les mobilisations. Par exemple, le chant de « La Casa del Mouradia » [El Mouradia désigne la présidence de la République, le chant critique les quatre mandats de Bouteflika et la perspective du cinquième], a été lancé par les supporters de l’Usma [Union sportive de la médina d’Alger], un club phare de la capitale. Aujourd’hui, il a des millions de vue sur Youtube et des centaines de milliers de personnes reprennent ce chant dans les manifestations du vendredi.

Le 8 mars 2019, dans les rues d’Alger, la foule chante « La Casa del Mouradia »

Est-ce la jeunesse qui est surtout descendue dans les rues ces dernières semaines ou y a-t-il toutes les classes d’âge ?

L’Algérie est un pays très jeune. Les moins de 30 ans représentent dans les statistiques officielles plus de 50 % de la population. C’est donc une catégorie de la population particulièrement visible. Mais ce sont toutes les classes d’âge qui sont dans la rue aujourd’hui. Toutes les catégories de la population algérienne sont présentes, tous les milieux sociaux aussi. C’est vraiment un mouvement populaire de masse.

Quelles sont les perspectives de la jeunesse algérienne ?

C’est sûrement la catégorie de la population la plus affectée par la situation politique et économique. C’est une catégorie qui regroupe aussi des réalités très hétérogènes. Les jeunes diplômés peinent à trouver du travail, mais ceux qui n’ont pas fait d’études se trouvent dans des situations catastrophiques. Le temps de la jeunesse s’allonge : à 35 ans, parfois plus, on est toujours chez ses parents. Il y a un problème structurel pour la jeunesse algérienne aujourd’hui. Beaucoup de jeunes sont sans perspective, se sentent dans l’impasse.

Les femmes participent-elles aussi aux manifestations ?

Oui. C’est ressorti immédiatement dans les entretiens que j’ai réalisés à Alger mi-mars, sans même poser la question : cette mixité dans les manifestations, a été très surprenante, positivement, pour les femmes que j’ai rencontrées. Elles étaient très heureuses de pouvoir s’y sentir en sécurité. Dans les grandes villes algériennes, l’espace public est largement à dominante masculine. Mais aujourd’hui, dans ce mouvement, les femmes sont largement présentes.

Propos recueillis par Rachel Knaebel

|1| |210| |211| |212| |213| |214| |319|